Photographie/Procédés anciens/Le collodion humide

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Généralités

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L'invention du procédé au collodion humide a été revendiquée par Robert Jefferson Bingham mais elle est plus généralement attribuée à Frederick Scott Archer qui développa ce procédé aux USA, au début des années 185, après la découverte de la nitrocellulose, un explosif industriel puissant encore appelé « fulmicoton » ou « coton-poudre ».

La nitrocellulose permet aussi, entre autres, de fabriquer des vernis pour les meubles ou les instruments de musique, des peintures, ou des pellicules plastiques comme celles qui furent largement utilisées dans les premiers temps du cinématographe (et conservées, pour celles qui ont survécu, dans des blockhaus...). Par la suite, les pellicules « de sécurité » à base d'acétate de cellulose ont permis de supprimer les risques d'inflammation dus aux anciennes productions.

Le collodion est un colloïde, comme la gélatine ou la gomme arabique. Il se présente sous la forme d'un sirop obtenu en dissolvant la nitrocellulose dans de l'acétone ou dans un mélange d'alcool et d'éther. Étalé sur un support, ce sirop sèche très vite et se transforme en une sorte de vernis.

Du coton hydrophile traité de façon adéquate par un mélange d'acide sulfurique et d'acide nitrique fumant permet d'obtenir facilement la nitrocellulose mais la prudence la plus élémentaire suggère que l'on renonce à fabriquer soi-même cette matière moyennement recommandable... Mieux vaut utiliser le collodion officinal vendu en pharmacie !

Le procédé dit « au collodion humide » utilise des plaques de verre que l'on recouvre prestement d'une couche de collodion mélangé à des produits qui permettront par la suite de former in situ des sels d'argent photosensibles. Après exposition et développement, on obtient une image négative qui permet par la suite de réaliser des tirages multiples sur papier, ou un négatif quelque peu modifié que l'on utilisera comme positif pour le procédé d'ambrotypie.

Les plaques au collodion sont insensibles au rouge, ce qui permet de les manipuler sous un éclairage de sécurité de cette couleur, et peu sensibles au vert.

Procédures

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Préparation des plaques de verre

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Il faut d'abord préparer les plaques qui serviront directement lors de la prise de vue. Du verre clair d'épaisseur 2 mm convient parfaitement. Après les avoir coupées aux bonnes dimensions il faut impérativement en adoucir les arêtes avec un abrasif, sous peine de coupures d'autant plus douloureuses qu'elles peuvent survenir lors de manipulations au contact de produits chimiques. Un dégraissage soigneux est nécessaire en utilisant de la lessive de soude, puis un dégraissant pour vaisselle, après quoi il faut encore rincer les plaques avec de l'eau déminéralisée et les essuyer pour éviter toute trace lors du séchage. Un passage dans de l'alcool est nécessaire avant l'utilisation.

Préparation du collodion

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Elle doit être faite au moins 24 h avant la prise de vue, de façon que la solution puisse décanter et se clarifier.

Le collodion officinal est limpide comme de l'eau, mais il existe aussi un collodion élastique jaune, avec une odeur caractéristique d'huile de lin, qui ne convient absolument pas aux usages photographiques.

Il faut introduire dans le collodion les sels qui serviront par la suite à sensibiliser les plaques à la lumière, habituellement l'un ou l'autre de ces deux couples :

  • iodure de potassium KI + bromure de potassium KBr ;
  • ou iodure d'ammonium NH4I + bromure de cadmium CdBr.

Le collodion officinal du commerce est trop épais, il faut le diluer avec un mélange d'éther et d'alcool.

L'iodure et le bromure de potassium doivent être d'abord dissous dans une très petite quantité d'eau avant d'être mélangés au collodion. L'iodure d'ammonium et le bromure de cadmium sont quant à eux dissous dans une très faible quantité d'alcool avant d'être incorporés. Dans les deux cas la solution obtenue se conserve assez bien.

Enduction des plaques

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Cette opération assez délicate a fait disserter d'innombrables photographes depuis près de 170 ans. En gros, on dépose au centre de la plaque une « flaque » de collodion suffisante pour en recouvrir à peu près la moitié, on incline la plaque d'un mouvement rotatoire pour faire couler le liquide sur l'ensemble de sa surface, sans jamais revenir en arrière, et l'on fait égoutter l'excès de produit par un coin, en faisant osciller la plaque pour éviter les surépaisseurs dues à des coulures. Il faut aller vite car l'éther s'évapore très vite et si le séchage est trop important, le « vernis » devient imperméable et les plaques ne peuvent pas être sensibilisées.

Chaque spécialiste défend sa propre méthode, puisqu'elle est la meilleure ; en fait rien ne vaut l'expérimentation personnelle, qui surpasse toutes les autres méthodes d'apprentissage...

Sensibilisation des plaques

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Sans attendre que la plaque nouvellement enduite de collodion soit complètement sèche, on la trempe pendant quelques minutes dans un bain contenant du nitrate d'argent, rendu acide par quelques gouttes d'acide nitrique. La rencontre de ce bain avec les sels précédemment introduits dans le collodion provoque la précipitation d'iodure et de bromure d'argent, qui sont photosensibles. Cette opération doit bien sûr être réalisée en lumière rouge inactinique.

Il est plus que conseillé de porter des gants, si l'on veut éviter les attaques de l'acide et les taches provoquées sur la peau par le nitrate d'argent.

Ce bain est assez coûteux en raison de sa concentration en argent, mais il se conserve bien et l'égouttage des plaques sensibilisées permet d'en récupérer une partie.

Une fois la sensibilisation effectuée, la plaque peut servir à obtenir un négatif, de façon classique, ou un négatif « spécial » traité pour réaliser un ambrotype qui permettra de l'observer sous la forme d'une image positive.

Exposition

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Il faut faire vite car si on laisse le temps au collodion de trop sécher, il devient imperméable et le révélateur chargé de faire apparaître l'image définitive ne peut plus agir. La sensibilité est faible, de l'ordre de 1 ISO.

Si le cliché est destiné à devenir un ambrotype, il doit être sous-exposé, comme le veut ce procédé vers lequel le lecteur pourra se diriger.