Histoire de France/La monarchie absolue
Le règne personnel de Louis XIV est la période la plus glorieuse de la monarchie française.
La monarchie absolue — Siècle de Louis XIV
Gouvernement intérieur
modifierAprès la mort de Mazarin le 9 mars 1661, la première décision de Louis XIV est de supprimer la place de ministre principal et de prendre personnellement le contrôle du gouvernement. Également connu sous le nom du Roi-Soleil, Louis XIV renforce la monarchie qui devient monarchie absolue de droit divin. Le 13 avril 1655, le roi décrète dix-sept édits visant à renflouer les caisses de l’État. La légende raconte qu'à cette occasion, il aurait déclaré aux parlementaires réticents le célèbre mais contesté : « l’État c’est moi ! ». En fait, il ne l'a jamais déclaré. Il dit même le contraire sur son lit de mort, en 1715 : « Je m'en vais mais l'État demeurera toujours ». Louis XIV se dissocie de l'État, dont il se définit lui-même comme, seulement, le premier serviteur.
La monarchie de droit divin est un régime politique monarchique dans lequel le pouvoir du roi, de l'empereur ou de toute autre autorité, est légitimé par une divinité, que son élection soit naturelle ou civile, directe ou indirecte. Elle est de plus absolue quand le détenteur d'une puissance attachée à sa personne, concentre en ses mains tous les pouvoirs, gouverne sans aucun contrôle.
Louis XIV voulut dominer non seulement la France, mais l'Europe. Son ambition grandissait avec ses victoires. Après la paix de Nimègue (10 août 1678), il disgracia Colbert pour suivre les conseils de Louvois qui le poussait à la guerre. Aussi, pendant son règne, les années de guerre furent elles plus nombreuses que les années de paix.
Le traité de Nimègue fut signé dans la ville du même nom, aux Pays-Bas, le 10 août 1678, entre les Provinces-Unies (actuels Pays-Bas) et la France. Louis XIV se débarrasse des enclaves en territoires étrangers et rend, Maastricht et la principauté d'Orange, Charleroi, Binche, Ath, Audenarde et Courtrai. L'Espagne cède à la France la Franche-Comté, les places-fortes flamandes de Cassel, Bailleul, Ypres, Wervick et Warneton, ainsi que Cambrai, Bouchain, Condé-sur-l'Escaut, Bavay et la place forte de Valenciennes, dans le Hainaut.
Louis XIV irrita surtout l'Europe par l'établissement des chambres de réunion. Ces tribunaux, établis à Metz, à Brisach et à Besançon, avaient pour mission de rechercher et réunir à la France les territoires dépendant des Trois-Évêchés, de l’Alsace et de la Franche-Comté ; c'est ainsi que Strasbourg, avant ville libre et impériale, devint française (29 septembre 1681) à la suite d'un siège sans combat.
Pendant que Louis XIV excitait ainsi les haines des puissances étrangères, il se faisait encore des ennemis parmi ses propres sujets, en révoquant l'édit de Nantes (18 octobre 1685). Cette révocation fut précédée et suivie de mesures de rigueur. Les paysans des Cévennes se révoltèrent sous le nom de Camisards, et résistèrent aux dragons[1] envoyés pour les réduire : c'est ce qu'on a appelé les dragonnades de Louis XIV.
Questionnaire
modifier- Que fit Louis XIV à la mort de Mazarin ?
- Comment montra-t-il son ambition ? Que fit-il après la paix de Nimègue ?
- Qu'appelle-t-on chambres de réunion ?
- Qu'est-ce que la révocation de l'édit de Nantes ? Quels en furent les résultats ? Qu'est-ce que les camisards ?
Les ministres de Louis XIV
modifierLes principaux ministres de Louis XIV furent Colbert qui dirigea à la fois les finances, l'agriculture, les travaux publics, le commerce et la marine ; Louvois, qui donna au roi une armée solide ; Vauban, célèbre architecte ; Hugues de Lionne, négociateur des traités et des alliances.
Jean-Baptiste Colbert, fils d'un marchand de drap de Reims, entra au service de Mazarin qui le recommanda au roi avant sa mort. Louis XIV fit de Colbert son ministre des finances à la place de Fouquet, accusé de dilapidation et enfermé à Pignerol. C'était un homme d'aspect sévère et dur ; on l'appelait « l'homme de marbre ». Le nouveau ministre commença à mettre de l'ordre dans les finances. Il améliora la répartition de l'impôt en diminuant la taille, qui ne frappait que le peuple, et en augmentant les aides[2], qui concernaient chacun. Il favorisa l'agriculture, en faisant défense de saisir le bétail et les instruments de labour, en encourageant l'élevage des bestiaux, la culture et de la vigne, le dessèchement des marais. Le commerce et l'industrie se développèrent, les fabriques de drap, de toile, de papier se multiplièrent ; les routes furent améliorées et Pierre-Paul Riquet, ingénieur et entrepreneur, creusa le canal du Midi[3].
Monseigneur,
Je vous escrivis de Perpinian le XXVIII du mois dernier au subject de la ferme des gabelles du Rouissillhon et aujourd’huy je fais mesme chose de ce village, mais sur un subject bien esloigné de cette matière là. C’est sur celle du dessein d’un canal qui pourroit se faire dans cette province du Languedoc pour la communication des deux mers Océane et Méditerranée, vous vous estonnerés Monseigneur que j’entreprenne de vous parler d’une chose qu’apparemment je ne cognois pas et qu’un homme de gabelle se mesle de nivellage…
Mais vous excuserez mon entreprise lors que vous saurés que c’est de l’ordre de monseigneur l’archevesque de Tolose que je vous écris. Il y a quelque temps que ledit seigneur me fit l’honneur de venir en ce lieu, soit à cause que je luy suis voisin et omager ou pour savoir de moi les moyens de fere ce canal, car il avoit ouy dire que j’en avoit faict une estude particulière, je luy dis ce que j’en savois et luy promis de l’aller voir à Castres à mon retour de Perpinian, et de le mener sur les lieux pour lui en fere voir la possibilité.
Je l’ay fait, et ledit seigneur en compagnie de Monsieur l’évesque de Saint-papoul et de plusieurs autres personnes de condition a esté visiter toutes choses qui s’estant trouvées comme je les avois dites, ledit seigneur archevesque m’a chargé d’en dresser une rellation et de vous l’envoyer, elle est icy incluse mais en assez mauvais ordre, car, n’entendant ni grec ni latin et à peyne sachant parler françois, il ne m’est possible que je m’explique sans bégayer ; aussi ce que j’entreprens est par ordre et pour obéyr et non pas de mon mouvement propre.
Touttesfoix Monseigneur s’il vous plaic de vous donner la peine de lire ma rellation vous jugerés qu’il est vray que ce canal est faisable, qu’il est à la vérité difficille à cauze du coust mais que regardant le bien qui doibt en arriver l’on doibt fere peu de concidération de la despence. Le feu roy henry quatriesme ayeul de notre Monarque désira passionnement de fere cet ouvrage, feu Monsieur le Cardinal de Joyeuse avoit commansé d’y fere travailler et feu Monsieur le Cardinal de Richelieu en souhaitoit l’achèvement, l’histoire de France, le recueil des œuvres dudit Cardinal de Joyeuse et plusieurs autres éscrits justiffient cette vérité ; mais jusques à ce jour l’on n’avoit pas pansé aux rivières propres à servir ni sceu trouver de routtes aizées pour ce canal, car celles qu’on s’estoit alors imaginées estoient avec des obstacles insurmontables de rétrogradation de rivières et de machines pour élever les eaux.
