Jardin au naturel/Comment entretenir un jardin au naturel ?/Faire vivre le sol du jardin
Si des légumes poussent désormais en tout temps dans des serres sans contact avec le sol, chacun fait la différence entre une tomate cultivée de telle manière et une autre issue d’un jardin. Le sol est donc essentiel.
Comment se forme le sol ?
modifierLe sol est le résultat de la décomposition de la roche en dessous et de la matière organique qu’il reçoit (les feuilles, brindilles, déjections, cadavres… dans une forêt). La vie cachée dans la terre joue un rôle clé dans ce processus.
Certains animaux (les vers de terre, les fourmis…) retournent le sol, créent des habitats pour les autres organismes et favorisent l’apport de la matière organique, de l’eau et de l’air en profondeur. Les bactéries et les champignons microscopiques décomposent la matière organique en nourriture pour les plantes (azote, phosphore…). D’autres animaux (colemboles, acariens, nématodes…) contrôlent leur activité et évitent la prolifération de l’un sur l’autre. La qualité et l’abondance de la production de votre jardin dépendent de cette vie cachée dans le sol.
Favorisez les vers de terre
modifierPar leurs nombreuses galeries, les lombrics aèrent le sol, favorisent l’infiltration de l’eau, la multiplication des bactéries et champignons décomposeurs et le développement des racines. Les vers de terre décomposent les débris végétaux morts et produisent entre 40 et 100 tonnes de déjections par hectare et par année, qui contiennent en moyenne 5 fois plus d’azote, 7 fois plus de phosphore et 11 fois plus de potassium que la terre environnante.
Le jardinier a donc grand intérêt à favoriser la multiplication des vers de terre.
Pour cela, il convient d’éviter de travailler le sol, particulièrement aux périodes principales d’activité des lombrics (mars-avril et septembre-octobre) ou lorsqu’il est détrempé. Mieux vaut l’aérer que de le retourner à la bêche.
Les engrais verts, particulièrement les légumineuses (trèfle, luzerne) sont favorables aux vers de terre.
Comment aider la vie dans le sol pour avoir de bons et beaux légumes, fruits ?
modifierÉvitez les pesticides
modifierLes molécules des désherbants, insecticides… nuisent également à la vie dans le sol. Pour les éviter, favorisez au contraire les animaux auxiliaires grâce à des haies, une mare, des gîtes… Associez les cultures : certaines repoussent les insectes nuisibles d’autres. Changez l’emplacement des légumes d’une année sur l’autre.
Apportez régulièrement de la matière organique
modifierUn sol nu se dessèche et est érodé par le vent et l’eau. Il se tasse, ce qui nuit à l’apport d’eau et d’air en-dessous. Entre les rangs de légumes ou dès qu’une parcelle se libère, épandez des feuilles mortes, des tontes de pelouses en fines épaisseurs régulièrement renouvelées, du compost ou du fumier bien décomposés… ou cultivez des engrais verts. Ces apports de matière organique améliorent la structure du sol, augmentent la capacité de rétention de l’eau et des nutriments, protègent le sol contre l’érosion et le tassement et soutiennent le développement des organismes du sol. Ils rendent inutile l’apport d’engrais chimiques, qui au contraire perturbent l’équilibre entre les micro-organismes du sol.
Cultivez les engrais verts
modifierLes engrais verts sont des plantes à croissance rapide cultivées dans les emplacements libérés au jardin, après la récolte des légumes. Ils protègent le sol, l’améliorent et l’enrichissent. Beaucoup sont intéressants pour les précieux pollinisateurs. Ils sont pourtant encore trop peu présents dans les jardins.
Un trésor pour la terre
modifierUn sol nu se dessèche et est érodé par le vent et l’eau. Il se tasse, ce qui nuit à l’apport d’eau et d’air en-dessous. Entre les rangs de légumes ou dès qu’une parcelle se libère, cultivez des engrais verts.
Ils poussent rapidement et couvrent le sol, évitant ainsi son érosion ou son tassement, mais également l’apparition des « mauvaises herbes ». Ils absorbent et mettent en réserve les sels minéraux dont la terre du jardin regorge en fin d’été, évitant ainsi leur lessivage pollueur vers les rivières ou les nappes. Une fois broyés, ils lui apportent de l’azote, voire de l’humus, améliorant ainsi sa structure, donc sa capacité de rétention de l’eau et des nutriments. Ils favorisent également le développement des organismes du sol. Par exemple, les vers de terre qui se nourrissent des débris végétaux prolifèrent. Ce faisant, leurs galeries aèrent le sol, améliorant ainsi sa capacité à respirer ou à se ressuyer. Les engrais verts rendent donc inutile l’apport d’engrais chimiques, qui au contraire perturbent l’équilibre entre les bactéries et les champignons présents dans la terre.
Parmi les engrais verts, les légumineuses ont en outre la particularité de vivre en association avec des bactéries aérobies du sol appelées Rhizobium. Elles présentent la capacité de transformer l’azote de l’air en ammonium, un engrais directement assimilable par les plantes hôtes, en l'occurrence des engrais verts. Certaines variétés peuvent fixer jusqu'à 600 kg d'azote/hectare. Comme les engrais verts restent au potager, le sol profite pleinement de cette symbiose.
Les racines développées de certains (graminées, luzerne) puisent des éléments en profondeur et les remontent ainsi à la surface, les rendant disponibles pour les cultures suivantes, même si elles ont des enracinement superficiel.
Des plantes intéressantes pour les insectes
modifierLa phacélie présente l’avantage de fleurir un mois et demi après le semis. Sa floraison dure deux semaines et profite à de nombreux insectes : cétoines, papillons, mouches, guêpes, abeilles, bourdons… C’est l’une des plantes préférées des abeilles avec le mélilot blanc.
Les fleurs du sarrasin, qui n’apparaissent qu’une fois en été, parfois en arrière saison, sont très nectarifères. La plante donne un miel brun et épais, typé, aux arômes boisés.
Les légumineuses (féverole, trèfle blanc, trèfle incarnat, mélilot blanc, vesce) sont également très appréciées des pollinisateurs.
La moutarde est également butinée par les abeilles.
Comment les cultiver ?
modifierRien de plus simple. Entre début septembre et mi-octobre, semez les engrais verts. Anticipez la rotation des cultures : n’en mettez pas de la même famille que la culture qui le suivra (ex : moutarde si culture de choux ensuite).
- Crucifères (Brassicacées) : colza, moutarde blanche.
- Céréales : avoine, seigle.
- Légumineuses (Fabacées) : voir ci-dessus.
- Autre : phacélie, sarrasin, épinard.
Au printemps suivant, si le gel a détruit l’engrais vert, griffez légèrement la terre pour nettoyer la parcelle et incorporez-y superficiellement les restes. Dans le cas contraire, sarclez l’engrais vert avant la formation des graines ou quatre à six semaines avant la culture suivante.
Laissez l’engrais vert en place. Deux à trois semaines avant les semis de légumes, griffez la terre. Le moment venu, écartez le cas échéant les restes pour cultiver la parcelle et paillez-la ensuite avec l’engra