Philosophie/Thalès de Milet/Textes et traductions Ier millénaire EC
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Thalès de Milet | |
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Textes et traductions Ier millénaire AEC |
(-625/-620 ⏳, à Milet — -548/-545 ⏳, à Milet) 🔍
I Du nom propre grec ancien Θαλῆς / Thalễs (en), potentiellement « celui qui prospère »;
➥ du verbe θᾰ́λλω / thállō (en), « Fleurir, germer. Grandir, s’épanouir, prospérer. Grossir, abonder. »;
➥ + du suffixe adjectival -ής / -ês.
II Du nom propre grec ancien Μίλητος / Mílētos (en);
Ancienne cité grecque d’Ionie V, fondée, selon diverses légendes, par Milétos, un héro mythologique. Le tyran Thrasybule conserva l’indépendance de Milet à la fin du VIIème siècle AEC grâce à une guerre de 12 ans contre la Lydie 🔄; mais elle tomba au début du VIème siècle AEC; et, au milieu du siècle, passa aux mains des perses 🔄, à la défaite du roi de Lydie Crésus 🔄 par le roi achéménide 🔄 Cyrus II 🔄.
III De l’adjectif grec ancien φιλόσοφος / philósophos, « celui qui aime la sagesse »;
➥ de φίλος / phílos, « ce qui est aimé »;
➥ + σοφός / sophós (en), « intelligent, sage, prudent ».
IV Les présocratiques sont des philosophes III qui, dans la Grèce antique, ont participé aux origines de la philosophie et ont vécu du milieu du VIème siècle AEC jusqu’au IVème siècle AEC, c’est-à-dire pour la plupart avant Socrate 🔄 (-470/-469 ⏳ — -399 ⏳).
V Du grec ancien Ἴων / Íōn (en), « ionien, un habitant d’Ionie. Ion, l’ancêtre mythologique du peuple ionien »;
Région historique du monde grec antique située dans l’ouest de l’Asie Mineure, ou Anatolie, entre Phocée au nord et Milet II au sud; qui passa, au milieu du VIème siècle AEC d’une indépendance de chaque cité, à une domination lydienne, puis à une satrapie perse.
(16 janvier -27 ⏳, nomination de Caius Iulius Caesar Octavianus aux titres d’Augustus et de Princeps par le Sénat romain — fin du IIIème siècle EC, création du système tétrarchique II par Dioclétien III pour faire face aux incursions barbares)
I Du nom commun latin imperium (en), « 1. L’empire, l’État, le gouvernement impérial, le royaume, la domination. 2. Le droit ou le pouvoir de commander ou d’avoir le contrôle ; domination. 3. Commandement ou autorité absolue sur l’empire (ou un autre régime politique) ; souveraineté ; domination. 4. (militaire) Autorité militaire, commandement (d’une armée). 5. L’exercice de l’autorité, de la règle, de la loi, du contrôle, de la souveraineté. 6. Un commandement, un ordre, une direction, une injonction.) »;
➥ du verbe imperō, « 1. (avec datif) Commander, donner des ordres à, imposer, exiger. 2. Gouverner. »;
➥ du préfixe prépositionnal in-, « 1. Dans, à l’intérieur. 2. Contre; dans; sur; vers. 3. (utiliser comme un intensifieur). 4. Attaché à des verbes inchoatifs, il peut exprimer le sens d’un changement en cours ou d’un achèvement partiel. »;
➥ + du verbe parō (en), « 1. Arranger, ordonner, concevoir. 2. Fournir, meubler, préparer. 3. Résoudre, viser, décider. 4. Obtenir, acquérir, se procurer, se faire. »;
➥ + du suffixe nominal abstractif -ium (en), désignant parfois des offices et des groupes. »;
Selon l’historien, spécialiste de l’antiquité grecque, Moses Finley, définit un empire par tout « exercice durable par un État d’une autorité, d’un pouvoir, ou d’un contrôle sur un ou plusieurs États, communautés ou peuples ». L’historien Jean Tulard, précise cette définition par cinq traits suivants :
• Une volonté expansionniste ;
• Une organisation centralisée ;
• Des peuples encadrés par une armature politique et fiscale commune ;
• La croyance en une supériorité d’essence ;
• Un début et une fin clairement identifiés.
II Du nom commun grec ancien τετραρχία / tetrarkhía;
➥ du préfixe τετρα- / tétra- (en), « quatre »;
➥ + du suffixe -αρχία / -arkhía (en), « -archie (forme de gouvernement ou de règle) »;
Système de gouvernement de l’Empire romain mis en place par Dioclétien à la fin du IIIème siècle EC, pour faire face aux invasions barbares. Il consiste en la division de la direction de l’empire entre, d’une part deux empereurs — les augustes —, d’autre part deux lieutenants (successeurs désignés des augustes) — les césars.
III Tria Nomina en latin Gaius Aurelius Valerius, surnommé Dioclētiānus (en) lorsqu’il a été proclamé empereur par ses troupes;
Militaire et empereur, connu pour avoir séparé et élargi les services civils et militaires de l’empire, et réorganisé les divisions provinciales de l’empire, établissant le gouvernement le plus vaste et le plus bureaucratique de l’histoire de l’empire. En 286, il nomme son césar, ou adjoint et successeur, Maximien Auguste, co-empereur, et partage l’Empire entre l’Orient et l’Occident, puis en 293, y nomme respectivement Maximien Galère et Constance Chlore comme césar.
(-5 ⏳ / 1 ⏳, à Corduba — 12 avril 65, à Rome, dans une maison de plaisance, la « quatrième pierre milliaire », contraint au suicide forcé par l’empereur Néron après avoir été dénoncé dans la Conjuration de Pison, sans preuve selon Tacite Annales, l.V, §§LX-LXVI.) 📚 🔍
I Tria Nomina en latin Lucius Annaeus Seneca
I Du nom commun latin Renaissance encyclopaedīa (en); de l’expression grec ancien ἐγκύκλῐος παιδείᾱ / enkúklios paideíā 🔍, « cercle de l’éducation ou des sciences, l’ensemble des sciences qui constituent une éducation complète »;
➥ de l’adjectif ἐγκύκλιος / enkúklios, littéralement « qui est rond ou tourne en rond, circulaire », ou au sens figuré « qui revient en cercle sur soi-même, périodique », « qui embrasse un cercle entier »;
➥ du nom commun παιδεία / paideía, « l’éducation »;
« Si à première vue la signification de cette expression semble être sans ambiguïté, sa portée réelle et la compréhension qu’en avaient les auteurs grecs puis latins font l’objet de débats parmi les spécialistes. En effet, deux interprétations sont possibles lorsqu’un auteur de l’Antiquité a recours à cette expression dans l’un de ses textes. Dans le premier cas, cela équivaudrait à parler d’une éducation ordinaire, commune à tous ; et dans le second cas, cela ferait référence à la quantité de connaissances et de sciences qu’il faudrait maîtriser au préalable avant de commencer l’étude d’un sujet précis, qui serait dans ce cas placé en haut d’une hiérarchie dans les savoirs. »
Lisa Donnadille. Merveilles animalières dans les livres VIII à XI de l’Histoire naturelle de Pline l’Ancien. Littératures. 2020. ffdumas-03927443, p.21
Livre III — De l’eau
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Chapitre XIII.
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- Texte latin
14. Quae sequitur Thaletis inepta sententia est. Ait enim terrarum orbem aqua sustineri et uehi more nauigii mobilitateque eius fluctuare tunc cum dicitur tremere; non est ergo mirum si abundat umor ad flumina profundenda, cum in umore sit totus. Hanc ueterem et rudem sententiam explode. Nec est quod credas in hunc orbem aquam subire per rimas et facere sentinam.
- Traductions
(également disponible ici)
surpris, maintenant, qu’après avoir tenu lieu de tous les éléments, et les avoir produits tous, l’eau suffise à l’entretien perpétuel des fleuves ? Quand les éléments furent séparés les uns des autres, l’eau fut réduite au quart de l’univers, et dans une proportion convenable pour suffire à l’alimentation des fontaines, des ruisseaux et des rivières. Mais voici une idée absurde du même Thalès : il dit que la terre est soutenue par l’eau, et qu’elle flotte sur elle comme un navire ; que les tremblements de terre sont causés par les oscillations et les mouvements du fluide qui la soutient. Il n’est donc pas étonnant qu’il y ait assez d’eau pour alimenter les fleuves, puisque tout le globe est dans l’eau. Mais rejetons cette vieille et informe hypothèse, qui assimile les sources aux flots que la cale entr’ouverte laisse pénétrer dans le vaisseau.
Opiniõ de Thales touchant l’eau.
L’eau , comme dit Thales , eſt le plus fort des Elemens. Il croit meſme qu’elle eſt le premier , & que toutes choſes en ont pris naiſſance. Pour moy ie ſuis de cette opinion , ou du moins de la derniere partie de cette opinion. Car nous 1 diſons que c’eſt le feu qui enueloppera tout le monde , & qui conuertira en ſoy toutes choſes; qu’il deuiendra ſans force quand il n’aura plus de nourriture , qu’apres que le feu ſera eſteint il ne demeurera rien de reſte à la nature que l’eau ſeulement , & que c’eſt en elle ſeule que conſiſte l’eſperance d’vn monde futur. Ainſi le feu eſt la fin du monde , & l’eau en eſt le commencement. Vous eſtonnez-vous donc que les fleuues puiſſent touſiours ſortir d’vn Element , qui eſt fait pour toutes choſes & dont toutes choſes ſe font ? Lors que la nature fit le departement des Elemens , l’eau fut placée de telle ſorte , qu’elle peut ſuffire pour les fleuues , pour les ruiſſeaux , pour les fontaines. Mais ce que Thales dit en ſuitte eſt ridicule , car il dit que le Globe de la terre eſt ſouſtenu par les eaux ; qu’elles le portent comme vn vaiſſeau , & qu’elles l’agitent de la meſme ſorte , lors que nous croyons qu’il tremble. Il ne faut donc pas s’eſtonner , s’il ya touſiours aſſez d’eau pour former de ſi grands fleuues , puis que tout le monde nage fur l’eau. Mais meſpriſez cette vieille , & cette groſſiere opinion , & ne croyez pas que l’eau vienne ſur la terre , comme par des fentes & par des creuaſſes , & qu’elle y ſoit ſeulement comme dans le fond d’vn vaiſſeau.
1. Les Stoïciens. |
Livre IV — Du Nil
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Chapitre II.
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- Texte latin
Euthymenes Massiliensis testimonium dicit : « Navigavi, inquit, Atlanticum mare. Inde Nilus fluit major, quamdiu Etesiæ tempus observant : tunc enim ejicitur mare instantibus ventis. Quum resederint, et pelagus conquiescit, minorque descendenti inde vis Nilo est. Ceterum dulcis maris sapor est, et similes Niloticis belluæ. » Quare ergo, si Nilum Etesiæ provocant, et ante illos incipit incrementum ejus, et post eos durat ? Præterea non fit major, quo illi flavere vehementius. Nec remittitur, incitaturque, prout illis impetus fuit : quod fieret, si illorum viribus cresceret. Quid, quod Etesiæ littus ægyptium verberant, et contra illos Nilus descendit, inde venturus, unde illi, si origo ab illis esset ? Præterea ex mari purus et cæruleus efflueret, non ut nunc turbidus venit. Adde, quod testimonium ejus testium turba coarguitur. Tunc erat mendacio locus, quum ignota essent externa. Licebat illis fabulas mittere. Nunc vero tota exteri maris ora mercatorum navibus stringitur : quorum nemo narrat nunc cæruleum Nilum, aut mare saporis alterius ; quod et natura credi vetat, quia dulcissimum quodque et levissimum sol trahit. Præterea quare hieme non crescit ? et tunc potest ventis concitari mare, aliquando quidem majoribus ; nam Etesiæ temperati sunt. Quod si e mari ferretur Atlantico, semel oppleret Ægyptum. At nunc per gradus crescit.
