Philosophie/Thalès de Milet/Textes et traductions Ier millénaire EC
Présocratiques | La philosophie antique | Anaximandre de Milet |
Thalès de Milet | |
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Textes et traductions Ier millénaire AEC |
(-625/-620 ⏳, à Milet — -548/-545 ⏳, à Milet) 🔍
I Du nom propre grec ancien Θαλῆς / Thalễs (en), potentiellement « celui qui prospère »;
➥ du verbe θᾰ́λλω / thállō (en), « Fleurir, germer. Grandir, s’épanouir, prospérer. Grossir, abonder. »;
➥ + du suffixe adjectival -ής / -ês.
II Du nom propre grec ancien Μίλητος / Mílētos (en);
Ancienne cité grecque d’Ionie V, fondée, selon diverses légendes, par Milétos, un héro mythologique. Le tyran Thrasybule conserva l’indépendance de Milet à la fin du VIIème siècle AEC grâce à une guerre de 12 ans contre la Lydie 🔄; mais elle tomba au début du VIème siècle AEC; et, au milieu du siècle, passa aux mains des perses 🔄, à la défaite du roi de Lydie Crésus 🔄 par le roi achéménide 🔄 Cyrus II 🔄.
III De l’adjectif grec ancien φιλόσοφος / philósophos, « celui qui aime la sagesse »;
➥ de φίλος / phílos, « ce qui est aimé »;
➥ + σοφός / sophós (en), « intelligent, sage, prudent ».
IV Les présocratiques sont des philosophes III qui, dans la Grèce antique, ont participé aux origines de la philosophie et ont vécu du milieu du VIème siècle AEC jusqu’au IVème siècle AEC, c’est-à-dire pour la plupart avant Socrate 🔄 (-470/-469 ⏳ — -399 ⏳).
V Du grec ancien Ἴων / Íōn (en), « ionien, un habitant d’Ionie. Ion, l’ancêtre mythologique du peuple ionien »;
Région historique du monde grec antique située dans l’ouest de l’Asie Mineure, ou Anatolie, entre Phocée au nord et Milet II au sud; qui passa, au milieu du VIème siècle AEC d’une indépendance de chaque cité, à une domination lydienne, puis à une satrapie perse.
(16 janvier -27 ⏳, nomination de Caius Iulius Caesar Octavianus aux titres d’Augustus et de Princeps par le Sénat romain — fin du IIIème siècle EC, création du système tétrarchique II)
(-5 ⏳ / 1 ⏳, à Corduba — 12 avril 65, à Rome, dans une maison de plaisance, la « quatrième pierre milliaire », contraint au suicide forcé par l’empereur Néron après avoir été dénoncé dans la Conjuration de Pison, sans preuve selon Tacite Annales, l.V, §§LX-LXVI.) 📚 🔍
I Tria Nomina en latin Lucius Annaeus Seneca
I Du nom commun latin Renaissance encyclopaedīa (en); univerbation du nom commun ἐγκύκλῐος παιδείᾱ / enkúklios paideíā (en), « éducation circulaire (c’est-à-dire complète et bien équilibrée) »;🔍
Livre III — De l’eau
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Chapitre XIII.
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- Texte latin
14. Quae sequitur Thaletis inepta sententia est. Ait enim terrarum orbem aqua sustineri et uehi more nauigii mobilitateque eius fluctuare tunc cum dicitur tremere; non est ergo mirum si abundat umor ad flumina profundenda, cum in umore sit totus. Hanc ueterem et rudem sententiam explode. Nec est quod credas in hunc orbem aquam subire per rimas et facere sentinam.
- Traductions
(également disponible ici)
surpris, maintenant, qu’après avoir tenu lieu de tous les éléments, et les avoir produits tous, l’eau suffise à l’entretien perpétuel des fleuves ? Quand les éléments furent séparés les uns des autres, l’eau fut réduite au quart de l’univers, et dans une proportion convenable pour suffire à l’alimentation des fontaines, des ruisseaux et des rivières. Mais voici une idée absurde du même Thalès : il dit que la terre est soutenue par l’eau, et qu’elle flotte sur elle comme un navire ; que les tremblements de terre sont causés par les oscillations et les mouvements du fluide qui la soutient. Il n’est donc pas étonnant qu’il y ait assez d’eau pour alimenter les fleuves, puisque tout le globe est dans l’eau. Mais rejetons cette vieille et informe hypothèse, qui assimile les sources aux flots que la cale entr’ouverte laisse pénétrer dans le vaisseau.
Opiniõ de Thales touchant l’eau.
L’eau , comme dit Thales , eſt le plus fort des Elemens. Il croit meſme qu’elle eſt le premier , & que toutes choſes en ont pris naiſſance. Pour moy ie ſuis de cette opinion , ou du moins de la derniere partie de cette opinion. Car nous 1 diſons que c’eſt le feu qui enueloppera tout le monde , & qui conuertira en ſoy toutes choſes; qu’il deuiendra ſans force quand il n’aura plus de nourriture , qu’apres que le feu ſera eſteint il ne demeurera rien de reſte à la nature que l’eau ſeulement , & que c’eſt en elle ſeule que conſiſte l’eſperance d’vn monde futur. Ainſi le feu eſt la fin du monde , & l’eau en eſt le commencement. Vous eſtonnez-vous donc que les fleuues puiſſent touſiours ſortir d’vn Element , qui eſt fait pour toutes choſes & dont toutes choſes ſe font ? Lors que la nature fit le departement des Elemens , l’eau fut placée de telle ſorte , qu’elle peut ſuffire pour les fleuues , pour les ruiſſeaux , pour les fontaines. Mais ce que Thales dit en ſuitte eſt ridicule , car il dit que le Globe de la terre eſt ſouſtenu par les eaux ; qu’elles le portent comme vn vaiſſeau , & qu’elles l’agitent de la meſme ſorte , lors que nous croyons qu’il tremble. Il ne faut donc pas s’eſtonner , s’il ya touſiours aſſez d’eau pour former de ſi grands fleuues , puis que tout le monde nage fur l’eau. Mais meſpriſez cette vieille , & cette groſſiere opinion , & ne croyez pas que l’eau vienne ſur la terre , comme par des fentes & par des creuaſſes , & qu’elle y ſoit ſeulement comme dans le fond d’vn vaiſſeau.
