« Normannique (de Normandie) » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
m correction orthographique mineure
mAucun résumé des modifications
Ligne 1 :
Le normannique de Normandie, ou simplement ''normannique'', est la recomposition unifiée de la langue scandinave qui fut parlée en Normandie depuis le début du Xe siècle et dont l’existence est attestée au moins jusqu'au XIIe voire au XIIIe siècle.
 
Le Normannique Unifié de Normandie (acronyme accronyme NUN) est le fruit de travail de plusieurs années d’une petite équipe de passionnés, d’historiens et de linguistes français et scandinaves. Les recherches, qui ont duré plusieurs années, se sont fortement basées sur la documentation toponymique, patronymique, et d’onomastique générale de la Normandie d’hier et d’aujourd’hui. Les investigations se sont aussi appuyées sur des enquêtes auprès de l’habitant, et notamment des patoisants du fait du nombre conséquent de mots que la langue normande romane a conservé.
 
== La création du NUN relève d’un triple objectif : ==
- Permettre de désigner sous une forme unifiée les différents termes normanniques qui jalonnent les études normandes, sans devoir recourir constamment à une sorte de compromis entre les différentes graphies très variables des mots norrois (la forme actuelle du vieux norrois étant elle-même un compromis entre les différentes attestations norses) et, à plus forte raison, des mots classés dans la catégorie anglo-scandinave.
 
- Permettre aux normands qui le souhaitent de reparler la langue norroise qui a vu naître la Normandie et qui apporte toujours une note de couleur toute particulière aux institutions typiquement normandes, à l’exemple du droit normand : droit de varech (''wagrekk''), délit d’hanfare ou d’hamfare (''hamfare''), etc. Pour atteindre cet objectif, plusieurs formes ont dû être reconstituée à partir de l’ancienne langue norroise, pour pallier à la perte d’un grand nombre de formes avec le temps, en raison du caractère seulement oral de cette langue.
 
- Ouvrir l’éventualité d’un projet de panneaux d’agglomération bilingues qui se basent sur l’origine radicale unifiée des toponymes normanniques, projet plus pertinent que de se rabattre sur ce qui est devenu une simple évolution phonétique romanisée de ces noms de lieux bien particuliers.
 
== Répartition'''Historique''' du normannique ==
Visiblement, le normannique s'est étendu essentiellement dans toute la partie Nord de la Normandie et correspond plus ou moins à la ligne Joret actuelle. Il est nommé de plusieurs façons suivant les régions de Normandie, mais aussi et surtout suivant les historiens. Le ''normannique unifié de Normandie'' regroupe ainsi les appellations : « norrois », « norse », « dane », « danois » ou « daneiz », « dace », etc.
 
On ne pourrait établir avec assurance le remplacement des variantes locales du français d'oïl par le normannique, bien que la toponymie, l'anthroponymie et l'évolution démographique de l'époque semblent avoir été favorables à l’hypothèse cette substitution temporaire.
 
Le normannique a été longtemps parlé sur les côtes normandes, avec un prédominance dans le pays de Caux, le Cotentin et le Bessin. Même à Bayeux la langue normannique semble être devenu largement prédominantprédominante, bien que le milieu urbain soit généralement défavorable à l’adoption spontanée d’une langue non-majoritaire dans un milieu à fortes relations économiques (à cette époque, le latin et les parlers d’oïls d’oïl seuls servaient de langues commerciales et diplomatiques avec les autres peuples en France). En effet, Guillaume Longue-Epée envoya son fils apprendreRichard Ier de Normandie en séjour pour qu’il y apprenne le normannique :<blockquote>Mais a Baieues en a tanz / Qui ne sevent si daneis non.
''Mais, à Bayeux, il y a beaucoup de gens / Qui ne connaissent que la langue nordique''
 
'''(Chronique des ducs de Normandie – Benoît de Sainte Maure)'''</blockquote>Finalement, elle s'est progressivement effacée du fait de l'utilisation unilatérale pour des raisons diplomatiques des dialectes latins par les élites de ce qui est alors l’État féodal normand. Le normannique serait alors resté un certain temps une langue populaire plus officieuse qu'officielle mais qui a néanmoins baptisé une grande partie de la Normandie comme en témoigne l'étude de la toponymie.
 
