Photographie/Techniques particulières/Effets spéciaux

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Généralités

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Avec l'avènement des techniques numériques, « les effets spéciaux » aboutissant à des images manipulées en laboratoire ont quelque peu perdu de leur intérêt. Cependant, même si c'est aujourd'hui plus facile, on ne fait pas beaucoup plus de choses sur ordinateur que dans la chambre noire ...

Ceci dit, beaucoup de photographes se sont imaginé qu'ils pourraient, à l'aide d'effets spéciaux, tirer profit de clichés médiocres au départ, les « sauver » en quelque sorte de la poubelle. Hélas pour eux, une mauvaise prise de vue, une composition médiocre ou un mauvais éclairage ne peuvent généralement pas être rattrapés, même au prix de longues heures de travail. Sur ce point, l'ordinateur n'a fondamentalement rien changé et nous ne saurions trop inciter les manipulateurs d'images à ne travailler qu'avec un but précis !

« Les effets spéciaux en photographie ne sont que la suite logique de cette rage de dépassement qui caractérise l’homme : plus loin, plus vite, plus beau, plus, plus, plus…

Sans doute est-il important de garder en tête cette caractéristique quand on aborde le domaine des effets spéciaux en photographie, car cela crée un état d’esprit, une ambiance générale, très propice aux idées. Ce climat spirituel, teinté de métaphysique, permet d’aller au-delà du bête trucage photographique et de faire passer quelque chose de plus, ce message que chacun possède au fond de soi et qui est parfois si difficile à exprimer.

Ne négligeons donc pas cet aspect des choses car il est faux de penser que seule compte l’accumulation des recettes techniques et leur parfaite réalisation : il existe des photos merveilleuses exprimant quelque chose avec un seul effet spécial simple, mais il existe aussi des monuments de bêtises froides et brouillonnes, faisant appel à des effets complexes et variés. Nous touchons là un point sensible : la transfiguration de la quincaillerie froide et sans âme en une chose belle, à coup de sensibilité et d’imagination... toutes qualités que ne posséderont jamais les films, les appareils et les filtres les plus sophistiqués. »

Gérard Champlong

Les effets de flou, de suivi, de zoom, etc.

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On ne parle évidemment pas ici du flou dû à une mauvaise mise au point, à la tremblote du photographe ou encore à l'utilisation d'un cul de bouteille à la place d'un objectif de qualité. Il s'agit de donner l'illusion du mouvement en utilisant ou en provoquant artificiellement certains mouvements.

Dans tous les cas, il faut éviter ici les temps de pose très courts qui, au contraire, ont la propriété de « figer » les sujets. On utilisera donc des temps de pose longs ou très longs, pouvant aller de 1/15 s à plusieurs secondes, afin d'obtenir des traces sur la surface sensible. Peu importe ici que le photographe utilise du film ou un capteur, le résultat sur l'image finale est le même, la différence se situant en fait au niveau du portefeuille car il faut multiplier les tentatives pour avoir quelques chances de réussite.

On peut par exemple :

  • enregistrer le mouvement d'un objet qui défile devant un décor fixe, l'appareil étant avantageusement monté sur un trépied ou tout autre support stable,
  • accompagner l'objet qui se déplace et qui si tout va bien sera net et défilera devant un décor « filé »,
  • faire varier la focale pendant la prise de vue, ce qui donnera un effet d'éclatement,
  • faire défiler la pellicule pendant la prise de vue grâce au levier d'armement ou à la manivelle de rembobinage,
  • ou combiner ces diverses techniques.
 
Effet d'éclatement produit par un changement de focale pendant la pose

Tout ceci est étudié en détail dans le chapitre consacré au thème du flou.

La surimpression

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Elle consiste à exposer deux fois la pellicule dans un appareil argentique. Il faut donc, quand c'est possible, passer outre les sécurités qui, sur presque tous les appareils argentiques, évitent justement les surimpressions accidentelles. Généralement, on commence par tendre le film grâce à la manivelle de rembobinage, on prend une première vue, on débraye, on réarme en maintenant le film tendu et on prend la seconde photo sans que le film ait avancé. Certains appareils offrent une commande spéciale qui évite cette manœuvre.

Il va de soi qu'avec un appareil argentique, les deux prises de vues doivent être consécutives, ce qui ne peut fonctionner que si l'affaire a été soigneusement préparée.

Avec les images numériques, il vaut mieux pratiquer la surimpression grâce aux logiciels de traitement d'images qui offrent infiniment plus de souplesse et la possibilité de se tromper gratuitement, si l'on ne compte pas son temps.

Et quand on se trompe, il faut le faire avec panache. Nous avons un cuisant souvenir d'une surimpression involontaire de notre premier film, des diapositives. Il était mal accroché sur la bobine réceptrice et les 20 photos ont été prises en parfaite surimpression, ce qui a permis d'admirer un magnifique rectangle parfaitement transparent à l'extrémité d'un long ruban entièrement noir, le laboratoire n'ayant évidemment pas procédé au montage sous caches.

Les films « lith »

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Ce sont des films spéciaux étudiés pour donner un contraste extrêmement élevé. Ils ont été largement utilisés en imprimerie avant l'apparition des scanners pour l'impression de photos tramées.

Dans les révélateurs à haut contraste type Kodak D-11, ces films donnent une gamme de gris très « dure » qui finit par basculer vers deux tons seulement, le blanc et le noir, après un certain nombre de contretypages successifs (obtention d'un positif à partir d'un négatif, puis d'un nouveau négatif à partir de ce positif, etc.). Dans les révélateurs spéciaux contenant du formaldéhyde, le développement se fait par contagion. Les zones insolées sont développées brutalement et donnent un noir intense sans pratiquement passer par la gamme des gris habituels ; les surfaces développées s'étendent progressivement par noircissement des zones voisines de moins en moins exposées à la lumière et il faut donc arrêter le développement au bout d'un temps relativement précis si l'on veut contrôler le résultat.