1. Les Stoïciens. |
Livre IV — Du Nil
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Chapitre II.
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- Texte latin
Euthymenes Massiliensis testimonium dicit : « Navigavi, inquit, Atlanticum mare. Inde Nilus fluit major, quamdiu Etesiæ tempus observant : tunc enim ejicitur mare instantibus ventis. Quum resederint, et pelagus conquiescit, minorque descendenti inde vis Nilo est. Ceterum dulcis maris sapor est, et similes Niloticis belluæ. » Quare ergo, si Nilum Etesiæ provocant, et ante illos incipit incrementum ejus, et post eos durat ? Præterea non fit major, quo illi flavere vehementius. Nec remittitur, incitaturque, prout illis impetus fuit : quod fieret, si illorum viribus cresceret. Quid, quod Etesiæ littus ægyptium verberant, et contra illos Nilus descendit, inde venturus, unde illi, si origo ab illis esset ? Præterea ex mari purus et cæruleus efflueret, non ut nunc turbidus venit. Adde, quod testimonium ejus testium turba coarguitur. Tunc erat mendacio locus, quum ignota essent externa. Licebat illis fabulas mittere. Nunc vero tota exteri maris ora mercatorum navibus stringitur : quorum nemo narrat nunc cæruleum Nilum, aut mare saporis alterius ; quod et natura credi vetat, quia dulcissimum quodque et levissimum sol trahit. Præterea quare hieme non crescit ? et tunc potest ventis concitari mare, aliquando quidem majoribus ; nam Etesiæ temperati sunt. Quod si e mari ferretur Atlantico, semel oppleret Ægyptum. At nunc per gradus crescit.
- Traductions
(également disponible ici)
Euthymène de Marseille en parle comme témoin : « J’ai navigué, dit-il, sur la mer Atlantique. Le Nil roule des eaux plus abondantes, tant que durent les vents Étésiens ; car alors ils refoulent la mer sur le fleuve. Dès qu’ils se sont abattus et que la mer est devenue calme, le Nil, qui peut redescendre vers celle-ci, diminue. Au reste, les eaux de cette mer sont douces et contiennent des animaux semblables à ceux du Nil. » Dans cette hypothèse, qui donne les vents Étésiens pour cause des crues du Nil, qu’on me dise pourquoi ces crues précèdent les vents, persistent quand les vents ne sont plus, enfin n’augmentent plus d’intensité et de violence, et ne diminuent pas selon la violence et l’impétuosité du vent même ; c’est pourtant ce qui devrait arriver, si les vents déterminaient la hausse des eaux. De plus, les vents Étésiens battent directement la côte égyptienne : pourquoi donc le Nil descend-il contre le souffle de ces vents, tandis qu’il devrait couler dans la même direction, s’il leur devait ses débordements ? Enfin, pourquoi, au lieu d’être diaphanes et azurés, ces flots, qu’on fait venir de la mer, sont-ils chargés de limon ? Ajoutez qu’une foule de témoignages réfutent Euthymène. On pouvait mentir, quand les plages étrangères étaient inconnues : c’était alors le temps des fables ; mais aujourd’hui mille vaisseaux marchands côtoient la mer extérieure ; personne ne dit que le Nil ait des flots d’azur ; personne ne donne à la mer une saveur douce, que la nature refuse à ses eaux : car le soleil en pompe sans cesse la partie la plus douce et la plus légère ; ensuite pourquoi le Nil ne croîtrait-il point pendant l’hiver ? la mer alors peut être battue par les vents, par des vents plus violents que les Étésiens, qui sont modérés. Enfin, si le mouvement venait de l’Atlantique, l’Égypte entière serait inondée tout d’un coup : or, l’inondation est graduelle.
En quelle faiſó ſe fait l’accroiſſement du Nil.
