États généraux du multilinguisme dans les outre-mer/Synthèse : restitution des ateliers

Synthèse des ateliers

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Les contenus ci-après sont les transcriptions de la dernière table ronde de restitution des travaux réalisés pendant les états généraux du multilinguisme dans les outre-mer.

Introduction

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Puisque nous nous acheminons peu à peu vers la conclusion de ces états généraux, il nous a paru utile, j’allais dire de désigner un volontaire. C’est Robby Judes qui a bien voulu assumer ce rôle difficile. Il est conseiller au sein du commissariat général à l’année des outre-mer. Il a donc bien voulu accepter, en notre nom, de proposer tout à l’heure, lors de la cérémonie de clôture, une synthèse dont il nous dira lui-même qu’elle sera nécessairement schématique, fragmentaire et je crois qu’il réclamera notre indulgence en la présentant, parce qu’il est très clair qu’en un quart d’heure il ne pourra aucunement résumer la richesse des débats dont nous avons été à la fois les acteurs et les témoins, tout au long de ces deux journées. Mais avant d’en venir à cette cérémonie de clôture qui commencera à 18 heures au théâtre de l’En.C.Re, heure à laquelle le ministre de la Culture et de la Communication, Frédéric Mitterrand, nous rejoindra, nous serons contraints d’interrompre nos travaux à 17 heures, il nous a paru utile, une dernière fois si je puis dire, de confronter les principaux enseignements que nous aurons pu retirer des états généraux. Nous nous sommes donnés une petite règle du jeu. Elle consiste à inviter les modérateurs des différents ateliers à venir à la tribune. Ils ne viendront pas tous ensemble à la tribune, ils viendront à la tribune thématique par thématique et nous allons les inviter à nous dire en quelques mots les principaux enseignements, les idées force ou les propositions concrètes plus spectaculaires ou les plus fortes qu’ils auront retirées des ateliers qu’ils auront été chargés d’animer, pour bien nous assurer que nous n’oublions rien d’essentiel, pour permettre à Robby Judes de nuancer le cas échéant la synthèse qu’il nous présentera. Robby Judes sera, en quelque sorte, dans le rôle difficile et ingrat du secrétaire, car il a préparé, grâce aux rapports des rapporteurs, des éléments de synthèse, ça n’est pas tout à fait terminé, et donc il restera à la tribune et nous allons demander aux modérateurs, trois par trois, de venir nous dire ce qu’ils auront, pour l’essentiel, retiré de ces états généraux. Et puis on essaiera de prévoir cinq minutes, après chaque présentation de thème, de dialogue avec la salle pour que vous puissiez réagir à ces propositions et dire : « Attention, mais il y a là quelque chose qui n’est pas formulé exactement comme nous le souhaiterions », ou bien : « je crois qu’il y a là quelque chose d’essentiel qui aura été oublié ».

On va commencer par la première thématique, celle qui concernait les pratiques individuelles et les pratiques sociales, « Plurilinguisme, pratiques individuelles et pratiques sociales », et je vais demander à Daniel Véronique, à Lambert Félix Prudent et à Valelia Muni Toke de me rejoindre à cette tribune. Je vous demanderais, si vous me permettez, d’aller vraiment droit à ce qui vous paraît essentiel.

L'emploi des langues : plurilinguisme, pratiques individuelles et pratiques sociales

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Inscription des langues dans les territoires, histoire(s) et actualité

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En premier lieu, je dirais que l’atelier a, effectivement, évoqué une question qui est venue de la salle tout à l’heure sur la reconnaissance des textes, donc je suis obligé de dire que notre atelier s’est posé la question de la ratification par l’État français d’un certain nombre de textes comme cela a été dit dans la salle. Cette question est prépondérante. Ensuite, dans les préconisations plus concrètes, je n’en retiendrais que deux qui m’ont beaucoup frappées. L’une, concerne la valorisation des patrimoines linguistiques à plusieurs niveaux. D’une part, il a été dit, et je trouve que c’est une très bonne idée par rapport à l’école, qu’à l’école, dans le cadre de l’éducation civique ou dans le cadre du socle commun, une place soit faite à l’histoire des langues, alors ces langues sont évidemment tissées différemment dans les territoires, mais qu’une place soit faite à cette information sur les langues, que les élèves soient initiés aux grandes lignes de l’histoire de leur langue et à la place que cette langue peut occuper. Quand on dit langue, cela veut dire évidemment langue et culture. Dans le même temps, il est apparu, c’est lié à la même question, qu’une information était nécessaire auprès des parents. Il apparaît très nettement que les parents ne sont pas informés de la totalité des textes qui, dès maintenant, permettent, par exemple, d’organiser des enseignements bilingues. C’est apparu très souvent dans l’atelier. Il y a donc un désir d’information. Le deuxième trait qui m’a frappé, pour notre atelier, donc il y a la territorialité, c’est un désir de savoir savant, nous l’avons dit à plusieurs reprises. À plusieurs niveaux là encore, à la fois qu’il y ait un travail de collectage qui est en cours, qui soit plus systématique, qu’il y ait un travail de mise en forme et donc de transmission et que, par ailleurs, il y ait un recensement, parce que des initiatives en matière de transmission des langues, parce qu’on voit bien que la situation est variée selon les territoires et que nous n’en avons pas une connaissance très précise. Donc, c’est à la fois une demande en tant que connaissance et une demande en terme de diffusion. Voilà, c’est ce que je retiendrais essentiellement.

Légitimité, rapports de forces entre les langues et "marchés" linguistiques : statuts et valeurs symboliques

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Nous avons fait un tour sur les différences des situations. Il est clair qu’il n’y a pas un outre-mer français, que même quand on dit des outre-mer, il faut faire attention, parce qu’évidemment, il y a des pays où le nombre de langues est incalculable, en tout cas il est difficilement calculable, on a des difficultés à donner un chiffre global, et il y a des situations où le nombre de langues est plus restreint, je pense à Mayotte, et il y a des pays créoles, pour la plupart, en tout cas pour la Guadeloupe, la Martinique, la Réunion et peut-être une partie de la Guyane où le face à face est entre une langue créole et le français. À partir de ces différences de situations, de l’atelier débouche une question qui est celle de l’aménagement. Et aménagement à deux niveaux, des demandes qui ont été perçues y compris lors de la restitution comme étant essentiellement tournées vers l’État, mais je ne crois pas qu’il faille comprendre qu’on demande à l’État de donner, on demande à l’État de garantir un certain nombre de choses. Il y a une demande essentielle d’organisation dans les différents pays et il y a des pays où ça a déjà commencé d’ailleurs. Un conseil de la langue, une institution de la langue, une institution des langues, une institution du plurilinguisme qui veille au respect des choses qui ont déjà été dites. Autrement dit, puisqu’on parle de légitimité et de rapport de force, notamment dans les pays créoles, que l’on ne se sente pas minoré dans sa langue, que l’on ne sente pas toujours le poids d’une autorité, notamment, autour de l’école, c’est le lieu de fixation, où des chefs d’établissements, des inspecteurs, des recteurs, des maîtres, des parents d’élèves ont des attitudes un peu dérogatoires vis à vis de la langue et de la culture créole. Donc, que l’État garantisse et protège. Ce ne sont pas des demandes de sous, ce sont des demandes de droit. Et ça n’est pas moins important. D’autre part, il y a, d’une certaine manière, la question de la définition qui a ressurgi autour de cette légitimité qui est transversale : comment appelle-t-on ces langues de l’outre-mer ? À certains moments on a dit langues locales, à d’autres moments on a dit langues vernaculaires, à d’autres moments on a dit des langues d’origine, vis à vis de ça, on met le français. Peut-être qu’il faudra, là aussi, solliciter des aménageurs et des réflexions de tout le monde, sur la manière d’appeler les langues et de les aider à accéder à une certaine dignité, à une certaine égalité dans leur dénomination et dans leurs usages. D’une certaine manière, on pourrait dire que le principe était, pour analyser les marchés, analyser les rapports de force et travailler à une certaine estime de soi, c’était une demande de méta communication, qu’on puisse parler des langues. Et en ce sens, cette manifestation est déjà, à mon avis, essentielle.

