Tribologie/Généralités


TRIBOLOGIE

Science et technologie du frottement, de l'usure et de la lubrification.

Les chapitres de cet ouvrage sont suivis régulièrement.
N'hésitez pas à utiliser les pages de discussion pour inscrire vos remarques (positives ou négatives) et poser vos questions.


Plan du livre :
modèles 0 1
Quoi de neuf Docteur ?


Bibliographie

modifier

La liste des ouvrages de référence est très longue, vous la trouverez ici et l'on vous expliquera aussi pourquoi il est de plus en plus difficile d'obtenir des informations fiables dans ce domaine.

Introduction

modifier

Un peu d'histoire et de vocabulaire

modifier

« Frote ses dois, frote ses mains », écrit (avec l'orthographe de l'époque) le poète Gautier d'Arras au XIIe siècle. L'origine du verbe frotter se perd dans la nuit des temps.

Il est étrange que les mots frotter, frottement, frotteur, friction, soient utilisés dans le langage courant aussi souvent et avec des sens aussi divers, dans des expressions comme :

  • l'escalier est usé par le frottement des chaussures,
  • les deux pièces sont assemblées à frottement doux,
  • après le choc, la roue frottait contre la carrosserie,
  • les Romains se frottaient d'huiles parfumées après le bain,
  • la bonne a frotté les parquets,
  • le peintre a frotté l'esquisse de son tableau,
  • la locomotive est alimentée grâce à un frotteur,
  • on entendait un léger frottement,
  • ils se sont frottés pour se réchauffer,
  • il faut vous frotter aux difficultés pour progresser,
  • voire ... vous allez vous faire frotter les oreilles !

Les phénomènes de frottement, d'usure, et tous ceux qui leur sont liés, ont été de tous temps mis à profit et étudiés à diverses fins. Le vocabulaire a beaucoup évolué au fil des époques, faisant écho aux évolutions des techniques industrielles et des théories scientifiques. Lydie Mariac, auteur du gros livre Introduction à l'étude du frottement, a fait sur ce sujet une étude lexicographique particulièrement intéressante.

Le mot tribologie, construit à partir des racines grecques tribo (τριβειν, tribein, frotter) et logos (λογος, logos, discours, étude), a été proposé en 1968 par G. Salomon pour désigner la science qui étudie les phénomènes susceptibles de se produire lorsque deux corps en contact sont animés de mouvements relatifs. Il recouvre, entre autres, tous les domaines du frottement proprement dit, de l'usure et de la lubrification.

Les problèmes tribologiques ne sont pas nouveaux et de tous temps les hommes ont cherché et trouvé des solutions pour les résoudre. Les civilisations antiques ont mis au point des mécanismes élaborés pour réaliser des tours de potiers, des gonds de portes ou des roues de chars. Les gravures des tombes de Saqqara montrent un « tribologue » égyptien en train de lubrifier la piste sur laquelle on fait glisser une statue.

Les ingénieurs militaires romains ont largement utilisé les principes de la tribologie pour construire des machines de guerre et des fortifications. Dans des bateaux de guerre trouvés dans le lac Nemi, près de Rome, on a découvert des billes de bronze et des rouleaux utilisés pour faciliter le mouvement de plateformes tournantes.

Pendant la Renaissance, Léonard de Vinci (1452-1519), qui fut tout à la fois peintre, sculpteur, ingénieur et bien d'autres choses encore, découvrit que la force tangentielle due au frottement est proportionnelle à la charge normale qui s'exerce sur les contacts. Ses carnets de notes montrent un grand nombre de dessins d'éléments de machines très semblables à ceux qui sont en usage aujourd'hui.

Dans son Thresor de la langue francoyse, publié à Paris en 1616, J. Nicot rapproche le mot frottement du latin affrictus et le verbe frotter de fricare. Le Dictionnaire de l'Académie françoise, en 1694, définit le frottement comme la collision de deux choses qui se frottent. Plus tard, en 1878, la notion de collision disparaît au profit d'action de frotter, action de deux choses qui se frottent. En 1932, les références à la mécanique se font beaucoup plus précises et l'on parle de frottement doux, de frottement de pivotement, etc.

Les inventions de John Harrison (1693-1776) dans le domaine des chronomètres de marine montrent une très bonne compréhension des phénomènes tribologiques. Il savait très bien que les huiles utilisées à son époque ne pouvaient pas garder très longtemps leurs propriétés, et que celles-ci variaient également en fonction des conditions climatiques. La meilleure manière de résoudre un problème étant finalement de le supprimer, il construisit ainsi des horloges capables de fonctionner sans aucune lubrification.

