Les cartes graphiques/Les cartes d'affichage

Les cartes graphiques sont des cartes qui communiquent avec l'écran, pour y afficher des images. Les cartes graphiques modernes incorporent aussi des circuits de calcul pour accélérer du rendu 2D ou 3D. Dans ce chapitre, nous allons faire une introduction et expliquer ce qu'est une carte graphique, nous allons parler des cartes dédiées/intégrées, et surtout : nous allons voir ce qu'il y a à l'intérieur, du moins dans les grandes lignes.

Les cartes graphiques dédiées, intégrées et soudées

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Vous avez sans doute déjà démonté votre PC pour en changer la carte graphique, vous savez sans doute à quoi elle ressemble. Sur les PC modernes, il s'agit d'un composant séparé, qu'on branche sur la carte mère, sur un port spécialisé. Du moins, c'est le cas si vous avez un PC fixe assez puissant. Mais il y a deux autres possibilités.

 
Carte graphique dédiée PX 7800 GTX I

La première est celle où la carte graphique est directement intégrée dans le processeur de la machine ! C'est quelque chose qui se fait depuis les années 2000-2010, avec l'amélioration de la technologie et la miniaturisation des transistors. Il est possible de mettre tellement de transistors sur une puce de silicium que les concepteurs de processeur en ont profité pour mettre une carte graphique peut puissante dans le processeur.

Une autre possibilité, surtout utilisée sur les consoles de jeu et les PC portables, est celle où la carte graphique est composée de circuits soudés à la carte mère.

Pour résumer, il faut distinguer trois types de cartes graphiques différentes :

  • Les cartes graphiques dédiées, séparées dans une carte d'extension qu'on doit connecter à la carte mère via un connecteur dédié.
  • Les cartes graphiques intégrées, qui font partie du processeur.
  • Les cartes graphiques soudées à la carte mère.

Vous avez sans doute vu qu'il y a une grande différence de performance entre une carte graphique dédiée et une carte graphique intégrée. La raison est simplement que les cartes graphiques intégrées ont moins de transistors à leur disposition, ce qui fait qu'elles contiennent moins de circuits de calcul. Les cartes graphiques dédiées et soudées n'ont pas de différences de performances notables. Les cartes soudées des PC portables sont généralement moins performantes car il faut éviter que le PC chauffe trop, vu que la dissipation thermique est moins bonne avec un PC portable (moins de gros ventilos), ce qui demande d'utiliser une carte graphique moins puissante. Mais les cartes soudées des consoles de jeu n'ont pas ce problème : elles sont dans un boitier bien ventilés, on peut en utiliser une très puissante.

Vous vous demandez comment est-ce possible qu'une carte graphique soit soudée ou intégrée dans un processeur. La raison est que les trois types de cartes graphiques sont très similaires, elles sont composées des mêmes types de composants, ce qu'il y a à l'intérieur est globalement le même, comme on va le voir dans ce qui suit.

L'intérieur d'une carte graphique

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Au tout début de l'informatique, le rendu graphique était pris en charge par le processeur : celui-ci calculait l'image à afficher à l'écran, et l'envoyait pixel par pixel à l'écran. Pour simplifier la vie des programmeurs, les fabricants de matériel ont inventé des cartes d'affichage, ou cartes vidéo. Avec celles-ci, le processeur calcule l'image à envoyer à l'écran, la transmet à la carte d'affichage, qui la transmet à l'écran. L'avantage d'une carte d'affichage et qu'elle décharge le processeur de l'envoi de l'image à l'écran. Le processeur n'a pas à se synchroniser avec l'écran, juste à envoyer l'image à une carte d'affichage.

Les cartes graphiques actuelles sont très complexes

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Les cartes graphiques actuelles sont des cartes d'affichage améliorées auxquelles on a ajouté des circuits annexes, afin de leur donner des capacités de calcul pour le rendu 2D et/ou 3D, mais elles n'en restent pas moins des cartes d'affichages. La seule différence est que le processeur n’envoie pas une image à la mémoire vidéo, mais que l'image à afficher est calculée par la carte graphique 2D/3D. Si vous analysez une carte graphique récente, vous verrez que les circuits des premières cartes d'affichage sont toujours là, bien que noyés dans des circuits de calcul ou de rendu 2D/3D.

