Wikigreen/Le Comptage Carbone
Foire aux Questions
modifier- Compter le carbone, pour quoi faire ?
- Que signifie "équivalent CO2" ? Et PPM ?
- À combien s'élève le bilan carbone moyen des Français, et y-a-t-il de grandes disparités entre les Français ?
- Comment calcule-t-on le bilan carbone ? Ce calcul est-il fiable ?
- Quelles sont les sources du calcul du bilan carbone ?
- Comment peut-on calculer soi-même le carbone ou équivalent que l'on émet ?
- Le comptage carbone pourrait-il devenir obligatoire ? Quelles sont les propositions qui vont en ce sens ?
- Par quel processus le comptage carbone pourrait aboutir à une réduction des émissions ? Cette réduction pourrait-elle être suffisante au regard des objectifs des Accords de Paris ?
- Le projet d'étiquetage carbone des produits alimentaires, qui figure dans la loi climat, est-il un bon début, ou très insuffisant ?
Pourquoi compter le carbone et les gaz à effet de serre ?
modifierDepuis le début de l'ère industrielle, tous les humains ont été très heureux de pouvoir économiser leurs forces, puis limiter le nombre de leurs animaux, pour assurer leur travail.
La productivité a été augmentée grâce aux énergies fossiles : d’abord le charbon, puis le pétrole et le gaz. À l'époque, c’était l’euphorie.
Puis, face au constat de la fonte des glaciers et des banquises, les scientifiques ont commencé à calculer. Un groupement international de scientifiques a analysé toutes les études pour établir périodiquement l’état du réchauffement du monde lié aux énergies fossiles et aux activités humaines. C'est la naissance du GIEC.
Une de leurs alertes est la suivante : la planète risque de devenir ingérable et imprévisible dès 2033 si nous continuons à produire dans les mêmes conditions. Il faut réduire les émissions de gaz à effet de serre à l'origine du réchauffement. Pour réduire, il faut d'abord comprendre comment compter les émissions des différents gaz à effet de serre.
Dans ce chapitre, nous nous intéressons à cette comptabilité. Quoi compter ? Selon quelle norme ? Quels organismes sont-il habilités à le faire ?
Nous nous intéresserons également à l'information des consommateurs, et aux outils qui leur permettent d'agir, en faisant l'hypothèse que le comptage des gaz à effet de serre peut avoir une influence sur la production des entreprises.
Que rapporte de compter son carbone, de calculer son empreinte carbone périodiquement ? "On peut s'en passer", disent les militants du mouvement pour l'instauration universelle de quotas carbone égalitaires : ils proposent que tous nos achats de produits et services soient étiquetés en contenu carbone et que notre bilan soit fait automatiquement dans un "compte carbone" dont le modèle est proposé sur le site www.comptecarbone.org : l'allocation serait réduite de 6% chaque année pour atteindre doucement la diminution générale de 80% en 30 ans comme le recommandent les scientifiques. Ce mouvement est destiné à influencer les entreprises par les consommateurs pour que tous les fournisseurs réduisent leurs contenus carbone selon la demande des clients.
Quels gaz à effet de serre comptabiliser ?
modifierLe Protocole de Kyoto a établi les équivalences entre les différents gaz à effet de serre pour en établir une unité cohérente de "équivalent CO2".
Six gaz sont retenus dans ce panel : 3 gaz fluorés (des réfrigérants), le dioxyde de carbone CO2, le méthane CH4 et le protoxyde d'azote N2O. Ces trois derniers sont les plus présents dans nos productions. Le méthane provient de la culture du riz, des bovins et des fuites de gaz. Le protoxyde d'azote est un sous-produit de la transformation des oxydes d'azote du diesel, mais surtout de l'usage d'ammonitrate dans l'agriculture industrialisée et dans l'industrie. Le CO2 est dégagé lors des combustions ou processus industriels, on parle aussi de séquestration de carbone lors de la respiration des plantes, il est admis qu'une forêt diversifiée et en bon état absorbe 500 kg CO2 par hectare et par an, les prairies absorbent presque autant et qu'il faut un kilomètre de haies pour avoir le même effet.
L'unité de mesure est le ppm (partie par million) qui correspond à un gramme d'équivalent CO2 par tonne d'air ou plus scientifiquement un millilitre par mètre-cube d'air. L'atmosphère contient aujourd'hui 415 ppm de CO2, 1.8 ppm de CH4 et 0.32 ppm de N2O. C'est très différent des concentrations qui prévalaient avant 1850 (de l'ordre de 350 ppm CO2). On retrouve les évolutions dans l'analyse de Météo-contact. Il y est fait référence à la station météo de Mauna Loa (Hawaï) comme observatoire mondial, indiquant un pic de 417 ppm de CO2 en avril 2020. Des satellites arrivent à suivre les évolutions des gaz à effet de serre, en particulier les émissions localisées de méthane comme le montre la vidéo du site de la Nasa.
La durée d'action des différents gaz à effet de serre est très disparate :
- 100 ans pour le dioxyde de carbone,
- 12 ans pour le méthane,
- 120 ans pour le protoxyde d'azote.
