Tatouage au henné
La pratique du tatouage au henné est utilisée à des fins religieuses islamique ou de distinctions commerciales et sociales (dans le cas des tribus).
Au départ destiné uniquement aux filles musulmanes, cet art se propage désormais à travers le monde, de part son appropriation commerciale, notamment dans les sociétés générales couple mariage blanche entre genre désire enfance humaine sexe masculin et féminim indiénne occidentales, il semble désormais être accessible à tous, aux dépens de sa portée symbolique.
Contrairement au tatouage traditionnel, celui-ci est temporaire (environ trois semaines) et non douloureux. Mais le choix des motifs n'en reste pas moins aussi varié : symboles, ethnique, mais aussi tribal, animaux, fantaisie, œuvres d’art, polynésien, dragons, etc dans les pays occidentaux.
Les colorants utilisés (henné noir) peuvent cependant présenter des risques pour la santé.
Technique
modifierPréparation de la pâte
modifierLa pâte se prépare par le mélange de :
- deux cuillerées de henné (feuilles séchées puis réduites en poudre),
- un petit verre à thé d'eau,
- une cuillerée de jus de citron, d'eau de rose ou de fleur d'oranger. On peut remplacer le jus de citron par de l'huile essentielle ce qui a pour effet de rendre le tatouage plus résistant dans le temps.
La pâte ainsi obtenue doit être onctueuse, ni trop liquide, elle coulerait sur la peau, ni trop sèche car elle serait alors impossible à appliquer sur la peau.
La pâte doit ensuite être légèrement chauffée. Il faut attendre 2 ou 3 minutes avant de l'utiliser.
Ou sinon, vous pouvez utiliser en écrasant les feuilles de henné tout simplement. Après qu'elles ont séché (dans les mains, après l'application), ne pas mettre d'eau mais une huile ; quand l'huile elle-même a séché, lavez-vous les mains. Vous aurez une couleur plus foncée mais pas trop et qui tiendra longtemps.
Utilisation
modifierAppliquer le mélange sur la peau à l'aide d'une seringue dont l'aiguille vous permettra d'avoir un trait fin (en aucun cas elle n'entre dans la peau !), et dessiner les motifs désirés. Le temps de pose doit être d'une heure au minimum avant de se laver ou d'enfiler un vêtement. Plus il sera long, plus le tatouage durera. Sur le pied ou la cheville, le temps de pose doit être encore plus long car cette partie du corps reste enfermée dans les chaussures où la peau est en milieu chaud et humide.
L'épaisseur de produit appliqué sur la peau a également son importance.
Évolution du tatouage
modifierLa couleur du tatouage va progressivement s'estomper. En moyenne, un tatouage au henné dure 3 semaines. Dans un climat froid ou sec, la teinte reste foncée longtemps. Dans un climat chaud et humide, la teinte s'estompe plus rapidement. La durée du tatouage varie aussi selon le pH de la peau, du savon, les produits de beauté utilisés, et selon les conditions ambiantes comme la température et le taux d'humidité.
Danger du henné « noir »
modifierLe henné en lui-même est inoffensif mais utilisé pur, il est d'une teinte marron ou orange que les tatoueurs choisissent parfois de renforcer tout en améliorant sa fixation sur la peau ; pour ce faire ils ajoutent à leur mélange de la paraphénylène diamine (PPD). C'est ce que l'on appelle le « henné noir ».
Le PPD peut provoquer des allergies retardées avec apparition, 15 jours après le tatouage, d'un eczéma reproduisant le motif du dessin tracé au henné. Plus grave, cette allergie peut conduire à long terme à une hyper sensibilisation à vie, gênante car la PPD se trouve dans de nombreux colorants.
Il faut donc se méfier des tatouages au henné paraissant trop noirs et préférer les teintes marron et orangées.
L'agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) rappelle chaque année avant les vacances les dangers des tatouages éphémères à base de henné, où l'ajout de colorant noirs peut être, selon ses termes « à l'origine d'effets indésirables graves ». Des cas d'eczéma sont rapportés, notamment quelques jours ou quelques semaines après ces tatouages. Dans les cas les plus graves, les réactions peuvent s'étendre à l'ensemble du corps et « peuvent être violentes et nécessitent parfois une intervention médicale urgente, voire une hospitalisation. L'Afssaps « déconseille fortement la réalisation de ces tatouages ». »[1][2].
Symbolique
modifierEn Islam
modifierLe Henné se serait répandu en Afrique du Nord avec les Amazigh, dont la pratique est déjà mentionnée à l'époque romaine, ou des siècles plus tard avec l'arrivée des musulmans qui prêtent au henné des vertus très bénéfiques.
