BiblioTIC : l'informatique et l'Internet au service des bibliothèques/Bibliothèques, éditeurs, librairies et livres numériques, électroniques, virtuels ou en ligne

Les technologies de l'information et de la communication utilisent parfois un langage "enfermant" mais la confusion est encore plus grande lorsque des termes utilisés dans des secteurs en évolution – comme ceux de la bibliothèque ou de l'édition – n'ont pas la même signification pour les uns ou les autres. Le tour de ces termes et des concepts qu'ils dissimulent s'impose.

En philosophie comme dans le langage courant, est "virtuel" ce qui existe en puissance seulement. Dans le domaine de l'informatique, on utilise le terme virtuel pour désigner des services (banque, casino, bureau,...) accessibles (parfois uniquement) via un réseau télématique ou Internet. Ainsi, lorsqu'il est question de "bibliothèque virtuelle", il n'est certainement pas question d'une "bibliothèque potentielle"... mais parle-t-on pour autant d'un service "en ligne" qui assure le prêt de livres papier ou sur support numérique?

Les bibliothèques virtuelles

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En Communauté française de Belgique, on a baptisé Bibliothèque virtuelle, un concept lancé à l'occasion de la Fureur de Lire 2002 et réactivé l'année suivante. Dans le cadre de cette initiative du Service de la Lecture publique, des bibliothécaires se mettaient à la disposition d'autres bibliothécaires. Face à une demande de lecteur, un bibliothécaire pouvait interroger l'équipe de bibliothécaires via le site http://www.cfwb.be/bibliothequevirtuelle. C'est une utilisation plutôt rare du terme "bibliothèque virtuelle". Peut-être s'agissait-il davantage de "bibliothécaires virtuels" dans le sens où il n’œuvraient pas en "présentiel".

Au hasard des recherches sur le web, on rencontre d'autres bibliothèques virtuelles qui, cette fois, à l'instar du Site des sites en Communauté française (http://www.cfwb.be/annuairebiblio), se présentent davantage comme des annuaires ou, selon la terminologie usitée en France, des sitothèques. Pour ce qui concerne ce Site des sites, l'intitulé de la page peut se révéler trompeur puisqu'il évoque un "Annuaire des sites des bibliothèques de la Communauté française de Belgique" alors qu'il s'agit, comme indiqué plus loin, d'un "annuaire des sites répertoriés par les bibliothécaires de la Communauté française".

Les sitothèques

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Une sitothèque peut rassembler des ressources très larges ou uniquement s'intéresser aux ressources liées à la bibliothéconomie.

Un très bon exemple de sitothèque est la bibliothèque virtuelle de Savoie-biblio (http://www.savoie-biblio.com/bv/). Elle recense des sites destinés au public des bibliothèques municipales (fonds encyclopédique) et des sites susceptibles d'intéresser le personnel des bibliothèques départementales et municipales de leurs réseaux (fonds professionnel). Ces sites peuvent avoir été sélectionnés grâce à une grille d'évaluation. Dans le même genre, on peut épingler la bibliothèque virtuelle du site Les bibliothèques publiques du Québec (http://www.bpq.org/biblio_virtuelle.html) qui se veut un "répertoire de sites sélectionnés par des bibliothécaires pour répondre aux besoins d'information des usagers des bibliothèques publiques". Ou, dans le même esprit la Bibliothèque nationale du Québec (http://www.bnquebec.ca/bref/) a également inventorié des "ressources utiles" sur le web avec recherche via mots-clés, sujets, thèmes classification Dewey, auteurs (personnes et organismes). On peut encore citer la Bibliothèque Virtuelle de Düsseldorf (http://www.uni-duesseldorf.de/WWW/ulb/virtbi_f.html) avec page d'accueil en français.

Le problème de ces sitothèques est qu'elles sont parfois le fruit de projets très ponctuels or, dans ce monde mouvant du web, il importe que l'outil soit entretenu. On s'aperçoit pourtant que ces sitothèques ne comprennent pas nécessairement de date de mise à jour ou que celle-ci est ancienne.