[...] Si vous en croyez Thales , les vents Etheſiens reſiſtent au Nil en deſcendant dans la mer; & arreſtent ſon cours, en pouſſant la mer contre ſes ſept emboucheures. Si bien qu’eſes ſtant repouſſé de la ſorte il retourne ſur ſoy-meſme , & ne croiſt pas comme l’on penſe , mais par ce qu’il trouue vn obſtacle qui l’empeſche de paſſer outre , il eſt contraint de s’arreſter , & ne pouuant plus pourſuiure ſa courſe , il ſe reſpand par où il peut ſe répandre. Euthimenes de Marſeille en rend ce teſmoignage. I’ay nauigé, dit il, ſur la mer Atlantique , & c’eſt par elle que le Nil deuient plus grand, lors que les vents Etheſiens ſoufflent ; car alors cette mer ſort pour ainſi dire d’elle-meſme par la force & par la violence de ces vents. Mais lors qu’ils ne ſoufflent plus la mer demeure tranquille, & le Nil ne trouue plus rien qui l’empeſche de deſcendre , Au reſte l’eau de la mer eſt douce en ce temps-là , & l’on y void des beſtes ſemblables à celles du Nil. Mais ſi les Etheſiens ſont enfler le Nil, pourquoy ſon débordement commence il auant qu’ils ſoufflent & pourquoy dure - il encore lors qu’ils ont ceſſé de ſouffler. Dauantage ils ne s’enfle pas plus que de couſtume , quand ces vents ſoufflent auecque plus de violence qu’ils ne ſont ordinairement. Enfim il ne ſe hauſſe & ne s’abaiſſe pas ſelon que leur impetuoſité eſt plus ou moins grande , ce qui arriveroit ſans doute s’il s’enfloit par la force de ces véts. Mais comme les Eteſiens battent directement les bords de l’Egypte, & que le Nil deſcend contre eux ; il faudroit s’ils eſtoient cauſe de ſon accroiſſement , qu’il commençaſt par l’endroit d’où ils viennent. Outre cela il ſortiroit tout pur de la mer, & de la couleur de la mer, & ne ſeroit pas trouble & limonneux , comme il eſt. Et apres tout le teſmoignage d’Euthimene , eſt condamné par le plus grand nombre. Il eſtoit permis de mentir quand on n’auoit point de connoiſſance des pays eſtrangers ; & alors on pouuoit facilement nous en enuoyer des fables. Mais aujourd’huy tous les riuages des mers les plus eſloignées ſont remplis de vaiſſeaux de marchands, & pas vn ne nous apporte que le Nil ſoit de la couleur de la mer, ou que la mer ait vn autre gouſt. Quand nous aurions des raiſons pour nous la perſuader , la nature nous empeſcheroit de le croire par ce que le Soleil en attire ce qu’il y a de plus leger & de plus doux. Dauantage pourquoy ne croiſt-il pas en Hyuer , puis que la met en ce temps là peut eſtre agitée par des vents plus violents, que les Etheſiens qui ſont touſiours moderez. Que ſi le Nil venoit de la mer Atlantique , il couuriroit l’Egypte tout d’vn coup, & neantmoins il ne la couure que peu à peu.
Livre VI — Des tremblements de terre
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Chapitre VI.
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- Texte latin
- Traductions
(également disponible ici)
amas le nom d’Océan, de grande mer ou d’eau élémentaire, eau simple. Cette eau, dit-il, soutient la terre comme un grand vaisseau pesant sur le liquide qu’il comprime. Il est inutile d’exposer les raisons qui font croire à Thalès que le corps le plus pesant de la nature ne peut être soutenu par un fluide aussi délié et aussi rare que l’air : car il s’agit ici des tremblements de terre et non de l’assiette du globe. La grande raison de Thales pour faire de l’eau la cause des secousses de la terre, c’est que, dans tout tremblement considérable, jaillissent des eaux nouvelles ainsi les vaisseaux se remplissent d’eau quand ils penchent d’un côté ; chargés à l’excès, ou ils sont submergés, ou ils s’enfoncent à droite et à gauche plus profondément dans la mer. Il ne faut pas longtemps discuter pour voir la fausseté de cette opinion. Si la terre était soutenue par les eaux, elle serait quelquefois fortement ébranlée, mais de plus elle serait toujours flottante, et il faudrait s’étonner non de son agitation , mais de son repos ; enfin, au lieu d’être ébranlée en
Si l’eau eſt la cauſe des tréblemés de terre.
Ce n'eſt pas vn homme ſeul qui a dit , que l’eau eſtoit cauſe du tremblement de la terre ; & l’on ne l’a pas dit d’vne ſeule façó. Thales Mileſien a crû que toute la terre eſtoit portée ſur l’eau , & qu’elle y nageoit, ſoit que vous appelliez cette eau Ocean, ou que vous l’appelliez grade mer, ou vne eau d’vne autre nature , eau ſimple , element humide. C’eſt ſur cette eau, dit-il, que le monde eſt ſouſtenu, comme quelque vaiſſeau d’vne grandeur demeſurée , qui charge les eaux qui le ſouſtiennent. Il ſeroit inutile de rapporter les raiſons qui luy ſont croire que la plus peſante partie du móde ne peut eſtre ſouſtenuë par l’air qui eſt ſi ſubtil, ſi fluide & ſi delié ; & d’ailleurs, il ne s’agit pas icy de l’aſſiete de la terre , mais du tremblement de la terre. Ainſi pour preuue que les eaux ſont cauſe que la terre tremble , il dit qu’il ne ſe fait preſque point de grands tremblemens de terre, qu’on n’en voye ſortir enſuitte de nouuelles ſources; que la terre reſſemble en cela aux vaiſſeaux qui ne peuuent pancher d’vn coſté, qu’ils ne puiſent de l’eau, qui ſe reſpand ſur toutes les choſes qu’ils portent , ſi elles ſont trop enfoncées; ou qui s’éleue de part & d’autre à la gauche , & à la droite. Il n’eſt pas besoin d’vn long diſcours pour montrer la fauſſeté de cette opinion ; car ſi l’eau ſouſtenoit la terre, quelquesfois elle trembleroit toute entiere, & ſeroit touſiours en mouuement; & nous ne nous eſtonnerions point de la voir remuer, mais de la voir ferme & inébranlable. Elle trembleroit toute entiere , & non pas en partie , car vn vaiſſeau n’eſt iamais agité par vne moitié ſeulement ; & apres tout nous voyons que le tremblement ne ſe fait pas de toute la terre , mais ſeulement d’vne partie. Comment donc ſe peut-il faire que ce qui eſt porté tout entier ne ſoit pas entierement agité , ſi la choſe meſme qui porte eſt eſmeuë & agitée ? Mais pourquoy ſort-il de l’eau apres vn tremblement de terre ? Premierement la terre a ſouuent tremblé ſans qu’on en ayt veu ſortir de nouuelles ſources. D’ailleurs ſi l’eau ſortoit par cette raiſon elle ſe reſpandroit par les coſtez de la terre , comme nous voyons dans les fleuues & dans la mer , où lors que le vaiſſeau s’enfonce on remarque que l’eau s'éleue , principalement par les coſtez. Enfin ces eaux ne ſortiroient pas en ſi petite quantité, ny par vne fi petite ouuerture , mais il ſe ſeroit vne grande inondation, comme procedant de cette abondance d’eaux qui ſouſtiennent tout l’vniuers.
