Le mouvement Wikimédia/Deuxième partie :Cosmographie du mouvement Wikimédia
Voici venu le moment de faire une présentation « cosmographique » de Wikimédia, ou pour le dire autrement, de présenter une sorte d’organigramme du mouvement en s’inspirant du mot « galaxie », utilisée lors du dixième anniversaire du projet Wikipédia[2].
La découverte de cette galaxie débuta pour ma part, quand j’ai commencé à surfer d’un projet Wikimédia à l’autre, avec l’intention de découvrir tout ce qui se cache dans l’ombre de la planète Wikipédia. Après quoi, il me restait encore à découvrir toute la partie hors ligne du mouvement. Ce que je fis à partir du dix octobre 2011, en rejoignant les membres fondateurs de l’association Wikimédia Belgique[3].
Lors de ces aventures, j’ai découvert que les activités hors ligne et en ligne du mouvement évoluaient dans deux sphères et environnements propices à une organisation et des comportements parfois très divergents[4]. Certaines dissonances cognitives me sont même apparues, mais sans que je puisse en déduire une réelle incohérence au sein du mouvement. Cela sans doute grâce à une forte adhésion générale au projet de libre partage de la somme des connaissances[5].
Finalement, j’en suis venu à percevoir dans Wikimédia une sorte de représentation miniature de cette hypercomplexité[6] qui caractérise notre société globale et numérique depuis le début du XXIᵉ siècle. Quant à l’étude de l’organisation du mouvement, elle me permit de mieux comprendre les enjeux suscités par le développement de nouvelles formes de mondialisation structurelle et de globalisation économique[7], apparues suite au développement d’Internet.
En offrant dans cette deuxième partie d’ouvrage, une vue d’ensemble de ce mouvement international, j’espère ainsi permettre à ses membres de pouvoir s’y situer plus facilement. Cela en offrant aux autres lecteurs, une belle occasion de voir à quoi peut ressembler de nos jours, une organisation cosmopolite, internationale, interculturelle, et fortement interconnectée au travers du réseau Internet.
La constellation des projets en ligne
modifierComme dit précédemment, l’espace numérique Wikimédia le plus connu du grand public est Wikipédia. Avec à la mi-mars 2023[8], 60 millions d’articles en provenance de 331 versions linguistiques, ce projet arrive en tête du classement des projets pédagogiques, avant les 187 versions du Wiktionnaire, 121 de Wikibooks, 95 de Wikiquote, 74 de Wikisource, 34 de Wikinews, 25 de Wikivoyage et 17 de Wikiversity, pour un total de 884 projets pédagogiques[9]. Ce à quoi il faut encore ajouter les projets multilingues ou techniques ainsi que tous les autres sites web hébergés par la Fondation, pour arriver, si l’on s’en réfère à ce qui est indiqué sur le site Wikiscan accessible grâce au code QR repris ci-contre, à un total de 954 sites web et 507 millions de pages[10].
Même s’ils sont développés au sein d’un même mouvement et avec le même logiciel informatique, tous ces sites ne se ressemblent pas pour autant. En date du deux juin 2023 et si l’on se fie cette fois à la page WikiStats accessible par ce nouveau code QR repris ci-contre, on découvre en effet, que le nombre de personnes ayant réalisé au moins une modification, peut varier de 221 pour le projet Wikiquote en Bicolano central, à 45 640 421 pour le projet Wikipédia en anglais[11]. Cela sans oublier que chacun de ces sites fonctionne sur un système de gestion de contenu configuré différemment[12] et que les règles en application dans les projets varient d’une version linguistique à l’autre, puisqu’elles sont créées par des communautés de contributrices et contributeurs différentes.
Le projet Wikipédia germanophone par exemple, possède des règles différentes du projet francophone. Le fair use n’y est pas d’application, les articles à l’état d’ébauche ne sont pas conservés et le bannissement d’un utilisateur ou d’une utilisatrice nécessite un vote favorable atteignant la majorité des deux tiers[13]. Cela alors qu’en octobre 2020 et uniquement dans le projet en portugais, il fut décidé que la modification de l’espace principal de l’encyclopédie serait dorénavant réservée aux personnes bénéficiant d’un compte utilisateur.
Quant au contenu des différentes versions linguistiques de l’encyclopédie libre, une étude de 2010, qui comparait 74 d’entre elles, a mis en évidence que 74 % des articles encyclopédiques n’existaient que dans une seule version linguistique[14]. Ce qui prouve donc que chaque version linguistique possède bien son propre contenu, alors que celui-ci est développé par des éditrices et éditeurs qui communiquent dans une langue commune, mais sans pour autant partager la même culture ou la même nationalité.
De plus, les projets pédagogiques ont chacun leur propre finalité. L’objectif d’une encyclopédie, étant effectivement différent de celui d’un dictionnaire, d’un guide de voyage, d’un répertoire du vivant, d’un recueil de citations, d’une plateforme de création de cours et travaux de recherches, d’une bibliothèque de livres repris dans le domaine public ou publiés sous licence libre, d’un site journalistique, d’une banque de données sémantiques, d’une autre de fonctions informatiques ou de fichiers médiatiques, etc.
Ensuite, qui dit finalités différentes, dit aussi règles éditoriales différentes. Il est effectivement interdit de produire du nouveau savoir, ou d’abuser de sources primaires sur Wikipédia, alors que parallèlement, tout cela est le bienvenu sur l’ensemble des autres projets, à l’image du Wiktionnaire[15]. Wikisource faisant toute fois exception à cette dernière règle, puisque le projet consiste à collecter et numériser des ouvrages répertoriés dans le domaine public ou déjà publiés sous licence libre.
Enfin, il faut se souvenir que le droit d’auteur peut aussi varier d’un projet à l’autre. Vu que les données reprises sur Wikidata par exemple, ainsi que les descriptions de fichiers reprises sur Wikimedia Commons, sont soumises à la licence CC0, contrairement au contenu des autres projets qui est sous licence CC.BY.SA. Un dernier argument qui justifie donc la nécessité d’effectuer un classement des projets et autres espaces d’activités numériques par fonctions[16], de sorte à rendre plus compréhensible leur vue d’ensemble.
Les projets de partage de la connaissance
modifierIl existe ainsi dans l’espace numérique Wikimédia un ensemble de projets destinés au partage de connaissances qui sont déclinés en de nombreuses versions linguistiques. Ces différentes versions voient le jour dans des projets polyglottes intitulés Wikimedia Incubator, Wikiversity Beta et Wikisource multilingue. Avant d’obtenir leurs propres sites web, elles bénéficient ainsi d’un temps de test et de mise en place[17].
Puis, à l’intérieur de ces projets autonomes, il est parfois possible de rencontrer des sous-projets qui constituent eux-mêmes un espace spécialisé du projet principal, comme une bibliothèque d’ouvrages pour enfants dans le projet Wikilivres par exemple, ou un journal scientifique dans le projet Wikiversité en anglais et même de manière récurrente cette fois, de nombreux projets thématiques[18] et portails[19] qui ont pour but de rassembler les éditeurs passionnés autour de certains sujets.
En plus des projets de tests pour les nouvelles versions linguistiques, il existe d’autres projets multilingues, comme le projet Wikispecies qui répertorie l’ensemble du vivant ou le projet Wikimedia Commons chargé de centraliser les fichiers image, audio, vidéo, etc.[20] utilisés dans tous les autres projets Wikimédia. Un multilinguisme qui est aussi pratiqué dans le projet Wikidata, qui centralise des informations factuelles dans une immense base de données sémantique, récupérable souvent de manière automatisée sur les autres projets du mouvement[21].
Suite à quoi, il faut signaler que l’anglais sert souvent de lingua franca dans les sites plus techniques, comme ce sera probablement le cas des deux nouveaux projets actuellement en phase de test. Le premier s’intitule Wikifunctions et a pour but de produire des fonctions informatiques qui permettront au second, intitulé Abstract Wikipedia[22], d’afficher de manière automatisée des articles encyclopédiques dans tous les langages naturels.
Tous ces projets éditoriaux fonctionnent grâce au logiciel MediaWiki déjà présenté en première partie d’ouvrage. Ils sont aussi tous libres d’accès, collaboratifs au niveau de leurs éditions, indépendants dans leur gestion et soumis à la licence CC.BY.SA à l’exception, comme déjà mentionné, du contenu de la base de données du projet Wikidata et des descriptions de fichier sur Wikimedia Commons, qui dans les deux cas sont repris sous licence CC0. La liste de tous ces projets et versions linguistiques peut enfin varier d’un moment à un autre, en fonction des décisions prises par rapport à une liste des projets proposés à la création[23] et une autre reprenant les projets proposés à la suppression[24].
