Jardinage/Produire ses semences

Il existe plusieurs méthodes pour produire ses propres semences. La plus simple, ou quand on connaît un jardinier, est de garder les graines des légumes qu'on récolte soi-même - quand on jardine - ou qu'on a achetés ou que quelqu'un nous a donnés.

On peut ainsi récolter :

  • en laissant monter en graines : des radis, des navets...
  • à la condition de les laisser bien mûrir : des graines de tomate, de concombre, de courge, courgette, choux, melon, pastèque, phacélie, moutarde blanche ou jaune (ces trois derniers sont très bons pour comme engrais vert)... Bref, tous les fruits et légumes contenant des graines.
  • en sélectionnant des plants : des pommes de terre. On gardera des petites pommes de terre d'environ 3 cm de diamètre, au frais et à l'abri de la lumière.

Récolter des graines

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Toutes les plantes ne produisent pas de graines (ou en produisent peu et/ou très peu fertiles). Les graines ne donnent pas toutes des sujets similaires à leurs parents. Ce sont les hasards de la génétique mais lorsque la génétique a été forcée comme dans le cas des hybrides (F1), les semences donneront des plantes très éloignées de la plante-mère, rarement intéressantes qui plus est... D'autres plantes ont une tendance compulsive à l'hybridation naturelle et le résultat n'est pas toujours bienvenu non plus. C'est particulièrement le cas des cucurbitacées. Moyennant quelques précautions, il est possible d'empêcher cette hybridation.

Qui dit récolte dit contenant. Les enveloppes sont une bonne solution. À défaut, on peut utiliser le pliage du "[gobelet en papier][1]" (un grand classique, on le trouve même dans le guide de survie de l'armée américaine!) dont on utilise le rabat pour refermer le paquet. Il vaut mieux éviter les contenants étanches car les graines sont rarement complètement sèches et le peu d'humidité qu'elles contiennent suffira à faire moisir la récolte. Enfin, il vaut mieux noter quelques indications bien utiles plus tard : la date et le lieu de la récolte, si possible le nom de la fleur (ou à défaut, une description détaillée, et si possible en prendre une photo) ainsi que certaines indications pour sa future culture (lieux très humides, très secs, etc.) Un paquet de graines sans indications ne sera jamais ressemé, inutile de récolter dans ces conditions...


Les plantes sauvages

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La plus simple des récoltes sera celles des plantes sauvages. Une méthode intéressante pour fleurir son jardin sans frais et sans destruction de la nature. Coquelicots, scabieuses, compagnons rouge et blanc, marguerite, pensée sauvage, cardamine des prés, digitales, campanules, etc., se prêtent merveilleusement au jeu.

a. les réceptacles et les gousses

Récolter quand les réceptacles, les cosses ou les gousses commencent à se dessécher mais avant qu'ils ne s'ouvrent pour laisser échapper leurs semences. Des exemples : coquelicots, delphiniums, coronille, vesces, pensées, lupins, campanules, ...

b. les fleurs composées

Récolter quand les graines se détachent facilement du "cœur". Les semences sont brunes. Si elles sont encore blanches et laiteuses, les graines ne germeront pas. Des exemples : marguerites, scabieuses, camomilles, asters, soucis, ...

c. cas particuliers Certaines graines ne germent plus si on les laisse sécher. C'est, entre autres, le cas du cyclamen. Pour celui-ci, il faut récolter la graine au moment où la capsule commence à s'ouvrir et la replanter immédiatement. Si ce n'est pas possible, il vaut mieux prélever toute la capsule et la garder dans un sachet hermétiquement fermé (comme pour les boutures).