Leurs pouvoirs réchauffants sont également fort différents :
- si on considère le CO2 comme un repère,
- le CH4 est 28 fois plus actif sur le réchauffement,
- et le N2O est 298 fois plus actif !
Quels sont les normes de comptage ?
modifierLa norme ISO 14067 définit pour le monde entier le mode de calcul d'un contenu en CO2 équivalent[1].
On parle alors de facteur d'émission FE, on dit que ce calcul est en ACV pour Analyse de Cycle de Vie.
(en cours de rédaction)
Quels sont les organismes qui comptabilisent les gaz à effet de serre ?
modifierL'organisme français ADEME[2] est réputé dans le monde entier pour ses travaux. À l'origine Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, l'ADEME est aujourd'hui l'agence de la transition écologique en France.
La Commission Européenne a tenté, sans succès, de composer une agence équivalente pour l'UE.
L'ADEME publie une très large Base Carbone dans laquelle tous les produits sont répertoriés en contenus de gaz à effet de serre. La base carbone de l'ADEME définit les contenus carbone pour les biens et services les plus courants, il suffit de s'inscrire auprès de l'ADEME comme utilisateur sur www.basecarbone.fr
Les entreprises de plus de 500 salariés doivent publier auprès de l'ADEME le bilan carbone de leur activité. Malheureusement, seulement 37% des entreprises visées sont à jour de leurs déclarations, et seulement 55% des entreprises du CAC 40. Les sanctions pour non déclaration ne sont pas assez fortes, aujourd'hui, pour les motiver.
Quels sont les outils simples d'évaluation de l'empreinte carbone?
modifierLes premiers outils d'évaluation de l'empreinte carbone ont été mis en place par des structures de compensation, comme par exemple Goodplanet (qui calcule combien on peut payer de compensation € pour un voyage ou un achat), ou MicMac (qui n'est plus mis à jour mais donne des indications).
Autres applications plus récentes et plus précises :
- Le Carbomètre[3] pour calculer l'empreinte carbone familiale individuelle et professionnelle. C'est une application pour téléphone qui est supporté par une feuille de calcul très développée.
- L'ADEME et son partenaire ABC ont développé Nos Gestes Climat[4]
- Carbone4 a suivi avec MyCO2[5],
- Ces 2 dernières applications sont simplifiées (mais plus approximatives).
D'autres applications permettent une évaluation en fonction de ses achats (ou projets d'achats) et de ses consommations :
- Karbon[6] est une appli qui scanne les étiquettes (comme Yuka) pour obtenir le contenu carbone des produits en rayon.
- Pour suivre en temps réel son empreinte carbone, on peut aussi connecter son suivi de carte bancaire à l'appli Greenly[7] qui calcule vos émissions selon votre consommation (plutôt approché, pour un ordre de grandeur).
Comment diffuser l'information de l'impact carbone des produits?
modifierLes produits et services ont un impact carbone général, la base-carbone de l'ADEME a validé ces valeurs générales et ce serait intéressant que la presse, les médias, reprennent ces valeurs pour information des consommateurs.
Mais si on peut mettre en place le mécanisme de quotas carbone individuels comme demandé par plusieurs équipes, alors se met en œuvre une circulation de l'information carbone entre les entreprises. Les points carbone, que le consommateur transfère à son commerçant, servent au commerçant à payer son grossiste, lequel est imputé en points carbone par son fabricant, lequel en a besoin pour ses matières premières etc. Comme avec la TVA, on affine le connaissance du contenu carbone de chaque produit et il devient facile au commerçant d'afficher le contenu carbone de chaque produit par son logiciel d'étiquetage.
Comment diffuser l'information de l'impact carbone de la consommation des ménages ?
modifierPlusieurs équipes militent ainsi pour la mise en place d'un quota carbone égalitaire. Chaque ménage recevrait un relevé mensuel de ses imputations carbone, organisé par catégories de consommation comme l'ébauche :
Comment le comptage carbone peut-il avoir une influence sur la production des entreprises ?
modifierPar exemple il est difficile d'empêcher les terrasses chauffées : si on doit y imputer un kilo de carbone pour chaque verre de bière et que le café voisin ne chauffe pas (et donc n'impute pas le kilo), les clients vont le préférer, le premier café réagira de lui-même et proposera des petites couvertures pour remplacer ses radiants à gaz. Autre exemple dans le ticket de caisse d'un magasin de jouets : l'accordéon made in china impute plus de carbone que le jeu en bois local, le magasin va demander si un fabricant français ou italien ne pourrait pas faire un jouet accordéon imputant moins de carbone. Ce jouet décarboné risque de coûter un peu plus cher, il laissera le choix selon les possibilités de l'acheteur.
On note qu'un symbole de point carbone est facilement identifiable au caractère grec sigma lunaire avec un point dans le C. On peut estimer que le comptage carbone entraînera beaucoup de relocalisation des productions, l'agriculture deviendra plus nourricière et les services (non délocalisables) se multiplieront.