- Traductions
(également disponible ici)
Euthymène de Marseille en parle comme témoin : « J’ai navigué, dit-il, sur la mer Atlantique. Le Nil roule des eaux plus abondantes, tant que durent les vents Étésiens ; car alors ils refoulent la mer sur le fleuve. Dès qu’ils se sont abattus et que la mer est devenue calme, le Nil, qui peut redescendre vers celle-ci, diminue. Au reste, les eaux de cette mer sont douces et contiennent des animaux semblables à ceux du Nil. » Dans cette hypothèse, qui donne les vents Étésiens pour cause des crues du Nil, qu’on me dise pourquoi ces crues précèdent les vents, persistent quand les vents ne sont plus, enfin n’augmentent plus d’intensité et de violence, et ne diminuent pas selon la violence et l’impétuosité du vent même ; c’est pourtant ce qui devrait arriver, si les vents déterminaient la hausse des eaux. De plus, les vents Étésiens battent directement la côte égyptienne : pourquoi donc le Nil descend-il contre le souffle de ces vents, tandis qu’il devrait couler dans la même direction, s’il leur devait ses débordements ? Enfin, pourquoi, au lieu d’être diaphanes et azurés, ces flots, qu’on fait venir de la mer, sont-ils chargés de limon ? Ajoutez qu’une foule de témoignages réfutent Euthymène. On pouvait mentir, quand les plages étrangères étaient inconnues : c’était alors le temps des fables ; mais aujourd’hui mille vaisseaux marchands côtoient la mer extérieure ; personne ne dit que le Nil ait des flots d’azur ; personne ne donne à la mer une saveur douce, que la nature refuse à ses eaux : car le soleil en pompe sans cesse la partie la plus douce et la plus légère ; ensuite pourquoi le Nil ne croîtrait-il point pendant l’hiver ? la mer alors peut être battue par les vents, par des vents plus violents que les Étésiens, qui sont modérés. Enfin, si le mouvement venait de l’Atlantique, l’Égypte entière serait inondée tout d’un coup : or, l’inondation est graduelle.
En quelle faiſó ſe fait l’accroiſſement du Nil.
[...] Si vous en croyez Thales , les vents Etheſiens reſiſtent au Nil en deſcendant dans la mer; & arreſtent ſon cours, en pouſſant la mer contre ſes ſept emboucheures. Si bien qu’eſes ſtant repouſſé de la ſorte il retourne ſur ſoy-meſme , & ne croiſt pas comme l’on penſe , mais par ce qu’il trouue vn obſtacle qui l’empeſche de paſſer outre , il eſt contraint de s’arreſter , & ne pouuant plus pourſuiure ſa courſe , il ſe reſpand par où il peut ſe répandre. Euthimenes de Marſeille en rend ce teſmoignage. I’ay nauigé, dit il, ſur la mer Atlantique , & c’eſt par elle que le Nil deuient plus grand, lors que les vents Etheſiens ſoufflent ; car alors cette mer ſort pour ainſi dire d’elle-meſme par la force & par la violence de ces vents. Mais lors qu’ils ne ſoufflent plus la mer demeure tranquille, & le Nil ne trouue plus rien qui l’empeſche de deſcendre , Au reſte l’eau de la mer eſt douce en ce temps-là , & l’on y void des beſtes ſemblables à celles du Nil. Mais ſi les Etheſiens ſont enfler le Nil, pourquoy ſon débordement commence il auant qu’ils ſoufflent & pourquoy dure - il encore lors qu’ils ont ceſſé de ſouffler. Dauantage ils ne s’enfle pas plus que de couſtume , quand ces vents ſoufflent auecque plus de violence qu’ils ne ſont ordinairement. Enfim il ne ſe hauſſe & ne s’abaiſſe pas ſelon que leur impetuoſité eſt plus ou moins grande , ce qui arriveroit ſans doute s’il s’enfloit par la force de ces véts. Mais comme les Eteſiens battent directement les bords de l’Egypte, & que le Nil deſcend contre eux ; il faudroit s’ils eſtoient cauſe de ſon accroiſſement , qu’il commençaſt par l’endroit d’où ils viennent. Outre cela il ſortiroit tout pur de la mer, & de la couleur de la mer, & ne ſeroit pas trouble & limonneux , comme il eſt. Et apres tout le teſmoignage d’Euthimene , eſt condamné par le plus grand nombre. Il eſtoit permis de mentir quand on n’auoit point de connoiſſance des pays eſtrangers ; & alors on pouuoit facilement nous en enuoyer des fables. Mais aujourd’huy tous les riuages des mers les plus eſloignées ſont remplis de vaiſſeaux de marchands, & pas vn ne nous apporte que le Nil ſoit de la couleur de la mer, ou que la mer ait vn autre gouſt. Quand nous aurions des raiſons pour nous la perſuader , la nature nous empeſcheroit de le croire par ce que le Soleil en attire ce qu’il y a de plus leger & de plus doux. Dauantage pourquoy ne croiſt-il pas en Hyuer , puis que la met en ce temps là peut eſtre agitée par des vents plus violents, que les Etheſiens qui ſont touſiours moderez. Que ſi le Nil venoit de la mer Atlantique , il couuriroit l’Egypte tout d’vn coup, & neantmoins il ne la couure que peu à peu.
Livre VI — Des tremblements de terre
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Chapitre VI.
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- Texte latin
- Traductions
(également disponible ici)
amas le nom d’Océan, de grande mer ou d’eau élémentaire, eau simple. Cette eau, dit-il, soutient la terre comme un grand vaisseau pesant sur le liquide qu’il comprime. Il est inutile d’exposer les raisons qui font croire à Thalès que le corps le plus pesant de la nature ne peut être soutenu par un fluide aussi délié et aussi rare que l’air : car il s’agit ici des tremblements de terre et non de l’assiette du globe. La grande raison de Thales pour faire de l’eau la cause des secousses de la terre, c’est que, dans tout tremblement considérable, jaillissent des eaux nouvelles ainsi les vaisseaux se remplissent d’eau quand ils penchent d’un côté ; chargés à l’excès, ou ils sont submergés, ou ils s’enfoncent à droite et à gauche plus profondément dans la mer. Il ne faut pas longtemps discuter pour voir la fausseté de cette opinion. Si la terre était soutenue par les eaux, elle serait quelquefois fortement ébranlée, mais de plus elle serait toujours flottante, et il faudrait s’étonner non de son agitation , mais de son repos ; enfin, au lieu d’être ébranlée en
Si l’eau eſt la cauſe des tréblemés de terre.
Ce n'eſt pas vn homme ſeul qui a dit , que l’eau eſtoit cauſe du tremblement de la terre ; & l’on ne l’a pas dit d’vne ſeule façó. Thales Mileſien a crû que toute la terre eſtoit portée ſur l’eau , & qu’elle y nageoit, ſoit que vous appelliez cette eau Ocean, ou que vous l’appelliez grade mer, ou vne eau d’vne autre nature , eau ſimple , element humide. C’eſt ſur cette eau, dit-il, que le monde eſt ſouſtenu, comme quelque vaiſſeau d’vne grandeur demeſurée , qui charge les eaux qui le ſouſtiennent. Il ſeroit inutile de rapporter les raiſons qui luy ſont croire que la plus peſante partie du móde ne peut eſtre ſouſtenuë par l’air qui eſt ſi ſubtil, ſi fluide & ſi delié ; & d’ailleurs, il ne s’agit pas icy de l’aſſiete de la terre , mais du tremblement de la terre. Ainſi pour preuue que les eaux ſont cauſe que la terre tremble , il dit qu’il ne ſe fait preſque point de grands tremblemens de terre, qu’on n’en voye ſortir enſuitte de nouuelles ſources; que la terre reſſemble en cela aux vaiſſeaux qui ne peuuent pancher d’vn coſté, qu’ils ne puiſent de l’eau, qui ſe reſpand ſur toutes les choſes qu’ils portent , ſi elles ſont trop enfoncées; ou qui s’éleue de part & d’autre à la gauche , & à la droite. Il n’eſt pas besoin d’vn long diſcours pour montrer la fauſſeté de cette opinion ; car ſi l’eau ſouſtenoit la terre, quelquesfois elle trembleroit toute entiere, & ſeroit touſiours en mouuement; & nous ne nous eſtonnerions point de la voir remuer, mais de la voir ferme & inébranlable. Elle trembleroit toute entiere , & non pas en partie , car vn vaiſſeau n’eſt iamais agité par vne moitié ſeulement ; & apres tout nous voyons que le tremblement ne ſe fait pas de toute la terre , mais ſeulement d’vne partie. Comment donc ſe peut-il faire que ce qui eſt porté tout entier ne ſoit pas entierement agité , ſi la choſe meſme qui porte eſt eſmeuë & agitée ? Mais pourquoy ſort-il de l’eau apres vn tremblement de terre ? Premierement la terre a ſouuent tremblé ſans qu’on en ayt veu ſortir de nouuelles ſources. D’ailleurs ſi l’eau ſortoit par cette raiſon elle ſe reſpandroit par les coſtez de la terre , comme nous voyons dans les fleuues & dans la mer , où lors que le vaiſſeau s’enfonce on remarque que l’eau s'éleue , principalement par les coſtez. Enfin ces eaux ne ſortiroient pas en ſi petite quantité, ny par vne fi petite ouuerture , mais il ſe ſeroit vne grande inondation, comme procedant de cette abondance d’eaux qui ſouſtiennent tout l’vniuers.
(23/24, à Novum Comum ou Vérone — 79, à Stabies, mort par asphyxie près de Pompéi, lors de l’éruption du Vésuve, en voulant observer le phénomène au plus près et en désirant porter secours aux victimes, alors en poste à Misène en tant que Préfet commandant la flotte militaire romaine) ⏳ 📚 🔍
I Tria Nomina en latin Caius Plinius Secundus
Livre II
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Chapitre IX.
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- Texte latin
(également disponible une édition 1848 ici et 1829 là)
- Traductions
1 Vicistis Vulg. — Vinxistis cod. Dalech. — Vinxistis me parait meilleur. Comp. ce que dit Pline plus loin, ch. 24, sur l’affinité de l’esprit humain avec les astres. |
(édition 1848 également disponible ici)
I Du nom propre grec ancien Περσεύς / Perseús(en);
Dernier roi de Macédoine de la dynastie des Antigonides, vaincu en -168 à la bataille de Pydna à l’issue de la troisième guerre macédonienne, causant la disparition du Royaume de Macédoine.
(-212⏳, Pella, au nord de l’actuelle Grèce — -166⏳, Alba Fucens, au centre de l’actuelle Italie)
II Tria Nomina en latin Lucius Æmilius Paullus, surnommé Macedonicus par le Sénat à la suite de sa victoire;
Homme politique romain, consul à 2 reprises en -182 et -169. Il remporta la victoire contre le royaume de Macédoine à Pydna en battant le roi Persée I, ce qui mit fin à la dynastie des Antigonides.
(ca. -230⏳, Rome — ca. -160⏳, Rome)
III Du nom propre grec ancien Στησίχορος /Stēsíkhoros (en);
➥ du verbe ἵστημι /hístēmi, « 1. (voix transitive, active des temps présent, imparfait, futur et 1er aoriste) : • Faire se tenir debout, se tenir debout; • Arrêter, rester, vérifier; • Mettre en place : - Faire monter, élever, réveiller, remuer; - Nommer, désigner; - Établir, instituer; • Mettre dans la balance, peser. 2. (voix intransitive, moyenne et passive, voix active du 2e aoriste, parfait et plus-que-parfait) : • Se tenir debout; • Se tenir immobile : (au sens figuré) Rester ferme; • Être dressé ou debout, se lever, s’élever : - (en général) Se lever, commencer; - (en marquant le pas) Être; - Être désigné. »;
➥ + du nom commun χορός / khorós, « 1. Danse en rond. 2. Danse accompagnée de chant, danse chorale. 3. Chœur, chorale, groupe de chanteurs et de danseurs. 4. Groupe, troupe. 5. Rangée. 6. Lieu de danse. 7. (théâtre) Chœur »;
Poète lyrique grec, considéré comme l’un des neuf poètes lyriques de la Grèce antique.
(ca. -630⏳, Metauria, colonie de la Grande-Grèce, au sud de la région de Calabre, au sud de l’Italie — ca. -555⏳, Catane, colonie de la Grande-Grèce, à l’est de la Sicile)
IV Du nom propre grec ancien Πίνδᾰρος /Píndaros (en);
Poète lyrique grec, considéré comme l’un des neuf poètes lyriques de la Grèce antique.