== Le choix du mot « normannique » ==
 
=== Origine ===
Le terme ''normannique'' désigne couramment la toponymie anglo-scandinave propre à la Normandie.
 
Il se décompose ainsi : nor-mann-ique. C’est à dire littéralement ''ce qui est propre aux normands'', le mot « normands » désignant lui-même à la fois les habitants de la Normandie et les anciens peuples scandinaves.
 
Pour éviter les ambigüités avec d'autres sens du terme normannique, le terme précis est ''normannique unifié de Normandie'' (noté "N.U.N.").
 
=== Traduction du terme en N.U.N ===
Deux traductions sont proposées pour l’adjectif « normannique » :
 
- '''''Normannesk''''' (pour rester proche de l’écriture actuelle)
 
- '''''Northmanndesk''''' (pour se rapprocher de l’étymologie correcte)
 
La prononciation de ces deux mots n’est que très légèrement différente car l’accent tonique fait presque disparaître le « -d » de '''''mannd''''' : [norm'''an'''esk] et [nor<sup>Ss</sup>m'''ãn'''<sup>Dd</sup>esk].
 
Les seules réelles différences restent le « -th » de '''''north-''''' prononcé dans ce cas comme un très léger [s] et la nasalisation du « a » de ''mannd'' qui se prononce donc « ã » comme dans le mot français ''chant''.
 
Quand on parle du Normannique, nom commun neutre formé à partir de l’adjectif, on dira alors '''''Normanneske'',''' ou '''''Northmanndeske'''''.
 
== '''Prononciation''' ==
Ligne 55 ⟶ 56 :
|e
|« é » ou « è » selon l’emplacement
|Parfois aussi prononcé comme un très léger « a » (en terminaison) ou comme « eu » après un « u ».
|-
|i
Ligne 81 ⟶ 82 :
|j
|« i » très bref [j]
|kj, skj et gj se prononcent respectivement [kï], [skï], et [guï], mais ont souvent fini par évoluer vers « tch, ch ou dj ».
|-
| colspan="3" |
Ligne 99 ⟶ 100 :
|ue
|« u-eu » ou plus simplement « eu » comme « feu »
|« u » suivit d’un léger « e » prononcé comme le « eu » de « beurre ».
|-
Ligne 107 ⟶ 108 :
|« ouo», « wo », ou plus simplement « ou » comme « fou ».
|Dans une grande partie de la Normandie, le « ò » s’est visiblement également prononcé « ô » fermé.
|-
Ligne 133 ⟶ 134 :
|h
|« hr »
|Le phénomène du « h » fortement expiré est toujours audible actuellement dans certaines parties de la Normandie.
|-
|l
|« l » ; dans certains cas : « r »
|Le « l » se prononce « r » court, roulé et léger (comme le « « dh », cf ''consonnes composées'') quand il est placé directement devant une consonne dans un mot.
|-
|m
Ligne 157 ⟶ 158 :
|w
|« vw » ou plus simplement « v » ; dans certains cas « w »
|Le « w » se prononce comme le « w » de « kiwi » quand il est est placé directement après une consonne dans un mot.
|-
|z
Ligne 179 ⟶ 180 :
|gh
|« ïg »
|Exemple : « wegh » se prononce «vwèïg»
|-
| colspan="3" |
Ligne 189 ⟶ 190 :
|f
|« f » ; voire muet
|Muette quand non doublée en fin de mot ou devant une consonne dans un mot
|-
|k
|« k » court, roulé et léger ; voire muet
|Muette quand non doublée en fin de mot ou devant une consonne dans un mot
|-
|p
|« p » ; voire muet
|Muette quand non doublée en fin de mot ou devant une consonne dans un mot
|-
|s
|« s » ; voire muet
|Muette quand non doublée en fin de mot ou devant une consonne dans un mot
|-
|t
|« t » ; voire muet
|Muette quand non doublée en fin de mot ou devant une consonne dans un mot
|}
 