(23/24, à Novum Comum ou Vérone — 79, à Stabies, mort par asphyxie près de Pompéi, lors de l’éruption du Vésuve, en voulant observer le phénomène au plus près et en désirant porter secours aux victimes, alors en poste à Misène en tant que Préfet commandant la flotte militaire romaine) ⏳ 📚 🔍
I Tria Nomina en latin Caius Plinius Secundus
Livre II
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Chapitre IX.
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- Texte latin
XVIII
modifierXXXVI
modifierApud Graecos autem investigavit primus omnium Thales Milesius Olympiadis XLVIII anno quarto praedicto solis defectu, qui Alyatte rege factus est urbis conditae anno CLXX.
Contre Apion, I, 2
modifier- Mais bien certainement les premiers philosophes grecs qui aient traité des choses célestes et divines, comme Phérécyde de Syros, Pythagore et Thalès furent, tout le monde s'accorde là dessus, les disciples des Égyptiens et des Chaldéens avant de composer leurs courts ouvrages, et ces écrits sont aux yeux des Grecs les plus anciens de tous ; à peine même les croient-ils authentiques.
Vie de Solon §3
modifier- En général, Thalès fut de tous les sages le seul qui porta au-delà des choses d’usage la théorie des sciences ; tous les autres ne durent qu’à leurs connaissances politiques leur réputation de sagesse.
Le Banquet des Sept Sages §2
modifier- Ainsi, vous, Thalès, le roi d'Egypte vous admire beaucoup, et, entre autres choses, il a été, au-delà de ce qu'on peut dire, ravi de la manière dont vous avez mesuré la pyramide sans le moindre embarras et sans avoir eu besoin d'aucun instrument. Après avoir dressé votre bâton à l'extrémité de l'ombre que projetait la pyramide, vous construisîtes deux triangles par la tangence d'un rayon, et vous démontrâtes qu'il y avait la même proportion entre la hauteur du bâton et la hauteur de la pyramide qu'entre la longueur des deux ombres.
d'Isis et d'Osiris page 364
modifierhttps://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9796311p/f306.image.r=thales
Actions et paroles mémorables, VII, § 2
modifier- 8. Il y a aussi un mot admirable de Thalès. On lui demandait si les actions des hommes échappaient à la connaissance des dieux. "Leurs pensées non plus", répondit-il. Aussi faut-il nous appliquer à avoir, je ne dis pas seulement les mains, mais encore le cœur pur, dans la persuasion que la divinité est témoin des mouvements les plus secrets de nos âmes.
Discours aux Grecs, 41
modifierDialogues des morts
modifierhttps://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6227866x/f7.item https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6227866x/f103.double
Hippias ou le bain
modifier- (2) Mon but est de prouver que les constructeurs de machines qui méritent le plus notre admiration sont ceux qui, distingués par leur science théorique, ont laissé en outre à la postérité des monuments de leur art et des œuvres de leur génie, tandis que les hommes, qui se sont seulement exercés dans la parole méritent plutôt le nom de sophistes que celui de savants. C'est sur la liste traditionnelle de ces artistes que nous voyons figurer Archimède et Socrate de Cnide, qui inventèrent, l'un les moyens de soumettre à Ptolémée la ville de Memphis, sans recourir à un siège, mais en détournant et en divisant le cours du Nil ; l'autre, ceux d'incendier les galères des ennemis. Avant eux, Thalès de Milet, ayant promis à Crésus de faire passer à pied sec à son armée les eaux du fleuve Halys, imagina de les détourner en une seule nuit derrière le camp ; et pourtant ce n'était pas un mécanicien de profession, mais un sage d'un esprit inventif et à l'intelligence duquel on pouvait s'en rapporter.
Exemples de longévité
modifier- (18) Solon, Thalès et Pittacus, que l'on compte au nombre des Sept sages, vécurent chacun cent années.
Stromates, I, 65
modifierHistoires diverses
modifier- On a vu des philosophes à la tête des affaires publiques : d'autres, se bornant à cultiver leur raison, ont passé leur vie dans le repos. Entre les premiers sont Zaleucus et Charondas qui réformèrent, l'un, le gouvernement des Locriens, l'autre, d'abord celui des Catanéens, puis, après qu'il eut été exilé de Catane, celui des Rhéginiens. Archytas servit utilement les Tarentins. Les Athéniens durent tout à Solon. Bias et Thalès rendirent les mêmes services à l'Ionie, Chilon à Lacédémone, Pittacus à Mitylène, Cléobule à Rhodes.
Hypot III, 30, et Liv I contre les phys., sect. 319 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9796311p/f305.item.r=thales
Épit. 4 (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k282068z/f300.image.r=thales) Inst. 111, 16 (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k282068z/f621.item.r=thales)
Preparation Évangélique, XI, 2 Prepar. évang. I, 8, page 22-25 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9796311p/f310.image.r=thales
Ce texte est un extrait de la traduction de Robert Genaille (1933)
Thalès[1], au dire d’Hérodote, de Douris et de Démocrite, était fils d’Examios et de Cléobuline, et membre de la famille des Thélides, Phéniciens descendant en droite ligne d’Agénor[2] et de Cadmus[3], s’il faut en croire Platon. Le premier, il porta le nom de sage, au temps où Damasias était archonte à Athènes[4]. C’est sous le même archontat que fut créée l’expression : « les sept sages » (cf. Démocrite de Phalère, Registre des Archontes). Thalès fut inscrit comme citoyen de Milet quand il vint dans cette ville avec Nélée chassé de Phénicie. Une autre tradition très courante veut qu’il soit natif de Milet et qu’il descende d’une bonne famille. Il s’occupa de politique avant d’étudier la nature. On croit qu’il ne laissa aucun écrit, car l’Astrologie nautique qu’on lui attribue est de Phocos de Samos.