Aussi je crois que ces difficultés ont tousjours cauzés le dégoût et recullé l’exécution de l’ouvrage mais aujourd’huy Monseigneur, qu’on trouve de routtes aizées et de rivières quy peuvent estre facillement destournées de leur anciens lits et conduites dans ce nouveau canal par pente naturelle et de leur propre inclination, touttes difficultés cesent, excepté celle de trouver un fond pour servir aux frais du travail.
Vous avez pour cela mille moyens Monseigneur, et je vous en présente encore deux dans un mien memoire cy-joint afin de vous porter plus de considérer que la facilité et l’assurance de cette nouvelle navigation fera que les destroits de Gilbratar cessera d’estre un passage absolument nécessaire, que les revenus du Roy d’Espaigne à Cadix en seroit diminués et que ceux de notre Roy augmanteront d’aultant sur les fermes des entrées et sorties des marchandises en ce royaume, oultre les droicts qui se prendront sur ledit canal qui monteront à des sommes immenses, et que les subjects de sa Majesté en general proffiteront de mille nouveaux commerces et tireront de grands avantages de cette navigation, que sy j’aprans que ce dessein vous doibve plaire je vous l’envoyeré avec le nombre des ecluses qu’il conviendra fere et un calcul exact des toises dudit canal, soit en longueur soit en largeur.
La marine militaire, par l'établissement de l'inscription maritime, prit une immense extension. Les lettres et les beaux-arts firent des progrès rapides. Les académies des belles-lettres, des sciences, d'architecture furent établies ; des monuments remarquable s'élevèrent comme la colonnade du Louvre, l'hôtel des Invalides, l'Observatoire, les châteaux de Meudon, de Marly et de Versailles.
Figure | Nom et blasonnement |
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Jean-Baptiste Colbert
D'or, à une couleuvre ondoyante d'azur en pal. |
François Michel Le Tellier de Louvois (18 janvier 1641 à Paris - 16 juillet 1691) fut le ministre de la guerre. Fils de Michel Le Tellier, secrétaire d'État, il se forma aux affaires et succéda à son père en 1677. Il opéra de nombreuses réformes dans l'armée, les imposa et força les officiers à s'occuper de leurs compagnies.
Louvois mit d'abord l'armée dans la main du roi[4], en lui réservant la nomination de tous les officiers ; désormais les grades furent accordés au mérite et non à la naissance, d'après l'ordre d'un tableau d'avancement. Puis il réorganisa l'armée : il y établit une forte discipline ; il y introduit l'uniforme, la marche au pas, les revues, la baïonnette, et remplaça le mousquet par le fusil. Il créa l'administration militaire, le service des vivres, des fourrages secs, des ambulances. Il fit construire des arsenaux, des fonderies de canons, des écoles militaires, enfin l'hôtel des Invalides pour les soldats mutilés[5].
Louvois avait pourtant un caractère dur, violent ; il poussa le roi à la guerre en l'excitant à se servir des armées qu'il préparait ; il usa de rigueurs contre les protestants ; il fit dévaster cruellement les pays ennemis, principalement le Palatinat qui fut livré aux flammes par ses ordres. Il mourut en 1691.
Sébastien Le Prestre de Vauban (entre le premier et le 5 mai 1633 - 30 mars 1707) eut plusieurs visages : ingénieur, architecte militaire, urbaniste, ingénieur hydraulicien et essayiste. Il a voulu faire de la France un pré carré, selon son expression, protégé par une ceinture de citadelles. Il n'avait pas l'ambition de construire des forteresses inexpugnables, car la stratégie consistait alors à gagner du temps en obligeant l'assaillant à immobiliser des effectifs dix fois supérieurs à ceux de l'assiégé. Aucune de ses forteresses ne fut prise, à l'exception de celle de Lille prise une fois. Il publia La Dîme royale contre l'avis du roi, préconisant le remplacement de tous les impôts royaux existants par un seul impôt exigible de toute la population de la France, privilégiés compris. Vauban mourut d'une embolie pulmonaire en 1707.
Figure | Nom et blasonnement |
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Sébastien Le Prestre de Vauban
D'azur, au chevron d'or, surmonté d'un croissant d'argent et acc. de trois trèfles du second. |
Vauban fut le plus grand ingénieur de son siècle. Pendant la guerre, il prenait les villes ; pendant la paix, il les fortifiait ; aussi disait-on : « Ville assiégée par Vauban, ville prise ; ville fortifiée par Vauban, ville imprenable ». En effet, il perfectionna l'art des sièges : pour l'attaque, il imagina les parallèles, les obus ou boulets creux ; pour la défense, il inventa les contre-mines et les fortifications rasantes, qui donnaient moins de prise aux boulets ennemis. Vauban fortifia plus de trois cents places anciennes et en créa trente-trois nouvelles ; il entoura ainsi la France d'une ceinture de citadelles qui en fit une sorte de camp retranché.
Hugues de Lionne (11 octobre 1611 - 1er septembre 1671) procurait au roi des alliés, négociait des traités. Après la mort de Mazarin, il devint ministre des affaires étrangères et occupa dix ans ce poste.
Questionnaire
modifier- Quels furent les principaux ministres de Louis XIV ?
- Qui était Louvois ? Quels changements fit-il dans le corps de troupes ? Que fit-il pour créer l'organisation militaire ?
- Qui était Vauban ? Quelles réalisations lui doit-on ?
- Qui était Hugues de Lionne ?
Guerres de Flandre et de Hollande
modifierPendant son règne, Louis XIV mena quatre grandes guerres :
- la guerre de Flandre ou de Dévolution[6] contre l'Espagne, terminée par le traité d'Aix-la-Chapelle (1668) ;
- la guerre de Hollande suivie de la 1ère coalition, terminée par le traité de Nimègue (1678) ;
- la guerre d'Allemagne ou de la Grande coalition, terminée par le traité de Ryswick (1697) ;
- la guerre de la succession d'Espagne, terminée par le traité d'Utrecht (1713).
- Guerre de Flandre
Le roi d'Espagne étant mort, en 1665, Louis XIV réclama la Flandre et la Franche-Comté au nom de la reine Marie-Thérèse dont la dot n'avait pas été payée.
Il envoya donc en Flandre Turenne avec une importante armée qui prit Lille, Douai, Tournai et occupa le pays en deux mois ; Condé, de son côté, entra en Franche-Comté et conquit toute la province en trois semaines. Ces succès inquiétèrent la triple alliance. Louis XIV s'arrêta et signa le traité d'Aix-la-Chapelle, par lequel il rendait la Franche-Comté et gardait la Flandre.
- Condé
Louis, duc d'Enghien, ensuite prince de Condé, naquit à Paris en 1621. Il offrit son épée aux Espagnols pendant les troubles de la Fronde, mais il se racheta auprès des français. Sur ses vieux jours, il se retira à Fontainebleau où il mourut en 1686.
Henri de la Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne, naquit à Sedan, en 1611. Dès son enfance, il eut un vif attrait par le métier des armes. Turenne se basait sur une tactique militaire réfléchie et des manœuvres prudentes. Né calviniste, il fut converti au catholicisme en 1668. Lorsqu'il mourut, en 1675, la cour lui accorda une sépulture royale à Saint-Denis, comme il avait été fait pour Duguesclin.
- Guerre de Hollande
Louis XIV, irrité contre la Hollande, qui avait arrêté ses succès dans la guerre précédente, lui déclara la guerre (1672). Elle opposa jusqu'en 1678 la France et ses alliés (Angleterre, Münster, Liège, Bavière, Suède) à la Quadruple-Alliance comprenant les Provinces-Unies, le Saint-Empire, le Brandebourg et l'Espagne. La paix de Nimègue est signée le 10 août 1678 avec les Provinces-Unies. L'Espagne fait la paix, le 17 septembre. En 1679, la paix est généralisée avec l'empereur (5 février), l'électeur de Brandebourg (20 juin), le roi du Danemark (2 septembre) et la Suède (26 novembre). Le traité de Nimègue est le triomphe de Louis XIV. Néanmoins il n'a pas réussi à conquérir les Pays-Bas.