Vue d'ensemble

modifier

La tribologie s'intéresse à l'étude et à l'interprétation scientifique des faits expérimentaux, mais elle a également un but très concret dans tous les domaines qui touchent à la technologie : rechercher et codifier les méthodes qui permettent de donner un « bon comportement » aux contacts mécaniques, sachant que les organes qui constituent les machines « lâchent » aujourd'hui bien plus souvent par leurs surfaces que par leur volume. La connaissance de la tribologie est devenue une nécessité pour de multiples raisons :

  • assurer le bon fonctionnement et la fiabilité des machines,
  • diminuer le coût d'obtention des surfaces frottantes,
  • améliorer le rendement et la longévité des machines,
  • assurer la sécurité des biens et des personnes, particulièrement dans le domaine des transports,
  • contribuer à la santé publique et au confort, par exemple en diminuant les bruits, très nombreux, liés aux contacts mécaniques.


Ce sujet d'une rare universalité nous conduira à explorer de très nombreux aspects des sciences et des techniques, le frottement et l'adhérence, bien sûr, mais aussi :

  • la science des matériaux, pour des raisons évidentes,
  • la cristallographie, car il faut considérer les propriétés des microcristaux et de leurs arrangements pour former les couches superficielles des pièces,
  • la physicochimie des surfaces, en particulier pour ce qui concerne les propriétés et la composition des couches superficielles, la solidité de leur accrochage sur le substrat et leurs interactions avec les lubrifiants,
  • la thermodynamique, car les phénomènes thermiques et en particulier les pics de température atteints lors des chocs d'aspérités influent sur les comportements des surfaces et sur l'usure,
  • la thermochimie, car ces hautes températures engendrent de nombreuses réactions chimiques dans les interfaces,
  • la résistance des matériaux, en particulier dans le cas des contacts dits « ponctuels » ou « linéiques » qui peuvent être détruits non pas à cause des contraintes superficielles, mais par suite de la fatigue des sous-couches,
  • domaines auxquels il faut ajouter (en vrac) les pressions de contact, l'usure, la lubrification, les matériaux, les traitements thermiques, les traitements et revêtements de surfaces ...

La tribologie dans la vie et dans l'enseignement

modifier

Tout être humain pratique le frottement comme Monsieur Jourdain pratiquait la prose. Il suffit, pour s'en convaincre, de considérer à quel point nos gestes les plus courants intègrent les forces de frottement. Peu de gens en ont réellement conscience. Ces forces, techniciens et ingénieurs doivent apprendre à les utiliser autant qu'à les combattre. La maîtrise de l'usure et de la durée de vie des machines est d'ailleurs, dans nos Sociétés où l'humanisme cède trop souvent la place à des « valeurs » d'une toute autre nature, une arme économique redoutable.

Que serait notre monde sans frottement ni adhérence ? Imaginons nos voitures et nos trains patinant sans espoir d'avancer, si ce n'est dans les pentes descendantes, quant aux vélos ... Impossible de lacer nos chaussures, d'ailleurs inutiles car nous ne pouvons plus marcher. Plus de nœuds de cravate, ni de tas de sable, ni d'assemblages cloués ou vissés, ni d'échelles appuyées aux murs. Un monde sans frottement serait encore plus invivable qu'un monde avec des frottements décuplés ...

La tribologie est trop peu enseignée, pour de multiples raisons. Les responsables des programmes pédagogiques ignorent eux-mêmes à peu près tout de ce domaine et de ses aspects économiques. L'absence presque totale de lois physiques reconnues interdit les brillants exposés magistraux et les savants calculs qui « valorisent » leurs auteurs ; la masse considérable de connaissances encyclopédiques nécessaire à un enseignement sérieux ne peut être acquise qu'au fil des années. Ici, l'expert que l'on interroge doit bien souvent avouer son ignorance ; avançant lui-même à tâtons, avec d'autant plus de difficulté qu'il s'est aventuré plus loin, il n'a pas le beau rôle. En outre, les données vraiment utiles sont plus dispersées dans le flot des publications et la masse des idées reçues que les pépites dans le sable des torrents.