Les fleurs cultivées

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Source inépuisable de semences... et de surprises car les semis donneront souvent des résultats différents. Les plantes de jardins sont très souvent hybridées sans compter le mélange naturel opéré par les abeilles! Seules les plantes les plus proches de leurs parents sauvages donneront des rejetons fidèles. Si on veut à tout prix obtenir un exemplaire identique, mieux vaut opter pour le bouturage, le marcottage ou la division du plant... Les annuelles et bisannuelles produisent généralement abondance de graines, faciles à récolter et à ressemer : capucines, soucis, delphiniums annuels, giroflées, pavots de Californie, campanules à fleur de pêcher, myosotis, grandes camomilles, mauves, monnaie-du-pape, roses trémières, etc. À nouveau, les semis donneront souvent des fleurs plus proches du type sauvage. C'est particulièrement le cas pour des variétés très horticoles de la rose-trémière par exemple (inutile d'espérer reproduire par semis cette incroyable fleur orange saumonée très double aux pétales frisées... les descendants se contenteront de la gamme habituelle des roses)

Les vivaces mettent généralement plus de temps à se développer et à fleurir. Certaines sont de bonnes candidates pour la multiplication par semis : anthémis, marguerite, rudbeckia, lupin, pavots d'Orient ou d'Islande, sauge bleue, salicaire, ancolies... D'autres germeront moyennant des soins assez attentifs et suivis : primevères des jardins, phlox, piéris, géraniums vivaces... À nouveau, le type sauvage aura tendance à ressortir, comme la couleur bleue chez les lupins ou pourpres chez les ancolies. Enfin, certaines demandent tellement de patience et d'habileté qu'on optera tout de suite pour la multiplication végétative : hémérocalles, pivoines, rosiers,...

Cas particulier, certaines bulbeuses se multiplient très bien par semis, comme les muscaris, les jacinthes des bois, les perce-neiges, les ails décoratifs... Si on les laisse faire, ils peuvent coloniser de grandes surfaces avec les années...

Les plantes potagères

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Avant toute chose, pour récolter des semences potagères, il faut cultiver des variétés non-hybrides. Les semences des hybrides F1 sont désespérantes (un semis "spontané" de brocolis "Colbert F1" m'a donné des feuilles de choux indéterminés qui n'ont donné ni récoltes de feuilles ni belles rosettes de fleurs). Ensuite, il faut distinguer les annuelles des bisannuelles. Beaucoup de légumes sont récoltés dans leur première année et ne fleuriront que la deuxième année. Cela implique d'isoler dans un coin de potager les "porteurs de semence".

a. légumes à floraison dans l'année

Toutes les salades, les chou-fleurs et brocolis, la claytone de Cuba, le pourpier, la ficoïde, l'arroche, l'épinard, le tétragone, etc., "montent en graines" pour peu qu'on les laisse faire... Tous les légumes-fruits donnent également une semence dans l'année : tomates, potirons, piments, aubergines, poivrons, pois, haricots, fèves, cornichons, concombres, courgettes, potirons,...

Pour les premiers, soyez vigilants car si vous laissez passer la récolte, les semis spontanés envahiront les planches et les alentours (l'arroche est une grande spécialiste de la colonisation). Pour les seconds, prenons d'abord les fruits qu'on consomment mûrs : tomates, poivrons, potirons... Pour ceux-là, il suffit de récolter les graines à l'épluchage. Un petit truc pour la tomate (valable aussi pour les poivrons et piments) : rincer les graines dans une passoire puis les étaler sur un papier essuie-tout en les espaçant bien. Laisser sécher à l'air libre, puis détacher le premier feuillet, le plier et le ranger soigneusement pour les semis de printemps. Vous venez de fabriquer un tapis de graines ;) Une autre technique consiste à enterrer une tomate mûre dans un pot de terreau bien sec, de stocker le tout à la cave et de le ressortir au printemps pour commencer à l'arroser. Le taux de germination est excellent mais il faut s'attendre à devoir énormément éclaircir (une tomate produit énormément de graines!)

Les tomates s'hybrident rarement naturellement. Le fait de récolter ses propres graines permet de sélectionner des plantes bien adaptées au terrain et au climat. La résistance des plants est déjà bien améliorée après 3 ans de culture.