Les participants de Wikigreen réagissent !
modifierVoici la question posée aux participants de Wikigreen par Armel : "Chers amis Wikigreen, Imaginez que, dans un futur proche, et pour planifier la réduction de notre empreinte carbone, le gouvernement vous donne un "quota personnalisé", sous forme d'un "budget carbone". À chaque achat, votre compte serait débité automatiquement du montant des émissions carbone correspondant à vos produits. Chaque année, ce compte serait réduit de 6%, de façon à parvenir au fameux "Facteur 4" : passer de 12 tonnes à 3 tonnes d'équivalent CO2 par an et par personne, d'ici 2050, mais en douceur ! Vos efforts personnels de réduction seraient partagés par 100% des consommateurs, ce qui ferait réagir les entreprises pour proposer des produits et services bas-carbone et innover localement. Réagiriez-vous plutôt favorablement, ou plutôt défavorablement ? Pourquoi ?"
Les réactions d'Armel aux réponses des Wikigreen sont en italiques.
Réponse de Gwendoline :
modifier- "Je trouve l’idée de calculer un quota personnalisé, et d’en déduire des points, intéressante. Ceci dit, je ne comprends pas comment ce système peut être imposé par un gouvernement, qui devrait alors être au courant de tous nos achats. ça fait un peu Big Brother ! Je préfère l’approche volontaire, ou chacun reçoit son quota personnalisé, avec un compte sur un appli, par exemple, et reçoit avec chaque achat, voyage, etc, le montant total de son usage. Reste à la personne à se connecter pour les déduire sur son compte.
- Merci Gwendoline, oui éviter le piège Big Brother a été notre première préoccupation, les informaticiens mettent au point une technologie EndToEnd pour que personne ne puisse connaitre les transferts de carbone, l’information serait transportée confidentiellement par les cartes bancaires et les smartphones comme pour les monnaies locales. /à débattre ? Nous souhaitons un mécanisme de quotas égalitaires (ce qui caractérise un État-Nation c’est que tous les citoyens sont égaux devant la loi) qui serait décidé par l’autorité moyennant un référendum de lancement, ensuite nous souhaitons que la gestion ne soit confiée ni à Bercy ni au gouvernement mais à une agence carbone nationale paritaire (incluant citoyens, entreprises, ONG, services publics, état, conseillers carbone) avec une gouvernance robuste et des antennes régionales pour assurer les achats d’excédents et les reventes conditionnelles de surplus. Si ce n’était que par volontariat nous n’aurions pas l’effet essentiel décrit dans le questionnement : Vos efforts personnels de réduction seraient partagés par 100% des consommateurs, ce qui ferait réagir les entreprises pour proposer des produits et services bas-carbone et innover localement. Anti Bigbrother : aucun commerçant ne saurait ce que tu as dépensé chez le voisin. Comme pour les euros. Seule l’agence carbone pourrait contrôler et c’est pour cela que nous souhaitons le paritarisme avec gouvernance robuste. Nous voulons éviter que les banques n’y mettent leur nez, mais des groupes de shifters semblent préférer la sous-traitance aux banques. Des choix à faire ?
Réponse d'Anaëlle :
modifier- Je trouve que l'enjeu de partager les efforts par l'ensemble de la société est indispensable : en effet, comment se motiver à réduire soi-même son empreinte carbone lorsque l'on sait que d'autres consomment les ressources sans compter ? Je serais donc favorable à une solution qui permettrait de faire en sorte que tout le monde fasse un effort. Cependant, 2 aspects mériteraient des adaptations selon moi : Premièrement, adapter les objectifs de réduction en fonction des modes de vie (urbain, rural, nombre de personnes dans le foyer, modes de consommation - on sait par exemple que les ménages à revenus modestes sont ceux qui ont l'empreinte carbone la plus légère, ils ne doivent donc pas être la priorité) et des efforts déjà consentis. Deuxièmement, dans la solution que tu proposes, les consommateurs sont les premières cibles pour que les entreprises adaptent ensuite leurs modes de production et leurs produits. Selon moi il faudrait inverser cette priorité : ce sont aux structures qui polluent aujourd'hui le plus (à savoir les grandes entreprises) de fournir les premiers efforts. La responsabilité qui repose sur le consommateur est selon moi biaisée car elle masque l'enjeu d'un changement structurel à grande échelle, qui passe par la réorganisation globale de la production, et donc de la consommation. Mais c'est bien en cela que je suis favorable à ce que l’État - en tant qu'institution régulatrice - mette son nez là-dedans, en trouvant un moyen d'éviter le côté Big Brother comme le souligne Gwendoline, et propose des mesures concrètes et ambitieuses pour réduire in fine l'empreinte carbone de toutes et tous.
- Réponse de Armel : Merci Anaëlle, bravo pour ton avis favorable avec les deux compléments qu’il faudrait intégrer dans le mécanisme : 1-allègement de contrainte pour les plus modestes ou ceux qui ont des obligations ; 2-mettre la pression sur les entreprises les plus climaticides. Ce second point est expérimenté par l’Union européenne avec les échanges de droit à polluer qu’ils appellent quota à la production, mais c’est absolument contre-productif, tu as entendu parler des fraudes, le medef européen (business europe) a réussi à obtenir des quotas gratuits pour éviter la concurrence étrangère, etc… voir les députés européens comme Philippe Lamberts ou Michele Rivasi lors des www.assisesduclimat.fr Donc je fais partie de ceux qui pensent qu’aucun pouvoir politique n’est plus capable de contraindre les multinationales climaticides et que seule l’action par les consommateurs a des chances. Je reprends souvent la phrase de Coluche, « si personne n’en achetait, ça se vendrait pas ». Pour les plus modestes (proposition1) nous prévoyons des surquotas pour familles en difficulté, détaillés plus loin. Faut-il aller plus loin ?