N'est-il pas étonnant par exemple de constater que sur 100 roulements à billes ou à rouleaux détruits, 9 seulement l'ont été par le processus d'usure « naturel » qui sert de base à leur calcul ... En fait, les deux tiers des avaries sont dues à des défauts de lubrification et/ou de montage, au sens très large du terme, et ces questions-là ne sauraient être traitées à l'aide de quelques équations.

Partager ses connaissances, ouvrir des portes sur l'inconnu, offrir aux lecteurs l'occasion d'être curieux, est passionnant. Mais enseigner la technique n'est pas seulement faire un « arrêt sur l'image », c'est aussi réfléchir à son évolution. C'est pourquoi nous ne manquerons pas d'évoquer aussi les aspects historiques du sujet.

Petit lexique français-anglais

modifier

La langue anglaise est à la fois plus précise et plus imprécise que la langue française pour tout ce qui concerne les notions tribologiques. Voici les correspondances de quelques termes que le lecteur trouvera couramment dans la littérature technique :

friction frottement (au sens mécanique, force opposée au mouvement)
to rub frotter (au sens de frictionner ou d'essuyer quelqu'un)
rubbing action de frotter
rubber test test, essai de frottement
to scrub frotter (pour nettoyer), récurer,
scrubbing frottement avec les mains
scraping bruit provoqué par le frottement
friction factor, coefficient of friction coefficient ou facteur de frottement
dry rubbing frottement à sec
sliding friction frottement de glissement
skin friction frottement superficiel
rubbing strip baguette de protection latérale (véhicules)
friction welding soudage par friction

Des difficultés particulières ...

modifier

Le frottement est multiforme et ne se laisse pas découvrir facilement. Chacun de ses aspects, pour être compris, nécessite la compréhension de beaucoup d'autres.

« Cette question des frottements est une des plus complexes qu'ait à connaître le mécanicien : les phénomènes observés y sont fonction d'un nombre remarquablement élevé de facteurs ; eux-mêmes sont des notions fluctuantes dépendant de plusieurs variables et s'imbriquant les unes dans les autres », écrit Jean-Jacques Caubet (Théorie et pratique industrielle du frottement).

  • Voici un domaine où les paramètres sont extrêmement nombreux. Les chercheurs du Centre Technique des Industries Mécaniques (CETIM) en ont recensé quelques 150 à 200 qui interviennent dans pratiquement tous les problèmes industriels de frottement, y compris ceux qui paraissent les plus simples.
  • Voici un domaine où l'on peut presque toujours affirmer une chose et son contraire :
- l'eau diminue l'adhérence de deux objets, comme les pneumatiques d'une automobile sur une route mouillée ...
- l'eau augmente l'adhérence de deux objets, comme une tasse en porcelaine dans un plateau en plastique stratifié ...
  • Voici des comportements discontinus. Quand l'antimoine glisse sur l'acier, les surfaces se polissent en-deçà d'une vitesse critique de 1280 km/h et au-delà, elles volent en poussière. Une véritable « fonction échelon » ! Sans être aussi extrêmes que celui-ci, d'autres comportements inhabituels ne sont pas rares. Certaines machines, comme les moteurs hydrauliques à pistons axiaux, sont limitées en puissance car au-delà d'une certaine limite, on ne maîtrise plus les problèmes tribologiques et les lois de similitude habituelles en mécanique des fluides ne peuvent plus s'appliquer. Difficile, dans de telles conditions, de prévoir le résultat d'une extrapolation ...
  • Voici l'influence de paramètres infimes, ce que l'on peut traduire par petites causes, grands effets : le graphite frotte très bien sans lubrification sur l'acier si l'air ambiant contient des traces de vapeur d'eau, quelques parties par million suffisent, sinon il colle au métal et s'arrache.
  • Voici un domaine où les échelles varient de manière considérable. Les dimensions des éléments étudiés, par exemple, vont de plusieurs dizaines de mètres pour les grosses machines à quelques nanomètres pour les effets inter atomiques. Il en est de même pour les masses, les forces, les vitesses ...
  • Voici un domaine qui frise souvent l'irrationnel. Comment, par exemple, un phénomène d'usure aussi destructeur que la corrosion de contact pourrait-il dépendre de la langue du pays ? Et pourtant ... Olivetti, jadis grand constructeur de machines à écrire, avait constaté une usure anormale par corrosion de contact dans les tringleries animant la touche "W", conséquence de vibrations incessantes provoquées par l'action des autres touches. Comme il n'y a pas de W en italien, aucune action sur la touche correspondante ne permet d'évacuer régulièrement les débris d'usure, poussières abrasives ou dépôts divers ; la corrosion de contact s'en donne alors à cœur joie. Les ingénieurs de la maison Olivetti avaient même pondu, voici à peu près un demi-siècle, un gros rapport de recherche à propos des meilleurs lubrifiants et des meilleurs matériaux à utiliser pour éviter ce phénomène. Rien de tel chez les constructeurs anglo-saxons, toutes les touches des machines étant actionnées assez régulièrement, provoquant des mouvements d'une certaine amplitude permettant d'éliminer les débris; par ailleurs, un défaut de fonctionnement entraînait une action immédiate, tandis qu'en Italie un coincement complet de la tringlerie du W n'était apparemment pas de nature à émouvoir une secrétaire purement italophone, puisqu'elle n'employait pas cette lettre.