En ce qui concerne les outils professionnels, la Bibliothèque virtuelle de périodiques (http://www.biblio.ntic.org) est un projet franco-québécois développé et mis à jour par une quinzaine de bibliothécaires et documentalistes qui, à ce jour, répertorie environ 500 revues et magazines électroniques offrant leur contenu (en tout ou en partie) sur Internet. Cette bibliothèque virtuelle utilise le système de catégories Dewey. À noter : une bibliothèque peut sans problème intégrer le système de recherche de cette bibliothèque des périodiques dans son site.

Il est encore question de "bibliothèque virtuelle" dans le cas de sites, comme celui de l'Office québécois de la langue française (http://www.olf.gouv.qc.ca/ressources/bibliotheque/), qui, sous ce terme, rassemble les travaux (publications) produits par son personnel.

Les documents en accès libre

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    • ENA, l'European Navigator La première bibliothèque numérique sur l'histoire de la construction européenne : Un accès libre et gratuit à un fonds documentaire riche de milliers de documents multimédias, multisources et multilingues retraçant plus d'un demi-siècle d'histoire de l'Europe unie et de ses organisations.

Plus couramment, lorsqu'on évoque les bibliothèques virtuelles, on pense aux sites web où sont proposées gratuitement de très nombreuses œuvres à l'instar du Projet Gutenberg (http://gutenberg.net) avec ses 7000 ouvrages.

La bibliothèque virtuelle en langue française la plus connue est sans doute la Bibliothèque universelle (http://abu.cnam.fr) de l'Association des Bibliophiles Universels (ABU) qui favorise l'accès libre au texte intégral d’œuvres (environ 300) du domaine public francophone sur Internet depuis 1993. L'initiative (bénévole) est sympathique mais le résultat peut désarçonner le lecteur puisque les textes redactylographiés ou numérisés (scannés avec logiciel de reconnaissance optique ou OCR) sont disponibles dans le format txt, donc sans mise en forme.

Un format plus riche, le RTF, est utilisé dans cette Bibliothèque virtuelle (http://www.fsj.ualberta.ca/biblio) qui "s'est fixée pour objectif de recueillir les classiques de la littérature canadienne-française appartenant au domaine public et de les rendre disponibles sur le Web". B

ooK en Stock (http://www.bookenstock.com) permet aussi l'accès aux classiques de la littérature française (téléchargeables en MS Reader et Adobe Acrobat) mais aussi publie des "auteurs en herbe".

Il ne s'agit donc pas de bibliothèques au sens strict puisque d'une part les éditeurs de ces sites web ne sont pas reconnus comme tels et, d'autre part, leur fonctionnement n'est pas celui d'une bibliothèque. En effet, le lecteur ne doit pas nécessairement être inscrit et le livre n'est pas emprunté pour une période déterminée; aucun droit n'est réclamé. Une exception : la Net Library (http://www.netlibrary.com) qui propose pas moins de 37.000 eBooks mais demande une inscription via une bibliothèque affiliée.

Gallica (http://gallica.bnf.fr), la Bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France offre l'accès à une sélection de documents numérisés exprimant la diversité des collections manuscrites, imprimées, artistiques, graphiques, audiovisuelles d'une des plus grandes et plus prestigieuses bibliothèques au monde. Le site permet ainsi d'accéder à un millier d’œuvres des grands écrivains de France. Certaines œuvres sont accessibles en mode image avec un fac-simile de l'original (format pdf) qui en conserve l'aspect visuel; d'autres sont présentées en mode texte permettant une recherche dans le texte. Gallica est l'illustration parfaite de ce que permettent les TIC à savoir l'accès à distance à des documents rares.

Où, ailleurs que sur le web, accéder aussi aisément à des dictionnaires et lexiques (comme sur le site francophone Clic Net de l'Université de Swarthmore en Pennsylvanie - http://clicnet.swarthmore.edu/dictionnaires.html).

Les bibliothèques en ligne

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L'expression "bibliothèque sur le web" désigne bien souvent la présence sur la Toile mondiale d'un site web d'une bibliothèque. Un tel site peut bien sûr présenter la bibliothèque, ses collections, sections et fonds, ses nouveautés et "coups de cœur", son organisation, ses horaires, son règlement,... sans pour autant dépasser le stade du "site dépliant".

