Photographie/Techniques particulières/Poses longues

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Généralités

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Les poses longues permettent d'obtenir des effets intéressants, même avec les appareils les plus simples, pourvu que leurs obturateurs puissent rester ouverts suffisamment longtemps.

Avec un objectif standard, il vaut mieux éviter d'utiliser des temps de pose plus longs que 1/60 s si l'on tient l'appareil à la main. Sauf pour quelques photographes dotés d'une main particulièrement ferme qui peuvent encore opérer à 1/30 s ou 1/15 s, les temps de pose plus longs conduisent inévitablement à des effets de flou ou à la formation d'images fantômes. Bien que ces phénomènes conduisent généralement à des ratages, ils peuvent être utilisés à bon escient pour fournir des effets créatifs.

La notion de pose longue est relative, employons-la ici pour désigner des poses trop longues pour que les mouvements soient « figés » ; ainsi, une partie au moins de l'image sera floue, et notre propos sera de voir dans quelles conditions ce flou sera utile à la qualité de la photographie.

Pose B et pose T

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L'idéal est de disposer d'un appareil pouvant être réglé manuellement sur la pose B ou sur la pose T. La pose B (Bulb) permet de maintenir l'obturateur ouvert aussi longtemps que l'on maintient la pression sur le déclencheur. Cela peut évidemment être fastidieux s'il faut laisser l'index en place pendant 5 minutes. La pose T (Time) permet d'opérer en deux temps : une première pression ouvre l'obturateur, une seconde le referme, il n'est plus nécessaire d'appuyer pendant toute la durée de l'exposition. Certains déclencheurs souples possèdent un système de blocage qui permet d'obtenir l'équivalent d'une pose T avec un obturateur qui ne possède que la pose B.

À moins que l'on cherche à obtenir une image entièrement floue, il vaut mieux que l'appareil reste parfaitement immobile pendant la pose. Pour des temps relativement courts, jusqu'à 1/8 s ou 1/4 s, on peut se contenter d'utiliser un monopode ou de trouver un support permettant de s'appuyer et ainsi de limiter les mouvements intempestifs. Au-delà, le meilleur moyen d'éviter le flou est bien sûr d'utiliser un trépied très rigide.

Si le niveau de lumière extérieure est suffisamment faible, il peut être intéressant d'utiliser la pose B à main levée et d'ajouter un coup de flash, ce qui permettra d'obtenir une partie du sujet net dans un environnement flou.

La pose T impose pratiquement l'usage d'un pied. Il faut éviter de toucher l'appareil pendant l'exposition car on risque de le faire bouger, même de façon presque imperceptible, ce qui donne immanquablement du flou.

Paramètres de l'exposition

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La détermination des paramètres de l'exposition (temps de pose, ouverture du diaphragme, sensibilité de la pellicule ou du capteur) est souvent assez délicate, d'autant plus que les changements de lumière qui peuvent se produire alors que l'obturateur est ouvert.

Photographier les lumières

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Ce style de photographie se pratique essentiellement en basse lumière et les effets ne sont vraiment intéressants que si des sources lumineuses mobiles se trouvent dans le champ de l'objectif. Les phares et les feux rouges des voitures donnent de belles traînées. Pour réussir ce genre de photos il faut évaluer les trajectoires des véhicules et le temps qu'il va falloir utiliser pour que les traînées aient la bonne longueur. La lumière ambiante imposera alors le diaphragme, le danger étant le plus souvent une sur-exposition, surtout avec les appareils numériques de type compact ou bridge munis de diaphragmes incapables de se fermer au-delà de f/11 ou même de f/8.

 
Fête foraine, temps de pose 0,4 s
 
Grande roue, temps de pose inconnu
 
Prince George, Colombie Britannique ; les traces sont dues aux mouvements de l'appareil pendant une pose de 1 s

Les fêtes foraines et les manèges fournissent également de bonnes occasions. À priori, tester des temps de pose de l'ordre de 2 s.

Avec une lampe électrique déplacée dans le champ, on peut littéralement écrire avec la lumière, tracer une signature, etc., le temps de pose étant évidemment assez long pour que toute la trajectoire puisse être enregistrée. Avec un appareil numérique, est conseillé de multiplier les prises de vues jusqu'à ce que l'on obtienne un résultat vraiment satisfaisant. Les torches pyrotechniques en forme de bâtonnets produisant des étincelles sont des sources de lumière qui méritent d'être essayées.

La photographie des feux d'artifice entre évidemment dans ce cadre, elle est traitée plus en détail dans un chapitre à part.

L'eau courante et le paysage

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Les images d'eau peuvent être rendues plus attrayantes par de longs temps de pose. Une page spéciale est consacrée à la photographie de l'eau sous toutes ses formes.

Les représentations de l'eau s'adoucissent lorsque la surface sensible accumule les images des parties en mouvement. Il ne faut pas hésiter à appliquer cette technique aux cascades, aux torrents, aux jets d'eau et à tous les autres sujets comportant de l'eau en déplacement rapide. Les temps de pose peuvent atteindre sans problème plusieurs secondes, voire plusieurs dizaines de secondes.

Plus le temps est long, plus l'effet est marqué, jusqu'à ce que l'image paraisse parfaitement lisse. Naturellement, un trépied s'impose car si l'eau doit être très floue, le reste du décor doit en revanche paraître parfaitement net

Lorsque la lumière est très faible, les temps de pose sont naturellement très longs. Pour obtenir des temps de pose très longs si la lumière est forte ou modérée, il faut déjà fermer le diaphragme. Les objectifs des chambres photographiques dont disposaient nos grands-parents affichaient couramment f/32, f/45 ou même f/90. Aujourd'hui de telles valeurs sont devenues exceptionnelles mais il est possible d'assombrir l'image en utilisant un filtre gris neutre qui absorbera l'excédent de lumière. Comme la profondeur de champ dépend avant tout de l'ouverture du diaphragme, les filtres gris neutres permettent d'élargir les possibilités d'avoir une zone de netteté très étendue ou au contraire plus restreinte, selon ce qui convient le mieux à la scène photographiée.

