« Affaire Priore/Les problèmes « humains » de l'Affaire » : différence entre les versions

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Une question importante se pose alors : pourquoi après un tel éventail d’expérimentations conduisant à des résultats significatifs, ne trouve-t-on toujours pas, aujourd’hui, d’appareils Priore dans des laboratoires de recherche ?
 
La réponse se situe simplement au niveau de l’aspect humain. C’est ce volet qui a empêché la découverte d’Antoine Priore de devenir un objet de recherche scientifique «  normal  ».
 
Les facteurs humains qui ont joué sont nombreux, on peut mettre en exergue les plus marquants  :
 
:* l’attitude de méfiance d’Antoine Priore, qui, pour se protéger d’un éventuel pillage de son invention, entourait ses appareils d’écrans de fumée et de mystère. Méfiance considérablement exacerbée par les manœuvres, à peine dissimulées, de la part de certaines personnes ayant travaillé avec lui pour s’accaparer sa découverte ;
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:* le fait que certains ''décideurs'', en raison de son comportement, aient d’emblée classé Antoine Priore comme guérisseur et charlatan, avec les conséquences que l’on imagine ;
 
:* la parution, dans la presse populaire et spécialisée de dizaines d’articles consacrés à l’affaire, soit dithyrambiques du style  : «  Priore, l’homme qui a vaincu le cancer  !  », soit résolument opposé comme  : «  Affaire Priore ! Arrêtez ce charlatan !  », ont beaucoup influencé le monde scientifique et médical ;
 
:* les jalousies et les coups bas d’un certain mandarinat médical qui se servait du parfum de souffre entourant «  l’Affaire  » pour régler des comptes personnels et professionnels. Ces comportements ont participé à la sensation de malaise que le seul mention du nom de Priore provoquait ;
 
:* il y a eu, en plus, les facteurs aggravants tels que la frilosité, la paresse intellectuelle, la suffisance, la malhonnêteté, l’égoïsme, etc., attitudes communes à toute activité sociale.
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Nous allons tenter de dégager les aspects humains les plus importants qui ont conduit au naufrage de la découverte. Les frontières des interactions humaines sont presque toujours floues et mal définies et, évidement, il n’est pas facile de démêler cet imbroglio. Nous serons obligés pour analyser les problèmes de les circonscrire et de les sortir en partie de leur contexte. Aucunes des interactions et enchevêtrements ne pourront être décrits succinctement, ce qui amène fatalement à des redites.
 
Il y a sept points qui nous paraissent essentiels  :
 
# La personnalité d’Antoine Priore.
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# Les facteurs ''diffus''.
 
Nos propos pourront à l’occasion passer pour des «  ragots  » aux yeux de certains. Nous nous sommes malheureusement contentés de rappeler certaines situations humaines et historiques en nous efforçant de faire appel le moins possible à des opinions personnelles !
 
==La personnalité d’Antoine Priore==
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C’est sans doute grâce à son mauvais caractère et à son entêtement qu’Antoine Priore est parvenu à réaliser ses appareils et à observer l’effet de leur rayonnement.
 
Malheureusement, c’est aussi à cause de certains aspects de son caractère qu’il était lui-même, à notre avis, son pire ennemi. Nous allons surtout mettre en exergue ces aspects «  négatifs  ».
 
Cependant, il ne faudra ni oublier ses qualités, ni les mensonges et les bassesses dont il fut l’objet.
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Revenons maintenant en détail sur quatre points essentiels.
 
===Le «  secret Priore  »===
Le trait de personnalité qui a posé le plus de problème était son narcissisme: tout devait être centré sur sa personne. Le plus important pour lui était d’être reconnu un jour comme « l’homme qui avait vaincu le cancer ».
 
C’est pour cette raison qu’il protégeait tous ses secrets, il voulait rester le passage obligé en toutes circonstances. On comprend alors qu’il avait très peur d’être dépossédé de sa découverte.
 
Le «  secret de Priore  » a alimenté les fantasmes des priorephobes et des priorephiles.
 
:* Pour les premiers, «  le secret  » était le signe d’une escroquerie sous-jacente.
 
:* Pour les seconds, une partie importante de leur combat fut de «  protéger les droits de Priore  ».
 
Les deux points de vue sont défendables.
 