Langue, savoirs scientifiques et savoirs traditionnels

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  • Modérateure : Valelia Muni Toke (Délégation générale à la langue française et aux langues de France)

L’atelier qui s’appelait « Langues, savoirs traditionnels et savoirs scientifiques » est parti d’un double constat. La première chose était que les savoirs qui sont attachés aux langues des outre-mer sont d’une très grande richesse. Savoirs qui sont liés principalement à l’environnement, à la faune, la flore, la pharmacopée, mais d’autres domaines ont été évoqués. Et la très grande richesse de ces savoirs est, malheureusement, liée à un déficit de légitimité qui est attaché, et ce déficit de légitimité attaché à ces savoirs est, malheureusement, parfois entretenu par les locuteurs eux-mêmes qui ne sont pas convaincus de détenir des savoirs importants à transmettre et à partager. Les quelques préconisations qui ont été évoquées mettent l’accent sur l’intérêt de la formation des acteurs qui sont concernés par la transmission des savoirs. Par exemple, les savoirs liés à l’environnement. Il paraît important dans les politiques de préservation de l’environnement, de faire appel au savoir des populations locales pour penser ces choses là. Donc formation à l’interculturel, formation des personnels concernés. Et ce qui est ressorti aussi, c’est que le déficit de légitimité de ces savoirs ne pourra être renversé que si les projets qui sont construits à partir de ces savoirs s’inscrivent sur un temps long. C’est-à-dire que les communautés concernées ont besoin aussi d’inscrire les projets liés à ces savoirs sur une perspective de long terme et que ces projets s’inscrivent dans un intérêt général bien compris. Il ne s’agit pas d’utiliser ces savoirs uniquement pour remédier à des situations problématiques, par exemple dans le domaine de l’enseignement. Utiliser les langues d’origine ou les savoirs mathématiques, par exemple, qui sont attachés aux langues d’origine uniquement pour entrer ensuite du côté de l’enseignement des mathématiques dites traditionnelles ou justement pas traditionnelles, mais il faut inscrire l’utilisation de ces savoirs sur le temps long pour en permettre la véritable valorisation. Et donc, ce qui a été évoqué in fine, c’est la possibilité de continuer à faire vivre ces savoirs, c’est-à-dire non pas seulement les considérer comme un patrimoine à collecter puis à conserver dans un musée, mais bien en préserver la transmission et continuer à les faire vivre. Par exemple du côté linguistique en enrichissant aussi la terminologie des langues pour qu’elles puissent dire d’autres domaines de savoirs que les domaines qu’elles ont investis de façon privilégiée jusqu’à présent.

« L’équipement » des langues : de l’oral à l’écrit, description et outillage linguistique

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La graphie des langues : le passage du parlé à l’écrit

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Comme nous avons 2 ou 3 minutes pour ce compte-rendu de l’atelier intitulé « la graphie des langues, le passage du parler à l’écrit », je vais lire un résumé des recommandations. On verra que beaucoup de choses ont déjà été dites, mais peut-être que ce n’est pas un mal d'en répéter certaines. La première recommandation serait de reconnaître le droit de tout enfant ou adulte à apprendre à lire et écrire dans sa langue d’origine. Et pour cela, offrir un cadre institutionnel à cet apprentissage. Les initiatives sur la base du volontariat ont souvent une durée de vie limitée car elles épuisent la bonne volonté de leurs initiateurs. La seconde recommandation serait de favoriser le développement d’une documentation en langues. Ces écrits peuvent et doivent être de différents types et formats adaptés à des publics différents. Ne pas négliger l’intérêt des publications légères qui peuvent être fabriquées à moindre coût pour un public éventuellement restreint et pour une occasion particulière. Autre recommandation, prendre en compte, dans l’établissement d’une orthographe, le fait que les canaux sensoriels sollicités à l’écrit sont différents de ceux qui sont mis à contribution à l’oral. La bouche et l’oreille sont les organes de l’oral alors que c’est l’œil qui guide la lecture. Il peut donc y avoir débat lorsqu’il s’agit d’écrire ce qui a été entendu. Jusqu’où une écriture peut et doit être phonétique ? Autre point. Créer des académies de la langue ou soutenir celles qui existent déjà, pour que soient discutées les règles d’orthographe qu’il convient d’adopter collégialement. Et cela concerne toutes les langues, mais ça a été vraiment mis en avant en ce qui concerne les créoles, les créoles par ici en Guyane. Des études particulières menées par des psycholinguistes tentent de prouver que l’apprentissage parallèle dans deux langues, la langue d’origine des enfants et le français, est non seulement favorable au développement harmonieux de la personnalité de l’enfant, mais aussi à l’apprentissage du français. Ensuite, veiller à mettre en place des dispositifs adaptés pour des publics différents — ça aussi c’est quelque chose qui a été déjà dit plusieurs fois —, les enfants seront d’autant plus performants dans l’apprentissage de la lecture et de l’écriture de leur langue d’origine que leurs parents seront convaincus que, loin de nuire à leurs résultats en français, la pratique de la lecture et de l’écriture de leur langue d’origine en milieu scolaire les rend plus aptes à l’acquisition des connaissances en français et est donc apte à leur assurer l’ascension sociale à laquelle les parents aspirent pour leurs enfants. Et dernière, mais en fait première, mesure à mettre en place, c’est sans doute la création d’une instance officielle chargée de vérifier l’application effective des textes juridiques déjà existants sur les droits de tout locuteur à apprendre à lire et écrire dans sa langue d’origine.

La production d’outils didactiques en langues maternelles

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  • Modérateur : Ernest Marchal (Inspection du ministère local de l’Éducation en Polynésie française)

Je vais restituer l’essentiel de ce qui a été dit lors de l’atelier : « la production d’outils didactiques en langues maternelles ». Il nous a semblé important avant tout de mettre en place des politiques linguistiques qui fixent clairement les orientations en matière linguistique. De ceci, découlera la production d’outils, c’est nécessaire. En deuxième point, il nous a paru important également de développer la production d’outils didactiques en langue maternelle dans tous les domaines. Ne pas se focaliser uniquement dans le domaine de l’éducation, mais également penser à la santé, au droit et, en fait, à tout ce qui est lié aux actes de la vie quotidienne. Ces outils devront prendre en compte l’oralité. Ça a été évoqué ça et là. Certains individus ne sont pas encore entrés dans l’écrit et donc il faut absolument prendre en compte ces individus qui sont dans l’oralité et produire des outils qui sont donc de l’ordre de l'audio plus que du visuel. Ensuite, il nous a paru important, ça a été dit là, mais je le redis, nous sommes allés un peu plus loin, me semble-t-il, il faut organiser la coexistence du français et des langues maternelles sur un même territoire. L’enseignement des langues maternelles en gestion coordonnée avec le français doit faciliter les apprentissages dans tous les domaines : mathématiques et sciences inclus. En termes d’outils didactiques, il nous a paru important de créer un portail internet pour que les langues d’outre-mer soient présentes et que tous les outils didactiques soient mis à la disposition de tous. Chacun pourrait venir télécharger, y puiser ce qui y apparaît ou est proposé. Dernière chose également, en termes d’outils, il nous a paru important d’utiliser les médias comme outil didactique en langue maternelle.