Savoir comment une craie écrit sur un tableau, ou un crayon sur du papier, ne permet pas de pronostiquer qu'un objet A écrira sur un objet B. À cause des phénomènes de frottement, les calculs théoriques ne suffisent pas pour garantir que les machines que l'on projette de réaliser fonctionneront à coup sûr. Les techniciens et les ingénieurs doivent disposer d'une panoplie de solutions éprouvées et connaître les erreurs à éviter. Bien que l'expérience de l'humanité soit relativement riche, maints problèmes apparemment anodins n'ont reçu à ce jour aucune solution vraiment satisfaisante : par exemple, on ne sait pas très bien fixer les tuyaux ... et celui qui trouvera LA solution sera à l'abri de la misère pour plusieurs siècles.

Les manifestations du frottement

modifier

Elles ne sont pas toutes évidentes !

  pour en savoir plus : Tribologie - Manifestations du frottement

Diverses approches de la tribologie

modifier

La tribologie peut être approchée de diverses manières :

  • le « tribologue » cherche, interroge les atomes, cherche encore ... et parfois fait un petit pas en avant dans la compréhension des phénomènes,
  • le ministre des finances se demande à combien vont s'élever à la fin de l'année, pour le pays tout entier, les pertes économiques dues au frottement, à l'usure, à l'entretien des machines et équipements, ... et s'arrache les derniers cheveux en voyant l'addition,
  • l'ingénieur essaie de trouver la moins mauvaise solution au problème qu'on lui a posé, sa formation en tribologie est souvent très insuffisante et il sait que le produit de ses cogitations devra être vendu et donner satisfaction à un client. Ce n'est jamais gagné d'avance !
  pour en savoir plus : Tribologie - Diverses approches

Modélisation des actions de contact

modifier

Il est important de savoir comment représenter les actions mécaniques, et spécialement celles qui sont liées aux résistances passives, avant de se lancer dans de savants calculs ...

  pour en savoir plus : Tribologie - Modélisation des actions de contact

Genèse des frottements

modifier

Les causes du frottement, telles qu'on les imagine de nos jours, sont multiples et interdépendantes. De tous temps on a cherché à comprendre ce phénomène, avec plus ou moins de succès, par la spéculation intellectuelle et par l'expérience.

C'est aux Anglais Bowden et Tabor que l'on doit d'avoir énoncé pour la première fois des idées claires sur le sujet, mais il est intéressant de considérer les divers cheminements intellectuels qui ont été suivis au cours des siècles.

Une étude complète du problème ne saurait se limiter aux seules surfaces d'objets réputés secs et propres, puisqu'une partie au moins des résistances passives a son origine à l'intérieur même des matériaux et dans les films lubrifiants solides, liquides et gazeux dont on fait largement usage dans les machines. Le frottement immédiat entre deux pièces mécaniques, c'est-à-dire celui qui a lieu sans interposition du moindre produit, lubrifiant ou autre, est l'exception. Le frottement médiat, qui met en jeu d'autres éléments que les deux pièces dont on veut assurer le contact, est la règle.

  pour en savoir plus : Tribologie - Genèse des frottements

Nature et comportement des surfaces

modifier

Le frottement et l'usure mettent en jeu les surfaces de contact ou plus précisément les interfaces, où se produisent des transformations irréversibles qu'il faut considérer de plusieurs points de vue :

  • état géométrique et micro géométrique,
  • propreté,
  • état physicochimique, structure des couches superficielles,
  • état historique.

On en tire des conclusions essentielles pour les processus industriels de fabrication des surfaces frottantes.

  pour en savoir plus : Tribologie - Nature et comportement des surfaces frottantes

Les différentes formes d'usure

modifier

La vie d'un mécanisme comporte normalement trois phases : rodage, vie utile, vieillesse. L'usure est rapide en début de rodage et pendant la vieillesse.

