Affaire Priore/S.O.V.I.R.E.L.

La Société S.O.V.I.R.E.L et Antoine PRIORE



Introduction

modifier

La société S.O.V.I.R.E.L. (Société de Verreries Industriels Réunis du Loing) de Bagneux, filiale de la société St. Gobain, et plus tard de la société Corning Glass Inc., a jouée un rôle primordial dans l'affaire Priore. Elle fabriquait et prêtait gracieusement à Antoine Priore les tubes à décharge, éléments essentiels de ses appareils. Sans cette action et sans la participation désintéressée, au-delà de tout intérêt commercial, du personnel de la société Antoine Priore n'aurait jamais réussi à perfectionner ses appareils. Les personnalités de la S.O.V.I.R.E.L. et de la société St. Gobain impliquées dans le dossier Priore pendant la période 1958-1981,sont, par ordre alphabétique:

  • M. BOROCCO, directeur général, département industriel, St. Gobain,
  • H. DUVAL, direction général des ventes, S.O.V.I.R.E.L.,
  • Pierre GENTY, ingénieur, S.O.V.I.R.E.L., chargé de la réalisation technique de toutes les lampes pour Antoine PRIORE.
  • A. GILLET, service juridique, S.O.V.I.R.E.L.,
  • Raymond GOUSSET, département verrerie industrielle et de laboratoire, S.O.V.I.R.E.L.
  • H. MEYER, laboratoire de recherche et développement, S.O.V.I.R.E.L.,
  • Daniel LEFORT, Directeur Général de la Division P.I.T., S.O.V.I.R.E.L.,
  • MESQUITE, ???
  • William HUDSON, président directeur général, S.O.V.I.R.E.L – Corning Glass Inc.,
  • M. PERRIN, directeur général, S.O.V.I.R.E.L.,
  • Ivan PEYCHES, directeur du laboratoire de recherches, St. Gobain,
  • Pierre PIGANIOL, St. Gobain,
  • J. REGIS, directeur général des opérations, S.O.V.I.R.E.L,
  • A. SERUSCLAT, service juridique, S.O.V.I.R.E.L.,
  • M. TOUCHAIS, service juridique, S.O.V.I.R.E.L.,
  • Philippe VENE, directeur du service de la vente, S.O.V.I.R.E.L.

Les relations entre Antoine Priore et la S.O.V.I.R.E.L. étaient basées sur une confiance mutuelle, un respect de la parole donnée et une considération réciproque. Il n'y a jamais eu de cadre juridique pour définir leur association, seulement l’accord tacite: le jour venu de l'exploitation commerciale des appareils, la S.O.V.I.R.E.L. serait le fournisseur exclusif des verreries.

Nous distinguons trois phases dans l’intervention de la S.O.V.I.R.E.L. dans l'Affaire Priore :

  • - Les relations directes entre Antoine Priore et les cadres de la S.O.V.I.R.E.L pendant la période 1958 – 1981.
  • - Les relations commerciales avec la société S.E.R.E.S.O. pendant la période 1965 - 1968.
  • - Les relations commerciales avec la société S.E.R.A.P. pendant la période 1972 – 1981.

Les deux sociétés, la S.E.R.E.S.O. et la S.E.R.A.P. étaient des filiales de la société LEROY-SOMER d'Angoulême et nous décrivons leurs liens avec Antoine PRIORE dans la note[1].

Dans la section 6 nous détaillerons l’aspect financier de la participation de la S.O.V.I.R.E.L. et les apports technologiques aux appareils d’Antoine Priore.

Références

modifier

Antoine Priore et ses débuts avec la S.O.V.I.R.E.L.

modifier

Entre 1952 et 1958 Antoine Priore, par tâtonnements successifs, construisait des appareils de plus en plus complexes[1]. Un élément essentiel de ces appareils était un tube à décharge en verre, contentant un gaz rare (néon, argon etc.) sous basse pression. Un grand nombre de ces tubes, de formes variées, étaient fabriqués de façon artisanale par Yves Badie, verrier à Bordeaux[2] et par les sociétés bordelaises PAZ-SILVA et DOMEC[3]. Antoine Priore avait besoin de lampes plus complexes et plus fiables que celles faites par Y. Badie. En 1958 ou 1959, par l'intermédiaire d'un ami, M. Dumontex, Antoine Priore entre en contact avec la société S.O.V.I.R.EL.[4], dont le directeur du service de vente, Philippe Vène, est à l'affût de débouchés nouveaux pour la division « verrerie scientifique ».

Or, Antoine Priore traitait des malades du cancer depuis quelques années et il semble avoir eu quelques résultats positifs. P. Vène réalise rapidement que si l'efficacité du traitement est prouvée, les conséquences médicales seront révolutionnaires et économiquement fructueuses. Il décide de persuader sa direction d'aider Antoine Priore.

La perspective commerciale, très intéressante, était un facteur important dans l'attitude des dirigeants de la S.O.V.I.R.E.L. de fabriquer et puis de prêter des lampes pour Antoine Priore. Ils y avaient trois raisons officielles[5] de ne pas facturer les fournitures à Antoine Priore :

  1. - Il s'agissait de recherches n'ayant pas encore abouti dans le domaine commercial, donc difficulté d'estimer la valeur marchande des fournitures.
  2. - Le caractère humanitaire de l'objet des recherches, c'est-à-dire une thérapeutique possible contre le cancer.
  3. - La volonté de rester propriétaire du matériel et d'en empêcher la copie et la revente.