Dans les pays arabes, les tatouages sont l'exclusivité des femmes. Par ailleurs il existe dans le Maghreb, en plus du tatouage traditionnel au henné, un tatouage permanent visible principalement sur le front (entre les deux yeux), sur le menton, les joues et les mains. Ce tatouage permanent ne se pratique plus et ne se voit que chez les femmes âgées.
Le tatouage permanent, quelle que soit la partie du corps sur laquelle il est pratiqué, est considéré par la religion musulmane comme une mutilation, donc comme un péché. De ce fait, les Marocaines détourneront cet interdit en utilisant le tatouage au henné ; d'autres tribus continueront à utiliser le tatouage permanent afin d'affirmer leur appartenance tribale ou par hostilité aux conquérants arabo-musulmans.
Dans divers pays arabes et en particulier dans le Maghreb, les motifs traditionnels des tatouages arabo-berbères (permanents ou éphémères) sont constitués presque exclusivement de formes géométriques : traits simples ou en dents de scie, lignes, points, triangles, losanges, carrés, cercles, etc. : ils symbolisent les principes féminin ou masculin, la fécondité, l'eau, les oiseaux... : ils sont visibles sur les poteries, les tapis, les bijoux...
L'agencement de ces motifs formait des dessins caractéristiques d'une tribu. Au fur et à mesure des siècles et en particulier à partir du 20e siècle, le brassage et les rencontres de populations entraînent une dispersion et donc une dissolution (transmission ou transformation) de ces dessins tribaux dans un flot plus large.
L'origine de ces motifs géométriques est pré-islamique et, probablement, elle remonterait aux Babyloniens car certains motifs en triangle (symbole du principe féminin et de la fécondité) rappellent la tête du taureau, dieu vénéré en Mésopotamie et dans la Péninsule arabique.
En Afrique du Nord, l'application la plus fréquente du Henné consistait (et consiste encore) à se l'étaler sur toute la surface de la plante des pieds, sur toute la surface de la paume des mains et sur les ongles afin de les protéger et les nourrir. L'utilisation du henné est préconisée par l'Islam compte tenu de ses qualités thérapeutiques (protectrices et nourricières) pour la peau, les ongles et les cheveux. Sur le continent indien on peut voir certains religieux se l'appliquer sur la barbe ou les cheveux.
Du fait de ses effets bénéfiques attestés et préconisés par la religion, la pâte brute de henné (placée dans le creux de la main droite de la mariée) entrera dans la cérémonie de mariage comme porte-bonheur pour le couple, pour porter chance à la future mère ou pour protéger le couple contre le mauvais œil, la sorcellerie... Les cérémonies au henné, synonymes de joie et de bonheur, peuvent aussi avoir lieu à des moments heureux de la vie (grossesse, circoncision...) et jamais lors d'événements douloureux. En terre d'Islam, le henné a un sens symbolique ou mystique positif et non un sens religieux.
Traditionnellement, les femmes marocaines se tatouent au henné essentiellement au niveau des mains et des pieds alors que le tatouage permanent ne s'effectue que sur le visage et/ou les mains. Néanmoins, d'autres parties du corps peuvent être tatouées afin d'appeler le mari aux jeux érotiques. Le tatouage suggestif ainsi que l'odeur du henné naturel auraient des pouvoirs aphrodisiaques. Il faut rappeler que dans la culture musulmane, les appels au sexe sont l'objet de non-dits.
Enfin il faut signaler que, compte tenu de la symbolique mystique musulmane du Henné, des ornementations en arabesques se voient également sur la peau de mouton du corps du gambri (sorte de guitare à 3 cordes) des musiciens Gnawa marocains (musiciens de rituels « Vaudou » du Maroc).
Au Maroc
modifierLe Maroc est le pays du Maghreb où traditionnellement les femmes se tatouent le plus et cela, en dehors des cérémonies classiques du mariage : on estime à 80% le nombre de femmes (citadines ou rurales) tatouées au henné dans ce pays.
Au Maroc, pays internationalement connu pour la richesse et la diversité des arabesques artisanales et où le tatouage au henné est traditionnellement fortement présent, les négafates (femmes chargées d'embellir et d'assister la mariée durant les différentes étapes de la cérémonie ) vont tout naturellement revisiter l'utilisation et les motifs traditionnels du tatouage (parfois grossier) au henné et créer un tatouage plus raffiné, plus recherché, pour embellir les mains et les pieds, les chevilles, etc., de la mariée ; ces nouveaux motifs sont faits d'arabesques auxquelles sont parfois additionnées d'anciennes formes géométriques traditionnelles. Ces motifs ou dessins au henné sont appelés au Maroc des nakeche, terme correspondant en français à « ornementation ».
