Apprendre la guitare/Débuter et progresser
Le choix d'un professeur
modifierS'il est bien sûr envisageable d'apprendre la guitare seul, ce choix peut se révéler problématique à plus ou moins long terme. À partir d'un certain niveau, les méthodes, articles, transcriptions, tablatures, vidéos, etc., trouvés sur le web (notamment ce wikilivre) pourront vous être utiles dans le choix de nouvelles directions de travail, mais seul un professeur pourra vous aider à ne pas commettre dès le début certaines erreurs de base, notamment vous éviter d'adopter une position de jeu incorrecte. Celle-ci peut ne pas être gênante au départ, mais risque de limiter votre progression au bout de quelques mois ou quelques années : il vous faudra alors réapprendre les techniques de base si vous souhaitez vraiment aller plus loin.
Le web regorge d'annonces plus ou moins sérieuses pour des cours de guitare. Certaines sont à éliminer d'office (e.g. "donne cours de guitare pour débutants, prix à débattre", suivi d'un simple prénom et d'un numéro de portable). Privilégiez celles de guitaristes se présentant clairement comme professionnels, décrivant en détail leur formation (diplômes, écoles, ancienneté), leurs activités (concerts, albums), leurs tarifs, leur projet pédagogique (descriptifs des cours, supports, méthodes), et idéalement, donnant un lien vers une page personnelle avec suffisamment d'extraits musicaux crédibles. Une autre solution est de vous renseigner auprès d'une école de musique ou d'un conservatoire. N'hésitez pas à essayer plusieurs professeurs, jusqu'à ce que vous trouviez celui qui vous convienne, humainement et musicalement. S'il s'agit de quelqu'un de suffisamment ouvert, son propre style pourra être différent du vôtre sans que cela pose problème, au contraire.
Organisation du temps de travail
modifierLe temps consacré au travail de l'instrument dépend de vos objectifs. Un professionnel peut avoir à travailler entre trois à quatre heures par jour pour simplement maintenir son niveau, mais si vous êtes débutant, une demi-heure de travail par jour peut suffire à vous faire progresser régulièrement. Pour la guitare comme pour tout instrument, rien ne remplace une pratique régulière, et il est plus efficace de travailler un peu et chaque jour que beaucoup, mais plus rarement. Le niveau d'un guitariste ayant tendance à évoluer par paliers, il peut être intéressant de passer de temps à autre une période prolongée à travailler beaucoup votre instrument, de manière à franchir une fois pour toutes certaines limites.
Idéalement, votre temps de travail devrait commencer par un échauffement à vitesse lente ou modérée, suivi d'une première phase d'exercices techniques tels que travail de gammes, de motifs, lecture à vue, travail au métronome, etc. Une seconde phase, celle-ci plus musicale, peut être dédiée au travail de pièces déjà connues, au déchiffrage ou l'analyse de nouvelles pièces, à l'improvisation ou la composition, etc. L’équilibrage entre ces deux aspects du travail de l'instrument n'est pas sans importance : le travail de la technique seule, aussi fascinant qu'il puisse être, peut aussi être musicalement stérile. Notez d'autre part qu'aussi bien techniquement que musicalement, il est souvent plus efficace de travailler sur un matériel nouveau que d'en rejouer un autre trop bien connu.
Si vous devez jouer beaucoup et longtemps dans une même journée, surveillez de près votre fatigue musculaire, évitez de jouer en force, et faites une pause dès les premiers signes de tension dans les bras ou les mains. Dans tous les cas, même si vous n'en éprouvez pas le besoin, faites au moins une pause de dix minutes toutes les heures : posez votre instrument, levez-vous et étirez-vous. Quel que soit le temps passé ou l'énergie consacrée à jouer, n'oubliez pas que le but principal est de vous faire plaisir.
Systèmes de notations, théorie
modifierIl n'y a pas de méthode-type pour apprendre la guitare, l'approche académique proposée dans le répertoire classique n'étant qu'une approche parmi d'autres. L'apprentissage des bases ne requiert a priori que des connaissances sommaires en solfège ou en théorie musicale, et il est possible d'apprendre ses premiers accords sans savoir comment en général ils sont construits. À partir d'un certain niveau, cependant, les notions de gamme, d'accord, ou de tonalité se révèleront utiles pour le travail de l'improvisation, la recherche de nouveaux accords, le jeu en groupe ou la composition (se reporter au livre Bases de solfège).
La pratique d'au moins un système de notation (notation musicale usuelle, tablature, notation chiffrée, grille de position, etc.) est presque indispensable : elle permet à la fois de noter et communiquer ses idées, et d'accéder au répertoire (un énorme volume de tablatures est déjà accessible sur Internet). À défaut, ou en complément, un moyen de s'enregistrer (magnétophone, logiciel) permet au moins de garder une trace de son travail.
Organisation de l'apprentissage
modifierUne approche possible consiste à commencer par apprendre les premiers accords de base, sans barrés et réduits à quelques tonalités. Une fois ces accords assimilés, on peut passer à l'apprentissage des accords barrés, transposables et permettant de jouer dans toutes les tonalités. Ce travail préliminaire peut s'étaler sur plusieurs mois ou plusieurs années. Il permet déjà d'aborder un certain nombre de difficultés que l'on retrouve à tous les niveaux d'apprentissage : travail du rythme, de la précision et de l'expressivité pour la main droite, notamment dans le jeu au médiator, fluidité et mémoire musculaire pour la main gauche, souplesse et effort musculaire minimal, travail de l'oreille et de la mémoire musicale. Il permet aussi de commencer à jouer en groupe et de composer ses premiers morceaux.
