Histoire de France/Guerres de religion
Les guerres de religion sont une série de huit conflits, qui ont ravagé le royaume de France dans la seconde moitié du XVIe siècle et où se sont opposés catholiques et protestants. Ces malheureuses guerres civiles[1] durent environ quarante ans (1559-1598), sous les fils de Henri II et sous Henri IV.
Guerres de religion
François II
modifierHenri II laissait quatre fils ; trois d'entre eux portèrent la couronne : François II, Charles II et Henri III. Le quatrième, François, fut duc d'Alençon. François II, âgé de seulement seize ans, d'une nature indolente et maladive, abandonna le pouvoir à sa mère, Catherine de Médicis, et surtout à la maison des Guise (1559), branche cadette de la maison de Lorraine. Les Guise étaient devenus très populaires ; François, le héros de Metz et de Calais était aimé du peuple, craint du parlement et regardé par les réformés comme leur plus redoutable adversaire. L'élévation au trône de sa nièce Marie Stuart lui assurait une grande influence à la cour. Les Guise avaient pour rivaux les Bourbons et les Châtillons. Les Bourbons, de sang royal, résolurent de les renverser, et pour cela se mirent à la tête du parti des réformés. Les Châtillons, qui voulaient aussi exercer le pouvoir, firent de même.
Les opposants au pouvoir et les protestants formèrent le projet d'éliminer les Guise et d'enlever le roi pour s'emparer du pouvoir. Le véritable chef du complot était le prince de Condé ; mais Jean du Barry, seigneur de la Renaudie et gentilhomme protestant fut chargé de l'exécuter. Les Guise, prévenus à temps de l'existence du complot, transportèrent le 22 février 1560 la cour dans le château fort d'Amboise, qu'ils firent garder par des soldats. Le 17 mars, les rebelles lancent une attaque surprise menée par Bertrand de Chandieu ; la révolte est rapidement matée, et ses acteurs sont punis avec une extrême sévérité : la plupart des conjurés sont pendus aux balustrades du château, les autres sont noyés dans la Loire ou massacrés par la foule. Le 19 mars, Jean du Barry est tué dans la forêt de Château-Renault par des cavaliers. Son corps est ramené à Amboise. D'abord attaché à une potence sur le pont avec une pancarte indiquant « chef des rebelles », il est ensuite coupé en cinq morceaux et les parties de son corps sont exposées aux portes de la ville. La répression fait 1 200 à 1 500 morts.
Les états généraux furent convoqués à Orléans ; Condé s'y rendit, y fut arrêté, jugé et condamné comme conspirateur, traître et hérétique. Mais la mort de François II, arrivée la même année (1560), le sauva. Catherine de Médicis, qui devint régente et qui voulait se servir de tous les partis, lui rendit la liberté ; puis elle renvoya Marie Stuart en Écosse, afin de rester seule maîtresse du pouvoir. Après la mort de François II, Marie Stuart retourna en Écosse, où sa mère, Marie de Lorraine, avait gouverné pendant son absence. On lui attribue alors ces vers : « En mon triste et doux chant, D'un ton fort lamentable, Je jette un deuil tranchant, De perte irréparable, Et, en soupirs cuisants, Passe mes meilleurs ans ». Elle allait trouver une couronne, mais aussi des chaînes, une captivité de dix-huit ans et un échafaud.
Monsieur mon beau-frère,
estant par la permission de Dieu pour mes péchés comme je crois venue me jeter entre les bras de cette Roine ma cousine, où j’ai eu beaucoup d’ennuis & passé près de vingt ans, je suis enfin par elle & ses états condamnée à la mort, & ayant demandé mes papiers par eux ostés à cette fin de faire mon testament, je n’ai peu rien retirer qui me servist, ni obtenir congé d’en faire un libre, ni qu’après ma mort mon corps fust transporté selon mon désir en votre royaume où j’ai eu l’honneur d’estre roine votre soeur & ancienne alliée.
