Construire des communs/Prestation
Enjeux
modifierPermettre aux acteurs économiques utilisant le commun et qui gagnent de l'argent grâce au commun de s'appuyer plus efficacement sur les communs tout en redistribuant en nature ou en financement une partie de leurs gains.
Par exemple, permettre à des consultants de répondre aux besoins d'une mission de conseil, d'un appel à projet, d'un appel d'offre ou d'un accompagnement de projet en s'appuyant sur les "communs" et les collectifs qui les produisent, tout en les soutenant en nature et en financement.
Comment
modifier- À travers une animation par des "chambre des communs" qui va servir de tiers de confiance entre les acteurs économiques et les communs. La chambre des communs permettrait de coopérer avec les "communs" et les "commoners" les plus pertinents selon les besoins d'une activité économique autour d'un commun (mission de conseil, d'un appel à projet, d'un appel d'offre ou d'un accompagnement de projet). Elle facilite la mise à disposition du temps de contribution de communautés de commoners et de leurs ressources. Elle favorise une relation "bénéfique" à la fois pour les commoners et leurs communs, les "consultants réalisant la prestation" et les "commanditaires de la prestation". Un modèle de gouvernance de la chambre des communs est en construction ici. Une application de cette approche est en expérimentation à travers l'appel à communs de la fabrique des mobilités
- À travers un espace de visibilité des prestataires aux communs pour rendre visible pour le commun les contributions des prestataires (qui gagnent de l'argent grâce au Commun) au Commun, soit en nature, soit en argent. Et ainsi mettre en avant les prestataires qui "jouent le jeu" et contribuent au Commun qu'ils utilisent. Voici un exemple du type d'information qu'il est possible d'afficher au sein du commun :
Voici la liste des prestataires actuels qui développent des services autour d’Unisson. N’hésitez pas à les contacter selon vos besoins.
LISTER ICI LES PRESTATAIRES
Merci de nous contacter via le formulaire ou la liste de discussion pour faire partie de cette liste de prestataires. Il est possible et même conseillé d’utiliser ce commun pour un usage commercial. Vous êtes invités en échange à contribuer en nature ou financièrement au commun produit par la communauté autour de ce comun. C’est ce qui permet à cette ressource d’être alimentée de manière permanente et mise à disposition de tous.
Voici ci dessous la liste des contributions, financières ou en nature, lors de chaque usage commercial de ce commun. Il y a sans doute d’autres organisations qui utilisent les ressources produites par ce commun. Si vous les connaissez, merci de nous contacter afin de leur proposer de nous soutenir en contrepartie.
LISTER ICI LA CONTRIBUTION EN NATURE ET EN FINANCEMENT DE CHAQUE PRESTATAIRE
(Deux exemples : http://unisson.co/usage-commercial-dunisson/ et https://metabrainz.org/supporters)
Un outil pourrait être imaginé pour faciliter cela. Un début de prototype est visible ici et des exemples sont ci dessous :
- Par une documentation permettant de facilement intégrer cette méthodologie dans les prestations. Des exemples de réponses dans des AAP ou Appels d'offres pages de modèles
La proposition est aussi décrite en anglais ici : https://discourse.transformap.co/t/separate-commons-and-commerce-to-make-it-work-for-the-commons/625
Pourquoi ? Point de départ de cette méthodologie
modifierLe "commoner", un usager plutôt qu'un entrepreneur au sens classique
modifierLes personnes autour d'un commun sont "contributeurs" au développement du commun mais pas dédiées à la multiplication du commun, à sa réplication ou diffusion. Ils ne sont pas des "entrepreneurs" souhaitant vivre du développement du "commun" mais usagers du "commun" souhaitant répondre à leur usage par cet acte de contribution. Cela change le rapport vis à vis d'initiatives classiques et explique pourquoi il va être difficile d'avoir du temps disponible de la part des "commoners" pour le dédier à aider des collectivités, des chercheurs ou des consultants à répliquer le "commun" dans d'autres environnements ou territoires. Même si c'est souvent avec plaisir que les contributeurs à des communs partageront leur ressources (par exemple via des recettes sur movilab.org), le temps de contribution bénévole à la construction d'un commun est souvent déjà très considérable. Leur demander en plus de conseiller une collectivité, de répondre à des travaux de recherche, ou d'aider un consultant missionné, c'est risquer d'épuiser les commoners et le commun qu'ils développent.