Callimaque[5] croit qu’il découvrit la Petite Ourse et le raconte en vers iambiques :
Il mesura, dit-on, les étoiles du Chariot
Sur quoi les Phéniciens règlent leur navigation.
D’autres auteurs disent qu’il écrivit seulement deux ouvrages, un sur le solstice et un sur l’équinoxe, car il pensait le reste inaccessible. Il passe pour avoir le premier étudié l’astrologie et prédit les éclipses de soleil et les solstices (cf. Eudème, Histoire de l’astrologie)[6]. Xénophane et Hérodote le louent à ce propos, et leur témoignage est confirmé par celui d’Héraclite et de Démocrite. On dit encore (cf. le poète Choirilos) qu’il fut le premier à affirmer l’immortalité des âmes.
Le premier il dessina la course du soleil d’un solstice à l’autre, et démontra que comparée au soleil, la lune en est la cent vingtième partie. C’est encore lui qui fixa à trente jours la durée du mois, et qui écrivit le premier traité sur la Nature.
Aristote et Hippias disent aussi qu’il accordait une âme aux choses qu’on croit inanimées ; il en donnait pour preuve l’ambre et la pierre de Magnésie.
Selon Pamphile[7], il apprit des Égyptiens la géométrie, inscrivit dans un cercle le triangle rectangle, et pour cette découverte immola un bœuf. D’autres, comme Apollodore le calculateur, attribuent cette invention à Pythagore. Thalès a encore développé et précisé l’invention du Phrygien Euphorbe citée par Callimaque dans ses Iambes et concernant le triangle scalène, et tout ce qui touche aux considérations sur les lignes.
Il semble encore avoir été en politique un homme de bon conseil. Ainsi, quand Crésus[8] envoya une ambassade aux Milésiens pour demander leur alliance, il s’y opposa, et son intervention sauva la ville, puisque Cyrus l’emporta.
Héraclite cite une opinion de Clytos selon laquelle Thalès aurait eu une vie retirée et solitaire. Les uns disent qu’il se maria et eut un fils nommé Kibissos. D’autres prétendent qu’il resta célibataire et adopta le fils de sa sœur, qu’on lui demanda un jour pourquoi il ne cherchait pas à avoir des enfants, et qu’il répondit : « Par amour pour les enfants. » Sa mère l’exhortait à se marier, il lui répondit : « Non, par Zeus, il n’est pas encore temps. » Elle l’y invita une nouvelle fois quand il eut pris de l’âge, mais il lui dit : « Il n’est plus temps. »
D’après Hiéronyme de Rhodes (Notes, livre II), il voulut montrer combien il était facile de s’enrichir ayant prévu pour l’année une abondante récolte d’huile, il prit à loyer une oliveraie et gagna beaucoup d’argent[9].
Il soupçonna que l’eau était le principe des choses, que le monde était animé et rempli de démons. On dit qu’il découvrit les saisons de l’année, et qu’il la divisa en trois cent soixante-cinq jours. Il ne suivit les leçons d’aucun maître, sauf en Égypte, où il fréquenta les prêtres du pays. A ce propos, Hiéronyme dit qu’il mesura les Pyramides en calculant le rapport entre leur ombre et celle de notre corps. Si l’on en croit Minuès, il vivait au temps de Thrasybule, qui fut tyran de Milet[10].
L’histoire du trépied trouvé par des pêcheurs et dédié aux sages par le peuple de Milet est bien connue.
Des jeunes gens d’Ionie achetèrent à des pêcheurs milésiens leur coup de filet. Ils tirèrent de l’eau un trépied. On se querella et les Milésiens envoyèrent une ambassade à Delphes. Voici quel fut l’oracle de la divinité :
Race de Milet, tu interroges Phébus au sujet d’un trépied ?
Au plus sage de tous, je donne ce trépied[11].
Ils le donnent alors à Thalès, qui le donne à un autre, et cet autre à un autre, et ainsi de suite jusqu’à Solon, qui, déclarant que seul le dieu était le plus sage de tous, rendit le trépied à Delphes.
Callimaque, dans ses Iambes, rapporte cette histoire autrement ; il la tient de Léandre de Milet. Il dit qu’un certain Bathyclès d’Arcadie laissa en mourant une coupe pour qu’elle fût donnée à l’homme le plus sage. Elle fut donc donnée à Thalès, et après être passée de main en main et avoir fait le tour des sages, elle revint à Thalès. Celui-ci en fit don alors à Apollon de Didyme, en ces termes selon le poème de Callimaque :
Thalès me donne au protecteur du peuple du Nil,
Thalès qui a reçu deux fois ce présent,
ce qui, en prose, se dit ainsi : « Thalès de Milet, fils d’Examios, à Apollon delphien, ce présent qu’il a reçu deux fois des Grecs. » Celui qui portait la coupe de sage en sage, le fils de Bathyclès, s’appelait Thyrion (cf. Éleusis, Livre sur Achille, et Alexon de Mynde, Fables, livre IX).
Eudoxe de Cnide et Évanthès de Milet disent de leur côté qu’un ami de Crésus reçut du roi un vase d’or, pour le donner au plus sage des Grecs, qu’il le donna à Thalès et que ce vase parvint jusqu’à Chilon. Celui-ci consulta la Pythie, pour savoir qui était plus sage que lui. Elle répondit que c’était Myson (je parlerai de lui : Eudoxe le met parmi les sages à la place de Cléobule et Platon à la place de Périandre.) Voici la réponse que lui fit la Pythie :
Il y a un habitant de l’Oeta, Myson, né à Chénée,
Qui plus que toi est riche de sages pensées.