(-518⏳, Cynocéphales, cité grecque située près de Thèbes, en Béotie — -438⏳, Árgos, cité grecque de la région de l’Argolide, à l’est de la péninsule du Péloponnèse)
V Du nom propre grec ancien Νῑκίᾱς /Nīkíās (en);
➥ du nom commun νίκη / níkē (en), « 1. Le fait de gagner : la victoire, le succès [avec le génitif "sur, dans quelque chose"] : • Les choses gagnées dans la victoire, les fruits de la victoire; • La supériorité, l’avantage. »;
➥ + du suffixe nominal masculin -ίας / -ías (en);
Homme politique et général athénien durant la guerre du Péloponnèse, qui oppose la ligue de Délos, menée par Athènes, et la ligue du Péloponnèse, sous l’hégémonie de Sparte de -431 à -404. Sa supersition liée à une éclipse lunaire, s’étant produite lors de l’expédition de Sicile, est également relatée par Thucydide HdlgdP l.VII, §.L et Plutarque ⤵️ DlS l.I.
IX. Sulpicius Gallus 1 fut le premier Romain qui expliqua au vulgaire la raison des éclipses de soleil et de lune. Il fut consul avec Marcus Marcellus ; mais il n’était que tribun militaire lorsque la veille de la victoire que Paul Emile remporta sur Persée 2, son général le fit paraître devant l’armée assemblée, pour lui annoncer l’éclipse qui allait arriver, et la délivrer de l’alarme qu’elle aurait pu en concevoir. Il composa bientôt après un volume sur ce sujet. Parmi les Grecs, Thalès de Milet 3 dirigea le premier ses recherches sur ce phénomène, et la quatrième année de la 48e olympiade, qui répond à l’an 170 4 de Rome, il prédit l’éclipse de soleil qui eut lieu sous le règne d’Alyatte 5. Après eux, Hipparque dressa des tables du cours de ces deux astres pour six cents ans 6 : mois, heures, jours, situations respectives des lieux, aspects du ciel selon les diverses nations 7, tout y est compris, tout a été vérifié par le temps 8; on croirait l’astronome admis au conseil de la nature. Génies vastes et plus qu’humains, d’avoir ainsi surpris la loi de ces deux grandes divinités 9, et affranchi d’effroi la malheureuse espèce humaine, qui tremblait en voyant dans chaque éclipse l’annonce de quelque grand crime, ou craignait la mort des astres 10 (effroi dont Stésichore et Pindare 11, ces poètes sublimes, ne furent point exempts dans les éclipses de soleil), ou qui attribuait à des enchantemens celles de la lune, et venait à son secours en faisant un bruit discordant 12. C’est pour en avoir ignoré la cause, que, frappé de cette même terreur, Nicias 13, général des Athéniens, n’osa pas faire sortir sa flotte du port, et causa la ruine de leur puissance. Gloire à vous, interprètes du ciel, génies aussi étendus que la nature, inventeurs d’une science qui enchaîne à une même destinée les dieux et les mortels ! Quel est donc l’homme qui, voyant les astres en travail (pour me servir du nom qu’il a plu de donner aux crises qu’ils, subissent périodiquement), ne se soumettra pas à sa destinée?
Je vais maintenant toucher brièvement et sommairement les points sur lesquels on est d’accord dans cette matière, et j’en rendrai raison en passant, lorsque cela sera tout-à-fait nécessaire; car un développement de preuves n’est pas le but de l’ouvrage que j’ai entrepris, et il n’y a pas, je pense, moins de mérite à pouvoir rendre raison de toutes choses, qu’à s’arrêter à en prouver quelques-unes.
1 Tite-Live, XLIV, 37, Quintilien, I, 10, Plutarque ⤵️, Vie de Paul Emile, Frontin, I, etc., prétendent, comme Pline, que Sulpicius Gallus prédit l’éclipse anx soldats romains. Cicéron 🔄 (Répub., I, 15 , page 44, édit. Maj.) dit au contraire que l’éclipse était déjà arrivée lorsque Sulpicius Gailus commençait à s’efforcer d’ôter aux soldats romains la terreur qu’ils avaient conçue de cet événement, en leur expliquant les causes des éclipses. |
2 Selon Tite-Live (XLIV, 37), l’éclipse eut lieu dans la soirée du 3 septembre, cent huit ans avant J.-C., entre sept et dix heures (ab hora secunda usque ad quartam noctis, quam pridie nonas sept, secula est dies). M. Ideler (Chronologie, II, 104) a calculé cette éclipse. Il a trouvé, comme M. de Nauze, que, selon le calendrier Julien, elle arriva dans la soirée du 21 juin de l’an 168 avant J.-C. à Rome, la lune commença à s’éclipser vers 5h.44’ du soir ; depuis 6h.51’ jusqu’à 8h.18’, la lune fut totalement éclipsée, ; à 9h.,24’, la lune ne fut plus obscurcie du tout. En Macédoine, tous ces phénomènes arrivèrent 39 minutes plus tard. Le 21 juin, le soleil se coucha à Rome et en Macédoine vers 7h.33’, et s’y montra alors à 44 1/2’ h. équatoriales. Ainsi, la première heure de la nuit finissait vers 8h.17’, la seconde vers 9h.2’, la troisième vers 9h.46’, la quatrième vers 10h.31’. La lune fut donc éclipsée totalement au moment où elle se leva dans la Macédoine, et cette éclipse totale y finit dans la seconde heure de la nuit ; au milieu de la quatrième, la lune ne fut plus obscurcie du tout. S’il est vrai, que cette éclipse lunaire, comme Pline, Tite-Live et d’autres le disent, fut prédite par Sulpicius Gallus, l’on devrait avouer que ce Romain s’entendait très-bien au calcul des éclipses lunaires. Mais les récits de Cicéron et de Valère-Maxime ne seraient-ils pas plus vrais que ceux de Pline et de Tite-Live ? |
3 Le même fait est rapporté par Hérodote 🔄, I, 74, par Diogène Laërce ⤵️, I, 6 , par Clément d’Alexandrie ⤵️, Strom., I, page 302 , par Plutarque, Opinions des Philosophes, II, 24, par Tzetzès, Chil. II, v. 869, et par Hardouin. Oltmann a publié une dissertation dans laquelle, à l’aide des tables astronomiques les plus modernes, il est arrivé à ce résultat, que l’éclipse solaire dont il est question ici eut lieu le 3o septembre 610 ans avant J.-C. L’éclipse était totale pour les environs de la ville d’Érzerum sur le Halys 🔄, où Volney place le champ de bataille des rois Halyattes 🔄 et Cyaxare 🔄. La quatre-vingtième partie du disque solaire seule ne fut pas éclipsée pour le lieu de la terre où Oltmann place le champ de bataille, qui est situé, selon lui, sous 36° long. à l’est de Terro et sous 40° lat. sept. Dans le pays des Ioniens où Thalès prédit l’éclipse, selon Hérodote, l’éclipse se monta à 11 1/2’. M. Desvignolles (Chronologie de l’histoire sainte, t. II, pag. 245 et suiv.) fixe l’éclipsé prédite par Thales au 38 mai de l’an 585 avant J.-C. ; son opinion a été adoptée depuis par presque tous les chronologistes et historiens, et par Brotier et M. Alexandre. Elle a été réfutée avec succès par Oltmann, qui s’est servi de tables astronomiques bien plus exactes que celles de M. Desvignolles ; en effet, celui-ci a démontré par ses calculs que l’éclipse totale du soleil du 28 mai de l’an 585 avant J.-C., ne fut pas totale dans les lieux où les troupes du roi lydien Halyatte combattirent contre celles du roi Cyaxare ; que, dans ces régions, elle ne se monta pas à plus de 7 1/2 pouces, et que, d’ailleurs, le soleil ne s’était pas encore levé lorsque Féclipse était le plus forte pour les habitans des pays nommés. Mais Hérodote dit positivement que l’éclipse prédite par Thalès fut totale dans ces contrées, et qu’elle eut lieu en plein jour. (Voyez IDELER, Chronologie, t. I, pag. 209 et 210.) Nous remarquerons pourtant avant de finir cette note que la date de Desvignolles est plus conforme que celle d’Oltmann à l’année dans laquelle l’éclipse prédite par Thalès, arriva selon Pline. En effet, le naturaliste romain dit que cette année est la six cent quatre-vingt-cinquième avant J.—C., et c’est justement le 28 mai de cette année que l’éclipse prédite par Thalès arriva, selon M. Desvignolles. Volney pense que l’éclipse en question arriva le 3 février de de l’an 626. Oltman a démontré, dans son Mémoire sur l’éclipse de Thalès, que celle de Volney était déjà passée lorsque le soleil se leva sur le champ de bataille des rois Halyattes et Cyaxare. |
4 L’an 170. C’est ainsi que l’on doit lire, et non CLX, comme l’ont fait Hardouin et Poinsinet; la quatrième année de la quarante-huitième olympiade, correspondant à l’an 170 de Rome, si l’on suppose avec Varron que cette ville a été fondée dans la deuxième année de la 6e olympiade. |
5 Le nom de ce roi est écrit avec un esprit rude dans Hérodote, ce qui a donné lieu à Poinsinet et à d’autres traducteurs de Pline de substituer le mot Halyatte à celui d’Alyatte. Alyatte ou Halyatte fut roi de la Lydie et père de Crésus. Il faisait la guerre à Cyaxare, roi des Mèdes, lorsque l’éclipse solaire en question interrompit le combat. |
6 On lit dans le Syncelle (Chronolog., pag. 17) que les Chaldéens ont connu une période de six cents années solaires. Josèphe ⤵️ (Ant. jud., I, page 17 et 18, édit. Havercamp) dit que Dieu donna une longue vie aux patriarches pour qu’ils pussent cultiver avec succès les sciences astronomiques et géométriques, ce qu’ils n’auraient pu faire s’ils n’avaient pas vécu au moins six cents ans ; car la grande année ne finit pas plus tôt. Ainsi, il est certain qu’avant Hipparque les Chaldéens et d’autres peuples asiatiques ont connu une période de six cents années solaires. Mais Cassini (Anciens mém. de l’Acad., t. VIII, pag. 4 et 5) et Bailly (Hist. de l’astr. ancienne, t. II, liv. 3, Eclairciss.) ont prouvé que tous les six cents ans les nouvelles et pleines lunes n’arrivent pas seulement au même jour et à la même heure qu’auparavant, mais encore à la même minute. Ne serait-il donc pas probable qu’Hipparque, comme le dit Ideler (Historische untersuchungen uber die astronomischen beobachtungen der alten, Berlin 1806, page 417) a connu cette période chaldéenne, et que delà résulte l’étendue de six cents ans donnée à son calendrier selon Pline. Abel-Burja de Leipzig a tâché d’expliquer d’une autre manière la durée du calendrier d’Hipparque (Astronomisches Jahrbuch, 1797, pag. 233 et 234). Ptolémée et Censorin racontent qu’Hipparque est auteur d’une période soli-lunaire de trois cent quatre années solaires. En la prenant deux fois, on obtient une période de six cent huit ans. Celle-ci fut abrégée par Hipparque de huit ans, afin d’obtenir un nombre entier de siècles pour son calendrier. Ideler a fait une objection très-juste contre cette opinion de Burja ; c’est que la période de six cent huit ans n’a aucun avantage sur celle de trois cent quatre ans. On ne voit donc pas ce qui a pu engager Hipparque à préférer le nombre de six cents ans à celui de trois cents, lorsqu’il composait son calendrier. |
7 C’est-à-dire il écrivit des éphémérides dans lesquelles il avait calculé d’avance les néomenies et les pleines lunes. Il fit aussi entrer dans son calendrier les longueurs des jours et des heures variables, ὧραι καιρικαι, ainsi que les aspects du ciel, visus populorum, tels qu’ils eurent lieu chez les habitans de différentes contrées de la terre. Il ajouta une table des longitudes et des latitudes des principaux pays et villes du globe. Ptolémée (Géogr., I, ch. 4) en dit autant d’Hipparque. |
8 Les tables d’Hipparque étaient dressées pour six cents ans. Cet astronome florissait vers cent cinquante ans avant J.-C. Ainsi, du temps de Pline, on avait encore à jouir de ces tables pour quatre cents ans environ. POINSINET. |
9 Pline donne souvent l’épithète de divinités aux planètes, à la lune, au soleil, à la terre et aux étoiles fixes. |
