Photographie/Histoire/Histoire des styles photographiques

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Le pictorialisme

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Style photographique créé en opposition à la photographie « réaliste » et représenté par des photographes tels que Alfred Stieglitz, Edward Steichen, Heinrich Kühn, Robert Demachy.

Le pictorialisme est réputé être le premier mouvement artistique international, puisqu'il regroupe des photographes américains, français, allemands et anglais, notamment, autour d'une revue américaine, Camera Work.

Au début du XXe siècle, la photo n'est pas considérée comme un art, puisqu'elle ne fait que reproduire la réalité. Et d'ailleurs, Kodak l'a rendue accessible à tous avec ses appareils simplifiés à l'extrême. Lord Fox Talbot, inventeur du procédé négatif au début des années 1840, ne dit-il d'ailleurs par lui-même de son invention qu'une de ses utilités principales devrait être d'aider aux inventaires ? Une fonction pas forcément artistique. L'enjeu du pictorialisme est d'asseoir la place de la photographie aux côtés des autres arts. Ainsi, sur la couverture du premier numéro de Camera Work (1903), Alfred Stieglitz pose-t-il avec une palette de peintre à la main, explicitant clairement son ambition artistique.

Les pictorialistes vont utiliser de nombreux stratagèmes pour transformer la réalité avec leur appareil photo et clamer qu'il ne saurait servir qu'à reproduire la réalité. Flous, bougés, déformations seront leurs arguments pour convaincre que la photo a sa place au rang des arts.

Le mouvement pictorialiste prend fin en 1917 avec un dernier numéro de Camera Work en couverture duquel le même Alfred Stieglitz pose, non plus avec la palette de peintre d'un aspirant artiste, mais avec son appareil photo, enfin reconnu comme outil de création artistique à part entière.

L'orientalisme

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L'orientalisme est un courant artistique qui a fortement marqué le 19e siècle. L'Orient, objet de curiosité et de fantasmes aux 17e et 18e siècles, devient au 19e « une préoccupation générale » selon les mots de Victor Hugo dans la préface des Orientales en 1829. Le déclin de l'empire ottoman et les ambitions coloniales des puissances européennes provoquent un très fort intérêt pour les civilisations orientales et maghrébines. La France est alors au cœur de ce mouvement. La campagne d’Égypte de Bonaparte, la guerre de libération de la Grèce, la conquête de l’Algérie, mais aussi le développement des échanges, missions et voyages, notamment d’artistes, se multiplient et donnent un élan prodigieux à l’orientalisme. Ce mouvement voit d'abord naître de nombreuses œuvres littéraires comme les Lettres persanes de Montesquieu, publiées en 1721, et picturales ; les tableaux des peintres Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780 - 1867), Horace Vernet (1789 - 1863), Eugène Delacroix (1798 - 1863), Jean-Adolphe Beaucé (1818 - 1875), Théodore Chassériau (1819 - 1856) Eugène Fromentin (1820 - 1876), Léon Belly (1827 - 1877), Jean-Léon Gérôme (1824 - 1904), Gustave Guillaumet (1840 - 1887) ou encore Jacques Majorelle (1886 - 1962) sont bien connus et souvent reproduits dans les livres d'histoire destinés aux collégiens et lycéens.

Au début du 19e siècle la photographie n'est pas encore inventée mais les photographes vont très vite se joindre au mouvement. Les photographes sont intervenus de diverses manières. Certains ont suivi la trace des peintres, qui ont offert au monde occidental une vision idéalisée de l'Orient. Beaucoup, au début, ont photographié des sites et des monuments, vides d'habitants, et de façon documentaire. Il y a eu aussi les voyeurs qui, ne pouvant photographier facilement des modèles nus, se sont « rattrapés » en faisant poser, seules ou en groupes, des jeunes filles et jeunes femmes d'Afrique du Nord, Égyptiennes, Tunisiennes, Algériennes ou encore Marocaines. Enfin, d'autres encore se sont chargés de transmettre le message des bienfaits de la colonisation. L'un des modes privilégié de ces photographies fut la carte postale.

L'apparition de ces photographies peut étonner puisqu'en principe, l'islam interdit les représentations humaines dans l'art. Il convient toutefois de remarquer que cette interdiction est souvent toute relative et il semble d'ailleurs qu'elle n'est mentionnée nulle part dans le Coran. En fait, toutes les dynasties de souverains islamiques ont entretenu des ateliers d'artistes et le sultan Abdülhamid II, qui régna de 1876 à 1909, eut son propre studio de photographie et ses photographes officiels.

L'orientalisme « documentaire »

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Le photographe Félix Bonfils (1831 - 1885) est sans doute celui qui illustre le mieux cette « école ». On lui doit de très nombreuses photographies de sites archéologiques, de monuments, etc. représentés sans aucune présence humaine, mais aussi de personnages en costume traditionnel. Ses milliers de photos et ses livres, traitant entre autres de l'architecture, connurent une diffusion très importante. Bonfils a travaillé plus particulièrement au moyen-orient, Liban, Syrie, Égypte, etc.

