"Nos soldats inconnus cachés" livre en chantier

Les essais nucléaires n'ont pas laissé les familles de Monsieur Tallonnier Jean-Pierre et Marthe indifférentes. Leurs filles Sandrine, Christelle, Karen et Cathia en vivent encore les conséquences, ainsi que Mme Tallonnier Marthe, sa veuve.

Voici l'histoire de ces inconnus/es ayant vécu avec pudeur dans l'indifférence la plus totale des institutions existantes face au deuil du "champignon géant" comme nous le surnommions enfants devant ces belles photos nucléaires porteuses de mort et de spoliation. L'absence de l'être cher et exceptionnel qu'était Jean-Pierre Tallonnier et le départ un à un de tous ses collègues tout aussi sympathiques fut une période lourde de silences pour nous. Jean-Pierre né à Paris avait une soeur - Gisèle mère de Virginie - et un frère - Alain Tallonnier père de Patrice-. Nous nous souvenons aussi des cousins parisiens que les 22000 km de séparation ne nous ont pas permis de connaitre. Jean-Pierre TALLONNIER, marin engagé à la Marine Nationale affecté à Mururoa par la direction du personnel militaire et ayant suivi à l'Ecole de Plongée des cours de règlements et sécurité "Plongée à l'air" (Région GEM Toulon). Manuels dédicacés par tous les collègues engagés comme lui, que nous avons vu partir un à un pour un voyage dont nul ne revient. Moniteur de plongé et bien d'autres choses, il participait à la surveillance sécurité sous-marine des sites.


Comme tous les marins qui passent l'équateur, il a vaillamment obtenu son CERTIFICAT DE BAPTÊME stipulant :

Nous Pétrus Pompilius, par la grâce de Neptune, certifions que le néophyte TALLONNIER Jean-Pierre pénétrant ce jour l'hémisphère Sud sur le noble vaisseau "COMMANDANT RIVIERE" a été baptisé le 23 juillet 1966 suivant les rites et canons de notre sainte religion avec la plus grande pompe du bord et l'onction salée habituelle en présence de notre cour. Fait le 1er Août 1966. Signé POMPILIUS (avec les armes du Commandant Rivière)

Voici que les essais à ciel ouvert ont été tirés durant les années 1966 et plus, et le personnel militaire envoyé sur place ainsi que leurs familles ont vécu de près cet évènement sans jamais pouvoir se préserver contre les ravages qui allaient survenir au fil du temps. Seuls les haut-fonctionnaires ont bénéficié de mesures adéquates de protection, les autres ne furent pas écartés des sites, ils pouvaient voir l'explosion et même prendre de jolies photos et les filmer. Puis irradiés, ils rentraient gaiement chez eux, où ils vivaient une époque florissante où l'argent coulait à flot sur l'Ile de FAAA à PAPEETE.

L'Etat n'a pas entouré lesdites familles du minimum requis dans ces cas là, et souvent démunies et seules face à l' absence des êtres chers partis de leucémies, cancers divers, problèmes de thyroïde, et autres dégâts engendrés sur les mécanismes de survie de l'individu et les enfants à venir.

Non seulement les soldats, marins, personnels civils et citoyens français présents en Polynésie l'ont vécu, mais aussi les familles présentes ont bu, mangé les denrées irradiées et furent exposées à des dégâts irréversibles, condamnables, pour lesquels personne n'a eu à s'excuser, ni se dédouaner de n'avoir pas su préserver les populations locales et tous autres individus exposés et vivant sur place.

Seuls/les face à cette adversité redoutable, au XXIème siècle rien n'a été fait pour le geste du grand pardon pour dire à ces familles "nous allons réparer nos erreurs" et tout ce que l'on veut entendre nous les familles restantes c'est que quelles que soient les conséquences sur plusieurs générations, enfants légitimes et témoins passifs /ou adoptés, nous l'Etat français allons mettre en place un département qui prendra en charge et à vie sur plusieurs générations toutes les conséquences, tous les handicaps occasionnés et tous les problèmes sociologiques, de santé et psychologiques liés à la perte des êtres chers et exceptionnels qui y ont pris part avec toute la bravoure que l'on reconnait à la Marine Nationale. A cette grande famille à qui nul n'a donné les moyens de préserver ses enfants. Jean-Pierre Tallonnier fut enterré avec les honneurs militaire de la Marine Nationale, avec tirs de fusil et comme dit mon beau-père sicilien perdre son père avec "les grands honneurs" de cette façon là, quel dommage ! Mourir à la fleur de l'âge, au moment où la vie prend un sens encore plus authentique, où l'on se dit qu'on ne verra pas nos petits enfants, et qu'on ne serra pas là pour protéger nos enfants pour les aider à relever chaque défis de l'existence avec sagesse et confiance en soi. Alors, ce que l'on n'a pas eu on l'apprend à l'école de la vraie vie.

Aucun remord n'apparaît chez les responsables, qui dans cette bataille juridique reconnaissent à peine l'impact que cela a occasionné sur la vie des gens qui l'ont vécu de l'intérieur. Aujourd'hui encore il y a des survivants, qui tels que moi l'écrivent.

Nous les enfants allons mener le combat juridique qui s'impose pour que nos enfants puissent à leur tour avoir le droit de devenir père et mère d'enfants en bonne santé.

Tout l'argent versé ne vaudra rien tant que cet aspect soulevé ne sera pas murement réfléchi par nos grands penseurs de la République. Comment peut on réparer cette 2ème catastrophe du nucléaire. Parfois faire le deuil de quelqu'un suppose de retourner sur les lieux, et de voir une dernière fois l'endroit qui a causé leur départ soudain, de comprendre pourquoi. Mais comme nous disons tous ici, c'est devenu un endroit tabou, et les failles de l'Océan Pacifique se rejoignent elles, qui est encore exposé à tout ceci ? Est-ce que la Nouvelle-Calédonie sera touchée ?

La pensée de Karen "protégeons nous du nucléaire, car l'humanité n'a pas besoin de cette grandeur qui avilie les cœurs et les esprits"..."des grands penseurs emplis de doutes, d'incertitudes et de désir de pouvoir". L'époque de la baïonnette c'était l'âge d'or comparée à celle du nucléaire, qui reste une arme très sale à éradiquer de la planète.

Pour faire simple, laissons le pouvoir aux femmes et pour une fois donc faites leur confiance ! Comme elles mettent des enfants au monde, elles ne feront pas pire que ce qui s'est passé jusqu'à aujourd'hui. Nous ne tirons jamais de l'histoire de l'humanité, les leçons du passé.