Ce jour, après dîner ma esté dénoncée ma sentence pour être executée demain comme une criminelle à huit heures du matin. Je n’ay eu loisir de vous faire un ample discours de tout ce qui s’est passé, mais s’il vous plaist de croire mon médecin & ces autres miens désolés serviteurs, vous oyrez la verité & comme grâces à dieu je mesprise la mort & fidelement proteste de la recevoir innocente de tout crime quand je serois leur sujette. La religion catholique & le maintien du droit que Dieu m’a donné à cette couronne sont les deux poincts de ma condamnation & toutesfois ils ne me veulent permettre de dire que c’est pour la religion catholique que je meurs mais pour la crainte du change de la leur & pour preuve ils m’ont ôté mon aumônier lequel bien qu’il soit en la maison je n’ai pu obtenir qu’il me vînt confesser ni communier à ma mort, mais m’ont fait grande instance de recevoir la consolation & doctrine de leur ministre amené pour ce fait. Ce porteur & sa compaignie – la plupart de vos subjets – vous tesmoigneront mes déportements. En ce mien acte dernier il reste que je vous supplie, comme roi très chrestien mon beau-frère & ancien allié & qui m’avez toujours protesté de m’aimer, qu’à ce coup vous faisiez preuve en touts ces poincts de vostre vertu tant par charité me soulageant de ce que pour décharger ma conscience je ne puis sans vous qui est de récompenser mes serviteurs desolés leur laissant leurs gages l’autre faisant prier Dieu pour une roine qui a était nommée très chresienne & meurt catholique dénuée de touts ses biens, quant a mon fils je le vous recommande autant qu’il le méritera car je n’en puis répondre. J’ai pris la hardiesse de vous envoyer deux pierres rares pour la santé vous la désirant parfaite avec heureuse & longue vie. Vous les recevrez comme de votre très affectionnée belle-sœur mourante en vous recommandant encore mes serviteurs. Vous ordonnerez s'il vous plaist que pour mon âme je sois payée de partie de ce que me devez & qu'en l'honneur de Jésus Christ lequel je prierai demain à ma mort pour vous me laisser de quoi fonder un obit[2] & faire les aumônes requises.
ce mercredi à deux heures après minuit Votre très affectionnée & bien bonne sœur
Questionnaire
modifier- À qui François II accorda-t-il sa confiance ? Qui étaient les Guise ? Qui avaient-ils pour rivaux ? Quels furent les fils de Claude de Guise ? de François de Guise ? de Charles de Bourbon ?
- Qu'est-ce que la conjuration d'Amboise ? Quels en étaient les chefs ?
- Par quel événement Condé fut-il sauvé ?
- Que savez-vous sur Marie Stuart ?
Charles IX
modifierLa mort de François II laissait le trône à son frère Charles IX, âgé de 11 ans. Sa mère, Catherine de Médicis, se saisit de la régence et se rapprocha des Bourbons pour maintenir l'équilibre entre les catholiques et les protestants, afin de régner plus sûrement sur les uns et les autres. Sa devise était « Diviser pour régner ». Il se forma alors, en France, trois partis bien distincts :
- le parti catholique, qui avait à sa tête François de Guise, le connétable de Montmorency et le maréchal de Saint-André ;
- le parti protestant, qui avait pour chefs les Bourbons et les Châtillons ;
- le parti politique, dirigé par Catherine de Médicis et le chancelier[3] de l'Hôpital.
Le Modèle:1er mars 1562, François de Guise, chef charismatique des catholiques, se rendant à Paris, passe avec son escorte à Wassy, en Champagne. Il apprend qu’une assemblée de protestants se tient dans une grange située à l’intérieur de la ville, ce qui constitue une entorse à l'édit de janvier. Envoyés sur place, ses émissaires reçoivent de la part des protestants un mauvais accueil. L’altercation dégénère en violence, les insultes et les pierres pleuvent sur les troupes de Guise. Arrivé entre-temps sur les lieux, le duc est lui-même touché. L’assaut de la grange par ses troupes dégénère en massacre. Il fait chez les protestants une cinquantaine de morts, dont des femmes et des enfants, et environ cent-cinquante blessés. Bien que le duc parle d'un incident, les partisans de la guerre se persuadent au contraire d'une préméditation de sa part et se croient autorisés à lancer la lutte ouverte. Cette affaire ouvre l’ère des guerres de religion en France. Protestants et catholiques se lèvent en armes. En Dauphiné, le baron des Adrets se livrait à des atrocités effroyables. Montluc, de son côté, vengea les catholiques par de terribles exécutions en Guyenne : c’était dent pour dent.
Questionnaire
modifier- Quel âge avait Charles IX à son avènement ? Qui eut la régence ?
- Quels étaient les trois partis qui divisaient la France en 1560 ?