Il est évident qu’un charlatan aurait eu le même comportement qu’Antoine Priore. Les exemples sont légions. Or il est impensable d’accepter une thérapeutique basée sur une «  boite noire  ». Le mode de construction et le mode opératoire des appareils thérapeutiques les plus sophistiqués sont parfaitement décrits et publics. Leur mode d’action n’est par contre pas toujours parfaitement élucidé. Il n’était bien évidemment pas nécessaire de savoir ''a priori'' comment le rayonnement émis agissait. Pour prendre un exemple simple et particulièrement significatif, l’aspirine est d'un usage courant depuis plus d’un siècle et la totalité de ses effets, longtemps méconnus, surprenne toujours. L'explication de son mode d’action est révisée régulièrement !
 
Le souci de la préservation des droits de Priore, qui relève de l’honnêteté intellectuelle, a beaucoup conditionné l’action de ses défenseurs et a ajouté à la complication de « l’Affaire ». La découverte excitait la convoitise d’un certain nombre de «  requins  » qui voyaient leur rapacité aiguisée du fait qu’Antoine Priore n’avait ni statut officiel, ni poids financier. Il était plus que probable qu’une fois compris le fonctionnement de son appareil, il leur aurait été facile de le dépouiller et de le laisser pour compte.
 
Il est nécessaire et légitime dans ce monde de contrefaçons de se protéger et de maintenir des «  secrets d’usine  ». Le procédé est courant dans le monde industriel en général et celui des laboratoires pharmaceutiques en particulier. Dans le cas d'un rayonnement électromagnétique d’un type spécial, une procédure de brevet était tout à fait envisageable, comme pour une molécule chimique, mais ceci nécessitait une description précise du rayonnement et de son mode de production. Le problème d’Antoine Priore est, à notre avis, qu’il se trouvait dans l’ignorance de ce qui, dans le rayonnement des appareils qu’il avait construit, avait l'effet biologique et qu’il était incapable de caractériser ce ou ces rayonnements d’une manière claire et précise. Probablement il n’en percevait pas l’intérêt ; sa seule préoccupation étant l’utilisation rapide du rayonnement au soin de malades cancéreux. Couvert par des brevets approximatifs et embrouillés, qui le protégeaient mal, voire pas du tout, il était contraint à un protectionnisme exacerbé.
 
Ses moyens  :
:* ne rien expliquer à personne,
:* dresser des écrans de fumée autour des appareils,
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Il voulait que des usines Antoine Priore, à Bordeaux, produisent ses appareils en série (Voir<ref>{{Archives Priore|id=1HTgjJ124FstZvmB_vFQLfB9-1Jor2bGS|auteur=A. Priore|titre= Projet de lancement industriel des appareil à paramètres fixes 14 mai 1971}}</ref> pour un projet entre Priore et les sociétés PRANA et SOVIREL et pour un projet<ref>{{Archives Priore|id=1-YvpN_8m70pYdhmCqr5yuEMM2RRMdFFD|auteur=SERAP|titre=Développement industriel de l'invention A. Priore I }}<br/>{{Archives Priore|id=1mlmo-wKHyu_qtTPDYHqmCcmWKmW0OW6b |auteur=SERAP|titre=Développement industriel de l'invention A. Priore II }}</ref>, élaboré par la société LEROY-SOMER, de développement d’usines employant plusieurs milliers de personnes à la construction des appareils). Ces appareils, pré-réglés pour une thérapeutique et cadenassés, ne devant jamais être vendus mais loués aux utilisateurs.
 
Antoine Priore ne voulait même pas vendre ses appareils. L’idée lui était insupportable qu’ils puissent devenir la propriété d’autres que lui. Que ses appareils puissent être ailleurs que chez lui était déjà difficile à admettre. Il avait, à maintes reprises, déclaré: «  Les appareils sont mes enfants, je les connais si bien...  »<ref>{{Archives Priore|id=1GRo0TfUpFkuii8eUIuhYssfpLDMRUMZQ|auteur=R. Pautrizel|titre=C.R. réunion à la DGRST le 11 octobre 1966}}</ref>. Ce n’est certainement pas par hasard si le 21 novembre 1972 Antoine Priore a fait baptiser ses deux plus jeunes fils '''et''' fait inaugurer son laboratoire de recherches par [[w:fr:Jacques Chaban-Delmas|Jacques Chaban-Delmas]]. (Voir<ref>{{lien web|url=https://drive.google.com/open?id=1BSm1Pa6QWBJygS6f15jXgWrsN9OHG73l |titre=L'inauguration du LARSAP le 21 novembre 1972}}</ref> pour des photographies de ces deux événements.)
 