Wikimedia Commons est une médiathèque multilingue qui centralise les fichiers utilisés sur les projets Wikimédia. Ceux-ci sont placés sous licence libre CC.BY.SA. et leurs descriptions sous licence CC.0. | |
Wikidata est une base de données multilingue placée sous licence libre CC0 qui peut être lue et éditée par des humains ou des machines dans le but de fournir des informations aux autres projets Wikimédia. | |
Wikisource est une bibliothèque numérique de livres tombés dans le domaine public. | |
Wikispecies est un répertoire multilingue des espèces vivantes de la faune et de la flore. | |
Wiktionnaire est un dictionnaire descriptif et illustré. | |
Wikivoyage est un guide de voyage touristique. | |
Wikiquote est un recueil de citations. | |
Wikilivres est une collection d’ouvrages pédagogiques. | |
Wikinews est site journalistique collaboratif qui résument l’actualité sur base d’une neutralité de point de vue. | |
Wikiversité est une collection de matériaux pédagogiques combiné à un espace dédié aux travaux de recherches. | |
Wikifunctions est une bibliothèque de fonctions informatiques qui permettra, entre autres, de développer le projet Abstact Wikipedia, dont l’objectif est de produire des articles encyclopédiques indépendamment de tout langage naturel, en mobilisant les données récoltées par le projet Wikidata. | |
L’incubateur Wikimédia est le lieu de test et de lancement des nouveaux projets linguistiques des projets Wikipédia, Wikilivres, Wikinews, Wikiquote et Wiktionnaire. | |
Wikisource multilingue est la plate-forme de lancement des nouvelles versions linguistiques des projets Wikisource. | |
Wikiversity Bêta est la plate-forme de lancement des nouvelles versions linguistiques des projets Wikiversité. |
WikiJunior au même titre que Cookbook qui est un recueil de recettes de cuisine, est un sous-projet de Wikilivres qui reprend la littérature pour enfants. | |
WikiJournal est un sous-projet de Wikiversity destiné à produire des articles scientifiques dans différents domaines (médecine, sciences sociales et sciences dures) et selon une procédure de revue par les pairs. |
Les projets de gouvernance, de gestion et de sensibilisation
modifierAu-delà des projets de partage de contenu, il existe un ensemble d’espaces numériques destinés à organiser les activités internes au mouvement Wikimédia. Parmi ceux-ci, il y a la plate-forme Méta-Wiki qui est le site web le plus utilisé au sein du mouvement après le projet Wikipédia en anglais[25]. C’est un espace dédié à la coordination, documentation, planification et analyse du mouvement Wikimédia. Et comme vu précédemment, c’est là que se tiennent de nombreux débats sur ce qui se passe dans le mouvement. On y organise la naissance des nouveaux projets ou entité affiliées[26], la distribution des subventions accordée par la Fondation, et même les élections des membres de comités et du conseil d’administration de la Fondation.
Parmi les sites dédiés à la coordination, on retrouve ensuite le site Wikimania comme espace de préparation et information sur les conférences internationales annuelles dédiées au mouvement[27], ainsi que le site Wikimedia Outreach qui focalise pour sa part, sur la promotion des projets Wikimédia. Cela se concrétise par un lot d’activités et de projets dédiées au milieu de l’éducation, des galeries, des librairies, des archives et des musées, tout en encourageant le partage de bonnes pratiques et d’exemples de réussites[28]. Ce à quoi il faut encore ajouter la plate-forme Fluxx, un nouveau portail apparu en 2021[29], dans le but de simplifier la gestion les demandes de subvention adressées à la Fondation.
Il faut savoir ensuite que plusieurs sites et projets organisationnels ont cessé leurs activités. Tel fut le cas du site Wikimedia strategy planning utilisé pour élaborer la stratégie du mouvement durant la période 2010-2020, et qui fut ensuite maintenu en qualité d’archive[30]. Pareillement pour le site Wikimedia Usability, qui était un projet d’amélioration de l’accessibilité des sites Wikimédia, lui aussi archivé suite au terme du financement de la Stanton Foundation[31], ainsi que le site survey.wikimedia.org/, une plateforme de sondage en ligne abandonnée aux alentours de 2013[32].
Concernant la gestion des courriels adressés au mouvement, le mouvement Wikimédia avait mis en place, en septembre 2004, un système de traitement via l’Open-source Ticket Request System, remplacé par la suite par le logiciel Znumy LTS au cours de l’année 2021[33]. Toutes les requêtes, plaintes, commentaires et autres types de demandes envoyés par courrier électronique au mouvement y sont ainsi traités, en première ligne, par des bénévoles accrédités par la Fondation. Un traitement qui s’organise à partir du site Wikimedia’s Volunteer Response Team wiki (VTR)[34], dans lequel 400 volontaires[35] sont actifs dans une quarantaine de langues, répondant à plusieurs centaines de messages journaliers[36].
Au sein de projets pédagogiques et principalement au niveau de Wikipédia, se trouvent ensuite différents sous-projets de sensibilisation selon des thématiques très variées. On y retrouve par exemple le WikiMooc[37] conçu pour apprendre à contribuer à Wikipédia, le projet Noircir Wikipédia[38] qui lutte contre le manque de contenu au sujet de l’Afrique et des afro-descendants, les projets Wiki Loves qui sont des concours photo sur différentes thématiques, ou encore de nombreux projets dédiés à la recherche d’une parité hommes femmes au niveau des articles encyclopédiques, tel que le projet Les sans pagEs par exemple.
Wikimedia Foundation Governance Wiki est le site sur lequel le conseil d’administration de la Fondation Wikimédia met à la disposition du public des documents relatifs à sa gouvernance. | |
Wikimedia Board est un site wiki dont l’accès est réservé aux membres du conseil d’administration de la Fondation Wikimédia pour leur communication interne. | |
Méta-Wiki est le site de gestion et de coordination générale du mouvement Wikimédia. | |
Le site Wikimania est dédié à la préparation des cycles de conférences annuelles dédiées au mouvement Wikimédia. | |
Wikimedia Outreach est un site Web destiné à coordonner la promotion des projets Wikimédia et les partenariats au sein du mouvement. | |
Wikimedia Mailservices est le service d’hébergement de toutes les listes de diffusion gérées par la Fondation Wikimédia. | |
Statistiques Wikimédia rassemble des plateformes d’informations statistiques au sujet de tous les projets Wikimédia gérés par la Fondation Wikimedia. | |
Volunteer Response Team est un projet qui regroupe des bénévoles désireux de répondre aux courriels envoyés au mouvement Wikimédia. | |
Wikimedia Usability (archivé) est un espace de travail dédié à l’amélioration de la convivialité de Wikipédia pour les nouveaux arrivants. | |
Wikimedia strategic planning (archivé) fut le site utilisé de 2009 à 2010 pour l’élaboration du plan stratégique 2010-2015. |
Le WikiMOOC est un cours en ligne gratuit et ouvert à tous, destiné à l’apprentissage de la contribution sur Wikipédia. Il est conçu par des contributeurs et contributrices bénévoles de Wikipédia, avec le soutien de Wikimédia France. | |
Noircir Wikipédia est une initiative visant à combler le manque d’informations sur la culture, les personnalités africaines ou afro-descendant et la diaspora africaine sur Wikipédia. | |
Les sans pagEs est un sous-projet de la version francophone de Wikipédia, initié en juillet 2016, dont le but est de lutter contre les déséquilibres de genre sur les articles de l’encyclopédie. | |
Wiki Loves Monuments, littéralement « Wiki aime les monuments », est un concours photographique international se tenant annuellement en septembre, dont l’objectif est de mettre en valeur les biens classés patrimoniaux. |
Les projets de gestion technique
modifierDans le but de gérer les questions techniques liées au fonctionnement du mouvement, un ensemble de sites et de projets ont petit à petit vu le jour. Le plus important d’entre eux est certainement le site MediaWiki, qui en étant couplé à des plates-formes de test, est un lieu multilingue entièrement dédié au développement collaboratif et à la documentation du logiciel MediaWiki, sur lequel tournent tous les projets éditoriaux. Puis, il y a aussi le projet Phabricator dont la mission principale est de résoudre des bugs informatiques en donnant priorité aux problèmes de sécurité. Celui-ci fut lancé en septembre 2014 pour remplacer le programme Bugzilla jugé obsolète, mais aussi sans doute parce que Phabricator permet de coordonner d’autres tâches qui ne sont pas forcément liées à la maintenance informatique[39].