L’homme qui consulta l’oracle pour Chilon s’appelait Anacharsis. Dédale le Platonicien et Cléarque disent que la coupe fut envoyée par Crésus à Pittacos, et que c’est ainsi qu’elle passa de main en main. D’après Andron, d’autre part (Livre du trépied), les Argiens décidèrent que le trépied serait attribué comme prix de vertu au plus sage des Grecs. Aristodème de Sparte fut choisi et c’est lui qui donna le trépied à Chilon.
Alcée est aussi partisan d’Aristodème dont il parle dans les vers suivants :
- Comme jadis Aristodème, dit-on,
- Prononça à Sparte cette parole bien juste :
- C’est de l’argent, un homme, oui de l’argent,
- Car l’homme vertueux n’est jamais pauvre.
D’autres disent encore que Périandre envoya à Thrasybule, tyran de Milet, un navire chargé, que ce navire fit naufrage dans la mer de Cos, et que quelque temps après le trépied fut trouvé par des pêcheurs. Phanodicos dit que le trépied fut trouvé dans la mer Attique, porté à la ville, et que l’assemblée du peuple s’étant réunie le fit porter à Bias. Pourquoi cela, je le dirai quand je parlerai de Bias. Selon d’autres auteurs, le trépied avait été fabriqué par Héphaïstos et donné en présent de la part de ce dieu à Pélops lors de son mariage. Il vint ensuite à Ménélas, fut enlevé avec Hélène par Alexandre, jeté dans la mer de Cos à l’instigation de la Spartiate qui prévoyait qu’il serait un sujet de querelle. Plus tard, en ce lieu, des Lébédiens achetèrent le produit d’un coup de filet et c’est le trépied qui fut tiré de l’eau. Il y eut querelle avec les pêcheurs, on vint jusqu’à Cos, et comme on ne s’accordait pas, on s’adressa à Milet, qui était la capitale. Les Milésiens envoyèrent des députés qui ne furent pas écoutés, aussi firent-ils la guerre aux gens de Cos. Comme de chaque côté il mourait beaucoup de gens, l’oracle déclara qu’il fallait donner le trépied au plus sage. Les deux camps s’entendirent alors pour l’attribuer à Thalès, qui par la suite le consacra à Apollon de Didyme. Pour en revenir à la réponse de l’oracle aux gens de Cos, elle disait ceci :
La querelle entre Ioniens et Méropes ne cessera pas
Avant que le trépied d’or qu’Héphaïstos jeta dans la mer
N’ait quitté votre ville pour la maison de l’homme
Qui connaît le présent, l’avenir et le passé.
La réponse aux Milésiens fut la suivante :
Race de Milet, tu interroges Phoebus au sujet d’un trépied...
comme il a été dit plus haut.
En voilà assez sur ce sujet[12].
Hermippe, dans ses Vies, rapporte à Thalès ce qui est dit par d’autres de Socrate : il aimait à dire qu’il remerciait la fortune de trois choses : d’être un humain et non une bête, d’être un homme et non une femme, enfin d’être un Grec, et non un barbare. On raconte encore qu’étant sorti de chez lui pour contempler les astres, il tomba dans un puits[13]. Une vieille femme survenant se moqua de lui en ces mots : « Comment, Thalès, toi qui n’es pas capable de voir ce qui est à tes pieds, t’imagines-tu pouvoir connaître ce qui est dans le ciel ? »
Timon[14] a bien connu aussi la science de Thalès en astronomie, et dans ses Silles, il le loue en ces termes :
Comme Thalès, un des sept sages, qui fut savant astronome.
L’Argien Lobon dit que ses écrits font un total de quelque deux cents vers, et que sous sa statue on écrivit :
Thalès de Milet repose ici dans le sol qui l’a nourri,
Il fut un sage, et le premier des astrologues.
Voici un de ses poèmes :
Le trop parler n’est pas marque d’esprit.
Trouvez une seule chose sage,
Choisissez une seule chose belle,
Et vous clouerez le bec à bien des bavards.
On lui attribue encore les sentences suivantes : de tous les êtres, le plus ancien, c’est Dieu, car il n’a pas été engendré ; le plus beau, c’est le monde, car il est l’ouvrage du dieu ; le plus grand, c’est l’espace, car il contient tout ; le plus rapide, c’est l’esprit, car il court partout ; le plus fort, c’est la nécessité, car elle vient à bout de tout ; le plus sage, c’est le temps, parce qu’il découvre tout. La mort, dit-il, ne diffère en rien de la vie. On lui répond : « Pourquoi, alors, ne te donnes-tu pas la mort ? » ; « Parce que vie ou mort, c’est tout un », réplique-t-il. Quelqu’un lui demande ce qui du jour ou de la nuit fut créé d’abord ; il répond : « La nuit est en avance d’un jour. » On lui demande si les mauvaises actions d’un homme échappent au regard des dieux. Il répond : « Ils voient même les mauvaises pensées. » Un homme adultère lui demandait s’il pouvait jurer qu’il n’avait pas commis d’adultère. Il répondit : « Le parjure n’est pas pire que l’adultère. »
On lui demandait ce qui était difficile : « Se connaître » dit-il ; ce qui était facile : donner un conseil à autrui ; ce qui était le plus doux : jouir ; ce que c’était que la divinité : un être sans commencement ni fin ; encore une chose difficile : voir un tyran âgé ; comment supporter aisément l’infortune : en voyant ses ennemis plus malheureux encore ; comment vivre vertueusement : en ne faisant pas ce que nous reprochons à autrui ; qui est heureux : l’homme bien portant, riche, courageux et instruit.