Le rôle de la description linguistique (grammaires, dictionnaires, dictionnaires visuels en langue des signes…) pour la sauvegarde des langues

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Troisième pan qui complète les deux premiers ateliers, « le rôle de la description linguistique, en particulier l’élaboration de grammaires et de dictionnaires ». Nous avons rappelé les objectifs de cette description linguistique qui est de mettre en valeur la richesse et la spécificité tant lexicale que grammaticale des langues d’origine, des langues régionales. La grammatisation est une nécessité pour la reconnaissance de la langue, sa sauvegarde et sa transmission dans un cadre éducatif. Concernant les dictionnaires, nous avons eu une longue discussion sur les différents types de dictionnaires. Certains étant partisans de dictionnaires monolingues pour mettre réellement en valeur la langue en tant que telle et aussi lorsque la maîtrise du français n’était pas suffisante pour rendre compte de la richesse sémantique de la langue. D’autres étaient plutôt partisans de dictionnaires bilingues qui permettent l’échange. Mais dans les deux cas, on s’est mis d’accord pour prendre en compte à la fois l’aspect spatial en incluant toutes les variantes régionales et, en même temps, l’aspect temporel en incluant les termes anciens, le parler des jeunes et les néologismes que ça soit des emprunts ou de la création lexicale. Concernant l’aspect grammatical, outre le matériel, les documents, les outils pédagogiques évoqués par Ernest, outre la nécessité de grammaires de référence, de grammaires fondamentales, nous avons pensé que l’élaboration de bi grammaires mettant sur un pied d’égalité le français et chaque langue régionale, avec la mise en évidence à la fois des ressemblances et des différences les plus marquantes entre les deux langues était un outil à la fois de reconnaissance et une aide certaine pour les enseignants, à la fois des enseignants de français et des enseignants des langues régionales. Nous avons aussi pensé que la mise en place d’une instance collective aidant à des prises de décisions consensuelles et à leur application était nécessaire dans le domaine de la graphie, bien sûr, dans le domaine du choix de la terminologie, afin que toutes les discussions sans fin sur le choix d’une orthographe plutôt qu’une autre, sur le choix d’un terme plutôt qu’un autre, soit résolu par une instance nous forçant à l’adoption d’un consensus. Et puis, on a aussi souligné qu’il fallait continuer à aider à la documentation des langues, des petites langues, qui restent insuffisamment décrites et qui n’ont ni dictionnaire ni grammaire à l’heure actuelle.

La transmission des langues : la prise en compte des langues d’origine origine et des acquis culturels dans l’apprentissage du français ; leur place dans le système éducatif

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Multilinguisme, éveil à la diversité et intercompréhension

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Nous sommes partis de la définition de « multilinguisme, éveil à la diversité et à la compréhension ». Sophie, dans sa présentation tout à l’heure, a fait mon travail de synthèse dans ce sens où nous sommes partis du constat que le multilinguisme de l’outre-mer était assez largement ignoré, le plurilinguisme des élèves est aussi insuffisamment valorisé, pour ne pas dire ignoré, par l’école de tradition monolingue. Personnellement, j’avais souligné le paradoxe qu’il y a de l’école en outre-mer et de l’école française aussi en général, à vouloir faire des élèves plurilingues en ignorant, en fait, leur plurilinguisme de départ. Une idée forte de l’atelier, qui a été énoncée en début et en fin, était de dire qu’au delà de la diversité des contextes sociolinguistiques très diverses, ou des micro contextes : milieu urbain, milieu « tribal » avec beaucoup de guillemets, il y avait la nécessité vraiment très importante de prendre en compte les pratiques langagières des élèves, les pratiques plurilingues des élèves. Ensuite, la question de l’éveil aux langues et de l’intercompréhension, elle rentre dans une réflexion plus large de ce qu’on appelle en didactique, les approches plurielles et, une idée qui est ressortie était de dire que les approches plurielles ne sont pas du tout en concurrence avec l’enseignement des langues dites (je mets des guillemets partout) maternelles, locales, d’origine puisque effectivement il y a un problème de dénomination des langues en question. L’intérêt de ces approches plurielles, c’est justement, peut-être, de valoriser la diversité linguistique et de permettre petit à petit, à l’intérieur de l’école, de modifier les représentations linguistiques qui sont souvent assez négatives sur ces langues. Comme autre idée forte de l’atelier, ça a été la question des outils. Là on rejoint la synthèse d’Ernest. La question des outils qui est une question essentielle. Il a été dit que ce n’est pas aux enseignants de créer les outils. Donc il faudrait que l’institution prenne le relai avec des groupes mixtes enseignants, enseignants chercheurs expérimentés, conseillers pédagogiques, etc. qui seraient payés, si j’ose dire, à plein temps, pour travailler sur la création d’outils de façon à ce qu’il y ait création de mallettes, de valises à destination des enseignants, qu’ils pourraient utiliser en fonction, toujours, des micro contextes dans lesquels ils sont amenés à travailler. Autre idée forte, la question de la formation des enseignants, bien évidemment. Comment former à ces approches plurielles ou, plus généralement, à la didactique du plurilinguisme ? Toutes ces approches sont une manière de valoriser toutes les langues. L’atelier était très intéressant, très convivial, on a conclu sur une note utopique et humoristique en disant qu’il faudrait vraiment réformer l’école et que les approches plurielles pouvaient être un outil pour réformer l’école.

L’enseignement des langues d’origine, en lien avec le français, dans une perspective plurilingue

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Aux termes d’un atelier fourni et bien vivant, voire animé, nous sommes parvenus à un certain nombre de conclusions que j’ai organisées en trois rubriques qui, bien entendu, compte tenu du titre de l’atelier qui était, je le rappelle : « l’enseignement des langues d’origine en lien avec le français dans une perspective plurilingue » concerne en grande partie aussi, l’Éducation nationale. Ces trois axes concernent un plan didactique tout d’abord, un plan pédagogique ensuite, et enfin, un plan sociolinguistique.

Sur le plan didactique :

Transition, passerelle, passage, décloisonnement, parallèle sont des termes qui ont été utilisés dans l’atelier pour évoquer la question du lien qui nous était suggérée dans le titre, du lien entre les différents enseignements linguistiques. Et diverses traductions didactiques ont été évoquées comme le recours à des ILM, des intervenants langue maternelle, mais aussi des approches comparées, voire des approches plurielles.

Sur le plan pédagogique :

L'implication pédagogique de ces principes didactiques, c’est l’appel à ce que des manuels bilingues, plurilingues soient élaborés, y compris dans des DNL, c’est-à-dire des disciplines non linguistiques. On a évoqué le cas des mathématiques, par exemple, mais aussi d’autres disciplines. L’autre grand champ de réflexion qui a occupé l’atelier dans ce volet pédagogique, c’est la question de l’évaluation. C’est-à-dire qu’il a été demandé que la question de l’évaluation, des évaluations nationales notamment, puisse prendre en compte les biographies langagières des élèves qui sont parfois évalués dans des champs disciplinaires comme les mathématiques, dans une langue qui ne leur ai pas tout à fait familière, ce qui biaise, bien entendu, les évaluations.

Et troisième et dernier plan, donc le plan sociolinguistique :

Il concerne plus particulièrement le champ des politiques linguistiques. Politiques linguistiques dont il a été question en termes de sensibilisation, d’information, de formation, formation des enseignants, mais également des cadres éducatifs c’est-à-dire notamment des corps inspecteurs etc. de manière à ce que des dispositifs qui existent déjà légalement, peut-être, puissent être à la fois connus mais aussi valorisés par l’institution elle-même, par des directions, on a évoqué par exemple la demande d’une circulaire qui pourrait être diffusée dans les différentes circonscriptions, circulaire qui rappellerait ou qui sensibiliserait les circonscriptions et les cadres éducatifs dans les circonscriptions, au plurilinguisme et aux dispositifs qui existent déjà pour promouvoir et prendre en compte ces langues d’origine et les enseigner.