- Comment se préparait la guerre civile ? Qu'est-ce qui la fit éclater ?
La Saint-Barthélémy
modifier- Première guerre
Un des faits les plus importants de la première guerre fut la prise de Rouen (1562), où fut tué Antoine de Bourbon[4], roi de Navarre. Quelques jours après, Guise gagna encore la bataille de Dreux[5] et fit prisonnier le prince de Condé qu'il traita avec beaucoup de générosité. Il allait enlever Orléans aux protestants, lorsqu'il tomba sous les coups de l'assassin protestant Poltrot de Méré. La paix d'Amboise (1563) termina la guerre en accordant quelques concessions aux protestants ; puis catholiques et réformés, un instant réconciliés, allèrent ensemble reprendre le Havre aux Anglais.
- Assassinat du duc de Guise
François de Guise faisait le siège d'Orléans, lorsqu'il apprend l'arrivée de sa femme. Il monte à cheval pour aller la rejoindre. tout à coup il se sent frappé à l'épaule droite d'un coup de pistolet. « Il y avait longtemps qu'on me le gardait, ce coup-là », dit-il. Il tombe sur le cou de son cheval, essayant vainement de tirer son épée hors du fourreau. Transporté au château près de la duchesse, il expira le 24 février 1563.
- Deuxième guerre
La paix ne dura que quatre ans. Les protestants, effrayés de l'entrevue de Catherine de Médicis avec le duc d'Albe, lieutenant du roi d'Espagne aux Pays-Bas, formèrent un complot pour enlever le roi, et la guerre recommença (1567).
Condé fut battu à Saint-Denis, mais le connétable de Montmorency y périt. On signa alors la paix de Longjumeau qui renouvela les clauses du traité d'Amboise.
- Troisième guerre
La troisième guerre suivit de près la seconde (1568). Condé et Coligny mirent à leur tête le jeune Henri de Navarre ; mais le duc d'Anjou, frère du roi, les battit à Jarnac et à Moncontour (1569). Condé, après avoir remporté quelques cussès à la Roche-Abaille, fut tué à Jarnac.
Catherine offrit la paix, qui fut signée la même année à Saint-Germain. Les protestants obtinrent enfin la liberté de conscience, l'admission aux fonctions publiques et quatre places de sûreté : la Rochelle, Montauban, Cognac, la Charité. Leur chef, le jeune Henri de Béarn, devait épouser Marguerite, sœur du roi ; mais la reine mère, après avoir flatté Coligny, prit ombrage de son influence sur l'ensprit du jeune roi et voulut le faire assassiner. Le coup ayant manqué, elle conçut le dessein de faire périr les principaux chefs protestants. Elle arracha à Charles IX son consentement et le massacre eut lieu dans la nuit de la Saint-Barthélémy, le 24 août 1572.
- La Saint-Barthélémy
Charles IX, après avoir résisté plusieurs heures aux obsessions de sa mère, finit par s'écrier avec peur et colère : « Tuez-les tous, du moins, afin qu'il n'y en ait pas un seul pour me le reprocher après ». Le soir même du 23 août, le roi aurait tenu une réunion avec ses conseillers (le « conseil étroit ») pour décider de la conduite à suivre. S'y trouvaient la reine mère, le duc d'Anjou, le garde des sceaux René de Birague, le maréchal de Tavannes, le baron de Retz, et le duc de Nevers. Il n'existe aucun document permettant d'affirmer avec certitude que la décision d'abattre les principaux chefs militaires protestants ait été prise lors de cette réunion. Vu les circonstances, le conseil décida de procéder à une « justice extraordinaire » et l'élimination des chefs protestants fut décidée. Il s'agissait de mettre hors d'état de nuire les capitaines de guerre protestants. Le conseil épargna les jeunes princes du sang, le roi de Navarre et le prince de Condé.
Débutée dans la soirée, la tuerie qui visait uniquement les chefs protestants s'étendit à tous les protestants de Paris, sans considération d'âge, de sexe ou de rang social. La tuerie parisienne dure plusieurs jours, malgré les tentatives du roi pour la faire arrêter. Enfermés dans une ville quadrillée par la milice bourgeoise, les protestants ont peu de chance de s'en sortir. Leurs maisons sont pillées et leurs cadavres dénudés et jetés dans la Seine. Certains parviennent à se réfugier chez des proches mais les maisons des catholiques tenus en suspicion sont également fouillées. Ceux qui manifestent leur hostilité au massacre prennent le risque de se faire assassiner. Le massacre touche également les étrangers et notamment les Italiens.
