« Pour lire Platon/Guide des dialogues/Ménon » : différence entre les versions

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==Ménon, le demeuré==
AÀ Ménon qui lui demande si la vertu peut s'enseigner, Socrate précise qu'il faut savoir ce qu'on enseigne, avant de répondre à sa question. Il lui demande de ne pas se presser, c'est-à-dire de réfléchir. Ménon, en grec, vient de "menein" , celui qui reste sur place. C'est le "demeuré" au sens de celui qui ne comprend rien. Il a existé : noble de Thessalie originaire de Pharsale, homme de haras, mercenaire des Perses. Platon joue sur l'étymologie pour ridiculiser le personnage si imbu de lui-même. C'est le type même de l'élève qu'on ne parviendra jamais à "élever". Il élève des chevaux, et de cette compétence technique, il prétend se hisser à toutes les formes d'enseignements. Mercenaire, il est surtout attiré par l'appât du gain et ne connaitconnaît aucune fidélité ou engagement.
Socrate rappelle aussi que Ménon est élève des sophistes et que leur enseignement est mécanique et surtout dogmatique.
Il s'agit d'apprendre par cœur ce qui est une démarche passive. Au contraire le dialogue socratique vise à accoucher d'un savoir qui est déjà en soi. C'est la théorie de la réminiscence qui sera exposée plus loin dans l'œuvre, sous forme de mythe.
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|+[[w:Ironie socratique| L'ironie de Socrate]]
 
|<div style="font-size:85%;"> Jusqu'à présent, MenonMénon, les Thessaliens étaient renommés entre les Grecs, et admirés pour leur adresse à manier un cheval et pour leurs richesses; [70b] mais aujourd'hui ils sont renommés encore, ce me semble, pour leur sagesse, principalement les concitoyens de ton ami Aristippe de Larisse (03). C'est à Gorgias que vous en êtes redevables ; car, étant allé dans cette ville, il s'est attaché par son savoir les principaux des Aleuades (04), du nombre desquels est ton ami [[w:Aristippe|Aristippe]], et les plus distingués d'entre les Thessaliens.
[[image:Amazonomachy_Christie_Painter_MAN.jpg|thumb|200px|]]
Il vous a accoutumés à répondre avec assurance et d'un ton imposant aux questions qu'on vous fait, comme il est naturel que [70c] répondent des gens qui savent, d'autant plus que lui-même s'offre à tous les Grecs qui veulent l'interroger, et qu'il n'en est aucun auquel il ne réponde sur quelque sujet que ce soit. Mais ici, cher Ménon, les choses ont pris une face toute contraire. Je ne sais quelle espèce de sécheresse a passé sur la science, et il paraît qu'elle a quitté [71a] ces lieux pour se retirer chez vous. Du moins si tu t'avisais d'interroger de la sorte quelqu'un d'ici, il n'est personne qui ne se mît à rire, et te dît : Étranger, tu me prends en vérité pour un heureux mortel, de croire que je sais si la vertu peut s'enseigner, ou s'il est quelque autre moyen de l'acquérir; mais tant s'en faut que je sache si la vertu est de nature à s'enseigner ou non, que j'ignore même absolument ce que c'est que la vertu. [71b] Pour moi, Ménon, je me trouve dans le même cas : je suis sur ce point aussi indigent que mes concitoyens, et je me veux bien du mal de ne savoir absolument rien de la vertu. Or, comment pourrais-je connaître les qualités d'une chose dont j'ignore la nature? Te paraît-il, possible que quelqu'un qui ne connaît point du tout la personne de Ménon sache s'il est beau,
riche, noble, ou tout le contraire ? Crois-tu que cela se puisse ?
 
MÉNON.
MENON.
 
Non. Mais est-il bien vrai, Socrate, [71c] que tu ne sais pas ce que c'est que la vertu ? Est-ce là ce que nous publierons de toi à notre retour chez nous ?
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Non seulement cela, mon cher ami, mais ajoute que je n'ai encore trouvé personne qui le sût, à ce qu'il me semble.
 
