Étymologie de la langue française/Origines du vocabulaire

Les mots d'origine latine

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Remarques préliminaires sur l'évolution de la prononciation

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Il convient de souligner l'importance du facteur phonétique dans l'évolution des mots. Par exemple, oie vient du latin populaire auca dérivé du latin classique avis (« oiseau ») que l'on retrouve dans aviculture (« élevage des oiseaux ») ou grippe aviaire (« transmise par des oiseaux »).

Pour comprendre les évolutions phonétiques, il faut garder à l'esprit :

  • Qu'elles se sont déroulées sur de nombreuses générations. En comptant qu'une génération « vaut » vingt-cinq ans, près de cinquante générations se sont succédé entre le sac de Rome en 410 et Le Cid de Pierre Corneille, où nous constatons que nous ne prononçons pas exactement comme notre grand-mère (génération G-2).
  • Que jusqu'au XXe siècle, il n'existait ni radio ni télévision et donc aucune norme nationale « palpable » en matière de prononciation. C'est la radio qui a facilité une prononciation homogène. Pendant la Première Guerre mondiale, des agrégés d'allemand faits prisonniers furent fusillés pour avoir refusé de servir d'interprètes entre des officiers du sud et du nord de l'Allemagne qui ne se comprenaient pas très bien. Dans les années 1950 et 1960, en Angleterre, il existait des offres d'emploi exigeant des candidats qu'ils eussent l'accent de la BBC (Abréviation de British Broadcasting Corporation, signifiant « Corporation britannique de radiodiffusion »), la radio nationale officielle britannique.
  • Que la conjonction de ces deux phénomènes fait qu'encore au XVIIe et XVIIIe siècles, à la Cour, le son [wa] se prononçait [wɛ] (d'où [lə rwɛ] pour « le roi », [lə bwɛ] pour « le bois ») et que l'on ne prononçait aucune lettre finale ([lə sɛr] pour « le cerf », [nuri] pour « nourrir ») alors que le peuple parisien prononçait [rwa], [bwa], [sɛr]. À la Cour comme à la ville, on roulait les r. Encore à l'époque de Victor Hugo, lorsque l'on déclamait : « le bruit sourd des canons roulants vers Austerlitz », l'auditoire entendait un véritable grondement.
  • Que jusque dans les années 1950, la sonorisation était rare et imparfaite, ce qui imposait de parler en articulant, en découpant bien les syllabes sans « manger » les finales rétablies en partie au début du XIXe siècle. Imaginez un cours sans micro dans un amphithéâtre de la Sorbonne, un sermon sans micro à Notre-Dame de Paris, une plaidoirie sans micro dans la grande salle d'audience d'un tribunal aujourd'hui classé monument historique, un discours dans l'hémicycle du Sénat. Des générations de professeurs, de prêtres, d'avocats ou d'hommes politiques ont pourtant dû le faire.

Pour le commun des mortels, se faire entendre dans une foire où tout le monde criait ne devait pas être facile, pas plus que dans la salle de garde d'un château (Essayez par exemple au Palais des Papes à Avignon un jour d'affluence : elle correspond à la salle d'accueil).

  • Qu'il y a toujours eu des modes qui laissent des traces. Au XVIe siècle, il était de bon ton de prononcer [z] le r compris entre deux voyelles. « Paris » se prononçait [pazi], et « oratoire » [ozatwar] d'où les noms de ville en -Ozoir ou -Osoir lorsque la commune comptait une chapelle. Sous Napoléon Ier, et peut-être parce que Joséphine de Beauharnais éprouvait des difficultés à les prononcer, il devient à la mode d'élider les r d'où les inc'oyables et les mé'veilleuses. Entre les deux, les Précieuses — qui étaient loin d'être nécessairement ridicules — ont fait la chasse à tous les gestes disgracieux ; on leur doit les mousses inventées par leurs cuisiniers à qui elles avaient demandé des plats qui n'exigeassent pas des mouvements musculaires trop marqués lors de la mastication. Cette volonté a sûrement exercé une influence sur leur prononciation.
  • Que, plus généralement, les sons des langues indo-européennes s'articulent en un système qui permet de distinguer des labiales, des dentales, des palatales et que le passage de l'une à l'autre est assez simple ce qui explique, par exemple, qu'au qu latin corresponde v ou f dans les langues plus nordiques comme « quatre » (français) / « quattro » (italien) et « vier » (allemand), « voor » (flamand) et « four » (anglais) ou encore « qui » (français) / « chi » (italien) et « who » (anglais) / « wer » (allemand) ; de même, on trouve une correspondance entre le [d] et le [t] (« dent » au Sud contre « tooth » (même sens) au Nord, « dies » (« jour ») au Sud contre « Tag » (même sens) au Nord).

Les doublets

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Au fil du temps, les mots latins ont évolué phonétiquement et sémantiquement en français. Par exemple, captivum a donné chétif avec le sens que nous lui connaissons, un captif étant souvent chétif du fait des mauvaises conditions de sa détention.

Lorsque, à partir du XIVe siècle, on se mit à traduire beaucoup de textes latins en français parce que le latin commençait à disparaître, alors même que le contenu des textes latins conquérait l'intérêt des lecteurs français, on traduisit captivum par captif pour désigner le prisonnier en tant que tel. On dit ainsi que captif et chétif sont des doublets. D'une façon générale, les mots de formation populaire se référent au concret et les mots de formation savante sont plus abstraits ; mais il existe des exceptions.

Exemples :