Comme autre site dédié aux questions techniques, vient ensuite le site Wikitech, une plateforme d’information et d’orientation technique au sujet du Wikimedia Cloud Services (WMCS)[40]. En janvier 2020, plus de 16000 personnes[41] s’y rendirent pour bénéficier d’un accès aux dumps et aux systèmes de gestion de bases de données des projets Wikimédia[42]. Il reste ensuite à signaler, le projet Wikimedia Research, dans lequel se rassemble une équipe de « scientifiques et d’ingénieurs qui utilisent des données pour comprendre et responsabiliser des millions de personnes qui interagissent quotidiennement avec Wikipédia et ses projets frères[43][44] ».
Et puis finalement, en tant que dernier arrivant et unique projet commercial apparu au sein du mouvement, il y a le projet Wikimedia Enterprise. Son but est de vendre des services d’accès privilégiés aux grands utilisateurs commerciaux des projets Wikimédia ainsi qu’à des organisations. Les tarifs des services alloués peuvent varier entre la gratuité et un tarif variable selon la taille des demandeurs et la nature lucrative ou non lucrative de leurs activités[45].
Wikimedia Phabricator est une plateforme de gestion de tâches ouverte à tous les contributeurs et contributrices de Wikimédia principalement pour traiter des problèmes informatiques, tout en restant ouvert à la gestion d’autres types de tâches. | |
Le site MediaWiki est une plateforme de développement et de documentation du logiciel MediaWiki utilisé par tous les projets éditoriaux Wikimédia. | |
Wikitech est une plateforme destinée à documenter les projets et infrastructures informatiques d’aide au mouvement Wikimédia, hébergés sur le cloud par la Fondation Wikimédia. | |
Test Wiki est un site Wikimédia utilisé par les développeurs du logiciel afin de tester leurs codes avant de les appliquer à d’autres sites. | |
Toolforge (anciennement toolserver) est un sous-projet de Wikitech dédié à la gestion du cloud computing Wikimédia dédié à l’hébergement de projets assistés par la communauté. | |
Wikimedia Cloud VPS est un sous-projet de Wikitech composé d’un espace de gestion du cloud computing Wikimédia destiné à l’hébergement de projets autonomes. | |
Data Services est un sous-projet de Wikitech qui permet un accès direct aux bases de données et aux dumps, ainsi que des interfaces Web pour les requêtes et l’accès par programmation aux magasins de données. | |
Wikimedia Enterprise est un service payant d’accès privilégiés aux contenus des projets Wikimédia dédié aux entreprises commerciales et potentiellement gratuit pour des organisations non commerciales. |
Les espaces de communication et d’information
modifierDans le but de communiquer en interne, le mouvement Wikimédia héberge des centaines de listes de diffusion[46], privées ou publiques, répertoriées sur une page web accessible via le code QR repris ci-contre, ainsi que de nombreux salons de conversation ouverts sur IRC, Telegram, Discord ou Mattermost. Tandis qu’à côté de cela, il existe aussi de nombreux espaces d’échanges sur les réseaux sociaux spontanément créés par des groupes de contributeurs ou contributrices.
En septembre 2019, une plateforme intitulée « Wikimédia Space », fut aussi créé à partir des logiciels WordPress et Discourse afin d’offrir un lieu d’échanges d’informations et de conversations aux personnes actives au sein du mouvement[47]. Mais à la fin du mois de février 2020 et faute de fréquentation sans doute, le site web ne garda finalement que la fonction blogging[48] et fut rebaptisé Diff[49]. Cet espace reste uniquement dédié aux membres du mouvement, avec une attention particulière accordée aux communautés sous-représentées. Au travers d’un processus éditorial simplifié, des articles y sont créés et peuvent parfois être traduits en plusieurs langues[50].
Quelques journaux sont aussi apparus à l’intérieur des projets Wikimédia avant d’être répertoriés sur une page du site Méta-Wiki[51]. Du côté francophone, il y a le journal Wikimag[52] et l’infolettre Regards sur l’actualité de la Wikimédia (RAW)[53], qui sont tous deux des périodiques publiés par de Wikimédiens et pour les Wikimédiens. Un journal similaire existe aussi sur la page du Wiktionnaire intitulée : « Actualités du projet Wiktionnaire francophone[54] ».
Du côté anglophone, on trouve aussi le célèbre mensuel Signpost, le plus ancien journal du mouvement créé en janvier 2005. Il fait une synthèse des événements importants qui se sont déroulés dans l’encyclopédie et le mouvement[55]. Son fondateur, Michael Snow, devint d’ailleurs membre du conseil d’administration de la Fondation de 2008 à 2010, puis de son conseil consultatif composé de 16 membres invités[56], jusqu’à sa suppression en juin 2018[57].
Toujours en interne, il y a aussi le Wikimedia Techblog dédié à la communauté technique Wikimédia[58], dont les mises à jour sont faites par une équipe de soutien aux développeurs[59], puis la plateforme Phabricator qui héberge, elle aussi, une quinzaine d’espaces blog[60]. Pareillement aux espaces blogs actifs au sein du mouvement, on peut s’y abonner à l’aide de Planet[61] ou tout autre agrégateur de flux RSS.
Au niveau de la Fondation ensuite, le conseil d’administration utilise son propre wiki pour diffuser tout ce qui concerne sa gouvernance[62], pendant que les employés maintiennent un site vitrine[63] dans lequel se trouve une rubrique News[64]. D’autres espaces blog[65] ou sites web destinés au grand public sont gérés par des associations locales. C’est le cas de Wikimédia France[66] et Wikimédia Suisse[67], qui assurent leur auto-hébergement, avec un site officiel incluant aussi un espace blog[68]. Tandis que l’association canadienne[69] et belge[70] préfèrent utiliser un wiki hébergé par la Fondation, qui se voit complété, dans le cas de la Belgique, par un blog d’information séparé[71].
Des personnes ou groupes actifs dans le mouvement peuvent enfin créer leurs propres espaces d’information. Au niveau francophone, une dizaine de blogs furent ainsi ouverts pour commenter ce qui se passe dans Wikipédia. Parmi les créateurs ou créatrice de ces espaces autogérés, certain ou certaine ont pu émettre des critiques virulentes concernant le projet, sans pour autant afficher son identité de contributeur ou contributrice.
La mode étant passée, plus aucun de ces blogs ne resta actif après 2020. Alors que cinq ans au par avant, le site Wikirigoler, aussi intitulé le blog de Pierrot le chroniqueur, était perçu comme « l’un des blogues ayant le plus influencé la communauté de Wikipédia en français[72] ». Il fut d’ailleurs à l’origine d’une des plus grosses crises de confiance apparues chez les éditeurs de l’encyclopédie. Car suite à un bug survenu chez l’hébergeur, il fut possible d’identifier les personnes qui avaient contribué à la rédaction du blog. Parmi cette liste de gens dont certains ne modéraient pas leurs propos au sujet de Wikipédia, se trouvaient effectivement plusieurs personnes chargées de l’administration du projet[73].
Diff est un espace blog resté actif après la fermeture de Wikimedia Space, une plateforme d’information, de discussion, de collaboration et de support dédié aux membres de la communauté Wikimédia. | |
Le Service de courriels Wikimédia est dédié à la gestion des courriels pour les employés au sein du mouvement et gère par la même occasion l’ensemble des listes de diffusion. | |
Le Wikimag est un journal hebdomadaire qui permet de se tenir informé de ce qui se passe sur Wikipédia, les décisions de la communauté, les débats, etc. | |
Regards sur l’actualité de la Wikimédia (RAW) est un hebdomadaire qui a pour principal but de renseigner la communauté Wikipédia en français sur ce qui se produit en dehors de celle-ci. |
La constellation de la Fondation et de ses affiliés
modifierÀ côté des projets développés dans l’espace numérique, un ensemble de groupes et d’associations sans but lucratif se sont rassemblés autour de la Fondation Wikimédia. Leur principal objectif est de coordonner et promouvoir des activités au sein du mouvement afin d’améliorer le contenu ou le fonctionnement des projets pédagogiques. Bien que ces regroupements se forment et s’organisent souvent de manière présentielle, certaines de leurs activités peuvent bien entendu se dérouler en ligne et parfois même exclusivement, comme cela s’est vu durant les différents confinements imposés lors de la pandémie de Covid-19.
