Foire aux questions modifier

  • Qu'est-ce qu'un savon ? Comment en faire soi-même ?
  • Comment le savon maison se positionne-t-il comme une solution écologique ?
  • Quelles sont les précautions à prendre et la bonne conduite à tenir pour fabriquer ses savons ?
  • Combien coûte un savon fait maison ?
  • Quels sont les limites du savon fait maison ?
  • Et le savon shampoing? Et le savon après-shampoing? Est-ce beaucoup plus compliqué à fabriquer ?
  • L'usage des savonnettes va-t-il à l'encontre d'une bonne hygiène?

Introduction modifier

Le savon fait partie de notre quotidien. Solide ou liquide, on l'utilise tellement souvent pour se laver les mains et le corps qu'on ne cherche pas ou plus à savoir ce qu'il y a dedans. On aime son savon parce qu'il sent bon, parce qu'il mousse bien ou tout simplement qu'on a l'habitude d'utiliser le même type depuis des années. Pourtant, le savon fait maison est, avec quelques précautions, accessible à tous. Il peut présenter un avantage écologique certain (produits bios, maîtrise des ajouts, reduction des emballages) sans peser sur votre budget. Sa réalisation demande juste un peu de temps (séchage) et d'organisation (préparation et précautions).

Dans cet article seront traités les savons dits traditionnels, comme le savon dit "de Marseille" par exemple, à partir d'une réaction de saponification.

Pour comprendre ce qui peut motiver la fabrication de savons alternatifs "sans savon", voir la partie "Les limites du savon fait maison".

Pour compléter cet article et approfondir le sujet, de précieuses ressources sont présentées dans la partie "Ressources externes".

 
Dans sa version la plus épurée, le savon ne nécessite que 3 ingrédients : de l'huile, de l'eau et de l'hydroxyde de sodium (soude caustique)

Le savon maison comme solution écologique modifier

Les savons que l'on trouve dans le commerce en grande surface ne sont pas toujours exemplaires en terme de composition : Ils contiennent essentiellement de l'eau, et donc se consomment trop vite. Ils peuvent contenir des produits irritants et non biodégradables. Les substances irritantes peuvent abimer votre peau voir provoquer des réactions allergiques. Les produits non biodégradables vont persister et polluer les eaux usées. De plus, une des matières premières principale du savon est l'huile. L'huile de palme par exemple, très intéressante dans l'industrie agro-alimentaire pour son coût bas et ses propriétés chimiques l'est aussi pour les fabricants de savons pour les mêmes raisons. Il faut savoir que cette huile est très controversée car la plantation de palmier à huile joue un rôle avéré dans la déforestation[1].

Il faut également se soucier de la provenance de votre huile, et de sa méthode de transport jusqu’à vous. Une huile de coco par exemple, même bio, vient de loin, et a sans doute voyagé par avion, ce qui augment d'autant son emprunte carbone.

Entre la réduction des ajouts comme les parfums de synthèse, conservateurs ou agents texturant et le choix privilégié d'huiles plus respectueuses de l'environnement, les savons maison peuvent s'inviter comme une alternative plus responsable que les savons industriels.

La question pratique modifier

La saponification modifier

Fabriquer un savon solide "classique" nécessite de produire une réaction chimique appelée saponification. La saponification consiste à mélanger un corps gras ou un mélange de corps gras/huiles avec de la soude (les réactifs), ce que va former de la glycérine qui a une consistance solide/visqueuse et du savon qui a le pouvoir lavant/mousse (les produits). Quand les réactifs mélangés sont introduits en proportion optimale, ils ne sont plus présents à la fin de la réaction.

Il existe deux types de saponification. La saponification à chaud et la saponification à froid. La saponification à chaud est utilisée dans l'industrie car elle permet de produire des savons plus rapidement et elle offre plus de contrôle sur la gestion des réactifs et des produits. Elle est appelée "à chaud" car elle consiste à porter le mélange initial à haute température (~120°) pendant un certain temps.