Un autre facteur, plus humain, résultait du fait que l'aide de la S.O.V.I.R.E.L. soit stimulée et d'autant plus substantielle était le fait que le père de P. Vène, atteint d'un cancer jugé incurable, soit traité par Antoine Priore[6]. Ce malade a survécu deux ans au-delà des prévisions de ses médecins. Un deuxième malade, le directeur général du département industriel de Saint-Gobain, la société mère de la S.O.V.I.R.E.L., un certain M. Borocco (également un parent proche de P. Vène), atteint d'une sclérose en plaques, était traité par Antoine Priore à partir de 1961[7]. M. Borocco était personnellement convaincu[8] qu'il avait eu une amélioration de son état grâce à l'appareil d'Antoine Priore.

La collaboration de la société S.O.V.I.R.E.L. avec Antoine Priore ne fut pas limitée aux questions techniques de la verrerie. L'implication personnelle de MM. Vène et Borocco les amenaient à aider Antoine Priore en dehors d'un cadre strictement commercial et en particulier de faire valoir sa découverte. Par exemple:

- P. Vène aida Antoine Priore dans la rédaction de son premier brevet en 1961 et c'est certainement lui qui l'a mis en contact avec le cabinet De Boisse qui gérera tous les brevets d'Antoine Priore[9].
- Le directeur du laboratoire de recherches de Saint-Gobain, I. Peychès, à la demande de M. Borocco, a été envoyé le 24 septembre 1962, puis le 14 mars 1964 chez Antoine Priore pour examiner son appareil et de mesurer quelques paramètres électromagnétiques. Il détermina la distribution spatiale du champ magnétique principal et constata que l'appareil ne produit ni rayons X ni rayons gamma[1].
- P. Vène et I. Peychès voient la nécessité qu’Antoine Priore fasse des publications scientifiques. Donc, en 1963, ils l'encouragent et l'aident[10] à rédiger des textes qui décrivent sommairement l'appareil et quelques résultats biologiques obtenus. Malheureusement, les textes en question, très probablement les documents[11], ne seront jamais publiés.
- En 1964 M. Borocco a chargé M. Piganiol[12] (ancien délégué général à la recherche, membre de l'Académie des sciences et employé par Saint-Gobain pour entretenir les relations avec l'administration) de demander conseil auprès du Pr Tréfouël, Président de l'Académie des sciences, directeur de l’Institut Pasteur[13]. Ce dernier, très logiquement, dans une lettre adressée à Antoine Priore le 2 mai 1963, conseille de publier un long article, dans un journal de physique, décrivant son appareillage; puis il acceptera des « Notes » pour l'Académie des sciences décrivant les résultats biologiques obtenus avec l’appareillage. Malheureusement, Antoine Priore ne suit pas ce conseil. Il veut d'abord publier des observations biologiques, pour « faire date »[14], sans décrire son appareil.
- P. Vène appuie la demande de MM. Priore et Berlureau auprès du Pr Guérin, de l'Institut du Cancer à Villejuif, d'expérimenter l'appareil avec des animaux. Ce qu’il a fait avec son collaborateur le Pr M.R. Rivière.
- Ivan Peychès[15] en mai 1964, après avoir vu personnellement les premiers résultats sur les expériences de Villejuif et après avoir fait ses mesures de l'ambiance électromagnétique de l'appareil, conseille vivement à Antoine Priore de faire des expériences contrôles inattaquables et de procéder à des expériences qui démontreront la nécessité de chaque élément de son appareil.
- Après la présentation des travaux de Rivière, Guérin, Priore, Berlureau et Fournier à l'Académie des sciences par le Pr Courrier en décembre 1964 puis en février et mars 1965, MM. Vène et Peychès les soutiennent pour les demandes de subventions auprès du ministre de la recherche[16]. Ils conseillent[17] Antoine Priore, en toute logique, mais très vivement et amicalement, de ne plus être cachottier et de faire des expériences animales qui sont irréprochables.

De son côté, Antoine Priore tient[18] les cadres de S.O.V.I.R.E.L. informés des expériences en cours, et réciproquement P. Vène[19] utilise les ressources d'information de sa société pour tenir Antoine Priore au courant des industriels qui semblent être sur la même piste que lui, de trouver et faire acheter par la S.O.V.I.R.E.L. des composants électroniques dont Priore a besoin pour ses émetteurs. Quant à Ivan Peychès, jusqu'à la fin de sa vie, il était toujours prêt à apporter son aide à Antoine Priore[20]. Cette confiance entre Antoine Priore et le personnel de la S.O.V.I.R.E.L. était constante tout le long de sa vie.

Dans la période décrite dans les deux sections suivantes la S.O.V.I.R.E.L. sera en relation avec deux sociétés commerciales: la S.E.R.E.S.O. et la S.E.R.A.P., dont Antoine Priore était un actionnaire minoritaire. Pendant leurs contacts avec les dirigeants de ces sociétés, la direction de la S.O.V.I.R.E.L. serait toujours en possession de deux canaux d'information:

- Le canal "officiel" entre commerçants en train de négocier des accords.
- Le canal "officieux et amical" avec MM. Priore, Berlureau et Rivière qui les informent d'une certaine réalité qui était souvent volontairement occultée par les dirigeants de la S.E.R.E.S.O. et de la S.E.R.A.P.