Photographie au trait

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Ce procédé a été très largement utilisé pendant des décennies pour le cinéma, les arts graphiques, la publicité, etc. En partant d'un cliché en noir et blanc conventionnel, présentant donc une gamme de gris continue, on obtient finalement une nouvelle image ne comportant plus que des noirs et des blancs. La séparation se fait au niveau d'un gris moyen, tout ce qui est plus clair bascule vers le blanc et tout ce qui est plus foncé vers le noir.

À partir d'un négatif normal, on commence par réaliser un contretype positif sur un film lith. Après traitement et séchage, on recommence l'opération pour obtenir un négatif ne comportant plus que du noir et du blanc, négatif qui sera ensuite agrandi de façon tout-à-fait classique sur un papier photographique ordinaire, pour donner une image en deux tons dite « image au trait ».

Lors des deux étapes du contretypage, les impuretés présentes dans les bains et les micro-bulles d'air accrochées au film provoquent la formation d'une multitude de points noirs et blancs. Les premiers sont généralement laissés en l'état (ils se transformeront en points blancs), les seconds sont soigneusement rebouchés à la gouache ou à la Néococcine (colorant rouge intense). Une grande table lumineuse, un pinceau très fin et une bonne loupe sont ici des outils quasi indispensables.

Le grain

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En général, une forte granulation visible sur une épreuve photographique n'est pas considérée comme un signe de qualité et les fabricants de films se sont toujours efforcés de mettre au point des émulsions aussi fines que possibles. Cependant, le « grain » volontairement recherché peut apporter une certaine originalité à un cliché.

Pour obtenir un maximum de grain, on commencera par faire exactement le contraire de ce que l'on fait quand on veut en obtenir le moins possible ! On choisira donc un film très rapide, on le traitera dans une révélateur énergique, à température relativement élevée, et on l'agrandira fortement. L'effet est accentué en réalisant des contretypes sur film lith. Il est possible également de partir d'une pellicule couleur inversible de haute sensibilité. En développant à température élevée puis en lavant ou en fixant à basse température on peut aussi provoquer la réticulation de la gélatine, ce qui peut donner également un effet intéressant.

Les concepteurs de logiciels de traitement d'image proposent aujourd'hui des « filtres » qui permettent d'introduire dans les images informatiques des effets de grain simulant ce que l'on pouvait avoir avec des films.

Le bas-relief

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Ce procédé est un des plus intéressants. Comme pour le tirage au trait, on exécute un positif et un négatif sur film, puis on les superpose avec un léger décalage, ce qui donne une impression de bas-relief. L'effet obtenu est différent selon la densité et le degré de contraste des deux clichés, beaucoup de variantes sont possibles avec une même image de départ. D'une manière générale le résultat est plus intéressant avec des clichés riches en détails contrastés et un décalage très léger mais chacun trouvera avantage à faire ses propres essais.

La « solarisation », ou plutôt la pseudosolarisation

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Il s'agit ici non pas de la solarisation proprement dite, qui est un effet d'inversion des images sous l'action de luminations énormes, mais de d'un phénomène connu sous le nom d'effet Sabatier. Lorsque l'on expose uniformément à une lumière actinique une épreuve en cours de développement, celle-ci tend à noircir uniformément, sauf au niveau des zones de séparation des densités opposées (des blancs et des noirs) qui sont soulignées par un fin liséré. En agrandissant et en recontrastant si besoin est l'image obtenue, on obtient un effet de contour négatif ou positif sur toutes les zones comportant des séparations nettes.

Les paramètres qui influent sur l'image finale sont si nombreux qu'il est pratiquement impossible de reproduire deux fois la même image finale, il faut donc compter énormément sur la chance. L'effet Sabatier donne de meilleurs résultats sur les films lents que sur les films rapides, et on peut aussi le pratiquer sur des tirages, à condition d'avoir une grande poubelle à proximité immédiate.

Les trames

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Elles sont de deux sortes :

  • les trames mécaniques permettent de donner une texture à une image et voici quelques années, on pouvait en trouver un grand choix dans le commerce. Ces produits se sont raréfiés aujourd'hui mais des tissus légers, des gazes, des dentelles posées sur le papier de tirage peuvent parfaitement convenir.
  • les trames optiques ont largement servi aux photograveurs pour transformer des images demi-teintes en images constituées d'un fin réseau de points noirs et blancs plus ou moins gros qui, en étant vus d'une distance suffisante, reconstituent pour l’œil les gammes de gris initiales. Les trames optiques sont constituées de fins quadrillages appartenant à deux familles : les unes sont constituées de traits nets, on les utilise à une distance déterminée du film et avec un diaphragme de forme carrée (diaphragme à vanne) de dimensions bien précises, les autres sont dotées de traits dont les densités varient de façon sinusoïdale et s'utilisent par contact direct sur la surface sensible. Dans les deux cas, on utilise du film lith développé dans un révélateur spécial afin de n'obtenir que du noir et du blanc.

Le travail avec des trames optiques (devenues de toute manière quasi introuvables) n'est pas à la portée de l'amateur.

Bibliographie

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  • CHAMPLONG, Gérard : trucologie : des trucages simples pour sortir des sentiers battus. In : Chasseur d'Images, n° 21, 1er mai – 30 juin 1980, pp. 65-78.


Techniques particulières