La reine mère se concerte aussitôt avec Henri de Guise ; en quelques heures, les milices sont prêtes, au milieu de la nuit, la cloche de Saint-Germain se met en branle, et les protestants sont massacrés aux cris de : « Mort aux protestants ! ». L'amiral de Coligny et les principaux chefs du parti, qui s'étaient rendus à la cour, à l'occasion du mariage de la princesse, périssent assassinés. Henri de Navarre ne dut la vie qu'à une abjuration[6] feinte. Averties par des témoins, des courriers de commerçants, encouragées par des agitateurs comme le comte de Montsoreau dans le val de Loire, les villes de province déclenchèrent leurs propres massacres. Le 25 août, la tuerie atteint Orléans (où elle aurait fait un millier de victimes) et Meaux ; le 26, La Charité-sur-Loire ; le 28 et 29, à Angers et Saumur ; le 31 août, à Lyon ; le 11 septembre, à Bourges ; le 3 octobre, à Bordeaux ; le 4 octobre à Troyes, Rouen, Toulouse ; le 5 octobre, à Albi, Gaillac ; Bourges, Romans, Valence, Orange, furent aussi touchées. On manque de sources pour reconstituer la violence dans d'autres villes.
Au début du XVIIe siècle, faute de sources, les historiens sont encore partagés sur le rôle exact de la couronne. Ils retiennent que seuls les chefs militaires du clan protestant étaient visés par l'ordre royal. Dès le matin du 24 août, Charles IX avait ordonné l'arrêt des tueries mais dépassé par le zèle et la fureur du peuple, il n'avait pu les empêcher.
Au total, le nombre de morts est estimé à 3 000 à Paris, et de 5 000 à 10 000 dans toute la France, voire 30 000.
- Quatrième guerre
Les protestants s'armèrent plus furieux que jamais et s'enfermèrent dans leurs places fortes. L'armée royale, après quelques tentatives de siège, se retira, et l'on signa le traité de la Rochelle (1573), qui accordait aux protestants de la Rochelle, Nîmes et Montauban pour place de sûreté.
Le parti des politiques, qui avait à sa tête l'Hôpital et le duc d'Alençon, prêcha la modération. Charles IX expira le 30 mai 1574, après avoir endossé la responsabilité de l'assassinat des chefs protestants.
[J'ai voulu] prévenir l'exécution d'une malheureuse et détestable conspiration faite par ledit l'amiral de Coligny, chef et auteur d'icelle et sesdits adhérents et complices en la personne dudit seigneur roi et contre son État, la reine sa mère, MM. ses frères, le roi de Navarre, princes et seigneurs étant près d'eux.
- Événement contemporain
En 1571, don Juan d'Autriche remporte la victoire navale de Lépante sur les Turcs.
Questionnaire
modifier- Où fut assassiné le duc de Guise ?
- Quelle fut la cause de la seconde guerre ? Quel traité la termina ?
- Racontez la troisième guerre. Quel traité la termine ? Quelles en étaient les conditions ?
- Comment se prépara le massacre de la Saint-Barthélémy ?
- Quelle fut la cause de la quatrième guerre ? Quel traité la termina ?
- Citez un événement contemporain.
La ligue
modifier- Henri III
À la mort de Charles IX, son frère Henri, d'abord duc d'Anjou, puis roi de Pologne, s'enfuit en hâte de son nouveau royaume pour venir recueillir la couronne de France.
Figure | Nom et blasonnement |
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Henri III, Henri IV, Louis XIII, Louis XIV, Louis XV, Louis XVI |
- Cinquième guerre
Le parti des politiques s'était joint aux protestants pour former une sorte de république, un État dans l'État : la guerre recommença. Henri de Guise remporta la victoire de Dormans (1575) où il reçut une blessure qui lui valut le surnom de Balafré. Catherine, au lieu de poursuivre les révoltés, leur accorda par la paix de Beaulieu ou de Loches (1576) six nouvelles places de sûreté : Cognac, Niort, Saint-Jean-d'Angély, la Charité, Saumur, Mézières, des pensions et des gouvernements.