- Passage du Rhin
Les hostilités commencèrent au printemps, avec la Hollande seulement, car de Lionne avait dissous la triple alliance. Louis XIV, ayant sous ses ordres Condé, Turenne, Luxembourg, Vauban et une armée de cent mille hommes, franchit le Rhin et s'empara promptement de toutes les places hollandaises jusqu'à Amsterdam.
Les Hollandais offrirent la paix à des conditions très avantageuses pour la France. Cependant, Louis XIV, conseillé par Louvois, refusa, voulant la ruine du pays. Pour se défendre, les hollandais proclamèrent stathouder[7] le prince Guillaume d'Orange, adversaire implacable de Louis XIV, rompirent les digues de la mer et ensevelirent une partie du pays sous les eaux. En même temps, Guillaume d'Orange forma contre la France une grande coalition.
Questionnaire
modifier- Quelles sont les deux premières guerres de Louis XIV ? les trois coalitions ?
- Racontez la guerre de Flandre. Quel traité la termine ? Qu'est-ce que la triple alliance ?
- Quels furent les motifs de la guerre de Hollande ?
- Comment Louis XIV agit-il à l'égard des Hollandais ? Que firent ceux-ci ?
Louis XIV — Première coalition
modifierPendant que Guillaume d'Orange forçait Louis XIV à reculer devant l'inondation de la Hollande, il négociait secrètement auprès des cours étrangères et réussissait à former contre la France la ligue de la Haye où entraient l'Espagne, l'Empire, le duc de Lorraine et l'électeur de Brandebourg.
À cette levée de boucliers, Louis XIV oppose un plan : il laisse Condé dans le Nord, envoie Turenne sur le Rhin, et se dirige lui-même avec Vauban sur la Franche-Comté dont il s'empare en six semaines. Aux Pays-Bas, Condé gagne sur le prince d'Orange la sanglante bataille de Seneffe (1674).
- Campagnes d'Alsace
En Allemagne, Turenne, après six campagnes, prend ses quartiers d'hiver près de Saverne. Les Allemands s'étaient établis solidement en Alsace et annonçaient qu'ils allaient faire la conquête de la Lorraine. Vers la fin de novembre 1674, Turenne part secrètement, passe le col de Saverne et longe les Vosges à l'ouest jusqu'au col de Valdieu. Le 27 décembre, les ennemis apprennent qu'il est à Belfort, alors qu'ils le croyaient encore dans son camp ; le 29 décembre et le 5 janvier, les victoires de Mulhouse et de Turkheim forcent les Allemands à repasser le Rhin et Turenne peut écrire à Louis XIV : « Il n'y a plus d'Allemands en Alsace ».
- Mort de Turenne
Au printemps suivant, Turenne se trouve à Salzbach, en face du célèbre Montecuculli, général des armées de l'Empire. Tout était prêt pour l'attaque, lorsqu'un boulet de canon l'emporta et la victoire avec lui (1675).
- Nouvelles victoires
Condé vint prendre le commandement de l'armée de Turenne et repoussa les Impériaux qui avaient de nouveau envahi l'Alsace ; puis il quitta la vie des camps et se retira à Chantilly. Créqui et Luxembourg, élèves de Condé, continuèrent la guerre avec succès : le premier défendit l'Alsace et s'empara de Fribourg ; le second prit Cambrai, Valenciennes, Saint-Omer et plusieurs autres places. de son côté, le duc d'Orléans, frère du roi, battait le prince d'Orange à Cassel (1677).
- Victoires navales — Traité de Nimègue
Mais les coups décisifs se portèrent sur la mer. Duquesne fut trois fois victorieux dans les eaux de Sicile, à l'île Stromboli, à Palerme et à Agosta, où périt Ruyter, célèbre amiral hollandais (1676). La Hollande se décida à traiter. La paix fut signée à Nimègue (1678). La France obtint la Franche-Comté et les grandes villes du département du Nord, que Vauban se hâta de fortifier.
- Apogée de Louis XIV
Louis XIV fit frapper d’orgueilleuses médailles ; les portes de Saint-Martin et de Saint-Denis furent élevées en son honneur ; une statue lui fut érigée sur la place des Victoires, à Paris, et le corps des magistrats lui décerna le nom de Grand.
Questionnaire
modifier- Qui forma la ligue de la Haye ? Quelles puissances en firent partie ? Quels furent les divers théâtres de la guerre ?
- Racontez la campagne d'Alsace.
- Où est mort Turenne ? En quelle année ?
- Qui remplaça Condé dans le Nord ? Quels succès remporta-t-il ? Que savez-vous de Créqui ? du duc d'Orléans ?
- Quelles victoires furent remportées sur mer ? Quel traité s'ensuivit ?
- Comment fut glorifié Louis XIV ?
Louis XIV — La grande coalition
modifierLouis XIV avait irrité toutes les cours de l'Europe par son orgueil intraitable, son despotisme à l'égard du pape, la révocation de l'édit de Nantes et l'établissement des chambres de réunion. Guillaume d'Orange profita habilement de cette disposition des esprits pour organiser et grossir la ligue d'Augsbourg formée contre la France (1686). La guerre était déjà commencée sur les bords du Rhin, lorsque la révolution de 1688 porta Guillaume sur le trône d'Angleterre. Aussitôt la lutte devint générale et la France se vit obligée de faire face de tous les côtés à la fois : sur mer, dans le Palatinat, en Hollande, en Savoie et en Espagne.
Une flotte et une armée furent chargées de rétablir Jacques II sur le trône d'Angleterre ; mais Tourville, après de magnifiques succès, fut vaincu près de la Hougue (1692), par des forces deux fois supérieures aux siennes.
- Défaites des Anglais
L'année suivante (1693), Tourville prit une glorieuse revanche par la victoire de Lagos, sur les côtes d'Espagne, où il enleva aux Anglais trois vaisseaux de ligne et cent vaisseaux marchands.
En même temps, les corsaires français comme Jean Bart, Forbin, Duguay-Trouin, parcouraient, avec quelques navires, les côtes de l'Angleterre et de la Hollande, et causaient de grands dommages au commerce ennemi.
- Victoires sur le continent
Sur terre, les armées françaises soutenaient aussi leur réputation. Le Palatinat fut ravagé et incendié par ordre de Louvois ; Vauban, dans les Pays-Bas, s'empara de plusieurs places fortes ; Luxembourg s'immortalisa par les victoires de Fleurus (1690), de Steinkerque (1692), de Nerwinde (1693), qui l'élevèrent au rang des plus grands capitaines.
En Italie, Catinat battit le duc de Savoie à Staffarde (1690) et à la Marsaille (1693). En Espagne, Vendôme s'empara de Barcelone (1697).
- Luxembourg
Le maréchal de Luxembourg était le fils de ce comte de Montmorency-Boutteville qui fut décapité sous Richelieu pour avoir enfreint la loi contre le duel. Luxembourg rappelait Condé par ses tactiques militaires. Quoique négligent et souvent surpris, il était rarement battu ; ce qui faisait dire à Guillaume d'Orange : « Je ne pourrait donc jamais vaincre ce petit bossu ? ».
- Catinat
De même que Luxembourg rappelait Condé, Catinat rappelait Turenne.