10 Nous transcrivons ici ce beau passage de l’Uranographie de M. Francoeur, qui mérite d’être mis en parallèle avec celui de Pline pour l’élégance du style et les pensées, et qui renferme le meilleur commentaire que nous puissions donner de tout ce que Pline dit des terreurs que les éclipses causaient autrefois aux hommes ignorans. « L’histoire, dit M. Francoeur (page 93), est pleine des exemples de l’effroi causé par les éclipses, et des dangers que produisent l’ignorance et la superstition. Nicias avait résolu de quitter la Sicile avec son armée ; effrayé par une éclipse de lune, et voulant temporiser plusieurs jours pour s’assurer si l’astre n’avait rien perdu après cet évènenement, il manqua ainsi l’occasion de sa retraite; son armée fut détruite ; Nicias périt, et ce malheur commença la ruine d’Athènes. « Souvent on a vu des hommes adroits tirer parti de la frayeur du peuple pour l’amener à remplir leurs desseins. Christophe Colomb, réduit à faire subsister ses soldats des dons volontaires d’une nation sauvage et indigente, était prêt à voir tarir cette ressource et à périr de faim ; il annonce qu’il va priver le monde de la lumière de la lune. L’éclipse commence et la terreur s’empare des Indiens, qui reviennent apporter aux pieds de Colomb les tributs accoutumés. « Drusus (TACITE , Annales, I, 28) apaisa une sédition dans son armée, en prédisant une éclipse de lune, et, selon Tite-Live, Sulpicius Gallus, dans la guerre de Paul-Emile contre Persée, usa du même stratagème. Periclès, Agathocles de Syracuse, Dion, roi de Sicile, ont failli être victimes de l’ignorance de leurs soldats. Alexandre, près d’Arbelles, est réduit à user de toute son adresse pour calmer la terreur qu’une éclipse avait jetée parmi ses troupes. Les hommes supérieurs, plutôt que de plier sous les circonstances qui les maîtrisent, mettent leur art à les tourner à leur profit. « Combien de fables établies d’après l’opinion que les éclipses sont l’effet du courroux céleste qui se venge des iniquités de l’homme en le privant de la lumière! Tantôt Diane va trouver Endymion dans les montagnes de Carie; tantôt les magiciennes de Thessalie font descendre la lune sur les herbes qu’elles destinent aux enchantemens. » Carmina vel cælo possunt deducere lunam. Virg., Eclog. VIII. « Ici c’est un dragon qui dévore l’astre, et qu’on cherche à épouvanter par des cris ; le dieu tient le soleil enfermé dans un tuyau, et nous ôte ou nous rend la vue de cet astre à l’aide d’un volet, etc. Les progrès des sciences ont fait connaître le ridicule de ces opinions et de ces craintes, depuis qu’on a vu qu’il était possible de calculer par les tables astronomiques, et de prévoir long-temps d’avance l’instant où la colère du ciel devait éclater. « Cependant, naguère encore, l’épouvante a causé les revers des armées de Louis XIV, près de Barcelone, lors de l’éclipse totale de l’an 1706 (en), et la devise, nec pluribus impar, a prêté aux allusions injurieuses ! » |
11 Pindare était le plus fameux poète de la Grèce après Homère. Il vint au monde l’an 134 avant l’ère chrétienne. POINSINET. Plutarque (De la face de la lune, pag. 931) dit aussi que Stésichore et Pindare craignaient beaucoup les éclipses. Le dernier poète a peint les terreurs que lui causaient ces phénomènes dans son poëme sur le soleil. HARDOUIN et DALECHAMP. |
12 Cet usage superstitieux dont Plutarque parle au long dans sa vie de Paul-Émile, a fourni un vers fort plaisant à Juvénal, lorsqu’après avoir épuisé toute sorte d’exagération pour représenter le bruit qu’une femme fait en criant, il finit par dire : Una laboranti poterit succurrere lunæ. « Elle seule, au besoin, décharmerait la lune. » POINSINET. |
13 Le même fait est raconté par Plutarque dans la vie de Nicias, par Quintilien, I, 10, et par d’autres écrivains anciens. HARDOUIN. |
LE PREMIER d’entre les Romains qui rendit publique la théorie des éclipſes de ſoleil & de lune, fut Sulpicius Gallus 1, celui que Marcus Marcellus eut pour Collegue au Conſulat : mais il n’étoit que Tribun Militaire 2, lorſqu’il diſſipa l’allarme qu’auroient pu prendre nos troupes la veille de la victoire remportée ſur Perſée par Paul Emile ; car ce Général l’ayant produit devant les ſoldats aſſemblés, il leur prédit une éclipſe qui devoit arriver 3 ; il compoſa même enſuite un Ouvrage ſur ce ſujet. Parmi les Grecs, Thalès de Milet prédit l’an quatrieme de la quarante-huitieme olympiade l’éclipſe de ſoleil qui arriva ſous le regne de Halyattes 4, l’an cent ſoixante de la fondation de 5 Rome. Après eux, Hipparque 6 dreſſa des Tables en vers 7 du cours de ces deux aftres pour fix cents ans. Dans ces Tables , de l’exactitude deſquelles notre âge rend encore témoignage 8, il embraſſe les éphémérides propres à chaque nation 9, les jours, les heures, le ſite reſpectif de chaque lieu, & les divers aſpects du ciel relativement aux divers peuples, comme ſi la Nature l’eût admis à ſon conſeil intime. Perſonnages vraiment grands! génies plus qu’humains, d’avoir ainſi ſurpris les loix qui font mouvoir ces vaſtes puiſſances du ciel ; & d’avoir guéri de ſes allarmes l’imagination malade des hommes, qui juſqu’alors, ou avoient toujours vu dans les éclipſes l’annonce effrayante de quelque grand crime & de quelque mort (terreur dont Stéſikhore 10 & Pindare 11, ces Poètes ſublimes, ne furent point exempts à l’égard des éclipſes ſolaires), ou attribuoient les ténebres dont ſe couvre la lune à des maléfices opérés par le mêlange de certaines herbes magiques ; & croyoient devoir la ſecourir par un bruit diſcordant 12. Cette même terreur fut cauſe que le Général Nicias 13, peu au fait des cauſes phyſiques, & n’oſant pas, par ſuperſtition, ſortir ſa flotte du Port, mit Athenes à deux doigts de ſa perte. Honneur 14 à vous, Interpretes du Ciel ! Eſprits 15 dont l’étendue ſurpaſſe celle de la Nature ; Inventeurs d’une méthode qui aſſujettit les dieux comme les hommes, à une même deſtinée ! Eh! qui pourroit, en voyant les aſtres même en criſe (pour me ſervir de l’expreſſion commune), ne pas ſe ſoumettre à la néceſſité où ſa condition mortelle l’enchaîne.
Préſentement je vais toucher par articles fort courts & fort précis les points ſur leſquels on s’accorde le plus. Je réſoudrai, chemin faiſant, quelques queſtions, lorſque le cas l’exigera, mais toujours d’une maniere très ſommaire ; car une analyſe en forme d’arguments ſuivis excéderoit le but de cet Ouvrage : & puis, je penſe qu’il n’y a pas moins de mérite à rendre une raiſon plauſible de toutes choſes, qu’à rendre une raiſon bien ſolide de deux ou trois choſes ſeulement.
1 Son premier prénom étoit Caïus. Voyez à ſon ſujet Tite-Live, l. 44. Valere maxime, l. 8. Quintilien, l. I. ch. 10. Plutarque, vie de Paul-Emile, &c. |
2 Ce grade répond à celui de Major-général des Troupes. |
3 Cette éclipſe, ſelon Tite-Live, fut annoncée aux ſoldats pour la nuit ſuivante. Sulpicius Gallus leur prédit que la lune s’éclipſeroit entre la ſeconde heure de la nuit & la quatrieme. Plutarque ajoute qu’on étoit alors à l’iſſue de l’été (ſub exitum aſtatis). Paul d’Aquilée écrit que cette éclipſe arriva aux nones de Septembre (nonas Septembris), c’est-à-dire au 4 Septembre : c’étoit l’an 168 avant J.C. ſelon le calcul d’Uſſerius. |
4 Il paroît que Ciceron & Euſebe ſe trompent lorſqu’ils placent cet événement ſous Aſtiages : Hermolaüs s’eſt trompé d’après eux, en ſubſtituant Aſtiages à Halyattes dans le texte de Pline, contre la foi des manuſcrits, & contre le témoignage d’Herodote qui place cet événement dans une guerre entre Halyattes, Roi de Sardes, & Cyaxare, Roi des Medes, pere d’Aſtiages. |
5 Les deux manuſcrits royaux portent anno CLX : c’eſt la leçon qu’il faut ſuivre. En effet, Rome, ſelon Varron, fut fondée l’an 2 de la ſixieme olympiade, c’est-à-dire, dans l’année olympiadique 22. Mais comme chaque olympiade, depuis leur premiere inſtitution, commençoit après le ſolſtice d’été, & comme l’année Romaine avoit toujours commencé au plus tard en Mars ſous Romulus, & depuis en Janvier ſous Numa, il s’enſuit que la premiere année de Rome, qui répondoit à l’année olympiadique 22, répondoit en même-tems, de quatre mois au moins, à l’année olympíadique 23. Selon ce calcul, la quatrieme année de la quarante-huitieme olympiade, répond en partie à l’an 160, & en partie à l’an 161 de la fondation de Rome, puiſque 48 olympiades font cent quatre-vingt-douze années, deſquelles ſi vous ôtez 22 ans écoulés, ſelon Varron, entre la premiere olympiade & la fondation de Rome, il reſtera 160 ans, & 161 ans ſi l’on a égard à l’enjambement réciproque des années olympiadiques ſur les années Romaines, & des années Romaines ſur les années olympiadiques. Il eſt donc évident que le calcul de Pline (anno CLX) eſt juſte, en admettant l’hypotheſe chronologique de Varron, à laquelle on voit bien que notre Auteur s’eſt conformé en cette occaſion particuliere encore qu’en pluſieurs autres rencontres il paroiſſe affecter de ſuivre le ſyſtême de Caton : viciſſitude pardonnable dans un ouvrage de compilation où Pline a dû, comme malgré lui, adopter tantôt le ſtyle d’un Auteur, tantôt celui d’un autre, ſelon la ſource où il puiſoit pour l’heure. Si Pline eût ſuivi l’hypotheſe de Caton qui place la fondation de Rome deux ans plus tard que Varron, il eût fait tomber le rapport ſur l’année 157 ou 158 de la fondation de Rome. C’eſt le parti que prend le Pere Hardouin, & c’eſt de là qu’il part pour propoſer une correction dans le texte. Mais encore une fois, c’eſt commettre ſoi-même une faute que d’en trouver une chez Pline en cette occaſion ; puiſque cet Auteur a été en droit de ſe ſervir du ſyſtème Varronien, ou ce qui revient au même, de conſerver la date Varronienne dont s’étoit ſervi l’Auteur de qui il emprunte le fait hiſtorique en queſtion. |
6 Voyez les notes ſur le premier livre au mot Hipparque : HIPPARCHUS (de Nicée, en Bithinie comme l’obſerve Suidas), floriſſoit dans la quatre-vingt-quatorzieme olympiade. Nous avons ſes trois livres d’Enarrations ſur les Phénomenes d’Aratus & d’Eudoxe, traduits par le P. Petau. Il avoit compoſé un autre livre De ſtellarum inerrantium Conſtitutione, ſelon Suidas. Son livre du mois lunaire eſt cité par Galien. |
7 En Vers. Je préfume que c’eſt-là le ſens de præcinere, qui ne ſignifie pas ſeulement prédire, mais prédire en chant, c’est-à-dire en Vers. Sur ce pied-là, ce ſeroit d’un Poëme dans le genre de celui d’Aratus, dont il ſeroit ici queſtion. Si par hazard Pline n’a point prétendu parler d’un Poëme, au-moins s’eſt-il ſervi d’une expreſſion propre à déſigner ce genre d’écrire. Pour décider la queſtion, il faudroit avoir tous les ouvrages d’Hipparque, & ſur-tout celui-ci. |
8 Ces tables étoient dreſſées pour ſix cents ans. Or Hipparque floriſſoit 150 ans avant J.C. Ainſi du tems de Pline, on avoit encore à jouir de ces tables pour quatre cents ans ou environ. |
9 La lune ne ſe levant pas & ne ſe couchant pas à la même heure pour toutes les nations, les diverſes époques & phaſes qu’elle forme n’appartiennent pas non plus au même point de tems pour tous les peuples, puiſque les uns ont la nuit quand les autres ont le jour; & que même lorſque la lune s’éclipſe, la partie de l’heure où ce phénomene eſt ſenſible, n’a pas la même évaluation pour tous les climats qui l’apperçoivent. Hipparque avoit donc eu égard à cette différence d’époques, relativement aux diverſes longitudes, &par-conſéquent aux diverſes nations, tellement que les tables de ſes éphémérides étoient accommodées à l’uſage de tous les peuples : ouvrage dont on ne ſauroit trop regretter la perte, & qui jetteroit le plus grand jour ſur l’ancienne géographie. |
10 Steſikhore, l’un des plus fameux Poètes de la Grece, dont, par malheur, nous avons perdu tous les ouvrages, à l’exception d’une vingtaine de lignes découſues. Il vivoit dans la quarante-deuxieme olympiade, c’eſt-à-dire, vers l’an ſix cents dix avant J.C. |
11 Pindare, le plus fameux Poète de la Grece après Homere. Il vint au monde l’an 134 avant l’ere chrétienne. |
12 Cet uſage ſuperſtitieux a fourni un Vers fort plaiſant à Juvenal, lorſqu’après avoir épuiſé toute ſorte d’exagération pour repréſenter le bruit qu’une femme fait en criant, il finit par dire : Una laboranti poterit ſuccurrere luna. Elle ſeule au beſoin décharmeroit la lune. |
13 C’étoit un Général Athénien, qui fut malheureux dans preſque toutes ſes expéditions. Les Athéniens finirent par le condamner à mort. Il étoit contemporain d’Alcibiade & de Lamachus, & leur collegue dans le commandement. Voyez ſur le fait dont parle ici Pline, Quintilien, l. I. ch. 10, & Plutarque à l’article Nicias. |
14 Au lieu de macte ingenio, le Pere Hardouin lit macti ; mais ſelon les meilleurs Latiniſtes macte eſt indéclinable, ou pour mieux dire, c’eſt un adverbe qui répond au bravò des Italiens. Feſtus prétend que macte eſt un compoſé de magis auctus. |
15 Cette apoſtrophe de Pline aux Aſtronomes rappelle ces beaux Vers d'Ovide ſur le même ſujet : Felices animos quibus hæc cognoſcere primise Inque Domos ſuperas ſcandere cura fuit! Altius humanis exſeruifle caput, Officiumve ſori, militiæve labor : Magnarumve fames ſollicitavit opum. Ætheraque ingenio ſuppoſuere ſuo. Summaque Peliacus ſidera tangat apex, &c. Ovid. ſaſt. l. I. |
Livre XVIII
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Chapitre LVII.
