« La ville opportunités ou menaces pour la faune nocturne ? » : différence entre les versions

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== Éléments de définition ==
 
La population vivant en ville s'accroitaccroît d'année en année, conduisant au phénomène d' '''étalement urbain'''. Celui-ci exprime la migration de la population depuis les milieux urbains vers des zones périphériques de moindre densité de population, se traduisant ainsi par l’expansion de ces zones (Squires, 2002).
 
Le '''milieu urbain''' est défini quant à lui comme un lieu de regroupement de la population dont les activités sont autres qu’agricoles. Il est fonction de la taille et la densité de population, les organisations économiques et sociales qu’elle induit, ainsi que l’aire concernée et la transformation de l’environnement originel en des constructions et infrastructures (Weeks, 2010).
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== Impacts positifs et négatifs sur la faune nocturne ==
=== Pollution sonore ===
Les infrastructures de transport en milieu urbain sont particulièrement bruyantes. Cela peut s’expliquer par la configuration de l’aménagement urbain et la présence de constructions verticales, ne faisant qu’amplifier les sons. Dès lors, le bruit produit par les routes est réverbéré sur les surfaces, augmentant ainsi son intensité initiale. Dans le cas présent, le bruit correspond à une nuisance sonore qui implique une certaine gêne sur les êtres vivants exposés. Cette nuisance peut être qualifiée également de [https[w://fr.wikipedia.org/wiki/Pollution_sonore Pollution|pollution sonore]].
 
Cette pollution causée par l'homme fait partie de l’un des nombreux facteurs qui contribuent à l'appauvrissement de la faune en ville. On relève plusieurs effets de cette pollution, tels que le masquage des signaux sonores (chant, cris, etc.), des modifications de comportement (abandon du territoire, diminution de la reproduction, etc.) ainsi que des répercussions physiologiques (stress, augmentation du rythme cardiaque et de la respiration).
 
Les signaux sonores sont employés par de nombreux animaux de manière à communiquer entre eux, pour se reconnaître, se reproduire, s’orienter ou se protéger. Bernard Krause indique que chaque espèce a une « niche sonore » qui lui est propre (Krause, 1993). Ainsi, les chauves-souris peuvent percevoir les sons de 100 kHz, contrairementce àqui n'est pas le cas d’autres animaux. De plus, pour que la communication entre les individus soit efficace, cela suppose que les sons doivent se propagentpropager dans l'environnement entre l'émetteur et le récepteur. Or; or, les sons produits par les activités humaines en milieu urbain viennent interférer avec ceux émis par les animaux. C’est le cas par exemple des anoures, qui émettent des sons de 200 à 4 000 Hz contre 1 000 à 40 000 Hz pour le bruit des voitures (Thirion et al., 2010). Les chauves-souris sont aussi concernées, ellesqui utilisent des ultra-sonsultrasons pour se nourrir., Lessont aussi concernées : les ondes ultrasonores sont réfléchies par l’insecte puis sont captées par l’oreille de la chauve-souris. Il lui est ainsi possible de déterminer la distance qui la sépare d’un obstacle ou d’une proie. Les chauves-souris utilisent également leur système d’écholocation pour se déplacer dans le noir total. À cause de la pollution sonore, ces ondes se propagent moins bien mais sont surtout mal réfléchies. Tout cela entraîne une perte des repères, ainsi qu’une sous-alimentation.
Les modifications du comportement varient considérablement entre les espèces et les caractéristiques du bruit. Le bruit des autoroutes engendre par exemple une mauvaise répartition des oiseaux nicheurs. Dans le même raisonnement, le bruit du trafic routier affecte les oiseaux dans l’utilisation de leur territoire et perturbe l’activité de chasse de certains rapaces. C’estet également le cas pour lesdes chauves-souris. Toutefois, il semblerait que plusieurs espèces aient évolué en adaptant leurs manières de communiquer (Brumm & Slabbekkorn, 2005).
 