L'Europe et la France étaient épuisées. On demanda la paix ; elle fut signée à Ryswick, près de la Haye (1697). La France conserva Strasbourg et recouvra la colonie de Pondichéry ; mais l'orgueil de Louis XIV se trouva bien abaissé d'être obligé de reconnaître Guillaume d'Orange pour roi d'Angleterre. Ce qui décida Louis XIV à des concessions si grandes, c'est que le roi d'Espagne, Charles II, allait mourir, et il fallait se préparer aux luttes que sa succession devait occasionner.
- Fais contemporains
La baïonnette est inventée à Bayonne en 1670. En 1689, Pierre le Grand devient empereur de Russie.
Questionnaire
modifier- Quelles furent les causes de la ligue d'Augsbourg ? Par qui fut-elle formée ? Quels furent les différents théâtres de la guerre ?
- Racontez la bataille de la Hogue.
- Trouville prit-il sa revanche ? Quels sont les marins les plus remarquables de ce temps ?
- Quelles furent les principales victoires de Luxembourg ? de Catinat ?
- Qui était le maréchal de Luxembourg ?
- Quelles furent les principales conditions de la paix de Ryswick ?
- Quels sont les principaux faits contemporains ?
Louis XIV — Guerre de succession d'Espagne
modifier- La succession d'Espagne
En 1700, le roi d'Espagne, Charles II, mourait sans enfants. Trois puissances, la France, la Bavière et l'Autriche ambitionnaient sa succession. Le testament de Charles II appela au trône d'Espagne Philippe, duc d'Anjou. Louis XIV apprenant cette nouvelle réunit son conseil, et, après trois jours de délibération, il dit en présence de toute sa court : « Messieurs, voici le roi d'Espagne, Philippe V ».
- Troisième coalition
Cet événement souleva de nouveau les colères de l'Europe. Une coalition se forma contre la France à l'instigation de Guillaume III[8], roi d'Angleterre. Elle comprenait l'Angleterre, la Hollande, l'Empire, le Brandebourg et le Danemark (1701).
La longue guerre qui s'ensuivit se divise en trois périodes. Dans la première (1701-1703), la France obtient quelques succès ; dans la deuxième (1703-1709), elle est accablée par ses ennemis ; dans la troisième (1709-1713), elle se relève et obtient une paix honorable.
La France n'avait pas eu le temps de réparer ses pertes ; ses grands capitaines n'étaient plus : il ne restait que Catinant, Vendôme et Villars. Les coalisés, au contraire, avaient à leur tête Marlborough, homme d'État et grand capitaine de l'Angleterre, le prince Eugène, qui était au service de l'empereur, et Heinsius, grand ministre de Hollande.
- Première période
Louis XIV met trois armées en campagne : une aux Pays-Bas contre Marlborough ; la seconde en Italie contre le prince Eugène ; la troisième en Allemagne contre les Autrichiens.
En Italie, Vendôme remporte plusieurs victoires ; en Allemagne, Villars est vainqueur à Friedlingen (1702), puis à Hochstedt (1703) ; aux Pays-Bas, le maréchal Boufflers ne peut triompher des Anglais.
- Deuxième période
Bientôt la fortune se tourne contre la France. Tallard et Marsin, qui ont remplacé Villars en Allemagne, se font battre à Hochstedt par le prince Eugène et Marlborough réunis (1704). Dans le Nord, Villeroi perd toute son armée à Ramillies (1706) ; Vendôme est complètement battu à Oudenarde (1708) ; Lille est prise malgré la défense héroïque de Boufflers (1708). En Italie, la défaite de Turin (1706) se transforme en une véritable déroute. En Espagne, les Anglais prennent Gibraltar (1704), et Philippe V est chassé de la capitale.
Le terrible hiver de 1709 vient s'ajouter à la guerre pour plonger la France dans la misère.
- Négociations
Louis XIV s'humilia et demanda la paix. Les alliés acceptèrent, à la condition que Louis détrôna son petit-fils de ses propres mains pour mettre à sa place l'archiduc Charles, ce à quoi il répondit : « Puisqu'il faut faire la guerre, j'aime mieux la faire à mes ennemis qu'à mes enfants ! ». La lutte reprit et la France fut victorieuse à Malplaquet.
Les forces des coalisés, 86 000 hommes et 100 canons, surtout formés d'éléments autrichiens et néerlandais commandés conjointement par le duc de Marlborough et le prince Eugène, s'opposent à l'armée franco-bavaroise des maréchaux Villars et Boufflers, forte de 75 000 hommes et de 80 canons. Les deux armées se mettent en position face à face, à portée de canon. Le 11 septembre à 9 h 00 du matin, Eugène de Savoie, avec l'appui du régiment prussien du comte von Finckenstein, amorce une offensive sur l’aile gauche française. Il y a massé 83 bataillons et n’en laisse que 30 face à l’aile droite française qui, elle, en compte 70. L’idée directrice de ce plan est de forcer Villars à engager ses réserves et ainsi à affaiblir son centre ; mais le maréchal français fait au contraire glisser sa première ligne, esquissant un demi-repli.
Sur l'autre aile les cuirassiers du prince Jean-Guillaume d’Orange chargent une heure plus tard, et au prix de lourdes pertes parviennent à fixer les régiments du duc de Boufflers.
Marlborough et le prince Eugène redoublent leur attaque sur l'aile gauche des Français, cette fois avec l'appui du régiment du général Withers, contraignant Villars à dégarnir le centre pour les contrer. Vers 13h00, le maréchal de Villars, blessé au genou par une balle de mousquet, doit être évacué et confie l'intégralité du commandement au maréchal de Boufflers.
Lorsque l'infanterie britannique commandée par le comte Hamilton passe à l'attaque sur le centre ennemi affaibli, elle emporte toute la ligne de redans, forçant les escadrons de cavalerie de la maison du roi, commandés par Guillaume François Gibert de Lhène à affronter la cavalerie du prince de Hesse-Cassel. Le maréchal de Boufflers prend lui-même le commandement du centre français et parvient à repousser six assauts ennemis depuis les redans, sans toutefois parvenir à les reprendre à cause des tirs de couverture des fusiliers britanniques. Vers 15h00, Boufflers réalise qu'il ne peut plus l'emporter qu'au prix d'un bain de sang et préfère ordonner le repli.
Les coalisés ont essuyé de telles pertes au cours de leurs assauts successifs (plus de 21 000 hommes) qu'ils renoncent à harasser les Français.
Questionnaire
modifier- Que contenait le testament de Charles II ? Que décida Louis XIV à ce sujet ?
- Quelles puissances comprenait la troisième coalition ? Comment se subdivise-t-elle ? Quels honneurs de guerre restaient à la France ? Quels étaient les chefs de la coalition ?
- Quels furent les théâtres de la guerre pendant la première période ? Quelles furent les principales victoires ?
- Où se battirent les français pendant la deuxième période ? Quelles furent les principales défaites ? Quel fléau vint s'ajouter à la guerre ?
- Quelles conditions de paix les coalisés demandèrent-ils à Louis XIV ? Que répondit-il ?
Louis XIV — Dernières années
modifier- Troisième période de la guerre d'Espagne
Dès 1710, les affaires semblent prendre une meilleure tournure : Vendôme gagne la bataille de Villaviciosa, qui rend Philippe V maître de l'Espagne ; l'année suivante, l'Angleterre se retire de la coalition en gardant Gibraltar pour profit. Cependant les Impériaux continuent la lutte et le redoutable prince Eugène assiège Landrecies, dont la reddition doit lui ouvrir la Champagne et la route de Paris.
- Victoire de Denain
Villars déroba sa marche aux Impériaux, les surprend à Denain et les taille en pièces (1712).