Références

modifier
  1. 1,0 et 1,1 Les appareils d'Antoine Priore
  2. A. Balana, « Notes d'entretiens 1999 »
  3. R. Courrier, « Notes historiques 1966 »
  4. P. Genty, « CR visite à Floirac le 1 mars 1966 »
  5. P. Vène, « Aide-mémoire du 3 mars 1966 »
  6. R. Courrier, « Entretien avec P. Vène le 22 février 1966 »
  7. I. Peychès, « Lettre adressée à A. Maréchal le 21 janvier 1965 »
  8. Dossier Priore : Une Nouvelle Affaire Pasteur par Jean-Michel Graille, Denoël, pages 93-95
  9. P. Vène, « Note pour la Direction de la SOVIREL du 13 octobre 1965 »
  10. P. Vène, « Commentaires sur un projet de publication d'Antoine Priore du 23 juin 1963 »
    I. Peychès, « Commentaires sur un projet de publication d'Antoine Priore le 7 mars 1963 »
  11. M. Fournier et A. Priore, « Projet de publication des théories de Priore »
  12. M. Piganiol, « CR de son entretien avec Pr. Tefouël »
  13. L'Académie des sciences et Antoine Priore
  14. A. Priore, « Lettre adressée au J.. Trefouel le 25 mai 1963 »
  15. I. Peychès, « Lettre adressée à A. Priore le 15 mai 1964 »
  16. I. Peychès, « Lettre adressée à A. Maréchal le 21 janvier 1965 »
    I. Peychès, « Lettre adressée à A. Kastler le 26 février 1965 »
  17. P. Vène, « Lettre adressée à F. Berlureau le 3 mars 1965 »
    I. Peychès, « Lettre adressée à A. Priore le 3 mars 1965 »
  18. A. Priore, « Lettre adressée à I. Peychès le 17 juin 1964 »
  19. P. Vène, « Note pour Priore du 2 mars 1965 »
    P. Vène, « Lettre adressée à A. Priore le 12 mars 1965 »
  20. I. Peychès, « Lettre adressée à R. Courrier le 25 novembre 1976 »
    I. Peychès, « Lettre adressée à H. Gossot le 25 novembre 1976 »
    I. Peychès, « Lettre adressée à A. Priore le 28 avril 1978 il parle d'un article qu'il a écrit »
    I. Peychès, « Copie de son article »

La S.O.V.I.R.E.L. et la S.E.R.E.S.O.

modifier

Après la présentation en mars 1965 des travaux de MM. Rivière, Guérin, Priore, Berlureau et Fournier à l'Académie des sciences[1] par le Pr Robert Courrier, la Presse populaire[2] fait des gros titres sur l'appareil Priore et un certain nombre d'industriels sont attirés par la possibilité de commercialiser un appareil capable de "guérir le cancer". En particulier, la société Moteurs LEROY, un fabricant de pompes et de moteurs électriques d'Angoulême, réussit à convaincre Antoine Priore de collaborer avec eux. Le 15 juillet 1965 cette société et Antoine Priore constituent la S.E.R.E.S.O. (Société d'Études et Recherches Électroniques du Sud-Ouest) au capital de 30 000 F (23 600 F pour les Moteurs LEROY, 6 400 F pour Antoine Priore et ses amis). La S.E.R.E.S.O. était destinée à commercialiser les appareils d'Antoine Priore. La note[3] relate en détail cette collaboration houleuse entre Antoine Priore et la société LEROY-SOMER.

Le tube à décharge était considéré par Antoine Priore comme un élément essentiel de l’appareil. Il est évident que la S.E.R.E.S.O. avait tout intérêt à ce que la S.O.V.I.R.E.L. soit liée avec elle. Antoine Priore et G. Chavanes, président du directoire de la société Moteurs LEROY et gérant de la S.E.R.E.S.O. veulent que la S.O.V.I.R.E.L. entre dans le capital de la S.E.R.E.S.O. Cependant, la direction de Saint-Gobain, la maison mère de la S.O.V.I.R.E.L., n'est pas très enthousiaste. Il semble que cette réticence soit due à certaines réserves de MM. Piganiol et Peychès[4].

  • Le premier, un administrateur, n’a pas oublié qu’Antoine Priore a refusé les conseils du Pr Tréfouël de publier les détails de sa découverte et il considérait la cachotterie comme un signe d'escroquerie.
  • Le deuxième, un scientifique, qui a visité les installations d'Antoine Priore à plusieurs reprises, ne mettait pas en doute la réalité des effets biologiques. Mais, devant l'imbroglio des composants très hétéroclites de l'appareil, il pensait que peut-être la lampe n'était pas un élément essentiel ; que les décharges lumineuses avaient seulement un effet psychologique sur les patients.

Donc, s’il y a la possibilité d’escroquerie ou si la partie « verrerie » de l'appareil est superflue, l'investissement par la S.O.V.I.R.E.L. de sommes considérables dans la S.E.R.E.S.O. n'est pas justifié. La direction de la S.O.V.I.R.E.L. décide d'adopter une politique de prudence :

  • Continuer à 'prêter' les tubes à décharge à Antoine Priore, en tant que 'chercheur indépendant'
  • Proposer des factures pour les fournitures à la société S.E.R.E.S.O., sans être exigeant sur leur règlement (Si jamais la S.O.V.I.R.E.L. entre dans le capital de la S.E.R.E.S.O., ces factures servent comme apport en nature).
  • Faire traîner leurs négociations pour une participation éventuelle dans la S.E.R.E.S.O.

Les relations triangulaires entre la S.O.V.I.R.E.L., la S.E.R.E.S.O. et Antoine Priore demanderont beaucoup de diplomatie de la part des cadres de la S.O.V.I.R.E.L. Ils s'en sortiront parce qu'ils sont intègres et réellement désintéressés.

La S.E.R.E.S.O., sous la direction de Paul Ribeau, ingénieur chez LEROY-SOMER, avait construit un prototype d'un appareil type 'PRIORE'. Une expérience faite par le Pr Rivière[5] en octobre 1965 semble montrer que la lampe à décharge était nécessaire pour obtenir un effet biologique. Ce fait conduit P. Vène a analyser[6] la position de la S.O.V.I.R.E.L. vis-à-vis d'une participation dans la S.E.R.E.S.O.

La direction de la S.O.V.I.R.E.L. est à priori favorable à une collaboration étroite et d'une participation financière dans la S.E.R.E.S.O. Le directeur général, M. Perrin, reçoit G. Chavanes le 12 novembre 1965 pour entamer des discussions[7] (Également présents: MM. Duval, Meyer, Vène). Pendant cette réunion, G. Chavanes proposa, lors d’une prochaine augmentation de capital, que la S.O.V.I.R.E.L. prenne une participation de 49 % dans la S.E.R.E.S.O., LEROY-SOMER 50 % et Antoine PRIORE et ses amis 1 % !!!

