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Guide des dialogues platoniciens | Ion |
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Introduction
modifierCe dialogue met en scène Ion et Socrate. Ce dernier interroge son interlocuteur à propos de l'art du rhapsode qui semble demander de vastes connaissances. Mais Ion est incapable de justifier sa compétence d'interprète. Dépourvu de science, il est donc inspiré par les dieux.
Ce dialogue se moque des poètes, et son style comique, voire grotesque, peut donner l'impression qu'il n'y a là rien de très sérieux. Cependant, la lecture de ce dialogue en parallèle avec la dernière partie du Ménon permet de mieux saisir la portée philosophique du Ion.
Il n'est pas certain que Socrate soit complètement ironique quand il développe l'idée d'une inspiration divine. Si cette idée fait passer Ion pour un ignorant, c'est surtout la prétention de ce dernier qui prête à rire : il ne sait pas qu'il ne sait rien et se ridiculise. En revanche, l'ignorance n'invalide pas son art et l'exercice correct de cet art.
Dans le Ménon, Socrate explique en effet que la vertu n'est pas seulement connaissance, mais également opinion droite. Or, celui qui possède une opinion droite ne peut la justifier, mais agit et pense pourtant droitement. Sans l'opinion droite, la vertu serait presque impossible et il serait très difficile de l'enseigner et de trouver des maîtres de vertu. Dans le cas du Ion, si une connaissance justifiée est requise pour être un rhapsode, il serait difficile d'expliquer l'existence de cet art. Bien que le Ion ne l'explicite pas, on peut donc, à la lumière du Ménon, penser que Platon soutient sérieusement que l'art est d'inspiration divine et que cette thèse ne doit pas passer pour un élément comique visant uniquement à discréditer Ion.
Texte et commentaire
modifier[530a-530b] SOCRATE - Salut à Ion. D'où nous reviens-tu cette fois ? d'Ephèse, ton pays ?
ION - Pas du tout, Socrate, d'Epidaure, des fêtes d'Asclèpios. SOCRATE - Est-que les Epidauriens font aussi un concours de rhapsodes en l'honneur du dieu ? ION - Mais oui, et de toutes les parties de la musique aussi. SOCRATE - Et alors, tu as concouru ? et avec quel succès as-tu concouru ? ION - Nous avons remporté le premier prix, Socrate. SOCRATE - C'est bien, et maintenant il nous faut tâcher d'être vainqueurs aussi aux Panathénées. ION - On le sera, s'il plaît à Dieu. |
Nous ne savons rien de Ion en dehors de ce que nous dit Platon dans ce dialogue.[1] Il est décrit comme un célèbre rhapsode qui exerce son activité à des fins pécuniaires.
Éphèse : « l'une des plus anciennes et des plus importantes cités grecques d'Asie Mineure, la première de Ionie. »
Épidaure :
Fêtes d'Asclèpios :
Rhapsode :
[530b] SOCRATE - C'est vrai, Ion, que je vous ai souvent envié votre profession à vous autres rhapsodes. Une profession où la bienséance veut qu'on soit toujours paré et qu'on paraisse en public avec les plus beaux habits, où l'on est obligé en même temps d'étudier une foule de grands poètes et principalement Homère, le meilleur et le plus divin de tous, et de connaître à fond sa pensée, et non pas seulement ses vers, une telle profession est digne d'envie. On ne saurait en effet devenir rhapsode, si l'on ne comprend pas ce que veut dire le poète ; car il faut que le rhapsode interprète la pensée du poète à ses auditeurs, et il est impossible de le faire convenablement, si l'on ne comprend pas ce qu'il veut dire. Tout cela est vraiment enviable. |
Références
modifier- ↑ référence.