Ligne 212 ⟶ 213 :
 
=== Les verbes ===
Il y a deux groupes de verbes, les « verbes en i » et les « verbes en a ». Voir le tableau des terminaisons accolées à la base verbale (BV) ci-dessous.
{| class="wikitable"
|'''TEMPS ET TERMINAISON'''
Ligne 257 ⟶ 258 :
|}
 
=== Les '''pronoms personnels''' ===
{| class="wikitable"
|'''je'''
Ligne 279 ⟶ 280 :
|'''elles'''
|tär
|}
 
=== Les '''nom'''s ===
Les noms ont trois genres : masculin, féminin et neutre.
 
Le genre est généralement reconnaissable à la terminaison du nom. Sauf exception :
 
* les noms qui se terminent par une double consonne sont masculins
* les noms qui se terminent par un -a, ou bien par une simple consonne précédée d’une voyelle sont féminins
* les noms qui se terminent par un -e sont neutres
 
 
NOTE DE PRONONCIATION :
 
la prononciation du -e final du neutre et du -a final du féminin sont identiques. Ils se prononcent comme un très léger « a » ouvert, presque inaudible.
 
 
== Vocabulaire thématique ==
Les notes diverses viendront donner quelques exemples non-exhaustifs d’utilisation du mot en Normandie, notamment dans la langue normande d’oïl et dans la toponymie.
 
Abréviations utilisées :
 
''- Ndo'' désigne la langue normande d’oïl.
 
- ''Tp'' et ''Ath'' désignent une attestation en Toponymie ou en Anthroponymie normande.
 
''- *'' exprime une forme dérivée
 
- ''°'' dénote une attestation ancienne.
 
=== La Famille ===
{| class="wikitable"
|'''FRANCAIS'''
|'''NORMANNESK'''
|'''PRONONCIATION'''
|'''GENRE (M F N)'''
| rowspan="9" |
|'''NOTES DIVERSES'''
|-
|''femme''
|kwen
|
|F
|*couénipe ; *gouëne
|-
|''homme''
|mannd
|
|M
|*brumant ; *normand ; *dodeman ; *esturman...
|-
|''épouse, femme''
|bru
|
|F
|bru
|-
|''mari''
|brumannd
|[brumãn<sup>d</sup>]
|M
|brumant ; bruman
|-
|''enfant''
|barn
|
|M
|*embarnie (enceinte)
|-
|''père''
|fatr
|[fâ<sup>t</sup>r]
|M
|°fatre ; °faitre
|-
|''mère''
|modh
|[mô<sup>r</sup>]
|F
|
|-
|''maman''
|mòm ; mòmedh
|
|F
|moumère
|}
 
=== L'''es villes et villages''' ===
{| class="wikitable"
|'''FRANCAIS'''
|'''NORMANNESK'''
|'''PRONONCIATION'''
|'''GENRE (M F N)'''
| rowspan="7" |
|'''NOTES DIVERSES'''
|-
|''village''
|topt
|[tô:t]
|
|Tp – thot ; °topt ; °toht...
|-
|''maison''
|huz
|[hruz]
|N
|Tp – Etainhus ; Sahurs (°Salhus)
|-
|''domaine''
|ham
|[hrãm]
|
|Tp – le Ham ; Etreham...
|-
|''demeure''
|buedh
|[buœ<sup>r</sup>]
|M
|TP - Daubeuf... ; Les bures...
|-
|''chemin''
|estreth
|[éstræ]
|M
|Tp – l’Estrée ; °estrat...
|-
|''route''
|gate
|[gât<sup>æ</sup>]
|N
|°gate ; Tp - Houlgate
|}