« La science de la finance/Le financement de l'économie » : différence entre les versions

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La complémentarité entre la puissance publique et l'économie de marché est une des clés du développement économique. Les citoyens, en tant que propriétaires, travailleurs et consommateurs, ont besoin d'un État puissant qui protège leurs intérêts et leur donne les moyens de s'engager dans des projets profitables. En retour, l'État a besoin d'une économie prospère pour prélever des impôts.
 
Dès qu'elles favorisent le développement économique, les dépenses publiques peuvent être considérées comme un investissement. Si elle conduisent à un accroissement de l'activité, elles apportent du même coup des rentrées fiscales supplémentaires. Les dépenses initiales sont des coûts et les impôtsrentrées supplémentaires des recettes. Si les recettes dépassent les coûts, l'investissement est profitable.
 
=== L'effet d'éviction ===
En période de plein emploi ou de surchauffe, un accroissement des dépenses publiques ne peut pas en général conduire à un accroissement de l'activité économique, parce qu'elle est déjà à son maximum. Si l'État dépense davantage, il utilisera des moyens qui auraient sinon été utilisés dans des projets privés. L'investissement privé est ainsi évincé par l'investissement public. Cet effet d'éviction ne doit pas empêcher l'État de dépenser lorsque les objectifs sont prioritaires, parce que l'intérêt général passe avant les profits privés, mais il nuit évidemment à la profitabilité des investissements publics.
 
=== La politique économiquebudgétaire contracyclique est un bien commun ===
En période de sous-emploi, il n'y a pas d'effet d'éviction (sauf peut-être dans certains secteurs qui sont restés au plein emploi) et la profitabilité des investissement publics est augmentée d'autant.
 
Lors d'une récession, les particuliers ne sont pas en général incités à investir. Ils ont tous intérêt à ce que tous investissent davantage, pour sortir de la crise, mais aucun n'est incité à le faire. Si un agent s'engage dans des investissements coûteux, cela fera un surcroît d'activité, et ses fournisseurs en bénéficieront, mais pas lui, parce qu'à lui seul, un agent ne peut pas relancer l'activité de tous les agents, et si la reprise espérée ne se produit pas, il devra supporter des pertes. En revanche l'État a intérêt à investir, parce qu'il bénéficiera automatiquement de tout surcroît d'activité avec des recettes fiscales supplémentaires, et s'il est suffisamment puissant il peut provoquer la reprise espérée.
 
Une récession coûte très cher à l'État, parce que les rentrées fiscales sont grandement diminuées. Mais c'est justement dans ces moments-la, quand il gagne le moins, que l'État doit dépenser le plus et s'endetter. En période de plein emploi, l'État a beaucoup moins d'intérêt à investir, et il vaut mieux qu'ils se servent de ses rentrées fiscales supplémentaires pour rembourser ses dettes. Paradoxalement l'État doit dépenser moins quand il gagne plus et il doit dépenser plus quand il gagne moins.
 
Imaginez un pays qui connaît des années de famine et des années d'abondance. En période d'abondance, les propriétaires sont incités à faire des stocks importants. En période de famine, l'État s'endette pour acheter et distribuer progressivement les stocks. Lorsque l'abondance revient, il rembourse ses dettes et laisse les propriétaires reconstituer leurs stocks. C'est une version moderne de l'histoire de Joseph et Pharaon. La politique budgétaire contracyclique est semblable.