Enfin, une demande a été faite également concernant la ratification de la charte européenne des langues régionales et minoritaires.

La prise en compte des langues d’origine dans l’acquisition de compétences linguistiques, hors du système scolaire

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Merci. Pour notre atelier, je vais vous faire trois constats et cinq préconisations. Premièrement, nous avons rencontré quelques problèmes avec notre intitulé de départ qui était : « la prise en compte des langues d’origine dans l’acquisition des compétences linguistiques hors du système scolaire » et que l'on a proposé de reformuler comme suit : « place et prise en compte des langues parlées par les personnes adultes, jeunes ou enfants dans le cadre des formations ou activités liées à l’apprentissage du français et/ou de l’écrit, hors du système scolaire ». Je vais vous expliquer pourquoi. Parce que l’acquisition de la compétence linguistique, on pense qu’en fait, les personnes à qui on s’adresse, soit en formation, soit en animation, en fait elles en ont des compétences linguistiques, donc on pensait que c’était plutôt les compétences linguistiques nouvelles, donc l’apprentissage du français. Un premier constat, souvent, quand on aborde cette question, on l’aborde d’une manière un peu utilitariste en se demandant : comment utiliser les langues parlées par les participants réunis au sein d’une formation ou d’une animation, pour faciliter l’apprentissage du français ? Et on voulait un peu sortir de cette idée-là parce qu’on pense qu’il est nécessaire de dépasser cette approche qui instaure, de fait, une hiérarchie entre les langues en en instrumentalisant certaines au service de l’apprentissage d’une autre et qu’il fallait plutôt réfléchir sur des solutions qui donnaient un réel droit de cité à la diversité linguistique et culturelle et aux langues maternelles dans toutes ces activités. Ensuite, on a évidemment constaté que les contextes linguistiques, l’histoire, le rapport entre les différentes langues diffèrent beaucoup selon nos lieux de vie. Mais il y avait vraiment deux préoccupations qui étaient partagées. Premièrement, la sauvegarde des langues en danger, tant en Guyane, un interlocuteur l’a dit tout à l’heure, dont plusieurs langues sont signalées sur l’atlas des langues en danger de l’UNESCO, qu’à Mayotte où, actuellement, les deux langues, le shibushi et le shimaoré, sont soumises à une pression très forte du français. Et une deuxième préoccupation qui est la diffusion des langues à l’écrit, qui est une demande portée par les locuteurs eux-mêmes, afin de pouvoir développer, donner une lisibilité à leur langue, à leur culture, etc.

Troisième constat. On a constaté que l’on avait, en fait, deux contextes de travail pour les formateurs ou les animateurs, un contexte dans lequel les participants partagent une même langue et pour un objectif qui est : soit de passer à l’écrit dans cette langue, soit d’apprendre le français, mais on a aussi un contexte dans lequel le groupe de formation est multilingue et/ou les participants de ce groupe multilingue sont eux-mêmes plurilingues. Et du coup les compétences qui sont mobilisées par les formateurs et les animateurs dans ces deux situations, diffèrent tant dans la gestion du groupe, dans les connaissances des langues qu’ils doivent mobiliser et dans les techniques pédagogiques qu’ils utilisent.

Première préconisation, ça serait de se lancer, sans attendre plus, dans des activités d’apprentissage des langues d’origine, tant à l’oral qu’à l’écrit. Parce qu’il y a déjà des expériences qui sont faites et des projets qui sont en cours, et il est vraiment nécessaire que cette proposition existe, soit offerte pour les locuteurs, mais il a été vraiment signalé que c’était dans une optique d’ouverture, donc plus largement que les personnes intéressées puissent déjà mener un apprentissage linguistique, mais aussi culturel. On avait l’exemple du projet de l’école wayana qui était porté par des personnes qui ont participé à l’atelier. Deuxième préconisation. Il semblait vraiment important de faire un vrai travail d’information auprès d’un large public sur la diversité linguistique et culturelle du monde, pour arriver à une reconnaissance de cette diversité linguistique ; de pouvoir discuter des statuts des langues afin de rétablir aussi les locuteurs dans leurs compétences et d’amorcer l’apprentissage d’une langue sans exclure les autres langues, en particulier quand il s’agit du français. Et donc, cela sous-entend de promouvoir, particulièrement dans les situations formelles de formation, un travail pédagogique du type Jane Yolen que nous a présenté Sophie tout à l’heure. Ce travail d’information, de sensibilisation doit aussi contribuer à la sauvegarde des langues en danger, en attirant l’attention des locuteurs sur la richesse de leur langue pour qu’ils puissent eux-mêmes se mobiliser pour la préserver. Troisième préconisation. Travailler à une production de matériel, du livre, des écrits divers, de la vidéo, de l’audio, de l’internet qui, au-delà d’un travail qui existe déjà, d’enregistrement en vue de conservation, soit vraiment une production créative. Parce qu’il est nécessaire que les langues deviennent attractives pour les jeunes et que les jeunes aient envie de les utiliser, de les apprendre etc. et aussi d’autres personnes, pas seulement les jeunes, peut-être les anciens aussi. Quatrième préconisation. Sensibiliser les décideurs afin qu’il y ait des espaces qui soient ouverts pour ces travaux, notamment il a été souligné d’essayer de vraiment travailler avec les collectivités locales et là, a été évoqué l’initiative du conseil général de Mayotte qui a créé une direction des langues régionales pour travailler d’ores et déjà sur le shimaoré et le shibushi. Mais aussi, voir ce que l’on peut faire avec les services de l’État, on voit que nos directions aux affaires culturelles dans nos divers départements sont assez ouvertes, mais en ce qui concerne notamment tout le pan de formation en français, lutte contre l’illettrisme, il serait vraiment nécessaire d’ouvrir un débat avec les ministères qui gèrent ces dispositifs. Délégation générale à la formation professionnelle et ministère de l’intégration pour les nommer. Parce qu’actuellement, les programmes se referment de plus en plus sur des objectifs d’apprentissage fonctionnel du français dans une optique assez monolingue pour être soft. J’ai oublié la recommandation d’un des participants qui était de dire qu’il fallait, pour mettre tout cela en place, favoriser la formation d’animateurs et de formateurs.

Les technologies de la langue, la présence des langues sur la toile et sur les réseaux sociaux

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Les possibilités offertes par les technologies de la langue pour améliorer la relation aux usagers dans les services publics

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La thématique de l’atelier portait sur « les technologies de la langue pour l’aide aux usagers des services publics ». L’atelier a commencé par faire une description de ce que sont les technologies de la langue et également de l’importance de pouvoir disposer de données afin de pouvoir développer ces technologies. Je crois qu’il y a eu un accord unanime au sein de l’atelier, pour dire que les technologies de la langue sont nécessaires et, pour certains, sont même indispensables si on veut permettre le multilinguisme.

On note actuellement une explosion des applications de ces technologies et, en particulier, sur l’internet, mais également sur les terminaux mobiles. Mais on constate également et donc, là, c’est souligné très justement par Marcel Diki Kidiri, ces technologies n’existent que pour 1% des langues qui sont parlées dans le monde. Donc elles existent pour une soixantaine de langues sur les quelques 6000 qui sont parlées dans le monde. Et je pense que c’est une constatation qui est tout à fait essentielle.