===La folie des grandeurs===
Autre trait de caractère d’Antoine Priore  ; la mégalomanie, cette ''folie des grandeurs'' lui a beaucoup nui. À partir de 1960, il avait la certitude que ses appareils avaient un effet très important sur les cancers expérimentaux et il avait l’intime conviction que, sur les cancers humains, l’effet serait aussi spectaculaire. Plus les appareils étaient imposants et puissants, plus les effets sur les animaux étaient augmentés. Par exemple, la bobine magnétique principale, en 1960, pesait {{unité|50|kg}}, en 1969  ; {{unité|500|kg}}, en 1977; {{unité|6000|kg}}. De même, la lampe à décharge de 1957 mesurait environ {{unité|20 x 60]cm}} ; celle de 1977  {{unité|60 x 700|cm}}, et l’appareil entier pesait {{unité|50|tonnes}} !
 
Fort de ses certitudes, il jugeait inutile d’essayer de comprendre l’action du rayonnement ou de construire une série d’appareils fiables de faible puissance. Il fallait brûler les étapes et faire dans le gigantisme, puis soigner des malades, le plus vite possible...
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===Antoine Priore ‘le parano’ ?===
Indubitablement Antoine PRIORE était narcissique et avait des tendances mégalomanes. Il fut souvent traité de paranoïaque. Il faut, pour accréditer cette accusation, revenir à la définition du terme. Est «  paranoïaque  » une personne faisant montre, sans raison valable d’une défiance extrême envers ‘les autres’.
 
Or Antoine Priore avait de très bonnes raisons de se méfier ''des autres''. Toute une faune tournait autour de lui et de sa découverte, certains y voyant la fortune et la gloire assurée pour eux-mêmes, s’ils arrivaient à piller ce pauvre Priore. Beaucoup n’ont pas ménagé leurs efforts, C’est ainsi qu’il a dû subir les attaques ignobles et malhonnêtes venant de personnes censées représenter un certain code d’éthique et de morale.
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==Le rôle de la mairie de Bordeaux==
 
Les interventions de [[w:fr:Jacques Chaban-Delmas|Jacques Chaban-Delmas]] dans l’Affaire Priore sont nombreuses. Son raisonnement était simple : «  ''Je ne suis pas moi-même scientifiquement compétent pour juger de l’importance des travaux d’Antoine Priore, mais quand le Secrétaire Perpétuel de l’Académie des Sciences, un Prix Nobel de Médecine et des chercheurs de renommé internationale me disent qu’il y a un effet et que c’est important, je réagis.''  »
 
En conséquence il a utilisé son influence personnelle de maire, de député, de Premier ministre et de président de l’Assemblée nationale à maintes reprises pour aider Antoine Priore. Mais, pour la gestion quotidienne de ses actions il déléguait son autorité à :
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:* Payé nombre de ses factures d’électricité<ref>[[Affaire Priore/Les finances de l'Affaire Priore|Les finances de l'Affaire Priore]]</ref>.
 
En contrepartie, le fait que J. Chaban-Delmas exerça une pression sur la D.G.R.S.T. pour qu’elle octroie une subvention de {{unité|3.5 |MF.}} provoqua une forte animosité dans le milieu de la recherche médicale où les subventions étaient devenues rares et difficiles à obtenir. Le délégué général, [[w:fr:Pierre Aigrain|Pierre Aigrain]] et le directeur du C.N.R.S. [[w:fr:Hubert Curien|Hubert Curien]], ne cachaient pas leur agacement.
 
La situation se dégrade encore lorsque, suite à l’intervention de J. Valade et de G. Leroi, la subvention, destinée initialement à construire un appareil dans un laboratoire universitaire, est accordée directement à la société Leroy-Somer.
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La société Leroy-Somer voulait garder son monopole industriel sur les appareils d’Antoine Priore, même s’il fallait pour cela écarter des contributions financières très importantes en provenance de tiers, car elles auraient forcement réduit d’autant leur éventuelle ‘part au gâteau’. Une certaine collusion existait entre G. Chavanes et la mairie de Bordeaux à l’encontre de partenaires financiers potentiels.
 