- Traité d'Utrech
La paix fut signée à Utrecht (1713), à Rastadt et à Bade (1714). La France conserva les limites des traités de Ryswick ; mais il fallut combler le port de Dunkerque et céder aux Anglais les colonies de Terre-Neuve, d'Acadie, d'Hudson et de Saint-Christophe. Gibraltar et Minorque furent laissés aux Anglais ; les Pays-Bas, Naples et le Milanais, à l'empereur d'Allemagne.
- Malheurs de famille
En moins de quatre ans, la mort moissonna quatre générations de roi. Le grand Dauphin, son fils unique, mourut de la petite vérole en 1711 ; le duc de Bourgogne, son petit-fils, mourut en 1712 ainsi que son épouse, le duc de Bretagne, leur fils aîné, les suivit de près dans la tombe ; il ne restait plus que le duc d'Anjou, frère cadet de ce dernier, encore fut-il à deux doigts du tombeau.
- Mort de Louis XIV
Le 9 août 1715, au retour de Marly, le roi apparaît brusquement très abattu. Le 10, il se plaint d’une douleur à la jambe gauche que son premier médecin Fagon, attribue à une sciatique et pour laquelle il préconise une médecine. Les jours passent, les nuits sont agitées, le roi se nourrit de moins en moins et il paraît à tous, de plus en plus affaibli. Le 21 août, il accepte la consultation collective de quatre docteurs de la faculté de médecine de Paris qui confirment la sciatique alors que la fièvre mine le malade et que la pourriture de la jambe devient apparente. Le samedi 24, la situation s’aggrave : la prétendue sciatique se révèle être une gangrène sénile à la jambe contre laquelle les médecins sont impuissants. Le 26, après avoir pris son dîner au lit, qu’il ne quitte plus, il fait entrer son arrière-petit-fils, le petit dauphin, le futur roi Louis XV, âgé de 5 ans et demi. Il lui adresse un discours dont les termes diffèrent selon que l’on se rapporte au marquis de Dangeau ou à Saint-Simon. Ses derniers conseils furent de ne pas l'imiter dans son goût pour les bâtiments, de soulager la misère de ses peuples, « ce que j'ai le regret de ne pas avoir fait » et de vivre en paix avec ses voisins. Il avoua même : « J'ai trop aimé la guerre ». Sur son lit de mort, il déclare aussi : « Je m'en vais mais l'État demeurera toujours ». La journée du 30 se passe dans une somnolence quasi constante. Le samedi 31, la nuit et la journée sont détestables. Il n’a que de rares instants de connaissance. La gangrène gagne le genou et toute la cuisse. On lui donne du remède que sa belle-fille, la duchesse du Maine, a apporté et qui est excellent pour la petite vérole.
Mais le lendemain, 1er septembre 1715, Louis XIV meurt à 8 h 15 du matin, entouré de ses courtisans, après cette agonie de plusieurs jours. Son règne aura duré 72 ans et 100 jours (54 années de règne effectif si on retire la période de la régence de 1643 à 1661).
Après que sa dépouille fut exposée durant 8 jours dans le salon de Mercure, il est transporté le 9 à Saint-Denis, où il est enterré, muni des sacrements de l'Église catholique, comme se doit de l'être le « roi très chrétien[9] ».
- Faits contemporains
Saint-Pétersbourg est fondé en 1703 par Pierre le Grand, sur la Néva. En 1704, Stanislas Leckzinski est élu roi de Pologne. L'électeur de Brandebourg, Frédéric-Guillaume, prend le titre de roi de Prusse (1713).
Questionnaire
modifier- Quelles furent les conditions du traité d'Utrech ?
- Quels princes descendants de Louis XIV moururent avant lui ?
- Dans quelles conditions meurt Louis XIV ?
- Citez quelques faits contemporains de Louis XIV.
Les grands hommes du règne de Louis XIV
modifier- Siècle de Louis XIV
Louis XIV s'entoura d'artistes qui élevèrent et décorèrent les monuments de son règne ; sa cour de Versailles offrit une grande splendeur.
- Les ministres de Louis XIV
Dans son effort pour rendre la France prospère, Louis XIV s'entoura de ministres habiles, qui furent Colbert (1619-1683), Louvois (1641-1691), Vauban (1633-1707), Hugues de Lionne (1611-1671).
- Les généraux de Louis XIV
L'armée de Louis XIV fut commandée par Condé (1622-1686), Turenne (1611-1675), Vauban (1633-1707), Luxembourg (1628-1695), Catinat (1637-1712), Vendôme et Villars.
- Les marins de Louis XIV
Auprès de ces généraux prenaient place des marins comme Duquesne, Tourville, Duguay-Trouin, Jean-Bart, Jacques Cassard.
- Les grands écrivains — Première période
Au point de vue littéraire, le XVIIe siècle se divise en deux parties : la première s'étend jusqu'au moment où Louis XIV prend en main le pouvoir ; la seconde comprend le règne personnel de ce prince. Pendant la première période, Richelieu avait fondé l'Académie française qui a exercé une grande influence sur la littérature du pays.
- Descartes (1596-1650) avait publié son Discours de la Méthode ;
- Pascal (1623-1662) avait écrit ses Provinciales et ses Pensées ;
- Corneille (1606-1684) publiait ses principaux chefs-d'œuvre : le Cid, Horace, Cinna, Polyeucte.
Don Diègue
Rodrigue, enfin le ciel permet que je te voie !
Don Rodrigue
Hélas !
Don Diègue
Ne mêle point de soupirs à ma joie ;
Laisse-moi prendre haleine afin de te louer.
Ma valeur n’a point lieu de te désavouer ;
Tu l’as bien imitée, et ton illustre audace
Fait bien revivre en toi les héros de ma race ;
C’est d’eux que tu descends, c’est de moi que tu viens ;
Ton premier coup d’épée égale tous les miens ;
Et d’une belle ardeur ta jeunesse animée
Par cette grande épreuve atteint ma renommée.
Appui de ma vieillesse, et comble de mon heur,
Touche ces cheveux blancs à qui tu rends honneur ;
Viens baiser cette joue, et reconnais la place
Où fut empreint l’affront que ton courage efface.
Don Rodrigue
L’honneur vous en est dû ; je ne pouvais pas moins
Étant sorti de vous et nourri par vos soins.
Je m’en tiens trop heureux, et mon âme est ravie
Que mon coup d’essai plaise à qui je dois la vie ;
Mais parmi vos plaisirs ne soyez point jaloux
Si je m’ose à mon tour satisfaire après vous.
Souffrez qu’en liberté mon désespoir éclate ;
Assez et trop longtemps votre discours le flatte.
Je ne me repens point de vous avoir servi ;
Mais rendez-moi le bien que ce coup m’a ravi.
Mon bras pour vous venger, armé contre ma flamme,
Par ce coup glorieux m’a privé de mon âme.
Ne me dites plus rien ; pour vous j’ai tout perdu :
Ce que je vous devais, je vous l’ai bien rendu.
Don Diègue
Porte, porte plus haut le fruit de ta victoire :
Je t’ai donné la vie, et tu me rends ma gloire ;
Et d’autant que l’honneur m’est plus cher que le jour,
D’autant plus maintenant je te dois de retour.
Mais d’un cœur magnanime éloigne ces faiblesses ;
Nous n’avons qu’un honneur, il est tant de maîtresses !
L’amour n’est qu’un plaisir, l’honneur est un devoir.Don Rodrigue
Ah ! que me dites-vous ?Don Diègue
Ce que tu dois savoir.