Pour les fruits récoltés avant maturité, il faut sélectionner les porte-semences et les laisser mûrir. Concombres, cornichons et courgettes deviennent énormes, jaunes avec une peau coriace (et l'automne est largement arrivé). Si les premiers gels menacent, les fruits seront rentrés à l'abri et achèveront de mûrir sur l'appui de fenêtre.

Ces plantes ont en plus la désagréable habitude de s'hybrider entre elles (ainsi que les potirons, potimarrons, citrouilles, pâtissons, coloquintes). Pour pouvoir récolter des graines non-hybridées, cela demande un peu de soin et de technique. Tout d'abord, repérer une fleur femelle prête à s'ouvrir (au petit matin, c'est un sport pour lève-tôt). Les fleurs femelles ont un renflement sphérique sous la corolle, contrairement aux fleurs mâles. Dès qu'elle commence à s'entrouvrir, se munir d'un pinceau, prendre le pollen d'une fleur mâle voisine et venir en badigeonner le pistil. Ligaturer immédiatement la fleur avec un élastique. Pour plus de sûreté, on peut ajouter un cornet de papier soigneusement lié à la base de la fleur. Le but est d'éviter au moindre butineur de s'égarer par là... Marquer de manière durable la fleur car la récolte n'aura lieu qu'en automne!

Viennent enfin les légumineuses, pois, fèves et haricots. Ceux-ci sont souvent récoltés en vert, c'est-à-dire avant la maturité des graines. Pour avoir de bonnes semences, attendre que les cosses soient devenues parcheminées. L'été touchera alors à sa fin...

b. légumes à floraison bisannuelle

Radis, navets, choux, oignons, ails, poireaux, scorsonères, carottes, panais... Pour ceux-là, il sera nécessaire de leur trouver un coin de planche où ils pourront produire tranquillement leurs graines.

Les fruitiers

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Peu de fruitiers peuvent se reproduire par semis. D'abord parce que la plupart sont des hybrides et ne donnent pas de rejetons fidèles mais en plus, ils sont aussi généralement greffés. Et souvent, c'est le porte-greffe qui apporte la vigueur, la résistance aux maladies, l'adaptation au climat ou au terrain...

Il y a heureusement quelques exceptions à cette limitation frustrante. Parmi les fruits à noyaux, les mirabelles et certaines prunes, les pêches et les brugnons donnent souvent des arbres fruitiers corrects. Plus la variété est de type sauvage ou ancienne, plus les chances de succès augmentent. Essayez donc la mirabelle de Nancy, la reine-claude crottée, le myrobolan... Pour les pêches, brugnons et même abricots, le mieux est de planter plusieurs noyaux et de ne conserver que les sujets qui fructifient bien. Et si vous ne savez que faire des "mauvais" sujets, pourquoi ne pas les utiliser comme porte-greffe? C'est ainsi que faisait les anciens jardiniers...

Les fruits à pépins ne donnent généralement pas de bons résultats, à l'exception du néflier (arbre proche du type sauvage), du cognassier et de la mandarine chinoise ou japonaise (de toutes petites mandarines à saveur douce).

Contrairement à ce qu'on pourrait croire, les petits fruitiers tels que groseilles, cassis, myrtilles, framboises ou fraises ne donnent que très rarement un bon résultat. En réalité, ils sont issus d'une très longue sélection et le type sauvage (celui qui risque de ressortir) portent des fruits plus petits, moins juteux, moins goûteux... Quand aux fraises, elles sont par essence des hybrides.