L'abrasion est due à une des pièces qui lime l'autre ou à un troisième corps plus dur que les deux pièces. Ici plus encore qu'ailleurs il faut éliminer les débris d'usure.

L'adhésion vient de la solubilité mutuelle des matériaux des pièces. La rupture adhésive des jonctions donne lieu à une usure douce, la rupture cohésive à une usure sévère pouvant aboutir au grippage.

La corrosion est due à des phénomènes chimiques et non au frottement, mais elle interagit avec ce dernier.

La corrosion de contact ronge les surfaces soumises à de petits déplacements tangentiels, à une vitesse exponentielle si le milieu est oxydant.

Les surcontraintes sont dues au passage d'un frotteur trop chargé ou à des efforts de frottement trop élevés. On peut trouver des fissures de tension derrière le frotteur, un fluage par compression devant ce dernier ou des déformations profondes par cisaillement.

La fatigue provoque des piqûres superficielles ou un écaillage par endommagement progressif en profondeur.

L'érosion est une perte de matière par des impacts de particules en suspension dans un fluide.

L'érosion par cavitation correspond à un arrachement de matière engendré par l'effet cumulatif des ondes de choc provoquées par l'implosion brutale de bulles de vapeur sur une paroi ou à son voisinage immédiat. Elle ne se produit que dans les zones où se trouve un liquide en dépression (col Venturi, sur-vitesse locale due au contournement d'un aubage, ...).

La fatigue thermique est due à des échauffements et refroidissements brutaux et répétés.

Il est généralement admis que les pertes économiques par usure représentent de 6 à 10 % du Produit National Brut des pays industrialisés. L'usure représente 30 % des causes d'avarie dans les applications mécaniques. L'importance relative des différents modes d'usure est la suivante :


Pertes relatives par usure
Abrasion 30 %
Adhésion 15 %
Fatigue de surface 15 %
Fatigue thermique 12 %
Corrosion de contact 10 %
Corrosion 10 %
Cavitation 8 %


Jean-Jacques Caubet a énoncé 7 règles fondamentales pour le constructeur, mettant l'accent sur l'importance du rodage et la nécessité de bien définir les protocoles de fabrication.

  pour en savoir plus : Tribologie - Usure des surfaces

Matériaux utilisables pour le frottement

modifier

Le choix d'un matériau de frottement est un problème d'optimisation entre des qualités souvent contradictoires :

  • propriétés mécaniques : dureté, limite d'élasticité, résistance à la compression, au fluage, à la fatigue, résilience, aptitude au vieillissement, amortissement des vibrations et des chocs,
  • propriétés physico-chimiques : masse volumique, température limite d'utilisation, coefficient de dilatation, conductivité thermique, conductivité électrique, résistance à l'oxydation et à la corrosion, mouillabilité par les lubrifiants, aptitude aux traitements, reprise d'humidité,
  • propriétés anti-usure : facilité du rodage, résistance à l'abrasion, à l'adhésion et au grippage, à la corrosion de contact, à l'érosion et à la cavitation, à la corrosion par les lubrifiants,
  • propriétés techniques : facilité de mise en œuvre, conformabilité, absorption de particules abrasives, auto-réparation par comblement des rayures, dureté minimale de l'antagoniste, comportement en cas de lubrification déficiente ou d'incident, comportement face à l'augmentation du jeu, facilité de réparation ou d'échange, aptitude au soudage sur un support,
  • propriétés d'environnement : caractéristiques du milieu, moyens et possibilités de lubrification, problèmes de pollution ou contamination,
  • propriétés « socio-économiques » : coût de revient, disponibilité sous des formes diverses, facilité d'approvisionnement, dépendance des fournisseurs, évolution prévisible des techniques, ...
  pour en savoir plus : Tribologie - Matériaux utilisables pour le frottement

Traitements et revêtements de surfaces

modifier

L'ère des traitements et revêtements de surfaces commença à la fin du XIXe siècle. Les débuts furent timides : quelques dépôts électrolytiques et la cémentation. Bien d'autres traitements suivirent : nitruration, phosphatation, Sulfinuz, Tenifer, carbonitruration, etc.