La saponification à froid ne nécessite pas d'apport de chaleur externe et la réaction va se produire naturellement à des températures plus basses, comprises entre 30 et 50 degrés environ. En effet, le mélange des huiles avec la soude est une réaction exothermique, c'est à dire qu'elle dégage de la chaleur. En "séchant", le savon en formation va passer par une phase de montée en température tout en se solidifiant puis il va sécher progressivement sur plusieurs jours/semaines. Cette étape de séchage est appelée la cure du savon.

Bien que nécessitant un peu plus de temps de préparation, notamment concernant l'étape de cure, la saponification à froid est très facile à réaliser chez soi et elle à l'avantage de ne pas demander de phase de cuisson très énergivore et qu'elle préserve les matières premières introduites qui pourraient être sensibles aux fortes chaleurs.

Les résultats des patients souffrant d'eczéma et traités avec du lait d'ânesse sont impressionnants : 83,3% ont obtenu un bon effet sur leurs problèmes de peau et 13% un léger effet. De plus, les lipides que contient le lait d'ânesse aident à maintenir la peau hydratée plus longtemps, ce qui permet de prévenir la sécheresse cutanée. C'est l'un des éléments essentiels pour les adultes souffrant de sécheresse. Il n'est pas étonnant que ce produit soit plus qu'agréable à utiliser : il améliore votre peau et la nourrit de vitamines" a déclaré le Dr Jesus Perez, dermatologue en chef de l'hôpital CEMADEN de Madrid. Oui, la peau est le premier et le plus important des organes sensoriels, mais c'est aussi l'un des plus délicats. Par conséquent, lorsqu'il s'agit de prendre soin de notre corps, nous voulons nous assurer que tout est fait pour que notre peau reste saine et confortable tout au long de la journée. Cela commence dès les préparatifs que nous utilisons le matin, de la douche et de la toilette à l'habillage ou au maquillage. C'est pourquoi nous devons choisir des produits naturels sans produits chimiques ni toxines qui ne sont pas nocifs pour notre peau. source : www.savonneridere.fr

Le sur-graissage modifier

Quand la quantité d'huile et de soude est bien équilibrée et que la réaction de saponification est totale, il n'y a pas d'huile en excès. Cela peut causer quelques troubles. Si le dosage n'est pas parfait en amont, il y a des risques de produire un savon dit "caustique" avec de la soude en excès. Un tel savon sera irritant pour la peau et pourra être recyclé pour faire de la lessive. Autrement, si le savon n'a pas d'excès de soude, il sera peut-être un peu trop agressif et risque dessécher votre peau. C'est pourquoi il est recommandé de faire un savon avec un sur-graissage, c'est à dire en introduisant de l'huile en excès lors de la saponification. Le sur-graissage recommandé va de 5 à 8% du poids des huiles.

Il est possible de faire le sur-graissage au début de la recette en introduisant de l'huile en plus, ou d'ajouter l'excès d'huile à la fin quand le mélange commence à prendre avant de couler dans les moules. Le sur-graissage au début permet de ne rien oublier, tandis que le sur-graissage à la fin permet d'ajouter une matière grasse précise qui sera beaucoup plus préservée que les huiles introduites avant. Cela est particulièrement intéressant pour les huiles essentielles ou les huiles ayant des propriétés hydratantes et adoucissantes pour la peau (karité, argan...).

Matériel modifier

 
De gauche à droite : Emballage de chips cylindrique tapissé d'une feuille silicone réutilisable, moules à "cupcakes", moule à madeleines.

Pour faire son savon maison, le matériel suivant est nécessaire :

  • Une balance de cuisine, précise au gramme près
  • Un mixeur plongeant pour la soupe.
  • Des moules à cupcake en silicone ou une boite de chips en carton cylindrique.
  • de la soude caustique (hydroxyde de sodium) pure ou de la lessive de soude (dosée à 30% en général). Attention, ne pas confondre la soude caustique avec les cristaux de soude, qui ne fonctionneront pas pour la fabrication de savon.