Une carte graphique moderne contient donc plusieurs sous-circuits, chacun dédié à une fonction précise.

  • La mémoire vidéo est une mémoire RAM intégrée à la carte graphique, qui a des fonctions multiples.
  • L'interface écran, ou Display interface, consiste en tous les connecteurs, ainsi que tous les circuits permettant d'afficher l'image à l'écran. Il y a beaucoup d'intelligence dedans, avec des circuits de contrôle qui lisent l'image à afficher dans la mémoire vidéo, puis l'envoient bit par bit sur les interfaces/connecteurs.
  • Les circuits de calcul graphique qui s'occupent du rendu 3D. L'accélération du rendu 2D est elle fortement liée à l'interface écran, comme on le verra dans quelques chapitres.
  • Les cartes graphiques fabriquées après les années 2000 incorporent aussi des circuits de décodage vidéo, pour améliorer la performance du visionnage de vidéos.
  • Le circuit d'interface avec le bus existe uniquement sur les cartes dédiées et éventuellement sur quelques cartes soudées. Il s'occupe des transmissions sur le bus PCI/AGP/PCI-Express, le connecteur qui relie la carte mère et la carte graphique.
  • D'autres circuits annexes, comme des circuits pour gérer la consommation électrique, un BIOS vidéo, etc.
 
Architecture d'une carte graphique moderne.

Un historique rapide des cartes graphiques

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Les toutes premières cartes graphiques ne géraient pas le rendu 3D. Elles étaient beaucoup plus simples : on copiait une image dans leur mémoire vidéo, et elles l'affichaient. Il n'y avait pas de circuits de calcul graphique, ni de circuits de décodage vidéo. Juste de quoi afficher une image à l'écran. Et mine de rien, il est intéressant d'étudier de telles cartes graphiques anciennes. De telles cartes graphiques sont ce que j'ai décidé d'appeler des cartes d'affichage.

Elles disposaient très souvent de circuits pour accélérer le rendu 2D. Vous imaginez peut-être que les cartes d'affichage sont apparues en premier, qu'elles ont gagné en puissance et en fonctionnalités, avant d'évoluer pour devenir des cartes accélératrices 2D. C'est une suite assez logique, intuitive. Et ce n'est pas du tout ce qui s'est passé ! En réalité, les premières cartes d’affichage étaient des cartes hybrides entre carte d'affichage et cartes de rendu 2D. D'ailleurs, dans les chapitres suivants, nous parlerons grandement des techniques d'accélération 2D utilisées dans les anciennes consoles de jeu rétro et dans les anciens PC. Elles sont très liées à l'affichage de l'image à l'écran, qui est en soi une fonctionnalité 2D quand on y pense...

Les cartes d'affichage proprement dit sont une invention des premiers PC. Sur les consoles de jeu ou les microordinateurs anciens, il n'y avait pas de cartes d'affichage séparée, qu'on insérait dans la carte mère. A la place, le système vidéo d'un ordinateur était un ensemble de circuits soudés sur la carte mère. Les consoles de jeu, ainsi que les premiers micro-ordinateurs, avaient une configuration fixée une fois pour toute et n'étaient pas upgradables. Mais avec l'arrivée de l'IBM PC, les cartes d’affichages se sont séparées de la carte mère. Leurs composants étaient soudés sur une carte qu'on pouvait clipser et détacher de la carte mère si besoin. Et c'est ainsi que l'on peut actuellement changer la carte graphique d'un PC, alors que ce n'est pas le cas sur une console de jeu.

La différence entre les deux se limite cependant à cela. Les composant d'une carte d'affichage ou d'une console de jeu sont globalement les mêmes. Aussi, dans ce qui suit, nous parlerons de carte d'affichage pour désigner cet ensemble de circuits, peu importe qu'il soit soudé à la carte mère ou placé sur une carte d’affichage séparée. C'est un abus de langage qu'on ne retrouvera que dans ce cours.