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- Texte latin
(également disponible une édition de 1831 ici et de 1848 là)
- Traductions
1 Ce passage porte à croire que les auteurs dont Pline s’était servi pour composer chacun des livres de son ouvrage avaient été placés en tête du livre auquel ils se rapportaient. Les éditions mettent cette liste d’auteurs à la suite de la table de chaque livre, dans la table générale dressée par Pline lui-même. |
(également disponible une édition 1848 ici)
I Tria Nomina en latin Publius Vergilius Maro;
Poète latin renommé dans les styles épique (l’Énéide), pastorale (les Bucoliques) et didactique (les Géorgiques).
(15 octobre -70, Andes, au sud-est de l’actuelle Lombardie, au nord de l’Italie — 21 septembre -19, Brundisium, au sud-est des actuelles Pouilles, au sud-est de l’Italie)⏳
II Du nom propre grec ancien Σωσῐγένης / Sōsigénēs (en);
➥ du verbe σῴζω / sṓizō, « 1. Sauver : • Guérir ; • (rare chez Homère) Garder en sécurité, préserver ; • Garder, observer, maintenir ; • (généralement au milieu) Garder à l’esprit, se souvenir ; • Conduire en toute sécurité (à) ; • Secourir ; • Conserver pour. »;
➥ + du nom commun γένος / génos (en), « 1. Race, souche, parenté : Descendance directe, par opposition à une relation collatérale. 2. Progéniture, descendant : (collectif) progéniture, postérité. 3. (en général) Race d’êtres : • Famille, clan, maison ; • Tribu, nation, race, en tant que subdivision de ἔθνος / éthnos (en) ; • Caste ; • Race d’animaux. 4. Âge, génération, période de la vie. 5. Sexe, genre : (grammaire) Genre grammatical. 6. Classe, sorte, genre : • (logique) L’opposé de εἶδος / eîdos (en) ; • (taxonomie) Classe : • (taxonomie) Genre ; • Espèce de plante ; culture, produit ; matériau ; • Élément. »;
➥ + du suffixe nominal propre -ης / -ēs (en);
Astronome grec, connu pour avoir participer à la conception du calendrier julien (instauré par Jules César en -46/-45, lorsqu’il était pontifex maximus), avec une année commune de 365 jours divisée en 12 mois, et un jour intercalaire ajouté tous les 4 ans, lors des années bissextiles.
III Du nom propre grec ancien Ἡσῐ́οδος / Hēsíodos;
Poète grec, renommé pour 2 ouvrages :
• la Théogonie, une généalogie des dieux (dans laquelle il présente la multitude des dieux célébrés par les mythes grecs où trois générations divines se succèdent : celle d’Ouranos, celle de Cronos, celle de Zeus qui sort triomphant) et une cosmogonie (qui retrace la création du monde à partir du Chaos) ;
• et les Travaux et les Jours, un almanac sur l’agriculture à destination de son frère Perses.
(fl. VIIIème — VIIème siècles AEC)
IV Du nom propre grec ancien Ευκτήμων / Euktémōn;
Astronome athénien, contemporain et collègue de l’astronome Méton, avec qui, il a fait une série d’observations des solstices afin de déterminer la durée de l’année tropique Ptolémée, Almageste, liv. III, chap. 1.
LVII. D’abord, il est presque impossible de déterminer d’une manière précise le nombre des jours de l’année et le cours du soleil 1. Aux trois cent soixante-cinq jours qui composent l’année, on ajoute le quart d’un jour et d’une nuit, pour en faire ensuite un jour intercalaire ; de là il suit qu’on ne saurait indiquer avec précision le moment du lever et du coucher des astres. On convient qu’il y a encore dans cette théorie beaucoup d’obscurité ; en effet, les saisons quelquefois commencent plusieurs jours avant le terme qui leur a été fixé, ce que les Grecs appellent procheimasis ; d’autres fois, plusieurs jours après, ce qu’ils appellent épicheimasis 2. Presque toujours l’action des astres se fait sentir sur la terre ou plus tôt ou plus tard qu’il ne devrait ; aussi dit-on communément, lorsque le beau temps est revenu, que tel astre a produit son effet. Ces phénomènes dépendent des astres fixés à la voûte des cieux, ainsi que des étoiles, dont les mouvemens particuliers excitent des grêles et des pluies qui sont d’une très-grande conséquence pour les biens de la terre, comme nous l’avons observé, et amènent dans la température des changemens sur lesquels le laboureur ne pouvait compter. Non-seulement les hommes y sont trompés, mais aussi les animaux, bien plus habiles que nous à prévoir ces vicissitudes, puisque d’ailleurs leur vie en dépend ; en effet, on a vu des oiseaux d’été périr par des froids arrivés trop tôt ou trop tard, et des oiseaux d’hiver par des chaleurs également imprévues. Aussi Virgile veut-il qu’on étudie aussi le cours des planètes, et qu’on observe avec soin le passage du froid Saturne 3.
Quelques-uns fixent le commencement du printemps à l’apparition des papillons, parce que ces insectes sont fort délicats. Néanmoins on a observé, dans l’année même où j’écris cette partie de mon ouvrage, que le froid, ayant repris trois fois, a fait périr autant de fois les papillons, et que les hirondelles qui, s’étaient montrées dès le 6 des kalendes de février, et semblaient annoncer le retour du printemps, ont eu à essuyer un rigoureux hiver.
C’est donc une science très-problématique que celle de l’influence des astres, et les inductions qu’elle fournit sont fort douteuses 4. Ce qui augmente la difficulté, c’est la convexité du ciel et la différence des climats de la terre : le même astre se montre ici dans un temps, et là dans un autre ; d’où il suit que son influence ne se fait pas sentir en même temps partout. Pour surcroît d’embarras, les observations recueillies par les auteurs ont été faites dans des lieux différens, et ceux du même pays ne s’accordent pas même entre eux. On compte trois écoles astronomiques, la chaldéenne, l’égyptienne et la grecque. Le dictateur César en a fondé, chez les Romains, une quatrième, lorsqu’aidé de Sosigène, habile astronome, il fixa la longueur de l’année à une révolution du soleil. On trouva dans la suite que son calendrier était défectueux, parce que l’année, auparavant plus courte, se trouvait alors plus longue que le cours du soleil. Pour y remédier, il fallut, pour douze années consécutives, supprimer les jours intercalaires. Sosigène lui-même, le mathématicien le plus exact de son temps, après avoir revu jusqu’à trois fois ses calculs, sembla toujours douter de leur justesse, et ne cessa jamais de se corriger lui-même. De tous les auteurs qui ont traité ce sujet, et que nous avons cités au commencement de ce livre, il en est rarement deux qui soient de même avis. Cette divergence d’opinions est moins surprenante et plus excusable chez ceux qui écrivaient en des pays différens. Mais que dire de ceux qui, habitant le même pays, sont néanmoins d’avis différens ? En voici un exemple : Hésiode, qui nous a laissé aussi un ouvrage sur le cours des astres, fixe le coucher matutinal des Pléiades au moment de l’équinoxe d’automne ; Thales prétend qu’il n’arrive que vingt-cinq jours après ; Anaximandre en met vingt-neuf ; Euctémon, quarante-huit.
Quant à nous, nous suivrons les calculs de César, qui se rapportent spécialement à l’Italie ; mais nous rapporterons aussi les observations étrangères, car notre plan n’est pas de traiter d’un seul pays, mais de la nature entière. Pour être moins longs, nous citerons les pays, et non les auteurs ; et, pour abréger davantage encore, les lecteurs se souviendront que, sous le nom d’Attique, il faut aussi entendre les Cyclades ; sous le nom de Macédoine, la Magnésie et la Thrace ; sous le nom d’Égypte , la Phénicie, l’île de Cypre et la Cilicie ; sous celui de Béotie, la Locride, la Phocide et les contrées voisines ; sous le nom d’Hellespont, la Chersonèse et partie du continent jusqu’au mont Athos ; sous le nom de l’Ionie, l’Asie et les îles Asiatiques ; sous le nom du Péloponnèse, l’Achaïe et les pays adjacens au couchant ; enfin sous le nom de Chaldée, l’Assyrie et la Babylonie. On ne sera pas étonné que nous ne parlions ni de l’Afrique, ni de l’Espagne, ni des Gaules. Aucun auteur dans ces contrées n’a laissé d’observations sur le lever ou le coucher des astres. Il ne sera pas difficile néanmoins de déterminer l’époque de ces phénomènes dans ces contrées, en étudiant la disposition des cercles, telle que nous l’avons présentée dans le sixième livre. Par ce moyen, on déterminera la position astronomique, non-seulement de chaque pays, mais encore de chaque ville dont nous avons pu parler, en prenant par les ombres égales de tous les cercles, une portion du cercle de telle contrée qu’on voudra choisir, et en calculant son rapport avec le lever des astres. Il faut faire observer encore que tous les quatre ans les chaleurs reviennent à peu près les mêmes pour chaque saison, en raison du mouvement du soleil, et que toutes les huitièmes années elles sont plus fortes, à cause de la centième lunaison.