Réponse de Pierre :
modifier- Initialement la réaction de Gwendoline me convient parfaitement .... sauf que pour utiliser mes points carbone, je ne choisirais pas un voyage en avion, où des achats ... poussés .... je préfèrerais que ce compte carbone soit mis au pot commun pour des actions réfléchies ....
- Armel : Merci Pierre oui la question se pose de devoir financer des actions réfléchies. Jusque là avec Pierre Calame nous estimons que c’est du ressort de l’État au moyen de nos impôts (ou peut-être de la planche à billets de la Banque centrale européenne) de financer les équipements publics décarbonés, les points carbone ne servant qu’à réduire l’empreinte. Mais on peut taxer en plus ?
Réponse de Patricia :
modifier- Comment connaître ou mesurer l’empreinte carbone que peuvent représenter mes achats ? Il faudrait que ce soit marqué sur les produits comme la liste des ingrédients. Sinon oui je suis favorable à toute initiative qui aiderait le consommateur à faire des choix d’achat plus responsable.
- Réponse de Armel : Merci Patricia c’est utile de pouvoir choisir pour générer moins de contenus carbone. Le marquage produit ne suffira pas, la distribution du produit a aussi son effet. Prenons le jeans moyen à 23kg selon l’ADEME. Il pourrait être étiqueté mais le commerçant qui le vend n’a pas le même rôle carbone que son voisin, un fastfashion fait des rotations courtes nécessitant beaucoup de transport, ta boutique du canton réassortit chaque année et minimise le transport, n’a pas de clim, éteint sa devanture la nuit. Et zalando ou Amazon envoient un camion diesel surpuissant pour un seul colis jusque chez toi (tu n’es pas allée au magasin local pour un seul achat, tu groupes naturellement). Donc au final, partant de 23kg co2 usine, il sera entre 24 au local, 25 chez Prymark et 26 par amazon… Donc ce que nous préconisons est un marquage au point d’achat, les éditeurs de logiciel de caisse nous assurent que le commerçant aura uniquement à appliquer un taux carbone à toutes les factures depuis ses grossistes, comme il le fait pour le calcul de son prix de vente (achat x marge). Il faudra quelque chose pour intéresser, encourager, les commerçants, il faut qu’ils soient moteurs, déjà leur démontrer que Amazon est pénalisé. Mais choisirons-nous plus simple ou plus complexe ? Le Chaos Climatique attendra-t-il ?
Réponse de Hugo :
modifier- Les points positifs d'un "budget carbone" : - L'efficacité : il est, a priori, impossible de dépasser son quota d'émissions avec un budget carbone. Pour respecter les engagements de réduction des émissions au niveau national, quoi de mieux que d'empêcher tout simplement le dépassement des émissions individuelles .Commentaire de Armel : oui en réduisant la dotation de tout un pays de 6% chaque année, on arrive automatiquement à moins80% en 30 ans, c’est la garantie de résultat qu’on attend d’une loi.- L'égalité : globalement, les "riches" émettent plus que les autres. Or, les mesures incitatives habituelles, qui passent notamment par les prix, ne sont pas une barrière pour les plus aisés. À titre d'exemple, dans le cadre d'une taxe carbone, quelqu'un de riche peut prendre l'avion pour son loisir tous les deux jours. Tant que cette personne peut la payer, la taxe ne constitue pas une limite infranchissable. En un mot, le principe du pollueur-payeur laisse la possibilité de payer ... pour polluer. En présence d'un budget carbone, à l'inverse, celui-ci est indépassable, que l'on soit riche ou pauvre (ce point est toutefois à nuancer, voir la suite). Commentaire de Armel : Bien vu. Je suppose que tu sais que pour des questions de constitutionnalité, on ne peut empêcher les riches de consommer, alors le mécanisme inclue la revente d’excédents par les plus modestes (arrondir nos fins de mois) à une autorité régulatrice qui peut fournir des surplus aux riches déficitaires, moyennant un prix de plus en plus élevé selon la rareté générée.
- Les questions et limites que j'imagine : - Le même quota doit-il être appliqué à tous ? l’enjeu du périmètre des émissions. Nos émissions dépendent largement du milieu dans lequel on vit. On peut par exemple penser qu'il est plus simple de limiter ses émissions associées à la mobilité quand on est urbain et bien connecté à des réseaux de transports publics, que lorsqu’on est en zone rurale et qu’il est compliqué de ne pas prendre sa voiture pour aller faire les courses. Commentaire de Armel : Une réponse tient dans le coût de la vie si différent en milieu urbain (Paris étant au top) : disons une majoration de cout de la vie de 500€/mois/personne. Si la tonne de carbone est à 200€ (aujourd’hui à 40 mais ça montera vite avec le compte carbone, nous espérons 1000 en 5 ans), chaque personne rurale bénéficie de 2.5 t gratuites. On ne va pas arrêter la voiture des ruraux mais obliger les constructeurs à de moindres consommations et contenus carbone de leurs véhicules, des fiat panda à 2l/100 par exemple.