Il disait encore que l’on doit penser à ses amis aussi bien en leur absence qu’en leur présence, que la beauté ne vient pas d’un beau visage, mais de belles actions. « Ne t’enrichis pas injustement, conseillait-il, et veille à ne pas être cité en justice pour de mauvaises paroles contre tes proches et tes amis. Comme tu traites tes parents, tes enfants te traiteront. »
Du Nil[15] il disait qu’il débordait quand ses eaux étaient repoussées par les vents étésiens qui soufflent contre son cours.
Apollodore dans ses Chroniques dit que Thalès naquit la première année de la trente-cinquième olympiade[16]. Il mourut dans sa soixante-dix-huitième année ou, comme le dit Sosicrate, dans sa quatre-vingt-dixième année, car ce fut dans la cinquante-huitième olympiade. Il vécut du temps de Crésus, auquel il promit de faire traverser l’Hallys[17] sans pont, en détournant le cours du fleuve.
Il y eut cinq autres personnages du nom de Thalès (cf. Démétrios de Magnésie, Homonymes) : un rhéteur de Callatie, au style prétentieux, un peintre de Sicyone, de noble origine, un troisième, très ancien, du temps d’Hésiode, d’Homère et de Lycurgue, un quatrième, mentionné par Douris dans son traité de la peinture, un cinquième, plus jeune et peu connu, cité par Denys dans ses Critiques.
Pour en revenir à notre sage, il mourut en regardant les jeux gymniques, pour avoir eu trop chaud et trop soif et par suite de sa fatigue et de son grand âge. Voici son épitaphe :
- Ce tombeau, certes, est bien petit,
- Mais la renommée de l’homme est allée au ciel.
- C’est celui de Thalès le très sage.
J’ai écrit sur lui les vers suivants dans le premier livre de mes épigrammes ou « vers de mètres divers[18] :
- Tandis qu’il regardait les jeux, ô Zeus Hélios,
- Tu as ravi du stade le sage Thalès.
- Je te loue de l’avoir rapproché du ciel. Il était si vieux
- Que de la terre il ne pouvait plus voir les astres.
Thalès est l’auteur du fameux « connais-toi toi-même » qu’Antisthène (Livre des Filiations) attribue à Phémonoé, en déclarant que Chilon se l’appropria mensongèrement.
Sur les sept sages, qu’il est juste de citer maintenant l’un après l’autre, voici la tradition. Damon de Cyrène, qui blâme tous les philosophes dans ses écrits, s’attaque surtout aux sept sages. Anaximène dit que tous étaient poètes. Dicéarque dit qu’ils n’étaient ni sages ni philosophes, mais hommes d’esprit et législateurs. Archétimos de Syracuse a décrit leurs assemblées chez Cypsélos[19] et dit qu’il y assista personnellement. Euphoros dit que tous, sauf Thalès, fréquentèrent Crésus.
D’autres disent qu’ils se réunirent à Panionium, à Corinthe et à Delphes. On rapporte même leurs paroles, et qui a prononcé telle ou telle. Exemple :
Le Spartiate Chilon fut sage,
Lui qui dit : Rien de trop,
Tout est bien qui vient en son temps !
On n’est pas d’accord sur leur nombre. Léandre, au lieu de Cléobule et de Myson, met Léophante, fils de Gorsias, ou Lébédios d’Éphèse et Épiménide de Crète. Platon, dans le Protagoras[20], met Myson à la place de Périandre. Éphoros met Anacharsis à la place de Myson et d’autres ajoutent Pythagore.
Selon Dicéarque, il y en a quatre sur qui tout le monde est d’accord : Thalès, Bias, Pittacos et Solon. Le même auteur en nomme six autres, parmi lesquels il en choisit trois : Aristodème, Pamphile, le Lacédémonien Chilon, Cléobule, Anacharsis et Périandre. D’autres ajoutent Acousilaos, Caba ou Scala, un Argien.
Hermippe, dans son livre sur les sages, dit qu’ils furent dix-sept et que chacun en choisit sept selon ses préférences. Ce sont Solon, Thalès, Pittacos, Bias, Chilon, Cléobule, Périandre, Anacharsis, Acousilaos, Épiménide, Léophante, Phérécyde, Aristodème, Pythagore, Lasos, fils de Charmantidas ou de Sisambrinos ou, selon Aristoxène, de Chabrinus, Hermonée, Anaxagore.
Hippobotos (Catalogue des Philosophes) les inscrit ainsi : Orphée, Linos, Solon, Périandre, Anacharsis, Cléobule, Myson, Thalès, Bias, Pittacos, Épicharme et Pythagore.
Voici des lettres attribuées à Thalès[21] :
Thalès à Phérécyde
modifier« J’apprends que vous vous disposez à présenter aux Grecs le premier traité ionien des choses divines. Vous agiriez peut-être plus sagement en lisant votre ouvrage à vos amis, qu’en communiquant à n’importe quelles gens des écrits qui ne peuvent guère leur être utiles.
« Si cela vous plaît, j’aimerais profiter de vos recherches et, si vous m’y invitez, je viendrai vous trouver au plus tôt. Car Solon d’Athènes et moi, qui avons déjà traversé deux fois la mer pour aller visiter la Crète, et pour aller en Égypte nous entretenir avec les prêtres et les astronomes du lieu, nous sommes assez sages pour ne pas hésiter à la traverser de nouveau pour aller vous voir.
« Je parle de Solon, parce qu’il viendra avec moi si vous le permettez. Vous êtes un sédentaire, vous allez rarement en Ionie, vous n’aimez guère aller voir les étrangers, et vous ne songez, j’imagine, qu’à écrire.