Le sport et les objets en mouvement

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Le flou directionnel procuré par les éléments de l'image qui se déplacent donne facilement une impression de très grande vitesse, y compris quand ce n'est pas le cas : on peut s'amuser à ce petit jeu avec des tortues ou des escargots.

La trace floue due à la pose longue peut avantageusement être terminée par une image nette donnée par un coup de flash. Dans ce cas il faut que l'éclair soit déclenché à la fin de la pose et non au début, faute de quoi on obtient un objet net précédé par sa trace, ce qui est évidemment absurde et donne un effet désagréable. C'est là que pour les appareils réflex, la synchronisation sur le 2e rideau trouve tout son intérêt.

Au lieu de laisser l'appareil fixe et de laisser les éléments mobiles fournir des images floues, on peut aussi tenir l'appareil à la main et accompagner le mouvement de l'élément mobile. Il faut pour cela que la trajectoire de ce dernier soit régulière et prévisible. Si le déplacement est suffisamment rapide et le temps de pose assez long, il en résulte un effet de filé qui étire les éléments du décor ; d'une part, ceux-ci sont moins identifiables et perturbateurs pour le regard (le décor d'une compétition automobile n'est pas toujours très intéressant) et d'autre part l'impression de vitesse est très importante. Il faut tout de même un peu de chance pour réussir de cette manière une image sortant vraiment de l'ordinaire, mais le numérique permet de multiplier les essais sans conséquence désagréable pour le porte-monnaie. Un monopode peut aider considérablement pour obtenir un mouvement régulier de l'appareil, sans oscillations perpendiculaire à la direction du mouvement

 
Véhicule de sécurité :

En accompagnant le mouvement du véhicule, le photographe a réussi à en obtenir une image à peu près nette, tandis que le fond présente un léger effet de filé. On peut considérer que cet effet n'est pas assez important pour créer une véritable impression de vitesse, tandis que le mouvement de droite à gauche est perçu comme un « retour » plutôt que comme un « départ » dans les pays où la lecture se fait de gauche à droite.

 
Compétition aéronautique

On peut faire ici les mêmes remarques que sur la photographie précédente. Le pylône qui semble malencontreusement prolonger l'empennage de l'avion pourrait sans problème être effacé à l'aide d'un logiciel de traitement d'images.

 
Course automobile

Le temps de pose (1/60 s) peut paraître relativement court mais il faut le rapporter à la vitesse des bolides. Ici le « filé » est beaucoup plus important, l'impression de vitesse beaucoup plus forte. La clôture de protection donne une effet de bandes qui n'est pas forcément le bienvenu et on pourrait facilement de passer de la bordure et des taches rouges en haut de l'image car elles n'apportent pas d'informations pertinentes et attirent inutilement le regard

 
Pompiers de Venise

La composition de cette photographie est loin d'être parfaite mais il faut saluer les réflexes du photographe qui n'avait que très peu de temps pour opérer. La présence de la gondole situe par ailleurs parfaitement le lieu de l'action.

 
Reflets de San Diego

Le temps de pose modeste (1/30 s) est relativement court mais suffisant pour créer un contraste entre la fixité des lumières de la ville et le flou des reflets. Il aurait fallu faire quelques essais pour voir si des temps plus longs auraient donné une meilleure impression. L'aspect « panorama » peut facilement être accentué en supprimant une bande de ciel vide de toute information.

Les images-fantômes

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En général les images-fantômes surviennent accidentellement mais on peut aussi en provoquer la formation. Il faut alors réfléchir un peu à la façon dont le mouvement, la pose longue et le cas échéant un ou plusieurs éclairs de flash peuvent concourir à la composition d'une image qu sera susceptible de retenir l'attention des spectateurs. Il n'est pas interdit de prendre des notes pour conserver le souvenir de ce qui a bien marché ou, au contraire, des erreurs qu'il vaut mieux éviter de recommencer.

 
Manège Crazy run

Aucune indication technique n'est disponible pour cette photographie mais le manège est transformé en une sorte de « tube » dont les contours sont relativement nets, ce qui d'une certaine manière crée un nouvel objet.

 
« Paleface »

La pose de 0,5 s a transformé ce chanteur de jazz en silhouette fantomatique, la photographie est plus curieuse qu'esthétique. D'une manière générale, les phases d'immobilité ou de mouvement lent donnent les parties les plus claires de telles images, et ce sont comme d'habitude celles qui attirent le plus l'œil ; il faut donc que ce soient aussi les plus intéressantes.

 
Turdus Musicus

Les musiciens sont transformés ici en fantômes impossibles à identifier, l'effet est évidemment difficile à maîtriser puisque les spectateurs n'ont aucune influence sur les mouvements des personnages présents sur scène, d'où la nécessité de multiplier les prises de vue afin de pouvoir choisir ultérieurement.

 
Turdus Musicus

La pose longue donne ici des images fantomatiques, transparentes, qui se superposent à des images nettes résultant d'un coup de flash. Là encore l'effet est difficile à doser et la chance sera d'autant mieux au rendez-vous que l'on aura multiplié les prises de vue. En général, il ne faut pas abuser du flash pendant les concerts, car les éclairs ne sont pas forcément les bienvenus.

Photographies en réserve

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