— Corneille, Le Cid, acte III, scène 4 : Don Diègue, don Rodrigue
- Seconde période littéraire
Louis le Grand, parvenu au pouvoir, encouragea l'effort artistique. Citons :
- Molière (1622-1673), qui raille avec génie les vices et travers de la société dans des comédies immortelles, qui ont cependant été parfois censurées à l'époque pour les vives critiques qu'il adressait à l'Église catholique, religion d'État : L'Avare, Le malade imaginaire, Les femmes savantes, Tartufe, Don Juan, Le misanthrope, Le bourgeois gentilhomme ;
Monsieur Jourdain, Deux Laquais, Maître de musique, Maître à danser, Violons, Musiciens et Danseurs.Monsieur Jourdain
Hé bien, Messieurs ? Qu’est-ce ? me ferez-vous voir votre petite drôlerie ?Maître à danser
Comment ? quelle petite drôlerie ?Monsieur Jourdain
Eh la… comment appelez-vous cela ? Votre prologue ou dialogue de chansons et de danse.Maître à danser
Ah ! ah !Maître de musique
Vous nous y voyez préparés.Monsieur Jourdain
Je vous ai fait un peu attendre, mais c’est que je me fais habiller aujourd’hui comme les gens de qualité ; et mon tailleur m’a envoyé des bas de soie que j’ai pensé ne mettre jamais.Maître de musique
Nous ne sommes ici que pour attendre votre loisir.Monsieur Jourdain
Je vous prie tous deux de ne vous point en aller, qu’on ne m’ait apporté mon habit, afin que vous me puissiez voir.Maître à danser
Tout ce qu’il vous plaira.Monsieur Jourdain
Vous me verrez équipé comme il faut, depuis les pieds jusqu’à la tête.Maître de musique
Nous n’en doutons point.Monsieur Jourdain
Je me suis fait faire cette indienne-ci.Maître à danser
Elle est fort belle.Monsieur Jourdain
Mon tailleur m’a dit que les gens de qualité étaient comme cela le matin.Maître de musique
Cela vous sied à merveille.Monsieur Jourdain
Laquais ! holà, mes deux laquais !Premier laquais
Que voulez-vous, Monsieur ?Monsieur Jourdain
Rien. C’est pour voir si vous m’entendez bien. (Aux deux maîtres.) Que dites-vous de mes livrées ?Maître à danser
Elles sont magnifiques.Monsieur Jourdain. Il entr’ouvre sa robe, et fait voir un haut-de-chausses étroit de velours rouge, et une camisole de velours vert, dont il est vêtu.
Voici encore un petit déshabillé pour faire le matin mes exercices.Maître de musique
Il est galant.Monsieur Jourdain
Laquais !Premier laquais
Monsieur.Monsieur Jourdain
L’autre laquais !Second laquais
Monsieur.Monsieur Jourdain
Tenez ma robe. Me trouvez-vous bien comme cela ?Maître à danser
Fort bien. On ne peut pas mieux.Monsieur Jourdain
Voyons un peu votre affaire.Maître de musique
Je voudrais bien auparavant vous faire entendre un air qu’il vient de composer pour la sérénade que vous m’avez demandée. C’est un de mes écoliers, qui a pour ces sortes de choses un talent admirable.Monsieur Jourdain
Oui, mais il ne fallait pas faire faire cela par un écolier, et vous n’étiez pas trop bon vous-même pour cette besogne-là.Maître de musique
Il ne faut pas, Monsieur, que le nom d’écolier vous abuse. Ces sortes d’écoliers en savent autant que les plus grands maîtres, et l’air est aussi beau qu’il s’en puisse faire. Écoutez seulement.Monsieur Jourdain
Donnez-moi ma robe pour mieux entendre… Attendez, je crois que je serai mieux sans robe… Non ; redonnez-la-moi, cela ira mieux.Musicien, chantant :
Je languis nuit et jour, et mon mal est extrême,
Depuis qu’à vos rigueurs vos beaux yeux m’ont soumis ;
Si vous traitez ainsi, belle Iris, qui vous aime,
Hélas ! que pourriez-vous faire à vos ennemis ?Monsieur Jourdain
Cette chanson me semble un peu lugubre, elle endort, et je voudrais que vous la pussiez un peu ragaillardir par-ci, par-là.Maître de musique
Il faut, Monsieur, que l’air soit accommodé aux paroles.Monsieur Jourdain
On m’en apprit un tout à fait joli, il y a quelque temps. Attendez… Là… comment est-ce qu’il dit ?Maître à danser
Par ma foi ! je ne sais.Monsieur Jourdain
Il y a du mouton dedans.Maître à danser
Du mouton ?Monsieur Jourdain
Oui. Ah !
(Monsieur Jourdain chante)
Je croyais Janneton
Aussi douce que belle,
Je croyais Janneton
Plus douce qu’un mouton :
Hélas ! hélas ! elle est cent fois,
Mille fois plus cruelle,
Que n’est le tigre aux bois.
N’est-il pas joli ?Maître de musique
Le plus joli du monde.Maître à danser
Et vous le chantez bien.Monsieur Jourdain
C’est sans avoir appris la musique.Maître de musique
Vous devriez l’apprendre, Monsieur, comme vous faites la danse. Ce sont deux arts qui ont une étroite liaison ensemble.Maître à danser
Et qui ouvrent l’esprit d’un homme aux belles choses.Monsieur Jourdain
Est-ce que les gens de qualité apprennent aussi la musique ?Maître de musique
Oui, Monsieur.Monsieur Jourdain
Je l’apprendrai donc. Mais je ne sais quel temps je pourrai prendre ; car, outre le Maître d’armes qui me montre, j’ai arrêté encore un Maître de philosophie, qui doit commencer ce matin.
— Molière, Le Bourgeois gentilhomme, acte I, scène II
- La Fontaine (1621-1695), qui, dans ses fables, fait parler des bêtes, et donne de sages leçons par leur exemple ;
La cigale, ayant chanté
Tout l'été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue.
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau
Elle alla crier famine
Chez la fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu'à la saison nouvelle
« Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l’août, foi d'animal,
Intérêt et principal. »
La fourmi n'est pas prêteuse ;
C'est là son moindre défaut.
« Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse.
Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
— Vous chantiez ? j'en suis fort aise.
Eh bien : dansez maintenant. »
- Racine (1639-1699), qui a laissé les tragédies d’Andromaque, de Britannicus, de Phèdre, d’Esther et d'Athalie, et la comédie des Plaideurs ;
Oreste
Oui, puisque je retrouve un ami si fidèle,
Ma fortune va prendre une face nouvelle ;
Et déjà son courroux semble s'être adouci
Depuis qu'elle a pris soin de nous rejoindre ici.
Qui l'eût dit, qu'un rivage à mes vœux si funeste
Présenterait d'abord Pylade aux yeux d'Oreste ?
Qu'après plus de six mois que je t'avais perdu,
À la cour de Pyrrhus tu me serais rendu ?
Pylade
J'en rends grâces au ciel qui, m'arrêtant sans cesse,
Semblait m'avoir fermé le chemin de la Grèce,
Depuis le jour fatal que la fureur des eaux
Presque aux yeux de l'Epire écarta nos vaisseaux.
Combien, dans cet exil, ai-je souffert d'alarmes !
Combien à vos malheurs ai-je donné de larmes,
Craignant toujours pour vous quelque nouveau danger
Que ma triste amitié ne pouvait partager !
Surtout je redoutais cette mélancolie
Où j'ai vu si longtemps votre âme ensevelie.
Je craignais que le ciel, par un cruel secours,
Ne vous offrît la mort que vous cherchiez toujours.
Mais je vous vois, Seigneur ; et si j'ose le dire,
Un destin plus heureux vous conduit en Epire :
Le pompeux appareil qui suit ici vos pas
N'est point d'un malheureux qui cherche le trépas.