1 Cf. sur la plupart des difficultés que le texte de notre auteur révèle, les notes relatives à l’astronomie, au livre II. L’année romaine fut d’abord celle des Albains, c’est-à-dire lunaire ; dix mois la composaient, mars en était le premier : elle avait cinquante jours de moins que l’année lunaire réelle, et soixante-un de moins que l’année solaire, c’est-à-dire trois cent quatre jours seulement ; c’était là l’année de Romulus. Numa ajouta deux mois à cette année, janvier et février, et elle se trouva être composée de trois cent cinquante-cinq jours. Elle demeura ainsi jusqu’à Jules César, où commence l’année julienne, qui se compose de trois cent soixante-cinq jours, huit heures, auxquels Grégoire le Grand ajouta onze minutes, pour arriver à la plus grande exactitude possible. |
2 L’entrée du soleil dans tel ou tel signe du zodiaque, son passage à l’équateur, etc., ne sont pas toujours le signal d’un changement dans la température. Végèce a parlé des jours prokéimasiques et épikéiniasiques : Aut enim circa diem statutum, aut ante, vel postea, tempestates fieri, compertum est : unde præcedentes, ωροϰεἰμασιν : nascentes die solenni, επιϰεἰμασιν : subsequentes, μεταϰεἰμασιν, græco vocabulo nuncuperaverunt (IV, 40). |
3 Hoc metuens, cæli menses et sidera serva, Georg., I, 335. |
4 Voici enfin quelques idées philosophiques qui se trouvent sous la plume de Pline ; malheureusement la cause par laquelle notre auteur explique l’influence des astres est problématique, et montre que les sciences astronomiques des anciens laissaient beaucoup à désirer. Les Grecs croyaient qu’il y avait autant de cieux que de planètes ; le huitième ciel, ou le firmament, était celui dès étoiles fixés. |
5 L’ouvrage auquel Pline fait allusion a été mentionné par Théon qui le nomme Αστριϰὴ βίϐλος (en). Cet ouvrage est perdu. |
D’ABORD il eſt preſque impoſſible de déterminer au juſte le nombre des jours de l’année, & le cours du Soleil ; car comme aux trois cents ſoixante & cinq jours dont l’année eſt compoſée, on ajoute le quart d’un jour & d’une nuit, autrement ſix heures, qui, au bout de quatre ans, font un jour intercalaire 1, il arrive qu’on ne ſauroit aſſigner avec certitude le tems du lever & du coucher des aſtres. En ſecond lieu, l’on convient qu’il y a dans cette théorie beaucoup d’obſcurité ; car quelquefois les ſaiſons 2 commencent pluſieurs jours avant le terme qui leur a été fixé, ce que les Grecs appellent prokheïmaſis ; & d’autres fois pluſieurs jours après, ce que ces mêmes Grecs expriment par le mot epikheïmaſis : & l’on éprouve très ſouvent que l’action des aſtres ſe ſait ſentir ſur la terre, tantôt plutôt, tantôt plus tard. Auſſi dit-on communément, lorſque le beau tems eſt revenu, que tel aſtre a produit ſon effet. D’ailleurs comme tout cela dépend des globes céleſtes, leur mouvement relatif excite quelquefois des grêles & des pluies, qui, comme nous l’avons déja 3 fait obſerver, ſont de la plus grande conſéquence pour les biens de la terre, & qui renverſent l’eſpérance qu’on avoit du beau tems. Et non ſeulement les hommes y ſont trompés, mais auſſi les animaux, quoiqu’ils aient bien plus de ſagacité que nous pour preſſentir ces viciſſitudes du ciel, d’autant que leur vie en dépend. En effet, on voit quelquefois les oiſeaux d’été mourir par des froids qui viennent trop tard ou trop tôt, & les oiſeaux d’hiver par des chaleurs qui arrivent de même. C’est pourquoi Virgile veut qu’on étudie auſſi le cours des planetes, & qu’on obſerve à quelle partie du zodiaque répond la planete du froid Saturne 4. Quelques-uns croient que le ſigne le plus certain du printems commencé, c’eſt lorſqu’on voit des papillons, & cela parceque ces inſectes ſont fort délicats. Néanmoins on a remarqué que dans l’année même 5 où j’écris ceci, le froid ayant recommencé juſqu’à trois fois, a fait mourir autant de fois les papillons ; & que les hirondelles, qui, s’étant montrées dès le vingt-ſept de Janvier, ſembloient annoncer le retour du printems, ont enſuite eſſuyé un très cruel hiver.
C’eſt donc une ſcience très problématique que celle de l’influence des aſtres, & les inductions que l’on en tire ſont fort douteuses. Mais ce qui cauſe le plus d’incertitude, c’eſt cette convexité du ciel & la différence des climats de la terre, parceque le même aſtre ſe montre ici dans un tems, & là dans un autre, d’où il réſulte que ſon influence ne ſe fait pas ſentir en même tems par-tout. Un autre ſurcroît de difficulté, c’eſt que les obſervations recueillies par les Auteurs ont été faites en différents lieux, & que ceux même qui ont écrit dans le même endroit ne s’accordent nullement entre eux dans ce qu’ils écrivent. On compte juſqu’à trois différentes ſortes de ſectes en Aſtronomie ; ſavoir, celle des Chaldéens 5*, celle des Egyptiens & celle des Grecs. On peut même dire que le Dictateur Céſar 6 en produiſit, chez les Romains, une quatrieme, lorſqu’il réduiſit chaque année au cours du ſoleil, ſe ſervant à cet effet du travail de Soſigene, très habile Aſtronome. Néanmoins on découvrit enſuite que le calendrier de Céſar étoit défectueux 7, parceque l’année qui auparavant étoit plus courte que le cours du ſoleil, ſe trouvoit alors plus longue : & pour corriger cette erreur, on ordonna que pendant douze années de ſuite, il n’y auroit point de jour intercalaire 8. Soſigene lui-même, quoique Mathématicien plus exact que les autres, ne laiſſa pas de
1 Conſultez, ſur toute cette queſtion, nos notes 13 & 14 ſur le huitieme chapitre du ſecond livre de Pline, tome 1, p. 41 & 42 : (13) Suétone s’exprime mieux, lorſqu’il écrit : chaque quatrieme année quarto quoque anno. Il est vrai que, ſelon le Pere Hardouin, il faut comprendre dans la période de cinq ans, dont parle Pline, la premiere & la cinquieme année comme Biſſextiles ; ce qui revient aux quatre années de Suétone, dont la quatrieme avoit un biſſex ; mais en vérité cette explication est des plus forcées. Je ſerois donc d’avis qu’il faudroit lire dans Pline comme dans Suétone, quarto anno, ſi nous n’apprenions d’ailleurs de cet Hiſtorien, que dès le regne d’Auguſte il s’étoit déja gliſſé pluſieurs abus & altérations dans l’année Julienne. On voit du moins qu’il y réforma pluſieurs choſes, sous prétexte de la remettre ſur le pied où Céſar l’avoit inſtituée. Cela me donneroit à penſer qu’on fit dès-lors attention à la fauſſeté & à l’excédence du calcul Julien ; mais qu’Auguſte, par respect pour la mémoire de Céſar, affecta d’imputer la faute à la négligence des Prêtres chargés à Rome de l’inſpection du Calendrier ; qu’au demeurant, on découvrit l’abus, & qu’on eſſaya d’y remédier, en n’ajoûtant un jour entier à l’année ordinaire que chaque cinquieme année comme Pline paroît l’articuler ici expreſſement. Mais d’ailleurs il eſt évident qu’à la longue le période biſſextile de quatre années en quatre années prévalut ſur celui de chaque cinquieme année, dont parle Pline ; & même il paroît que ceux qui, par la ſuite, voulurent ſupputer les tems, récapitulerent, ſans exception, toutes les biſſextiles quartenaires écoulées depuis l’inſtitution Julienne ; car en 1582, on trouva par ce moyen que l’année étoit reculée de dix jours & plus; d’autant que l’excédence du calcul Julien, qui ſuppoſe à l’année révolue 365 jours & ſix heures, au lieu de 365 jours 5 heures 49 minutes, 8 ſecondes 17 tierces & 13 quarts qu’elle a réellement, forme tous les ans environ 11 minutes de trop, & tous les cent trente-quatre ans un jour entier d’excès. Le Pape Grégoire XIII trouvant donc l’année reculée de plus de dix jours ; ce qui dérangeoit l’économie annuelle des ſolemnités, remédia à cet inconvénient en retranchant de ſon autorité dix jours au mois d’Octobre de l’année 1582, où l’on étoit alors ; & en réglant qu’à l’avenir tous les quatre cents ans on omettroit trois années biſſextiles. Ce réglement devint une loi pour preſque toute l’Europe chrétienne. L’autre maniere de compter fut appellée l’ancien ſtyle. La Grande-Bretagne a long-tems perſiſté à s’en ſervir malgré ſon abus manifeſte. Enfin le Parlement d’Angleterre, par acte du mois de Septembre 1752, a adopté la réforme Grégorienne. (14) Le ſoleil, en faiſant le tour du cercle oblique, parcourt réellement 360 degrés ou ſections ; puiſque tout cercle ſe diviſe en 360 parties appellées degrés : mais la meſure de chaque degré du cercle parcouru annuellement par le ſoleil, excede tant ſoit peu, c’eſt-à-dire de quelques légeres fractions de tems, la durée de chacun de nos jours révolus ; durée qui n’eſt, comme on ſait, que de 24 heures préciſes ; leſquelles, comparées à un degré, en produiſent, au bout de l’année, 365 & plus pour le cercle, au lieu de 360 ſeulement que le cercle requerroit. D’après une connoiſſance conſuſe de ces principes, Jules Céſar ſe voyant Dictateur, Grand-Pontife, & maître du monde, entreprit, l’an 140 avant J. C. de réformer les abus qui s’étoient gliſſés, tant dans l’année Pompilienne, ou de Numa, que dans celle des Pontifes, encore plus irréguliere que celle de Numa. A cet effet, il fit venir d’Alexandrie le Philoſophe Soſigenes. Celui-ci décida fauſſement que le cercle des jours de l’année révolue excédoit du nombres 5 joint au quart de 1 les 360 degrés du cercle oblique parcouru par le ſoleil : expoſé faux, auquel le Dictateur, occupé d’autres ſoins, déféra ſans autre examen. Jules Céſar régla donc, de l’avis de ſon Aſtronome, que l’année ſeroit divisée en 365 jours ; & quant au quart de jour reſtant, qui produit ſix heures, il ordonna qu’on n’y auroit aucun égard pour chaque année particuliere ; mais que chaque quatrieme année on réuniroit la totalité de quatre fois ſix heures, qui en font vingt-quatre, pour en compoſer un jour entier; & qu’ainſi cette quatrieme année auroit 366 jours. Il régla de plus, que ce jour intercalaire, ou ajoûté à chaque quatrieme année, seroit le 24 Février. Les Romains nommoient ce jour-là bis ſexto calendas Martii, c’est-à-dire, le ſecond ſixieme avant les calendes de Mars ; d’où il arriva que l’année où tomboit ce jour intercalaire fut appellée bis-ſextile. |
2 Végece dit pareillement, liv. 4, chap. 40 : Aut enim circa diem ſtatutum, aut ante, vel poſtea, tempeſtates fieri compertum eſt : unde præcedentes, ωροϰεἰμασιν : naſcentes die ſolenni, επιϰεἰμασιν : ſubſequentes, μεταϰεἰμασιν, Græco vocabulo nuncuperaverunt ⤴️. On lit auſſi chez Columelle, dans ſa Préface : Neque enim ſemper eumdem, cælum & annus, velut ex præſcripto habitum gerunt : nec omnibus annis eodem vultu venit aſtas, aut hyems, &c. |
3 Au liv. 17, chap. 2. |
4 Ainſi qu’il l’inſinue dans ſes Géorg. liv. I, v. 335 : Hoc metuens, cæli menses et sidera serva, |
5 Pline, au quatorzieme livre, chap. 4, comptoit deux cents trente ans depuis la mort de Cicéron 🔄, arrivée l’an de Rome 600. L’année qu’il indique ici, & où il ſe trouvoit avoir compoſé quatre livres de plus, eſt probablement la ſuivante, c’eſt-à-dire l’année 831 de la fondation de Rome. |
5* Sur l’année Chaldéenne, qui étoit la même que la Judaïque, conſultez Euſebe, Præpar. Evang. liv. 9, chap. 17, où il fait Abraham inventeur de l’aſtronomie chez les Chaldéens. Les Aſtrologues Chaldéens étoient ordinairement des Prêtres des Dieux, tels que Béroſe, auquel les Athéniens éleverent dans leur Gymnaſe une ſtatue à langue dorée. Sur quoi voyez Pline, liv. 7, chap. 37. Ce Béroſe étoit un Prêtre de Belus ; il eſt cité par Clément d’Alexandrie, & par Joſeph ⤵️, contre Apion, liv. 1. Sur l’année Egyptienne, & ſur l’ancienne année Grecque, conſultez Hérodote 🔄 liv. 2, n°. 4. Cicéron rend juſtice à l’étude que firent des aſtres les Egyptiens & les Babyloniens, liv. 1, de Divinat. n°. 16 : Ægyptii, & Babylonii, in camporum patentium aquoribus habitantes, cùm ex terra nihil emineret, quod contemplationi cæli officere poſſet, omnem curam in ſiderum cognitione poſuerunt. |
6 Voyez les notes 13 & 14 ſur le chap. 8 du liv. 2, tome 1, p. 41 & 42. |
7 Voyez les notes indiquées dans la note précédente ; & joignez-y les obſervations ſuivantes, qui ſont de M. Deſplaces, p. 339 : « Le calendrier chrétien, ayant ſuivi la réformation de Jules Céſar, il ſe trouva qu’en l’année 1582, ſous le Pape Grégoire XIII, l’équinoxe étoit remontée juſqu’au 11 de Mars, au lieu du 21, où elle devoit être. Ce Pape, après avoir conſulté Clavius & Ciaconius, les plus habiles Aſtronomes du tems, ordonna qu’en cette même année 1582, on compteroit le 5 du mois d’Octobre, au lieu du 15, afin de retrancher les dix jours qui s’étoient gliſſés de trop, en ſuivant la ſupputation Julienne, depuis le Concile de Nicée, tenu en 325 : on convint encore de continuer l’intercalation d’un jour tous les quatre ans ; & qu’en outre, pour éviter dans la ſuite pareille erreur, il ſeroit fait un retranchement de trois jours intercalaires, dans l’eſpace de quatre ſiecles, à cauſe des onze minutes qui manquent aux ſix heures des années, dont on compoſe l’année intercalaire, ou biſſextile ; ces trois jours ſe retranchent en l’année qui finit les trois premiers ſiecles. De célebres Aſtronomes modernes ont fait voir que, malgré cette précaution, il y auroit encore, au bout de quatre cents ans, pluſieurs jours de variation dans l’équinoxe ». |
8 Etabli par Jules Céſar, & qui revenoit tous les quatre ans. Ecoutons Suétone, vie de ce Dictateur, chap. 40 : Faſtos correxit, jampridem vitio Pontiſicum, per intercalandi licentiam adeo turbatos, ut neque meſſium feria aſtati, neque vindemiarum autumno competerent, annumque ad curſum ſolis accommodevit, ut CCCLXV dierum eſſet, & intercalario menſe ſublato, unus dies quarto quoque anno intercalaretur, &c. On s’apperçut que cette correction de Jules Céſar étoit elle-même fautive. On tenta de nouveau de remédier au vice du calendrier ; ſur quoi conſultez Solin, chapitre 1, p. 5 ; le P. Petau, de Doctr. temp. chap. 3 ; mais ſur-tout Macrobe, qui s’exprime ainſi, liv. 1, Saturn. chap. 14, p. 255 : Sacerdotes ſibi errorem novum ex ipſa emendatione ſecerunt. Nam cùm oporteret diem, qui ex quadrantibus conſit, quarto quoque anno conſecto, antequam quintus inciperet, intercalare, illi quarto non peracto ſed incipiente, intercalabant. Hic error ſex & triginta annis permanſit : quibus annis intercalati ſunt dies duodecim, cùm deberent intercalari novem. Sed hunc quoque errorem ſerò deprehenſum correxit Auguſtus, qui annos duodecim ſine intercalari die tranſigi juſſit : ut illi tres dies, qui per annos triginta & ſex vitio ſacerdotalis ſeſtinationis excreverant, ſequentibus annis duodecim, nullo die intercalato, devorarentur. Poſt hoc unum diem, ſecundùm ordinationem Caſaris, quinto quoque incipiente anno intercalari juſſit : & omnem hunc ordinem area tabula ad aternam cuſtodiam inciſione mandavit..