Ces instances, répertoriées en mars 2023 au nombre de 178 sur une page du site Méta-Wiki[74] visible grâce au code QR repris ci-contre, diffèrent des projets techniques ou éditoriaux tant par leurs objectifs que par leur fonctionnement. Contrairement aux projets pédagogiques, les personnes actives dans ces groupes et associations sont généralement connues sous leur réelle identité, alors que l’utilisation de pseudonymes dans les sites web de partage du savoir est une pratique très répandue.
Comme cela a déjà été expliqué en première partie d’ouvrage dans la section « La création des organismes affiliés », toutes ces instances doivent préalablement faire leurs preuves avant de pouvoir bénéficier du statut d’affilié au sein du mouvement. Elles sont ensuite évaluées chaque année afin de déterminer si l’affiliation peut être maintenue[75]. En décembre 2022 par exemple, 33 instances reconnues par la Fondation Wikimédia ont ainsi perdu leur affiliation suite à une évaluation négative[76].
Cette affiliation permet d’adresser à la Fondation des demandes de subsides qui ne sont accordés qu’aux organismes affiliés. Elle donne en outre la possibilité d’utiliser les prés de 2 500 noms de marques déposées par la Fondation, tels que les noms de projets et leurs logos, dont une première version sonore a vu le jour en début d’année 2023[77].
En contrepartie, les affiliés doivent produire une série de rapports et les soumettre à inspection au départ d’une page du site Méta-Wiki accessible l’aide de ce nouveau code QR repris à droite de ce paragraphe. Quand ces rapports sont manquants, jugés insuffisants ou inadéquats, l’affiliation peut alors être remise en question, voire supprimée, le temps que les conditions requises pour un nouvel octroi soient réunies.
Voici donc présentés dans les prochaines sections de cet ouvrage, les différentes organisations, groupes et activités, que l’on peut rencontrer au sein du mouvement au-delà des projets pédagogiques. Ceci en commençant par découvrir ce qui se passe à l’intérieur de la Fondation Wikimédia.
La Fondation Wikimédia
modifierLa Wikimedia Foundation Inc (WMF) est le siège technique et administratif central au mouvement, dont les bureaux se situent dans la ville de San Francisco, non loin de la Silicon Valley[78]. Elle possède les noms de domaine des projets Wikimédia, les marques déposées, et est responsable de la majeure partie des collectes de fonds effectuées par le mouvement[79].
Identifiée comme ONG par l’Union européenne[80], cette organisation sans but lucratif regroupe plusieurs centaines d’employées et d’employés supervisés par un conseil d’administration, reconnu comme l’organe décisionnel le plus élevé du mouvement. Dans un organigramme relativement classique, les employées et employés de la Fondation se répartissent au sein de huit départements[81] supervisés par une équipe de direction composée de trois personnes[82], elle-même chapeautées par Maryana Iskander[83], la directrice générale arrivée en janvier 2022.
Selon les informations récoltées sur la page du site de la Fondation dédiée à la présentation de son personnel et accessible via le code QR repris ci-contre, le total des employés et employées est passé de plus de 450 personnes en janvier 2021[84] à plus de 550 en janvier 2022[85]. Alors qu’en mars 2023, on pouvait encore lire sur cette page, que « plus de 700 personnes de nombreux pays partagent un engagement envers la connaissance libre et travaillent avec notre communauté[86] ».
Afin de se faire une idée sur ce qui est accompli au sein de cette Fondation, voici la répartition de ses départements en janvier 2022, avec repris entre parenthèses, le nombre de personnes qui y travaillent :
Le département progrès (62 personnes) s’occupe de la collecte de fonds, des partenariats stratégiques et des programmes de subventions qui alimentent le mouvement[87].
Le département communication (32 personnes) assure le partage des informations au sujet du mouvement Wikimédia, des projets Wikimédia et du travail de la Fondation Wikimédia elle-même[88].
Le département finance et administration (38 personnes) gère les fonds et des ressources de la Fondation Wikimédia, en accord avec ses valeurs fondamentales de transparence et de responsabilité[89].
Le département juridique (29 personnes) gère les aspects juridiques de la Fondation, mais sans prendre en charge pour autant, le rôle d’avocat pour la communauté et les organisations affiliées[90].
Le département opération (5 personnes) exécute la stratégie et la vision de l’organisation en se basant sur la connaissance du marché, les points de preuve des données et l’excellence opérationnelle[91].
Le département public (163 personnes) construit, améliore et gère les fonctionnalités des sites Wikimédia[92].
Le département talent et culture (26 personnes) prend en charge le recrutement, le leadership, le développement organisationnel et la gestion du personnel[93].
Le département technologie (138 personnes) construit, améliore et maintient l’infrastructure des sites Wikimédia[94].
À côté de cette répartition, les employés de la Fondation peuvent ensuite se mélanger dans différents projets ou groupes de travail. Parmi ceux-ci se trouvent le projet croissance et engagement des nouveaux éditeurs dans les projets de tailles intermédiaires[95], le projet éditeur visuel[96], le projet application mobile[97], ou encore le projet améliorations de l’expérience pour les ordinateurs de bureaux[98].
D’autres équipes peuvent ensuite être formées temporairement, comme c’est régulièrement le cas durant les périodes d’élaboration de la stratégie du mouvement. Durant celle de 2018 à 2020 par exemple, huit personnes engagées momentanément[99] ont rejoint une équipe de cinq employés permanents[100], dans le but de favoriser la participation de la communauté au processus, tout en récoltant les informations et décisions apparues durant celui-ci[101].
À l’image du mouvement qu’elle soutient, la Fondation Wikimédia apparaît donc comme une organisation diversifiée, par le nombre de ses départements et groupes de travail, tout en étant très flexible au niveau de la composition de ses équipes. En revanche, et contrairement aux projets d’édition présentés précédemment, la Fondation possède un centre décisionnel au pouvoir important, composé de membres élus ou cooptés, rassemblés au sein d’un conseil d’administration.
Le conseil d’administration de la Fondation
modifierLe conseil d’administration de la Fondation Wikimédia est composé de 16 sièges. L’un d’eux est attribué à Jimmy Wales en qualité de membre fondateur, tandis que les autres se répartissent en 7 sièges cooptés et 8 sièges élus par la communauté[102]. L’organisation actuelle de ce conseil fut adoptée en 2020[103], avant d’être reprise dans les statuts de la Fondation l’année suivante[104].
Lors de cette modification, le conseil est passé de 10 à 16 membres, en raison de l’accroissement du nombre de salariés actifs au sein de la Fondation. Ceci tout en veillant à ce que les personnes cooptées ne dépassent jamais de moitié celles élues par tous les membres du mouvement, employés compris[105].
Des réunions non périodiques mais régulières[106] sont organisées au sein de ce conseil, dans le but de voter l’approbation de chaque nouvelle résolution[107]. Depuis 2006, celles-ci sont répertoriées sur le wiki dédié à la gouvernance de la Fondation[108] pour constituer l’ensemble des textes décisionnels produit par l’organe le plus puissant du mouvement Wikimédia.
Une telle concentration de pouvoir contraste fortement avec ce qui se passe dans les projets éditoriaux, là où les bénévoles cherchent généralement à atteindre le consensus, avant d’organiser des votes entre éditeurs actifs. À l’exception des comités d’arbitrage formés dans certains projets et des groupes administrateurs élus par les communautés d’éditeurs, il n’existe en effet aucune autre instance décisionnelle au sein des projets. De plus, les décisions prisent par ces deux assemblées ne traitent que les conflits interpersonnels et les comportements déviants, et jamais de façon directe en tout cas, les choix éditoriaux ou organisationnels.
À côté de cette gouvernance horizontale, le conseil d’administration de la Fondation apparait donc au sommet d’une pyramide décisionnelle établie au sein du mouvement. C’est en effet au sein de cet organe que se décide la création ou la dissolution des différentes entités ou projets affiliés au mouvement, ainsi que les actions les plus importantes orchestrées par les personnes engagées par la Fondation. Cependant, toutes ces décisions suivent en général les recommandations émises par un ensemble de groupes de travail et comités composés de salariés et de bénévoles actifs au sein du mouvement.