— Racine, Andromaque, acte I, scène 1
- Boileau (1636-1711), qui écrivait l'Art poétique, où il donne de précieux conseils aux écrivains ;
- Bossuet (1636-1704), qui composa plusieurs ouvrages d'histoire et de philosophie ;
- Rochefoucauld, qui écrivit des Maximes ;
- la Bruyère, qui écrivit des Caractères ;
- Madame de Sévigné, qui écrivit des Lettres.
- Les grands artistes
Louis XIV eut aussi des artistes. Dans la peinture, les noms les plus illustres sont ceux de Nicolas Poussin, Lesueur, Lebrun, Mignard, Claude Lorrain. Dans la sculpture, Puget, Girardon, Coysevox, les deux Couston. Dans l'architecture, Mansard, l'architecte du château de Versailles ; Perrault, l'auteur de la colonnade du Louvre ; Le Notre, dessinateur des résidences royales. Enfin, les graveurs Callot et Nanteuil, et le musicien Lulli.
- La cour de Versailles
Louis XIV avait fait construire le château de Versailles, où se tenait la cour. On y donnait des fêtes splendides : les plus grands seigneurs de France et de l'étranger, les personnages les plus illustres dans la guerre, les lettres et les arts, s'y pressaient pour obtenir les faveurs du roi.
- Le château de Versailles
Situé à Versailles, il fut la résidence des rois de France Louis XIV, Louis XV et Louis XVI. Le roi et la cour y résidèrent de façon permanente du 6 mai 1682 au 6 octobre 1789, à l'exception des quelques années de la Régence.
Situés au sud-ouest de Paris, dans la ville de Versailles en France, ce château et son domaine visaient à glorifier la monarchie française.
Le château est constitué d'une succession d'éléments ayant une harmonie architecturale. Il s'étale sur 63 154 m² répartis en 2 300 pièces (dont 1 000 pièces de musée).
Le parc du château de Versailles s'étend sur 715 ha (contre 8 000 avant la Révolution française, soit dix fois plus), dont 93 ha de jardins. Il comprend de nombreux éléments, dont le Petit et le Grand Trianon, le hameau de la Reine, le Grand et le Petit Canal, une ménagerie, une orangerie et la pièce d'eau des Suisses.
Questionnaire
modifier- Quels furent les principaux ministres de Louis XIV ? ses généraux ? ses marins ?
- Quels sont les écrivains remarquables de la première période ? de la seconde ?
- Indiquez les principales œuvres de Racine?
- Quels furent les grands artistes de ce règne ?
- Quel aspect avait la cour du roi ?
La mode sous Louis XIV
modifierDans le petit peuple, notamment dans les campagnes, le costume évolue très peu au cours des siècles. Pour mieux connaître les costumes populaires français à l’époque de Louis XIV, on peut observer des tableaux des frères Antoine, Louis et Mathieu Le Nain ou de Jean Michelin.
La mode ne touche que les gens qui ont suffisamment d’argent pour renouveler leur garde-robe et surtout suffisamment de contacts extérieurs pour subir de nouvelles influences. Par exemple, le mot cravate apparaît en 1651, déformation du mot « croate », parce que les soldats croates, entrés (comme les Suisses) au service du roi de France, portaient autour du cou une petite écharpe légère, bientôt adoptée par les gens à la mode, en remplacement du collet empesé de l’époque précédente. Jusqu’alors, une grande écharpe se portait généralement en bandoulière (comme l’écharpe de maire d’aujourd’hui) ou à la ceinture. De même, la rhingrave, sorte de jupe-culotte ample, porte ce nom parce que c’est un comte allemand qui en a lancé la mode (rhingrave, en allemand, signifie Comte de Rhénanie).
Parfois, c’est un incident imprévu qui crée une nouvelle mode. On raconte que Mademoiselle de Fontanges, l’une des favorites du roi, fut décoiffée par un coup de vent pendant une chasse à cheval. Pour rectifier sa coiffure, elle a eu l’idée de relever ses cheveux sur le haut de la tête en les nouant, faute de ruban, avec sa jarretière. Cette coiffure originale obtient un grand succès. Rapidement, beaucoup de femmes de la haute société veulent se coiffer « à la Fontanges ».
Certains nobles, que l’on appelle « les lions », sont connus pour lancer les nouvelles modes. Dès que le roi manifeste un intérêt pour une nouveauté vestimentaire, la plupart des courtisans s’empressent de l'adopter.
Économie et réglementation
modifierCe qui caractérise le XVIIe siècle, c’est surtout la volonté des gens riches, courtisans ou non, d’étaler leur fortune dans leur habillement. À tel point que, pour éviter le gaspillage qui oblige à faire venir de l’étranger des tissus précieux introuvables en France, Richelieu, puis Mazarin ont interdit, aux personnes n’appartenant à la famille royale, l’utilisation des brocarts, ces étoffes tissées de fils d’or ou d’argent. Plus tard, il faudra, moyennant finances, obtenir un brevet du roi pour avoir le droit d’en porter, d’où le nom de « pourpoint à brevet ». De même, la longueur de la traîne des robes féminines est réglementée selon le rang de noblesse, la plus longue traîne étant évidemment celle de la reine, puis celle des princesses, ou de haute perruque...
La folie des ornements multiplie les passementeries brodées et les dentelles, jusqu’alors fabriquées hors de France. Pour des raisons économiques, Mazarin veut en interdire l’importation, mais Colbert trouve une solution plus astucieuse en faisant venir d’Italie et des Flandres des spécialistes qui enseigneront à les fabriquer en France. C’est l’origine des dentelles d’Alençon. Les riches pourront donc continuer à utiliser à profusion des rubans et des dentelles, en faisant travailler l’artisanat français.
Le costume masculin
modifierLes principales variantes jouent sur la longueur des chausses, c’est-à-dire de la culotte (le pantalon, couvrant toute la jambe, est méprisé par les gens riches qui l’abandonnent aux gens du peuple, qualifiés plus tard de « sans-culottes » au moment de la Révolution de 1789).
Les jambes des « gens de qualité » sont couvertes de bas, montant plus ou moins haut selon la longueur des chausses. Au XVIe siècle, la jambe était généralement découverte jusqu’au haut des cuisses et les chausses bouffantes, très courtes, ressemblaient un peu aux barboteuses des bébés actuels. Sous Louis XIII, les chausses descendent sous les genoux et on ne voit plus les jambes cachées dans les hautes bottes à large revers. Sous Louis XIV, on ne garde les bottes que pour les sorties à cheval. Le reste du temps, on porte des souliers, généralement à talons hauts.
Le haut-de-chausses est garni au niveau des jarrets de flots de rubans, les canons. Il est recouvert par une sorte de court jupon, appelé rhingrave, formant ainsi une sorte de jupe culotte.
Le buste est couvert par une large chemise à manches flottantes et un pourpoint, gilet attaché aux chausses par des cordons, les aiguillettes, souvent terminés par des glands métalliques ou de véritables bijoux : les ferrets. Selon l’époque, le pourpoint est très court, comme un boléro. Plus tard, il s’allonge et s’appelle justaucorps. Le tout est garni de rubans tissés en soie, de flots de dentelle, de nœuds de rubans appelés des galants.
Le chapeau se modifie selon la mode, mais il est généralement garni de galons et empanaché. L’élément le plus visible est la lourde perruque de faux cheveux qui atteint parfois des dimensions impressionnantes. On dit qu’au début Louis XIII voulait cacher sa calvitie avec de faux cheveux. Les perruques s’étant généralisées, agrandies et alourdies (souvent un kilo), beaucoup de courtisans s’allègent la tête en rasant leur vraie chevelure. Mais Louis XIV veut garder ses cheveux naturels et oblige les perruquiers à les mêler à ceux de sa perruque.