On peut, pour étayer cette assertion, citer  :
 
:* l’intérêt de la Fondation Mérieux<ref>{{Archives Priore|id=1d4hqGmQRQHFKekmaH1NdCJ_NOt0FuJC0|auteur=C. Mérieux |titre=Lettre adressée à R. Courrier le 11 mars 1971 }}<br>{{Archives Priore|id=1YsE4CoSbag4dhkwT3S09-Eszwzvc123D|auteur=C. Mérieux |titre=Lettre adressée à R. Pautrizel le 28 avril 1971 }}<br>{{Archives Priore|id=1EujcXKma0a-OUOrunU97Pk9y4Q2Jeu6h|auteur=C. Mérieux |titre=Lettre adressée à R. Pautrizel le 17 février 1972 }}</ref> à un partenariat, à condition que l'appareil soit construit dans un laboratoire universitaire.
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==Les problèmes entre les Priorephiles==
 
Le groupe de priorephiles était très hétérogène. Le seul lien entre ces individus était la certitude ou l’intime conviction que le rayonnement émis par les appareils avait des effets biologiques spectaculaires. On peut ensuite distinguer à l’intérieur du groupe  :
 
:* ceux qui ne considéraient que la découverte fondamentale et le potentiel thérapeutique,
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Avec des intérêts aussi divergents les conflits étaient imaginables et inévitables.
 
:* Conflits entre Antoine Priore et les scientifiques qui voulaient faire rentrer «  Le rayonnement Priore  » dans le giron de la science orthodoxe. Antoine Priore n’acceptait pas les contraintes de l’orthodoxie (comme par exemple la reproductibilité des expériences et le placement d’appareils dans d’autres laboratoires). En résumé, son attitude était: «  ''Je sais que ça marche, vous savez que ça marche. Terminons en avec l’expérimentation animale..., et construire des gros appareils pour soigner des malades...''  »
 
:* Conflits entre Antoine Priore et la société Leroy-Somer.
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: Le moyen le plus sûr d’ôter toute crédibilité au concurrent est une bonne insinuation de scandale. Ceci permet de faire octroyer un poste à l’un de ses protégés plutôt qu’à l’équipe à laquelle il revient par mérite...
 
: Il suffit que, dans les commissions qui partagent le gâteau des crédits de recherche, une personne «  bien informée et très respectable  », hausse les sourcils en disant: «  Vous savez, c’est si délicat, M. le professeur X est lui-même parfaitement honnête et intègre, mais il travaille avec des charlatans...  » et le Pr X n’obtient pas de subvention pour ses travaux. L’argent va ailleurs, souvent chez un professeur « bien informée et très respectable ».
 
: De nombreux exemples de ce type d’agissements contre le Pr Raymond Pautrizel existent. Le plus scandaleux étant son élimination de la direction de l’Unité de recherches I.N.S.E.R.M. (U89) et le transfert de cette Unité à Lille, chez le rapporteur de l’U89 auprès de la commission ! Le malaise provoqué par l’affaire Priore fut utilisé très habilement, sans jamais critiquer les expériences, qui sur un plan biologique étaient irréprochables. Les détails de cette procédure déshonorante pour l’I.N.S.E.R.M. sont analysés dans la Note<ref>[[Affaire Priore/I.N.S.E.R.M.|I.N.S.E.R.M. et l'Affaire Priore]]</ref>.
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:* La candidature de M-R. Rivière pour un poste de professeur à titre personnel. Lors de la réunion de la commission il a suffit de quelques ricanements avec prononciation du nom de Priore pour que Rivière soit déclassé<ref>{{Archives Priore|id=1ErsmXjQGA7M_RAoEy-c0pkvWhArJQPN6 |auteur=R. Pautrizel |titre=CR Comité consultatif du 18 décembre 1970 }}<br/>{{Archives Priore|id=17BIE_tVVR9ocyfEngvNX_4KiB2f11WXz |auteur=M-R. Rivière |titre=Lettre adressée à R. Pautrizel le 23 décembre 1970 }}<br/>{{Archives Priore|id=16LzfXU0chE3-wk-jKiQ7dzuW3X7wLwsN |auteur=R. Pautrizel |titre=Lettre adressée à M-R. Rivière le 5 janvier 1971 }}</ref>.
 