- La Ligue
Les catholiques crièrent à la trahison, et il se forma une association qu'on appela Union des catholiques ou Sainte Ligue. Paris fut le centre de la Ligue, et Henri de Guise son chef. Henri III, par politique, voulut aussi se mettre à la tête des ligueurs, mais il n'eut jamais leur confiance.
- Sixième et septième guerre
Les protestants recommencèrent les hostilités. Deux nouvelles guerres se succédèrent sans événements importants ; elles furent suivies des traités de Bergerac (1577) et de Fleix (1580). La royauté était peu respectée.
- Les trois Henri
Trois hommes du nom de Henri jouaient alors un rôle important ; c'étaient :
- Henri III, roi frivole qui ne justifia pas les espérances qu'avaient fait naître ses victoires de Jarnac et de Montcontour ;
- Henri de Bourbon ou de Béarn, roi de Navarre, le plus proche héritier du trône depuis la mort du duc d'Alençon. C'était un prince vif, ardent, au visage ouvert, à la répartie heureuse, à « l'œil plein de feu » ;
- Henri de Guise, fils du célèbre François de Guise. C'était un habile chef de parti qui rêvait d'arriver au trône.
La rivalité entre ces trois hommes amena la huitième guerre, qui fut la plus longue et la plus terrible.
- Huitième guerre ou guerre des trois Henri
Henri III avait levé deux armée (1586) ; il en confia une à Joyeuse qui se laissa battre à Coutras par Henri de Navarre, l'autre au duc de Guise qui remporta les victoires de Vimori et d'Auneau sur les alliés des protestants. Le roi n'ayant rien fait défendit par jalousie au duc de Guise de venir à Paris.
Guise méprisa cette défense et rentra dans la capitale qui se souleva en sa faveur. Le roi, plus effrayé encore, s'entoura de troupes suisses ; les Parisiens s'imaginèrent qu'on allait égorger les catholiques, ils dressèrent des barricades[7] et désarmèrent les troupes. Henri III s'enfuit du Louvre et gagna Blois. Ce fut la journée des barricades (1588).
- Assassinat du duc de Guise
Le triomphe de Henri de Guise fut court. Le roi fit semblant de se réconcilier avec les ligueurs ; il nomma Guise lieutenant-général du royaume, puis il convoqua à Blois les états généraux. L'assemblée n'était composée que de ligueurs. Le roi résolut de se débarasser de Guise ; il le fit assassiner, par ses gardes, à la porte de sa chambre. Paris, exaspéré, se souleva ; le parlement prononça la déchéance de Henri III, qui alla se jeter dans les bras de Henri de Navarre.
- Assassinat de Henri III
Les deux princes vinrent ensemble mettre le siège devant Paris ; mais Jacques Clément, encouragé par les chefs ligueurs, pénétra jusque dans la tente d'Henri III et le poignarda (1589). Ainsi finit la dynastie des Valois : elle avait donné treize rois à la France, de 1328 à 1589.
- Faits contemporains
En 1582, la Hollande se sépare de l'Espagne et se constitue en république sous le nom de Provinces-Unies. La même année, le pape Grégoire XIII réforme le calendrier qui devient le calendrier grégorien. En 1587, Élisabeth, reine d'Angleterre, fait décapiter Marie Stuart après l'avoir détenue dix-huit ans prisonnière.
Questionnaire
modifier- Qui succéda à Charles IX ?
- Que savez-vous sur la cinquième guerre ? sur le traité qui la termina ?
- Quelle association formèrent les catholiques ? Quel était son but ? son chef ?
- Quels traités terminèrent la sixième et la septième guerre ?
- Qui étaient les trois Henri ?
- Qu'est-ce que la journée des barricades ?
- Où les états généraux furent convoqués ? Quel crime y fut commis ?
- Où mourut Henri III ? Quelle dynastie finit avec lui ?
La chasse aux sorcières
modifierUne chasse aux sorcières désigne la recherche hystérique et la répression de personnes accusées de phénomènes magiques. La répression des pratiques magiques (sorcellerie) intervient à diverses époques. Après l'Antiquité, la répression de la sorcellerie est interdite par l’Église catholique, puis est autorisée à partir du XIIe siècle. Des chasses aux sorcières, essentiellement tournées vers les femmes, ont lieu en Europe avec des hauts et des bas jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, principalement entre 1580 et 1630, faisant au total à travers les siècles un nombre considérable de victimes. On estime le nombre de procès à 100 000 et le nombre d'exécutions à 50 000. Anne L. Barstow comptabilise 200 000 procès et 100 000 exécutions.