La S.O.V.I.R.E.L. a prêté du matériel à Antoine Priore pour un montant d'environ 300 000 F (prix de vente), donc elle peut entrer dans le capital de la S.E.R.E.S.O. par simple voie d'apport. Cependant, pour l'industrialisation des appareils il faudra un investissement financier considérable. P. Vène fait le point dans une note[8] adressée à sa direction sur la situation d'Antoine Priore et la situation commerciale de LEROY-SOMER.

Avant la réunion du 12 novembre P. Vène est informé[9] par ses relations amicales avec MM. Rivière, Berlureau et Priore, que :

  • P. Ribeau leur avait fourni des informations volontairement incomplètes sur l’appareil de la S.E.R.E.S.O.
  • G. Chavanes va voir P. Grabar à Villejuif pour vendre l'appareil de la S.E.R.E.S.O., puis va voir Y. Bourges (ministre de la recherche) pour demander une subvention pour sa société.
  • Antoine Priore pense qu'il s'est fait 'rouler' par G. Chavanes et qu'il envisage de faire dissoudre la S.E.R.E.S.O.

Lors de cette réunion G. Chavanes s'engage à fournir des documents concernant les liens juridiques entre la S.E.R.E.S.O. et Antoine Priore. Cependant, il ne les fait jamais parvenir. Le 15 novembre et puis le 4 janvier 1966, il réitère simplement son souhaite que la S.O.V.I.R.E.L. entre dans le capital de la S.E.R.E.S.O.[10].

G. Chavanes n'a pas produit les documents, comme promis, pour la bonne raison qu'Antoine Priore ne les a jamais signés !

C'est encore par ses liens d'amitié avec le Dr Berlureau que P. Vène[11] a obtenu une copie du protocole d'accord proposé par la société LEROY-SOMER. (Un document[12] qui dépossèdera Antoine Priore de ses inventions si jamais il le signe).

Le 25 janvier 1965 G. Chavanes, pour encourager la direction de la S.O.V.I.R.E.L. à prendre une décision, explique à M. Duval[13] qu'à Floirac :

  • un appareil fonctionne ;
  • deux autres sont en construction ;
  • les expériences continuent avec le Pr Rivière, le Pr Ambrose et le Pr Pautrizel ;
  • la vente imminente d’un premier appareil au centre anticancéreux de Villejuif.

Cependant, il ne précise pas que :

  • l'appareil qui fonctionne est celui construit par Antoine Priore et pas l'appareil de la S.E.R.E.S.O. ;
  • les chercheurs en question, ne trouvant pas les effets biologiques escomptés avec l'appareil de la S.E.R.E.S.O., travaillent avec l'appareil construit par Antoine Priore.

Avec l'appui[14]) du Pr André Maréchal (D.G.R.S.T.) et de Yvon Bourges (ministre de la recherche) le Pr Pierre Grabar, directeur de l'I.R.S.C. de Villejuif accepte d'acheter l'appareil de la S.E.R.E.S.O.

Le 9 février 1966 P. Ribeau fait un exposé[15] à Villejuif pour MM. Grabar, Kastler, Guillaud, Gondet, Crozemarie, Priore, Chavanes, Boujou, Meyer, Vène. Le lendemain de cette réunion il y a eu un entretien entre MM. Duval et Chavanes[16]. La S.O.V.I.R.E.L. signera un engagement de secret vis-à-vis les informations concernant l'appareil et les études de mises au point et elle confirmera, dans un délai de deux ou trois mois, si elle prend une participation dans la S.E.R.E.S.O. d'environ 20%. Une note écrite par P. Vène[17]) pèse 'le pour' et 'le contre' pour cette participation. La balance est en faveur d’une telle participation.

Cette tentative de vente d’un appareil peu fiable provoqua des répercussions très néfastes pour la suite. D'abord, l'appareil construit par la S.E.R.E.S.O. et proposé à l'I.R.S.C. de Villejuif n'est pas conforme aux desiderata d'Antoine Priore et ne donne pas des résultats biologiques escomptés. Donc, ce dernier met tout en œuvre pour empêcher la transaction. Il ne veut pas risquer qu'un soi-disant "appareil Priore" testé par les cancérologues de Villejuif ne confirmera pas les résultats de MM. Rivière et Guérin. Du côté des cancérologues, le fait que l'inventeur lui-même les empêche d'acheter un appareil alimente la rumeur[18] qu'Antoine Priore n'est qu'un vulgaire escroc. Cette rumeur empoisonnera le reste de sa vie !

Pendant ce conflit entre la S.E.R.E.S.O. et Antoine Priore, G. Chavanes essaie d'acheter directement à la S.O.V.I.R.E.L. une lampe à plasma. P. Vène[19] accepte de fournir une telle lampe pour la somme de 22 428 F H.T., à condition qu'Antoine Priore donne son accord, sachant pertinemment qu'il était farouchement opposé à cette transaction.

Malgré l'échec de cette tentative de commercialisation, le Pr André Maréchal (D.G.R.S.T.), convaincu de l'importance potentielle du rayonnement émis par l'appareil Priore, continue à vouloir l'aider au mieux. En juin 1966 il organise une réunion à la D.G.R.S.T. pour considérer la marche à suivre. Une des propositions issue de cette réunion était que la D.G.R.S.T. pourrait subventionner Antoine Priore si, au préalable, des expériences de contrôle sont faites par des cancérologues parisiens sur divers modèles expérimentaux. (Ces expériences contrôles, acceptées en principe, ne seront jamais effectuées pour diverses raisons[20]. Elles constituaient un argument important pour les adversaires d’Antoine Priore, notamment le Pr J. Bernard et le Pr R. Latarjet). En septembre et en octobre le Pr Maréchal propose que la D.G.R.S.T. finance auprès de la S.O.V.I.R.E.L. certaines réparations et modifications des appareils existants. P. Vène fournit des devis[21] pour ses propositions et il fait de son mieux, avec P. Genty, afin que les expériences contrôles demandées par la D.G.R.S.T. puissent avoir lieu rapidement..