:* La candidature de M. I. Chouroulinkov de l’I.R.S.C. (Institut de Recherches Scientifiques sur le Cancer) au C.N.R.S.<ref>{{Archives Priore|id=1B1E6-xfvKr0C4jyKnF3hK2I9KMjdlvPX|auteur=R. Courrier|titre=Note personnelle de'octobre 1968}}</ref>, classé N° 1 des promouvables par la commission de pathologie expérimentale. Le Pr Gallais, président de la commission, suggéra de le déclasser, car il avait trempé dans «  l’affaire de Bordeaux  ». Le Pr Mathé, présent, empêcha l’inversion de classement, en précisant que Chouroulinkov n’avait rien publié sur ce sujet.
 
:* Sir Alexander Haddow, directeur du Chester Beatty Institute, a arrêté la collaboration avec Priore, sur les conseils du Pr Latrjet : le Pr Haddow ne voulait pas que son nom, et le nom de son Institut, soit mêlé à un scandale scientifique.
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On y traitait Antoine Priore de guérisseur et de charlatan. On donnait une fausse description des faits, on occultait des expériences indiscutables, on répandait la rumeur de substitution du Pr Latarjet. Cette presse a fortement contribué à noircir le nom d’Antoine Priore dans l’esprit des universitaires. Impression qui était dominante, bien sûr, lors des commissions, des réunions etc. où des décisions étaient à prendre.
 
Un exemple: une attaque virulente, avec photographies truquées et propos mensongers contre Antoine Priore à été publiée dans ''L’Express''<ref>{{Archives Priore|id=1HIVIhahF_PVPG3RVz-TRO5argxL4_Los |auteur=L'Express du 17 mai 1971 |titre=L'étange machine de M. Priore }}</ref> par G. Bonnot, le 17 mai 1971. Une lecture plus attentive de cet article révèle qu’il est conçu pour lier le nom de Jacques Chaban-Delmas à  «  une escroquerie scientifique avec usage de fonds publics à des fins douteuses…  » (Il ne faut pas oublier le contexte politique de l’époque: J-J. Servan-Schreiber, patron de ''L’Express'', fut candidat malheureux contre J. Chaban-Delmas à la mairie de Bordeaux...)
 
''Le Monde'', sous la plume du Dr Claudine Escoffier-Lambiotte, a publié entre 1965 et 1985 une série d’articles<ref>{{Archives Priore|id=1bJ-1O545wnmme6nrZDOKaTXMDMTHHMgT|auteur=Le Monde 1 mars 1965|titre=Électromagnétisme et cancer : une regrettable précipitation}}<br/>{{Archives Priore|id=1lGo85XFEl0oG99PkJcYnqfrRsHSJZyAA |auteur=Le Monde 3 mars 1965 |titre=Électromagnétisme et cancer : Controverse à l'Académie des sciences }}<br/>{{Archives Priore|id=19dq-PhWposObxPftuzO4feKbURgO_LWo|auteur=Le Monde 4 mars 1965 |titre=Électromagnétisme et cancer : L'appareil de M. Priore ne peut être transféré à Villejuif }}<br/>{{Archives Priore|id=1lUoHxWBw7SW0V6Q2wAB05hYOYYnmbNxz |auteur=Le Monde 6 mars 1965 |titre=Lettre reçue du Pr. Lachapèle }}<br/>{{Archives Priore|id=1lUoHxWBw7SW0V6Q2wAB05hYOYYnmbNxz |auteur=Le Monde 11 mars 1965 |titre=M. Priore accepterait de construire un deuxième appareil à Villejuif }}<br/>{{Archives Priore|id=14cZlSV3Bv3Puvf01oeCkEJJ2KjY5GA1f |auteur=Le Monde 11 juillet 1966 |titre=Nouvelle communication à l'Académie des sciences : L'action des rayonnements électromagnétiques sur des tumeurs greffées du Rat}}<br/>{{Archives Priore|id=1kRVcCYtiD_sE2hLjxYuUG4Tur81eTPFh |auteur=Le Monde 6 août 1980 |titre=Les thérapeutiques parallèles }}<br/>{{Archives Priore|id=15Bcvkh1ckv8rBvwExfZmKZBO0kKs-A7r|auteur=Le Monde 11 mai 1983|titre=Antoine Prioré est mort}}</ref> concernant l’affaire Priore. L’auteur n’a jamais rencontré les chercheurs qui avaient fait des expériences avec les appareils de Priore et n’a jamais pris en considération l’ensemble des travaux expérimentaux. Pour elle, Antoine Priore fut d’emblée, et jusqu’à sa mort en 1983, un guérisseur et un charlatan, qui substituait des animaux sains aux animaux malades.
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==Facteurs ‘diffus’ provoquant des problèmes==
 
