« Mémoire/L'évolution de la mémoire avec l'âge » : différence entre les versions

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Un point important est que ces hypothèses expliquent pourquoi des équivalents de l'amnésie infantile ont été observés chez les animaux. Certes, ceux-ci n'ont probablement pas de mémoire épisodique proprement dite, encore que les débats sur le sujet sont encore ouverts. Mais on a observé un phénomène d'oubli des apprentissages déclaratifs, perceptuels et même de certains conditionnements appris lors des premières années de la vie, chez certains organismes animaux.
 
==L'impact du vieillissement sur la mémoire==
 
Avec l'âge, les troubles de la mémoire se font plus fréquents. Si on omet les maladies neurodégénératives, la plupart des troubles de la mémoire liés à l'âge sont bénins et ne posent que des problèmes mineurs. Il s'agit le plus souvent de troubles liés à la mémoire épisodique et un peu à la mémoire sémantique/lexicale. Concrètement, le sujet oublie occasionnellement ce qu'il a mangé à midi, où il a mit ses clés, etc. Il arrive aussi que le sujet ait du mal à trouver ses mots, qu'il ait un mot sur le bout de la langue. Le genre d'oublis qui arrive à tout le monde, mais plus fréquemment aux personnes âgées. Les troubles plus sévères sont généralement soit à une dépression, soit à une maladie organique.
 
Les différents types de mémoire ne sont pas impactés de la même manière lors du vieillissement. Typiquement, la mémoire déclarative et la mémoire de travail déclinent avec l'âge, surtout à partir de 60 ans. Les performances dans les tâches de rappel et de reconnaissance sont réduites, peu importe que l'on teste la mémoire épisodique, la mémoire sémantique, la mémoire lexicale ou la mémoire spatiale. La mémoire épisodique montre des oublis plus fréquents et des difficultés à rappeler des souvenirs, surtout récents. La mémoire sémantique a des performances de rappel/reconnaissance plus faibles, mais son contenu stagne ou augmente avec l'âge et ne commence à décliner que plus tard, vers 70/80 ans. Par contre, les mémoires implicites sont particulièrement bien conservées, du moins si on prend en compte l'impact du vieillissement sur les organes des sens. La mémoire procédurale est préservée, l’amorçage perceptif a des performances identiques chez les jeunes adultes et les personnes âgées, etc. La seule forme de mémoire implicite qui est altérée lors du vieillissement est l’amorçage sémantique/conceptuel, mais cela colle avec une atteinte de la mémoire explicite.
 
Reste qu'expliquer ces déficits, aussi légers soient-ils, n'est pas une mince affaire. Dans les grandes lignes, les théories sur le sujet peuvent se classer en deux camps, qui ne sont pas si opposés que l'on pourrait le croire. L'hypothèse du ''déficit associatif'' suppose que les déficits liés à l'âge seraient des déficits dans la formation d'associations, de liens entre items. Les personnes âgées auraient plus de mal que les jeunes à connecter ensemble des informations, ce qui est nécessaire pour former des souvenirs ou acquérir de nouvelles connaissances. La seconde hypothèse, dite du ''déficit de contrôle cognitif'', suppose que les personnes âgées auraient des fonctions exécutives moins performantes, ce qui impacterait leurs performances de rappel/reconnaissance et d'encodage, mais que la mémoire déclarative en elle-même ne serait pas touchée. Notons que les deux théories se ressemblent : il n'est pas impossible que le déficit associatif de la première théorie soit lié à un déficit des fonctions exécutives vu que ces dernières sont impliquées dans la mémoire de travail et que les associations se forment en mémoire de travail. Néanmoins, ces deux théories se distinguent par le fait que les mécanismes ne sont pas exactement les mêmes.
 
Le fait est que les personnes âgées ont des fonctions exécutives et attentionnelles qui déclinent avec l'âge. La baisse de performance principale est celle des temps de réaction. Avec l'âge, la vitesse de traitement de l'information diminue, peu importe l'information traitée. Ce ralentissement touche toute la cognition et impacte presque toutes les tâches intellectuelles et mnésiques. De plus, l'attention se dégrade et les autres fonctions exécutives comme l'inhibition sont aussi touchées, sans que l'on sache si cela est intégralement lié au ralentissement cognitif ou non.Cela pourrait s'expliquer par le vieillissement du lobe frontal du cerveau, qui est en charge des fonctions exécutives. De nombreuses expériences d'imagerie cérébrale montrent une atrophie du cortex préfrontal qui intensifie avec l'âge. Cela va donc dans le sens de la théorie du déficit du contrôle cognitif.
 
Mais d'autres expériences vont dans le sens de la théorie du déficit d'association. Avec l'âge, on observe une atrophie du lobe temporal médian, qui est d'une importance primordiale pour l'encodage en mémoire déclarative. Si tout le lobe temporal médian décline, l'atrophie est plus importante pour l’hippocampe proprement dit que pour le cortex entorhinal, périrhinal et parahippocampique. Et cette atrophie est bien corrélée avec une baisse des performances mnésiques en mémoire déclarative. Ces observations vont dans le sens de la théorie du déficit d'association.
 
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