Le climat détestable qui régnait à Floirac entre Antoine Priore et les cadres de LEROY-SOMER ont amené le Pr A. Maréchal à intervenir comme médiateur. Il organisa une réunion à la D.G.R.S.T. le 9 novembre entre MM. Priore, Chavanes, Ribeau et demanda à MM. Meyer et Vène de l'aider à établir une ambiance de travail convenable[22]. En plus, pour accélérer les travaux, la S.O.V.I.R.E.L. accepte de passer commande et de payer une installation de recuisson et de dégazage des lampes, qui sera remboursé 'plus tard' par la D.G.R.S.T.[23]

Un des problèmes majeur était le fait qu'Antoine Priore refuse, avec raison, de signer une licence avec la S.E.R.E.S.O. qui n'était pas de tout favorable à ses intérêts. Après des négociations un contrat fut établi et Antoine Priore le signa le 28 décembre 1966. Lors de la signature quelques dernières modifications manuscrites furent apportées aux trois exemplaires de ce contrat. Les modifications furent paraphées par G. Chavanes et par Antoine Priore. Au lieu d'apporter une tranquillité dans leurs relations, ce contrat était le départ d'une controverse supplémentaire.

En janvier 1967 G. Chavanes[24] envoie une copie de cette licence à P. Vène pour justifier les commandes pour les lampes que la S.E.R.E.S.O. fera auprès de la S.O.V.I.R.E.L. En même temps, à titre amical, Antoine Priore lui envoie une copie de son exemplaire du contrat. Avec les deux copies du contrat sous les yeux, Philippe Vène constate que les modifications manuscrites sur les deux contrats ne sont pas identiques !

  • Sur la copie[25] de G. Chavanes, la version qu'il avait enregistrée, Article 1, page 2 figure en manuscrit : Un mot nul et le mot notamment intercalé entre .. et en vue uniquement des applications thérapeutiques concernant notamment le cancer humain et animal. Cet ajout est paraphé « GC » et « AP ».
  • Sur la copie[26] d'Antoine Priore, au même endroit, figure en manuscrit : Un mot ajouté; notamment, avec les paraphes « GC » et « PA ».

Les écrits manuscrits sur les deux documents semblent être de la même main et les paraphes « GC » se ressemblent. Cependant les paraphes « AP » et « PA » ont une apparence différente sur les deux documents. Nous avons retrouvé dans les archives du Dr F. Berlureau une copie de la troisième version de ce contrat[27]. Il est semblable à la copie qu'Antoine Priore avait envoyée à P. Vène, sauf pour l'emplacement du mot notamment sur le papier.

P. Vène pense que les deux versions des contrats qu'il a reçues ne sont pas tapées avec la même machine. Il signale[28] ces différences à G. Chavanes et à Antoine Priore.

En réponse, G. Chavanes affirme[29] que sa version est la bonne. Antoine Priore affirme que sa version est la bonne.

Nous ne sommes pas compétents d'apprécier la portée juridique de ses variations manuscrites. À priori, ils semblent être anodins, mais une chose est certaine, Antoine Priore avait le sentiment d'être 'roulé' une fois de plus, à tel point qu'il envisageait de déposer des nouveaux brevets à son nom, en dehors de la société S.E.R.E.S.O.

Il demanda l'avis de MM. Vène et Meyer. Ces derniers lui conseillent[30] très vivement de ne pas aller à l'encontre de ses engagements signés avec la S.E.R.E.S.O., au risque de perdre le peu de crédibilité qu'il a acquise auprès de la D.G.R.S.T. Qu'il valait mieux attendre, puis négocier un nouveau contrat avec la S.E.R.E.S.O.

Ce climat de "petite guerre" entre Antoine Priore et le personnel de la société LEROY est aussi décrit par P. Genty[31], dans un compte rendu d'une visite qu’il a faite à Floirac en mars 1967.

Dans ce même mois de janvier 1967, sous l'impulsion du Pr Maréchal, la D.G.R.S.T. accepte[32] de payer 780 000 F. à la S.E.R.E.S.O. pour acheter un appareil Priore, si les expériences de contrôle demandées depuis juin 1966, sont effectuées et qu'elles soient positives.

La S.O.V.I.R.E.L. propose[33] de réaliser une lampe, identique à celle utilisé par le Pr Rivière avec l’ancien appareil d’Antoine Priore (Pour la partie supérieure, plan N°154, série 850 du 29 septembre 1966 et pour la partie inférieure, plan N° 81B, série 850 du 18 mai 1965).

Le 30 juin 1967, P. Vène propose[34] une facturation (93 089,83 F H.T.) au Pr Maréchal pour les travaux faits par la S.O.V.I.R.E.L. pour Antoine Priore au compte de la D.G.R.S.T. – S.E.R.E.S.O. La facture ne sera jamais honorée.

Le conflit entre Antoine Priore et les dirigeants de la maison LEROY-SOMER s’aggrave et le 7 juillet 1967 il démission[35] de la S.E.R.E.S.O. La société essaie de continuer sans lui.