Un certain nombre de facteurs diffus ont contribué à compliquer l’affaire. Ces facteurs ne sont pas spécifiques de ce qui nous occupe et on les retrouve quotidiennement  ; ce sont des facteurs sociaux. Il n’est ni frivole ni inutile de les évoquer car, surajoutés aux problèmes spécifiques, ils rendaient la situation encore plus difficile à démêler.
 
:* La paresse intellectuelle est un trait de caractère humain qui a considérablement parasité priorephiles et priorephobes !
 
Le dossier de l’Affaire Priore, résumé en deux ou trois pages, est très étonnant. On «  y croit  » ou on «  n’y croit pas  ». Cette attitude subjective est la seule possible avec peu d’information.
 
S’informer vraiment sur le dossier, demande un travail considérable, même si l’on dispose d’un accès facile aux documents. Après leur lecture, reste le travail d’analyse, celui de la critique etc., nécessaires pour se forger une opinion valable, ce qui est là encore un engagement non négligeable.
 
On fait alors confiance à ceux qui, censés avoir étudié le problème, ont pris parti. Le choix se fait de manière affective, sur la notoriété d’un protagoniste, sur une humeur  !
 
Or, dans l’ensemble, les décideurs, les médico-scientifiques trop occupés, souvent partisans du moindre effort, n’ont jamais cherché à approfondir leur connaissance du dossier et se sont forgé une doctrine sur une pléthore d’opinions ''a priori'', superficielles, basées sur des «  on dit que...  » ou sur des préjugés non avoués. Quelques exemples typiques :
 
:* Le Pr [[w:fr:Raymond Latarjet|Raymond Latarjet]] a répandu auprès de qui voulait l’entendre, pendant plus de 20 ans, une rumeur de ''substitution d’animaux'' par Antoine Priore et ses collaborateurs. Il n’a jamais recherché la moindre vérification auprès des soi-disant victimes, lésées par ce truquage, ni produit la moindre justification. (Voir la Note<ref>[[Affaire Priore/Les souris anglaises|Les souris anglaises]]</ref> pour les détails.)
 
:* En janvier 1984, R. Felden et R. Mainard, professeurs à la faculté des sciences de Nancy, ont publié un article dans Le Monde<ref>{{Archives Priore|id=1XEpselwJmhNGF6t3yz_b1808Q5eZUKko|auteur=Le Monde 11 janvier 1984|titre= Le pouvoir politique et la communauté scientifique}}</ref>, où ils font un amalgame entre: la «  machine de Priore  », les «  [[w:fr:Affaire des Avions renifleurs|avions renifleurs]]  », le «  [[w:fr:Moteur à eau|moteur à eau]]  » et un certain nombre d’escroqueries.
 
:: Questionné par le Pr [[w:fr:Adolphe Pacault|Adolphe Pacault]]<ref>{{Archives Priore|id=1sNRU4QvC9zRvTtPI8Duid9oB1BhRb4UI|auteur=A. Pacault|titre=Lettre adressée à R. Felden le 13 janvier 1984}}</ref> pour savoir s’il avait des informations personnelles pour corroborer ses assertions, le Pr Felden répondit par une lettre<ref>{{Archives Priore|id=1ZTDLnHKS8YII3cmZkD6J5wxgQgD9-Eny |auteur=R. Felden |titre=Lettre adressée à A. Pacault le 20 janvier 1984}}</ref> qui illustre bien l’attitude de beaucoup «  d’experts  » qui sont capable de se prononcer sans connaître un dossier: «''..... Aussi n’est-il pas nécessaire de connaître tous les documents relatifs à une affaire pour émettre un jugement...''». Felden continue, et explique que la « ''machine Priore''» ne pouvait avoir les effets prétendument observés, parce que, pour avoir de tels effets, l’appareil doit faire... ici quelques idées biologiques et physiques vagues et sans importance, suivi par: « ''mais cette explication contredit les lois de la physique, donc l’appareil Priore ne peut pas avoir d’effets !!'' ». Cette lettre fait l’objet d’un commentaire lapidaire<ref>{{Archives Priore|id=19y5Py9coyVYEtvnh15He0CC4ays6-m_h|auteur=A. Pacault |titre=Lettre adressée à R. Pautrizel le 23 janvier 1984}}</ref> du Pr Pacault quant à l’épistémologie pratiquée par le Pr Felden !
 
