« Philosophie/Thalès de Milet/Textes et traductions Ier millénaire AEC » : différence entre les versions

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<div style="text-align: justify; direction: ltr; margin-top: 2em; height: 520px; overflow: auto; border: 2px solid;"><br /><poem><div style="text-align: justify; direction: ltr; margin-left: 2em; margin-right: 2em;">'''XLIX.''' Mais revenons à l’objet de ce discours. Si, ne pouvant dire pourquoi chacune de ces choses est arrivée, je puis du moins prouver qu'elles sont arrivées , est-ce répondre faiblement à [[w:Épicure|'''Épicure''']] [[#Épicure_Cicéron|<sup>'''I'''</sup>]] et à [[w:Carnéade|'''Carnéade''']] [[#Carnéade_Cicéron|<sup>'''III'''</sup>]] ? Mais j'ose dire même que, s’il est difficile de rendre compte de la divination naturelle, l’artificielle peut être aisément expliquée. Les prédictions fournies par l’inspection des entrailles, par les foudres, par les prodiges et par les astres, sont fondées sur une longue observation. Or, en toutes choses, le temps et l’étude sont la source des connaissances les plus merveilleuses; on peut les acquérir même sans l’entremise et l’inspiration des dieux, lorsqu’on a observé à plusieurs reprises les effets de chaque chose, et ce qu'elle signifie. La divination naturelle peut, de son côté, par des raisons physiques, être rapportée à la nature des dieux, de laquelle, selon l’opinion des hommes les plus sages et les plus instruits, nos âmes sont émanées, et qui, remplissant tont d’une intelligence éternelle et d’un esprit céleste, doit nécessairement faire sentir quelquefois à l'âme humaine l’influence de cette parenté divine. Mais, pendant la veille, nos âmes sont asservies aux besoins du corps, et se trouvent éloignées, par les liens qui les enchaînent, du commerce de la divinité. Il n’y a qu’un petit nombre de mortels qui, se détachant en quelque sorte de leur corps, s’élèvent de toute la force de leur âme à la connaissance des choses supérieures à l’homme. Le talent qu’ils ont de lire dans l’avenir ne vient point immédiatement des dieux, mais de leur propre raison [[#raison|<sup>'''1'''</sup>]]; et c’est la nature même qui leur montre d’avance les déluges, et l’embrasement futur du ciel et de la terre. D’autres, appliqués au gouvernement des états, prévoient de loin, comme [[w:Solon|'''Solon''']] [[#Solon_Cicéron|<sup>'''IV'''</sup>]], la naissance de la tyrannie [[#tyrannie|<sup>'''2'''</sup>]]. Nous pouvons les appeler prudents, c’est-à-dire prévoyants; mais nous ne pouvons non plus leur donner le nom de devins qu’au philosophe '''Thalès''', qui, prévoyant qu’il y aurait une grande abondance d’olives dans le territoire de [[w:Milet|''<i>Milet</i>'']], et voulant faire voir à ceux qui lui reprochaient son indifférence pour la fortune, qu’il ne tenait qu’à un philosophe de s’enrichir, acheta toute la récolte des oliviers avant qu’ils fussent en fleurs [[#oliviersPrediction|<sup>'''3'''</sup>]]. On dit aussi qu’il prédit le premier une éclipse de soleil, qui eut lieu sous [[w:Astyage|'''Astyage''']]. [[#eclipseAstyage|<sup>'''4'''</sup>]]</div></poem>
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<div style="text-indent: 18px; text-align: justify; direction: ltr; margin-left: 2em; margin-right: 2em;">XLIX. Mais revenons au point même où nous avons commencé à nous écarter de notre sujet. Si, ne pouvant prouver pourquoi ces choses arrivent, je démontre seulement que leur existence est certaine, n’aurai-je pas répondu victorieusement à '''Épicure''' et '''Carnéade''' ? J’ose même dire, tout en avouant que la cause de la divination naturelle est plus obscure, qu’il est facile d’expliquer la divi- nationdivination artificielle. On a noté au moyen d’obser- vationsd’observations continues ce que présagent les entrailles, les fulgurations, les prodiges et les astres. Toute observation prolongée pendant des siècles arrive à des résultats merveilleux, résultats que l’on peut obtenir sans le secours et l’inspiration des Dieux, si on examine assiduement ce que si- gnifiesignifie chaque chose en notant l’événement qui la suit. Vient ensuite la divination naturelle, comme je l’ai dit, qui peut, par des raisons physiques, être rattachée à la nature des Dieux. Et comme, selon l’opinion des hommes les plus savants et les plus sages, nos âmes ne sont qu’une émanation de cette nature divine , et que d’ailleurs tout ici-bas est rempli de cet esprit di- vindivin et éternel, il est nécessaire que nous ressen- tionsressentions les effets de cette parenté avec les Dieux. Mais pendant la veille nos âmes, asservies par les nécessités de la vie , s’isolent de cette so- ciétésociété divine, enchaînées par des liens matériels. Combien est petit le nombre de ceux qui se sé- parantséparant, pour ainsi dire, de leurs corps, consa- crentconsacrent tous leurs soins à la connaissance des choses divines ! LascienceauguraledeceuxLa science augurale de ceux-làn’estpointlà n’est point le résultat d’une inspiration divine, mais un effort de la raison humaine : c’est la nature qui leur dévoile l’avenir, et qui leur fait prévoir les inondations, et les embrasements futurs du TION, LIV. I. 203 ciel et de la terre. D’autres, appliqués au gouver- nementgouvernement des Etats, pressentent longtemps d’a- vanced’avance, comme l’Athénien '''Solon''', la naissance de la tyrannie. Plaçons ces derniers parmi les hom- meshommes prudents, c’est-à-dire prévoyants, mais none leur donnons point le titre de devins, pas plus qu’à Thaïes'''Thales de Milet''' qui, pour réduire au silence ses détracteurs, et leur prouver que, quoique phi- losophephilosophe, il pourrait s’enrichir si cela lui plaisait, acheta toute la récolte des oliviers du territoire de ''<i>Milet</i>'' avant qu’ils fussent en fleurs. Grâce à ses connaissances, il avait sans doute prévu qu’il y aurait abondance d’olives. On rapporte aussi qu’il annonça le premier l’éclipsél’éclipse de soleil qui eut lieu sous le règuerègne d’Astyaged’'''Astyage'''. L. Les médecins, les pilotes, les laboureurs prévoient aussi beaucoup de choses. Mais je n’appelle rien de tout cela divination , pas même la prédiction du physicien Anaximandre, qui avertit les Lacédémoniens d’abandonner leurs maisons et la ville, et de coucher tout armés dans les champs, parce qu’un tremblement déterre était imminent. En effet, toute la ville s’écroula, et la cime du Taygète se détacha de la montagne comme. la poupe du corps d’un vaisseau. Le maître de Pythagore, Phérécide, mérite moins le titre de devin que celui de physicien , lui qui, à l’inspec- tion d’eau de source tirée d’un puits , annonça l’approche d’un tremblement de terre. L’esprit humain n’est propre à la divination naturelle que quand il est parfaitement libre et dégagé de tout commerce avec le corps. C’est ce qui arrive dans les vaticinations et les songes ; deux genres de di- vination que Dicéarquc et notre ami Cratippe ad- mettent comme vous le savez. S’ils les placent en première ligne parce qu’elles sont naturelles, soit ;</div>
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<div style="text-align: right; direction: ltr; margin-left: 2em; margin-right: 1em;">[https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9795804z/f7.item <u>Œuvres complètes de M. T. Cicéron. Tome Trente-Unième</u>]. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9795804z/f9.item <u>De Divinatione.</u>] [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9795804z/f29.item <u>Livre Premier</u>]. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9795804z/f135.item ''<i>XLIX</i>''], publiées en français, avec le texte en regard, par [[w:Joseph-Victor_Leclerc|Jos.-Vict. Le Clerc]], professeur d’éloquence latine à la faculté des lettres, Académie de Paris, Chez E. A. Lequien, Librairie, 1826.</div>
 
