« Philosophie/Thalès de Milet/Textes et traductions Ier millénaire AEC » : différence entre les versions

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<div style="text-align: justify; direction: ltr; margin-left: 2em; margin-right: 2em;">'''XIV.''' [[w:Lucius_Furius_Philus|'''Philus''']] prenant la parole : Je ne vous présenterai, dit-il, rien de nouveau, ni découverte, ni pensée qui m'appartienne; car voici ce dont je me souviens. [[w:Caius_Sulpicius_Gallus|'''Sulpicius Gallus''']] [[#Caius_Sulpicius_Gallus|<sup>'''1'''</sup>]], homme d'une profonde doctrine, comme vous le savez, entendant un jour le récit d'un prodige semblable, et se trouvant chez [[w:Marcus_Claudius_Marcellus_(consul_en_-51)|'''Marcellus''']], qui avait été son collègue dans le consulat, demanda qu'on lui mit sous les yeux un globe céleste [[#Anticythere|<sup>'''I'''</sup>]], que [[w:Marcus_Claudius_Marcellus_(consul_en_-222)|l'aïeul de '''Marcellus''']] avait autrefois enlevé après la prise de [[w:Syracuse#Période_romaine|''<i>Syracuse</i>'']], du milieu de cette magnifique et opulente ville, sans rapporter dans sa maison d'autre butin d'une si grande conquête. J'avais entendu souvent citer cette sphère, à cause de la grande renommée d'[[w:Archimède|'''Archimède''']]. L'aspect ne m'en parut pas fort remarquable. Il en existait une autre [[#Anticythere|<sup>'''I'''</sup>]], d'une forme plus élégante et plus connue du vulgaire, ouvrage du même '''Archimède''', et placée par le même '''Marcellus''' à [[w:Rome_antique|''<i>Rome</i>'']], dans le [[w:Pudicitia#Les_temples|''<i>temple de la Vertu</i>'']]. Mais sitôt que '''Gallus''' eut commencé d'expliquer avec une haute science la composition de cette machine, je jugeai qu'il y avait eu dans le géomètre [[#géomètre|<sup>'''2'''</sup>]] sicilien un génie supérieur à ce qui semblait la portée de l'humaine nature. '''Gallus''' nous disait, que cette autre sphère solide et compacte était d'une invention fort ancienne, et que le premier modèle en avait été donné par '''Thalès de Milet'''; que, dans la suite, [[w:Eudoxe_de_Cnide|'''Eudoxe de Gnide''']], disciple de [[w:Platon|'''Platon''']], avait tracé sur ses contours les astres attachés à la voûte des cieux; et que beaucoup d'années après, empruntant à '''Eudoxe''' ce dessin et cette belle ordonnance, [[w:Aratos_de_Soles|'''Aratus''']] leur avait donné l'éclat des vers, sans avoir lui-même la connaissance de l'astronomie, et par la seule force de son instinct poétique. Il ajoutait que cette configuration de la sphère, qui représente les mouvemens de la lune, du soleil, et des cinq [[w:Planète#Étymologie|''<i>étoiles nommées errantes ou irrégulières</i>'']] [[#Planètes|<sup>'''II'''</sup>]], n'avait pu s'appliquer à ce premier globe d'une forme solide; et que l'art merveilleux d’'''Archimède''' était d'avoir tellement combiné sa nouvelle sphère, que dans le jeu de mouvemens disparates, une seule impulsion déterminait des résultats inégaux et variés. En effet,''' Gallus''' touchait-il cette sphère [[#sphere|<sup>'''3'''</sup>]], on voyait, sur sa surface, la lune remplacer le soleil par un tour de cercle, autant de fois qu'elle le remplace dans les cieux par l'intervalle d'un jour; d'où il résultait que la disparition du soleil s'y trouvait marquée comme dans les cieux, et que la lune touchait le point où elle est obscurcie par l'ombre de la terre, à l'instant où le soleil reparaissait sur l'horizon, etc. [[#etc|<sup>'''4'''</sup>]]</div>
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<div style="text-align: justify; direction: ltr; margin-left: 2em; margin-right: 2em;">'''XVI.''' On raconte même d’une manière à peu-près semblable, que, dans cette grande guerre où les ''<i>Athéniens</i>'' et les ''<i>Lacédémoniens</i>'' luttèrent ensemble avec une si violente animosité, ce fameux '''Périclès''', le premier homme de son pays par le crédit, l’éloquence et le génie politique, voyant les ''<i>Athéniens</i>'' préoccupés d’une excessive frayeur, à la suite d’une éclipse de soleil qui avait répandu tout d’un coup les ténèbres, leur enseigna ce qu’il avait lui-même appris à l’école d’'''Anaxagore'''; que de semblables effets arrivaient dans un intervalle précis et nécessaire, lorsque la lune se trouvait placée toute entière sous le soleil; et que par ce motif, bien qu’il n’en fût pas ainsi à tous les commencemens de mois, cela ne pouvait jamais avoir lieu qu’à des renouvellemens de la lune. Ayant démontré cette vérité par le raisonnement, il délivra le peuple de ses craintes. Car c’était alors un système nouveau et inconnu, que celui de l’obscurcissement du soleil par l’interposition de la lune; et l’on dit que '''Thalès de Milet''' l’avait entrevu le premier; mais dans la suite cette notion ne fut pas ignorée même de notre '''Ennius''', qui écrit que vers l’an 35o de la fondation de ''<i>Rome</i>'', aux nones de juin,</div>
<div style="text-align: center, justify; direction: ltr; margin-left: 2em; margin-right: 2em;">'''<small>Le soleil fut couvert par la lune et la nuit.</small>'''</div>
<div style="text-indent: 18px; text-align: justify; direction: ltr; margin-left: 2em; margin-right: 2em;">Telle est, au reste, en cette matière, la perfection du calcul et de l’art, qu’à partir de ce jour ainsi consigné pour nous dans les vers d’'''Ennius''', et dans les registres des Pontifes, on a supputé les éclipses antérieures, jusqu’à celle qui était arrivée aux nones de juillet, sous le règne de '''Romulus''', éclipse dont la soudaine obscurité permit de supposer que '''Romulus''', en dépit de cette périssable nature qui l’entraîna vers une fin toute humaine, avait été miraculeusement porté dans les cieux.</div>
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