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Il faut en effet savoir qu'à cette époque, le marché de l'informatique était en pleine mutation, et que le partage habituel des programmes et codes informatiques entre les rares étudiants ou chercheurs qui bénéficiaient d'un accès à un ordinateur était en train de disparaitre. Cette disparition était liée à la commercialisation croissante des logiciels informatiques couplée à l'apparition de nouveaux brevets, copyright et autres moyens techniques et juridiques destinés à privatiser leurs codes sources. Les clauses de non-divulgation firent alors leur apparition dans les contrats des employés des firmes commerciales et
[[Fichier: Commodore64withdisk.jpg|alt=Commodore 64 avec disquette et lecteur|vignette|Fig. 2.4. Commodore 64 avec disquette et lecteur (Source : https://w.wiki/377 g)]]
Cette mutation était sans aucun doute liée à l'émergence d'un nouveau marché, créé par l'essor des premiers ordinateurs domestiques. En 1982, le [[W: Commodore 64|commodore 64]], fut et resta le modèle le plus vendu au monde selon le [[w:Livre_Guinness_des_records|livre Guiness des records]], avec plus de 17 millions d'exemplaires<ref >{{Lien web|langue=|auteur=Brandon Griggs|titre=The Commodore 64, that '80 s computer icon, lives again|url=https://web.archive.org/web/20200706161515/http://edition.cnn.com/2011/TECH/gaming.gadgets/05/09/commodore.64.reborn|site=CNN|date=May 9, 2011|consulté le=}}</ref>. Juste avant cela, en 1981, l'''[[w: fr: IBM PC|IBM Personal computer]]'' avait déjà fait son apparition en offrant une architecture ouverte qui servit de modèle pour toute une gamme d'ordinateurs que l'on nomme encore de nos jours PC. Ces nouveaux types d'ordinateurs de taille réduite répondaient au besoin d'embarquer du matériel informatique à l'intérieur des engins de l'industrie aérospatiale. Leur mise au point ne put cependant se faire qu'après l'arrivée des premiers circuits intégrés.
Durant l'année 1975, une société répondant au nom de [[w: Microsoft|Microsoft]] fut créée dans une optique diamétralement opposée à celle du projet GNU. Sa recherche obstinée d'un monopole commercial fut identifiée comme « ''hold-up planétaire'' » dans un ouvrage rédigé en 1998 dans lequel la journaliste [[w: Dominique Nora|Dominique Nora]] interroge le maître de conférences en informatique [[w: Roberto Di Cosmo|Roberto Di Cosmo]]. À la lecture de celui-ci, on découvre qu'à cette époque, « 41 % des bénéfices des dix premiers mondiaux du logiciel » étaient réalisés par cette société et que les systèmes d'exploitation de Microsoft équipaient plus de 85 % des micro-ordinateurs de la planète »<ref name="Di Cosmo" >{{Ouvrage|langue=|auteur=|prénom1=Roberto|nom1=Di Cosmo|prénom2=Dominique|nom2=Nora|titre=Le hold-up planétaire: la face cachée de Microsoft|passage=15 & 27 (par ordre de citation)|lieu=|éditeur=France Loisirs|date=1998|pages totales=|isbn=9782744121760|lire en ligne=https://web.archive.org/web/20210706062817/https://www.dicosmo.org/HoldUp/HoldUp-Edition00h00-fr.pdf}}</ref>. Plus de 20 ans plus tard, cette situation de quasi-monopole reste toujours d'actualité avec 76.56 % des ordinateurs de bureau fonctionnant sur Windows<ref >{{Lien web|auteur=Shanhong Liu|titre=Desktop OS market share 2020|url=https://web.archive.org/web/20210121061237/https://www.statista.com/statistics/218089/global-market-share-of-windows-7/|site=Statista|date=18 janvier 2021|consulté le=}}</ref> et 70 % de la fréquentation du Web en provenance des systèmes Microsoft<ref >{{Lien web|langue=|auteur=W3schools|titre=OS Statistics|url=https://web.archive.org/web/20201014194142/https://www.w3schools.com/browsers/browsers_os.asp|site=|date=|consulté le=}}</ref>.