Les propositions que l’on fait sont de se donner pour objectif de développer les technologies de la langue pour toutes les langues de France et en particulier pour les langues d’outre-mer, et donc pas uniquement pour le français, et ce dans le cadre d’une recherche coordonnée, d’adapter les technologies qui existent pour ces langues, de produire les données, les corpus, les lexiques qui sont nécessaires au développement de ces technologies et d’évaluer systématiquement les performances qui sont obtenues pour les comparer aux besoins les applications que l’on vise.

Alors quelles technologies ? On ne va pas brasser l’ensemble des technologies pour commencer, donc en choisir quelques unes. On a pensé qu’il fallait peut-être privilégier les technologies qui ont trait à l’oral. Donc la reconnaissance de la parole, la synthèse vocale, cela parce qu’il y a un intérêt pour les langues à tradition orale sans système d’écriture, parce qu’il y a un intérêt également pour les cas d’illettrisme ou d’analphabétisme, parce qu’on peut profiter de cette manière-là du formidable déploiement de la téléphonie mobile que j’évoquais et enfin, parce qu’en permettant le passage de l’écrit à l’oral et réciproquement, c’est également une aide qu’on peut apporter au handicap dans l’accessibilité à l’information et ce, donc, pour les malvoyants et les malentendants. Donc une contribution à cette notion d’accessibilité.

Les autres technologies auxquelles on peut penser en priorité sont la traduction automatique et la traduction vocale. Cela permettrait peut-être de résoudre le problème de la traduction simultanée en 50 langues, soit 2500 paires de langues, pour ces États-Généraux qu’évoquait tout à l’heure Xavier North.

Dans le cadre de ces développements de technologie, peut-être faut-il privilégier tout ce qui est logiciel libre et donnée libre.

Quelles langues ? On ne va pas attaquer de front les dizaines de langues auxquelles on pourrait penser, mais peut-être choisir quelques langues, 4 à 5 pour commencer, travailler peut-être par famille de langues en les identifiant, avoir peut-être un intérêt particulier, ça a été souligné, pour les langues véhiculaires, et en ce qui concerne la traduction, peut-être commencer par la traduction de et vers le français puisque nous avons le français en partage.

Quelles applications pour les besoins des usagers des services publics ? On entrevoit quelques pistes qui sont encore à approfondir, peut-être en lançant une enquête auprès des usagers.

A été mentionnée la traduction pour les usagers de la poste, des banques, dans les hôpitaux, puisque qu’on voit qu’il existe actuellement une barrière des langues qui constitue un obstacle à la qualité du service rendu au public. Cela a été mentionné pour plusieurs de ces services. Traduction pour les soins médicaux et là, on peut penser que la machine pourrait assurer une confidentialité que ne permet pas à l’heure actuelle l'intervention de médiateurs humains. Cela a aussi été souligné au tout début de cet après-midi. Également traduction pour pouvoir publier dans sa langue maternelle et accéder aux ouvrages et aux documents que l’on peut trouver sur les bibliothèques numériques.

Quelques autres exemples d’applications auxquelles on peut penser : des bornes vocales plurilingues dans les musées ou dans les administrations, l’aide en ligne pour l’apprentissage des langues. Et également tout ce qui concerne le sous-titrage automatique et peut-être même la traduction à la demande des émissions radio ou télédiffusées.

Pour résumer, le principe fondateur doit être de permettre à chacun, quelle que soit la langue qu'il parle, d’accéder à l’information, à la connaissance, quelle que soit la langue dans laquelle elle a été codée.

Présence et dialogue des langues et des cultures sur internet

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Je ne vais pas résumer l'atelier parce que Thibault Grouas a fait un document très fidèle aux échanges qu’on a eus. Donc je présenterai l’ambiance générale, les idées qui se sont dégagées seulement. Échanges riches, beaucoup de participants, beaucoup de propositions, de discussions, de débats, de partages d’expérience, des pratiques, une atmosphère créative et productive donc l’ensemble des préconisations, selon moi, se sont situées d’un point de vue matériel, d’un point de vue contenu. D’un point de vue matériel, il s’agit de la création de points d’accès à internet dans tous les villages et sites isolés. Parce qu’on a des paraboles, mais il faut qu’elles fonctionnent encore parce que les dispenser à internet donc pourquoi pas les écoles et les villages. Équipement aussi des sites isolés et éloignés, des communes pratiquant les langues autochtones et s’assurer des aspects techniques de la gestion de ces centres. Et de leur bon fonctionnement. Au niveau contenu, il y a aussi deux volets, parce qu’il y a toujours le formel donc l’école et il y a aussi l’informel. Dans le formel, il s’agissait des sites en langues outre-mer avec une exigence de contenu des qualités. Si on écrit en créole sur le site créole, il ne faut pas faire de fautes d’orthographe, il ne faut pas raconter n’importe quoi si le professeur voit ça. Versus, l’espace libre d’échanges sans exigence de forme et d’orthographe où les enfants peuvent s’exprimer librement, dire ce qu’ils veulent sans se soucier de l’orthographe, ce qui les empêcherait de s’exprimer librement. Dans le cadre du formel, on a aussi eu une proposition très intéressante : l’introduction des nouvelles technologies dès la maternelle avec une vraie formation, parce qu’on sait aujourd’hui que, parfois, on forme les parents à travers les enfants. À cet âge-là, les parents se soucient beaucoup de ce que l’enfant a appris à l’école donc ce partage peut être aussi très bénéfique pour les parents. Partage des faits culturels, savoirs, savoir-faire au niveau communauté. Enregistrement sons, fiches techniques, je n’entrerai pas dans les détails, mettre des faits culturels, donc, avec l’accord des communautés, sur internet, faire partager la culture. Il y a eu beaucoup d’autres idées. Comment faire vivre le site une fois qu’on l’a créé ? Traduction ou pas ? Et il y a une autre idée très intéressante qui s’est dégagée ici, l’utilisation d’un site dans sa langue maternelle peut parfois favoriser une intimité culturelle (on a retenu ce terme), on a parfois envie de dire une chose sans la traduire et si on a envie de la traduire, on la traduit soi-même. Donc cette idée de traduction où on sait que les machines ne le font pas bien aujourd’hui, où ce n’est pas satisfaisant, on peut faire le choix de le faire soi-même ou, quand on a besoin de savoir ce qui se dit, on peut le demander et on trouvera de l’autre côté des interlocuteurs qui vont le faire.

Atelier d’écriture Wikipédia

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Pour l’atelier « Wikipédia » qui était donc très centré sur un sujet et en petit comité, on a d’abord fait le constat que wikipédia était très peu investi par les langues d’outre-mer contrairement au contenu concernant l’outre-mer dans la langue française. Donc il y a un très fort déséquilibre entre le français et les langues d’outre-mer. La discussion avec les différentes personnes a montré ensuite que c’est pourtant un outil qui peut être assez fondamental dans la légitimation des langues, dans leur diffusion, dans leur transmission, pourquoi pas aussi un outil de stabilisation écrite des langues par le dialogue et le consensus entre les différents contributeurs. Et contribuer sur wikipedia en français à propos de l’outre-mer et contribuer dans les langues de l’outre-mer sur tous les sujets encyclopédiques, scientifiques, culturels, littéraires, etc. pouvait être un outil vraiment intéressant pour lutter contre cette idée de complexe de dévalorisation qui est quand même très présent et favoriser le sentiment de légitimité des langues locales sur internet. Ce que je retiens aussi, c’est que les personnes présentes se sont trouvées extrêmement motivées pour créer des versions linguistiques de wikipédia dans leur langue, donc c’est un très bon espoir et j’espère que ce sera concrétisé. Et une préconisation que l’on pourrait faire, c’est de proposer que l’association Wikimédia France qui a pour objectif de favoriser l’émergence de wikipédia travaille avec les différentes communautés et avec les différentes institutions, et notamment la DGLFLF, au soutien et à la coordination de créations de versions linguistiques de wikipédia dans les différentes langues locales, avec le bémol de la question à régler des langues qui ne sont pas encore écrites et donc là, on se retrouve avec l’éternel problème de l’oral et de l’écrit.