Certains sites peuvent néanmoins utiliser l'Internet pour permettre d'effectuer une recherche au sein d'un catalogue comme celui des Bibliothèques principales de la Ville de Bruxelles (http://www.bibcentrale-bxl.be) voire d'effectuer une réservation comme à la Bibliothèque principale de Morlanwelz (http://www.morlanwelz.be/socrate.htm). Mais il s'agit toujours de livres "matériels".

Les éditeurs virtuels

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Par éditeur virtuel, on entend une maison d'édition qui propose des ouvrages à télécharger sur un ordinateur, un PDA (Personnal Digital Assistant), un support de lecture (livre électronique ou eBook), à imprimer. Éventuellement, l'ouvrage peut faire l'objet d'une impression (numérique) à la demande, l'ouvrage étant ensuite expédié au client.

Pour l'éditeur, ce type d'édition évite les coûts liés à la production, au stockage et à la distribution des ouvrages. L'édition virtuelle permettrait de prendre de plus grands risques dans ses choix éditoriaux et de maintenir dans son catalogue des œuvres plus difficiles ou anciennes.

L'éditeur pionnier 00h00 (http://www.00h00.com) indique sur son site que celui-ci "a cessé toute activité commerciale (vente d'ouvrages numériques et papier). Il est désormais accessible uniquement à des fins de consultation".

Les librairies virtuelles

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Si certaines librairies sont dites virtuelles ou en ligne, les livres proposés n'en sont pas moins classiquement des ouvrages "papier", qu'il s'agisse en Belgique de Proxis (http://www.proxis.be) ou, en France notamment, d'Amazon (http://www.amazon.fr) ou de Chapitre.com (http://www.chapitre.com) avec un important catalogue de livres anciens.

Dans certains cas, le libraire est lui-même éditeur; c'est le cas des Éditions Cylibris (http://www.editions-cylibris.fr) qui se présentent comme "éditeur découvreur de talents". Ce type de librairie en ligne évite de se déplacer, permet une recherche aisée sur catalogue, peut vous proposer des conseils personnalisés (en fonction de vos recherches antérieures) ou vous permettre de suivre le parcours de votre commande (traçabilité). Les clients se voient aussi proposer des offres spéciales et réductions.

Comme comptoir de vente de livres numériques, on peut citer Numilog (http://www.numilog.com). Ce "libraire numérique" s'adresse à tous les éditeurs auxquels il propose des services de numérisation et de conversion de leurs ouvrages à des formats de lecture numérique, de protection des droits d'auteur et de gestion de leurs ventes en ligne de livres numériques. Le métier de Numilog est donc d’adapter des titres papier afin de les transformer en livres numériques et de les distribuer de manière sécurisée depuis son site ou celui de partenaires en ligne.

Livres électroniques ou numériques

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En 2001, la Foire du Livre de Bruxelles accueillait un "Village E-Book", une manifestation qui ne devait pas être renouvelée. Mais il est vrai que la "bulle de la nouvelle économie" a éclaté et que les différents acteurs de l'édition électronique ont été ramenés à un discours plus réalistes.

Non, tout le monde ne compte pas lire des romans sur des "livres électroniques" ou e-books, à savoir des appareils de lecture spécialement dédiés et appelés Softbook, Rocket eBook, Everybook. Et puis, quel appareil (Cytale a fait faillite)? Le livre électronique semble avoir vécu (en attendant peut-être le développement de l'encre électronique ou des supports nomades plus conviviaux comme @folio). Comment a-t-on pu (faire) croire que le lecteur-consommateur était prêt à faire l'acquisition d'un support qui, d'une part, ne pouvait lui servir à d'autres fins (contrairement à un portable ou à un assistant personnel) et, d'autre part, ne pouvait lire qu'un format de document avec une proposition limitée d'ouvrages.

Le livre numérique, lui, se porte bien! Mais pour autant qu'on ne veuille pas nécessairement en faire une affaire commerciale. Par "livre numérique", on entend non le contenant mais le contenu. Les "nouvelles" technologies permettent à chacun de devenir son propre éditeur. Ainsi, des ouvrages qui auraient dû, par le passé, être imprimés en Belgique francophone à un millier d'exemplaires même si la diffusion locale était moindre, sont aujourd'hui mis à disposition sur le web et peuvent être téléchargés. Ils sont donc accessibles de partout dans le monde et des publications (rapports, études,...) qui auraient été confidentielles sont ainsi promises à un beau rayonnement, tout au moins dans la même sphère linguistique.