:* Le Pr [[w:fr:Lucien Israel|Lucien Israel]] (cancérologue), questionné en 1980, a émis un jugement négatif sur les travaux faits avec l’appareil d’Antoine Priore<ref>{{Archives Priore|id=1-riOTn4AVyDeL-9Zoaqh8oT7Q7Lk-Gth|auteur=L. Israël |titre=Lettre adressée à C. Meunier le 13 novembre 1980}}</ref> en disant qu’ils n'avaient rien à voir avec l’immunologie et qu’il était parfaitement ignorant des résultats obtenus !
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::sous-entendent : « Si nous, professeurs, n’avons pas tout compris du bricolage de cet amateur en un clin d’œil, c’est qu’il n’y a rien à comprendre ». Cette attitude est autant plus navrante que, si l’on consulte les revues de recherche en physique expérimentale des années 1960, on trouve des centaines d’articles consacrés aux phénomènes de décharges dans des gaz en présence de champs magnétiques, champs hautes fréquences et micro-ondes. Le sujet était à la mode, même si les théories proposées pour expliquer les observations étaient très rudimentaires. Il est clair qu’il y avait beaucoup de travail expérimental à faire en physique avant d'avoir une compréhension globale du phénomènes produit par un appareil comme celui d’Antoine Priore. (Et cette remarque est toujours valable aujourd'hui.)
 
:* Objectivité scientifique : Sur la superficialité de beaucoup d’experts se greffe la notion d’objectivité scientifique. Pour nous, dans la notion d’objectivité  scientifique est sous-jacente l’idée que les conclusions ne sont pas tirées avant d’entamer l’investigation, que l’on est prêt à une étude qui permette, à son terme de se prononcer ''pour'' ou ''contre'' et de dire clairement pourquoi !
 
:: Malheureusement, l’utilisation de l’expression ''objectivité scientifique'' est souvent un alibi pour ne se prononcer ni ''pour'' ni ''contre'', et ménager l’avenir
 
::: Le rapport Bernard-Latarjet<ref>{{Archives Priore|id=1xYwePJdCxyj-CcIv6ZMZ08PI73NB7tbf |auteur=J. Bernard et R. Latarjet |titre=Le problème Priore (1960-1981) }}</ref> est caractéristique de ce comportement. Les auteurs condamnent sans appel les travaux faits avec l’appareil Priore, mais concluent : « ''... Les effets de la machine, s’ils sont exacts (et nous pensons qu’ils le sont)...'' ». Petite phrase destinée à se couvrir «  au cas où  » et qui démontre bien la qualité des experts rapporteurs, pour ne pas dire plus !
 
:* La comparaison des livres de J-M. Graille<ref>{{ouvrage
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:: Le premier auteur, journaliste d’investigation, a, pendant plusieurs années, constitué un dossier contradictoire pour faire son opinion. Il se classe clairement dans le camp des priorephiles, mais avec une argumentation bien étayée.
 
:: Le deuxième auteur, professeur de médecine, administrateur de l’I.N.S.E.R.M., a eu toutes les possibilités de s’informer et de se forger une opinion, et il l’a certainement fait, mais il ne l’expose pas dans son livre. Il dit lui-même (page 100) qu’il était et reste dans l’ambiguïté, et, en référence à son rôle de conseiller scientifique à la D.G.R.S.T., il déclare: «  En rentrant à Paris, j’ai rédigé un rapport ambigu qui ne dut pas être d’un très grand secours pour Pierre Aigrain. Ambigu, déjà, comme est la conclusion de ce livre... ».
 