  • ancêtre (milieu du XIe siècle) ~ antécesseur (XIVe siècle) ← antecessor
  • août (e siècle) ~ auguste (e siècle) ← augustus
  • arracher (XIIe siècle) ~ éradiquer (XIVe siècle) ← eradicare
  • Alice (e siècle) ~ Adélaïde (e siècle) ← Adelais
  • Auvray (e siècle) ~ Alfred (e siècle) ← Alv(e)redus
  • banquier (XIIe siècle) ~ bancaire (XIXe siècle) ← bancarius
  • benêt (XVIe siècle) ~ béni (e siècle) ← benedictus
  • béton (XIIe siècle) ~ bitume (XIIe siècle) ← bitumen
  • biche (XIIe siècle) ~ bête (XIIe siècle) ← bestia
  • brimborion (e siècle) ~ bréviaire (e siècle) ← breviarium
  • Benoît (e siècle) ~ Bénédict (e siècle) ← Benedictus
  • carré (XIIe siècle) ~ quadrat (XVIIe siècle, via l'italien quadrato) ← quadratum
  • chaîne (XIIe siècle) ~ catène (XVIIIe siècle) ← catena
  • chaire (XIIe siècle) ~ cathèdre (XIIIe siècle) ← cathedra — N.B. : On a en réalité affaire à un triplet lexical, puisque le mot chaise n'est lui-même qu'une variante dialectale de chaire.
  • chance (XIIe siècle) ~ cadence (XVIe siècle, via l'italien cadenza) ← cadentia
  • chanoine (XIIe siècle) ~ canonique (XIIIe siècle) ← canonicus
  • chape (XIe siècle) ~ cape (XVIIe siècle) ← cappa
  • chasser (fin du XIIe siècle) ~ capter (XVe siècle) ← captare — N.B. : Captare s'est vraisemblablement altéré en captiare très tôt en bas-latin avant de donner chacier en ancien français.
  • chaume (fin du XIIe siècle) ~ calame (XVIe siècle) ← calamus
  • cheptel (XIIe siècle) ~ capital (XIIIe siècle) ← capitalis
  • chétif (XIe siècle) ~ captif (XVe siècle) ← captivus
  • chose (IVe siècle) ~ cause (milieu du XIIe siècle) ← causa
  • colère (XIIIe siècle) ~ choléra (XVIe siècle) ← cholera — N.B. Cholera est devenu colera en bas latin.
  • concierge (XIIe siècle) ~ conserve (XIVe siècle) ← conservus
  • confiance (XIIIe siècle) ~ confidence (XIVe siècle) ← confidentia
  • copain (XVIIIe siècle) ~ compagnon (XIIe siècle) ← companio
  • couple (XIIe siècle) ~ copule (XVe siècle) ← copula
  • déchéance (XIIe siècle) ~ décadence (XVIe siècle) ← decadentia
  • dépit (XIIe siècle) ~ despect (e siècle) ← despectus
  • dévoué (e siècle) ~ dévot (fin du XIIe siècle) ← devotus
  • employer (début du XIIe siècle) ~ impliquer (XIVe siècle) ← implicare
  • enchantement (XIIe siècle) ~ incantation (XIIIe siècle) ← incantatio
  • enchanteur / enchanteresse (XIIe siècle) ~ incantateur / incantatrice (XVe siècle) ← incantator / incantatrix
  • entier (XIe siècle) ~ intègre (e siècle) ← integer
  • esclandre (e siècle) ~ scandale (e siècle) ← scandalum
  • exploiter (début du XIIe siècle) ~ expliciter (XIXe siècle) ← explicitare — N.B. : L'ancien français espleitier / esploitier a été refait exploiter au XVIe siècle.
  • écluse (XIe siècle) ~ exclue (XIIIe siècle) ← exclusa, participe passé féminin du verbe excludere
  • écolier (XIIIe siècle) ~ scolaire (XIXe siècle) ← scholaris
  • écouter (Xe siècle) ~ ausculter (XVIe siècle) ← auscultare
  • écrit (XIIe siècle) ~ script (XXe siècle) ← scriptum
  • étroit (XIIe siècle) ~ strict (XVIIIe siècle) ← strictus
  • éveux (e siècle) ~ aqueux (XVIe siècle) ← aquosus
  • évêché (Xe siècle) ~ épiscopat (XVIIe siècle) ← episcopatus
  • évier (XIIIe siècle) ~ aquarium (XIXe siècle) ← aquarium
  • façon (XIIe siècle) ~ faction (XIVe siècle) ← factio
  • faix (XIIe siècle) ~ fasce (1re moitié du XIIe siècle) ← fascis
  • fantôme (XIIe siècle) ~ fantasme (XIIIe siècle) ← phantasma
  • faute (e siècle) ~ faillite (e siècle) ← fallita
  • ferme (XIIe siècle) ~ firme (XIXe siècle) ← firma
  • féal (XIIe siècle) ~ fidèle (Xe siècle, réintroduit au XVIe siècle) ← fidelis
  • fétiche (XVIIe siècle) ~ factice (XVIe siècle) ← facticius
  • forge (XIIe siècle) ~ fabrique (XIVe siècle) ← fabrica
  • frêle (XIe siècle) ~ fragile (XIVe siècle) ← fragilis
  • fuir (IXe siècle) ~ fuguer (XXe siècle) ← fugere — N.B. : Fugere a d'abord changé de conjugaison en bas latin (fugire) avant d'aboutir à « fuir ».
  • gaine (XIIIe siècle) ~ vagin (XVIIe siècle) ← vagina — N.B. : Vagina donnera aussi, via l'espagnol vainilla, le terme « vanille ». Ce dernier désigne à l'origine la petite gousse du vanillier, d'où le suffixe diminutif -illa (-ille).
  • gars (e siècle) ~ garçon (e siècle) ← garcionem
  • geindre (XIIIe siècle) ~ gémir (e siècle) ← gemere
  • grêle (XIIe siècle) ~ gracile (XVIe siècle) ← gracilis
  • Geoffroy (e siècle) ~ Godefroy (e siècle) ← Godefridus
  • Gilles (e siècle) ~ Égide (e siècle) ← Aegidius
  • hâbler (XVIe siècle) ~ fabuler (XVe siècle) ← fabulari
  • hôtel (XIe siècle) ~ hôpital (XIIe siècle) ← hospitalia
  • Havoise (e siècle) ~ Edwige (e siècle) ← Hedvigis
  • livrer (e siècle) ~ libérer (e siècle) ← liberare
  • luette (fin du XIIIe siècle) ~ uvule (XIIIe siècle) ← uvula
  • Louis (e siècle) ~ Ludovic (e siècle) ← Ludovicus
  • mâcher (XIIe siècle) ~ mastiquer (XVIe siècle) ← masticare
  • ménestrel (XIe siècle) ~ ministériel (XVIe siècle) ← ministerialis
  • métier (XIe siècle) ~ ministère (XIIIe siècle) ← ministerium
  • moutier (XIe siècle) ~ monastère (XIIIe siècle) ← monasterium
  • moyen (XIIIe siècle) ~ médian (XVIe siècle) ← medianus
  • mûr (XIIe siècle) ~ mature (XXe siècle, anglicisme) ← maturus
  • Maud (e siècle) ~ Mathilde (e siècle) ← Mathilda
  • nourrisson (XIIe siècle) ~ nutrition (XIVe siècle) ← nutritio
  • Noël (XIIe siècle) ~ natal (XVIe siècle) ← natalis
  • œuvre (XIIe siècle) ~ opéra (XVIIe siècle, via l'italien opera, de même sens) ← opera, pluriel d'opus
  • octroyer (e siècle) ~ autoriser (e siècle) ← auctorizare
  • ogre (e siècle) ~ orc (e siècle) ← Orcus
  • orfraie (XIVe siècle) ~ ossifrage (XVIe siècle) ← ossifraga
  • oreiller (XIIe siècle) ~ auriculaire (XVIe siècle) ← auricularis
  • orteil (XIIe siècle) ~ article (XIIe siècle) ← articulus
  • ourlet (e siècle) ~ orle (e siècle) ← orula
  • paladin (XVIe siècle, via l'italien paladino, XIIIe siècle) ~ palatin (XIIIe siècle) ← palatinus
  • parvis (XIIIe siècle) ~ paradis (fin du Xe siècle) ← paradisus
  • parole (XIe siècle) ~ parabole (XIIIe siècle) ← parabola
  • paume (e siècle) ~ palme (e siècle) ← palma
  • pèlerin (XIe siècle) ~ pérégrin (1re moitié du XIIe siècle) ← peregrinus
  • pitié (XIe siècle) ~ piété (fin du Xe siècle) ← pietas
  • poison (XIIe siècle) ~ potion (XVIe siècle) ← potio
  • Péronnelle (e siècle) ~ Pétronille (e siècle) ← Petronilla
  • raison (Xe siècle) ~ ration (XIIIe siècle) ← ratio
  • recouvrer (e siècle) ~ récupérer (e siècle) ← recuperare
  • renard (e siècle) ~ Renart (e siècle) ← Renartus
  • répit (XIIe siècle) ~ respect (XIIIe siècle) ← respectus
  • rouer (XIIe siècle) ~ rôder (XVe siècle via l'ancien occitan rodar, « vagabonder ») ← rotare
  • royal (IXe siècle) ~ régalien (XVIIe siècle) ← regalis
  • Renaud (e siècle) ~ Réginald (e siècle) ← Reginaldus
  • sanglier (fin du XIe siècle) ~ singulier (fin du XIIIe siècle) ← singularis — N.B. : Sanglier est en réalité tiré de l'expression porc sanglier, c'est-à-dire cochon solitaire.
  • sauveur (e siècle) ~ sauveteur (e siècle) ← salvator
  • seing (XIIe siècle) ~ signe (2de moitié du Xe siècle) ← signum
  • serment (IXe siècle) ~ sacrement (XIIe siècle) ← sacramentum
  • Solange (e siècle) ~ Solène (e siècle) ← Sollemnia
  • tarte (e siècle) ~ tourte (e siècle) ← torta
  • taverne (XIIe siècle) ~ tabernacle (XIVe siècle) ← taberna — N.B. : Tabernacle vient de tabernaculum, diminutif de taberna.
  • tâter (XIIe siècle) ~ taxer (XIIIe siècle) ← taxare
  • thiois (e siècle) ~ tudesque (XIIe siècle) ← theodiscus
  • tôle (e siècle) ~ table (e siècle) ← tabula
  • traiteur (XVIIe siècle) ~ tracteur (XVIIIe siècle) ← tractor
  • tremper (e siècle) ~ tempérer (e siècle) ← temperare
  • Thierry (e siècle) ~ Théodoric (e siècle) ← Theodoricus
  • Tiphaine (e siècle) ~ Théophanie (e siècle) ← Theophania
  • veiller (XIIe siècle) ~ vigiler (e siècle) ← vigilare
  • venimeux (e siècle) ~ vénéneux (e siècle) ← venenosus
  • verge (XIIe siècle) ~ vergue (XIIe siècle) ← virga
  • vergogne (XIIIe siècle) ~ vérécondie (XVIe siècle) ← verecundia
  • vérole (e siècle) ~ variole (e siècle) ← variola
  • vouivre (XIIe siècle) ~ vipère (XIIIe siècle) ← vipera

Il existe également des doublets constitués de deux termes populaires. C'est par exemple le cas de :

  • chaînon (XIIe siècle) et chignon (fin du XIIe siècle) qui proviennent chacun du bas latin catenion.
  • chaire (début du XIIe siècle) et chaise (début du XVe siècle) qui proviennent chacun du latin cathedra
  • gourde (XIIIe siècle) et courge (XIVe siècle) qui proviennent chacun du latin classique cucurbita.

Note : Les datations correspondent à la première attestation écrite d'un mot, mais ne sont pas forcément représentatives de sa première utilisation orale.

Les fusions

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On notera aussi les fusions de mots :

  • affaire (initialement ce qu'il y a à faire)
  • alarme (initialement all'arme, « aux armes »). L'italien actuel a conservé la forme originelle all'arme.
  • antan (initialement *ant(e) anu en latin vulgaire, du syntagme latin ante annum « l'année dernière »).
  • aujourd'hui (composé de au jour de et de hui, du latin hodie, (« en ce jour »), il signifie donc « au jour présent »). De ce fait, au jour d'aujourd'hui est un splendide pléonasme.
  • bonhomme (initialement un bon homme, c'est-à-dire un brave homme, un homme cultivé).
  • gendarmes (initialement gens d'armes).
  • lingot (composé de l'article défini français le et du mot anglais ingot)
  • malgré (initialement mal gré, « de mauvais gré »)
  • naguère (initialement il n'y a guère de temps)
  • parce que (initialement par ce que ce mot, etc.)
  • voilà (initialement vois là)

Les emprunts

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Note : les astérisques (*) indiquent une forme reconstruite, c'est-à-dire non attestée à l'écrit mais supposée par plusieurs autres formes. C'est par exemple le cas de l'indo-européen commun, qui est une langue hypothétique (puisque non attestée à l'écrit) dont découlent, entre autres, les langues indo-iraniennes, les langues celtiques, germaniques, helléniques, italiques, etc.

Les emprunts au francique

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Les mercenaires et travailleurs ruraux avaient déjà introduit quelques termes dès les années 250 après J.-C.[1], mais ce sont surtout les Grandes invasions qui ont introduit le vocabulaire de la guerre et du droit salique[1], très différent du droit romain. Par la suite, les vainqueurs ont adopté la langue de l'ex-Empire romain comme les Romains avaient eux-mêmes adopté la civilisation des Grecs, qu'ils avaient dominés militairement (L'élite romaine parlait le grec ancien ; lorsqu'il fut poignardé, Jules César s'exprima en grec ancien en reconnaissant Brutus parmi les conspirateurs ; il ne dit pas : « Tu quoque mi fili. » mais « Καὶ σὺ τέκνον. » (Kaì sù téknon.) Parmi les mots d'origine francique, citons :