Depuis 1950 c'est l'essor de l'aéronautique, de l'espace, de l'atome, du génie chimique. Les mécanismes doivent fonctionner dans le vide, l'eau lourde, le sodium fondu, l'hydrogène, les acides... et il ne faut ni polluer ni consommer trop de matières ou d'énergie. Si le mécanicien est en général assez bien armé dans les premières phases de l'étude d'une machine, il l'est en revanche beaucoup moins pour la mécanique des surfaces : les innombrables résultats fondamentaux et expérimentaux accumulés depuis des décennies n'ont pas encore trouvé leur place dans un ensemble cohérent et efficace.

Empêcher les contacts inter métalliques revient à améliorer la lubrification, ou à renforcer le manteau protecteur naturel d'oxydes, ou à créer un manteau protecteur artificiel. Ce dernier peut être sécrété par le métal lui-même, comme le graphite des fontes, ou apporté de l'extérieur, comme le sulfure de fer engendré par le Sulfinuz.

Il n'existe pas de loi générale ni de méthode cohérente de choix, si ce n'est la règle des trois couches :

  • une zone superficielle mince inhibitrice de soudure et à faibles caractéristiques mécaniques,
  • une sous-couche dure à hautes caractéristiques mécaniques, avec des contraintes résiduelles de compression,
  • une zone intermédiaire entre la sous-couche et le cœur de la pièce avec un gradient progressivement décroissant des caractéristiques mécaniques.


Les divers traitements ou revêtements peuvent être classés dans l'une des catégories suivantes :

  • traitements avec transformations structurales par des procédés mécaniques mettant en compression les zones superficielles : galetage, brunissage, grenaillage de précontrainte...
  • traitements thermiques proprement dits, qui modifient la structure métallurgique : trempe à cœur ou superficielle.
  • traitements thermochimiques de diffusion qui mettent en jeu des métalloïdes (cémentation, nitruration, carbonitruration, boruration...) ou des métaux (Forez, Delsun, Zinal, Stanal, Sulficad, chromisation...)
  • traitements thermochimiques de conversion, souvent en bains de sels fondus, qui forment à la surface des pièces des composés capables de faciliter le glissement et de prévenir le grippage. Dans ces traitements le soufre joue un rôle éminent, car il forme des structures à nombreux plans réticulaires capables de glisser facilement : citons le Ténifer, la cyanuration, le Sulfinuz, le Sulf BT...
  • revêtements par des couches minces de métaux ou de céramiques, carbures, etc. obtenus par voie humide ou sèche.

Les deux buts essentiels des traitements et revêtements de surface sont la lutte contre le frottement et la limitation de l'usure.

Cette dernière varie de façon complexe avec les matériaux et leurs traitements. Par exemple, avec un coussinet en bronze au plomb, l'usure est plus forte en présence d'un arbre en acier cémenté qu'avec un arbre chromé. C'est exactement l'inverse avec un coussinet en alliage aluminium-étain. Il faudrait connaître les résultats donnés par toutes les combinaisons possibles de matériaux, de traitements, dans toutes les ambiances imaginables. La nature chimique de l'atmosphère, la présence ou l'absence de vapeur d'eau, la pression et la température... peuvent influer considérablement sur les résultats.

Une couche protectrice anti-usure n'est intéressante que si son épaisseur est au moins égale à la perte de matière admissible pendant la durée de vie du mécanisme.

  pour en savoir plus : Tribologie - Traitements anti-usure
  pour en savoir plus : Tribologie - Revêtements anti-usure

Lubrifiants

modifier

De nos jours il ne suffit plus de « mettre un peu de gras » pour faire fonctionner les machines. Le graissage est devenu une science, pas toujours exacte certes, mais dont tout mécanicien se doit de connaître au moins les rudiments.

  pour en savoir plus : Tribologie - Lubrifiants

Applications concrètes

modifier

Il a paru intéressant de faire un point, non exhaustif, sur des solutions ou des tendances actuelles dans un grand nombre de domaines : c'est ce que l'on trouvera dans l'article détaillé, où les différents sujets traités sont classés par ordre alphabétique.

  pour en savoir plus : Tribologie - Applications pratiques

Guidage par glissement

modifier
  pour en savoir plus : Tribologie - Guidage par glissement

Guidage par roulement

modifier

Des informations se trouvent dans le chapitre Tribologie - Applications pratiques

  pour en savoir plus : Tribologie - Guidage par roulement

Facteurs de frottement

modifier
  pour en savoir plus : Tribologie - Facteurs de frottement

Lien interne

modifier


Lien externe

modifier