Le matériel suivant est fortement recommandé :

  • des lunettes de protection
  • Un thermomètre de cuisine
  • un tapis de cuisson en silicone pour tapisser la boite de chips en carton cylindrique (permet de la réutiliser). Autrement du papier cuisson classique.

Étapes de fabrication modifier

  1. Choisir ses huiles végétales à utiliser (voir "Ressources externes")
  2. Utiliser un calculateur pour connaitre la quantité de soude à utiliser par rapport à la quantité d'huile que vous souhaitez employer. (voir "Ressources externes"). Il est important de prendre son temps pour ces deux premières étapes afin de ne pas introduire trop de soude !
  3. Si vous employez de la soude caustique :
    1. Diluer progressivement la quantité de soude dans la quantité d'eau préconisée par le calculateur. Attention, on verse toujours la soude dans l'eau et pas l'inverse. La réaction va dégager de la chaleur, c'est normal. Ne pas respirer les vapeurs et faire attention à vos yeux lors de cette étape. L'emploi de lessive de soude déjà diluée peut vous simplifier cette étape. Après avoir dissout toute la soude, attendre que la solution refroidisse à une température d'environ 40°C. Si vous n'avez pas de thermomètre, ce n'est pas très grave. Dans ce cas, un bon repère peut-être la sensation de température du récipient : il ne pas avoir l'air chaud, mais plutôt tiède.
  4. Si vous disposez d'huile solides type coco, les liquéfier à chaleur douce pour pouvoir les incorporer aux huiles liquides.
  5. Mélanger les huiles.
  6. Incorporer la solution de soude dans les huiles et commencer à mélanger doucement avec le mixeur plongeant. D'abord sans l'activer puis en l'allumant par à-coups. Selon les huiles utilisées, et la température à laquelle vous mélanger, cette étape peut prendre jusqu'à quelques minutes.
  7. Quand le mélange commence à s'épaissir, on dit que le savon a atteint la trace (le liquide qui s'écoule du mixeur que l'on ressort laisse une trace sur le mélange). Si l'option d'insérer le sur-graissage à la fin a été choisie, c'est le moment de l'ajouter.
  8. Couler les savons. Pour les moules en silicones, un petit huilage préalable facilitera le démoulage
  9. Une fois les savons coulés dans un/des moules, patienter 48h avant de les démouler et éventuellement les couper. Passé ces 48h, le savon devrait être à l'état solide.
  10. Laissez séchez le mixeur et les récipients avant de faire la vaisselle. Le mélange aura solidifié et vous aurez directement du savon pour laver le matériel.
  11. Compléter l'assèchement du savon par une cure d'au moins 4 semaines pour que le savon continue de s'assécher et de durcir.
 
Savons faits maison de différentes couleurs et textures, tranchés dans un moulage de boîte de chips cylindrique.

Propositions de recettes modifier

Recette 1 - Olive et coco modifier

Pour 11 savons cylindriques d'une soixantaine de grammes chacun (voir photo exemple ci-dessus).

  • 120g huile de coco BIO
  • 500g huile d'olive BIO
  • 85g de soude diluée dans 171g d'eau
  • 50 gouttes d'huile essentielle de citron à la trace
Recette 2 - 100% Olive modifier
  • 674g huile d'olive BIO
  • 86g de soude diluée dans 200g de jus de carotte BIO
  • 30 gouttes d'huile essentielle de Ravintsara + 30 gouttes d'huile essentielle de zeste de citron à la trace.

La question du coût modifier

Pour minimiser l'impact environnemental, on peut envisager de réaliser son savon à partir de matières grasses d'origine biologique. Voici une estimation des prix d'après des achats effectués dans le commerce (estimé en novembre 2020) :

  • 2.25l (2070g environ) d'huile d'olive BIO = 16.73€
  • 950ml (866g environ) d'huile de coco[2] BIO = 8.92€
  • 1kg soude caustique pure = 11.70€
  • 50ml (1000 gouttes environ) huile essentielle de citron zeste = 13.40€

Coût total pour effectuer la recette 1 = 120/866 *(8.92) + 500/2070 * (16.73) + 85/1000 * (11.7) + 50/1000 * (13.40) = 0.14*8.92 + 0.24*16.73 + 0.085*11.7 + 0.05*13.40 = 6.93€. Soit environ maximum 65 centimes par savon avec cet exemple.