Bien sûr, on peut confier la réalisation de l'ouvrage à un éditeur en ligne - comme les éditions Luc Pire Électronique (http://www.lucpire.be/html/lpe/index.html) – qui devrait alors jouer son rôle d'éditeur. Mais il faut bien admettre que, quoi qu'on en dise, un ouvrage même auto-édité, ne risque pas d'être égaré dans l'immensité de la Toile pour autant qu'il ait bien été "référencé" auprès des moteurs de recherche. Mieux : de nombreux utilisateurs de moteurs de recherche utilisent la fonction "recherche avancée" en limitant la recherche au format Adobe Acrobat (pdf) sachant qu'il ne peut en sortir que des documents à plus haute valeur ajoutée.

L'édition de documents numériques est particulièrement intéressante dans le domaine des revues scientifiques (juridiques, médicales,...). Celles-ci sont plus aisément gérables par les éditeurs spécialisés et plus accessibles pour les lecteurs. Les articles scientifiques peuvent cependant être gracieusement diffusés; ainsi, à l'initiative de chercheurs de Stanford et Berkely, la Public Library of Science (http://www.plos.org) s'est proposée de regrouper des articles scientifiques et médicaux dans des archives en ligne en accès libre (open access).

L'Internet et l'édition en ligne (notamment via le populaire format pdf) donne une réelle visibilité à la "littérature grise" qui, selon la définition de l'AFNOR, comprend "tout document dactylographié ou imprimé, produit à l'intention d'un public restreint, diffusé hors des circuits commerciaux de l'édition, en marge des dispositifs de contrôles bibliographiques" c'est-à-dire les thèses, les rapports de recherches, certains comptes rendus de congrès et les pré-publications.

Les principaux formats de livres numériques

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  • Adobe PDF pour une lecture avec Adobe Acrobat Reader sur PC, Mac, Pcket PC et Palm OS ou Adobe Acrobat eBook Reader
  • Microsoft LIT pour une lecture avec Microsoft Reader sur PC, Pocket PC, Palm, Tablet PC.
  • Mobipocket PRC pour la lecture avec Mobipocket Reader sur PC, Pocket PC ou Palm Pilot, eBookMan, Psion ou les smartphones de Nokia, Sony Ericcson.
  • eRocket (.rb) pour une lecture avec le Rocket eBook
  • Palm PDB pour une lecture sur Palm, Pocket PC, PC ou Mac

Les avantages du livre numérique

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  • Il peut être téléchargé contre paiement électronique ou gratuitement 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 de n'importe quel point d'accès à l'Internet dans le monde.
  • En cas de vente, le livre numérique est souvent vendu moins cher que la version papier
  • Des livres ou revues numériques peuvent être achetés par parties, articles ou chapitres, en permettant de ne payer que pour le contenu qui intéresse le lecteur.
  • Les logiciels de lecture de livres numériques permettent de bénéficier de multiples fonctionnalités telles que l'agrandissement de la taille des caractères (pour les malvoyants), l'insertion de signets, la recherche de mots dans le texte, l'affichage de deux pages côté à côte, le zoom, la fonction audio, la navigation hypertexte au sein du livre ou vers des sites web, l'ajout de notes personnelles, ...
  • les livres numériques peuvent aisément être archivés (disque dur, cédérom) et transportés (PDA, ordinateur portable).
  • Les livres numériques ne sont par définition jamais épuisés.

Le prêt d'un livre numérique

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Pas de problème pour les ouvrages dans le domaine public. Par contre, pour les ouvrages soumis à la protection des droits d'auteur, il faut savoir que la mise à disposition ou le prêt de cédéroms ou de documents numériques au public sont soumis à l'autorisation expresse des auteurs et/ou des éditeurs. Par ailleurs, certains ouvrages achetés et téléchargés ne peuvent être imprimés ou lus sur un autre support que le support de téléchargement ou être copiés.