Précis de grammaire viêtnamienne/Généralités
Les mots vietnamiens sont invariables. Ils ne s'accordent ni en genre, ni en nombre, ni en quoique ce soit d'autre (la personne, le temps, le mode, le révolu, le cas...)
Toutefois, cela ne signifie pas que ces notions n'existent pas en vietnamien.
Le genre
modifierEn français, les noms portent arbitrairement un genre grammatical et les déterminants, les articles et les adjectifs s'accordent à ce genre arbitraire. Ainsi, le meuble « table » est féminin, l'élément « plafond » est masculin.
Les noms des métiers quant à eux ont un genre grammatical qui s'accorde généralement au genre naturel (le sexe) de la personne qui exerce ce métier : un homme qui fait du pain est un boulanger et une femme qui fait du pain est une boulangère. Il existe toutefois des métiers qui ne s'accordent pas : Madame le premier ministre... un agent de voyage, un officier...
En vietnamien, les noms n'ont pas de genre grammatical. Les qualificatifs et les déterminants qui vont les entourer resteront invariables.
En revanche, il existe des mots pour désigner le sexe (le genre naturel) :
- il y a des qualificatifs pour distinguer un individu mâle d'un individu femelle chez les espèces animales
- il y a des classificateurs pour distinguer un homme qui exerce un métier de la femme qui exerce le même métier
- il y a des noms qui désigne un homme (le frère, le père, l'oncle) et d'autres noms qui désigne une femme (la sœur, la mère, la tante)
Tous ces mots sont « sexués » et apportent une indication concrète de ce dont on parle. En terme de grammaire, ces mots ne sont ni masculins, ni féminins.
Le classificateur
modifierEn vietnamien, comme en chinois, coréen et japonais, toutes partiellement héritées du chinois archaïque, les classificateurs sont des éléments essentiels de la phrase.
Certains sont utilisés dans certains cas rare en français et peuvent donner une idée de ce qu'ils sont. ils sont surlignés en gras ici :
- Cinq têtes de bétail, pour les animaux de bétail.
- Un verre de bière. Pour tous les liquides bus dans des verres.
- Une paire de ciseaux, de chaussure... Pour tout ce qui va par paire.
Il servent entre un adjectif numérique désignant la quantité, et le nom désignant l'objet. Le classificateur générique est cái (du chinois 个/個), il était utilisé à l'identique en chữ Nôm. Il en existe plusieurs autres en vietnamien, en fonction de la forme ou taille du sujet désigné.
Le vietnamien à une spécificité sur ce point par rapport aux langues du CJKV. Certains de ces classificateurs changent entre le singulier et le pluriel.
Le nombre
modifierLe nombre exprime généralement une quantité : le singulier si on parle d'un seul élément et le pluriel si on parle de plusieurs. Dans une langue flexionnelle comme les langues indo-européennes (le français par exemple), le nom porte le nombre, les qualificatifs, les déterminants et les verbes qui entourent ce nom doivent s'accorder avec le nombre porté par le nom.
En viêtnamien, il existe deux nombres : le singulier et le pluriel. Les mots étant invariables, le nombre est amené par des déterminants qui accompagnent le nom ou le pronom et qui appartiennent à des classes grammaticales dédiées. Les adjectifs et les verbes eux mêmes invariables ne seront pas modifiés par un sujet qui serait au singulier ou au pluriel.
L'animéité
modifierL'animéité est porté par le nom et détermine si le référent (désigné par le nom) est un objet non vivant ou un être vivant.
En viêtnamien, l'animéité joue un rôle déterminant sur le groupe nominal. La langue viêtnamienne oppose deux classes d'animéité : le vivant et le non vivant. Toutefois, il distingue une sous-classe "humain". La sous-classe "humain" appartient elle-même à la classe "vivant".
Le viêtnamien raisonne donc ainsi
- si on utilise la classe "humain", on parle d'un sous-ensemble de "vivant"
- si on utilise la classe "vivant", on parle de tous les êtres vivants, "humain" compris
- il reste évident que si on utilise la classe "non vivant", on parle de tous ce qui n'est pas vivant.
La personne
modifierLa personne en grammaire désigne la position qu'occupe chacun des acteurs d'un dialogue. Ainsi, celui qui parle est la 1ere personne, celui à qui on s'adresse est la 2me personne et celui dont on parle est la 3me personne.
Ces personnes sont utilisées dans le cadre d'un dialogue mais on les retrouve également dans l'usage des possessifs.
En viêtnamien, il existe quelques pronoms personnels mais la présence d'un important lexique (également une classe grammaticale) dédié aux relations familiales et hiérarchiques bouleverse une logique plus occidentale qui associe un pronom personnel à une personne grammaticale.