  • bordel qui désignait une grosse planche. Comment est-on passé du sens de « planche » à celui de « désordre » ? À partir de ces planches, on pouvait construire de pauvres maisons rudimentaires et ce fut le premier sens (le composé à partir du composant). Cette cabane de planches en « bord'eau » ou « bord'elle » (la mer, la rivière) servant de « guinguette », etc.
Avec le temps, ces maisons rudimentaires n'offrirent plus le confort minimal que les gens attendaient d'un foyer et seules les plus pauvres continuaient à abriter des prostituées. Le mot se spécialisa dans le sens de « maison de passe », « maison de tolérance », et autres locutions employées jusqu'alors.
En latin, la maison de prostitution est appelée « lupanar ». Ce nom dérive du mot « lupa » (louve) qui désigne métaphoriquement une prostituée. L'image de la « louve » prenant soin de Romulus et Rémus ne doit donc pas être interprétée selon le sens premier du terme.
Les clients de ces établissements se livrant à des débordements en tout genre, le mot en vint à désigner l'état de désordre qui en résultait.
En anglais, la formule correspondante est « what a mess ». « mess » vient du latin « mensa », désignant la table. Le mess des officiers est l'endroit où il y a des tables pour manger. La fraternité militaire donnant parfois lieu à des excès de beuverie, le mess se trouve alors dans un état qui sert de référence en matière de désordre. Le même mot latin donne aussi « manséatique » qui désigne des montagnes aplanies comme une table (par exemple le massif ibérique).
En italien, la formule correspondante est « che casino » où casino a le même sens qu'en français, mais y est perçu comme un lieu de débordement et surtout très bruyant.
  • chambellan de *kamerling.
  • danser de *dintjan, ou de *dansôn (« tirer », « traîner »).
  • échanson de *skankjo (même sens).
  • épier de *spehôn (« observer avec attention »).
  • fauteuil de *faldistôl (« chaise pliable »).
  • frapper, peut-être de *hrappan (« arracher »).
  • garou de *werwolf (« homme-loup ») (« garou » signifiant déjà « homme-loup », il était erroné d'ajouter « loup » à ce terme).
  • gâcher de *waskôn (« laver »).
  • gâteau de *wastil (« nourriture »).
  • grès de *greot (« gravier, sable »).
  • grêler de *grisilôn, de même sens.
  • gris de *grîs, (néerlandais : grijs) de même sens ; de ce mot dérive grisette, « étoffe commune de teinte grise » puis par métonymie « jeune fille d'humble condition ».
  • guerre : du mot francique *werra (« querelle ») qui donne war et Wehr respectivement en anglais et allemand modernes. En latin, la guerre se disait bellum que l'on retrouve dans belliqueux. Beau se dit pulcher en latin classique, mais une forme populaire, bellus, se développa, générant une confusion entre bellus (« beau ») et bellum (« guerre ») qui favorisa l'adoption du mot francique au IXe siècle.
  • Guillaume de *Willahelm (« volonté de protection »).
  • haïr de *hatjan, que l'on retrouve en néerlandais en tant que haten, dans l'anglais to hate, l'allemand hassen. Le terme francique est issu d'une racine indo-européenne *kehd-[2].
  • hargne de *harmjam (« insulter »).
  • haubert (cotte de maille) de *halsberg (proprement « ce qui protège le cou »), composé de *hals (« cou ») et *bergan (« mettre en sûreté, protéger »). En allemand moderne, on retrouve Hals pour le cou, mais non en anglais où neck vient d'un radical *hnakkô. En néerlandais, on les retrouve tous les deux : hals et nek.
  • heaume de *helm (« casque ») d'où l'allemand Helm, l'anglais helm.
  • héraut de *heriwald («  »).
  • honnir de *haunjan (« insulter »). On le retrouve dans honen (« bafouer ») en néerlandais, ou dans höhnen (« bafouer ») en allemand.
  • honte de *haunita. Le latin disait pudor, qui a donné le français pudeur. Cf. honnir.
  • houx de *hulis (« houx »). Ce radical a donné hulis, huls en ancien haut allemand, huls en moyen néerlandais, hulst en néerlandais.
  • laid de *laiþ (« désagréable », « contrariant », « rebutant »). En néerlandais, on retrouve leed pour « désagréable », mais aussi lelijk pour « laid ». On le retrouve aussi dans l'allemand leid et Leid
  • loge de *laubja (« hutte de feuillage »), qui donne l'allemand Laube.
  • maçon de *makjo, lui-même dérivé de *makôn (« faire »). On retrouve en néerlandais le verbe maken (« faire », « construire »), en anglais to make, en allemand machen.
  • malle de *malha (« sacoche »), d'où le moyen néerlandais male (« sac de voyage », « coffre »), le néerlandais maal (« sac », « sacoche », « coffre »).
  • marais de *marisk. En moyen néerlandais, on retrouve mersch, maersch (« pré », « terrain marrécageux »). En néerlandais moderne, moeras (« marais, marécage »). L'anglais marsh et l'allemand Marsch sont également issus de la racine.
  • maréchal de *marhskalk (« palefrenier »).
  • moue de *mauwa (même sens), source du moyen néerlandais mouwe.
  • rang de *hring (« anneau », « cercle »). De ce terme sont issus ring (« anneau ») en néerlandais et en anglais, Ring en allemand.
  • riche de *riki (« puissant »), que l'on retrouve dans le vieil anglais rīce (d'où l'anglais moderne rich), le moyen néerlandais rijcke, rijck (d'où le néerlandais moderne rijk), l'ancien haut allemand rîchi, rîche (d'où l'allemand reich), etc. En ancien français, le mot a d'abord signifié « puissant » avant d'acquérir le sens moderne.
  • renard de *Reginhart ; a remplacé « goupil » dans le vocabulaire courant suite au succès du Roman de Renart.
  • sénéchal de *siniskalk (« serviteur doyen »).
  • trêve de *treuwa (« contrat », « convention »). En néerlandais, on le retrouve dans trouw (« fidèle »), Treue en allemand (« fidélité »).
  • trotter de *trottôn (« courir »).

Les emprunts au moyen néerlandais

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Le moyen néerlandais a beaucoup apporté à la langue française, notamment — mais non exclusivement — dans le vocabulaire maritime[1]. Cependant, celui-ci a diminué au XVIIe siècle, laissant place à l'anglais[1]. Parmi les mots empruntés, citons :

  • bâbord de bakboord, composé de bak (« dos ») et de boord (« bord »). À l'époque, le gouvernail était constitué d'un aviron de gouverne fixé à l'arrière droit (tribord), le barreur trouvait ainsi le dos au côté gauche (bâbord)[3]. Tribord vient, lui, de stierboord, une variante de stuurboord composé de stuur (« gouvernail »), et de boord, littéralement « côté du gouvernail », puisqu'il se trouvait du côté droit[4].
  • bière est soit emprunté au moyen haut allemand bier, soit au moyen néerlandais bier.
  • botte (Au sens de « assemblage de plusieurs choses liées ensemble ») vient de bote (« touffe de lin »), rattaché au verbe boten (« frapper »).
  • bouquin d'un diminutif de boec (« livre »), apparenté à book en anglais et Buch en allemand. Compte tenu du fait que les formes attestées (boecskijn, boekelkij) rendent difficilement compte du français bouquin, on a supposé une forme non attestée *boeckijn.
  • brique de bricke, brike. À l'origine, il y a la racine francique *brëkan (« casser », « briser ») que l'on retrouve dans le néerlandais breken (« casser »), l'anglais to break (« casser »), l'allemand brechen (« briser »). Brioche est dérivé de brier (forme normande de broyer, au sens de « pétrir la pâte ») avec le suffixe -oche. Broyer est issu du francique *brëkan, et signifie à l'origine « réduire en morceaux, en poudre, en pâte ». Au XIIIe siècle, brique avait en français le sens de « petit morceau », « miette »[3] ; passé le XVIe siècle, ce sens a disparu, sauf dans une expression populaire qui a survécu jusqu'à la fin du XIXe siècle : « bouffer des briques » (« n'avoir à manger que des miettes, c'est-à-dire rien »), où l'idée de dureté et de caractère indigeste de l'aliment comparable à de la brique de construction s'ajoute à la notion de pénurie. La brique à pont, c'est une pierre de grès fin utilisée par les marins pour nettoyer leur navire, d'où le sens familier de briquer « frotter dynamiquement, nettoyer »[3].
  • digue de dijc, d'où la forme moderne dijk.
  • drogue (« substance psychotrope ») vient peut-être de droge (« produits séchés », « drogue »), substantivation de droge vate (« tonneaux secs »).
  • étape de stapel (« entrepôt »).
  • lof de loef (« côté du navire présente au vent »).
  • mannequin (« figurine ») de mannekijn (« petit homme »). Le sens de « panier » est emprunté au moyen néerlandais mannekijn (« petit panier »), diminutif de manne (« panier »).
  • pamplemousse est emprunté au néerlandais moderne pompelmoes (avec moes prononcé /mus/), dont l'étymologie est discutée : soit composé de pompel (« gros ») (ou de pompoen, « citrouille ») et de limoes (« citron »), soit lui-même emprunté au tamoul பம்பரமாசு (pamparamāsu) (« bigarade »). À l'origine, pamplemousse désigne Citrus maxima, mais s'applique aujourd'hui souvent à Citrus paradisi.
Appellations des deux fruits en France et dans quelques pays francophones.
Citrus maxima Citrus paradisi
français, usage en botanique et horticulture
français pamplemousse pomélo
français, usage commercial et courant
   
Belgique pomelo pamplemousse
Canada pamplemousse pomélo (ou pomelo), grapefruit (anglicisme) ou pamplemousse
France pamplemousse pamplemousse, pomélo (Moins courant)
Suisse pomélo grapefruit ou pamplemousse

Le néerlandais a également fourni des mots à d'autres langues. Par exemple, dans le cas de l'anglais :

  • cookie vient de koekje, diminutif de koek (« gâteau »)[5].
  • Santa Claus (Le surnom états-unien du père Noël.) vient de Sinterklaas (désignant saint Nicolas), lui-même altération de Sint Nikolaas[6].

Les emprunts à l'arabe

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Même après l'effondrement de l'Empire romain, l'Occident n'a jamais cessé d'entretenir des relations entre, d'une part, Byzance et, d'autre part, les pays d'Afrique du Nord et du Proche-Orient, essentiellement à partir de la Provence, du Languedoc et de l'Italie[1]. Les Croisades ont accentué ces contacts[1]. Inversement, la conquête de la péninsule Ibérique par les Arabes n'a pas laissé de traces majeures dans le reste de l'Europe, le franchissement des Pyrénées étant, somme toute, plus difficile que la traversée de la Méditerranée. Parmi les emprunts à l'arabe, citons :