- Par ailleurs, certaines émissions sont subies et il me semble injustifié de faire porter leur coût (en termes de budget carbone) aux "consommateurs". Je pense notamment aux coûts de chauffage. Les locataires de passoires thermiques ne sont pas pleinement responsables du mauvais état de l'appartement qu'ils louent. Faut-il qu’en plus d’avoir trop chaud l’été, très froid l’hiver et une facture d’électricité élevée, ils soient en plus pénalisés en termes de budget carbone ? (bon ok, je caricature un peu là…) Commentaire de Armel : C’est vrai que changer de logement est difficile, il faudrait une aide au déménagement pour que chacun trouve le bon niveau. En attendant nous prévoyons des barèmes de sur-quotas, en pièce jointe. On peut ajouter que le système social a été mis en place pour éviter que le budget financier ne soit une limite à l’accès à certains services : santé, éducation … Il semblerait injuste que ces services viennent réduire le budget carbone d’une personne (notamment si elle est malade). Commentaire de Armel : Absolument, notre règle n°9 est explicite : Protection : tout besoin vital est couvert sans achat d’excédents. Un barème de surquotas est établi pour les situations familiales critiques en matière de carbone. (c’est sur le site www.comptecarbone.org ) À partir de ces quelques exemples, j’ai l’impression que l’égalité pure des quotas est intenable. Les solutions pour palier cela pourraient être d’exclure certaines consommations du budget carbone, ou de faire varier les quotas en fonction de différents critères (zone d’habitation, statut de propriétaire …). Les débats à ce sujet pourraient être houleux… Commentaire de Armel : c’est pour cela que nous préférons la plus grande simplicité, égalitaire, paritaire, échangeable…
- La question des enfants (C’est une digression, mais je pense que ça montre la complexité du débat) À l’heure où certaines personnes disent qu’ils ne souhaitent pas d’enfant pour des raisons climatiques et environnementales, on peut se demander comment cela pourrait s’intégrer dans le budget carbone ? Par exemple : faut-il réduire automatiquement le budget carbone des personnes ayant des enfants ? Commentaire de Armel : Certains évaluent à 60tCO2 la décision d’avoir un enfant ;-) plus simplement le quota de demi-part pour les enfants de moins de 18 ans (qui pourrait être ramené à 15) nous semble justifié. Pour le futur, nous avons reçu la demande que le couple ne reçoive pas de surquotas pour les enfants supplémentaires à naître…
- Le budget carbone rétablit-il réellement l’égalité face à la questions climatique ? J’ai l’impression que l’aspect « juste » que revêt l’idée d’un budget carbone, doit être relativisé, au moins sur deux aspects : 1 : Des services de « compensation » existent, qui permettent de payer pour planter des arbres qui compensent certaines émissions. Si de tels services venaient à être intégrés dans le budget carbone, les « riches » pourraient payer pour compenser leurs émissions… et donc émettre plus que les personnes moins aisées. Commentaire de Armel : Nous l’avons évoqué pour plaire aux riches (objection 32 du site comptecarbone, nous avions surtout peur de la frondes des riches) mais planter des arbres n’est pas forcément vertueux en matière de carbone, chez la plupart des organismes de compensation on n’accepte plus la plantation (moi je compense chez Goodplanet), en effet les monocultures d’arbres sont plutôt néfastes à la qualité du terrain et sa capacité de stocker le carbone. Ceci dit nous avons diablement besoin de puits de carbone, planter des haies au milieu des immenses fermes, planter des micro forêts en ville pour stabiliser les températures, tout ça est utile, la gouvernance de l’agence carbone devra valider ou non les plantations selon leurs caractéristiques : faudra qu’ils soient costaud ! 2 : Un système de budget carbone pourrait inciter les producteurs de différents biens à créer des produits moins émetteurs. C’est exactement le but d’une telle mesure et cela est souhaitable. Néanmoins, à court terme, il est probable que les produits peu émetteurs soient les plus chers et donc destinés à une clientèle haut de gamme. On retombe là dans le problème des automobilistes qui ne peuvent pas acheter de voitures moins émettrices ... Commentaire de Armel : oui les produits nouveaux sont chers au début mais doivent trouver leur clientèle pour atteindre le prix des autres produits. Les seuls produits qui restent cher sont les produits de luxe, haute couture et montres qui vont avec, produits Apple qui visent une clientèle qui affiche la pomme comme les équipements de sport de marque. La fiat panda électrique ou la dacia sont vendues à bas prix, pour autant je ne recommande pas l’universalisation de l’électrique qui va créer d’autres déséquilibres. Donc je maintiens que le rôle essentiel du compte carbone est le LEVIER CLIMATIQUE qui est seul capable de pousser les entreprises au bas-carbone.
