« Mémoire/Représentations des connaissances en mémoire sémantique » : différence entre les versions

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Il existe une autre forme de schéma mental, dédiée aux événements : les schémas d'action, ou '''scripts'''. Ces scripts sont des schémas composés d'une séquence d'étapes organisées dans un certain ordre. Ils permettent de mémoriser comment effectuer quelque chose. Par exemple, un étudiant en mathématique aura un script qui mémorise la suite d'opérations à effectuer pour résoudre une équation du second degré : d'abord calculer le déterminant, regarder son signe, récupérer la formule adéquate en mémoire, puis l'appliquer. Dans cet exemple, on remarque qu'il s'agit d'étapes relativement abstraites : cela se généralise à beaucoup de scripts.
 
===Les images mentales== : la théorie du double codage=
==Autres formes de connaissances==
 
La '''théorie du double-codage''' stipule que la mémoire déclarative contiendrait un réseau verbal, qui mémorise des concepts et des faits, et un réseau visuel, qui mémoriserait des images mentales ou des représentations visuelles. Cette théorie a été inventée pour expliquer les différences de mémorisation entre concepts concrets et abstraits. Expérimentalement, il est observé que les concepts concrets sont plus faciles à retenir que les concepts abstraits. Cela viendrait du fait que les concepts concrets sont généralement visualisables, contrairement aux concepts abstraits. On peut s'imaginer mentalement à quoi ressemble un chat, alors qu'il est plus difficile de donner une représentation des concepts de liberté ou de justice (sauf par métaphore ou analogie). Ainsi, les concepts concrets seraient représentés dans les deux sous-réseaux, tandis que les concepts abstraits le seraient uniquement dans le réseau verbal. La redondance des concepts concrets/imaginables les rendrait plus mémorables.
Auparavant, nous avons surtout étudié la représentation des concepts et connaissances. Mais la mémoire déclarative peut mémoriser d'autres formes d'informations. Ainsi, certains chercheurs considèrent que ce réseau conceptuel doit être complété par d'autres réseaux complémentaires, qui mémorisent non pas des connaissances, mais des informations sensorielles, visuelles, auditives, etc.
 
[[Fichier:Ducal coding process.png|centre|vignette|upright=2|Théorie du double codage. On voit que la mémoire est composée d'un réseau verbal/conceptuel, et d'un réseau pour les informations visuelles. Des relations dites référentielles permettent de connecter des concepts avec leur représentation visuelle, l'image mentale du concept. Celle-ci permettent de s'imaginer un concept.]]
===Les mots et informations lexicales===
 
[[File:Signifikat.png|droite|thumb|diférence entre signifié et signifiant.]]
 
On pourrait penser que les mots et les concepts sont identiques en mémoire sémantique. Cependant, les linguistes ont depuis longtemps établi la différence entre signifiés et signifiants : la signification d'un mot d'un côté et son écriture ou sa prononciation de l'autre. Dit autrement les mots ne sont que des étiquettes qui permettent de référencer un concept, une idée. Ainsi, les scientifiques ont postulé d'existence d'une mémoire spécialisée dans les signifiants : le '''lexique mental''', ou mémoire lexicale. Elle permet de savoir comment prononcer un mot, comment l'écrire, etc. Elle contient aussi les symboles comme les lettres, les syllabes, les sons d'une langue (maternelle ou non), et les chiffres, voire certains nombres. Ce lexique mental serait composé de plusieurs lexiques mentaux spécialisés. On trouverait ainsi :
*un lexique pour la compréhension orale, qui stocke la prononciation des mots.
*un lexique pour la lecture, qui stocke la représentation visuelle et/ou orthographique des mots ;
*un lexique de sortie, qui stocke comment articuler pour prononcer un mot, et éventuellement comment l'écrire ;
*et la mémoire sémantique, qui stocke le sens des mots, les concepts qui y sont associés.
 
Diverses observations permettent d'établir une distinction entre une mémoire spécialisée pour les signifiés et les signifiants. Premièrement, les zones du cerveau activées lors de la lecture d'un mot sont différentes de celles activées lors de la lecture de pseudo-mots, des suites de syllabes prononçables mais sans aucun sens. Certaines zones du cerveau sont activées aussi bien avec des mots qu'avec des pseudo-mots, tandis que d'autres ne sont activées que par des mots. Par exemple, la méta-analyse de Binder, Desai, Graves et Connant (2009) montrent que les signifiés seraient localisés et traités dans des zones spécifiques des lobes temporaux, pariétaux et frontaux. De plus, certains troubles du langage impliquent une dégradation de la prononciation ou de la lecture/écoute de mots, sans pour autant que la compréhension soit altérée. On observe ainsi une dissociation entre l'écoute (lexique phonologique), la lecture (lexique orthographique), la prononciation (lexique articulatoire) et la signification (mémoire sémantique).
 