En effet, certaines espèces ont augmenté l’intensité de leur chant pour pallier aux bruits ambiants. Comme l’illustre l’étude réalisée par Sun et Narins (2005), l’espèce ''Rana taipehensis '' a su modifier l’intensité de son chant en réponse aux interférences acoustiques.
C’est le cas également des oiseaux, : un mâle faiblement affecté par le bruit ambiant émettra un chant à environ 77 décibels (A)., Lemais le même oiseau situé dans un milieu urbain bruyant devra chanter à plus de 91 dB(A) pour se faire entendre par ses congénères. Il y a une différence de 14 décibels entre les deux chants mais compte tenu de l’échelle logarithmique de la puissance sonore, cela correspond à une puissance quintuplée (Brumm, 2004). Ces adaptations ne sont pas sans conséquences. En élevant l’intensité de son chant, l’oiseau consomme plus d’énergie. Il doit donc par la suite prendre plus de temps pour la recherche de nourriture afin de compenser les pertes d’énergie. Par exemple, une hausse de 16 dB(A) dans le chant correspond à une augmentation de consommation d’oxygène de 16 % chez ''Sturnus vulgaris'' (Brumm, 2004).
D’autres espèces, quant à elleelles, changent la fréquence de leur chant, comme le montre l’étude sur les criquets mélodieux ''Chorthippus biguttulus''. Celle-ci compare le chant des mâles de populations vivants près des routes à celui d’autres en espaces exemptes de fortes pollutions sonores anthropiques. Les chercheurs ont étudié plus de 1 000 chants et ainsi observé que les stridulations des criquets du bord des routes ont été modifiées, avec des basses fréquences plus fortes.
Cette adaptation permettrait la perception du chant par la femelle et ainsi de passer outre le bruit de la route. Néanmoins, les scientifiques ont mis en évidence de nombreux risques comme la non reconnaissance du mâle par la femelle, ou encore la remise en question de leur capacité reproductrice. L’adaptation semble d’autant plus forte que la coexistence de la population avec le bruit routier est grande (Lampe et al., 2012; Paiges et al., 2006).
 
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[[File:CanonLumièreNY5294681087 1b4c59ec28 b.jpg|thumb|Durant les [[Migration aviaire|migrations aviaires]], des canons à lumière (ici ceux du mémorial du [[World Trade Center]]) peuvent attirer et [[piège écologique|piéger]] dans leur faisceau de nombreux oiseaux (ici probablement en migration automnale nord → sud)]]
 
Lorsque l’on parle de faune nocturne, les impacts de l’éclairage public sont bien souvent les premiers cités. Le noir est qualifié d’habitat par certains chercheurs dans le cas des espèces lucifuges (fuyant la lumière contrairement aux espèces photophiles). On parle de pollution lumineuse lorsque les effets engendrés sont néfastes sur l’environnement. Celle-ci peut se traduire de différentes manières : lumière du ciel nocturne, éblouissement, sur-éclairage (Hölker et al., 2010). De nombreuses sources interviennent comme les éclairages publics, les habitations, vitrines, etc. Ces diverses technologies émettent dans des longueurs d’ondes différentes allant même jusqu’à l’ultra-violet ou l’infra-rouge (Jehin & Demoulin, 2009). Or, la faune possède des capacités de perception de la lumière variables selon les espèces. Toutes ne vont pas être impactées de la même manière. AÀ cette explication de variabilité s’ajoute également le cycle de vie, qui intervient comme un facteur prépondérant.
Afin d’illustrer les différents effets de la pollution lumineuse sur la faune en villes, trois classes seront prisespris comme exemple trois classes (insecteinsectes, oiseaux et amphibiens) et deux ordres (les tortues faisant partie des reptiles et les chauves-souris faisant partie des mammifères).
Parmi les insectes, les papillons de nuit sont de bons exemples. Ces derniers, actifs la nuit, sont notamment attirés par les petites longueurs d’onde. Lors d’un éclairage en pleine nuit, ils vont s’orienter vers la source lumineuse et voler autour jusqu’à épuisement voire finir brûlés par la chaleur émise (Van Langevelde et al., 2011). Une étude a montré l’impact de l’installation d’un lampadaire sur un carrefour giratoire en milieu rural. Il a été mesuré que dans un rayon de 200 m autour de la source lumineuse, la plupart des insectes nocturnes avaient disparu en l’espace de deux ans (ANPCEN, 2008).