La paix religieuse
modifier- Avènement de Henri IV
La mort de Henri III appelait au trône Henri de Béarn qui prit le nom de Henri IV, et fut salué roi, à Saint-Cloud, par ses compagnons d'armes ; mais les troupes de Henri III l'abandonnèrent en partie, et les catholiques déclarèrent qu'un « prince hérétique » ne pouvait régner en France. Ils reconnurent pour roi, sous le nom de Charles X, le cardinal de Bourbon, son oncle.
- Bataille d'Arques
Henri IV devait donc conquérir son royaume ; malheureusement il n'avait pour cela que peu de soldats et par d'argent. Mayenne, chef de la Ligue, avec 30 000 hommes de troupes, accula à la mer la petite armée royale, et se vantait déjà de la tenir ; mais Henri IV se retrancha au pied du château d'Arques et mit l'ennemi en déroute (1589).
- Bataille d'Ivry
L'année suivante, l'armée royale et l'armée de la Ligue se rencontrèrent à Ivry, sur les bords de l'Eure ; là encore, Henri IV remporta la victoire.
- Siège de Paris
Après le succès d'Ivry, Henri IV vint mettre le siège devant Paris. Une horrible famine se fit bientôt sentir : on en vint jusqu'à manger de l'herbe ; on raconte même qu'une femme essaya de manger ses deux enfants morts de faim. Et cependant personne ne songeait à se rendre. Touché de si atroces souffrances, Henri laissa sortir les femmes et les enfants. « J'aimerais mieux n'avoir point de Paris, disait-il, que de l'avoir ruiné par la mort de tant de personnes ». À la fin, le général espagnol Alexandre Farnèse vint au secours de la ville et fil lever le siège. Les royalistes s'étant alors portés sur Rouen, il les en chassa également.
- Abjuration de Henri IV
La situation semblait sans issue et le pays tombait dans l'anarchie. Les états généraux réunis à Paris ne pouvaient s'entendre pour l'élection d'un roi. Le cardinal de Bourbon était mort, Mayenne ne leur convenait pas, Henri de Béarn était protestant ; les propositions de l'Espagne, qui demandait la couronne pour l'infante Isabelle, les révoltait. Henri résolut de mettre un terme aux maux de la France : il demanda qu'on l'instruisit dans la religion catholique, puis il abjura solennellement le protestantisme (1593). On lui attribue la phrase « Paris vaut bien une messe », bien que des doutes subsistent ; il se pourrait que ce soit son conseiller et ami Rosny qui l'ai prononcée.
- Entrée à Paris — Fin de la ligue
La conversion du roi ouvrit les portes de sa capitale (1594) ; il y entra et se rendit à Notre-Dame. Le même jour, la garnison espagnole se retira ; Henri la regarda partir et la salua de ces mots : « Bon voyage, Messieurs ! Mes compliments à votre maître ; mais n'y revenez plus ».
La soumission de Paris entraîna bientôt celle de la France entière. La Ligue n'avait plus de raison d'être ; aussi Mayenne ne tarda pas à faire sa soumission, et peu à peu les autres ligueurs furent gagnés ou achetés par le roi.
- Paix de Vervins
La guerre continuait contre les Espagnols. Avec quelques cavaliers, Henri IV les met en déroute à Fontaine-Française, puis il leur reprend Amiens qu'ils avaient enlevé par surprise. Le roi d'Espagne se décide à signer la paix de Vervins (1598) qui reproduisait les conditions du traité de Cateau-Cambrésis.
- Édit de Nantes
La même année, Henri IV mit fin aux guerres de religion par l'édit de Nantes qui accordait aux protestants la liberté de conscience, la liberté des cultes dans un bon nombre de villes, et quelques places de sûreté. Le pays fut pacifié.
Questionnaire
modifier- Qui a succédé à Henri III ? Qui fut proclamé par les catholiques ?
- Que savez-vous sur le siège de Paris ?
- Dans quel embarras se trouvaient les états généraux ? Que fit Henri pour y mettre fin ? Racontez son abjuration.
- Comment Henri IV entra-t-il dans sa capitale ? Comment finit la ligue ?
- Quelle paix fut signée avec l'Espagne ?