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[[Fichier: GNU and Tux.svg|alt=Mascotte du projet GNU à gauche et du projet Linux à droite.|vignette|Fig. 2.5. À gauche la mascotte du projet GNU ; à droite celle du projet Linux, appelée Tux (source : https://w.wiki/377i)|gauche]]
Bien qu'il fût présenté comme un passe-temps, le projet répondant au nom de « [[w: fr: Noyau Linux|Linux]] », fut rapidement soutenu par des milliers de programmeurs de par le monde, pour devenir bientôt la pièce manquante du projet GNU. Le système d'exploitation développé par Richard Stallman n'avait effectivement pas encore terminé la mise au point de [[w: GNU Hurd|Hurd]], son [[w: Noyaux de système d'exploitation|noyau de système d'exploitation]]. Cette partie du code informatique responsable de la communication entre les [[w: Logiciel|logiciels]] et le [[w: Matériel informatique|matériel informatique]] fut donc fournie par le projet Linux. La fusion du code produit par le projet GNU et celui du projet Linux
À partir du code issu de l'union des deux projets, la communauté des développeurs aura ensuite vite fait de personnaliser les choses en créant de nombreuses variantes au système d'exploitation original que l'on appelle communément [[w: Distributions|distributions]]. L'une de toutes ces distributions s'appelle [[w:fr:Debian|Debian]]. Elle est la seule gratuite sans être produite par une entité commerciale<ref >{{Ouvrage|langue=|auteur=|prénom1=Christophe|nom1=Lazaro|titre=La liberte logicielle|passage=|lieu=|éditeur=Academia Bruylant|collection=Anthropologie Prospective|date=2012|pages totales=56|isbn=978-2-87209-861-3|oclc=1104281978}}</ref> et elle fut aussi choisie pour activer les serveurs qui hébergent les projets Wikimédia<ref >{{Lien web|langue=|auteur=Meta-Wiki|titre=Wikimedia servers|url=https://web.archive.org/web/20201030172738/https://meta.wikimedia.org/wiki/Wikimedia_servers|site=|date=|consulté le=}}</ref>. En ayant pris connaissance de tout ceci, on comprend donc mieux comment le mouvement Wikimédia apparait comme héritier direct au niveau logistique et économique de certains produits issus du mouvement des logiciels libres.
Et à ce premier héritage s' en ajoute un autre, méthodologique cette fois, que j'ai découvert en lisant un article intitulé « ''[[w:La_Cathédrale_et_le_Bazar|La Cathédrale et le bazar]]'' »<ref >{{Ouvrage|langue=|auteur=|prénom1=Eric Steven|nom1=Raymond|titre=Cathedral and the bazaar|titre original=Cathedral and the bazaar|traduction titre=La cathédrale et le bazar|passage=|lieu=|éditeur=SnowBall Publishing|date=2010|pages totales=|isbn=978-1-60796-228-1|oclc=833142152|lire en ligne=}}</ref>. Dans cet écrit, [[w: Éric S. Raymond|Éric S. Raymond]] compare une organisation du travail telle que celle utilisée lors de la construction d'une « cathédrale », à l'organisation des marchés de type « [[w:fr:Bazar|bazar]] ». D'un côté se trouve une organisation pyramidale, rigide et statutairement hiérarchisée, comme on la voit souvent apparaître dans les entreprises. De l'autre côté se trouve une organisation horizontale, flexible et peu hiérarchisée statutairement, que Raymond a
C'est donc ce dernier mode d'organisation qui m'apparut correspondre au mieux à ce que j'avais observé de la communauté des éditeurs actifs sur le projet Wikipédia francophone lors de la réalisation d'un travail de fin de master. Qualifié de « bazar libertaire » par le journal Le soir durant l'année 2012<ref >{{Lien web|langue=|auteur=Frédéric Joignot|titre=Wikipédia, bazar libertaire|url=https://web.archive.org/web/20170630065818/http://www.lemonde.fr/technologies/article/2012/01/14/wikipedia-bazar-libertaire_1629135_651865.html|site=Le Monde|lieu=|date=2012|consulté le=}}</ref>, le projet Wikipédia avait donc aussi hérité du mode organisationnel des logiciels libres. L'un des cinq principes fondateurs qui servit de base à la construction de l'encyclopédie semble d'ailleurs témoigner<ref >{{Lien web|langue=|auteur=Wikipédia|titre=Wikipédia: Interprétation créative des règles|url=https://fr.wikipedia.org/wiki/Wikipédia:Interprétation_créative_des_règles|consulté le=}}</ref> en ce sens :
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=== Le réseau mondial Internet ===