Les cinq prochains chapitres vont parler des cartes d'affichage et des cartes accélératrices 2D, les deux étant fortement liées. C'est seulement daNs les chapitres qui suivront que nous parlerons des cartes 3D. Les cartes 3D sont composées d'une carte d'affichage à laquelle on a rajouté des circuits de calcul, ce qui fait qu'il est préférable de faire ainsi : on voit ce qui est commun entre les deux d'abord, avant de voir le rendu 3D ensuite. De plus, le rendu 3D est plus complexe que l'affichage d'une image à l'écran, ce qui fait qu'il vaut mieux voir cela après.

L'architecture globale d'une carte d'affichage

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Une carte d'affichage contient au minium trois circuits : une mémoire vidéo, un circuit de contrôle, un circuit d'interfaçage avec l'écran. La mémoire vidéo mémorise l'image à afficher, les deux circuits d'interfaçage permettent à la carte d'affichage de communiquer respectivement avec l'écran et le reste de l'ordinateur, le circuit de contrôle commande les autres circuits et sert de chef d'orchestre pour un orchestre dont les autres circuits seraient les musiciens. Le circuit de contrôle était appelé autrefois le CRTC, car il commandait des écrans dit CRT, mais ce n'est plus d'actualité de nos jours. Sur les cartes graphiques dédiées, on trouve un circuit d'interfaçage avec le bus directement relié au connecteur de la carte graphique.

 
Carte d'affichage - architecture.

La carte graphique communique via un bus, un vulgaire tas de fils qui connectent la carte graphique à la carte mère. Les premières cartes graphiques utilisaient un bus nommé ISA, qui fût rapidement remplacé par le bus PCI, plus rapide. Viennent ensuite le bus AGP, puis le bus PCI-Express. Ce bus est géré par un contrôleur de bus, un circuit qui se charge d'envoyer ou de réceptionner les données sur le bus. Les circuits de communication avec le bus permettent à l'ordinateur de communiquer avec la carte graphique, via le bus PCI-Express, AGP, PCI ou autre. Il contient quelques registres dans lesquels le processeur pourra écrire ou lire, afin de lui envoyer des ordres du style : j'envoie une donnée, transmission terminée, je ne suis pas prêt à recevoir les données que tu veux m'envoyer, etc. Il y a peu à dire sur ce circuit, aussi nous allons nous concentrer sur les autres circuits.

Le circuit d'interfaçage électrique se contente de convertir les signaux de la carte graphique en signaux que l'on peut envoyer à l'écran. Il s'occupe notamment de convertir les tensions et courants : si l'écran demande des signaux de 5 Volts mais que la carte graphique fonctionne avec du 3,3 Volt, il y a une conversion à faire. De même, le circuit d'interfaçage électrique peut s'occuper de la conversion des signaux numériques vers de l'analogique. L'écran peut avoir une entrée analogique, surtout s'il est assez ancien.

Les anciens écrans CRT ne comprenaient que des données analogiques et pas le binaire, alors que c'est l'inverse pour la carte graphique, ce qui fait que le circuit d'interfaçage devait faire la conversion. La conversion était réalisée par un circuit qui traduit des données numériques (ici, du binaire) en données analogiques : le convertisseur numérique-analogique ou DAC (Digital-to-Analogue Converter). Au tout début, le circuit d’interfaçage était un DAC combiné avec des circuits annexes, ce qu'on appelle un RAMDAC (Random Access Memory Digital-to-Analog Converter). De nos jours, les écrans comprennent le binaire sous réserve qu'il soit codé suivant le standard adapté et les cartes graphiques n'ont plus besoin de RAMDAC.

 
Architecture interne d'une carte d'affichage en mode graphique

Il y a peu à dire sur les circuits d'interfaçage. Leur conception et leur fonctionnement dépendent beaucoup du standard utilisé. Sans compter qu'expliquer leur fonctionnement demande de faire de l'électronique pure et dure, ce qui est rarement agréable pour le commun des mortels. Par contre, étudier le circuit de contrôle et la mémoire vidéo est beaucoup plus intéressant. On peut donner quelques généralités particulièrement utiles sur ces deux circuits, qui forment le cœur de la carte d'affichage. Aussi, les deux sections qui suivent seront consacrées à la mémoire vidéo et au circuit de contrôle.