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'''XLIX''' Mais revenons au point même où nous avons commencé à nous écarter de notre sujet. Si, ne pouvant prouver pourquoi ces choses arrivent,
je démontre seulement que leur existence est cer-
taine , n'aurai-je pas répondu victorieusement à
Épicure et Carnéade ? J'ose même dire, tout en
avouant que la cause de la divination naturelle
est plus obscure, qu'il est facile d'expliquer la divi-
nation artificielle. On a noté an moyen d'obser-
vations continues ce que présagent les entrailles,
les fulgurations, les prodiges et les astres. Toute
observation prolongée pendant des siècles arrive
à des résultats merveilleux, résultats que l'on
peut obtenir sans le secours et l'inspiration des
Dieux, si on examine assiduement ce que si-
gnifie chaque chose en notant l'événement qui
la suit. Vient ensuite la divination naturelle,
comme je l'ai dit, qui peut, par des raisons
physiques, être rattachée à la nature des
Dieux. Et comme, selon l'opinion des hommes les
plus savants et les plus sages, nos âmes ne sont
qu'une émanation de cette nature divine, et que
d'ailleurs tout ici-bas est rempli de cet esprit di-
vin et éternel, il est nécessaire que nous ressen-
tions les effets de cette parenté avec les Dieux.
Mais pendant la veille nos âmes, asservies par
les nécessités de la vie, s'isolent de cette so-
ciété divine, enchaînées par des liens matériels.
Combien est petit le nombre de ceux qui se sé-
parant , pour ainsi dire, de leurs corps, consa-
crent tous leurs soins à la connaissance des choses
divines ! La science augurale de ceux-là n'est point
le résultat d'une inspiration divine, mais un
effort de la raison humaine : c'est la nature qui
leur dévoile l'avenir, et qui leur fait prévoir les
inondations, et les embrasements futurs du
 
ciel et de la terre. D'autres, appliqués au gouver-
nement des États, pressentent longtemps d'a-
vance, comme l'Athénien Solon, la naissance de
la tyrannie. Plaçons ces derniers parmi les hom-
mes prudents, c'est-à-dire prévoyants, mais ne
leur donnons point le titre de devins, pas pins qu'à
Thaïes de Milet qui, pour réduire au silence ses
détracteurs, et leur prouver que, quoique phi-
losophe, il pourrait s'enrichir si cela lui plaisait,
acheta toute la récolte des oliviers du territoire
de Milet avant qu'ils fussent en fleurs. Grâce à
ses connaissances, il avait sans doute prévu qu'il
y aurait abondance d'olives. On rapporte aussi
qu'il annonça le premier l'éclipsé de soleil qui
eut lieu sous le règne d'Astyage.
 
 
 
 
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