Le rôle des langues dans la construction d’une identité commune

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Collecter, présenter, partager : pratiques linguistiques et de traduction dans les institutions patrimoniales

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  • Modérateur : Michel Alessio (Délégation générale à la langue française et aux langues de France)

Je parle de l’atelier « collecter, présenter, partager : pratiques linguistiques et de traduction dans les institutions patrimoniales ». Par institutions patrimoniales, on entend musées, bibliothèques et centres d’archives. Je rends hommage à l’esprit de synthèse de Ghislaine Glasson Deschaumes qui a très rapidement ramassé les idées émises au cours de l’atelier, lequel s’est inscrit dans la suite de l’enquête « pratiques linguistiques et de traduction dans les institutions patrimoniales d’outre-mer » réalisée en amont des EGM et dont les résultats seront formalisés début 2012. L’atelier a porté sur les pratiques linguistiques notamment au stade de la collecte et de la constitution des fonds, de la présentation de l’offre au public, de la prise en compte des acteurs locaux. Il a rappelé la nécessité d’envisager le patrimoine dans sa diversité comme une question du présent et de ne pas le dissocier des enjeux de création artistique. La situation connaît quelques limites au déploiement du plurilinguisme. Les dimensions linguistiques et de traduction sont insuffisamment prises en compte dans les musées, centres d’archives et bibliothèques. Les métropolitains qui s’installent dans les territoires d’outre-mer font souvent preuve de peu d’intérêt pour le patrimoine local. Un certain monolinguisme prédomine dans les institutions patrimoniales et, avec lui, des méthodes de catégorisation des savoirs et de description des réalités, si bien ou si mal que la présentation des patrimoines des populations ultramarines est souvent esthétisée, construite de l’extérieur sans prendre en compte les savoirs de ces populations sur elles-mêmes ni valoriser le récit qu’elles font d’elles-mêmes. Les professionnels se trouvent donc souvent démunis lorsqu’ils veulent prendre en compte la diversité des langues sur un territoire donné. Il y a, en même temps, des potentiels. Il existe une authentique réflexion des professionnels des musées, bibliothèques et centres d’archives sur la nécessité d’ouvrir leurs institutions aux langues parlées sur les territoires où ils exercent. Des dynamiques positives émergent, notamment dans les coopérations transfrontalières avec la création de réseaux régionaux ne passant pas nécessairement par la métropole. On a donné l’exemple du réseau des musées amazoniens. Les recommandations de l’atelier sont une invitation aux états généraux à être plus rebelles et imaginatifs, sont aussi une invite à agir à différents niveaux. Au niveau des institutions patrimoniales, d’abord il faut placer l’homme dans le présent au cœur des processus patrimoniaux. Pas les objets. La prise en compte du multilinguisme est un projet de société. Les institutions patrimoniales d’outre-mer ne peuvent ignorer la pluralité des langues. Elles sont invitées à utiliser l’ensemble des moyens à leur disposition, les moyens traditionnels comme les nouveaux. Les langues au musée, c’est la parole et pas seulement l’écrit. C’est sous cet angle vivant qu’il faut faire de la langue un objet patrimonial au musée, non pas en la muséifiant, mais en l’incarnant, en lui donnant voix. Il faut ouvrir des espaces plurilingues dans les institutions patrimoniales pour donner accès au patrimoine pour tous. Les populations locales doivent être associées à l’enrichissement et à la connaissance des collections et des fonds comme au développement de la mémoire locale à travers, par exemple, la collecte d’archives orales dans toutes les langues. Le plurilinguisme dans les institutions patrimoniales suppose un effort pour rendre les fonds et collections accessibles aux populations locales et pas seulement aux touristes. Au niveau des populations locales, précisément maintenant au niveau des citoyens, les habitants d’un territoire sont pleinement légitimes à faire patrimoine et doivent être valorisés comme acteurs des processus de patrimonialisation pour construire par eux-mêmes le savoir sur eux-mêmes. Très important. Détenteurs d’archives, ils ont aussi un rôle de conservation et de transmission. Les métropolitains présents sur un territoire ultramarin sont invités à faire la démarche d’aller vers les langues et patrimoines locaux. Au niveau des pouvoirs publics, ministère de la culture maintenant, il est recommandé de valoriser davantage les patrimoines d’outre-mer et de développer, dans les formations patrimoniales, au niveau général, cette dimension. De valoriser les acteurs patrimoniaux locaux dans leurs rôles pour constituer des collections de valeur nationale et universelle à partir d’un ancrage local. Adapter les modes de classement et de catégorisation des savoirs aux langues et cultures d’outre-mer, favoriser et appuyer la mise en réseau des institutions patrimoniales qui souhaitent travailler au niveau local et régional. Enfin, au niveau des collectivités territoriales, il s’agirait d’orienter leur politique patrimoniale vers la prise en compte de la diversité des langues et des patrimoines d’outre-mer non pas seulement pour sauvegarder les langues, mais pour faire société, pour construire le commun. Donc former des fonctionnaires territoriaux œuvrant dans les institutions patrimoniales aux langues locales et aux processus de traduction. Favoriser les mécanismes de participation des populations locales aux processus de patrimonialisation. Favoriser, par conséquent, l’émergence de musées, bibliothèques et centres d’archives plurilingues.

Traduire pour exister ? Le point de vue des auteurs, des traducteurs et des éditeurs

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J’ai animé l’atelier « Traduire pour exister. Le point de vue des auteurs, des traducteurs et des éditeurs ». Comme vous pourrez le constater, il y a différentes préconisations et constats qui ont déjà été faits dans d’autres ateliers. Mais nous sommes tombés d’accord sur le fait qu’il y avait une nécessité absolue de mettre en place une politique linguistique qui donne naissance à une structure centralisatrice, c’est très important, dans chaque département, notamment. Nous avons étudié ce qui devait être fait en amont et en aval de la mise en place de cette structure de défense de la langue et des intérêts de la langue. Cette structure pourrait être mixte, dépendre de l’État notamment et d’une collectivité territoriale. Au sein de cette structure, il y aurait un pôle traduction, et c’est ce qui nous intéresse ici particulièrement, un pôle observation et cette structure servirait également d’interface entre les différentes administrations et collectivités telles que les directions des affaires culturelles, les instituts universitaires de formation des maîtres, les universités, les conseils régionaux, généraux, le centre national du livre, etc. donc la mission proprement dite d’une telle structure pour laquelle on n’a pas réussi à se mettre d’accord sur le nom, aurait en charge la formation des traducteurs et des professeurs. Beaucoup ont insisté sur la formation des traducteurs. Différentes hypothèses ont été émises, donc il y a quelque chose à creuser, mais il est vrai qu’il est nécessaire que tout un chacun ne puisse pas s’autoproclamer traducteur. Cette structure aurait aussi en charge une charte des traducteurs au sens large du terme, un transfert des compétences, aurait aussi à sa charge une uniformisation des langues, notamment au niveau de la graphie ou autre. Nous avons bien sûr déterminé en quoi cette structure, sur quels choix et quels types de supports elle pourrait œuvrer et, comme on a pu le voir dans d’autres ateliers, les supports appréhendés seraient bien évidemment le livre, l’audio, mais aussi des doublages de journaux télévisés ou de films, des bandes magnétiques dans les musées en créole de façon systématique comme on peut l’avoir dans certains musées en diverses langues ou autres. On a également déterminé ce que pourraient être les cibles sur lesquelles travaillerait cette structure, les cibles étant les personnes vers qui se serait tourné l’essentiel du travail de structure. Il y aurait les enfants bien évidemment, les élèves, les visiteurs des départements en question, les immigrés ou autres. Et il a été fait référence à plusieurs reprises à la fameuse loi 101 au Québec qui permet notamment un double affichage français anglais, partout, dans le métro, dans le train, dans les administrations ou autres. Tout cela contribuerait au développement des thématiques dans différents domaines. Bien sûr pédagogiques, cela va de soi, les manuels, les dictionnaires et autres ; culturels, démonstration artistique ; le domaine scientifique aussi qui a été largement appréhendé, le domaine signalétique et administratif concernerait aussi tous les supports administratifs dont tout un chacun peut avoir besoin à la poste, à l’hôpital ou dans les administrations. Et il y a à noter que la traduction devrait se faire dans les deux sens, il y a de l’intraduction et de l’extraduction et il est bon de rappeler que pour qu’une langue survive, notamment une langue régionale, il faut qu’elle puisse vivre et se développer et se faire connaître et être pratiquée non seulement à l’intérieur de ses frontières propres, mais aussi à l’extérieur de celles-ci. Et enfin, on a parlé des écueils qui pouvaient naître d’une telle structure puisqu’elle existe déjà notamment en Alsace et on a pu étudier très rapidement ce que pouvaient être les écueils d’une telle structure.

