Cynologie/Puces
Babesia canis est un parasite intra-érythocytaire du chien. La forme infestante, le sporozoïte est transmis par la salive des tiques (du genre Ixodes et Rhipicephalus). Le sporozoïte pénètre dans les érythrocytes par invagination de la membrane hôte et subit une ou deux divisions asexuées pour donner naissance aux mérozoïtes. Ceux-ci sont directement identifiables au microscope optique, avec ou sans coloration, sous la forme d'inclusions piriformes (en forme de poire).
Babesia canis est responsable de la piroplasmose qui se manifeste par un syndrome fébrile et hémolytique parfois mortel. Un signe clinique souvent évocateur, mais aussi relativement tardif, est la présence d'une hémoglobinurie massive.
Il existe un traitement spécifique efficace lorsqu'il est administré précocement : l'imidocarbe. La prévention de la maladie passe par la lutte contre les tiques (antiparasitaires externes) et par une vaccination spécifique dont l'efficacité, imparfaite, est sujette à controverse.
L'ehrlichiose canine, ou ehrlichiose à Ehrlichia canis, est l'une des nombreuses formes d'ehrlichioses animales. Elle a une distribution mondiale et est surtout connue par ses manifestations hémorragiques chez les canidés (saignements de nez souvent), et c'est l'une des dizaines de maladies vectorielles transmises par la morsure de tiques.
La tique en cause semble presque toujours être la tique brune Rhipicephalus sanguineus qui est la seconde espèce de tique la plus souvent trouvée sur les chiens, et qui est aussi la plus répandue au monde ; elle est présente presque partout entre le 50° de latitude Nord et le 35° de latitude Sud. C'est une tique qui, au stade adulte, semble avoir un très fort tropisme pour le chien et des études sérologiques ont montré qu'elle était très fréquente dans les chenils.
Description et histoire
modifierC'est une maladie infectieuse (bactérienne) vectorielle du chien, dont le « germe (bactérie) » est (comme pour toutes les ehrlichioses) intracellulaire obligatoire (c'est-à-dire qu'il ne peut se développer qu'à l'intérieur de certaines cellules de son hôte) La bactérie en cause ciblant les monocytes et, elle est donc dite « à développement intramonocytaire ».
Agent pathogène
modifierIl s'agit d'une petite bactérie Gram négatif, intracellulaire obligatoire : (Ehrlichia canis), qui infecte préférentiellement (tropisme préférentiel), in vivo, les monocytes et les macrophages des chiens qui l'ont acquises (par inoculations par une tique). Les progrès de la Biologie Cellulaire et Moléculaire ont récemment mis en évidences de multiples souches de cette bactérie dont la pathogénie devrait être bientôt mieux explorée et comprise.
Cette ehrlichiose est dite « monocytique », car les monocytes (et les macrophages) des malades sont sa cible, et présentent en vue au microscope des morulae (sortes de minuscules kystes contenant jusqu'à plusieurs dizaines de bactéries agglomérées et ainsi protégées du système immunitaire). Suite à une révision récente de la classification, la tribu des Ehrlichieae a quitté la famille des Rickettsiaceae mais en reste très proche. La tribu est maintenant partagée en 4 groupes génomiques et les Ehrlichia ont été rapprochées des Wolbachia et des Anaplasma.
Physiopathologie
modifierLe parasite Babesia se reproduit dans les globules rouges où on peut le voir avec des inclusions en forme de croix (4mérozoïtes non différenciés sexuellement mais attachés ensemble et formant une structure semblable à une croix de Malte et provoquant une anémie hémolytique tout à fait semblable à celle de la malaria. Au contraire du Plasmodium, le parasite qui provoque la malaria, les espèces de Babesia n’ont pas de phase exo-érythrocytaire, aussi le foie n’est-il, habituellement, pas atteint.
Espèces touchées
modifierDe nombreuses espèces de canidés semblent accidentellement infectées, d'autres l'étant plus souvent et/ou jouant de manière plus ou moins asymptomatique un d'hôte-réservoir. Cette maladie a été diagnostiquée dans de nombreuses régions du monde.
Symptômes
modifierLes animaux peuvent paraître cliniquement sains ou présenter des signes cliniques d'autres ehrlichiose dont celle causée par Ehrlichia chaffeensis. La maladie se déclare le plus souvent en été, période où les tiques vectrices sont les plus actives. Les symptômes étant peu spécifiques, la maladie est difficile à identifier.