Les comités, groupes de travail et conseils
modifierTout en tenant compte d’une politique interne favorable au pluralisme, à l’interculturalité et la diversité[109], le mouvement Wikimédia comprend de nombreux comités répertoriés sur une page du site Méta-Wiki accessible au départ du code QR repris ci-contre. Cinq de ceux-ci sont composés de membres du conseil d’administration de la Fondation, assistés par des conseillers non-votants et une personne qui assure le relais avec les équipes de salariés.
Le premier de ces comités s’occupe de la gouvernance du mouvement et de la fondation, tout en veillant à ce que le Conseil d’administration s’acquitte efficacement de ses responsabilités[110]. Le deuxième est un comité d’audit qui s’occupe des questions financières et comptables[111]. Le troisième est le comité des ressources humaines qui supervise les politiques et les pratiques relatives à la rémunération et au personnel[112]. Le quatrième est le comité produit et technologie dont la mission est d’évaluer et explorer la valeur offerte par les projets Wikimédia aux usagers du monde entier[113]. Et le cinquième enfin, est celui des affaires communautaires qui a pour objectif de veiller, en lien avec la mission du mouvement, aux bonnes relations entre la Fondation et la communauté[114].
Toujours en respectant une certaine diversité géographique, linguistique et culturelle, sept autres comités décisionnels indépendants sont formés de bénévoles en provenance de tous les projets et toutes les régions du monde. Parmi ceux-ci, on retrouve deux comités chargés de la distribution des fonds que sont le comité de subvention, qui se répartit en sept sous comités régionaux[115], suivit d’un comité de support aux conférences[116].
À cela s’ajoutent, le comité des langues[117], chargé de l’acceptation ou la suppression de nouvelles versions linguistiques au sein des projets pédagogiques, le comité des affiliations[118], responsable de l’octroi ou de la suppression du statut d’affilié, la commission de médiation[119], composé de volontaires désignés par le conseil d’administration[120] afin de prendre en charge les plaintes administratives ou juridiques adressées au mouvement, le comité de revue[121] situé au sein de l’équipe Trust and Safety, qui pour sa part s’occupe spécifiquement des plaintes à l’encontre des personnes actives dans le mouvement, et puis finalement, le comité des communications qui regroupe des salariés de la Fondation, quelques bénévoles et du personnel des associations affiliées, dans le but d’accomplir au mieux les tâches de relations publiques au sein du mouvement[122].
Tous ces comités indépendants sont permanents, assistés par le personnel de la Fondation et suivis par un membre du conseil d’administration de la Fondation. Mais il existe aussi d’autres comités ou groupes de travail temporaires tel que celui chargé de l’écriture de la charte du mouvement[123], puis les comités électoraux formés à l’occasion des élections du conseil d’administration de la Fondation[124], composés de volontaires supervisés par un membre du conseil d’administration et quatre membres du personnel[125], ou encore les groupes formés chaque année pour superviser les rencontres annuelles du cycle de conférences internationales Wikimania[126]. Tout cela sans oublier les équipes formées lors de l’élaboration de la stratégie du mouvement et qui comprenait en 2020-2030, un comité de pilotage[127], un groupe consultatif[128], et une équipe de rédacteurs[129].
Il apparaît donc clairement qu’au sein du mouvement, les tâches administratives, mais aussi décisionnelles, sont grandement distribuées et ouvertes à tout membre actif sur base de simple candidature. Les éditeurs et les autres bénévoles actifs dans les organismes affiliés, qu’ils soient membres d’un conseil d’administration ou pas, peuvent ainsi se mélanger aux salariés, dans le but d’assumer les nombreuses tâches, décisions et responsabilités inhérentes au mouvement. Dans des groupes de travail créés à l’occasion de l’élaboration de la stratégie 2030 par exemple, certains bénévoles ont travaillé côte à côte avec la directrice générale de l’association nationale Wikimedia Nederland[130] et même celle de la Fondation[131].
Tout cela indique que les hiérarchies statutaires affichées dans les organigrammes de la Fondation ou des organismes affiliés, ne sont plus opérationnelles dès qu’il s’agit de prendre des décisions concernant la répartition des fonds, la reconnaissance des projets, la gestion des activités bénévoles ou l’élaboration des stratégies du mouvement. Cela alors que précisément, celle de 2030, recommande la création d’un nouveau conseil globale[132] composé de bénévoles, qui dans le respect d’une charte en cours de ratification, devra veiller à la bonne mise des stratégies produite au sein du mouvement. À terme, ce conseil devrait donc produire des directives pour permettre la bonne répartition des budgets, tout en se chargeant de l’approbation et de la fermeture des projets pédagogiques et des organismes affiliés.
Les associations locales
modifierIl existe au sein du mouvement Wikimédia, une quarantaine d’associations locales et souvent nationales, que l’on nomme chapitres en s’inspirant du terme chapter habituellement utilisé en anglais. Ces organismes peuvent être perçus comme des satellites de la Fondation Wikimédia autorisés à utiliser les marques déposées du mouvement, pour collecter de fonds propres et organiser des événements de manière administrativement indépendante. Elles ont aussi pour objectif d’apporter un support aux éditeurs des projets Wikimédia, tout en assurant la promotion des projets édités, au niveau de leurs zones géographiques[133].
Ces instances locales contribuent aussi aux recrutements de nouveaux contributeurs ou contributrices. Cela peut se faire durant l’organisation de rencontres hors-ligne par exemple, où des personnes intéressées peuvent rencontrer des éditeurs ou éditrices plus chevronnés, ou encore via l’organisation de concours d’éditions ou d’enrichissement des projets Wikimédia. Ceux-ci peuvent s’adresser à un public d’étudiants[134], ou à des photographes à qui on propose alors de télécharger leurs clichés sur Wikimedia Commons, à l’image des concours Wiki Loves[135], ou encore à tous types personnes que l’on invite à contribuer sur l’ensemble des projets, comme cela s’est fait lors du concours intitulé Wikicheznous[136].
Tout comme l’association Wikimédia France qui fut créée le vingt-trois octobre 2004 sous le régime de la loi 1901[137], les autres associations affiliées au mouvement sont toutes à but non lucratif. Elles diffèrent entre elles par leurs tailles, leurs moyens de financements, leurs infrastructures, leurs nombres de membres et d’employés, etc. Certaines profitent d’un financement d’État comme c’est le cas de l’association polonaise[138] et italienne[139]. là où d’autres ne fonctionnent qu’avec des dons bien souvent déductibles qui leur sont directement offerts et qui permettent de compléter les subventions annuelles accordées par la Fondation.
Les transferts d’argent en provenance de la Fondation ne sont toutefois accordés qu’à la suite d’un protocole rigoureux qui exige la production de plans d’action et de rapports d’activité[140]. Un fonctionnement valable pour tous, même pour les associations suisse et allemande, les premières à voir le jour[141], et qui sont les seules à pouvoir gérer indépendamment la bannière des récoltes de fond, adressées aux visiteurs des projets Wikimédia connectés dans leurs pays[142].
Comme indiquer sur une page du site Méta-Wiki régulièrement mise à jour et accessible à partir du code QR repris ci-contre, les associations locales, dont au moins l’une d’entre elles est présente sur chaque continent habité, étaient au nombre de 38 en janvier 2023[143]. Il s’agit d’un nombre en constante évolution, puisque de chaque année de nouvelles associations sont susceptibles de rejoindre le mouvement, au moment où d’autres peuvent perdre leur qualité d’affilié, suite à un manque de réactivité face aux exigences de la Fondation.
Enfin, il faut savoir que certaines associations locales sont beaucoup plus développées que d’autres. En fin d’année 2021, la majorité de celles-ci n’engageaient pas plus d’une dizaine de travailleurs, pendant qu’une vingtaine d’entre elles fonctionnent qu’avec des bénévoles et sans bureau[144]. Tandis que comme cela fut déjà expliqué précédemment, l’association allemande regroupe plus de cent cinquante salariés au sein d’un grand édifice situé au cœur de la ville de Berlin.
Toutes ces observations permettent de voir qu’au stade de développement actuel du mouvement, et à l’image de la société humaine dans son ensemble, l’organisation Wikimédia ne témoigne toujours pas d’une grande homogénéité en matière de financement, ou de répartition géographique des salariées. C’est donc là de nouveau un contraste important face aux projets de partage de la connaissance, puisque ceux-ci continuent à fonctionner de manière équitable et sur base d’une participation éditoriale censée être non bénévole et non hiérarchisé.