===Les images mentales===
 
La '''théorie du double-codage''' stipule que la mémoire contiendrait un réseau verbal, qui mémorise des concepts et des faits, et un réseau visuel, qui mémoriserait des images mentales ou des représentations visuelles. Cette théorie a été inventée pour expliquer les différences de mémorisation entre concepts concrets et abstraits. Expérimentalement, il est observé que les concepts concrets sont plus faciles à retenir que les concepts abstraits. Cela viendrait du fait que les concepts concrets sont généralement visualisables, contrairement aux concepts abstraits. On peut s'imaginer mentalement à quoi ressemble un chat, alors qu'il est plus difficile de donner une représentation des concepts de liberté ou de justice (sauf par métaphore ou analogie). Ainsi, les concepts concrets seraient représentés dans les deux sous-réseaux, tandis que les concepts abstraits le seraient uniquement dans le réseau verbal. La redondance des concepts concrets/imaginables les rendrait plus mémorables.
 
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Fichier:Ducal coding process.png|Théorie du double codage. On voit que la mémoire est composée d'un réseau verbal/conceptuel, et d'un réseau pour les informations visuelles. Des relations dites référentielles permettent de connecter des concepts avec leur représentation visuelle, l'image mentale du concept. Celle-ci permettent de s'imaginer un concept.
Fichier:Dual coding process.png|Autre schéma, presque identique au précédent.
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===Les lieux===
 
Les lieux, auraient aussi une représentation spéciale, dédiées. Ceux-ci sont parfois regroupés dans ce qu'on appelle la '''mémoire topographique'''. Cette mémoire nous permet de reconnaître les lieux déjà visités, et de savoir où nous sommes. De nombreuses expériences ont étudié cette forme de mémoire, essentiellement chez les animaux. Elles ont commencé dans les années 1930, grâce aux travaux de Tolman. Ceux-ci portaient sur des rats, qui devaient s'orienter dans des labyrinthes et en trouver la sortie. À l'époque, on croyait que les rats s'orientaient dans les labyrinthes grâce à des séries de conditionnements. Mais cette théorie avait quelques problèmes : les rats apprenaient tout de même relativement vite, plus vite que ce que l'on pouvait attendre de conditionnements. De plus, certaines observations posaient problèmes.
 
Si on apprend à un rat à trouver la sortie d'un labyrinthe, celui-ci peut prendre jusqu'à une bonne dizaine ou centaine d'essais avant de trouver la sortie à coup sûr. Maintenant, si on entraîne un rat dans un labyrinthe, et que l'on bloque un passage stratégique dans le labyrinthe, le rat est censé devoir réapprendre de zéro, et retrouver son chemin à partir de rien. Or, une fois mis dans cette situation, les rats mettent très peu de temps pour retrouver la sortie, et certains la trouvent directement du premier coup. Tout se passe comme s'ils savaient s'orienter dans le labyrinthe, et qu'ils cherchaient simplement une voie alternative à partir de leur position et de ce qu'ils ont mémorisé du labyrinthe. Tolman supposa que les rats avaient une forme de mémoire topographique, et qu'ils pouvaient utiliser des cartes mentales.
 
Par la suite, d'autres expériences virent le jour, non pas sur des rats, mais sur des singes. La première de ces expériences utilisa un protocole assez simple. L'expérimentateur promenait un singe sur son dos, dans un enclos assez grand, très grand (quelques kilomètres carrés). L'expérimentateur faisait beaucoup de détours, tournait en rond, et faisait en sorte d'avoir un trajet le plus chaotique possible. Lors du trajet, l'expérimentateur cachait de la nourriture à un endroit bien précis, et faisait en sorte que le singe le voit cacher la nourriture. Ensuite, l'expérimentateur continuait sa promenade avec le singe sur les épaules. Par la suite, il relâchait le singe à un endroit très éloigné de la cachette de la nourriture. Là, d'autres expérimentateurs regardaient, avec des systèmes de caméras, quel était le trajet du singe. Évidemment, celui-ci se précipitait sur la nourriture, comme un gros goinfre. Mais chose surprenante, le singe ne refaisait pas le trajet de l'expérimentateur à l'envers : il prenait directement le chemin le plus court ! En clair : il avait mémorisé l'organisation de l'enclos lors de sa promenade et avait fabriqué une représentation suffisante pour lui permettre de s'orienter et de déterminer le chemin le plus court. Conclusion : les singes aussi ont une mémoire topographique.
 
Ces expériences ont mené les psychologues à créer le concept de '''carte cognitive''' : il s'agit d'une représentation mentale d'un ou de plusieurs lieux, qui permet de s'orienter et de se localiser dans l'espace. Pour résumer, ces cartes cognitives sont des schémas de lieux, dans le sens : schémas en mémoire à long terme comme on l'a vu il y a quelques chapitres). D'après les théories sur le sujet<ref>McNamara, Hardy and Hirtle (1989)</ref>, ces cartes cognitives sont composées d’éléments, les régions, reliées ensemble par des relations. Les éléments en question sont des régions, tandis que les relations sont les routes qui relient les régions entre elles. Ces régions sont définies par des frontières, qui peuvent prendre différentes formes : ce peut être des frontières physiques, voire des frontières sans signification.
 
==Références==