Les chiens victimes de l'ehrlichiose canine sont fatigués, fiévreux et montrent des signes de douleurs articulaires ou parfois vomissent. Ehrlichia canis était supposée toujours être la bactérie responsable et on la pensait vectorisée par la tique Rhipicephalus sanguineus, mais quelques études ont montré (par PCR ou immunofluorescence) qu' Ehrlichia chaffeensis infectait des chiots ou chiens.
Les canidés sauvages y sont également sensibles, après inoculation expérimentale d'un chiot, le germe est visible (et peut être isolé) entre le 7ème et le 26ème jour suivant l’inoculation. Une infection du chien par Ehrlichia chaffeensis ne protège pas contre une infection (expérimentale, 28 jours après) par Ehrlichia canis. Les tiques étant souvent porteurs de plusieurs souches ou espèces différentes de pathogènes, il n'est pas étonnant que des chiens soient souvent co-ïnfectés par Ehrlichia chaffeensis et par Ehrlichia canis ou Ehrlichia ewingii ou Anaplasma phagocytophilum et/ou par d'autres maladies à tiques (dont bartonelloses). L'enlèvement des tiques au retour de chaque promenade est recommandé, ainsi qu'un traitement anti-parasitaire préventif (mais au risque de sélectionner des tiques résistantes). Certains chiens après guérison apparente ou une période asymptomatique restent porteur de la bactérie dans leur sang, ne présentant des symptômes qu'après plusieurs mois ou années. La forme chronique de cette maladie est généralement mortelle. Les symptômes habituels sont accompagnés d'un ammaigrissement, d'une grande fatigue, de douleurs articulaires et plus rarement de saignements de nez. Une analyse sanguine montre alors diverses anomalies : anémie aregénérative (dans 80 % des cas environ), thrombocytopénie (80 % des cas environ), Leucopénie (30 % environ des cas), Lymphocytose évoluant en leucémie lymphocytaire ; la chute du taux de cellules sanguines (pancytopénie) signe une progressive destruction de la moelle osseuse. Des antibiotiques appropriés sont efficaces, sauf quand la maladie est devenue chronique.
Diagnostic
modifierL’infection parasitaire par le Babésia peut être asymptomatique ou se manifester par des symptômes discrets et non spécifiques (fièvre, sueurs, frissons survenant une à quatre semaines après la piqûre du tique) et beaucoup d'infections ne sont pas répertoriées comme babésiose. Beaucoup de cas, parmi ceux qui sont diagnostiqués sont identifiés chez des chiens qui sont atteints d’une autre maladie transmise par les tiques, lorsqu’on recherche la babésiose au cours d'un bilan systématique. L'infection peut se manifester par une fatigue prolongée pendant plusieurs mois. Les symptômes sont habituellement peu sévère chez l'animal sain. Les formes graves peuvent se compliquer d'un syndrome de détresse respiratoire aiguë ou d'une Coagulation intravasculaire disséminée.
La babésiose peut être diagnostiquée à l'examen direct du sang (voir la photo), par la sérologie, ou par les tests basés sur la PCR. Les examens de laboratoire montrent également une diminution du nombre de globules rouges (anémie) et de plaquettes à la numération formule sanguine. L'anémie est de type hémolytique avec augmentation du taux des réticulocytes et diminution du taux sanguin d'haptoglobine.
La recherche de l'ADN parasitaire réaction en chaîne par polymérase est possible. Le dosage des anticorps dirigés contre les babésias peut être également fait par technique d'immunofluorescence. Des co-infections avec d'autres maladies à tiques semblent fréquentes. Elles peuvent compliquer le diagnostic et également compliquer et/ou aggraver les symptômes.
En phase aiguë :
- Détection au microscope de morulae dans les monocytes (après coconcentration et coloration au May-Grümwald-Giemsa). Des « faux-négatifs » sont possibles car les morulae ne sont que temporairement présentes, et toujours en faible nombre.
- recherche d'anticorps anti-Ehrlichia canis par immunofluorescence.
- Des techniques immuno-enzymatiques, où les antigènes sont des protéines de surface obtenues par recombinaison, sont en développement, pour mieux différencier les infections.
- Le modèle animal montre aussi qu'inversement, un organisme infecté de longue date peut être séropositif mais induire un résultat de PCR négatif. La PCR peut être faite en deux temps (PCR emboîtée ou nested PCR). La RT-PCR (reverse transcription PCR), qui amplifie l'ARN des échantillons, est plus sensible que la PCR emboîtée et présente un autre avantage : ne détectant que l'ARN, bien plus labile que l'ADN, elle ne réagit probablement qu'aux bactéries viables ce qui peut apporter des informations utiles au vétérinaire après un traitement.
