La fertilité au travers des religions/la fertilité dans les écrits apocryphes
On qualifie généralement d’apocryphe (du grec { (ἀπόκρυφος) / apókryphos, « caché ») un écrit « dont l'authenticité n'est pas établie » (Littré). Cependant dans le domaine biblique l'expression désigne, à partir de la construction des canons, un écrit considéré comme non authentique par les autorités religieuses. L'acception du terme a pu être interprétée de différentes façons ; ainsi, saint Jérôme nommait « apocryphes » les W:livres deutérocanoniques de l’W:Ancien Testament et les considérait comme non-canoniques. Le qualificatif « apocryphes » est donné par les protestants à certains textes appelés deutérocanoniques par les catholiques, qui se trouvent dans la W:Septante et la W:Vulgate mais pas dans la Bible hébraïque. Les livres de l’W:Ancien Testament que les catholiques nomment « apocryphes », sont dits « pseudépigraphes » par les protestants.
L'attribution des livres à chaque religion ne faisant pas l’unanimité, à titre de simplicité, sont présentés dans ce chapitre les points qui ne sont pas présentés dans les chapitres suivants. Les chapitres suivants se focalisant sur le nouveau testament et le Coran. L'intelligence du lecteur lui permettra de s'y retrouver.
Dans les écrits déclarés Apocryphes par la suite
modifierMarie est l'objet de diverses traditions apocryphes. C'est de ces écrits que viennent la plupart des traditions qui la concernent. On y trouve notamment le nom de ses parents, Anne et Joachim, le récit de sa nativité, de son adolescence, ceux de sa vie à Éphèse, de sa W:Dormition et de son W:Assomption. Bien qu'elles soient issues de textes qui ne font pas partie du canon biblique, ces traditions ont continuellement bénéficié d'autres formes de reconnaissance chez les catholiques comme chez les orthodoxes. Outre que certaines fêtes liturgiques des calendriers catholique et orthodoxe se rapportent directement à ces récits, les églises sont pleines de fresques et de peintures représentant des épisodes de la vie de Marie tirés des apocryphes, notamment du W:Protévangile de Jacques, de La Nativité de Marie et de La Dormition de Marie.
Si dans leur ensemble les écrits apocryphes ont été rédigés plus tardivement que ceux retenus pour former le Nouveau Testament, il semble que ce ne soit pas le cas de la totalité des éléments qui se rapportent à Marie dans les apocryphes. Selon W:Enrico Norelli, « certains apocryphes contiennent des traditions plus anciennes que la composition des récits de naissance de Jésus chez Matthieu et Luc[1] ». Norelli estime que, si l'étude de ces traditions anciennes ne fournit aucune indication d'ordre historique, ni sur la naissance de Jésus, ni sur la vie de Marie, elle renseigne sur la place de Marie dans le christianisme ancien et permet de comprendre pourquoi les traditions sur Marie n'ont pas été intégrées dans les écrits canoniques, alors même que Marie continuait d'occuper une place importante dans les prédications et la tradition chrétiennes.
Différents récits de la conception de Jésus dans les écrits apocryphes
modifierMarie aurait connu une grossesse de deux mois selon un apocryphe chrétien du début du IIe siècle, l'l'Ascension d'Esaïe ; cependant, s'il y a eu gestation, il n'y aurait pas eu accouchement : Joseph et Marie étant seuls à la maison, "Marie regarda soudain de ses yeux et vit un petit enfant, et elle fut effrayée. Et après qu'elle fut effrayée, son sein se trouva comme auparavant, avant qu'elle eût conçu. Et lorsque son mari Joseph lui dit : "Qu'est-ce qui t'a effrayée ?", ses yeux s'ouvrirent et il vit l'enfant, il glorifia le Seigneur" (cité dans Marie des Apocryphes d'E. Norelli[2]).
Marie aurait accouché de Jésus au terme de sa grossesse selon le W:Protévangile de Jacques (milieu du IIe siècle), mais sans que l'accouchement ait affecté sa virginité : Jésus naît dans une grotte alors que Joseph était allé chercher une sage-femme ; une amie de la sage-femme, Salomé, arrivée peu de temps après l'événement, refuse de croire qu'une vierge ait pu mettre au monde un enfant. Elle veut s'en assurer par elle-même ; ayant "touché" Marie, elle est punie de son incrédulité ; elle dit : "ma main brûlée d'un feu dévorant tombe et se sépare de mon bras". Comme elle se repent néanmoins, un ange lui apparaît et lui recommande de porter Jésus dans ses bras. Aussitôt, un miracle a lieu : Salomé est guérie de sa paralysie[3].
Marie aurait eu une grossesse de sept mois, selon une W:homélie attribuée à Cyrille de Jérusalem, composée peut-être à la fin du IVe siècle, mais dans ce texte que cite E. Norelli, Marie n'est plus une femme, elle est l'archange Michel. "Marie n'est que l'apparence humaine prise par l'ange Michel - représenté dans la tradition juive comme l'ange protecteur d'Israël - afin de faire "entrer" dans le monde humain ce personnage céleste qu'est le Christ"[4]".
Marie aurait eu une grossesse au terme de laquelle elle aurait accouché, mais elle ne serait pas devenue enceinte par l'action du W:Saint-Esprit, selon l'Epître des apôtres (apocryphe du milieu du IIe siècle). L'ange Gabriel qui, dans les évangiles canoniques, annonce à Marie son nouveau statut de mère du Fils de Dieu, n'était autre en réalité que Jésus lui-même, qui entra alors dans Marie. Jésus dit à ses disciples : "Sous l'apparence de l'ange Gabriel, j'apparus à la vierge Marie, et lui ai parlé. [...] J'entrai en elle et suis devenu chair" (texte cité par E. Norelli dans Marie des apocryphes[5]). L'accouchement aurait eu lieu ensuite normalement.
Notes et références
modifier- ↑ Enrico Norelli, Marie des apocryphes : Enquête sur la mère de Jésus dans le christianisme antique, Genève, Labor et Fides, , 177 p. (ISBN 978-2-8309-1340-8), p.9.
- ↑ Enrico Norelli, Marie des apocryphes. Enquête sur la mère de Dieu dans le christianisme antique, Labor et Fides, 2009, p.38-39
- ↑ Protévangile de Jacques le Mineur, chapitre XX. Ce texte est accessible en ligne gratuitement.
- ↑ Enrico Norelli, Marie des apocryphes. Enquête sur la mère de Dieu dans le christianisme antique, Labor et Fides, 2009, p.68.
- ↑ W:Enrico Norelli, Marie des apocryphes. Enquête sur la mère de Dieu dans le christianisme antique, Labor et Fides, 2009, p.85.