Le 14 mai 1968, G. Chavanes écrit[36] à P. Vène en lui rappelant que la S.E.R.E.S.O. possède une licence pour fabriquer les appareils Priore et il lui demande de fabriquer une nouvelle lampe selon les plans de P. Ribeau. Philippe Vène, quelque peu gêné, informe[37] Antoine Priore que la S.O.V.I.R.E.L., si elle reçoit une commande ferme, exécutera et il demande[38] à R. Gousset d'établir un devis pour la S.E.R.E.S.O. Ce dernier établit le devis pour la verrerie de la lampe, mais demande[39] à la S.E.R.E.S.O. de fournir toute la partie électronique à mettre à l'intérieur, comme faisait Antoine Priore.

Ce contretemps provoque la colère de P. Ribeau et de G. Chavanes, qui accusent[40] la S.O.V.I.R.E.L. de mauvaise volonté. Malgré une confirmation de la demande le 25 juin[41], aucune commande ferme n’est faite par la S.E.R.E.S.O., qui d'ailleurs n'a plus aucune activité jusqu'à sa dissolution, le 7 juillet 1969.

Références

modifier
  1. L'Académie des sciences et Antoine Priore
  2. Historique de l'Affaire Priore
    La Presse et l'Affaire Priore
  3. La société Leroy-Somer et Antoine Priore
  4. R. Courrier, « Note personnelle du 19 février 1965 »
  5. P. Ribeau, « CR des expérience du Pr. Rivière avec le PR1 »
  6. P. Vène, « Note pour la Direction de la SOVIREL du 13 octobre 1965 »
  7. P. Vène, « Lettre adressée à G. Chavanes le 3 novembre 1966 »
  8. P. Vène, « Note pour la Direction de la SOVIREL 15 novembre 1965 »
  9. P. Vène, « Note pour la Direction de la SOVIREL du 8 novembre 1965 »
  10. G. Chavanes, « Lettre adressée à M. Duval le 15 novembre 1965 »
    G. Chavanes, « Lettre adressée à P. Vène le 4 janvier 1966 »
  11. P. Vène, « Note pour la Direction de la SOVIREL du 2 décembre 1965 »
  12. S.E.R.E.S.O., « Projet de contrat de licence avec Antoine Priore (a) »
    S.E.R.E.S.O., « Projet de contrat de licence avec Antoine Priore (b) »
  13. M. Duval, « CR appel téléphinique de G. Chavanes le 25 janvier 1966 »
  14. M. Meyer, « Note pour P. Vène du 23 décembre 1965 »
  15. P. Ribeau, « CR exposé faite à IRSC le 9 février 1966 »
  16. M. Duval, « Lettre adressée à G. Chavanes le 11 février 1966 »
    G. Chavanes, « Lettre adressée à M. Duval le 16 février 1966 »
  17. P. Vène, « Note pour la Direction de la SOVIREL du 3 mars 1966 »
  18. Les souris anglaises
  19. P. Vène, « Lettre adressée à G. Chavanes le 15 mars 1966 »
  20. La D.R.M.E. et la D.G.R.S.T. et Antoine Priore
  21. P. Vène, « Lettre adressée à A. maréchal le 27 septembre 1966 »
    P. Vène, « Lettre adressée à A. Maréchal le 5 octobre 1966 »
    P. Vène, « Lettre adressée à A. Maréchal le 11 octobre 1966 »
  22. M. Meyer, « CR de la réunion du 9novembre 1966 »
  23. A. Maréchal, « Lettre adressée à Antoine Priore le 16 novembre 1966 »
  24. G. Chavanes, « Lettre adressée à P. Vène le 2 janvier 1967 »
  25. S.E.R.E.S.O., « Contrat du 28 décembre 1966 (a) »
  26. S.E.R.E.S.O., « Contrat du 28 décembre 1966 (b) »
  27. S.E.R.E.S.O., « Contrat du 28 décembre 1966 (c) »
  28. P. Vène, « Lettre adressée à G. Chavanes le 30 janvier 1967 »
    P. Vène, « Lettre adressée à A. Priore le 7 février 1967 »
    P. Vène, « Lettre adressée à G. Chavanes le 9 février 1967 »
    P. Vène, « Lettre adressée à A. Priore le 9 février 1967 »
  29. G. Chavanes, « Lettre adressée à P. Vène le 2 février 1967 »
  30. P. Vène, « Lettre adressée à A. Priore le 1 mars 1967 »
  31. P. Genty, « CR de sa visite à Floirac le 1 mars 1967 »
  32. P. Vène, « CR de la réunion DGRST du 19 janvier »
  33. P. Vène, « Lettre adressée à G. Chavanes le 6 juin 1967 »
  34. P. Vène, « Lettre adressée à A. Maréchal le 30 juin 1967 »
  35. A. Priore, « Lettre adressée à G. Chavanes le 7 juillet 1967 »
  36. G. Chavanes, « Lettre adressée à P. Vène le 14 mai 1967 »
  37. P. Vène, « Lettre adressée à A. Priore le 21 mai 1968 »
  38. P. Vène, « Note adressée à R. Gousset le 21 mai 1968 »
  39. R. Gousset, « Lettre adressée à G. Chavanes le 6 juin 1968 »
  40. P. Vène, « Note adressée à R. Gousset le 17 juin 1968 »
  41. M. Labernède, « Lettre adressée à R. Gousset le 25 juin 1968 »

Intermède

modifier

Entre 1967 et 1969 Antoine PRIORE construisit avec son « équipe fidèle » (MM. Berlureau, Dèzes, Durand, Genty, Léglise, Martinez, Plantin, Prémont), un nouvel appareil financé par lui-même et par le Pr Pautrizel. Cet appareil, que nous avons nommé le « P4 », donna, entre 1969 et 1980, tous les résultats spectaculaires rapportés par le Pr Pautrizel et ses collaborateurs. Naturellement, la S.O.V.I.R.E.L. a fourni Antoine Priore avec la lampe à plasma pour cet appareil et ses dirigeants sont toujours tenus au courant du progrès de la construction[1]. Il y a même eu une ébauche d’un projet[2] de commercialisation des appareils à paramètres fixes avec R. Gousset (S.O.V.I.R.E.L.), Jacques Chahbazian (PRANA) et Antoine Priore, mais jamais concrétisée.