Pour aller plus loin : Ressources externes modifier

- Pour avoir des explications plus précises sur la saponification, quelle huile pour quelle propriété, le détail des étapes, les choses à faire ou ne pas faire : https://www.aroma-zone.com/info/fiche-savoir-faire/la-saponification-a-froid

- Pour calculer la quantité de soude à utiliser en fonction des huiles choisies : https://www.aroma-zone.com/info/calculateur-de-saponification

- Une version vidéo, qui reprend tous les éléments présentés dans la page : https://www.youtube.com/watch?v=9zjSCbd7DJ0

Les limites du savon fait maison modifier

Certes, le savon fait maison n'a pas d'emballage une fois démoulé, mais il faut garder à l'esprit que l'emballage des huiles et de la soude produisent des déchets en amont. Il est préférable de se procurer dans la mesure du possible les matières premières en vrac, ou en grande quantité pour minimiser les emballages.

La soude caustique, bien qu’indispensable pour la fabrication de savon "classique" est obtenue par électrolyse (énergivore) et avec des procédés pouvant être controversés pour leur utilisation de métaux lourds (mercure). Ce procédé est en cours de remplacement avec utilisation de membranes (moins énergivore et moins polluant) [3]

En guise de conclusion pratique modifier

Les retours d'expériences modifier

Thomas B. : Je me suis fait avoir la première fois en achetant des cristaux de soude en magasin bio, ce qui n'était pas saponifiable. Je pars toujours sur une base olive coco car l'huile de coco assure une belle mousse tandis que l'huile d'olive assure un savon bien dur après séchage. Je trouve que les savons perdent beaucoup en odeur même après ajout d'huiles essentielles. Si on utilise un savon trop tôt avant d'attendre les semaines de séchage, le savon se solubilise très vite et ne dure pas très longtemps. La recette 1 de cet article est très correcte pour la qualité de savon obtenu, sa simplicité et son coût.

J'ai redécouvert les plaisirs de la savonnette, qui sent si bon, qui coute moins cher et qui ne nuit pas a mon corps. Par contre, je n'ai ni le temps ni l'envie de me lancer dans la fabrication, et donc, je fais confiance aux nombreux petits fabricants que je trouve sur les marchés ou dans les boutiques bio de près de chez moi. Quand je parle de savon dans mon entourage, certains font la grimaces, car la savonnette a chez certains mauvaise réputation: elle favoriserait la transmission de microbes d'un usager a l'autre, parait-il, car elle ne se nettoie pas entre les douches. Je me suis renseignée a ce sujet, et ces rumeurs ne sont pas justifiées. Les études faites a ce sujet indiquent bien que le risque de contamination n'augmente pas avec le passage du savon liquide au savon solide. Pour éviter les bactéries, il faut juste rincer la savonnette après usage, ne pas la laisser baigner dans l'eau et bien l’aérer après usage.

Dorothée R. : Avant de pouvoir faire mes savons suite à la lecture de cet article, j'aimerais indiquer qu'il est déjà possible de récupérer les fins de savons et les regrouper (dans un bas par exemple) pour en faire un nouveau, histoire de les utiliser jusqu'au bout. Par contre, la question de l'ajout d'huiles essentielles serait à débattre, car non seulement elles perdent de leur odeur comme indiqué par Thomas, mais à trop en utiliser, elles peuvent être nuisibles et pour les canalisations, et pour notre peau (attention l' HE de Citron est photosensibilisante et ne devrait pas être utilisée si on compte s'exposer au soleil ensuite...)

Références
  1. https://www.sauvonslaforet.org/themes/l-huile-de-palme
  2. Des ingrédients locaux permettent mieux de minimiser l’impact environnemental.
  3. Hydroxyde de sodium. (2020, novembre 5). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le 22:37, novembre 5, 2020 à partir de http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Hydroxyde_de_sodium&oldid=176283234.