Le terme arabe mahenni signifie en français « s'être appliqué du henné » et correspond sur le continent indien au mot mhendi.
Si autrefois les motifs géométriques étaient dessinés à l'aide de baguettes en bois en forme de cure-dents, aujourd'hui la complexité et la finesse du tatouage nécessitent l'utilisation d'une seringue en plastique à bout rond (méthode utilisée : voir liens externes), d'un cône et parfois de pinceaux. Récemment, avec l'arrivée sur le marché de paillettes, les négafates marocaines ou marocco-occidentales ainsi que les salons d'esthétique des grandes villes du Royaume ou d'Occident les incorporent aux motifs marocains sur toutes les parties du corps.
Il existe différents types de poudre de henné donnant différentes nuances ; la couleur fonce naturellement avec le temps de pose. Ceci donne des dégradés de couleur et un effet de relief aux motifs . Les plus beaux motifs impliquent un long travail ; toutefois, il existe de nos jours des procédés plus rapides pour les motifs les plus complexes.
Les négafates marocaines s'inspirent de motifs floraux, ethniques, arabo-berbères, ainsi que de formes géométriques visibles sur différents articles artisanaux (poteries, tapis, vêtements, instruments de musique des Gnawa...) ou présentes sur les édifices arabo-berbéro-mauresques du Royaume ; on peut parfois voir dessiner une main de Fatima ou le dessin d'un œil servant à protéger son porteur du mauvais œil ( voir liens externes). On ne trouve jamais d'inscription de versets du Coran dans les tatouages cutanés marocains car ces versets sacrés ne doivent pas être souillés.
A première vue, on pourrait croire que les tatouages du Maroc et d'Inde (pays voisins compris) sont identiques ; en réalité, les motifs ne sont pas les mêmes et, au Maroc, ils ont davantage un sens ethnique ou symbolique qu'une signification religieuse ; il n'existe jamais de motifs géométriques ou de dessins d’œil ou de main de Fatima dans les compositions indiennes. En revanche, dans ces deux types de tatouages, on peut trouver des dessins de fleurs.
Parfois, on regroupe les tatouages marocains, indiens, etc., sous le nom de tatouage oriental. Aujourd'hui, les négafates marocaines vivant en Occident proposent à leurs clientes surtout les différents sortes tatouages régionaux marocains (sur toutes les parties du corps au choix) et parfois des tatouages orientaux.
Au Maroc, l'ornementation actuelle au henné est surtout un embellissement et, contrairement aux pays du continent indien, elle n'a aucune signification religieuse. Cette nouvelle forme d'ornementation (tendance Mode) au henné est récente dans l'histoire de l'embellissement de la mariée marocaine ; elle ne remplace pas la cérémonie symbolique du henné et peut être faite à la demande en toute circonstance. Il est fréquent de voir au Maroc des femmes proposer ce tatouage au Henné aux touristes de passage dans une rue ou une place.
L'effet Mode apparaît lorsque de grandes stars tournent le dos au tatouage moderne pour le remplacer par celui au henné. La mode a été lancée aux États-Unis puis en Europe par la superstar Madonna, qui, sur certains de ses clips tel que « Frozen » ou « The power of goodbye », apparaît tatouée au henné sur plusieurs parties de son corps. De nombreuses vedettes ont suivi le mouvement, comme les Spice girls.
Les salons de beauté en Occident ont bien compris que le créneau « Tatouage oriental » est très porteur. En plus des soins, ils proposent désormais à leurs clients des séances de tatouage marocain au henné, initiative qui leur assure une touche d’exotisme.
La généralisation de ces arabesques au henné se renforce avec les demandes des mariées et des touristes européens friands du tatouage éphémère marocain. Les motifs marocains sont très appréciés des franco-maghrébines ou des maghrébines d'Occident plus généralement ; elles le répandront en France et vers d'autres pays du Maghreb où traditionnellement le henné est surtout utilisé lors de la cérémonie maritale du henné.
Si aujourd'hui le tatouage mode marocain au henné plait aux occidentaux, les hommes d'origine marocaine (en dépit de l'interdit religieux) sont de plus en plus nombreux à s'adonner aux tatouages pratiqués en Occident.
Notes et références
modifier- ↑ Le Monde, 18 juin 2009, page 27.
- ↑ Avis de l'Afssaps, 11 juin 2009