En 1971, grâce à l’appui de Jacques Chaban-Delmas, premier ministre et maire de Bordeaux, la D.G.R.S.T. décide d’accorder une subvention de 3,5 millions de francs pour la construction d’un nouvel appareil à paramètres électromagnétiques variables. La subvention est censée être gérée par l’A.D.E.R.A. pour le compte de l’université de Bordeaux II. Des devis pour cet appareil sont préparés[3] et la S.O.V.I.R.E.L. adresse à Antoine Priore une proposition pour deux lampes (Plan 188 de la série 850 pour un montant de 88 000 F. H.T. plus 25 000 F. H.T. pour les composants électroniques.) H. Gossot, en tant que secrétaire de l’A.D.E.R.A. passe commande immédiatement[4], mais pour des raisons détaillées dans les notes[5] la commande est mise en suspens en attendant l’attribution officielle de la subvention. Malheureusement, la subvention sera attribuée exclusivement à la société Leroy-Somer pour construire l’appareil chez Antoine Priore à Floirac !

Le 10 avril 1972 P. Ribeau[6], ingénieur chez Leroy-Somer, passe commande pour les deux lampes.

Comme dans le passé, la société Leroy-Somer va créer une filiale destinée à la commercialisation directe des appareils d’Antoine Priore. Mais, G. Chavanes voulait éviter l’erreur commise à l’époque de la S.E.R.E.S.O. en associant la S.O.V.I.R.E.L. avec cette filiale dès sa création.

En mai 1972 A. Seruscat (service juridique de la S.O.V.I.R.E.L.) rencontre G. Chavanes à Bordeaux. Ce dernier propose[7] d’abord que la S.O.V.I.R.E.L. prenne une participation de 4% dans la S.E.R.A.P. avec la possibilité, lors d’une augmentation du capital, de prendre un maximum de 15%. La S.O.V.I.R.E.L. accepte cette proposition et une convention entre elle et la S.E.R.A.P. fut signée[8] le 15 juin 1972, immédiatement après la création de la S.E.R.A.P.

Références

modifier

La S.O.V.I.R.E.L. et la S.E.R.A.P.

modifier

La S.O.V.I.R.E.L., actionnaire minoritaire dans la S.E.R.A.P., n’avait aucun représentant ni dans le conseil d’administration, ni dans le comité de surveillance et elle n’a pris aucune partie dans les décisions stratégiques et désastreuses des dirigeants de la S.E.R.A.P. Les relations avec la filiale de LEROY-SOMER étaient celles d’un fournisseur qui a pris un pari sur des bénéfices commerciaux éventuels. La S.O.V.I.R.E.L. facturait ses fournitures à la S.E.R.A.P. Ces factures serviront comme apport en nature à la S.E.R.A.P. au moment d’un éventuel appel de fonds. En plus, la S.O.V.I.R.E.L. a désigné un de ses ingénieurs, Pierre Genty, pour être le responsable technique à Floirac. (M. Genty a été quasiment en permanence au chantier pendant huit ans). Les liaisons administratives entre Floirac et le siège social de la S.O.V.I.R.E.L. étaient assurées par R. Gousset. MM. Genty et Gousset assistaient, comme représentants de la S.O.V.I.R.E.L., aux réunions de chantier et aux réunions administratives de la S.E.R.A.P. Pour certaines réunions extraordinaires, d’autres cadres (MM. Hudson, Régis, Lefort etc.) de la maison mère descendaient à Bordeaux[1].

En même temps que leurs relations commerciales avec la S.E.R.A.P. les cadres de la S.O.V.I.R.E.L. maintiennent leurs relations privilégiées avec Antoine Priore[2]. D’abord, il y a des fournitures de verrerie pour l’appareil « P4 », qui était la propriété personnelle d’Antoine Priore. Puis il y a des conseils et actions pour protéger les intérêts d’Antoine Priore vis-à-vis la S.E.R.A.P. Le service juridique de la S.O.V.I.R.E.L.[3] a relevé une situation, inscrite dans les statuts de la S.E.R.A.P., qui obligera Antoine Priore de souscrire en numéraire pour l’augmentation du capital de la S.E.R.A.P. et pas en apporte d’invention. La situation financière d’Antoine Priore rendait une telle éventualité impossible. R. Gousset a même pris conseil auprès d’un avocat à Bordeaux, Me Bladier. Ce dernier s’étonne[4] que la convention en question écarte une disposition impérative de la loi favorable à Antoine Priore. Par la suite le service juridique de la S.O.V.I.R.E.L. propose[5] des solutions plus favorables à Antoine Priore.

En général l’association entre la S.O.V.I.R.E.L. et la S.E.R.A.P. passe sans incidents majeurs, car le S.O.V.I.R.E.L. ne participe pas dans les décisions de la S.E.R.A.P. Vers la fin, en 1978 M. Régis essaie[6] d’exposer ses idées sur la commercialisation des appareils (petits appareils pour l’expérimentation animale etc.), mais c’est trop tard. Le dernier sursaut de la S.E.R.A.P. était une tentative de faire entrer des liquidités par la commercialisation des cabines d’ionisation conçues par Antoine Priore. Il y a eu une convention[7] entre Corning Glass Inc., la maison mère, et la S.E.R.A.P. pour l’exploitation, mais, faute d’homologation aucune vente a eu lieu. La S.E.R.A.P. était dissoute par anticipation le 4 mai 1981.