- Et la politique dans tout ça ? Je n’ai pas eu le temps de réfléchir précisément à ça, mais j’ai l’impression que ce système ferait peser un poids énorme sur les « consommateurs », au risque de faire oublier certains enjeux politiques. Commentaire de Armel : Oui la question climatique se superpose aux autres problèmes de société que doit traiter le politique, il faut par ailleurs une révision fiscale, une révision des libertés et responsabilités. Nous préférons que le compte carbone reste séparé de Bercy en étant géré par une agence carbone paritaire à robuste gouvernance, un peu comme le projet de sécurité sociale a été conçue en 1945. Il me semble que nos émissions dépendent largement d’éléments qui ne relèvent pas directement d’un choix du consommateur. Notamment : - Le mix énergétique de son pays, Commentaire de Armel : C’est là que le politique doit débattre. Quand on nous a imposé le nucléaire, nous ne savions pas réagir contre ce risque de destruction massive, aujourd’hui les éoliennes sans danger sont combattues par des armées d’individualistes qui ne veulent pas baisser leur consommation électrique - L’organisation et l’offre de transports dont il bénéficie, - Les moyens de production des entreprises (investissements dans des technologies bas-carbone, gestion des imports et exports …). Commentaire de Armel : La question pose la différence de handicaps entre France et Allemagne par exemple. Je suis en plein débat avec les allemands participant à https://futureu.europa.eu/processes/GreenDeal/f/1/proposals/27524?locale=fr à suivre. Ces éléments relèvent essentiellement de choix politiques. C'est moins le cas pour la production, mais tout de même en partie via la régulation. Il est vrai qu’un budget carbone inciterait les individus à modifier leur consommation, ce qui a terme pousserait les entreprises à proposer des services plus verts et les gouvernements à changer de mix énergétique … mais, en attendant, ce serait les ménages qui devraient payer la période de transition… Commentaire de Armel : si on enclenche le mouvement, nous pourrons négocier les modes de transition, alléger la seconde année par exemple.
- Pour conclure, j’ai l’impression qu’une telle mesure serait extrêmement compliquée à mettre en place et qu’elle pourrait s’avérer très injuste (le diable est dans les détails). En revanche, la réflexion proposée est très intéressante. En dehors même de toute contrainte, le fait de ramener au niveau individuel les efforts à faire en termes d’empreinte carbone dans les prochaines décennies semble nécessaire pour se rendre compte du chemin qu’il reste à faire. Commentaire de Armel : merci de pointer les éléments que nous devons simplifier et renforcer (comment prévoir la transition, nous allons en faire un scénario).
Réponse de Dominique :
modifier- Je serais très favorable à la mise en place de ce budget carbone. Mais je crois à la puissance du libre arbitre, couplée à la puissance de l'effet d'imitation. Cette mesure serait si révolutionnaire (limiter le pouvoir d'achat sans le relier à un "mérite" lié au travail (qualifications X horaires X créativité X responsabilités) que je craindrais une forme directe d'opposition sociale, qui ferait passer au second plan le projet collectif de l'inversion de tendance de notre empreinte carbone. Donc, je plaiderais pour une mise en œuvre basée sur le volontariat durant quelques années (par exemple 3 ou 5 ans), en comptant sur l'effet domino de l'imitation, que les expérimentateurs du compte carbone pourraient initier en en parlant autour d'eux. Puis en comptant sur le point de bascule (à partir d'un certain % de gens convaincus, l'effet d'imitation s'accélère). Ainsi, la contrainte pourrait suivre un projet individuel, puis collectif. Personnellement, je ferais assurément partie des expérimentateurs de la première heure, avec plaisir et soulagement.
- Commentaire de Armel : j'aime bien la progressivité, à mettre en balance avec l'effet bas-carbone sur les entreprises que provoquerait l'application égalitaire : si tous les consommateurs sont amenés en même temps à réduire leur carbone, les entreprises sont obligées de répondre à la demande généralisée de réduction des contenus carbone de leurs produits et services. Si nous sommes 10% de volontaires, les entreprises ne bougent pas ?
Réponse de Margot :
modifier- Je trouve cette idée formidable ! Effectivement, ça deviendrait un vrai argument de vente, donc motiverait les entreprises à changer. Et on réfléchirait à deux fois avant de prendre l'avion. Mais comment faire appliquer les mêmes choses aux patrons, aux membres du gouvernement ?