Après cette première phase ou pendant celle-ci, on peut, si l'on souhaite se lancer dans le jeu en solo, commencer le travail des gammes. La frontière entre le jeu en rythmique et le jeu en solo n'est cependant pas si claire pour qu'il faille considérer ces deux formes de jeu comme totalement distinctes, et il est raisonnable de partir du principe qu'une bonne maîtrise du jeu en rythmique est un préliminaire indispensable à un jeu en solo efficace. La gamme pentatonique est un outil basique mais permettant de commencer immédiatement à improviser dans un grand nombre de styles. L'improvisation sur une simple "blues box" ayant malgré tout ses limites, une étape-clef, si l'on souhaite aller plus loin, est celle de l'apprentissage du manche et l'étude du jeu en position : pour une gamme dans une tonalité donnée et pour chaque hauteur possible de la main gauche sur le manche, la mémorisation de tous les emplacements des notes de cette gamme jouables sans effectuer de déplacements de la main gauche. Une fois ces emplacements mémorisés pour chaque tranche du manche de trois ou quatre cases, dans une tonalité de référence, le jeu en position peut être progressivement combiné à des déplacements de la main gauche jusqu'à une vision globale du manche et une complète liberté de mouvement - les autres tonalités se déduisant mécaniquement de cette tonalité initiale par déplacement mental de tous les emplacements de notes d'une ou plusieurs cases. Au fil du temps, la même méthode pourra être appliquée aux gammes telles que la gamme mineure harmonique, la gamme mineure mélodique, la gamme diminuée, la gamme ton par ton, ou d'autres gammes synthétiques. L'assimilation des différents modes de chaque gamme (les gammes engendrées par celle-ci en choisissant comme note fondamentale une autre note que sa première) et de leur couleur particulière peut contribuer à enrichir largement le vocabulaire musical.
Parallèlement à l'étude individuelle des gammes et accords, un autre domaine d'étude important, plus théorique, est celui de l'exploration des relations entre gammes et accords. Les accords sont construits à partir des gammes à partir de quelques règles simples, mais générant un matériau musical considérable, dans lequel il est nécessaire de faire un tri. Cette exploration, au cœur des processus de composition et d'improvisation, est en pratique sans limites : plusieurs gammes sont en général jouables sur un même accord ; inversement, une suite de notes peut en général être accompagnée de plusieurs suites d'accords ; tout accord peut également être renversé, altéré, substitué, etc.
Durant cet apprentissage, les techniques spécifiques à la guitare pourront être progressivement intégrées au jeu et enrichir sa palette expressive : vibrato et tiré de note (bend), liaison montante ou descendante, glissé (pull-off, hammer-on, slide), frappé de notes à la main droite (tapping), jeu alterné, jeu directionnel (speed-picking, economy-picking, sweep-picking), harmoniques naturelles et artificielles, étouffement (palm mute), slap, pop, jeu aux doigts et techniques hybrides, usage du levier de vibrato, etc. Il est important de garder à l'esprit que tous ces éléments techniques ne sont pas musicaux en eux-mêmes, et n'ont d'intérêt que si l'on parvient à les intégrer à son jeu.
Styles et influences
modifierLa recherche d'un style propre passe inévitablement par l'écoute des autres - même les guitaristes dont le son est immédiatement reconnaissable ont commencé leur apprentissage en écoutant d'autres musiciens, en apprenant leurs morceaux note pour note, en assimilant leur style, avant de se détacher progressivement de leur influence. Quels que soient vos goûts musicaux et votre niveau, essayez de rester varié, curieux et touche-à-tout, de vous forger un vrai répertoire et une culture musicale la plus étendue et la plus variée possible. De la musique baroque au Death Metal, en passant par les guitaristes espagnols du XIXème siècle, le Blues, le Jazz, le Rock, le Funk, le Punk, la musique contemporaine, la guitare est un instrument aux possibilités multiples. Écoutez les grands guitaristes mais aussi les saxophonistes, violonistes, violoncellistes, etc. Écoutez les musiciens qui les ont influencés. Essayez de comprendre pourquoi ces gens ont marqué leur époque, et ce qui fait la qualité de leur jeu. Si, à un moment quelconque, la distance qui sépare leur niveau du vôtre vous parait plus grande que vous ne l'imaginiez au départ, ce sera encore la meilleure indication de vos propres progrès.
Jouez pour vous. Jouez pour les autres. Jouez avec les autres. Jouez avec une partition. Jouez sans partition. Inscrivez-vous à un site de collaboration musicale en ligne. Allez voir des concerts. Allez écoutez des petits groupes dans des bars ou des petites salles. Discutez avec d'autres musiciens. Montez votre groupe. Jouez en public.
Travaillez lentement. La précipitation mène toujours au cafouillage. « Si vous voulez gagner du temps, prenez-en. ». Et si vous avez l'impression qu'un morceau est plus facile à jouer à un tempo rapide, dites-vous que vous vous trompez.