Références

modifier

Le matériel et l’engagement financier fournis par la S.O.V.I.R.E.L.

modifier

Notre information sur le matériel fourni par la S.O.V.I.R.E.L. provient des recoupements entre une note[1] de P. Genty, une note de P. Vène[2] et de divers devis et factures qui se trouvent dans les archives. Nous tentons aussi d’estimer l’engagement financier de la S.O.V.I.R.E.L.

Il y a trois axes :

  1. L’aide directe à Antoine Priore.
  2. La période S.E.R.E.S.O.
  3. La période S.E.R.A.P.

L’aide directe accordée à Antoine Priore.

modifier

Cet aide était essentiellement la fourniture des lampes à plasma, de la verrerie et des tubes électroniques :

  • Juin 1960. Fabrication d’une première ampoule pour Antoine PRIORE.
  • Juin 1962. Modification et réalisation d’une ampoule avec cathode autrichienne portée par un bras soudé au fond (résistance 300 W).
  • Juin 1962. Réalisation complète d’une ampoule avec cathode en tôle de molybdène (300 W).
  • Mars 1962. Modification et réalisation d’une ampoule (N°15) selon les plans N°75, 80, 81, 84, série 850 [3].
  • Août 1965. Modification de la prise radar et plaques déflecteurs de l’ampoule N°15 selon les plans N° 154, 156, série 850 [4].
  • Mai 1966. Réalisation d’une ampoule de diamètre 35 cm, avec anode de verre et moteur magnétique.
  • Juin 1966. Étude et réalisation de N°19 et N°20 (plan N°81B et N°154, série 850[5]) à moteur manométrique. (Pour le « P4 »). Mise en place en juillet 1966.
  • Septembre 1969. Modification des passages sur le N°20.

La période S.E.R.E.S.O.

modifier

Ceci concerne la fourniture de trois lampes à plasma et diverses modifications :

  • Juillet 1965. Préparation et réalisation de deux ampoules (N°16 et N°17) selon les plans N° 130 et 131 [6].
  • Août 1965. Destruction complète de l’ampoule N°17. Une autre ampoule est faite, mais ce nouveau explose le 28 août. Mise en place du N°16bis le 31 août.

Dans trois documents[7] adressés à sa Direction P. Vène estimait que la valeur marchande de chaque lampe était d’environ 20 000 F. H.T. et que la totalité des fournitures à Antoine Priore et à la S.E.R.E.S.O. jusqu’en mars 1966 était de l’ordre de 360 000 F. H.T.

La période S.E.R.A.P.

modifier

Entre 1972 et 1975 la S.O.V.I.R.E.L. a fourni six tubes à décharges pour le « M600 » et 1 ou 2 tubes pour le « M315 » en 1979.

  • Les deux premières lampes sont fabriquées pour le « M600 » en octobre 1972, selon les plans N°49, 50 du 5 juin. La première casse en novembre 1972. La deuxième lampe casse pendant le dégazage en décembre 1972.
  • La troisième lampe casse en février 1973.
  • La quatrième casse dans le deuxième trimestre de 1974.
  • La cinquième lampe est prête en janvier 1975 et fonctionne en février pendant quelques jours. Les problèmes techniques observés suggèrent des modifications à faire dans la conception de la lampe.
  • La sixième lampe (en deux parties) est fabriquée en mai 1975, mais le « M600 » ne sera jamais terminé.
  • La septième lampe (« M315 ») est fabriquée en janvier 1979. L’appareil correspondant ne sera jamais terminé.

Il y avait deux types de dépenses pour la S.O.V.I.R.E.L. vis-à-vis la S.E.R.A.P.

  • Les frais salariaux et administratifs du personnel (P. Gdnty) affectés au chantier de Floirac, des dépenses courants telles que : déplacements, transport, petits fournitures etc.
  • La fourniture des grosses lampes à plasma, systèmes de dégazage et de la verrerie.

Les dépenses pour ce premier chef peuvent être estimées à partir des documents comptables[8] de la S.O.V.I.R.E.L. :

Pour le troisième trimestre de 1973 181 742,13 F. T.T.C.
Pour le premier trimestre de 1974 117 969,80 F. T.T.C.
Pour août – novembre 1974 69 277,00 F. T.T.C.
Le cumul, de juin 1972 jusqu’en novembre 1974 429 386,00 F. T.T.C.

À partir de la fin de 1974 la plus grosse partie des fournitures a été faite, mais P. Genty, en tant que salarié de la S.O.V.I.R.E.L., restait sur place pour assurer la mise en œuvre technique. C’est en octobre 1978 que M. Régis annonce[9] que la S.O.V.I.R.E.L. ne puisse continuer à assumer cette charge en 1979. Ces frais, pour la période 1975 – 1978, s’élevaient à environ 20 000 F. par mois, donc pour un montant total de 900 000 F. T.T.C.

Ainsi, les dépenses de la S.O.V.I.R.E.L. pour le personnel, charges sociales, petits fournitures pendant la période « S.E.R.A.P. » était de l’ordre de 1 300 000 F. T.T.C.

Nous pouvons estimer les sommes qui correspondent à la fourniture des lampes à partir des devis[10] établis en 1971. Car P. Ribeau a commandé[11] deux lampes auprès de la S.O.V.I.R.E.L. en avril 1972 en citant ces devis. Le montant était de 418 200,00 F. T.T.C. pour les deux lampes plus leurs composants électroniques internes. Donc, chaque lampe coûtait environ 200 000,00 F. T.T.C. Au total sept lampes seront fournies par la S.O.V.I.R.E.L. à la S.E.R.A.P. pour un coût d’environ 1 400 000,00 F. T.T.C.

La S.O.V.I.R.E.L. a dépensé environ 2 700 000 F. T.T.C. pour le compte de la S.E.R.A.P.

Conclusion. Nous estimons que l’engagement financier de la S.O.V.I.R.E.L. dans l’ensemble de l’Affaire Priore se chiffre autour de 3 millions de francs.

Références

modifier