Au départ d'une perspective purement technique, on peut considérer qu'Internet est né avec la [[w: fr: Suite des protocoles Internet|suite des protocoles]] (TCP/IP) mis au point par [[w: fr: Bob Kahn|Bob Kahn]] et [[w: fr: Winton Cerf|Winton Cerf]] et dont la première mise en pratique fut réalisée en 1977<ref name="Chemla">{{Ouvrage|langue=|auteur=Laurent Chemla|prénom1=Djilali|nom1=Benamrane|nom2=Biens publics à l'échelle mondiale|nom3=Coopération solidarité développement aux PTT|titre=Les télécommunications, entre bien public et marchandise|passage=73 & 63 (par ordre de citation)|lieu=Une histoire d'Internet|éditeur=ECLM (Charles Leopold Mayer)|date=2005|pages totales=|isbn=978-2-84377-111-8|oclc=833154536|lire en ligne=|consulté le=}}</ref>, soit près de cinq ans après sa présentation en 1973, lors de la conférence sur les communications informatiques de l'[[w: fr: International Network Working Group|International Network Working Group]]. Pour la suite, et contrairement à certaines idées reçues, le réseau Internet ne fut donc pas produit par les forces armées américaines, même s'il est vrai que celles-ci ont participé au financement de la ''[[w: fr: Defense Advanced Research Projects Agency|Defense Advanced Research Projects Agency]]'' (DARPA)<ref name="Chemla" /> qui fut à l'origine du réseau [[w: fr: RPANET|ARPANET]],
Pendant que ces universitaires développaient leur propre façon de faire, l'armée américaine pour sa part fit le choix de développer son propre réseau appelé [[w: en: MILNET|MILNET]], en le séparant du réseau ARPANET qui, lui, restera un « réseau pour la recherche et le développement »<ref >{{Ouvrage|langue=|auteur=|prénom1=Stephen|nom1=Denneti|titre=ARPANET Information Brochure|passage=4|lieu=|éditeur=Defense Communications Agency|date=1978|pages totales=46|isbn=|oclc=476024876|lire en ligne=https://web.archive.org/web/20200710174908/https://apps.dtic.mil/dtic/tr/fulltext/u2/a164353.pdf}}</ref>. Cette séparation s'effectua en 1983, précisément l'année où Richard Stallman lança le projet GNU via ARPANET à l'époque ou le réseau comprenait moins de 600 machines connectées<ref >{{Ouvrage|langue=|auteur=|prénom1=Solange|nom1=Ghernaouti-Hélie|prénom2=Arnaud|nom2=Dufour|titre=Internet|passage=|lieu=|éditeur=Presses universitaires de France|date=2012|pages totales=|isbn=978-2-13-058548-0|oclc=795497443|lire en ligne=|consulté le=}}</ref>. C'est donc par la suite seulement, qu'Internet se sera développé jusqu'à produire ce vaste réseau mondial que l'on connaît aujourd'hui. Une tâche qui aura été accomplie en partie par l'''[[w: fr: Internet Society|Internet Society]],'' une ONG créée en 1992, dans le but d'assurer l'entretien technique des réseaux informatiques et du respect des valeurs fondamentales du réseau<ref >{{Lien web|langue=|auteur=Étienne Combier|titre=Les leçons de l’Internet Society pour sauver la Toile|url=https://web.archive.org/web/20201024101959/https://www.lesechos.fr/2017/09/les-lecons-de-linternet-society-pour-sauver-la-toile-182263|site=Les Echos|éditeur=|date=2017-09-19|consulté le=}}</ref>.
Au vu de l'[[w: fr: Histoire d'Internet|histoire d'Internet]], le logiciel libre est donc apparu avant la naissance du réseau Internet mondial. Passer des centaines d'appareils connectés sur ARPANET aux milliards connectés à Internet à ce jour, ne put être réellement possible que lorsque le réseau mondial devint simultanément neutre, indépendant et ouvert à tout type d'utilisateurs et d'utilisations y compris commerciales. Pour rendre ce rêve possible, il fallut attendre que soient installées, à la fin des années 80, les premières [[w: Dorsale Internet|Dorsales Internets]] transnationales. Celles-ci permirent notamment de franchir les océans pendant que le protocole TCP/IP finissait d'être adopté dans le monde entier. [[w:fr:Michel Elie|Michel Elie]], pionnier de l'informatique et responsable de l'[[w: fr: Observatoire des usages de l'Internet|Observatoire des Usages de l'Internet]], témoigne de cette époque dans un article intitulé ''« Quarante ans après : mais qui donc créa l'internet ? »<ref >{{Lien web|langue=|auteur=Michel Elie|titre=Quarante ans après : mais qui donc créa l'internet ?|url=https://web.archive.org/web/20200131180536/https://vecam.org/archives/article1123.html|site=Vecam|lieu=|date=2009|consulté le=}}</ref>'' dont voici un extrait :
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