Le rôle indispensable des médias audiovisuels dans la construction d’une identité commune

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Je vais vous parler du « rôle indispensable des médias audiovisuels dans la construction d’une identité commune » puisque c’était le titre officiel de cet atelier et qu’on recommande d’être bref, je vais essayer de l'être, sinon vif comme l’éclair parce que j’en serais bien incapable au bout de deux jours d’états généraux, du moins bref comme l’éclair, éclairant comme l’éclair, je n’ose y songer, mais on peut toujours rêver. En tout cas, dans cet atelier, qu’a-t-on remarqué ? Que la plupart des gens, pour ne pas dire l’unanimité, a souligné une très forte sous représentation des langues de l’outre-mer dans les médias. Et quand je dis sous représentation, 95% de l’atelier a tourné autour des problèmes des créoles et, par défaut, on pouvait presque en conclure que les autres langues que les créoles, les autres langues d’outre-mer étaient pratiquement absentes de tous les médias. Bien sûr il y a un certain nombre d’exceptions à cette règle qui ont été soulignées avec beaucoup de bonheur, notamment une radio qui s’appelle UDL à Saint-Laurent du Maroni et qui, en corollaire, donne un aspect très positif sur l’expression et l’exposition qu’elle donne à des langues, le ndjuka au départ et le saramaka par la suite, ce qui en fait une sorte d’espace à la fois d’identité et de visibilité qui est visiblement extrêmement apprécié. Donc, sous représentation des langues. Ensuite, ce qui a été également unanimement souligné, c’est une grosse sous représentation des outre-mer eux-mêmes dans les médias nationaux. Comme si ces médias parlaient beaucoup plus du quotidien de la métropole que du quotidien de sa périphérie, d’une certaine façon, et qu’on ne parlait des outre-mer que quand ça se passait mal, c’est-à-dire quand il y a des catastrophes naturelles ou des épidémies. En gros, on en parle pour Chikungunya ou pour les cyclones, ce qui n’est pas la meilleure façon d’en parler. En troisième lieu, on a vu que les problématiques dominantes étaient celles des créoles et on a relevé, d’une certaine façon, ce que j’appellerai un effet pervers d’une plus grande visibilité des créoles. Les créoles étant totalement absents des médias avant 1981, c’est-à-dire à l’époque du monopole. Après 1981, il y a eu une espèce d’appel d’air explosif qui a fait que les créoles se sont répandus sur un certain nombre de médias privés associatifs ou commerciaux, surtout associatifs, ça a eu comme contrecoup que les services publics ont pris cette demande en compte et que le créole a commencé à avoir une certaine visibilité dans le service public que ce soit de la radio ou de la télévision, en continuant bien sûr à s’exprimer sur des médias privés. Mais ce qui a été relevé aussi, c’est que ces médias qu’ils soient privés ou publics, mais surtout privés, donnent une libre parole à la fois à des journalistes amateurs ou professionnels et c’est vrai que très souvent il s’agit de bénévoles, et donnent aussi la parole aux auditeurs. Ce qui fait que circule sur ces médias un créole, quelles qu’en soient ses origines, qui n’est pas toujours maîtrisé et dont on regrette de temps en temps que, justement, il ne soit plus très réglé. Et, qu’on le veuille ou non, l’exposition du créole sur les médias donne une image d’une certaine normalisation, ou disons normation, du créole. Laquelle ? Eh bien, ça va amener un certain nombre de recommandations assez simples. D’abord, comment faire pour qu’il y ait une plus grande visibilité des outre-mer en général sur les médias, notamment les médias nationaux et notamment le service public ? Deuxièmement, comment faire pour qu’il y ait une plus grande visibilité des langues d’outre-mer sur ces mêmes médias ? Troisièmement, comment, je ne dirais pas défendre le créole, mais comment faire pour que les gens qui dirigent ces radios et les gens qui ont la parole sur ces radios et donc donnent la parole aux autres, aient une maîtrise suffisante à la fois de leur métier et de leur idiome pour pouvoir faire écouter un créole qui soit conforme à un certain nombre de normes ? Donc il serait bon d’alimenter un fond de formation des journalistes, des animateurs, des gens de média, dans leur langue. Puisque par exemple, on a beaucoup regretté qu’à propos d’une radio très connue à la Réunion, qui est Radio Freedom, il semble que les animateurs de Radio Freedom, selon les intervenants il y avait deux versions. Soit ils s’expriment totalement en français et ils donnent la parole en créole aux gens qui veulent la prendre, mais eux parlent en français. Soit, de façon très minoritaire, disait quelqu’un d’autre, ils parlent en créole. La plupart du temps, c’est en français. Comment faire pour que, justement, ils puissent distribuer la parole en créole, à ce moment-là, s’ils étaient mieux formés et s’il y avait plus de structures de formation des journalistes, ça serait préférable. Et dernière recommandation, les gens aimeraient beaucoup, en tout cas ceux qui ont participé à cet atelier, qu’il y ait un fond de subventions pour des reportages et des documentaires sur la vie culturelle ou la vie en général des outre-mer.

Langues et création artistique

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Xavier North : malheureusement, nous n’avons plus le temps de prendre des remarques de la salle puisqu’il nous faut présenter le tout dernier rapport qui concerne « langues et création artistique » et en vous remerciant tous les trois, je vais demander à Serge Hureau de venir nous rejoindre. C’est en effet sous le seul angle de « danser et chanter ses langues » que nous allons aborder le problème parce que Gilbert Tein se prépare pour la cérémonie de clôture à laquelle il doit participer. Mais Serge Hureau, ça tombe bien puisque tout finit par des chansons.