Les organisations thématiques, centrales et linguistiques
modifierEn mars 2023, il existait seulement deux organisations thématiques reconnues au sein du mouvement Wikimédia. Elles sont toutes deux à but non lucratif et furent créées pour soutenir et promouvoir les projets Wikimédia dans un domaine prioritaire et spécifié[145]. La première, intitulée Amicale Wikimedia, fut fondée en 2008[146]. Elle a pour mission de veiller à ce que la somme de toutes les connaissances humaines soit librement disponible en catalan et que toutes les connaissances sur la culture catalane soient accessibles à tous dans n’importe quelle langue[147][148].
La seconde est apparue en décembre 2012, sous le nom de WikiProjet Med[149]. Elle fonctionne pour sa part sous l’égide de la Wiki Med Foundation Inc[150], et sa vision est celle d’un monde dans lequel chacun aurait un accès libre à toutes les connaissances biomédicales[151]. Pour atteindre cet objectif, cette association travaille en étroite collaboration avec l’association Traducteurs sans frontières au sein d’un réseau international intitulé Healthcare Information For All[152].
Suite aux recommandations formulées par la stratégie 2030, et particulièrement celles qui abordent le thème de la décentralisation, de nouvelles entités appelées centrales, ou hubs en anglais[153], sont en train de voir le jour au sein du mouvement[154]. Leur but est de répartir de manière géographique, linguistique, ou thématique, le soutien apporté par la Fondation aux activités réalisées dans le cadre de la mission du mouvement. Le fonctionnement de ces centrales est défini par la charte du mouvement, dont la rédaction fut entamée au cours de l’année 2021 et qui devrait être ratifiée au courant de l’année 2023.
Comme exemple de centrales linguistique en cours d’implémentation, il y a WikiFranca[155], une organisation qui fonctionnait déjà depuis plusieurs années, notamment en coordonnant, depuis 2013, les mois de la contribution francophone[156], et depuis 2016, des conventions internationales francophones. Son premier conseil d’administration ne fut toute fois formé qu’en 2021, lors d’une assemblée constitutive organisée à Genève avant le dépôt officiel des statuts. En lisant ceux-ci, on découvre que le but de l’association est de « soutenir le partage de la connaissance libre dans l’espace francophone à travers la coopération entre ses membres[157] » et que cela doit se faire dans le respect d’une première charte de coopération[158] et une seconde de gouvernance[159].
Du côté régional, certaines associations avaient aussi vu le jour avant qu’apparaisse le concept de centrales. Depuis 2010 par exemple, des organisations affiliées au mouvement, toutes situées dans la zone ibéro-américaine, se sont confédérées sous le nom d’Iberocoop, pendant que d’autres associations similaires furent aussi créés dans d’autres régions du monde. Parmi celles-ci, on retrouve : l’ESEAP, en tant que collaboration entre les associations d’Asie de l’Est, du Sud-Est et quelques pays du nord de l’Indonésie, le South Asia Hub, une confédération des pays d’Asie du Sud, et puis enfin le Northern Europe ainsi que le Central and Eastern Europe, qui regroupent respectivement les organisations locales des pays nordiques de l’Europe et ceux d’Europe centrale et orientale. Cela sans oublier qu’il existe aussi au niveau des États-Unis, deux organisations interétatiques intitulées WALRUS et l’United States Coalition.
C’est donc en s’inspirant de ces regroupements préexistants que les nouveaux pôles régionaux devraient prochainement se mettre en places[160]. À terme, cette répartition du monde devrait ainsi décentraliser la distribution des fonds que le mouvement reçoit chaque année, lors des campagnes de récoltes de dons et autres activités de fundraising orchestrée par la Fondation Wikimédia. Autant d’instance intermédiaire donc auxquelles pourront s’adresser les usagers et groupes d’usagers des projets Wikimédia, dans le but de financer leurs projets.
L’Amicale Wikimedia est une organisation qui a pour mission de faire en sorte que l’ensemble du savoir humain soit disponible en catalan et que le savoir sur la culture catalane soit aussi disponible dans chaque langue. | |
Le WikiProjet Med et sa fondation a pour de promouvoir le développement et la distribution de contenu médical sur des projets Wikimédia, en donnant des conférences dans des universités et en travaillant pour développer un meilleur accès à la littérature médicale. | |
Wikifranca est une collaboration entre les groupes francophones du mouvement Wikimédia, qu’ils soient affiliés ou non, dans le but d’encourager les activités dans les différents projets Wikimédia autant sur le Web que sur le terrain. | |
L’ESEAP est une plateforme qui encourage les communautés de la région à partager leurs expériences et leurs idées, et à trouver des opportunités de collaboration avec d’autres communautés d’Asie de l’Est et du Sud-Est et de quelques pays du nord de l’Indonésie. | |
L’Iberocoop a pour but de lier les chapitres et les groupes de travail locaux de l’Ibéro-Amérique afin d’établir un chapitre dans la région, renforçant ainsi la collaboration et l’échange d’expériences. | |
Wikimedia Europe centrale et orientale est un partenariat dont l’objectif principal est de stimuler la croissance de tous les projets Wikimédia de cette région et d’aider à la coopération et à la compréhension des projets individuels qui font partie de la région CEE. | |
La Coalition Wikimedia États-Unis vise à regrouper les chapitres et organisations thématiques Wikimédia aux États-Unis, dans le but de promouvoir une coopération entre eux. | |
WALRUS (Wikimedians Active in Local Regions of the United States) est une coalition d’individus et d’organisations basée aux États-Unis qui soutient l’édition de projets Wikimédia. |
Les groupes d’usagers
modifierUn groupe d’usagers des projets Wikimédia, plus communément intitulés par l’expression moins inclusive « groupes d’utilisateurs », est une possibilité d’affiliation simple et flexible qui demande moins de prérequis qu’un chapitre ou qu’une organisation thématique. Celui-ci peut en effet être constitué par trois éditeurs actifs seulement, dès lors que ceux-ci adoptent au sein de leur groupe le code de conduite en application au sein du mouvement.
En avril 2023, 141 groupes, dont certains n’existent probablement plus aujourd’hui, tandis que d’autres ont probablement vu le jour, étaient répertoriés sur une page du site Méta-Wiki accessible via le code QR repris ci-contre[161]. En consultant cette liste, on se rend compte à nouveau, de la diversité géographique et culturelle et de la variété des centres d’intérêts présents au sein du mouvement.
On constate aussi que la majorité de ces groupes affiliés, dont le nombre semble en augmentation, se sont formés autour du désir d’une meilleure représentation locale ou identitaire. En janvier 2021[162], sur le 138 existants, on pouvait effectivement dénombrer 54 groupes nationaux, 32 groupes régionaux, 27 groupes linguistiques, 16 groupes identitaires et de sensibilisation, contre 11 groupes thématiques, 16 groupes d’aide aux projets et 8 groupes de soutiens techniques. Tout parait donc indiquer que ces regroupements répondent prioritairement au besoin de se rassembler autour de ce que l’on est et de ce qui nous entoure, et donc a fortiori, de ce que l’on connaît le mieux. De cette nouvelle observation, on comprend donc à nouveau, qu’il est possible au sein d’un vaste mouvement international et interculturel, de combiner unité et diversité.
Les projets d’assistances
modifierÀ côté des nombreux regroupements qui viennent d’êtres présentés, il existe aussi des projets d’assistances qui aident à la création de contenus ou à l’utilisation de ceux-ci par les usagers des projets Wikimédia. Le projet Kiwix par exemple, permet d’établir un accès hors ligne[163] à toutes les versions linguistiques des projets Wikimédia, ainsi qu’à de nombreuses autres ressources pédagogiques libres et produites à l’extérieur du mouvement[164]. Ce qui représente une véritable aubaine pour les personnes incarcérées, et toutes celles qui ne bénéficient pas de connexion internet[165].
Un autre projet intitulé Lingua Libre a pour ambition de produire sous licence libre, un corpus linguistique, audiovisuel, multilingue et collaboratif[166], pour enrichir les projets pédagogiques. Ce projet est principalement actif en ligne, alors que d’autres projets tels que Afripedia[167], WikiAfrica[168] et Wiki In Africa[169], qui pour sa part est multilingue, sont plus actifs hors ligne et ont pour ambition commune d’apporter des solutions locales au développement des activités Wikimédia sur le continent africain.