Le costume féminin
modifierLa robe des femmes ne peut pas varier sur la longueur qui est imposée par la coutume de l’époque : jusqu'à la cheville. Alors on modifie l’ampleur de la jupe, un moment gonflée par une armature intérieure, le vertugadin. Puis on reviendra à une ligne plus tombante, avant de développer plus tard la robe à paniers avec de nombreux volants. La variété est apportée surtout par des volants de tissus différents, des ajouts de dentelles, de rubans et par des accessoires : manchons, éventails.
La coiffure se modifie souvent, les cheveux jouant avec les coiffes de dentelles et les chapeaux, mais c’est seulement au XVIII{e}} siècle que se développeront les perruques les plus extravagantes (en montgolfière, par exemple). Le maquillage inclut des grains de beauté artificiels, appelés mouches, dont on prétend qu’ils ont une signification différente selon leur emplacement sur le visage.
Molière et les costumes de son époque
modifierC’est dans le théâtre de Molière que l’on trouve, sous forme de railleries, la description du costume masculin des « personnes de qualité ».
Au début de L’école des Maris (1661), Ariste conseille à son frère Sganarelle de s’habiller selon la mode. Celui-ci lui répond :
- Il est vrai qu’à la mode il faut m’assujettir,
- Et ce n’est pas pour moi que je dois me vêtir...
- Ne voudriez-vous point, dis-je, sur ces matières,
- De vos jeunes muguets m’inspirer les manières ?
- M’obliger à porter de ces petits chapeaux
- Qui laissent éventer leurs débiles cerveaux ;
- Et de ces blonds cheveux, de qui la vaste enflure
- Des visages humains offusque la figure ?
- De ces petits pourpoints sous les bras se perdant ?
- Et de ces grands collets jusqu’au nombril pendant ?
- De ces manches qu’à table on voit tâter les sauces ?
- Et de ces cotillons appelés hauts-de-chausses ?
- De ces souliers mignons de rubans revêtus,
- Qui vous font ressembler à des pigeons pattus ?
- Et de ces grands canons où, comme des entraves,
- On met tous les matins ses deux jambes esclaves,
- Et par qui nous voyons ces messieurs les galants
- Marcher écarquillés ainsi que des volants ?
- Je vous plairais, sans doute, équipé de la sorte ?
- Et je vous vois porter les sottises qu’on porte.
Au second acte de Don Juan (1665), le paysan Pierrot raconte à son amie Charlotte qu’il a sauvé de la noyade deux hommes dont la barque avait chaviré. Ils se sont déshabillés pour se sécher et faire sécher leurs vêtements. Pierrot décrit son ébahissement en voyant se rhabiller le plus riche (Don Juan, en personne). Il raconte cela dans son patois (qui se comprend mieux si on le lit à haute voix):
- Mon guieu, je n’en avais jamais vu s’habiller. Que d’histoires et d’engingorniaux boutont ces messieux-là les courtisans ! Je me pardrais là-dedans, pour moi ; et j’étais tout ébobi de voir ça. Quien, Charlotte, ils avont des cheveux qui ne tenont point à leu tête ; et ils boutont ça après tout, comme un gros bonnet de filasse. Ils ant des chemises qui ant des manches où j’entrerions tout brandis, toi et moi. En glieu d’haut-de-chausses, ils portont une garde-robe aussi large que d’ici à Pâques ; en glieu de pourpoint, de petites brassières qui ne leu venont pas jusqu’au brichet ; et en glieu de rabat, un grand mouchoir de cou à réziau, aveuc quatre grosses houpes de linge qui leu pendont sur l’estomaque. Ils avont itou d’autres petits rabats au bout des bras, et de grands entonnois de passement aux jambes, et, parmi tout ça, tant de rubans, tant de rubans, que c’est une vraie piquié. Ignia pas jusqu’aux souliers qui n’en soyont farcis tout depis un bout jusqu'à l’autre ; et ils sont faits d’eune façon que je me romperais le cou aveuc.
Au troisième acte du Bourgeois Gentilhomme (1669), Monsieur Jourdain s’est revêtu de l’habit à la dernière mode que vient de lui apporter son tailleur. En le voyant, sa servante Nicole est prise d’un tel fou-rire qu’elle est incapable de reprendre son calme, malgré les menaces de son maître. C’est la plus belle scène du fou-rire du théâtre français.
Question de récapitulation
modifierPremière partie
modifier- Que savez-vous sur Louis XIV ?
- Qui était Colbert ?
- Que fit-il pour la marine ?
- Comment Louvois s'illustra-t-il ?
- Que fit la Hollande pour sauver son indépendance ?
- Quelles victoires remporta Condé ?
- Quelle fut la plus belle campagne de Turenne ?
Deuxième partie
modifier- Quelles furent les causes de la seconde coalition ?
- Quelles victoires navales remportèrent Duquesne et Tourville ?
- Que savez-vous de la révocation de l'édit de Nantes ?
- Quels traités ont terminé chaque guerre ?
- Rappelez les conditions des traités d'Utrecht et de Rastadt.
- Quels furent les grands écrivains du siècle de Louis XIV ?
- Nommez les peintres et les architectes les plus célèbres.
Troisième partie
modifier- Que savez-vous sur Luxembourg ? Catinat ? Villars ? sur les chambres de réunion ? les Camisards ? l'hôtel des Invalides ? le titre de stathouder ?
- Qu'est-ce que le droit de dévolution ? les digues de Hollande ? la cour du roi ?
Tableau synoptique des premières guerres de Louis XIV
modifierGuerre de Flandre (1667-1668) |
Cause :
Préparatifs :
Opérations militaires :
|
Guerre de Hollande (1672) |
Causes :
Préparatifs :
Opérations militaires :
Négociations :
Résultats :
|
Première coalition (1673-1678) |
Coalisés : Hollande, Empire, Espagne, Lorraine, Brandebourg. Opérations militaires :
Résultats :
|
Tableau synoptique des deux dernières coalitions, sous Louis XIV
modifierGrande coalition (1686-1697) |
Causes :
Coalisés :
Opérations militaires :
Résultats :
|
Guerre de succession d'Espagne ou troisième coalition (1701-1713) |
Causes :
Coalisés :
1ère période, succès (1701-1704) :
2e période, revers (1704-1710) :
Négociations :
3e période, succès (1710-1712) :
Résultats :
|
Notes
modifier- ↑ Dragons : militaires se déplaçant à cheval mais combattant à pied.
- ↑ Les aides : impôt établi sur certains objets de consommation comme le vin, le sel.
- ↑ Canal du Midi : canal artificiel reliant Toulouse à la Méditerranée.
- ↑ Mettre l'armée dans la main du roi, c'est la mettre à sa disposition, de sorte qu'il ait toute autorité sur elle. Avant Louvois, les colonels achetaient leurs régiments, puis s'en considéraient comme les maîtres.
- ↑ On pourra lire Cornélis de Witt, « [[s:Louvois et l’Armée de Louis XIV|]] », Revue des Deux Mondes, 2e période, tome 37, 1862 (pp. 610-634).
- ↑ Dévolution : le droit de dévolution était une coutume du Brabant, en vertu de laquelle les biens immeubles étaient dévolus aux enfants d'un premier mariage, à l'exclusion de ceux du second ; or Marie-Thérèse avait ce droit pour elle.
- ↑ Stathouder : titre que portait le chef de la république hollandaise lorsqu'il était investi d'un pouvoir absolu.
- ↑ Guillaume III : nom que porta Guillaume d'Orange quand il fut devenu roi d'Angleterre, en 1688.
- ↑ Roi très chrétien : qualificatif donné au roi de France. De la même façon, les rois d'Angleterre sont les « défenseurs de la foi », ceux d'Espagne les « rois catholiques ».