  • adobe : de ألطوب (ʾāṭ-ṭwb) (« brique séchée au Soleil »). Le terme est arrivé en français au XIXe siècle, par le biais de l'espagnol, attesté dès le XIIe siècle. [1868]
  • alambic : de الإنبيق (āl-anbyq) formé de ال (āl) (« le », « la ») et du grec ancien ἄμϐιξ (ámbix) (« vase »), de même sens, peut-être via le latin médiéval des alchimistes. Dauzat a proposé un intermédiaire espagnol alambique, mais celui-ci est impossible car l'espagnol n'est attesté que depuis 1444. Le mot arabe a aussi donné l'italien lambisco, le portugais alambique. [1265]
  • alcali : de القلي (āl-qily) (« soude (plante) »), via le latin médiéval alkali. [1363]
  • alchimie : de الكيمياء (āl-kymyāʾ) (« science des quantités »). Le terme est arrivé en français au XIIIe siècle, par l'intermédiaire du latin médiéval alchimia. L'arabe viendrait du grec ancien χυμεία (khumeía) (« mélange »), lui-même de χυμός (khumós) (« jus »), ou d'un mot copte signifiant « noir », désignant aussi l'Égypte. Les mots alchimie et chimie sont restés synonymes jusqu'à l'apparition de la chimie moderne à la fin du XVIIIe siècle [3]. [1275]
  • alcool : de الكحل (āl-kuḥl) (« distillat », « poudre »), par l'espagnol alcohol. [1586]
  • alcôve : de القبة (āl-qubba) (« petite pièce »), par le biais de l'espagnol alcoba. [1646]
  • algèbre : de الجبر (āl-ǧabr) (« réduction » au sens où nous disons que le problème se ramène / se réduit à un système à deux équations), via le latin médiéval algebra. [fin du XIVe siècle]
  • algorithme : du nom du mathématicien perse Al-Khwârizmî, par l'intermédiaire de l'ancien espagnol algorismo. La forme actuelle est calquée sur le latin médiéval algorithmus, altération influencé par arithmetica. [1230]
  • amiral : de أميرالعلي (ʾāmyr āl-ʿalī) (« grand chef »). [1100]
  • avarie : de عَوَارِيَّة (ʿawāriyya), dérivé de عور (ʿawar) (« défaut »), par le génois avaria. [1200]
  • aya : de آية (ʾāya) (« verset »)
  • azur : de لازورد (lāzaward) (« lapis-lazuli ») [1080]
  • Abdallah : de عبد الله (ʿAbdullāh) (« serviteur de Dieu »)
  • Abdellatif : de عبد اللطيف‎ (ʿAbdullāṭyf) (« serviteur de l'Aimable »)
  • Aladin : de علاء الدين (ʿAlāʾad-dyn) (« noblesse de foi »)
  • Allah : de الله (ʾAllāh) (« Dieu »)
  • Al-Qaïda : de القاعدة (āl-Qāʿyda) (« la Base ») [XXe siècle]
  • brêle : de بغل (beġel) (« mulet »)
  • cafard : de « كافر » (kāfir) (« hypocrite », « faux dévot »)
  • café : de « قهوة » (qahwah)
  • calife : de « خليفة » (ḫalyfah) (« successeur [du Prophète] »)
  • camphre : de « كافور » (kāfwr) issu du sanskrit « कर्पूरम् » (karpūram).
  • candi : initialement dit condi, par l'intermédiaire de l'italien, emprunté à l'arabe « قندي » (qandy) (« confit ») [1256]
  • chahada : de « شهادة » (šahādat) (« témoignage de foi »)
  • charia : de « شريعة » (šaryʿah) (« chemin pour respecter la loi [de Dieu] »)
  • cheh : de « صح » (ṣaḥ) («  »)
  • cheikh : de « شيخ » (šayḫ) (« maître », « vieillard », « sage »)
  • cheykha : de « شيخة » (šayḫa) (« »)
  • chéchia : de « شاشية » (šašyah) («  »)
  • chérif : de « شريف » (šaryf) («  »)
  • Coran : de « القران » (āl-Qurān) (« la Récitation »)
  • dawa : de « دعوة » (daʿwa) (« appel »)
  • djihad : de « جهاد » (ǧihād) (« effort »)
  • djinn : de « جن » (ǧinn) (« génie » au sens d'« être merveilleux »)
  • estragon : de « طرخون » (ṭarḫwn)
  • élixir : de « إكسير » (āl-ʾiksyr) (« la pierre philosophale ») formé de « ال » (āl) (« le », « la ») et du grec ancien « ξηρίον » (xêríon) (« poudre siccative à mettre sur les blessures »)
  • éfrit : de « عفريت » (ʿfryt)
  • émir : de « أمير » (ʾāmyr) (« commandant », « prince »)
  • fanfaron : de « فرفار » (farfār) (« volage », « inconstant », « bavard »)
  • fez : de « فأس » (fās) (« »)
  • fissa : de « في ساعة » (fy sāʿah) (« dans l'instant », « sur l'heure »)
  • fondouk : de « فندق » (funduq) (« hôtel ») issu du grec ancien « πανδοκεῖον » (pandokeîon) (« auberge »)
  • Fatima : de « فاطمة » (Fāṭima) (« jeune chamelle sevrée »)
  • gazelle : de « غزال » (ġazāl) (« antilope ») [fin du XIIe siècle]
  • goudron : de « قطران » (qaṭrān) (« asphalte »)
  • goule (au sens de « créature monstrueuse ») : de « غول » (ġwl) (« démon »). Le nom du criminel Ra's al Ghul vient de « رأس الغول‎ » (Rāʾs āl-Ḡwl) (« Tête de démon »).
  • gourbi : de « غوربي » (ġwrby) (« »)
  • gwer : de « غور » (ġwr) («  »), diminutif de « غوري » (Ġawry) (« Ligurien »)
  • hadith : de « حديث » (ḥadyṯ) (« parole du Prophète »)
  • hajj : de « حج » (ḥaǧ) (« pèlerinage »)
  • halal : de « حلال » (ḥalāl) (« licite »)
  • hamdoullah : de « الحمد لله » (āl-ḥamdullāh) (« louange à Dieu »)
  • haram : de « حرام » (ḥarām) (« illicite »)
  • hasard : de « الزهر » (az-zahr) (« dé », « jeu de dés »), nommé d'après « زهر » (zahr) (« fleur ») car la face gagnante du dé portait une fleur
  • hchouma : de « حشومة » (ḥswmah)
  • inch'Allah : de « ان شاء الله » (in šāʾ ʾAllāh) (« si Allah le veut »)
  • Iblis : de « إبليس‎‎ » (Iblīs) (« Celui qui n'a plus d'espoir [de se repentir] »)
  • Jafar : de « جعفر » (Ǧaʿfar)
  • Jaouad : de « جواد » (Ǧawād)
  • Jasmine : de « ياسمين » (Yāsmyn)
  • keffieh : de « كوفية » (kwfīya) («  »)
  • khey : de « أخي » (ʾaḫī) (« frère »)
  • maboul : de « مهبول » (mahbwl) (« fou », « débile ») [XIXe siècle]
  • machallah : de « ماشاء الله » (māšāʾallāh) (« ce que Dieu veut »)
  • masser (au sens de « pétrir avec les mains ») : de « مس » (mas) (« palper », « toucher ») [XVIIIe siècle]
  • matelas : de « مطرح » (maṭraḥ) (« tapis », « lieu où l'on jette quelque chose ») [XVIe siècle]
  • mesquin : de « ‎مسكين » (miskyn) (« pauvre »)
  • miramolin : de « أمير المؤمنين ‎» (ʾāmyr āl-mwʾminyn) (« commandeur des croyants »)
  • momie : de « مومياء » (mwmyāʾ) (« corps embaumé »)
  • mounâfik : de : « ‏منافق » (munāfiq) (« hypocrite »)
  • Machrek : de « المشرق » (āl-Mašriq) (« le Levant »)
  • Maghreb : de « المغرب » (āl-Maġrib) (« le Couchant »)
  • Mahomet : de « محمد‎ » (Muḥammad) (« digne de louanges »)
  • Moustapha : de « مصطفى » (Muṣṭafaā) (« l'Élu »)
  • nifâk : de « نفاق‎‎ » (nifāq) (« hypocrisie »)
  • niquer : de « نك » (nik) (« faire l'amour ») [XIXe siècle]
  • nuque : de « نخاع » (nuḫāʿ) (« partie dorsale du cou ») [XIVe siècle]
  • Omar : de « عمر » (ʿOmar) («  »)
  • papegai (ancien nom français du perroquet) : de « ببغاء » (babaġāʾ) («  »)
  • ramdam : de « رمضان » (Ramaḍān) (« mois de jeûne »)
  • roumi : de « رومي » (Rwmy) (« Romain »)
  • salat : de « صلاة » (ṣalāt) (« ensemble de cinq prières »)
  • salep : de « ثعلب » (ṯaʿlab) (« renard ») abréviation de « خصى الثعلب » (ḫuṣān aṯ-ṯaʿlab) (« testicules de renard ») Le nom complet fut choisi en raison de la forme des bulbes de cette plante.
  • saoum : de « صوم‎ » (ṣawm) (« jeûne »)
  • starfallah : de « أستغفر الله » (ʾastaḡfirullāh) (« Que Dieu me pardonne »)
  • soubhanallah : de « سبحان الله » (subḥān allāh) (« louez Dieu »)
  • souk : de « سوق » (sūq) (« marché »)
  • sourate : de « سورة » (swrah) (« chapitre »)
  • sucre : de « سكر » (sukar) issu du sanskrit « शर्करा » (śarkarā).
  • sultan : de « سلطان » (sulṭān) (« pouvoir », « autorité »)
  • Saïd : de « سعيد »‎ (Saʿyd) (« heureux »)
  • Salîm : de « سليم » (Salym) (« le Saint », « le Parfait »)
  • Shaytân : de « شيطان » (Šayṭān) (« l'Adversaire »)
  • talc : de « تلك » (talk)
  • tarbouche : de « طربوش » (ṭarbwš) (« »)
  • toubib : de « طبيب » (ṭabyb) (« médecin ») [1617]
  • wallah : de « والله » (wallāh) (« par Dieu »)
  • wesh : de « واش » (wāš) (« quoi »)
  • Wahid : de « واحد » (Wāḥid) (« l'Unique »)
  • zakât : de « زكاة » (zakāt) (« purification »)
  • zinzolin : de « جنجلان » (ğunğulān) (« semence de sésame »)
  • zob : de « زب » (zubb) (« pénis »)

Beaucoup de mots empruntés à l'arabe commencent par al ou a car, en arabe, al est l'article défini qui a été accolé au substantif lors de l'emprunt. (Comme si un enfant qui maîtrisait encore mal le français disait le lane pour l'âne.)

Un cas intéressant est l'emprunt du mot « صفر » (ṣifr) qui signifie « vide » et a été transcrit à la fois par « chiffre » et par « zéro » (la notation arabe des chiffres utilisant un point pour le zéro).

