La fertilité au travers des religions/la fertilité dans l'antiquité

Le fertilité au travers des religions

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Mésopotamie

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Redécouverte et étude de la religion en Mésopotamie

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Tablette du W:Déluge de l'W:Épopée de Gilgamesh, retrouvée dans les ruines de la Bibliothèque royale de W:Ninive, dont la traduction en 1872 a donné un écho considérable aux études sur la religion mésopotamienne.

Les auteurs de l'Antiquité classique ayant laissé peu d'écrits sur les pratiques religieuses des anciens Mésopotamiens, il a fallu les premières fouilles des anciennes cités mésopotamiennes pour ramener cette religion à la lumière, durant la seconde moitié du XIXe siècle. Les découvertes les plus spectaculaires furent celles des textes mythologiques des bibliothèques de W:Ninive, en particulier la tablette du Déluge de l'Épopée de Gilgamesh publiée par George Smith en 1872[1]. La redécouverte de la religion mésopotamienne fut parfois marquée par des débats houleux sur la nature des liens entre le texte biblique et la religion mésopotamienne, en particulier en W:Allemagne au tout début du XXe siècle avec la querelle « Babel und Bibel » initiée par Friedrich Delitzsch selon qui la religion des anciens Israélites était originaire de W:Babylone[2]. Par la suite les controverses furent plus apaisées, mais le spectre de la Bible est toujours prégnant dans les études de la religion mésopotamienne, en particulier aux W:États-Unis. Il est assez courant que l'analyse des textes mésopotamiens soit vue sous l'angle de la recherche de parallèles avec la religion israélite, qu'on les lise sous l'angle de l'influence ou bien sous celui de points communs en raison de l'appartenance à une sphère culturelle identique (le « Proche-Orient ancien »). Aujourd'hui l'attitude dominante chez les assyriologues (historiens de la Mésopotamie antique) face à ces questionnements qu'ils ne peuvent ignorer est d'étudier les parallèles entre les deux, mais aussi les différences pour offrir une approche modérée[3].

Une autre grille de lecture de la religion mésopotamienne a consisté à l'appréhender sous l'angle d'une religiosité de type « sémitique », considérée comme très expressive, verbale et émotive par opposition à la pensée plus spéculative et raisonnée des Grecs. Mais depuis le début du XXe siècle, les spécialistes de la Mésopotamie antique ont cherché avant tout à étudier la religion mésopotamienne pour elle-même, ce qu'illustrent les nombreuses études sur les différents corpus de textes provenant d'une même époque et d'un même lieu ou région, étudiant généralement plus les aspects techniques de la religion (le déroulement du culte, des rituels) que les croyances. Certains spécialistes ont tenté de donner une vision d'ensemble de la religion mésopotamienne même si cela a pu être dénoncé comme vain par le très influent A. L. Oppenheim. Les travaux de vulgarisation de Thorkild Jacobsen (qui a tenté de distinguer plusieurs stades de développement de la religion mésopotamienne)[4] et de Jean Bottéro (à l'approche plus spirituelle[5]), en particulier leurs synthèses, ont été particulièrement marquants aussi bien dans le milieu de la recherche que chez un public plus étendu en raison de leur qualité[6] ; il en est de même des traductions de mythes sumériens par Samuel Noah Kramer[7].

Il fallait finalement défendre les membres de la maisonnée contre tous les maux qui pouvaient les atteindre, généralement incarnés par des démons, mais aussi tenter d'atteindre plus de sécurité et de prospérité dans la vie. Parmi les préoccupations décelables dans les sources, se voient ainsi la protection contre les maladies et les problèmes de fertilité (particulièrement la grossesse et l'accouchement menacées par la démone Lamashtu et protégées par Pazuzu)[8], ou encore la protection de la résidence contre les démons et les malheurs par des rites et dépôts d'objets protecteurs[9]. La majeure partie de la population étant impliquée dans les activités agricoles, elle participait à divers rituels liés à celle-ci ou les accomplissait, notamment ceux visant à prévenir les malheurs mettant en péril la récolte[10].

Références et notes

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  1. D. Charpin, « 1872 : la Bible avait donc copié ! », dans Dossiers d'archéologie no 204, 1995, p. 2-5
  2. anglais M. T. Larsen, « The "Babel/Bibel" Controversy and Its Aftermath », dans Sasson (dir.) 1995, p. 95-106
  3. Foster 2007, p. 207-209. anglais M. W. Chavalas, « Assyriological and Biblical Studies: A Century and A Half of Tensions », dans M. W. Chavalas et K. Lawson Younger Jr (dir.), Mesopotamia and The Bible: Comparative Explorations, Londres et New York, 2002, p. 21-67
  4. Voir en particulier Jacobsen 1976 et anglais T. Jacobsen, The harps that once…, New Haven, 1987.
  5. Synthétisée dans Bottéro 1998, p. 59-71 et Bottéro 1997.
  6. Foster 2007, p. 161 et 164
  7. Kramer 1986
  8. Black et Green 1998, p. 132-133 et 116
  9. Black et Green 1998, p. 46-47
  10. Black et Green 1998, p. 80-81. anglais A. R. George, « The dogs of Ninkilim: magic against field pests in ancient Mesopotamia », dans H. Klengel et J. Renger (dir.), Landwirtschaft im Alten Orient, Berlin, 1999, p. 291-299 ; anglais N. Wassermann, « Eqlam naṣārum : pests and pest prevention in Old-Babylonian sources », dans H. Klengel et J. Renger (dir.), op. cit., p.341-354