- Commentaire de Armel : Ce ne serait pas interdit mais limité et à choisir entre différentes dépenses. Patrons : chaque entreprise serait tenue d’équilibrer son registre carbone, tout ce qui rentre doit être compté à la sortie, le registre tient en négatif les contenus carbone utilisés consommés par la fabrication (ou les voyages du patron) et en positif ce qui est imputé aux clients. Pour imputer moins et rester compétitif, le patron en question doit limiter le carbone de l’entreprise. Gouvernants : chaque citoyen saurait dans son relevé mensuel ce qui lui est imputé par les services publics, lesquels seraient poussés à restreindre par l’information transparente, je copie une ébauche de relevé mensuel. Transparence : il faut une agence carbone paritaire qui ait une gouvernance très robuste. Comment s'assurer que ce ne sont pas encore les pauvres qui font tous les sacrifices ? Commentaire de Armel : La distribution statistique copiée dans www.comptecarbone.org/sources-etudes montre que les ménages modestes sont en dessous des niveaux de quotas proposés, ils pourraient en revendre pour arrondir leurs fins de mois. Comment s'effectue le contrôle de tout ça ? Que se passe-t-il si on dépasse notre quota, on est imposés en punition ? Commentaire de Armel : Si un ménage atteint l’alerte basse, l’agence carbone lui envoie le message : il ne vous reste plus qu’une tonne sur votre compte, prudent de vous restreindre et de vous procurer quelques kilos auprès de la bourse régionale. La possibilité de rachat de quota est essentielle pour respecter nos règles constitutionnelles, interdisant la privation de libertés. Mais dans ce cas, est-ce qu'on ne pourrait pas s'en tirer encore une fois à coup de crédit d'impôt et d'évasion fiscale ? Commentaire de Armel : À éviter grâce à la gouvernance robuste de l’agence carbone, le seul exutoire est d’aller vivre à l’étranger mais nous espérons que tous les pays adopteront rapidement le principe et nous avons fait une proposition à la consultation européenne : https://futureu.europa.eu/processes/GreenDeal/f/1/proposals/27524?locale=fr Est-ce qu'on ne pourrait pas être interdits de vol en cas de trop gros dépassement ? Est-ce qu'on a le droit de prendre l'avion a tout bout de champs pour le travail ? J'imagine que le président aura le droit, lui ?
Réponse de Jean-François :
modifier- J'ai pris un peu de temps pour te répondre car tu abordes un sujet qui demande réflexion. De plus, on manque d'éléments, et cela amène plus de questions que de réponses. Comme par exemple : quelle administration ou organisme sera chargé de calculer le bilan carbone de tout ce qu'il est possible d'acheter, et selon quelle méthode? J'ai peur que cela entraîne des polémiques sans fin, et divise un peu plus la société qui n'en a pas besoin. Commentaire de Armel : Nous proposons un organe paritaire national avec des délégations régionales et adossé à l’ADEME qui est la référence mondiale pour l’évaluation des contenus carbone, il y a une norme ISO 14067 pour définir l’évaluation du contenu carbone, valable dans le monde entier. Malgré tout le sérieux, il y aura des polémiques, il faudra un médiateur carbone à l’intérieur de cette agence carbone paritaire. Nous préparons aussi (avec le créateur du carbomètre) une appli « vérif-carbone » pour contrôler l’affichage du commerçant avec degré d’approximation mais pour vérifier l’ordre de grandeur. Faut que tout cela apaise la société. Que se passera-t-il quand quelqu'un aura épuisé son quota carbone ? Le laissera-t-on mourir de faim s'il ne peut plus rien acheter ? Le contrôle de nos achats se fera-t-il de manière automatique (ça me parait compliqué) ou de manière volontaire. Par quel moyen (application sur smartphone comme le suggère Gwendoline. Commentaire de Armel : Le ticket de caisse détaillera les contenus carbone en plus des euros, il n’obligera pas le smartphone si tu as une carte bancaire pour transporter les points carbone. Pour un maraicher permaculteur comme mon gendre en Loire-Atlantique, qui vend toute sa production le samedi devant son jardin, il affichera les prix et carbone au kilo pour chaque légume et fera la double addition sur le bloc-notes qui lui sert à faire les totaux. Pas de ticket de caisse chez lui. Il a un lecteur de cartes bancaires pour les quelques clients qui ont oublié de prendre de la monnaie, et peut lire les cartes et leur imputer le carbone même si le client paie en billets . l’ADEME lui indique que les carottes sont à 0.0706 kg/kg. Et les pommes de terre à 0.0861 kg/kg. (Chiffres repris dans le carbomètre). S’il remplace le motoculteur par une bineuse tirée par un âne, il peut justifier de passer à 20% de moins, il fait une déclaration à l’agence carbone qui lui envoie la validation qu’il peut attester à sa clientèle. Mas ce n’est pas facile car un âne a besoin d’un hectare de pâturage et son problème actuel c’est que les autres paysans ne veulent pas lui céder du terrain car la PAC les subventionne à l’hectare. Personnellement, j'ai réussi à vivre jusqu'à présent sans smartphone, et je compte bien que ça dure encore longtemps. En tout cas, je ne me vois pas passer mes journées avec le nez collé sur un écran pour savoir combien vont me coûter mes achats. Commentaire de Armel : effectivement on n'aura pas besoin de smartphone (sauf pour les monnaies locales qui fonctionnent plutôt mieux avec). Cette "usine à gaz" ne va-t-elle pas dépenser plus d'énergie qu'elle va nous en faire économiser ? Commentaire de Armel : à ce jour on ne connaît pas de système qui réduise l’énergie comme ça, 6% par an, pour faire 80% en 30 ans ! l’énergie nécessaire pour faire fonctionner le compte carbone serait moins d’un millième, je peux le détailler par ailleurs. Pour simplifier le côté usine à gaz, nous proposons en bas de la page www.comptecarbone.org un jeu de 9 règles qui devraient suffire. Donc, pour conclure, je dirais que je suis plutôt défavorable à ce genre de système, même s'il part d'un bon sentiment. Commentaire de Armel : Très bien tu fais partie jusque-là de la majorité qui juge ce rationnement impossible tant qu’on ne l’a pas mis en œuvre. Mais les très bonnes questions posées montrent la marge de questionnement. Ne dit-on pas que l'enfer est pavé de bonnes intentions ? Commentaire de Armel : bonne maxime, il faudrait retourner avec « l’enfer climatique était pavé de pièges qu’il a fallu déjouer pour sauver l’humanité »
Réponse de François :
modifier- Merci, Armel, pour ta proposition. Elle me paraît sensée, et très souhaitable, même si elle n'est réalisable que sous un gouvernement relativement dictatorial et de type communiste, le seul à mes yeux susceptible d'apporter une solution efficace, c'est-à-dire rapide désormais, à la dérive anti-écologique de notre société. Pour qu'elle soit applicable, en effet, il faut à mon avis que les personnes à qui cela coûterait le plus d'efforts financiers, relativement à leurs ressources, soient assurées d'un complément de revenus, sous forme d'une subvention d'état globale (revenu universel), et non sous forme de la multitude d'indemnités de ceci et de dégrèvements de cela, qui ne les met pas sur un pied d'égalité dans la société pour payer le vrai prix des choses ; et qui ferait de même, sinon, pour le coût carbone des achats et des activités. Ce serait la dernière disposition permettant de rester dans le schéma d'un monde capitaliste, si l'on y tient...