Les emprunts à l'italien

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Les royales épouses et les nobles dames venues d'Italie au XVIe siècle et au début du suivant ont apporté la civilisation du Quattrocento dans leurs bagages : vocabulaire des cours ducales et princières et du commerce qui avait permis les développements économiques lombard et toscan. Bref, quelque 8000 mots à l'époque, dont environ 10% sont utilisés encore aujourd'hui. Sur les 2000 à 8000 italianismes que comptait la langue française, seulement 700 environ ont survécu. Citons :

  • accort : de accorto (« clairvoyant », « adroit »)
  • amouracher : de amoracciare («  »)
  • assassin : de assassino (« meurtrier »)
  • avoir martel (terme aujourd'hui disparu) : être jaloux(se)
  • bambin : de bambino (« bébé », « enfant »)
  • bamboche : de bamboccio (« poupard », « bébé joufflu »)
  • banque : de banca. La banque est un banc ou plutôt une petite table sur laquelle on pose l'argent à changer, ce qui constituait l'activité première des banques. En cas de faillite (d'une racine signifiant « tomber » que l'on retrouve dans « défaillir ») du banquier, la corporation lui interdisait symboliquement de continuer son activité en lui cassant sa table. (D'où l'italien « bancarotta », qui a donné le français « banqueroute ».)
  • bataillon : de battaglione
  • berlingot : de berlingozzo
  • bombe : de bomba
  • birouchette : de baroccio (« charrette à deux roues »)
  • brocoli : du pluriel de broccolo
  • burler (terme aujourd'hui disparu) : se moquer
  • brusque : de brusco (« âpre », « aigre »)
  • cabriole : de capriola (« saut de cabri »)
  • caprice : de capriccio (« frisson »)
  • carrière : de carriera (« chemin de chars »)
  • carrosse : de carrozza
  • carrousel : de carosello
  • carton : de cartone
  • cartouche : de cartuccia
  • charlatan : de ciarlatano
  • citrouille : de citruolo
  • colonel : de colonello
  • cortège : de corteggio
  • courtisan : de cortigiano
  • courtiser : de corteggiare
  • couci-couci : de così così (« ainsi ainsi »)
  • désastre : de disastro (« mauvaise étoile »)
  • discote (terme aujourd'hui disparu) : de discotto (« éloigné »)
  • escadre : de squadra
  • escadron : de squadrone
  • escarpe (terme aujourd'hui disparu) : de scarpa (« chaussure »)
  • escarpin : de scarpino
  • escroc : de scrocco
  • espadon : de spadone (« grande épée »)
  • -esque : de -esco
  • estafette : de staffetta (« courrier à cheval »)
  • estivallet (terme aujourd'hui disparu) : de (« bottine »)
  • fantassin : de fantaccino
  • fantoche : de fantoccio (« marionnette »)
  • filigrane : de filigrana
  • frasque : de frasca (« soudain écart de conduite »)
  • fresque : de fresco (« frais »)
  • galbe : de garbo (« courbe gracieuse »)
  • ganache : de ganascia (« mâchoire »)
  • gonze : de gonzo (« idiot »)
  • hippogriffe : de ippogrifo
  • imbattre (terme aujourd'hui disparu) : de imbrattare
  • intrigue : de intrigo
  • jalousie (au sens de « treillis de bois ou de fer permettant d'observer sans être vu ») : de gelosia
  • lasagne : du pluriel de lasagna.
  • le plus de temps : de il più del tempo
  • leste : de lesto (« adroit, agile »)
  • manège : de maneggio
  • masque : de maschera
  • page (au sens de « serviteur d'un aristocrate ») : de paggio
  • paillasse (au sens de « bouffon ») : de pagliaccio (« bateleur », « clown », « pitre »)
  • pécore : de pecora (« brebis »)
  • pédant : de pedante
  • pianelle (terme aujourd'hui disparu) : de pianella (« chaussure de daim »)
  • piédestal : de piedestallo
  • pizza
  • pizzaïolo : de pizzaiolo
  • plastron : de piastrone
  • poltron : de poltrone (« paresseux »)
  • porcelaine : de porcellana
  • salami : du pluriel de salame
  • sbire : de sbirro (« homme de main »)
  • sigisbée : de cicisbeo (« galant », « dameret »)
  • spadassin : de spadaccino (« bretteur »)
  • spaghetti : du pluriel de spaghetto.
  • spurquesse (terme aujourd'hui disparu) : de sporchezza (« saleté »)
  • supercherie : de soperchieria
  • taffetas : de taffetà
  • trop mieux : de troppo meglio
  • trop plus : de troppo più
  • voltiger : de volteggiare (« voleter »)
  • zibeline : de zibellino

L'essentiel du vocabulaire français lié à la musique est emprunté à l'italien. Citons :

  • allégro = joyeux
  • andante = simple, habituel (mot à mot : qui marche [à pieds])
  • adagio = lentement (Si vous circulez en véhicule sur les routes d'Italie, vous constaterez que ce mot apparaît fréquemment à l'entrée des parkings souterrains ou aux abords des écoles.)
  • scherzo = plaisanterie
  • ténor = de « tenore » qui désigne le « contenu essentiel » ; formule comparable aux expressions françaises « teneur de la loi » ou « teneur en oxygène ». Le ténor est le chanteur qui assume l'essentiel de l'opéra.

À la période romantique s'ajouteront des mots allemands comme « Lied » (« chant »).

Les emprunts au russe

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Vers la fin du XIXe siècle, la popularité des romans russes, traduits en français, apportent beaucoup de nouveaux mots (steppe, cosaque, toundra, etc.)[1]. À leur tour, la révolution russe et le développement du socialisme introduisent nombre de nouveaux termes en français (kolkhoze, bolchévique, koulak, soviet, etc.)[1]. Parmi les nombreux emprunts, citons :

  • bogatyr : de « богатырь » (bogatyr’) (« héros »).
  • combinat : de « комбинат » (kombinat).
  • cosmonaute : de « космонавт » (kosmonavt).
  • datcha : de « дача » (datcha).
  • drojki : de « дрожки » (drojki).
  • goulag : lexicalisation de « ГУЛАГ » (GULÁG), acronyme de « Главное Управление Лагерей » (Glávnyj Upravlěniě Láger') (« Direction Principale des Camps »).
  • icône : de « икона » (ikona) (« image religieuse »).
  • isba : de « изба » (izba).
  • jaleïka : de « жалейка » (jaleïka).
  • kopeck : de « копейка » (kopeïka).
  • lezguinka : « лезгинка » (lezginka).
  • mammouth : de « мамант » (mamant), variante désuète de « мамонт » (mamont).
  • mazout : de « мазут » (mazout), issu de l'arabe « مَخْزول » (maḫzwl) (« résidu »).
  • morse : de « морж » (morj).
  • moujik : de « мужик » (moujik), diminutif de « муж » (mouj) (« homme »).
  • niet : de « нет » (niet) (« non »).
  • novitchok : de « новичок » (novitchok) (« novice »).
  • oblast : de « область » (oblast').
  • pérestroïka : de « перестройка » (perestroika).
  • podzol : de « подзол » (podzol).
  • rouble : de « рубль » (rubl').
  • sarafane : de « сарафан » (sarafan).
  • taïga : de « тайга » (taiga).
  • télègue : de « телега » (telega).
  • tsar : de « царь » (tsar'), lui-même du vieux slave « цѣсарь » (cěsarĭ), emprunté au latin « Caesar » via le grec ancien « Καῖσαρ » (Kaîsar), source aussi de l'allemand « Kaiser » (d'où kaiser en français).
  • ukase : de « указ » (oukaz).
  • vodka : de « водка » (vodka), diminutif de « вода » (voda) (« eau ») avec le suffixe « ­-ка » (-ka).
  • yourte : de « юрта » (jourta).

Les emprunts à l'allemand

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Les emprunts à l'allemand sont souvent limités à des vocabulaires spéciaux, notamment celui de la guerre[1]. Ils ont été apportés par les mercenaires allemands et suisses des XVIe et XVIIe siècles, et, dans une moindre mesure, par l'occupation allemande de 1870 à 1873 et l'occupation de 1940 à 1943[1] :

  • accordéon : de Akkordeon, mot forgé en 1829 par Cyrill Demian, inventeur de l'instrument.
  • aspirine : de Aspirin.
  • aux fines herbes (« au revoir ») : c'est une déformation de « auf Wiedersehen ».
  • blitzkrieg : de Blitzkrieg (« guerre éclair »), composé de Blitz (« éclair ») et de Krieg (« guerre »).
  • blockhaus : de Blockhaus
  • bunker : de Bunker
  • cobalt : emprunt à l'allemand Kobalt, de Kobold, nom d'un lutin malicieux.
  • devise : au sens financier, probablement de Devise
  • écologie : de Ökologie, terme forgé par Ernst Haeckel en 1866.
  • ersatz (mot à mot qui se tient à la place de).
  • feldwebel : de l'allemand Feldwebel, même sens.
  • flic est dérivé de « Fliege » (« mouche », d'après le sens argotique « espion »), ou de « Flick » (« garçon, jeune homme »).
  • fritz : du prénom allemand Fritz, diminutif de Friedrich.
  • Gestapo : de l'allemand, ellipse de Geheime Staatspolizei (« police secrète d’État »).
  • heimatlos : emprunt à l'allemand heimatlos (« apatride »).
  • homosexuel : probablement de homosexual, composé de homo- et de sexual.
  • képi : de Käppi.
  • lansquenet : de Landsknecht (« fantassin »).
  • loustic est la francisation de lustig (« joyeux »). Dans les troupes allemandes, il y avait un bouffon que l'on appelait « Lustig » (« le Joyeux »).
  • nazi : de Nazi, contraction de Nationalsozialist.
  • obus : de Haubitze (« obusier »), lui-même emprunté au tchèque houfnice (« catapulte »).
  • putsch : de Putsch.
  • se faire appeler Arthur (« se faire gronder ») : dans cette locution, « Arthur » est une déformation de « acht Uhr » signifiant « huit heures » ; pendant la Seconde Guerre mondiale, en France occupée, le couvre-feu était à huit heures du soir. Les patrouilles allemandes avaient donc pour habitude de prévenir les retardataires en leur indiquant leur montre et en leur disant « acht Uhr! ».
  • thalweg : de Thalweg, composé de Thal (« vallée ») et de Weg (« chemin »).
  • Wehrmacht : de Wehrmacht.

Les emprunts aux langues américaines indigènes

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Tous les produits exotiques découverts aux « Indes occidentales » comme l'on disait alors ont été importés, le plus souvent via l'Espagne ou le Portugal avec leur nom d'origine plus ou moins bien compris et déformé. Ainsi :

  • avocat et hamac des Caraïbes
  • cacahuète
  • chocolat
  • topinambour qui en même temps qu'il désignait le tubercule comestible avait aussi le sens de « personne de caractère ombrageux », caractère que l'on attribuait à la tribu Topinambour d'où ont été exportées les premières de ces plantes.