::Cependant, dans ses interviews à la radio et à la télévision<ref>{{Archives Priore|id=10ZRDs9qBJx3YVrW0g8e5o9d-NvfuJOp6 |auteur=J-P. Bader|titre=Radio Bordeaux Gironde 17 avril 1984 }}<br/>{{Archives Priore|id=1jEhkilJrr0HCLpUda23igyIpQL-_STpX |auteur=J-P. Bader|titre=FR 3 18 avril 1984 }}<br/>{{Archives Priore|id=1pECul1vNcrjCTQLrRKlpm2mJqwIf8Gjb |auteur=J-P. Bader|titre= France Inter - 4 juin 1984}}</ref> pour présenter son livre, J-P. BADER était plus loquace et catégorique. Il disait clairement qu’il pensait que l’effet biologique du rayonnement Priore était bien réel. Après le décès d’Antoine Priore il s’est même allié avec la société Leroy-Somer pour tenter de relancer la construction de l’appareil ''M600''<ref>[[Affaire Priore/Leroy-Somer|Leroy-Somer]]</ref>.
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:: Exemple : après la présentation des travaux de Rivière, Guérin et Priore en séance publique à l’Académie des sciences par le Pr R. Courrier, le 1 mars 1965, une seule suite pouvait être envisagée : Antoine Priore devait amener son appareil à Paris pour que des spécialistes puissent l’examiner. Il n’était pas question bien sûr, que les spécialistes fassent le voyage à Bordeaux, le Pr Bernard Halpern (qui travaillait sans succès sur la guérison des rats greffés avec la tumeur T8) s’y refusait catégoriquement. De son côté le Pr Lacassagne critiquait d’éventuelles expériences ''peu sérieuses'' où des rats, greffés avec des tumeurs à Paris, auraient été transportés à Bordeaux pour traitement, puis ramenés à Paris. (J. Biraben et G. Delmon effectuaient les mêmes expérience en greffantnt des rats à Bordeaux et les traitant à Bordeaux et Lacassagne le savait.). Donc pour le Pr Lacassagne une expérience "sérieuse" nécessitait de greffer les rats à Paris et de les traiter à Paris !
 
::Bien sûr, cette attitude des «  parisiens  » n’était pas générale. Par exemple, Rivière, Guérin, Chouroulinkov de l’I.R.S.C. et Avraméas de l’Institut Pasteur ont fait des expériences avec l’appareil de Priore et MM. Gresser, Fauvre et Robert se sont proposés d’en faire.
 
:: Malheureusement, Antoine Priore n’était pas mieux que les «  parisiens  », puisque pour lui, c’était «  Bordeaux et nulle part ailleurs  ».
 
:* Le sens attribué au mot ‘magnétisme’ en France. Dans les années 1950 - 1980 l’association des mots ''magnétisme'', ''champ magnétique'', ''guérison des maladies graves'' évoquaient dans l’esprit du grand public, et même chez des intellectuels non-physiciens, la faune des «  guérisseurs  » et des «  magnétiseurs  » ainsi que le «  magnétisme animal  » et [[w:fr:Franz Mesmer|Franz Mesmer]]. Tout ceci rime naturellement avec «  charlatanisme  ».
 
::Dans les pays anglo-saxons le mot «  mesmérisme  » est synonyme du mot hypnose et n’a rien à voir ni avec des champs magnétiques, ni avec un quelconque «  magnétisme animal  ». Ceci correspond mieux aux faits historiques concernant Mesmer, qui pratiquait une psychothérapie avant la lettre, en utilisant l’hypnose, un peu comme [[w:fr:Jean-Martin Charcot|Charcot]] et [[w:fr:Sigmund Freud|Freud]] ont fait 75 ans plus tard. Voir J. de Certaines<ref name="LR" />{{,}}<ref name="TDC" /> pour un aperçu historique de Mesmer et le mémoire de M. Pinsolle<ref>M. Pinsolle, Mémoire pour le certificat d'étude spécialisée de psychiatrie, ''Le Mesmerisme en Aquitaine à la fin du {{s-|XVIII|e}}'', soutenu le 11 septembre 1990.</ref> pour une analyse détaillée du mesmérisme en Aquitaine.
 
===Références===
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Nous avons évoqué quelques problèmes purement humains qui ont fortement contribué au blocage du développement des recherches scientifiques sur le rayonnement émis par les appareils d’Antoine Priore.
 
Il faut prendre leçon du passé et essayer d’éviter les écueils qui sont  :
 
::I. L’égoïsme