Livre XXXVImodifierApud Graecos autem investigavit primus omnium Thales Milesius Olympiadis XLVIII anno quarto praedicto solis defectu, qui Alyatte rege factus est urbis conditae anno CLXX. Contre Apion, I, 2modifier
Vie de Solon §3modifier
Le Banquet des Sept Sages §2modifier
d'Isis et d'Osiris page 364modifierhttps://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9796311p/f306.image.r=thales
Actions et paroles mémorables, VII, § 2modifier
Discours aux Grecs, 41modifierDialogues des mortsmodifierhttps://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6227866x/f7.item https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6227866x/f103.double
Hippias ou le bainmodifier
Exemples de longévitémodifier
Stromates, I, 65modifierHistoires diversesmodifier
Hypot III, 30, et Liv I contre les phys., sect. 319 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9796311p/f305.item.r=thales
Épit. 4 (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k282068z/f300.image.r=thales) Inst. 111, 16 (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k282068z/f621.item.r=thales)
Preparation Évangélique, XI, 2 Prepar. évang. I, 8, page 22-25 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9796311p/f310.image.r=thales
Ce texte est un extrait de la traduction de Robert Genaille (1933) Thalès[1], au dire d’Hérodote, de Douris et de Démocrite, était fils d’Examios et de Cléobuline, et membre de la famille des Thélides, Phéniciens descendant en droite ligne d’Agénor[2] et de Cadmus[3], s’il faut en croire Platon. Le premier, il porta le nom de sage, au temps où Damasias était archonte à Athènes[4]. C’est sous le même archontat que fut créée l’expression : « les sept sages » (cf. Démocrite de Phalère, Registre des Archontes). Thalès fut inscrit comme citoyen de Milet quand il vint dans cette ville avec Nélée chassé de Phénicie. Une autre tradition très courante veut qu’il soit natif de Milet et qu’il descende d’une bonne famille. Il s’occupa de politique avant d’étudier la nature. On croit qu’il ne laissa aucun écrit, car l’Astrologie nautique qu’on lui attribue est de Phocos de Samos. Callimaque[5] croit qu’il découvrit la Petite Ourse et le raconte en vers iambiques : Il mesura, dit-on, les étoiles du Chariot Sur quoi les Phéniciens règlent leur navigation. D’autres auteurs disent qu’il écrivit seulement deux ouvrages, un sur le solstice et un sur l’équinoxe, car il pensait le reste inaccessible. Il passe pour avoir le premier étudié l’astrologie et prédit les éclipses de soleil et les solstices (cf. Eudème, Histoire de l’astrologie)[6]. Xénophane et Hérodote le louent à ce propos, et leur témoignage est confirmé par celui d’Héraclite et de Démocrite. On dit encore (cf. le poète Choirilos) qu’il fut le premier à affirmer l’immortalité des âmes. Le premier il dessina la course du soleil d’un solstice à l’autre, et démontra que comparée au soleil, la lune en est la cent vingtième partie. C’est encore lui qui fixa à trente jours la durée du mois, et qui écrivit le premier traité sur la Nature. Aristote et Hippias disent aussi qu’il accordait une âme aux choses qu’on croit inanimées ; il en donnait pour preuve l’ambre et la pierre de Magnésie. Selon Pamphile[7], il apprit des Égyptiens la géométrie, inscrivit dans un cercle le triangle rectangle, et pour cette découverte immola un bœuf. D’autres, comme Apollodore le calculateur, attribuent cette invention à Pythagore. Thalès a encore développé et précisé l’invention du Phrygien Euphorbe citée par Callimaque dans ses Iambes et concernant le triangle scalène, et tout ce qui touche aux considérations sur les lignes. Il semble encore avoir été en politique un homme de bon conseil. Ainsi, quand Crésus[8] envoya une ambassade aux Milésiens pour demander leur alliance, il s’y opposa, et son intervention sauva la ville, puisque Cyrus l’emporta. Héraclite cite une opinion de Clytos selon laquelle Thalès aurait eu une vie retirée et solitaire. Les uns disent qu’il se maria et eut un fils nommé Kibissos. D’autres prétendent qu’il resta célibataire et adopta le fils de sa sœur, qu’on lui demanda un jour pourquoi il ne cherchait pas à avoir des enfants, et qu’il répondit : « Par amour pour les enfants. » Sa mère l’exhortait à se marier, il lui répondit : « Non, par Zeus, il n’est pas encore temps. » Elle l’y invita une nouvelle fois quand il eut pris de l’âge, mais il lui dit : « Il n’est plus temps. » D’après Hiéronyme de Rhodes (Notes, livre II), il voulut montrer combien il était facile de s’enrichir ayant prévu pour l’année une abondante récolte d’huile, il prit à loyer une oliveraie et gagna beaucoup d’argent[9]. Il soupçonna que l’eau était le principe des choses, que le monde était animé et rempli de démons. On dit qu’il découvrit les saisons de l’année, et qu’il la divisa en trois cent soixante-cinq jours. Il ne suivit les leçons d’aucun maître, sauf en Égypte, où il fréquenta les prêtres du pays. A ce propos, Hiéronyme dit qu’il mesura les Pyramides en calculant le rapport entre leur ombre et celle de notre corps. Si l’on en croit Minuès, il vivait au temps de Thrasybule, qui fut tyran de Milet[10]. L’histoire du trépied trouvé par des pêcheurs et dédié aux sages par le peuple de Milet est bien connue. Des jeunes gens d’Ionie achetèrent à des pêcheurs milésiens leur coup de filet. Ils tirèrent de l’eau un trépied. On se querella et les Milésiens envoyèrent une ambassade à Delphes. Voici quel fut l’oracle de la divinité : Race de Milet, tu interroges Phébus au sujet d’un trépied ? Au plus sage de tous, je donne ce trépied[11]. Ils le donnent alors à Thalès, qui le donne à un autre, et cet autre à un autre, et ainsi de suite jusqu’à Solon, qui, déclarant que seul le dieu était le plus sage de tous, rendit le trépied à Delphes. Callimaque, dans ses Iambes, rapporte cette histoire autrement ; il la tient de Léandre de Milet. Il dit qu’un certain Bathyclès d’Arcadie laissa en mourant une coupe pour qu’elle fût donnée à l’homme le plus sage. Elle fut donc donnée à Thalès, et après être passée de main en main et avoir fait le tour des sages, elle revint à Thalès. Celui-ci en fit don alors à Apollon de Didyme, en ces termes selon le poème de Callimaque : Thalès me donne au protecteur du peuple du Nil, Thalès qui a reçu deux fois ce présent, ce qui, en prose, se dit ainsi : « Thalès de Milet, fils d’Examios, à Apollon delphien, ce présent qu’il a reçu deux fois des Grecs. » Celui qui portait la coupe de sage en sage, le fils de Bathyclès, s’appelait Thyrion (cf. Éleusis, Livre sur Achille, et Alexon de Mynde, Fables, livre IX). Eudoxe de Cnide et Évanthès de Milet disent de leur côté qu’un ami de Crésus reçut du roi un vase d’or, pour le donner au plus sage des Grecs, qu’il le donna à Thalès et que ce vase parvint jusqu’à Chilon. Celui-ci consulta la Pythie, pour savoir qui était plus sage que lui. Elle répondit que c’était Myson (je parlerai de lui : Eudoxe le met parmi les sages à la place de Cléobule et Platon à la place de Périandre.) Voici la réponse que lui fit la Pythie : Il y a un habitant de l’Oeta, Myson, né à Chénée, Qui plus que toi est riche de sages pensées. L’homme qui consulta l’oracle pour Chilon s’appelait Anacharsis. Dédale le Platonicien et Cléarque disent que la coupe fut envoyée par Crésus à Pittacos, et que c’est ainsi qu’elle passa de main en main. D’après Andron, d’autre part (Livre du trépied), les Argiens décidèrent que le trépied serait attribué comme prix de vertu au plus sage des Grecs. Aristodème de Sparte fut choisi et c’est lui qui donna le trépied à Chilon. Alcée est aussi partisan d’Aristodème dont il parle dans les vers suivants :
D’autres disent encore que Périandre envoya à Thrasybule, tyran de Milet, un navire chargé, que ce navire fit naufrage dans la mer de Cos, et que quelque temps après le trépied fut trouvé par des pêcheurs. Phanodicos dit que le trépied fut trouvé dans la mer Attique, porté à la ville, et que l’assemblée du peuple s’étant réunie le fit porter à Bias. Pourquoi cela, je le dirai quand je parlerai de Bias. Selon d’autres auteurs, le trépied avait été fabriqué par Héphaïstos et donné en présent de la part de ce dieu à Pélops lors de son mariage. Il vint ensuite à Ménélas, fut enlevé avec Hélène par Alexandre, jeté dans la mer de Cos à l’instigation de la Spartiate qui prévoyait qu’il serait un sujet de querelle. Plus tard, en ce lieu, des Lébédiens achetèrent le produit d’un coup de filet et c’est le trépied qui fut tiré de l’eau. Il y eut querelle avec les pêcheurs, on vint jusqu’à Cos, et comme on ne s’accordait pas, on s’adressa à Milet, qui était la capitale. Les Milésiens envoyèrent des députés qui ne furent pas écoutés, aussi firent-ils la guerre aux gens de Cos. Comme de chaque côté il mourait beaucoup de gens, l’oracle déclara qu’il fallait donner le trépied au plus sage. Les deux camps s’entendirent alors pour l’attribuer à Thalès, qui par la suite le consacra à Apollon de Didyme. Pour en revenir à la réponse de l’oracle aux gens de Cos, elle disait ceci : La querelle entre Ioniens et Méropes ne cessera pas Avant que le trépied d’or qu’Héphaïstos jeta dans la mer N’ait quitté votre ville