Cela explique que ces mots soient peu ou prou identiques dans toutes les langues européennes d'aujourd'hui. On notera le cas de l'espagnol qui appelle « platanas », les bananes. Lorsque les premiers Conquistadores rapportèrent des bananes à Séville, les badauds leur demandèrent combien il en poussait « là-bas ». « Autant que de platanes à Séville » fut la réponse qui parut par trop exagérée (bien qu'elle fut vraie) et conduisit à appeler le fruit « platana » à Séville puis dans toute l'Espagne.

Indépendamment de ces importations, espagnol et portugais ont laissé quelques mots apportés par les mercenaires et liés à la vie militaire tels « adjudant » ou « camarade ».

L'adjudant est celui qui aide (Du verbe adjutare, « aider ») un officier (un aide de camp) comme l'adjuvant est un additif qui renforce (qui aide) les qualités d'un remède ou d'un produit industriel comme le béton.

Le camarade est celui avec qui l'on partage sa chambre (« camera » d'où la « camera obscura » (chambre noire) qui aboutit plus simplement à la caméra [de cinéma]). Le camarade est le compagnon de chambrée, le compagnon étant celui avec (cum) qui l'on partage le pain (panis).

Du portugais l'on peut aussi retenir :

  • pintade qui est l'abrégé de « galina pintada » (poule peinte)
  • sombrer qui vient — via un verbe français « soussoubrer » — d'un verbe portugais « soçobrar » signifiant « aller sous l'eau ».

Les emprunts à l'anglais

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S'ils sont aujourd'hui importants, surtout à travers l'américain, il n'en fut pas ainsi pendant longtemps ne serait-ce que parce que les familles anglaises parlaient français et que la première grammaire française fut rédigée en anglais pour permettre aux féodaux autochtones d'acquérir la langue d'expression de leurs souverains.

Les premiers emprunts à l'anglais apparaissent au XVIIIe siècle sous la double influence du libéralisme politique qui se développe en Angleterre et définit les notions et les mots de « parlementaire » ou de « comité » et de l'expansion pré-industrielle comme de l'hégémonie maritime qui succède à celle des pays du Sud de l'Europe d'où « rail », et « tunnel ».

Les emprunts aux autres langues

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Les autres langues ont moins apporté, en dehors de mots désignant des institutions ou des produits locaux (comme les boyards, le caviar). Citons :

Le vieux norrois avec :

  • garer : de « varask » (« être sur ses gardes »).
  • quille (terme de marine), emprunté au vieux norrois « kilir », pluriel de « kjǫlr ».
  • saga, signifiant « récit mythologique ou historique » ; le mot est à rapprocher de l'anglais « to say » (« dire ») et de l'allemand « sagen » (même sens).
  • vague est issu de « vágr », apparenté à l'anglais « wave ».

Le japonais avec :

  • emoji : de « 絵文字 » (emoji).
  • judo, de « 柔道 » (jūdō), composé de « 柔 » (ju) (« souplesse ») et « 道 » (do) (« voie »), littéralement « voie de la souplesse ».
  • kakemono emprunté au japonais « 掛物 » (kakemono).
  • manga tiré de « 漫画 », lui-même composé de « 漫然 » (manzen) (« sans intention ») et « 画 » (ga) (« dessin »).
  • zen : emprunt au japonais « 禅 » (zen), issu du chinois « 禪 » (chán), lui-même abréviation de « 禪那 » (chánnà), du sanskrit « ध्यान » (dhyāna) (« méditation »).

Le turc avec :

  • babouche, de « papuç » (« chaussure »).
  • derviche, emprunté au turc « derviş », lui-même emprunt au persan « درويش » (derwiš) (« mendiant, pauvre »).
  • kebab, tiré de « kebap ».

L'occitan avec :

  • aïoli : de « alhòli ».
  • bosquet, issu de « bosquet », diminutif de « bòsc » (bois) avec le suffixe « -et ».
  • garrigue, emprunté à l'occitan « garriga », de l'ancien occitan « garric » (« chêne kermès »).
  • malfrat, probablement issu de « maufaras », « malfaras » (« malfaiteur »).
  • muscat.
  • péguer, mot utilisé en Occitanie signifiant « coller », est issu de l'occitan « pegar » (même sens).
  • pétanque, de l'occitan « petanca ».

Le fond gaulois

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La littérature gauloise était essentiellement composée de poésies épiques et transmise exclusivement par voie orale. C'est pourquoi s'il reste encore de nombreuses traces du gaulois dans les noms de lieux, cette langue n'a laissé — essentiellement à travers le latin — qu'une quarantaine de mots :

  • alouette
  • berceau
  • bordigue, cabane avec des étagères pour garder le poisson au bord de la mer
  • les braies, les « pantalons » de l'Antiquité, d'où viennent les mots « braguette » et « débraillé ».
  • bruyère. Le mot a été, par ailleurs confondu avec le mot latin « ruscus » qui signifiait « houx ». Un terrain à bruyères était appelé « bruscia » (qui signifiait « taillis », « buisson ») puis « brousse » (et « broussaille ») mais aussi « brosse » d'où les premières brosses qui n'étaient pas faites pour se coiffer mais pour laver le linge ou le sol et donc fabriquées à partir de végétaux très durs et acérés. « brosse » et « brousse » se spécialisèrent par la suite mais il reste des traces de cette synonymie en français moderne : « brosser » lorsque l'on parle d'un animal qui se faufile dans les taillis (ex : En brossant, le lièvre évita le chasseur.). Par analogie, on appelle aussi « brosse », la rangée de poils que l'on trouve au bout des pattes ou antennes de certains insectes et qui leur permettent, par exemple, de se situer dans l'espace tout en servant à la pollinisation.
  • cervoise, bière d’orge ou de blé sans houblon.
  • charrue qui désigne à l'origine un char gaulois puis un char agricole puis finit par se limiter à un instrument muni de roues et d'un soc.
  • chêne qui est une fusion du gaulois latinisé casanus et du mot bas latin fresne
  • glaner
  • sillon d'une racine signifiant amasser de la terre
  • probablement tamis avec le même sens.
  • taisson qui est l'ancien nom du blaireau.
  • talus, de talo qui désigne le front puis, par analogie avec la pente du front, un terrain en pente dans le langage des mineurs

L'emprunt par composition lexicale

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Une forme particulière d'emprunt est la composition lexicale à partir de racines grecques et latines, contrairement à l'emprunt proprement dit où un mot étranger courant est introduit dans la langue d'accueil. Initié dès le XVIe siècle, le procédé a été particulièrement utilisé de 1750 à 1950 (pour avoir des chiffres ronds) dans tous les domaines de la vie scientifique et technique. En principe les deux racines doivent être ou grecques ou latines mais l'on rencontre des mots mixtes.

Les spécialités médicales en sont un bon exemple ; à partir de « -logie » (de « λόγος », l'étude) on construit :

  • « andrologie » [] de « ἀνήρ », l'homme en grec ancien.
  • « anthropologie » [] de « ἄνθρωπος », l'être humain en grec ancien.
  • « cardiologie » [1797] de « καρδία », le cœur en grec ancien.
  • « coprologie » [] de « κόπρος », l'excrément en grec ancien.
  • « dermatologie » [1836] de « δέρμα », la peau en grec ancien. Le mot latin « pellis » désigne initialement la peau de bête tannée ; appliquer ce terme à la peau humaine a dû être quelque peu grossier à l'origine, comme aujourd'hui parler de la « gueule » de quelqu'un.
  • « gynécologie » [] de « γυνή », la femme en grec ancien.
  • « hématologie » [] de « αἷμα », le sang en grec ancien.
  • « œnologie » [] de « οἶνος », le vin en grec ancien.
  • « oncologie » [1970] de « ὄγκος », la tumeur en grec ancien ; les tumeurs constituent un amas en imagerie médicale comme à la palpation
  • « ophtalmologie » [1753] de « ὀφθαλμός », l'œil en grec ancien
  • « proctologie » [1970] de « πρωκτός », l'anus en grec ancien
  • « scatologie » [] de « σκῶρ », l'excrément en grec ancien.
  • « urologie » [] de « οὖρον », l'urine en grec ancien

De la même façon, on construit :

  • « saurien » [1800] (de « σαῦρος » (« lézard »)) reptile à écailles
  • « dinosaure » [1845] (de « δεινός » (« terrible ») et « σαῦρος » (« lézard »)
  • « ichtyosaure » [1824] (de « ἰχθύς » (« poisson ») et « σαῦρος » (« lézard »)
  • « lycoperdon » [] (de « λύκος » (« loup ») et « πέρδομαι » (« flatuler »)
  • « callipyge » [] (de « κάλλος » (« beauté ») et « πυγή » (« fesse »)

ou encore, en vrac :

  • « alopécie » [e siècle] qui désigne la chute des cheveux comparée à celle des poils du renard (« ἀλώπηξ ») se produisant chaque année.
  • « dromadaire » [XIIe siècle] qui est le coureur (« δρομάς ») du désert
  • « éthologie » [1856] l'étude des mœurs (« ἦθος »)
  • « hippopotame » [1265] qui est le cheval (« ἵππος ») du fleuve (« πόταμος »)
  • « hippodrome » [1534] qui est la course (« δρόμος ») du cheval (« ἵππος »)
  • « pétrole » [XIIIe siècle] de « πετρέλαιον »
  • « rhinocéros » [1288] qui a une corne (« κέρας ») sur le nez (« ῥίς »)

Certains mots furent composés autrement :

  • « chauve-souris » vient du bas latin calvas sorices (pluriel), altération sous l'influence de calvus (« chauve »), du bas latin cawa sorix, formé de cawa (« chouette ») et sorix (« souris »), signifiant littéralement « chouette-souris ». Le petit de ce mammifère volant s'appelle le « chauve-souriceau » (« chauve-souricelle » au féminin). Le nom anglais de cet animal est « bat », ce qui insipira Bill Finger et Bob Kane pour la création de Batman.
  • « soutien-gorge » [1904] dérive de soutien et de gorge. Dans ce mot, gorge signifie métaphoriquement « poitrine » ou « sein ».