Parmi les projets d’assistances disparu à ce jour, il y eut aussi le projet Wikipedia Zero qui visait à fournir un accès gratuit aux projets Wikimédia, afin d’aider les populations précarisées dans l’utilisation du web. Lancé en 2012 par la Fondation, ce projet inspiré du marketing direct de Facebook Zero, fut l’occasion d’établir de nouvelles collaborations avec des producteurs de hardware[170], et de nombreux opérateurs de télécommunication[171].
Le projet fut cependant abandonné en 2018, suite à une baisse de fréquentation et l’apparition de certaines critiques concernant son manque de neutralité concernant l’usage du net[172]. Au même titre que les associations et groupes d’usagers, les projets d’assistance ainsi que les collaborations et partenariats qu’ils ont permis de créer, sont donc susceptibles, eux aussi, de disparaitre à tout moment, pendant que d’autres pourraient voir le jour.
Kiwix est un logiciel informatique pour lire les projets Wikimédia hors ligne. | |
Lingua Libre a pour but de produire un corpus audiovisuel multilingue collaboratif sous licence libre. | |
WikiAfrica vise à africaniser Wikipédia à travers différents réseaux, recherches, publications et événements. | |
Wiki In Africa a pour mission de rééquilibrer le type et la diversité des informations et des perspectives qui sont disponibles en ligne au sujet de l’Afrique. | |
Afripédia fournissait un accès hors-ligne aux projets Wikimédia dans les pays africains. | |
Wikipedia Zero était un projet visant à fournir un accès gratuit aux projets Wikimédia via l’Internet mobile pour les populations qui ont du mal à financer leur accès à Internet. |
Les cycles de conférences et espaces de rencontres
modifierAu sein du mouvement Wikimédia, de nombreux évènements, dont la plupart sont repris dans un agenda collectif[174], permettent de réunir des personnes impliquées dans le mouvement, ou d’autres intéressées par ce qui s’y passe. Ces rencontres peuvent s’organiser de manière sporadique ou régulière, annuelle ou bisannuelle, à un niveau national ou international, en ligne ou hors ligne et durant un jour ou plusieurs jours. Certaines peuvent même s’organiser en périphérie du mouvement. Comme c’est le cas depuis 2016 de l’Enterprise MediaWiki Conference, qui réunit des acteurs publics ou privés, à but lucratif ou non, autour de l’usage du logiciel MediaWiki[175].
La plus importante de toutes ces rencontres est le cycle de conférences Wikimania, qui rassemble chaque année et en provenance du monde entier, près d’un millier de personnes[176]. Un évènement qui de plus, est traditionnellement précédé par un Hackathon, ou autrement dit, un marathon de programmation et de documentation qui rassemble des programmeurs, ou autres personnes intéressées par l’amélioration technique des projets Wikimédia[177].
D’autres conférences ou conventions plus modestes sont organisées dans le mouvement, tout en étant axés sur des thématiques plus spécifiques, ou conçues pour des publics plus restreint. C’est le cas du sommet de Berlin[178] organisé chaque année pour rassembler des représentants de toutes les instances affiliées au mouvement, ainsi qu’une vingtaine d’autres regroupements, parmi lesquels on peut citer Wiki Indaba[179], consacrée au continent africain, ou encore la WikiConvention francophone[180] qui comme son nom l’indique se déroule en français.
Comme autres évènements[181] propices aux rencontres[182], on peut aussi mentionner les ateliers ou édit-a-thons, dont certains sont organisés dans le cadre de campagnes internationales. Ce qui est le cas du projet « Art+Feminism » dédiées à la lutte contre les biais de genre sur Wikipédia. Ensuite, on peut encore citer les WikiPermanences[183], organisées par des associations locales pour permettre la rencontre entre Wikimédiens chevronnés et les autres usagers des projets. Sans oublier finalement, que de simple rendez-vous peuvent être fixés entre contributeurs et contributrice, juste pour se rassembler autour d’un verre, d’un pique-nique ou d’un resto[184], comme ce fut le cas des rencontres hebdomadaires, en Île-de-France et d’autres grandes villes, organisées sous le slogan : « mardi, c’est Wiki »[185].
Toutes ces rencontres hors ligne ont cependant été suspendues lors de la pandémie de la Covid-19[186]. Durant cette période, la Fondation, qui avait fermé ses bureaux et opté pour le télétravail[187], avait aussi suggéré à l’ensemble du mouvement de suspendre ses activités hors ligne, de sorte à renforcer celles en ligne pour à aider les étudiants[188]. Puis, suite au prolongement de la crise sanitaire, la conférence Wikimania 2020 fut annulée, alors que celle de 2021 fut organisée en vidéoconférence[189].
Cette période exceptionnelle donna aussi naissance à des conversations mondiales en ligne durant lesquelles tous les membres du mouvement furent invités à discuter de sa stratégie. Avec plus d’une centaine de personnes connectées à chaque session, ces rassemblements permirent ainsi de partager des avis et points de vue sur la manière d’opérer la transition[190] du mouvement vers l’application des principes[191] et recommandations[192] édictées dans le plan stratégique 2030[193].
De telles expériences confirment donc que de nombreuses activités en ligne s’organisent ou peuvent s’organiser, en dehors des sites web hébergés par la Fondation. Au moment où, durant les activités organisées en présentiel, le brassage de personnes extérieures au mouvement apparaissent comme autant d’opportunités de voir naitre d’éventuels partenariats entre des associations externes et la Fondation ou toute autre entité affiliée au mouvement.
Les partenariats avec des entités externes au mouvement
modifierAprès avoir présenté l’organisation du mouvement au niveau de la Fondation et de ses affiliés, voici venu le moment de parler des nombreux partenariats établis entre le mouvement et des entités externes à ce dernier. On peut tout d’abord parler des membres du mouvement Wikimédia employés dans les galeries, bibliothèques, archives et musées ou dans le domaine de l’éducation, en tant que wikimédiens ou wikimédiennes en résidence. Ce sont là des personnes expérimentées dans l’usage des projets Wikimédia qui ont pour principale fonction d’apporter leur expertise dans le partage d’informations ou la diffusion de documents en lien avec le savoir et le patrimoine[194]. Dans le monde et En 2019, 170 postes de ce type étaient répartis dans le monde, avec des contrats qui pouvaient varier entre quelques heures par semaine à plusieurs mois sur l’année[195].
Bien avant qu’apparaissent ces programmes de résidences, d’autres partenariats avaient déjà été établis avec des institutions impliquées dans le développement du logiciel libre. Le premier de ces partenariats date de 2005, lorsque la distribution Linux KDE intégra du contenu de Wikipédia au niveau de ses applications[196]. Suite à quoi, ce sont de nombreux autres partenariats qui se succédèrent dans le cadre d’échanges de services, comme ce fut le cas avec le projet OpenStreetMap[197], un projet de cartographie du monde collaborative et sous licence libre, la free software foundation et Creative Commons[170] présentés en première partie d’ouvrage, ainsi que l’Open Knowledge Foundation, ou encore WikiToLearn dont les missions sont très proches de celle du mouvement Wikimédia.
Des conventions sont ensuite établies avec des organismes de plus en plus variés et parfois par l’intermédiaire d’associations affiliées au mouvement et non plus via la Fondation. Ce fut le cas par exemple de l’association Wikimédia France qui établit un partenariat avec le musée de Cluny situé à Paris, ou encore avec les Archives du département français de l’Hérault, afin d’enrichir la médiathèque Wikimedia Commons et les articles Wikipédia avec les fonds d’archives[198].
Au-delà de la francophonie, il y eut aussi le partenariat Noongarpedia[199] établi avec le conseil australien de la recherche dans le but d’ajouter du contenu en langue Noongar dans les projets Wikimédia, tout en cherchant à ajouter des informations concernant ce peuple australien dans les différents projets et versions linguistiques du mouvement. Pendant qu’en Suède cette fois, un autre partenariat du genre fut établi entre l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation la science et la culture (Unesco) et l’association Cultural Heritage Without Borders, dans l’optique de mettre sous licence libre des informations traitant de certaines formes d’héritages culturels en péril[200].
À cela, on peut encore ajouter des accords établis en 2019 avec le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme dans le but d’améliorer la qualité et la quantité du contenu relatif aux droits de l’homme sur Wikipédia[201]. Ou encore ceux établis en 2020 avec l’Organisation mondiale de la Santé, dans le but d’offrir aux projets Wikimédia un accès gratuit à toute une série d’informations concernant la pandémie Covid-19, associé d’une mise à jour automatique[202].