danser et chanter ses langues

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Mais il paraît, c’est Goldoni qui l’a dit de la France, et vous savez que Goldoni est un homme qui a écrit des pièces qui relevaient de la commedia dell’arte, c’était un art populaire qu’il a transformé et vous savez que dans la commedia dell’arte, chaque personnage joue dans sa langue. C’est à dire que Brighella joue en moschetto, Pantalone joue en vénitien, donc on a dix personnages à peu près dans une même pièce et chaque personnage parle dans sa langue. Et ce serait un rêve que de voir ça ici, par exemple et de monter un grand spectacle avec les langues d’outre-mer, mais des fabrications de personnages, évidemment, qui correspondraient à tout ça. Tout à l’heure, à côté de notre synthèse sur la chanson et sur la danse, il y avait aussi celle qui est sur le conte et il y avait beaucoup de points communs entre ces disciplines. Tout d’abord, quand j’ai préparé cet atelier, on a bien fait de rajouter danse. C’est un petit peu au dernier moment, tout d’un coup on s’est dit « chanter c’est très bien, mais ça se range comment les chansons ? ça se range et ça se classe en danse ». On a bien fait d’appeler ça « chanter et danser ses langues » parce qu’en fait, la majeure partie du temps, on a parlé de la danse. Et déjà ce matin, on nous l’a vraiment annoncée cette question de la danse. Comment tout à coup il n’y a plus de langues ou il y a au contraire des langues qui favorisent le corps. Et ça a été une chose unanime pour tout le monde qui était que si on bouge son corps, tout à coup, on se met à accepter de parler sa langue familière ou intime, on se met à s’intéresser à écouter d’autres langues, on a même le plaisir de pouvoir danser sur des langues qu’on ne comprend pas, donc il y a eu là une chose vraiment importante qui a été unanime et qui nous a montré qu’il y a déjà une pratique très grande et qu’on n’allait pas inventer à la suite de ces deux jours quelque chose là-dessus et, qu’au contraire, c’était fait, mais que c’était très peu reconnu. Ça c’est vraiment exprimé d’une manière très concrète, c’est-à-dire qu’en un mot on a reparlé de choses très précises qui sont les dispositifs culturels, au ministère de l’éducation nationale. Ce qui veut dire : quid des classes apac ? Pourquoi, d’une certaine manière, ont-elles disparu ? Pourquoi n’ont-elles plus assez de moyens ? Quid des artistes intervenants à côté d’un professeur, à côté d’un professeur de langue, par exemple ? Pourquoi n’y en a t-il plus ? Donc c’était d’une précision incomparable. Et ensuite, évidemment, d’autres questions qui se sont posées ici qui sont : fabriquer un répertoire, fabriquer un répertoire diffusable par exemple sur internet et qui puisse mêler le premier degré et l’université. Tout d’un coup, les chercheurs utiles aussi sur le plan de l’école. C’était donc vraiment nous rappeler pourquoi y a t-il des choses qui existent et qui ne fonctionnent pas en fin de compte et qu’on réclame simplement ? Ça c’était une chose essentielle et ensuite, on a parlé évidemment du coût de l’éducation. C’est une chose. Mais à un moment donné on avait des représentants des institutions culturelles, c’est-à-dire des outils culturels, ce sont par exemple nos scènes nationales, et la question qui se posait était : comment cela se transmet ? Comment la dimension populaire peut se transmettre ? à travers un conservatoire, par exemple, ou à travers d’autres pratiques ? Et comment, aussi, peut-elle être diffusée et être montrée ? On a vu que tout ça relevait d’une pratique amateur, peu soutenue, avec un investissement des professeurs eux-mêmes incroyable, il y a même un professeur qui était là, qui paye les intervenants elle-même, parce qu’elle veut aller jusqu’au bout de quelque chose de très fort et de très convivial qui, souvent, met en scène pas seulement les enfants mais leurs parents. Le trans générationnel est évident comme dans tous les bals depuis des siècles dans de nombreux pays du monde, c’est la rencontre des générations qui vaut. Et donc toute la question était là : comment transmettre cela ou comment le légitimer sinon qu’en proposant de le montrer ? C’est-à-dire, comment des opérations qui sont montées autour de la danse, on connaît le renouveau aujourd’hui très fort, outre-mer, des danses contemporaines liées comme par hasard aux danses hip-hop, par exemple, les danses urbaines qui vont rencontrer ces danses-là. Vivifier un répertoire, parce que tout ça c’est un répertoire fait de danses qu’on a même quelquefois oubliées et qui sont des danses de la métropole ou des danses de l’Europe quand on nous parlait de la valse, quand on nous parlait de la mazurka, comment des choses qui sont pratiquées dans le carnaval, par exemple, peuvent être vivifiées, revisitées par des artistes et, du coup, signées. Et on a rappelé une chose qui est essentielle qui est la grande part des artistes d’outre-mer qui sont connus sur le terrain de ce qu’on appelle la world music pour rester français, ou les musiques du monde et de voir que l’on a vraiment de très grands représentants nationaux des musiques du monde en outre-mer, qui viennent essentiellement tous de là. Alors toute la question était : comment l’équipement culturel va permettre, par la signature, la singularité d’un artiste, que quelque chose soit reconnu et que, par exemple, une tentative collective plutôt amateur ou dans le monde du scolaire puisse accéder à un autre statut qui sera celui même qui sera connu dans des grands festivals, etc. Voilà, ça c’était en gros ce qu’on disait, tout cela on le mettra en ligne. Chose qui a été importante pour nous aussi c’est de se dire qu’ici c’est un début, évidemment ce n’est pas une fin et la première chose qui nous a intéressée a été de demander le nom de chacun et la chanson préférée de chacun dans sa langue. Et je pense que c’est à travers tout ça qu’on dit une chose forte qui est : « la culture intime est « l’histoire des sentiments ». Parce que n’oublions pas que les chansons nous accompagnent de la naissance jusqu’à la mort et parlent de choses essentielles comme la politique, de désir amoureux, la déception amoureuse, le deuil, etc. Je pense que c’est tout ça qui donnait beaucoup de passion aux gens, mais en même temps, cette passion n’était pas démagogique et pas simplement « Allez, on va passer un bon petit moment parce qu’on va parler de chant et de danse, mais on va rappeler que ce sont vraiment des disciplines populaires qui doivent trouver leur accès, leur reconnaissance par un effort institutionnel, par exemple les faire rentrer dans le programme. Les gens ont été pris par cette idée que l’on peut bosser si ça rentre au programme et si, tout à coup, les instances supérieures permettent quelquefois de résoudre de petits problèmes intermédiaires qui empêchent, en fait, de travailler. Et la question de l’argent est aussi essentielle. Pourquoi les gens ne sont-ils pas payés pour le faire et il faut vraiment des professionnels comme de bons traducteurs, et un bon traducteur est souvent un traducteur payé.

Conclusion

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Xavier North : Merci beaucoup, Serge. Voilà chers amis. À vrai dire, la richesse de ces propositions donne un peu le vertige. En tout cas, j’espère qu’elle ne donne pas le vertige à notre ami Robby Judes qui aura à nous en présenter une synthèse tout à l’heure. Il est très clair que cette synthèse réalisée en réel, en quelque sorte, ne pourra en aucune manière rendre compte de tout ce qui aura pu être dit cet après-midi. Je crois que c’est la règle du jeu que nous nous sommes donnés et il faut là-dessus que les choses soient claires, cette synthèse ne sera pas le texte qui fera foi. Le relevé de conclusions « officiel », mettez tous les guillemets que vous voulez, de nos états généraux, ce relevé de conclusions, ce sera celui qui sera élaboré à partir des contributions que j’invite les modérateurs à nous adresser au plus tôt. Nous les enrichirons des observations qui auront pu être formulées cet après-midi. Nous ferons valider ce texte par les rapporteurs eux-mêmes pour bien nous assurer que rien n’aura été oublié et c’est la version finale qui fera autorité, ce n’est pas celle qui sera présentée au cours de la cérémonie de clôture et celle à laquelle le ministre lui-même ne pourra pas répondre, puisqu’il n’en aura pas eu connaissance au préalable. Voilà. Je crois que l’on n’aura pas pu tout faire, il faut avoir l’honnêteté et la générosité de le reconnaître.