Les noms propres (personnes, villes, personnages de roman) devenus noms communs

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Le plus connu est Poubelle du nom du préfet de police de Paris, qui imposa, en 1884, de placer les déchets dans un récipient et non de les déposer en vrac sur la chaussée et institua leur collecte régulière mais l'on peut également citer :

  • le père Clément qui fut le premier à obtenir des clémentines dans un orphelinat d'Oran en 1902 par greffe d'un hybride d'oranger et de mandarinier sur un pied de mandarinier.
  • John Loudon MacAdam qui utilisa un revêtement qui venait d'être mis au point pour solidariser les routes et les rendre plus confortables.
  • En 1950, après avoir assisté à une grande exposition du peintre Vittore Carpaccio, le chef Giuseppe Cipriani inventa une recette de viande de bœuf crue à laquelle il donna le nom de famille de l'artiste.
  • Casanova est le nom de famille d'un Italien qui écrivit de célèbres mémoires érotiques (et non « pornographiques » ; bien qu'« érotisme » et « pornographie » viennent tous deux du grec ancien, les sens respectifs de ces deux mots sont très différents.) Aujourd'hui, on appelle « casanova » un homme désirant ardemment séduire de nombreuses femmes.
  • Doberman est le nom de famille d'un gardien de fourrière d'une petite ville allemande qui, chargé d'exterminer les chiens errants, réussit à les croiser de façon à obtenir une race de chiens de garde et en sauva ainsi quelques-uns d'une mort prématurée
  • John Duns Scot (1266-1308) est un théologien et philosophe écossais. Devenu « dunce » en anglais, son nom pris le sens du mot français « cancre » désignant un écolier paresseux. Dans les écoles anglo-américaines, on coiffait autrefois les mauvais élèves de chapeaux coniques portant le mot « ᴅᴜɴᴄᴇ ». L'anglais « dunce cap » correspond métaphoriquement au français «  bonnet d'âne ».
  • Guillaume est l'imprimeur qui introduisit les guillemets (appelés initialement « guillaumets ») dans l'imprimerie ; dans ce secteur, un autre Guillaume, Massiquot (1797-1870) laisse son nom sous une forme orthographique simplifiée (massicot) au dispositif qui permet de couper les feuilles.
  • Louis Pasteur dont le nom se retrouve dans la plupart des langues dans des termes comme « pasteuriser » ou « pasteurisation »
  • François Barrême, mathématicien (1640-1703) auteur d'un des premiers manuels pratiques de comptabilité
  • Partisane de la réforme vestimentaire, l'employée des postes Amelia Bloomer fit la promotion de culottes bouffantes ; avec le temps, ces sous-vêtements prirent le nom de leur promotrice.
  • Devenu aveugle très jeune, Louis Braille improvisa un système d'écriture en relief facilement lisible du bout des doigts.
  • Carlo Tonti qui conçu les tontines (dans une tontine, un emprunteur offre 100 euros par an pour rémunérer un capital initial de 10 000 euros par exemple. Au fur et à mesure que les prêteurs meurent la rémunération annuelle qui reste constante à 100 euros est répartie sur les seuls survivants ; ce procède fut très utilisé par les rois de France du milieu du XVIIe siècle aux abords de la Révolution française puis par les premières institutions mutualistes)
  • Figaro. Personnage de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, il est le barbier du Comte Almaviva ; « aller chez le figaro » signifie « aller chez le barbier/coiffeur ». Dans la deuxième pièce de la trilogie lui étant consacrée, il dit à la scène 3 de l'acte V : « Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur. » Depuis sa fondation le 15 janvier 1826, le journal quotidien Le Figaro met cette réplique en exergue comme étant sa devise.
  • Frangipane. Marquis italien, Frangipani mis au point en 1558 un parfum pour les gants ; ledit parfum connut rapidement du succès pour accommoder les pâtisseries.
  • Fuller. Eugène Fuller est l'architecte qui dessina les plans de la géode. Les nano-particules ont une structure qui rappelle une géode. Pour honorer Fuller on eut l'idée de donner son nom à la structure.
  • Bougainvilliers, navigateur qui ramena la plante. De même, camélia (initialement écrit Camellia) à qui Linné (qui nomma nombre de plantes de façon raisonnée) donna ce nom en souvenir du père jésuite qui l'avait ramené du Japon : Camellus
  • Oignon était le responsable du protocole de Louis XIV et il exigeait des Grands qu'ils fussent rangés. Par la suite, la référence à ce royal ordonnancement fut oubliée et l'image d'oignons rangés sur un marché se substitua à l'originale.
  • Calepin. En 1502, Ambrogio Calepino publia un dictionnaire de latin. Le mot « calepin » désigna d'abord un dictionnaire (latin ou non) puis évolua vers le sens de recueil de notes.
  • Sandwich est le nom d'un comte anglais (1718-1792) qui, joueur infatigable, demanda qu'on lui servît son repas entre deux tranches de pain pour ne pas quitter le salon de jeu.
  • grégorien : Pape de 590 à 604, Grégoire XIII fixa définitivement les textes rituels et plaça la messe à la première place des cérémonies du culte, sur le plan artistique. Il fit établir une sélection de chants épurés destinés à toutes les fêtes de l'année (l'antiphonaire) et fonda une école de musique destinée à diffuser une nouvelle interprétation mélodique. Il réforma également le calendrier julien.
  • Lalune était un général dont les bourdes étaient nombreuses d'où l'expression bête comme la lune
  • À l'inverse, Jean Colin-Maillard, aveuglé par le sang d'une blessure infligée par l'ennemi se saisit d'un maillard (« marteau » — à comparer avec « maillet » —) et frappant plus ou moins au hasard massacra nombre de ses adversaires ; d'où le jeu de colin-maillard.
  • Hooley était un Irlandais qui rançonnait les paysans en faisant montre d'une extrême violence vis à vis de ceux qui ne se soumettaient pas à ses exactions d'où les « hooligans » des stades.
  • Étienne de Silhouette était contrôleur général des Finances au XVIIIe siècle. Son nom est resté dans la langue soit en raison des nombreuses caricatures que l'on fit de lui soit du fait de ses passages rapides aux affaires qui ne permettaient que de l'y apercevoir.
  • dulcinée désigne poétiquement une femme inspirant une passion romanesque. Cet emploi provient du nom d'un personnage de L'Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, l'œuvre la plus connue de Miguel de Cervantes (1547-1616).
  • Paparazzo est le nom d'un photographe apparaissant dans le film La Dolce Vita (1960). Aujourd'hui, on appelle « paparazzo » un photographe ayant comme domaine de prédilection la vie privée des célébrités.

Dans le genre « grunge » on trouve isabelle et bourdaloue.

  • isabelle est la couleur de la robe d'un cheval ou du pelage d'un chat qui associe jaune pâle, rouge et noir. La légende veut qu'une noble dame prénommée Isabelle ait fait vœu de ne pas changer sa chemise entre le départ de son époux pour la guerre et son retour. Il existe deux variantes : Isabelle la Catholique lorsque le roi soutint le siège de Grenade (1491) qui dura un an et l'archi-duchesse Isabelle, petite fille de Catherine de Médicis et de Henri II lorsque son époux — Albert — partit pour Ostende et revient en triomphateur après que la ville ait cessé de lui résister pendant trois ans. D'où la couleur de la chemise au retour du bien-aimé. Il semble cependant aux philologues modernes que le mot est tout simplement l'emprunt du mot hiza (lion) à l'arabe à cause de la couleur du pelage de ce fauve.
  • Bourdaloue (ce n'est plus légende mais réalité) était un prédicateur de Notre-Dame de Paris à l'éloquence fort prisée des dames de la bourgeoisie parisienne. Rhétoricien accompli, il captivait son public pendant plusieurs heures et certaines dames eurent l'idée de s'équiper d'un petit vase très discret leur permettant de satisfaire leurs besoins naturels sans quitter leur place (à l'époque les robes étaient assez larges)
  • Dans l'Orlando innamorato, Matteo Maria Boiardo raconte que le roi circassien Sacripante fit preuve d'une bravoure et d'une force extraordinaires pour porter secours à la dame de ses pensées sans qu'on le payât en retour. Francisé en sacripant, le nom de ce personnage désigna d'abord un bravache (Au même titre que « matamore » et « rodomont ».), puis un mauvais sujet et une personne dont la compagnie est peu recommandable. Aujourd'hui, il s'emploie affectueusement pour désigner un individu espiègle ou malicieux (En particulier les petits garçons, au même titre que « chenapan », « coquin » et « garnement »).

Coté paillettes, au contraire, le strass fut inventé par un joailler parisien : Georges Frederic Strass (1770-1773)

Pour ce qui est des villes citons :

  • angora : Initialement on ne parlait pas d'un chat angora mais d'un chat d'Angora, ancien nom de la ville d'Ankara en Turquie
  • bougie. Cire fine de Bougie, ville située dans l'Algérie actuelle, prisée dès le XIVe siècle car elle ne produisait pas trop de fumée pour un bon éclairage.
  • corbillard. Dès le XVIe siècle, on appelait « corbeillard » le coche d'eau — peint en noir — qui assurait une navette entre Paris et Corbeil. Le mot pris son sens actuel au XVIIIe siècle. Les bateaux-mouches ont une origine identique : une navette entre Lyon et le quartier de La Mouche.
  • cordonnier. Étymologiquement, c'est celui qui travaille le cuir à la façon des Cordouans (habitants de Cordoue en Espagne) ou, plus probablement, le cuir en provenance de cette ville.
  • cravate. C'est à l'origine le large ruban que les soldats du Royal Croate étaient autorisés à porter par Louis XIV. « Croate » se prononça rapidement « cravate ».
  • faïence. Ce type de poterie fut imaginé dans le région italienne de Faenza (une cinquantaine de kilomètres au sud-est de Bologne).
  • jeans. Vers 1850, Levi-Strauss fabrique des pantalons avec de la toile servant à bâcher les chariots dont il renforce les coutures avec des rivets. Cependant une dizaine d'années plus tard il trouve encore plus résistant : un tissu de coton fabriqué à Nîmes depuis la fin du XVIe siècle, teint en bleu avec de l'indigo. Ce tissu de Nîmes deviendra denim d'abord prononcé denime. Comme Nîmes n'est pas un port, c'est de Gênes que le tissu prend la mer pour les États-Unis d'où sa seconde appellation de tissu bleu de Gênes devenu blue-jeans puis simplement jeans.
  • sardine. Originellement il s'agit d'un poisson pêché en Sardaigne.