On peut ensuite aussi parler de la Fondation Wiki Education, une spin-off de la Fondation Wikimédia qui a pour mission de faire le trait d’union entre les projets Wikimédia et le monde universitaire aux États-Unis et au Canada[203], ainsi que le laboratoire CivilServant’s Wikimedia studies qui travaille sur l’amélioration de la rétention des nouveaux éditeurs et nouvelles éditrices, tout en cherchant à améliorer l’expérience et la motivation des personnes les plus expérimentées[204].
Ensuite, il reste encore à citer les autres projets liés à l’éducation dont nombreux sont décrits sur le site Wikimedia Outreach[206]. On y retrouve de nombreux échanges entre le mouvement Wikimédia et le milieu de l’enseignement. Que ce soit lors de collaborations officielles, ou d’initiatives informelles en provenance d’enseignants actifs dans les écoles ou universités, il arrive en effet fréquemment que des étudiants soient invités à utiliser et même éditer les projets Wikimédia. Parmi ces activités d’étudiants, se trouvent des travaux personnels encadrés, des projets personnalisés de scolarisation ou encore des plans d’accompagnements personnalisés[207], qui sont parfois organisés sur plusieurs projets Wikimédia simultanément[208].
Comme exemples, il y a les cours au format MOOC[209] du Centre National d’Enseignement à Distance réalisés sur Wikiversité, ainsi qu’un projet de valorisation de ses connaissances sur Wikipédia orchestré par une l’université Paris Ouest Nanterre[210], ou encore plusieurs travaux pratiques encadrés organisé dans Wikilivres [211]. Sans compter que dans Wikipédia, et souvent sans que cela ne se remarque, de nombreux étudiants améliorent ou créent des articles à la demande de leur professeur.
Puis, au-delà des partenariats établis avec des organismes d’intérêt public, il existe enfin des collaborations avec des entreprises commerciales. Cela peut s’établir soit dans le cadre d’un support technique, soit par une aide financière ou l’apport gratuit de nouveau contenu au bénéfice des projets Wikimédia.
Au niveau technique, un des premiers partenariats du genre apparut en 2005, lors d’un accord très médiatisé entre la Fondation Wikimédia et l’entreprise Yahoo[212] qui accepta de prendre en charge l’hébergement du contenu des projets Wikimédia diffusés en Asie[213]. Google avait précédemment proposé ses services pour ce type d’hébergement, mais la proposition était restée sans suite[214]. Ce qui n’empêcha pas l’entreprise de garder de bons contacts avec la Fondation, puisqu’en 2010, elle lui fit un don de deux millions de dollars américain[215][216].
Ce genre de dons est évidemment très apprécié par le mouvement. D’ailleurs, certains géants du Web, qui exploitent eux aussi le contenu des projets Wikimédia dans le cadre de leurs activités commerciale sans offrir de réelle compensation, sont parfois montrés du doigt par la Fondation[217]. Ce qui n’est pas le cas de Google qui fait office de bon élève, en apportant d’autres soutiens techniques et financier au mouvement. Ce fut encore le cas en 2018, dans le cadre du projet Tiger[218], un projet gagnant-gagnant dont le but est de développer des langues minoritaires indiennes au niveau des projets Wikimédia[219], ou encore en 2019, lorsque Google Translate fut utilisé pour la traduction de contenu en langues locales[219].
Les aides financières en provenance des grandes compagnies sont toutefois plafonnées, de telle sorte à ce qu’elles restent négligeables comparées aux millions de dons individuels, d’un montant moyen de 15 dollars, récoltés chaque année par la Fondation. Cela a pour objectif de garantir la liberté de gestion du mouvement, sans pour autant priver la Fondation d’une marge d’exploitation qualifiée en 2017 de « très enviable » par le journal Quartz[220]. La quantité importante de dons récoltés chaque année depuis 2007, a en effet permis la création d’une réserve budgétaire évaluée à plus de 166 millions de dollars en 2020[221].
Cela étant dit, il peut arriver qu’un partenariat soit à l’origine d’une polémique. Ce fut le cas en 2009 par exemple, lorsque la firme Orange fut autorisée à diffuser le contenu des projets Wikimédia sur certains de ses portails web et mobile[222]. Car lorsque que la présence d’encarts publicitaires fut constaté sur les pages de rediffusion du contenu Wikimédia, cela fut très mal perçu par la communauté des éditeurs bénévoles qui manifestèrent leur mécontentement[223].
Cependant, quatre ans plus tard et sans que cela ne suscite aucun commentaire, la Fondation établit un partenariat avec la société commerciale Coinbase, dans le but de faciliter le traitement des dons offerts en bitcoins[224]. Tout semble donc indiquer que la collaboration avec des entreprises à buts lucratifs, alors que le mouvement ne l’est pas, ne pose pas de problème, pas plus que l’optimisation les gains de la Fondation par diverses manières. Seul l’usage de publicités en lien avec la diffusion des contenus Wikimédia semble être une chose intolérable pour les bénévoles qui les produisent.
Même la revente d’un support reprenant du contenu des projets Wikimédia ne pose pas de problème en soi. Et c’est d’ailleurs dans ce contexte que la société commerciale allemande Pediapress fut autorisée à vendre des livres qui contiennent des compilations d’articles en provenance des projets Wikimédia[225]. Toujours à ce jour, il est effectivement possible, en utilisant son navigateur et les hyperliens présents dans les projets Wikimédia, de se rendre sur le site web de l’entreprise pour commander un livre de son choix. En contrepartie de quoi, 10 % des bénéfices liés à la vente de ces ouvrages sont reversés à la Fondation[226].
Le Dico[227] est un autre exemple de publication commerciale d’un contenu en provenance des projets Wikimédia. Ce dictionnaire au format papier, publié par les Éditions Garnier Frères, fut en effet imprimé suite à un partenariat établit entre la maison d’édition, l’association Wikimédia France et le projet Wiktionnaire en français, qui permit l’impression et la diffusion d’un ouvrage reprenant les 40 000 mots de la langue française les plus consultés sur le dictionnaire en ligne.
Finalement, le mouvement Wikimédia apparaît donc comme un allié intéressant dans le cadre d’une mission de diffusion de la connaissance, ou pour l’amélioration d’un enseignement au départ de plate-formes libre et gratuites. Quant à la cosmographie du mouvement, sa présentation permet certainement de mieux comprendre comment des acteurs individuels ou collectifs, privés ou publics, commerciaux ou sans but lucratif, institutionnels ou non, peuvent se rassembler autour de cet objectif commun, qu’est le libre partage de la connaissance.
En terminant la lecture de cette deuxième partie d’ouvrage, on découvre donc, qu’un mouvement social peut être complexe au niveau de son organisation, tout en restant sain par le fait que chacun est libre d’y choisir sa place. D’un côté, les principaux acteurs du mouvement, que sont les contributeurs et contributrices bénévoles actifs au sein des projets, sont effectivement libres d’entamer ou de mettre fin à leurs activités quand ils le veulent. Alors que de l’autre côté, la Fondation et les organismes affiliés établissent des partenariats très variés et dans un vaste champ de coopération planétaire, sans pour autant établir de réels liens de subordination entre les parties, grâce aux précautions prises pour éviter l’apparition de toute pression financière ou politique, qui pourraient apparaitre en liens avec d’organismes commerciaux ou étatiques.
Notes et références
modifier- ↑ Ophelia Noor, « La Galaxie Wikimedia », sur Wikimedia Commons, .
- ↑ Nathalie Savary, « La galaxie Wikimédia », dans Le Débat, vol. 170, no 3, 2012, p. 138 (ISSN 0246-2346).
- ↑ Méta-Wiki, « Wikimedia Belgium/Members ».
- ↑ Lionel Scheepmans, « Wikimania et les différences entre les cultures en ligne et hors ligne », sur Diff, .
- ↑ Wikimédia, « Wikimedia ».
- ↑ Lars Qvortrup, The hypercomplex Society, Peter Lang, (ISBN 978-0-8204-5704-8, OCLC 59322051).
- ↑ Cynthia Ghorra-Gobin, « Notion en débat : mondialisation et globalisation », sur Géoconfluences, .
- ↑ Méta-Wiki, « List of Wikipedias/Table ».
- ↑ Méta-Wiki, « Complete list of Wikimedia projects ».
- ↑ Wikiscan, « Statistics ».
- ↑ WikiStats, « All Wikimedia Projects by Size ».
- ↑ Github, « wikimedia / operations-mediawiki-config ».
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