Récolter bulbes, tubercules, rhizomes

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Les plantes sauvages

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Il est tout à fait déconseillé de récolter les bulbes et autres racines des plantes sauvages. Puisqu'on arrache la plante, on ne peut pas prétendre n'avoir aucun effet sur la nature. Et l'apparente abondance est souvent trompeuse. On a vu disparaître des tapis entiers de jonquilles sauvages ou de jacinthes des bois... Sans compter le risque de détruire une plante rare ou protégée : ce fût le cas de certains orchis pourtant situés dans une réserve naturelle des Ardennes belges... ou des lis martagon dans les Pyrénées. La liste serait trop longue pour être citée ici mais un petit rappel de temps en temps ne peut pas faire de tort ;)

Par contre, il est parfaitement autorisé de prélever des plantes dans un jardin ami bien fourni. Parmi nos "indigènes" depuis longtemps établies au jardin : jonquilles, jacinthes des bois, perce-neige, sceau-de-Salomon, corydalis jaune ou mauve, anémones des bois ou pulsatiles, ail des ours, ... Toutes ces plantes ont tendance à se "naturaliser" (original, non?), c'est-à-dire à se multiplier et couvrir une surface de plus en plus grande. Souvent originaire des sous-bois, elles acceptent, préfèrent même, la mi-ombre. Le meilleur moment pour les récolter est juste après la floraison. Il faut les replanter le plus vite possible et les conserver au frais jusque là (l'idéal est de les emballer dans du papier journal humide puis dans un sac plastique hermétiquement fermé). Toutes préfèrent un sol riche en humus, proche de leur milieu naturel de sous-bois.

Les plantes cultivées

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Plantes à bulbes

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Certaines produisent énormément de jeunes bulbilles qui fleuriront après seulement un an ou deux : muscaris, narcisses, crocus, scilles, ails décoratifs, oxalis, crocosmia, ... D'autres demanderont plus de patience, comme les tulipes. Les bulbes non rustiques, les ixias, les nérines, les freesias, etc., produisent également des bulbilles qui demandent à être séparés du plant-mère, cultivés séparément pendant la belle saison, hivernés au sec et à l'abri du gel, et ce jusqu'à leur floraison après 2 ou 3 ans.

Plantes à tubercules et rhizomes

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Les glaïeuls et les lys en sont de parfaits exemples. Pour le premier, on détache les jeunes caïeux et on les cultive comme les grands pendant deux ou trois ans (en particulier, en les hivernant au sec) avant de les voir fleurir. Pour le second, on détache les "écailles" charnues du tubercule et on les plante dans un bac à semis contenant un mélange de terreau et de sable. Comptez aussi 3 ans avant de voir les premières fleurs.

Toutes les anémones produisent des rhizomes qui peuvent être divisés pendant la période de repos. Certaines, comme les anémones du Japon (floraison automnale) se multiplient vite au point de se montrer parfois envahissantes, d'autres, comme l'anémone de Caen (floraison printanière) se révèlent beaucoup plus lentes à produire des rejets...

Les dahlias produisent des bouquets de tubercules de plus en plus volumineux avec les années. Pour les diviser, on les met à germer à l'intérieur dès mars-avril en les plaçant dans un endroit tempéré et lumineux. On divise la touffe avec un couteau bien aiguisé en laissant deux à trois germes par morceau. Cette division peut s'opérer tous les deux ou trois ans, en fonction de la croissance des tubercules. À peu près les mêmes conseils valent pour la division des cannas, des belles-de-nuit, des bégonias...

Les iris de jardin, quant à eux, se multiplient si vite qu'il est indispensable de les diviser tous les 3 ou 4 ans pour qu'ils continuent à fleurir généreusement. Pour cela, on déterre une touffe avec les racines, on sépare les rhizomes et on coupe les parties les plus vieilles et on replante les plus jeunes en surface. Les iris peuvent également se multiplier par semis, les premières fleurs apparaîtront après 2 ou 3 ans mais comme toujours, le coloris obtenu sera une surprise... Les iris des marais se multiplient par division des touffes comme ceux à bulbes.

Les prolifiques hémérocalles se multiplient également par division des touffes. On obtiendra sans difficultés des rejets chaque année, histoire de fleurir les jardins de toutes ses connaissances et plus loin encore... Bien entendu, les magnifiques sélections américaines aux coloris extravagants, assez rares chez nous, ne montrent pas la même vitalité à se multiplier! (ô rage, ô désespoir...)