pour la maison de l’homme Qui connaît le présent, l’avenir et le passé. La réponse aux Milésiens fut la suivante : Race de Milet, tu interroges Phoebus au sujet d’un trépied... comme il a été dit plus haut. En voilà assez sur ce sujet[12]. Hermippe, dans ses Vies, rapporte à Thalès ce qui est dit par d’autres de Socrate : il aimait à dire qu’il remerciait la fortune de trois choses : d’être un humain et non une bête, d’être un homme et non une femme, enfin d’être un Grec, et non un barbare. On raconte encore qu’étant sorti de chez lui pour contempler les astres, il tomba dans un puits[13]. Une vieille femme survenant se moqua de lui en ces mots : « Comment, Thalès, toi qui n’es pas capable de voir ce qui est à tes pieds, t’imagines-tu pouvoir connaître ce qui est dans le ciel ? » Timon[14] a bien connu aussi la science de Thalès en astronomie, et dans ses Silles, il le loue en ces termes : Comme Thalès, un des sept sages, qui fut savant astronome. L’Argien Lobon dit que ses écrits font un total de quelque deux cents vers, et que sous sa statue on écrivit : Thalès de Milet repose ici dans le sol qui l’a nourri, Il fut un sage, et le premier des astrologues. Voici un de ses poèmes : Le trop parler n’est pas marque d’esprit. Trouvez une seule chose sage, Choisissez une seule chose belle, Et vous clouerez le bec à bien des bavards. On lui attribue encore les sentences suivantes : de tous les êtres, le plus ancien, c’est Dieu, car il n’a pas été engendré ; le plus beau, c’est le monde, car il est l’ouvrage du dieu ; le plus grand, c’est l’espace, car il contient tout ; le plus rapide, c’est l’esprit, car il court partout ; le plus fort, c’est la nécessité, car elle vient à bout de tout ; le plus sage, c’est le temps, parce qu’il découvre tout. La mort, dit-il, ne diffère en rien de la vie. On lui répond : « Pourquoi, alors, ne te donnes-tu pas la mort ? » ; « Parce que vie ou mort, c’est tout un », réplique-t-il. Quelqu’un lui demande ce qui du jour ou de la nuit fut créé d’abord ; il répond : « La nuit est en avance d’un jour. » On lui demande si les mauvaises actions d’un homme échappent au regard des dieux. Il répond : « Ils voient même les mauvaises pensées. » Un homme adultère lui demandait s’il pouvait jurer qu’il n’avait pas commis d’adultère. Il répondit : « Le parjure n’est pas pire que l’adultère. » On lui demandait ce qui était difficile : « Se connaître » dit-il ; ce qui était facile : donner un conseil à autrui ; ce qui était le plus doux : jouir ; ce que c’était que la divinité : un être sans commencement ni fin ; encore une chose difficile : voir un tyran âgé ; comment supporter aisément l’infortune : en voyant ses ennemis plus malheureux encore ; comment vivre vertueusement : en ne faisant pas ce que nous reprochons à autrui ; qui est heureux : l’homme bien portant, riche, courageux et instruit. Il disait encore que l’on doit penser à ses amis aussi bien en leur absence qu’en leur présence, que la beauté ne vient pas d’un beau visage, mais de belles actions. « Ne t’enrichis pas injustement, conseillait-il, et veille à ne pas être cité en justice pour de mauvaises paroles contre tes proches et tes amis. Comme tu traites tes parents, tes enfants te traiteront. » Du Nil[15] il disait qu’il débordait quand ses eaux étaient repoussées par les vents étésiens qui soufflent contre son cours. Apollodore dans ses Chroniques dit que Thalès naquit la première année de la trente-cinquième olympiade[16]. Il mourut dans sa soixante-dix-huitième année ou, comme le dit Sosicrate, dans sa quatre-vingt-dixième année, car ce fut dans la cinquante-huitième olympiade. Il vécut du temps de Crésus, auquel il promit de faire traverser l’Hallys[17] sans pont, en détournant le cours du fleuve. Il y eut cinq autres personnages du nom de Thalès (cf. Démétrios de Magnésie, Homonymes) : un rhéteur de Callatie, au style prétentieux, un peintre de Sicyone, de noble origine, un troisième, très ancien, du temps d’Hésiode, d’Homère et de Lycurgue, un quatrième, mentionné par Douris dans son traité de la peinture, un cinquième, plus jeune et peu connu, cité par Denys dans ses Critiques. Pour en revenir à notre sage, il mourut en regardant les jeux gymniques, pour avoir eu trop chaud et trop soif et par suite de sa fatigue et de son grand âge. Voici son épitaphe :
J’ai écrit sur lui les vers suivants dans le premier livre de mes épigrammes ou « vers de mètres divers[18] :
Thalès est l’auteur du fameux « connais-toi toi-même » qu’Antisthène (Livre des Filiations) attribue à Phémonoé, en déclarant que Chilon se l’appropria mensongèrement. Sur les sept sages, qu’il est juste de citer maintenant l’un après l’autre, voici la tradition. Damon de Cyrène, qui blâme tous les philosophes dans ses écrits, s’attaque surtout aux sept sages. Anaximène dit que tous étaient poètes. Dicéarque dit qu’ils n’étaient ni sages ni philosophes, mais hommes d’esprit et législateurs. Archétimos de Syracuse a décrit leurs assemblées chez Cypsélos[19] et dit qu’il y assista personnellement. Euphoros dit que tous, sauf Thalès, fréquentèrent Crésus. D’autres disent qu’ils se réunirent à Panionium, à Corinthe et à Delphes. On rapporte même leurs paroles, et qui a prononcé telle ou telle. Exemple : Le Spartiate Chilon fut sage, Lui qui dit : Rien de trop, Tout est bien qui vient en son temps ! On n’est pas d’accord sur leur nombre. Léandre, au lieu de Cléobule et de Myson, met Léophante, fils de Gorsias, ou Lébédios d’Éphèse et Épiménide de Crète. Platon, dans le Protagoras[20], met Myson à la place de Périandre. Éphoros met Anacharsis à la place de Myson et d’autres ajoutent Pythagore. Selon Dicéarque, il y en a quatre sur qui tout le monde est d’accord : Thalès, Bias, Pittacos et Solon. Le même auteur en nomme six autres, parmi lesquels il en choisit trois : Aristodème, Pamphile, le Lacédémonien Chilon, Cléobule, Anacharsis et Périandre. D’autres ajoutent Acousilaos, Caba ou Scala, un Argien. Hermippe, dans son livre sur les sages, dit qu’ils furent dix-sept et que chacun en choisit sept selon ses préférences. Ce sont Solon, Thalès, Pittacos, Bias, Chilon, Cléobule, Périandre, Anacharsis, Acousilaos, Épiménide, Léophante, Phérécyde, Aristodème, Pythagore, Lasos, fils de Charmantidas ou de Sisambrinos ou, selon Aristoxène, de Chabrinus, Hermonée, Anaxagore. Hippobotos (Catalogue des Philosophes) les inscrit ainsi : Orphée, Linos, Solon, Périandre, Anacharsis, Cléobule, Myson, Thalès, Bias, Pittacos, Épicharme et Pythagore. Voici des lettres attribuées à Thalès[21] : Thalès à Phérécydemodifier« J’apprends que vous vous disposez à présenter aux Grecs le premier traité ionien des choses divines. Vous agiriez peut-être plus sagement en lisant votre ouvrage à vos amis, qu’en communiquant à n’importe quelles gens des écrits qui ne peuvent guère leur être utiles. « Si cela vous plaît, j’aimerais profiter de vos recherches et, si vous m’y invitez, je viendrai vous trouver au plus tôt. Car Solon d’Athènes et moi, qui avons déjà traversé deux fois la mer pour aller visiter la Crète, et pour aller en Égypte nous entretenir avec les prêtres et les astronomes du lieu, nous sommes assez sages pour ne pas hésiter à la traverser de nouveau pour aller vous voir. « Je parle de Solon, parce qu’il viendra avec moi si vous le permettez. Vous êtes un sédentaire, vous allez rarement en Ionie, vous n’aimez guère aller voir les étrangers, et vous ne songez, j’imagine, qu’à écrire. « Mais nous qui n’écrivons pas, nous parcourons volontiers la Grèce et l’Italie. » Thalès à Solonmodifier« Si vous quittez Athènes, vous aurez, je crois, tout avantage à venir vous établir à Milet, parmi les colons athéniens. Il n’y a là pour vous aucun danger. Si vous hésitez, sous prétexte que nous, Milésiens, sommes gouvernés par un tyran (je sais que vous haïssez tout pouvoir absolu), songez du moins que vous aurez plaisir à vivre avec nous qui sommes vos amis. Je sais que Bias vous a écrit et vous invite à aller à Priène. Si vous trouvez préférable d’habiter la ville de Priène, j’irai vivre là-bas avec vous. »
Le Jeu des Sept Sagesmodifier
Commentaire sur le premier livre d'Euclide, 65, 3modifierὥσπερ οὖν παρὰ τοῖς Φοίνιξιν διὰ τὰς ἐμπορείας καὶ τὰ συναλλάγματα τὴν ἀρχὴν ἔλαβεν ἡ τῶν ἀριθμῶν ἀκριβὴς γνῶσις, οὕτω δὴ καὶ παρ' Αἰγυπτίοις ἡ γεωμετρία διὰ τὴν εἰρημένην αἰτίαν εὕρηται. Θαλῆς δὲ πρῶτον εἰς Αἴγυπτον ἐλθὼν μετήγαγεν εἰς τὴν Ἑλλάδα τὴν θεωρίαν ταύτην καὶ πολλὰ μὲν αὐτὸς εὗρεν, πολλῶν δὲ τὰς ἀρχὰς τοῖς μετ' αὐτὸν ὑφηγήσατο τοῖς μὲν καθολικώτερον ἐπιβάλλων, τοῖς δὲ αἰσθητικώτερον.
La SoudamodifierΘαλῆς, Ἐξαμύου καὶ Κλεοβουλίνης, Μιλήσιος, ὡς δὲ Ἡρόδοτος Φοῖνιξ: γεγονὼς πρὸ Κροίσου, ἐπὶ τῆς λε# ὀλυμπιάδος, κατὰ δὲ Φλέγοντα γνωριζόμενος ἤδη ἐπὶ τῆς ζ#. ἔγραψε περὶ μετεώρων ἐν ἔπεσι, Περὶ ἰσημερίας, καὶ ἄλλα πολλά. ἐτελεύτησε δὲ γηραιός, θεώμενος γυμνικὸν ἀγῶνα, πιληθεὶς δὲ ὑπὸ τοῦ ὄχλου καὶ ἐκλυθεὶς ὑπὸ τοῦ καύματος. πρῶτος δὲ Θαλῆς τὸ τοῦ σοφοῦ ἔσχεν ὄνομα καὶ πρῶτος τὴν ψυχὴν εἶπεν ἀθάνατον ἐκλείψεις τε καὶ ἰσημερίας κατείληφεν. ἀποφθέγματα δὲ αὐτοῦ πλεῖστα: καὶ τὸ θρυλλούμενον: γνῶθι σαυτόν. τὸ γάρ, ἐγγύα, πάρα δ' ἄτα, Χίλωνός ἐστι μᾶλλον, ἰδιοποιησαμένου αὐτό: καὶ τό, μηδὲν ἄγαν. |