- Qu'est-ce que l'édit de Nantes accordait aux protestants ?
Questions de récapitulation
modifierPremière partie
modifier- Quels furent les quatre fils de Henri II ?
- Quelle était la reine de France sous François II ?
- Quels étaient les chefs du parti protestant ?
- Quels étaient les chefs du parti catholique ?
- Quel fut le signal des guerres civiles ?
- Comment fut amené le massacre de la Saint-Barthélémy ?
- Dites en peu de mots ce que vous savez sur François de Guise.
- Qu'est-ce que la Sainte-Ligue ?
- Quels furent les chefs des deux partis dans la 5e guerre ?
- Quelle fut la cause principale de la 8e guerre civile ?
Deuxième partie
modifier- Qu'appelait-on le roi de la Ligue ?
- Qu'est-ce que la journée des Barricades ?
- Comment mourut Henri III ?
- Quelles furent les victoires remportées par Henri IV ?
- Pourquoi s'est-il converti au catholicisme ?
- Où a-t-il fait son abjuration ?
- Qu'était-ce que l'édit de Nantes ?
- Quelles en furent les conditions ?
- Que savez-vous sur Michel de l'Hôpital ?
- Nommez les traités qui terminèrent chaque guerre.
Troisième partie
modifier- Quel événement a eu lieu en : 1559 — 1574 — 1588 — 1589 — 1598 — 1560 — 1562 ?
- Quelle est la date de la bataille d'Ivry ? de Jarnac ? de Dreux ? de Coutras ?
- Que savez-vous sur César ?
- Que savez-vous sur les musulmans ?
- Que savez-vous sur les guerres privées ?
- Que savez-vous sur les milices des communes ?
- Que savez-vous sur la dîme saladine ?
- Que savez-vous sur l'historien Comines ?
- Que savez-vous sur les Armagnacs et les Bourguignons ?
- Que savez-vous sur les Pastoureaux ?
Tableau synoptique des guerres de religion sous Charles IX
modifierCes guerres qui couvrirent la France de sang pendant la seconde moitié du XVIe siècle, sont appelées guerres de religion ; mais ce serait une erreur de croire qu'elles furent exclusivement religieuses, car les passions politiques y eurent une large part. Les princes du sang qui aspiraient au pouvoir, la noblesse qui regrettait ses privilèges, la bourgeoisie qui voyait dans la révolte une marque d'indépendance, participèrent à ces conflits afin de satisfaire leur ambition. La réforme et la féodalité faisaient ainsi cause commune contre la royauté.
Guerre | Explications |
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1ère guerre 1562-1563 |
Causes :
Événements :
Résultats :
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2e guerre 1567-1568 |
Causes :
Événements :
Résultats :
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3e guerre 1568-1570 |
Causes :
Événements :
Résultats :
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4e guerre 1573-1574 |
Causes :
Événements :
Résultats :
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Tableau synoptique des guerres de religion sous Henri III
modifierGuerre | Explications |
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5e guerre 1574-1576 |
Causes :
Événements :
Résultats :
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6e guerre 1577 |
Causes :
Événements :
Résultats :
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7e guerre 1579-1580 |
Causes :
Événements :
Résultats :
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8e guerre dite des trois Henri 1585-1589 |
Causes :
Événements :
Résultats : |
Suite de la 8e guerre sous Henri IV 1589-1593 |
Événements :
Résultats :
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Notes
modifier- ↑ Guerre civile : quand, au sein d'un État, une lutte armée oppose les forces armées régulières à des groupes armés identifiables, ou des groupes armés entre eux.
- ↑ Obit : prière pour le repos de l'âme d'un mort
- ↑ Chancelier : chef suprême de la justice.
- ↑ Antoine de Bourbon : était revenu au catholicisme ; il assiégeait Rouen avec l'armée royale.
- ↑ À la bataille de Dreux, le maréchal de Saint-André fut tué et Montmorency fait prisonnier. Guise restait seul chef du parti catholique.
- ↑ Abjuration : renonciation à la religion professée auparavant.
- ↑ Barricades : retranchements élevés dans les rues ; ainsi nommés parce qu'ils étaient construits avec des barriques vides.
- ↑ les Seize : conseil composé de seize ligueurs, représentants de chacun des seize quartiers de Paris. Ils s'étaient violemment substitués au conseil de ville. Le membre le plus influent de ce conseil était Bussy-Leclerc.