- Armel : Merci de cette belle analyse qui pose d’abord la question de démocratie en face de l’urgence climatique. J’estime que le vote négatif des suisses hier est plutôt positif pour les quotas carbone : c’est d’une taxe que les gens ne veulent pas, mais un comptage serait efficace. Je pense qu’avec un sursaut démocratique tel que je l’espère pour 2022 , nous devrions décider collectivement de comment juguler le chaos climatique, déjà sensible partout. J’ai milité pour un revenu universel mais j’en suis revenu depuis qu’ Elon Musk ou d’autres destructeurs en font l’apologie. Je préfère la Banque du Cœur à l’image des Restos du Cœur qui permettrait d’alléger la charge mentale de tous ceux qui ne peuvent pas joindre les deux bouts ou surtout qui n’ont pas de réserve en cas d’aléas. Dans le livre COMPTER, qui évalue le coût annuel à 6 milliards d’Euros moins que les dividendes versés par Total en 2021. Oui, il faudra aider les familles qui craignent d’être en difficulté avec le compte carbone, voir ci-joint une ébauche de barème d’aide. Enfin, nous réfléchissons à une variante de volontariat (seuls les volontaires rentreraient dans le mécanisme de compte carbone) mais cela enlève la stimulation des entreprises qui seraient obligées de décarboner, innover, relocaliser, si toute la population y est soumise. Peut-être une année blanche permettrait de voir venir.
Réponse de Jean-Luc :
modifier- Je réagirais très défavorablement à l’attribution de quotas. Autant je pense qu’il essentiel de donner un maximum d’informations sur le poids carbone de nos activités pour que chacun fasse des choix éclairés dans ses consommations, autant la notion de quotas dans l’état actuel, profondément inégalitaire, de nos sociétés me parait dangereuse, car cela repose sur un biais cognitif : nous serions (ou devrions être) tous égaux. Par exemple à quel quota carbone aurons-nous droit si nous nous comparons à Jeff Bezos et son saut de puce touristique dans l’espace à 100 kilomètres de la terre ? Ou encore, quel quota attribuer à un cadre expatrié outre-Atlantique pour qu’il revienne régulièrement voir sa famille ? Basé sur une vision égalitaire un système de quotas, pour trouver la juste mesure, supposerait un dispositif totalement intrusif sur nos vies. À titre de comparaison, les fiscalistes nous expliquent que l’impôt sur le revenu est plus égalitaire que la TVA c’est exact néanmoins l’impôt sur la grande fortune a été supprimé.
- Commentaire de Armel : Sommes-nous égaux ? oui devant la mort et la perte d’habitabilité de notre planète : l’arrêt de la cour de Karlsruhe invoque la mise en danger de la vie d’autrui par la politique allemande insuffisante devant le chaos climatique. Il ne s’agit plus de niveau de vie et de pouvoir d’achat. Pour l’exemple de cadre expatrié (j’en connais) je t’envoie l’ébauche de barème de surquotas pour rassurer les familles en crainte de difficulté. Mais pour les super-riches (Bezos) il est difficile de les contraindre mais on peut avoir la règle que l’année n+2 ne permet pas de racheter plus de 94% de surplus par rapport à l’année n+1, que certaines dépenses ne seront pas couvrables par des surplus, comme par exemple les vols inutiles. Comme c’est l’agence carbone paritaire et de gouvernance robuste qui alloue les quotas, on peut bloquer ceux qui abusent. Enfin, nous réfléchissons à une variante de volontariat (seuls les volontaires rentreraient dans le mécanisme de compte carbone) mais cela enlève la stimulation des entreprises qui seraient obligées de décarboner, innover, relocaliser, si toute la population y est soumise. Peut-être une année blanche permettrait de voir venir ?