La difficulté d'intégrer des "sachant faire" ou "commoners" et leurs "communs" dans les prestations
modifierSi un acteur public ou privé (prestataire ou commanditaire) souhaite comprendre les fonctionnements d'un commun en vue de sa réplication, il faut trouver des modes de faire qui puissent permettre de faire cela sereinement. Sans une méthodologie particulière, trois types de cas semblent se dessiner :
1 - Contributeur bénévole
modifierLes commoners feront ce travail de manière rapide et bénévole, sans pouvoir donner assez de temps pour partager leur expertise. Cela limite alors la véritable duplication du modèle ou sa diffusion. Les risques sont multiples :
- Les acteurs accompagnés pourraient avoir l'impression d'un manque de sérieux car le travail sera fait "rapidement".
- Alors que ce savoir faire est crucial et a besoin d'être répliqué ou diffusé, il ne sera pas transmis et restera dans les mains des commoners.
- Les commoners n'auront pas le temps de veiller à ce que leurs conseils soient bien compris, avec le risque que des idées comme "il faut des lieux partagés pour fabriquer ensemble" soient transformées en "il faut des imprimantes 3D dans chaque foyer".
2 - Des "non commoners" répondent sans se baser sur les communs
modifierLes "commoners" ne souhaitent pas faire du conseil, considérant que ce n'est pas leur rôle/travail. Ce sont alors des acteurs éloignés du sujet et qui ne seront pas basés sur des communs qui organiseront le conseil (par exemple, une entreprise qui n'a pas expérimenté le coworking qui fera du conseil sur le coworking). Un acteur public ou un organisme souhaitant développer une initiative se retrouvera à financer des personnes qui viendront expliquer comment fonctionne un commun sans y avoir contribué ou sans l'avoir expérimenté... Sans non plus enrichir le commun avec les nouveaux savoirs développés une fois la mission de conseil terminée. Cela amène souvent à la mise en place de projets non adaptés, n'ayant pas bénéficié de la richesse des communs. Ces projets se retrouvent parfois en conflit avec les communautés de commoners qui ne sont pas en phase avec l'initiative développée, bien que reprenant le concept (par exemple, des coworkings qui se créent qui n'ont rien à voir avec les exemples sur lesquels ils ont été initiés).
3 - Des commoners se positionnent en "consultants"
modifierDans le cas d'un appel à projet ou appel d'offre qui met en compétition plusieurs propositions, chaque "commoners" va se sentir légitime pour répondre. C'est la meilleure des 3 configurations. Néanmoins, le risque est de voir les "commoners" perdre plusieurs journées pour répondre à ces appels d'offres en se mettant en compétition entre eux alors qu'ils collaborent d'habitude ensemble sur leurs communs. Cela peut créer des tensions qui peuvent amener les contributeurs à moins bien réussir à travailler ensemble ensuite sur ces communs.
Une solution ?
modifierLa solution que nous soutenons est que ceux qui répondent aux missions de conseil, qu'ils soient contributeurs ou non aux communs, s'engagent à ce que, une fois sélectionnés, ils se basent et soutiennent le développement des "communs", en adoptant une méthodologique qui permet d'associer les commoneurs tout en proposant des dons au commun en nature ou en financement. La communauté de contributeurs (dont le consultant peut faire partie) peut dès lors avoir un financement ou un apport en nature.
La méthode proposée vise à avancer à la résolution de ces 3 cas. Cette brique est aussi très liée à la brique financement et partenariat public
Intérêts pour les parties prenantes
modifierCommanditaire de la prestation (Porteur d'un projet ayant une "commande", collectivité, entreprise, etc...)
- Trouvez rapidement des ressources pertinentes
- Évitez de financer un travail déjà réalisé
- Évitez de re-inventer ce qui est déjà disponible
- Inspirez vous des autres, copiez sereinement
- Vous pourrez à votre tour valoriser votre savoir-faire développé.
Prestataire (Personne répondant à la commande de type consultant, Coordinateur, pilote d'une réponse)
- Coopérez avec d'autres en amont de la réponse
- Trouvez les personnes et les ressources les plus pertinentes
- Instaurez un climat de confiance entre la prestation et son environnement
- Facilitez la coopération entre les acteurs
- Concentrez-vous sur votre seul rôle d'accompagnateur, de coordinateur ou d'animateur.