L'orient « reconstitué »

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Au-delà de la simple vision romantique ou archéologique de l'orient, l'« orientalisme » proprement dit va très vite prendre une dimension exotique, davantage inspirée par les Contes des mille et une nuits que par la réalité. La recherche du pittoresque a conduit, comme on l'a dit à l'époque, à « orientaliser l’Orient ». La plupart des photographies représentatives de cette tendance sont posées en studio et non prises sur le vif. Les décors et les accessoires se multiplient, les personnages miment les situations de la vie courante dans des attitudes souvent figées. Le studio de Bonfils mentionnait sur son enseigne Photographie de Bonfils – Curiosités de tout l’Orient.

Pascal Sébah, un autre photographe très connu à l'époque, avait installé son studio à Constantinople, puis au Caire. Il a laissé beaucoup de photographies montrant des personnages en tenue traditionnelle posant devant des toiles unies ou peintes de motifs stéréotypés, comme des palmiers ou des rochers.

Roger Fenton, photographe officiel de la Reine Victoria, est surtout connu pour ses photographies de la guerre de Crimée. Il était installé à Londres et photographiait aussi des bourgeois européens en costumes orientaux. Ses reconstitutions, où il accumule les éléments architecturaux et les vêtements orientaux, reflètent une vision « théâtrale » de l'orient, dont il n'était sans doute pas dupe, mais qu'il proposait à une clientèle en mal d'exotisme.

Il ne faut pas oublier que l'orientalisme a concerné tous les arts, la peinture, la littérature, la musique, un peu plus tard le cinémaet pas seulement la photographie. L'imaginaire et les mythes du 19e siècle ont largement associé l'Orient avec les représentations féminines et en particulier celles de grandes figures bibliques ou littéraires telles que Salomé, Didon, Salammbô, la Reine de Saba, Schéhérazade, etc. Les femmes arabes, qui portent le voile, intriguent les occidentaux et suscitent leur curiosité. « Dans ce registre, la femme orientale, et surtout musulmane, acquiert un statut tout particulier et suscite un intérêt pour le moins ambivalent, une attirance dont le voile symbolise à la fois l’obstacle et le principal stimulant », écrit Véronique Rieffel (Islamania).

L'orientalisme et la colonisation

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Dans le sillage des premières armées coloniales occidentales, des photographes se rendent sur le terrain et entreprennent un vaste travail d'inventaire, prenant la place des dessinateurs qui assuraient auparavant cette mission. La photographie naissante était en effet considérée comme plus fiable que le dessin, et sans doute était-elle aussi plus économique. Parmi tous les photographes de cette époque, on retiendra surtout les noms du Français Maxime Du Camp ou de l'Anglais Francis Frith.

Un autre aspect de la photographie orientaliste coloniale relève de la théorie de la physiognomonie, méthode fondée sur l'idée que l'observation de l'apparence physique d'une personne, et principalement les traits de son visage, peut donner un aperçu de son caractère ou de sa personnalité, et aussi de l'anthropométrie, nouvelle discipline à prétention scientifique qui entend classer les humains en genres et en types identifiables : le Berbère, le Maure, l’Arabe, l’Africain, le Turc, etc. Les photographies de cette époque réalisées par des Occidentaux effacent les particularismes et les identités. Les noms et prénoms des personnes photographiées ne sont jamais mentionnés mais on trouve des légendes génériques comme « mauresque », « femme arabe » ou encore « fatma ».

La mode de la carte postale photographique, à la fin du 19e siècle et au début du 20e, a également donné lieu à la publication d'innombrables photographies à tendance érotique, la représentation de femmes nues étant plus ou moins réprimée quand il s'agissait d'occidentales mais hypocritement tolérées lorsque l'on montrait des « indigènes ». Il en résulte une certaine prééminence de la personne qui regarde sur celle dont l'image est regardée.

Dans le même temps, les bourgeois arabes se faisaient également photographier, mais pour leur propre compte, et obtenaient des épreuves mentionnant les noms et prénoms des personnes ainsi que la date de prise de vue.


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La photographie humaniste

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Courant photographique centré sur la mise en valeur de l'homme et de ses activités, représenté par des photographes tels que Robert Doisneau, Willy Ronis, Édouard Boubat, Sabine Weiss, Izis, Gisèle Freund, Janine Niépce, Édith Claire Gérin, etc.

La « lomographie »

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Après le déclin de l'Union Soviétique, en 1991, deux étudiants viennois, Matthias Fiegl et Wolfgang Stranzinger, firent un voyage en emportant dans leurs bagages un appareil Lomo LC-A. À leur grande surprise, ils obtinrent des images très différentes de tout ce qu'ils connaissaient, avec des couleurs et une saturation curieuses. C'est ainsi que naquit le style appelé « lomographie »

Bibliographie

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  • RIEFFEL, Véronique .- Islamania .- Institut des Cultures de l’Islam et Beaux-Arts Édition, 2011.
  • ROUBERT, Paul-Louis .- L'image sans qualités : les beaux-arts et la critique à l'épreuve de la photographie, 1839-1859 .- Paris, Éditions du Patrimoine, Centre des monuments nationaux, Collection : Temps & Espace des arts, 7 novembre 2006, 176 p., 220 x 280 mm. (ISBN 2858229090 et 978-2858229093)
  • SAÏD, Edward W. .- Orientalism .- Pantheon Books, 1978.
  • SAÏD, Edward W. .- L’Orientalisme, l’Orient créé par l’Occident .- Paris, Le Seuil, 1980.
  • L’Orientalisme, l’Orient des photographes au XIXe siècle I[ntroduction de Mounira Khemir] .- Centre National de la Photographie, Collection Photo Poche, Paris, 1994.



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