MÉNON.
MENON.
 
Quoi donc ! n'as-tu point vu [[w:Gorgias|Gorgias]] lorsqu'il était ici?
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Si fait.
 
MÉNON.
MENON.
 
Tu as donc jugé qu'il ne le savait pas?
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Je n'ai pas beaucoup de mémoire, Ménon ; ainsi je ne saurais te dire à présent quel jugement je portai alors de lui. Mais peut-être sait-il ce que c'est que la vertu, et sais-tu toi-même ce qu'il disait. [71d] Rappelle-le-moi donc; ou, si tu l'aimes mieux, parle-moi pour ton propre compte : car tu es sans doute là-dessus du même sentiment que lui.
 
MÉNON.
MENON.
 
Oui.</div>
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Apprends-le moi, et ne m'envie pas cette connaissance, afin que si vous me paraissez, toi et Gorgias, savoir ce que c'est, j'aie fait le plus heureux de tous les mensonges, lorsque j'ai dit que je n'ai encore rencontré personne qui le sût.
 
[71e] MENONMÉNON.
 
La chose n'est pas difficile à expliquer, Socrate. Veux-tu que je te dise d'abord en quoi consiste la vertu d'un homme ? Rien de plus aisé: elle consiste à être en état d'administrer les affaires de sa patrie, et, en les administrant, de faire du bien à ses amis, et du mal à ses ennemis, en prenant bien garde d'avoir rien de semblable à souffrir. Est-ce la vertu d'une femme que tu veux connaître ? il est facile de la définir. Le devoir d'une femme est de bien gouverner sa maison, de veiller à la garde du dedans, et d'être soumise à son mari. Il y a aussi une vertu propre aux enfants de l'un et de l'autre sexe, et aux vieillards : celle qui convient à l'homme libre est autre que celle de l'esclave. [72a] En un mot, il y a une infinité d'autres vertus; de manière qu'il n'y a nul embarras à dire ce que c'est : car selon l'âge, selon le genre d'occupation, chacun a pour toute action ses devoirs et sa vertu particulière. Je pense, Socrate, qu'il en est de 'même à l'égard du vice.</div>
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={{bleu|Agacement de Ménon}}=
 
'''AÀ ce sujet voir le développement précédent sur l'aporie.''' Cette interruption ne permettra pas d'aller plus loin. Socrate introduit alors le mythe de la réminiscence puis entreprend de la mettre en œuvre sur un jeune esclave.
AÀ partir de ce moment le dialogue ne dépassera plus "l'opinion droite"
 
 
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"Tragique aussi si, en poussant l’exercice de comparaison dans ses derniers retranchements, on évoque le désarroi des Aztèques face au premier débarquement de l’armée de Cortez, désarroi qui les a conduit à l’issue fatale que l’on connaît. Convoqués par Moctezuma, les soldats aztèques qui ont assisté à la scène peinent à trouver les mots qui conviennent pour en donner le récit. Ils évoquent des hommes «au corps blanc comme s’il était de chaux», précisent «de tous côtés leurs corps sont protégés, on ne voit paraître que leur visage», puis «ils chevauchent, montés sur leurs cerfs[...]» [Eco, 1999: 131]. Les soldats n’ont à leur portée que le vocabulaire qu’ils partagent avec Moctezuma. Ils comparent. AÀ défaut du concept d’armure, ils ont recours à la périphrase; à défaut du concept de «cheval», ils procèdent par analogie. La situation en tant que telle ne mérite sans doute pas le qualificatif de «tragique» au sens où l’emploie Aristote; mais nous savons qu’elle débouche sur une tragédie de la pire espèce. Tragédie qui découle de la faiblesse des outils cognitifs des Aztèques face à ceux et aux intentions des Espagnols."[3]
 
Les limites de la maïeutique socratique
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GORGIAS.
 
AÀ quoi tend ceci, Socrate?
 
SOCRATE.