Difficulté du diagnostic
modifierNotamment en raison de co-infections possibles avec des borrélies ou d'autres pathogènes, le diagnostic peut être compliqué et erroné, puisque dans une partie de l'aire de répartition de ces parasites, la tique Ixodes ricinus (aussi principal vecteur de la maladie de Lyme) peut être infectée par ces parasites, et ensuite les transmettre conjointement.
Les manifestations cliniques varient beaucoup, allant d'une infection asymptomatique à une maladie se développant rapidement et mortelle. Le diagnostic de la babésiose devrait toujours inclure l'examen de Frottis sanguin, des tests sérologiques et immunologiques. Le développement de la PCR a amélioré la sensibilité et la fiabilité de la détection, mais ces tests ne sont pas toujours pratiqués, et le sont rarement dans les régions pauvres du monde.
Une co-infection est également possible avec plusieurs espèces de babesia. Une sous-estimation du nombre de cas est donc possible. De plus, des variants nouveaux ont encore été récemment découverts et d'autres sont encore susceptibles de l'être.
Vecteurs
modifierL'espèce de tique vectrice peut différer selon les régions. Mais localement, elle semble être relativement spécifique. Comme dans le cas des borrélies responsables de la maladie de Lyme, les Babesia sont retrouvées dans la salive et les glandes salivaires de la tique vectrice ce qui explique aussi les co-infections, ces deux parasites pouvant peut-être dans ce cas profiter l'un de l'autre en affaiblissant l'immunité de l'hôte au moment de l'infection qui cause généralement une anémie hémolytique par destruction des globules rouges. Le parasite se reproduit en se multipliant de deux en deux agressant le globule qui en se lysant, relâchent les parasites dans le sang.
Transmission et contamination
modifierDeux modes de contamination sont connus :
- La babesiose semble toujours (ou très majoritairement ?) transmise par une tique. (Babesia microti peut utiliser la même tique vectrice, que la maladie de Lyme Ixodes scapularis, avec co-infections possibles, qui peuvent compliquer le diagnostic. Dans les zones d’endémie de babésiose, le parasite peut aussi être transmis par transfusion sanguine. On l'observe surtout en milieu rural pendant l'été.
- Une contamination par transfusion sanguine est également possible.
Traitements
modifierPour les souches étudiées in vitro : la doxycycline est le traitement le plus fréquent chez le chien. Comme la rifampicine c'est un médicament rapidement actif. Le chien, après et malgré un traitement à la doxycycline, bien qu'apparemment guéri peut rester porteur de Ehrlichia canis et donc contaminer des tiques qui pourront véhiculer la maladie.
- le traitement traditionnel par la quinine et la clindamycine est souvent mal toléré ;
- une association de atovaquone et d’azithromycine peut être également efficace
Mesures prophylaxiques et de précaution
modifierIl n’existe pas de vaccin contre Ehrlichia chaffeensis et les conseils prophylactiques sont de limiter l'exposition des chiens aux tiques et de ne pas favoriser le développement des tiques dans le milieu forestier ou périforestier, ou dans l'environnement du chien (chenil en particulier). Après une splénectomie, il est indispensable de prévenir le propriétaire du chien des risques encourus en cas de piqûre de tique. Si l'animal y était malgré tout exposé, il faut retirer immédiatement la tique pour réduire la circulation des parasites.
Cultures
modifierla mise en culture est notamment possible sur des lignées de macrophages de chiens (cellules DH82) . Ehrlichia canis présente des caractères bactériologiques proches de ceux des autres bactéries du genre Ehrlichia.
Maladie émergente
modifierLa babésiose est une maladie transmise par un « vecteur » : habituellement il s'agit d'un arthropode acarien ; une tique (remarque : Il existe de nombreuses espèces de tiques et toutes ne semblent pas susceptibles de transporter ce parasite. L'espèce porteuse peut changer selon la région).
Comme la maladie de Lyme, en raison probablement de déséquilibres écologiques, sylvo-cynégétiques et climatiques ayant favorisé des pullulations de tiques (avec remontée en altitude et vers le nord de l'aire de répartition de ces parasites, en partie grâce au réchauffement climatique, cette maladie est considérée comme une maladie émergente où de plus, des coinfections sont détectées avec Borrelia et d'autres Babesia, ou encore avec des Ehrlichias qui est responsable de l'ehrlichiose.
Maladie mal connue
modifierLes épidémiologistes connaissent encore mal l’incidence et la répartition mondiale des espèces de Babésia, et les effets de la parasitose sur tous les hôtes victimes de ce protozoaire. De plus, dans les zones d’endémie de la malaria, les Babesias peuvent être facilement confondus avec des Plasmodiums .