Sans dériver de noms de personnes, des noms communs sont issus de noms de personnages de roman ou de noms commerciaux :

  • Le Roman de Renart fut aussi célèbre au Moyen Âge que les aventures d'Harry Potter de nos jours. Il met en scène un goupil (c'est à dire en ancien français un renard) nommé « Renart » (Du francique Reginhart, signifiant « le fort en conseil ») qui berne Ysengrin le loup, Noble le lion ou encore Tibert le chat. Ce récit eut tellement de succès que le nom de son personnage principal se substitua au mot « goupil », issu du latin « vulpes ». En 1973, Walt Disney Pictures s'inspira de cette œuvre pour Robin des Bois. En 1985, ce roman fut adapté assez librement et « modernisé » dans une série d'animation française intitulée Moi Renart. En 1919, l'écrivain américain Johnston McCulley publie Le Fléau de Capistrano un récit dont le héros a choisi de lutter contre l'injustice en cachant sa véritable identité sous le nom espagnol du renard. (« zorro » Pour désigner le justicier homonyme, les hispanophones disent et écrivent « El Zorro ».)
  • La syphilis (une maladie sexuellement transmissible) doit son nom au berger Syphilus des Métamorphoses d'Ovide, un des auteurs latins les plus lus au Moyen Âge. (Qui connut d'ailleurs une « renaissance ovidienne ».) Le plus original est que cette maladie, importée du Nouveau Monde, n'existait pas à l'époque antique. C'est un traducteur de Vérone, Girolamo Fracastoro, qui ajouta cet épisode à son modèle en 1530, époque où cette maladie faisait aussi peur que le sida aujourd'hui ; car, les Européens n'ayant jamais été au contact de l'agent infectieux, ils étaient nombreux à en mourir. Selon les endroits, on donnait différents surnoms à la syphilis : « mal italien » (pour les Français), « mal français » (pour les Italiens, les Espagnols, les Russes, les Allemands, les Anglais et les Polonais), « mal espagnol » (pour les Portugais et les Néerlandais), « mal anglais » (pour les Écossais), « rash de Canton » / « ulcère chinois » (pour les Japonais).

Nicolas Chauvin, personnage d'un vaudeville de 1831 (La Cocarde tricolore) représentait un soldat de l'Empire un peu bébête au patriotisme quelque peu excessif.

  • éclair La fermeture Éclair est une marque de fermeture à glissière. Cette marque s'étant imposée dans toute l'Europe on parle aussi de « chisura lampa » (même formule) en italien.
  • frigidaire est une marque de réfrigérateur (on parlait initialement d'armoire réfrigérante d'où réfrigérateur)
  • klaxon est le nom du premier fabricant de cet outil.
  • texto est une marque déposée par SFR pour désigner les SMS. (c'est à dire originellement l'élément du Short Message Service que l'on a francisé en Service messager succinct.)

À Marseille, entre les deux guerres mondiales on n'utilisait pas d'eau de Javel (nom de l'inventeur) mais de la pigeonne, du nom de la marque locale.

On trouve des phénomènes identiques dans toutes les langues. Ainsi, l'italien appelle « montgomery » (Du nom d'un général qui portait ce vêtement avec élégance.) ce que l'anglais nomme « duffle coat ».

Les abréviations

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Le fait que certains mots constituent des acronymes reste parfois conscient mais est oublié :

  • « apud » [] pour « amine precursor uptake and decarboxylation  » (Il s'agit de cellules de la crête neurale qui migrent chez l'embryon et jouent un rôle important dans le système neuro-endocrinien.)
  • « cyborg » [1960] pour « cybernetic organism »
  • « CEDEX » [1972] pour « courrier d'entreprise à distribution exceptionnelle »
  • « CIDEX » [] pour « courrier individuel à distribution exceptionnelle »
  • « glare » [] pour « glass laminate aluminium reinforced epoxy » ()
  • « laser » [1960] pour « light amplification by stimulated emission of radiations » ()
  • « maser » [1954] pour « microwave amplification by stimulated emission of radiations » ()
  • « prion » [1982] pour « proteinaceus infective only particule » (particule infectieuse de nature protéique)
  • « quasar » [1965] pour « quasi-stellar radio source » (radiosource quasi-stellaire)
  • « radar » [1944] pour « radio detecting and ranging » ()
  • « sida » [1981] pour « syndrome d'immunodéficience acquise »
  • « sonar » [1970] pour « sound navigation and ranging » ()
  • « snob » est l'abréviation (s. nob.) de « sine nobilitate » (non noble), mention que portaient les collèges anglais habitués à n'accueillir que les enfants de la noblesse lorsqu'ils s'ouvrirent à la bourgeoisie. Que ce fut vrai ou médisance, on disait que les enfants issus de la bourgeoisie affectaient des comportements habituels à la noblesse et cherchaient à se montrer plus nobles que les nobles.
  • « S.O.S. » qui a gardé les points séparateurs est (par rétroacronymie) l'abréviation de « Save our souls » (Sauvez nos âmes). Au temps du code Morse, le s correspondant à trois brèves et le o à trois longues, l'envoi d'un S.O.S. se traduisait par la répétition sans fin de trois brèves, trois longues et trois brèves.
  • « jeep » constitue l'évolution ultime de la prononciation des initiales « G.P. » pour « General Purpose » (tous usages) caractéristique essentielle voulue par les militaires commanditaires de cette voiture. Le mot est à rapprocher de « G.I. » terme affectueux pour désigner les soldats américains dont les effets portent le terme « G.I. » pour « Government Issue » (propriété de l'État).

Comme tous les mots communs, les abréviations donnent des dérivés : radarisé, snober, snobinard, apudlike

Les onomatopées

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Ce mot vient du latin onomatopoeia, issu du grec ancien « ὀνοματοποιία ». Il s'agit de mots qui visent à imiter un son ou à suggérer la chose nommée :

  • boum, paf, crac
  • brrr qui remonte au XVIIIe siècle
  • gazouillis
  • glouglou
  • frou frou qui vient de frifilis, mot du XVIIIe qui évoque le froissement des tissus
  • susurrer
  • vrombir
  • murmure : initialement le mot désignait un bruit assourdissant.
  • patte serait la traduction du bruit fait par le frottement des poils des pattes d'un animal qui court vite
  • bat, le bruit que l'on fait en bâillant est à l'origine du latin batare qui a donné le français « bâiller ».
  • slogan vient du gaélique écossais sluagh-gairm (« cri de guerre »).

Les mots forgés de toutes pièces

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  • Ordinateur : dans la plupart des pays, on parle de computer (= qui calcule). En France, lorsque la machine commença à être connue, on parlait d'ensemble électronique ou encore de calculateur électronique pour celles qui n'étaient pas dédiées à la gestion mais à des calculs proprement dits. Le principal constructeur de l'époque, pour ne pas dire le seul, IBM souhaita trouver un mot spécifique à sa marque et chargea un linguiste, J. Perret de cette démarche. Ce dernier, en retenant que la machine triait rapidement les données, rechercha un vieux mot de théologie "ordinateur" et le "vendit" à IBM. Il est dit dans la Bible que Dieu est le Grand Ordinateur car Il trie et assemble. La protection de la marque ayant pris fin, le mot est tombé dans le domaine public.
  • Récemment les informaticiens ont à nouveau puisé dans le vocabulaire de la théologie en imaginant d'utiliser le mot ontologie pour désigner la description sémantique d'un domaine c'est à dire l'ensemble des mots du domaine et des relations qui les unissent.
  • Bikini et monokini. Le créateur du premier bikini — même si sa culotte était bien plus haute et couvrante que la nôtre — savait que ce vêtement allait faire scandale, d'autant qu'aucun mannequin professionnel n'avait accepté de le présenter au public et qu'il avait dû s'adresser pour ce faire à une danseuse de spectacle nu. Tout le monde avait alors à l'esprit le petit atoll de Bikini où eut lieu la première explosion atomique expérimentale en grandeur réelle ; le créateur retint donc de nom à la fois pour la petite surface du vêtement (comme l'atoll) et l'explosion « atomique » qu'il allait créer. Lorsque la mode d'un bronzage quasi intégral fut lancée, on joua à nouveau sur le mot en appelant « monokini » un maillot composé seulement de la pièce du bas comme si le préfixe bi- de « bikini » caractérisait l'existence de deux parties (à comparer à la plaisanterie éculée : « Elle a attrapé des microbes et même des crobes entiers. »).
  • français moyen date très exactement d'un discours d'un homme politique de l'entre deux guerres, Édouard Herriot, prononcé le 19 août 1924 et désigne en fait ce que les statisticiens appelleraient plutôt le français modal.

D'autres mots sans avoir été inventés ont eu une introduction dans la langue française liée à un phénomène bien identifié. Ainsi :

  • rescapé. Le mot appartient à un dialecte wallon. En 1906, la France connut une des plus grandes tragédies industrielles, l'explosion de la mine de Courrières qui fit près de 1100 morts. Des mineurs belges étaient venus aider au sauvetage de leurs camarades français bloqués depuis plusieurs jours dans un puits à la suite d'un éboulement. Interrogés par un journaliste, ils parlèrent des « rescapés ». Ce mot fut repris par l'ensemble de la presse et introduit du jour au lendemain dans le français standard qui en généralisa vite le sens.
  • côté cour et côté jardin. Cette expression des gens de théâtre est une première manière de politiquement correct (sous peine de mort). Sous l'Ancien Régime français, le théâtre royal comportait deux loges, l'une pour le roi et l'autre pour la reine. La mise en scène faisait ainsi naturellement référence au côté de la reine ou au côté du roi. Avec la Révolution française, un tel référentiel pouvait valoir un aller immédiat pour l'échafaud. Une des loges était située du côté d'une cour et l'autre du côté d'un jardin, d'où la substitution.

Références

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Sources

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  1. 1,00 1,01 1,02 1,03 1,04 1,05 1,06 1,07 1,08 et 1,09 Jean Dubois, Henri Mitterand, Albert Dauzat, Dictionnaire étymologique et historique du français, Éditions Larousse, 2007
  2. Guus Kroonen, Etymological Dictionary of Proto-Germanic
  3. 3,0 3,1 3,2 et 3,3 Alain Rey, Dictionnaire historique de la langue française, Dictionnaires Le Robert, Paris, 1992
  4. « tribord », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971–1994 → consulter cet ouvrage
  5. « cookie », dans Merriam-Webster, 2022 → consulter cet ouvrage
  6. « Santa Claus », dans Merriam-Webster, 2022 → consulter cet ouvrage

Bibliographie

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  • TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971–1994 → consulter cet ouvrage
  • Alain Rey, Dictionnaire historique de la langue française, Dictionnaires Le Robert, Paris, 2019