« Mais nous qui n’écrivons pas, nous parcourons volontiers la Grèce et l’Italie. »
Thalès à Solon
modifier« Si vous quittez Athènes, vous aurez, je crois, tout avantage à venir vous établir à Milet, parmi les colons athéniens. Il n’y a là pour vous aucun danger. Si vous hésitez, sous prétexte que nous, Milésiens, sommes gouvernés par un tyran (je sais que vous haïssez tout pouvoir absolu), songez du moins que vous aurez plaisir à vivre avec nous qui sommes vos amis. Je sais que Bias vous a écrit et vous invite à aller à Priène. Si vous trouvez préférable d’habiter la ville de Priène, j’irai vivre là-bas avec vous. »
Le Jeu des Sept Sages
modifier- Thalès a trouvé [texte grec] pour nous défendre de nous porter cautions, parce qu'il y a du danger à répondre ainsi pour d'autres[iv]. Nous donnons-là un avis qui ne plaira pas beaucoup aux emprunteurs.
- THALÈS : Je suis Thalès de Milet ; j'ai dit, comme le poète Pindare, que l'eau est, le principe de toute chose. C'est à moi que des pêcheurs donnèrent autrefois [un trépied d'or] qu'ils avaient tiré de la mer : ils m'avaient choisi pour obéir au dieu de Délos, qui envoyait ce présent à un sage. Je refusai de le recevoir, je le leur rendis pour le porter à d'autres que je croyais plus dignes. Envoyé à tous les sept Sages, et renvoyé par eux, il nie fut rapporté. Je le reçus alors pour le consacrer à Apollon : car si Phébus a voulu qu'on choisit un sage, ce n'était pas d'un homme, mais d'un dieu qu'il fallait l'entendre. Je suis donc ce Thalès : mais un motif m'amène sur la scène. Comme les deux sages qui m'ont précédé, je viens défendre la sentence dont je suis l'auteur. Elle déplaira, mais non certes aux esprits prudents que l'expérience a instruits et rendus plus avisés. Nous avons dit : [texte grec], ou, en latin : Cautionne, mais tu t'en trouveras mal. Je pourrais parcourir mille exemples pour vous montrer des cautions et des répondants bien et dûment convaincus de repentir. Mais je ne veux nommer personne. Que chacun de, vous ré-fléchisse, et compte en lui-même combien de gens ont perdu ou souffert de s'être ainsi portés cautions pour d'autres. Toutefois, si un pareil service a du charme pour vous, n'y renoncez ni les uns ni les autres.
- Alors que les uns applaudissent, et que les autres, si je les blesse, me sifflent.
- THALÈS DE MILET.
- AVANT d'oser une mauvaise action, à défaut de Témoin redoute ta conscience. La vie s'éteint, mais la gloire de la mort ne meurt point. Ce que tu veux faire, abstiens-toi de le dire. C'est un supplice de craindre ce qu'on ne peut empêcher. Si tu blâmes avec raison, ton hostilité même est profitable ; si tu loues mal à propos, ton amitié même est nuisible. Rien de trop. - Arrêtons-nous, et qu'ici même il n'y ait rien de trop.
Commentaire sur le premier livre d'Euclide, 65, 3
modifierὥσπερ οὖν παρὰ τοῖς Φοίνιξιν διὰ τὰς ἐμπορείας καὶ τὰ συναλλάγματα τὴν ἀρχὴν ἔλαβεν ἡ τῶν ἀριθμῶν ἀκριβὴς γνῶσις, οὕτω δὴ καὶ παρ' Αἰγυπτίοις ἡ γεωμετρία διὰ τὴν εἰρημένην αἰτίαν εὕρηται. Θαλῆς δὲ πρῶτον εἰς Αἴγυπτον ἐλθὼν μετήγαγεν εἰς τὴν Ἑλλάδα τὴν θεωρίαν ταύτην καὶ πολλὰ μὲν αὐτὸς εὗρεν, πολλῶν δὲ τὰς ἀρχὰς τοῖς μετ' αὐτὸν ὑφηγήσατο τοῖς μὲν καθολικώτερον ἐπιβάλλων, τοῖς δὲ αἰσθητικώτερον.
La Souda
modifierΘαλῆς, Ἐξαμύου καὶ Κλεοβουλίνης, Μιλήσιος, ὡς δὲ Ἡρόδοτος Φοῖνιξ: γεγονὼς πρὸ Κροίσου, ἐπὶ τῆς λε# ὀλυμπιάδος, κατὰ δὲ Φλέγοντα γνωριζόμενος ἤδη ἐπὶ τῆς ζ#. ἔγραψε περὶ μετεώρων ἐν ἔπεσι, Περὶ ἰσημερίας, καὶ ἄλλα πολλά. ἐτελεύτησε δὲ γηραιός, θεώμενος γυμνικὸν ἀγῶνα, πιληθεὶς δὲ ὑπὸ τοῦ ὄχλου καὶ ἐκλυθεὶς ὑπὸ τοῦ καύματος. πρῶτος δὲ Θαλῆς τὸ τοῦ σοφοῦ ἔσχεν ὄνομα καὶ πρῶτος τὴν ψυχὴν εἶπεν ἀθάνατον ἐκλείψεις τε καὶ ἰσημερίας κατείληφεν. ἀποφθέγματα δὲ αὐτοῦ πλεῖστα: καὶ τὸ θρυλλούμενον: γνῶθι σαυτόν. τὸ γάρ, ἐγγύα, πάρα δ' ἄτα, Χίλωνός ἐστι μᾶλλον, ἰδιοποιησαμένου αὐτό: καὶ τό, μηδὲν ἄγαν.