Commoners (Acteurs du terrain, Contributeurs d'initiatives ayant acquis un savoir-faire à partager et ayant à disposition des ressources)
- Positionnez vous sur des missions même sans grande notoriété
- Favoriser le financement du "commun" et de votre savoir-faire
- Favorisez le partage de votre savoir faire et facilitez la duplication d'initiatives
- Garantissez les processus de production de biens communs
- Connectez les initiatives entre elles, avec les réseaux, les collectifs
- Favoriser l'appropriation de la question des communs par les commanditaires
- Mettre le commanditaire dans la voie de l'utilisation de communs. Une fois l'usage d'un "commun" enclenché, le commanditaire apprend à l'utiliser potentiellement pour le long terme.
Exemples du logiciel libre
modifierAlexandre Poltorak
Dans le libre c'est très souvent que l'on paye une formation par des contributeurs connus et actifs du projet. Pour des logiciels déjà très répandus comme Drupal, nous allons souvent vers des développeurs locaux qui sont très compétents, beaucoup moins coûteux que l'entreprise qui édite Drupal et ils sont à proximité.
L'exemple Drupal illustre bien à mon avis que même pour l'éditeur de ce logiciel il est bon d'avoir des compétences locales qui ont leur modèle économique (des fois ça commence par un consultant très propriétaire et qui ne sait juste pas comment contribuer), mais dans l'ensemble l'écosystème Drupal fonctionne et ces compétences locales même si elle n'apportent pas de revenus direct augmentent la reconnaissance de l'éditeur, sa porté et son prix horaire.
Autres discussions sur ce sujet : https://docs.google.com/document/d/1DOZpkJvzfa32cbSOpWlw3dp4m9fN1cLJ-SkV0tkFDJs/edit#
Pourquoi un commun doit faire attention si il commence à faire de la prestation ?
modifierPour les prestations qui ne sont pas la raison d'être du commun, il semble plus pertinent que le commun ne fasse pas directement les prestations en son nom mais passe par des prestataires privés qui savent travailler avec les communs. Plusieurs raisons à cela :
- Faire de la prestation rajoute de la complexité à s'approprier le commun et l'éloigne de sa raison d'être ("je comprends pas, ce commun, c'est une boite de prestation, ou une communauté de contributeurs qui font vivre un projet bénéfique au plus grand nombre ?"). Pour les activités commerciales qui sont la raison d'être du commun, le commun peut facturer en direct mais plutôt en logique de contribution financière plutôt que prestatation (par exemple la coroutine ne fait jamais de conseil pour du coworking, par contre, elle demande de l'argent pour l'usage du lieu car c'est sa raison d'être. Pour autant, cet argent n'est pas vraiment une prestation, mais une contribution financière). Cela permet de garantir à la fois la raison d'être et la logique de contribution dans le commun.
- Le commun se met alors en compétition directe avec ses propres contributeurs. Par exemple si un consultant a soutenu le commun, mais que ce consultant fait le même type d'activité commerciale que celle du commun, alors il hésitera à deux fois à contribuer au commun au risque que celui ci lui prenne ses parts de marché.
- En faisant la prestation au nom du commun, ceux qui s'engagent à réaliser la prestation prennent le risque de tâcher l'image de marque du commun si la prestation est ratée (ce qui arrive souvent avec des clients capricieux qui peuvent accuser le prestataire si la prestation ne fonctionne pas). Ou le client risque de mettre une pression sur la communauté si la prestation emmène le projet dans des échéances à respecter qui font peur à tous les contributeurs ou développeurs venus par plaisir.
Si c'est bien fait selon la méthodologie proposée ci dessus, chaque prestataire autour du commun reversera une partie au commun . Ce qui libérera du temps et de l'argent pour les contributeurs au commun pour se concentrer sur l'amélioration du commun au service de la communauté. Cela amènera une diversité d'acteurs économiques qui feront des usages commerciaux du commun, et qui vont donc enrichir le modèle en financement, en nature, en exemples de prestation réussies (il faudra bien sûr mettre des limites à certains usages commerciaux), en soutien direct au commun, et donc à sa diffusion.
Pour inciter les prestataires à reverser mais aussi les mettre en valeur , le commun peut mettre en place une page de ce type : - http://unisson.co/usage-commercial-dunisson/ - Vu chez la fondation MusicBrainz qui arrive même à mettre à contribution Google : https://metabrainz.org/supporters