« Neurosciences/Le cortex moteur et les voies descendantes » : différence entre les versions

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[[File:Cortex frontal lateral.png|centre|vignette|upright=2.0|Cortex frontal lateral]]
 
Des lésions dans le cortex moteur causent des déficits moteurs, comme des paralysies. Si la lésion a lieu dans un seul hémisphère, la paralysie n'est présente que d'un cotécôté du corps, ce qui lui donne le nom d'hémiplégie. Fait intéressant, le cotécôté paralysé est le cotécôté opposé à la lésion : quelqu'un avec une lésion au cortex moteur droit sera ainsi paralysé sur son cotécôté gauche, et inversement. D'autres indices indiquent que le cortex dit moteur est impliqué dans la motricité et que la latéralisation de la motricité est contro-latérale. Par exemple, la stimulation du cortex frontal d'un hémisphère déclenche un mouvement sur l'autre côté du corps : une stimulation de l’hémisphère gauche fait bouger les membres de droite, et inversement.
 
Cependant, cette latéralisation n'est pas parfaite, comme le montrent les expériences sur les patients split-brain et les études anatomiques. Chaque hémisphère est connecté aux deux côtés du corps, et peut donc guider main gauche et main droite. Le fait est que l'hémisphère gauche est prioritaire sur le droit pour déplacer la main gauche, et réciproquement. Seul l'hémisphère contro-latéral peut initier un mouvement de la main, l'hémisphère ipsi-latéral ne pouvant agir que sur un mouvement déjà commencé. La seule exception à cette règle est le mouvement des yeux, où chaque hémisphère peut initier un mouvement : les deux hémisphères coopèrent pour gérer les mouvements des yeux, même chez les patients split-brain.
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===Le cortex prémoteur===
 
Le '''cortex prémoteur''' conceptualise et planifie les mouvements. Il faut noter que celui-ci peut directement commander des motoneurones de la moelle épinière ou des noyaux profonds, comme le cortex moteur primaire. Des lésions de ce cortex entrainententraînent des déficits dans les mouvements conditionnels, qu'il faut effectuer dans certaines conditions. Par contre, les mouvements impératifs, pour lesquels il n'y a pas besoin de sélectionner le mouvement à faire parmi plusieurs autres, ne sont pas touchés. En clair, le cortex prémoteur servirait à sélectionner le mouvement à effectuer le plus adapté à la situation. Dit autrement, il se charge de la prise de décision motrice.
 
Un autre rôle du cortex prémoteur serait de guider les mouvements vers un but. Il se chargerait notamment des mouvements qui servent à attraper un objet : le cortex prémoteur s'assure que le mouvement se dirige bien vers l'objet. Quelques enregistrements basés sur des électrodes insérées dans le cortex prémoteur semblent indiquer que les neurones du cortex prémoteur émettent des potentiels d'action qui dépendent de la direction du mouvement par rapport à la cible.
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[[File:Gray688.png|vignette|Décussation du faisceau pyramidal, au niveau de la moelle allongée.]]
 
La latéralisation de la motricité volontaire est causée par l'anatomie du faisceau pyramidal. Celui-ci change de cotécôté du corps : le faisceau qui prend naissance dans le cerveau gauche passe à droite, et inversement. Le changement a lieu approximativement juste au-dessus de la moelle épinière, dans le bulbe rachidien.
 
===La voie extra-pyramidale===
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===Les formes topographiques du syndrome pyramidal===
 
Suivant la position de la lésion, le syndrome pyramidal sera un peu différent. En terme médical, on dit qu'il existe plusieurs formes topographiques du syndrome pyramidal, sous-entendu, plusieurs formes qui dépendent de la localisation de la lésion. Dans les grandes lignes, tout dépend si la lésion a lieu dans le cortex moteur, dans la moelle épinière, ou ailleurs. Un point important est la latéralisation des symptômes : est-elle ipsilatérale ou controlatérale ? Par controlatérale, on veut dire que les déficits ont lieu du cotécôté opposé à la lésion, alors qu'ils sont du même cotécôté dans le cas ipsilatéral. Par exemple, si la lésion a lieu dans le cerveau, le pyramidal est controlatéral : une lésion dans l'hémisphère gauche cause des déficits sur le cotécôté droit du corps, et inversement. Pour les lésions dans le tronc cérébral ou la moelle épinière, c'est l'inverse : une lésion dans le cotécôté gauche de la moelle cause des déficits sur le cotécôté gauche du corps. On dit alors que la latéralisation est ipsilatérale. Rappelons que les voies descendantes décussent (changent de cotécôté) au niveau de la moelle allongée, juste avant la moelle épinière, ce qui explique la latéralisation du syndrome pyramidal.
 
==Les maladies des voies descendantes et du cortex moteur==
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===Le ''Locked-In Syndrome''===
 
Le '''''Locked-In Syndrome''''' (abrévié LIS) est une paralysie quasi-complète causée par une lésion du tronc cérébral, qui lèse le faisceau pyramidal et certains noyaux des nerfs crâniens. Ces lésions entrainententraînent une suppression de la motricité volontaire, causée par une atteinte du faisceau pyramidal. Les lésions des noyaux de nerfs crâniens causent des paralysies au niveau du visage, qui abolissent la déglutition, la mastication, certains mouvements oculaires et d'autres réflexes. Le malade est non seulement tétraplégique, mais perd aussi certaines fonctions motrices normalement épargnée par la tétraplégie : impossibilité de parler ou de moduler sa respiration, déglutition impossible, mouvements oculaires altérés, etc. Seuls quelques réflexes pris en charge par la moelle épinière subsistent. Dans les cas classiques, le patient ne peut que cligner des paupières et bouger ses yeux, et encore : seulement dans le sens vertical, le sens horizontal étant figé.
 
Cette part de motricité oculaire préservée permet au patient de communiquer avec son entourage, bien qu'avec de lourdes difficultés, si un bon protocole de communication est mis en place. Par exemple, les patients peuvent utiliser les clignements de paupières pour communiquer en code Morse avec leur entourage. Ils peuvent aussi répondre aux questions par "oui" ou "non" : un clignement de paupière veut dire "Oui", et son absence un "Non". Une autre méthode consiste à épeler les lettres de l'alphabet dans l'ordre, le patient clignant pour indiquer la lettre voulue. Le patient peut ainsi dicter des textes lettre par lettre, bien que ce soit laborieux. Mais cela peut permettre des grandes choses, l'exemple du patient Jean-Dominique Baudy est là pour nous le montrer. Ce patient a réussit, grâce au code donné précédemment, à écrire son livre "''Le Scaphandre et le Papillon''" en état de LIS !