« Précis d'épistémologie/La recherche de la raison » : différence entre les versions

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On peut savoir ce qu'on cherche avant de l'avoir trouvé. C'est évident. C'est ce qu'on fait à chaque fois que les problèmes qu'on cherche à résoudre sont bien identifiés.
 
On peut chercher sans savoir ce qu'on cherche. C'est moins évident. C'est ce qu'on fait quand on cherche sans savoir trèspar bienavance où on va ni ce qu'on veut précisément, avec un esprit d'ouverture, en étant disposé à accueillir ce qui se présentera.
 
== Savoir ce qu'on cherche sansavant de l'avoir trouvé ==
 
Dès qu'on a un système de perception, ou de détection, on est capable de chercher en sachant ce qu'on cherche, avant de l'avoir trouvé. On cherche à détecter ce que le système est capable de détecter. On sait ce qu'on cherche si on sait ce qu'on est capable de le percevoir. On trouve ce qu'on cherche en le percevant.
 
Poser un problème consiste à se donner une fin, un but, un objectif. On a résolu le problème quand on a atteint la fin qu'on s'est fixée ou quand on sait comment l'atteindre. On connaît une fin quand on sait percevoir, détecter ou détecterreconnaître si elle est réalisée.
 
L'argument de Ménon confond la connaissance d'un problème avec la connaissance de sa solution. On peut connaître une fin, donc on sait ce qu'on cherche, avant de l'avoir atteinte, donc on n'a pas encore trouvé.
 
N'importe quelle activité orientée vers un but est une résolution de problème (ou un essai de résolution). Le problème est d'atteindre le but. Mais on peut aussi trouver des solutions sans rien faire, simplement en se servant de son imagination. Quand on doit imaginer ce qu'on va faire avant d'agir, on remplace un problème par un autre : imaginer l'action ou le programme d'actions qui résout le problème initial. On peut alors explorer par l'imagination l'espace des possibilités de solution. On peut ainsi résoudre de nombreux problèmes sans quitter son fauteuil. Bien sûr, on a besoin de savoir anticiper afin de déterminer par l'imagination si une séquence d'actions est faisable et si elle permet d'atteindre le but. Lorsque le savoir acquis au préalable est suffisant, l'imagination seule, sans l'action, permet de trouver des solutions. Grâce à l'imagination le savoir déjà acquis est un tremplin pour acquérir davantage de savoir.
 
Une méthode générale de résolution de problèmes consiste à identifier toutes les possibilités de solution (toutes les actions et les séquences d'actions possibles par exemple) et à les essayer jusqu'à ce qu'on en trouve une qui atteigne l'objectif désiré. Cette méthode est très efficace tant que le nombre de possibilités à essayer n'est pas trop grand. Mais même les supercalculateurs les plus puissants ne peuvent pas résoudre ainsi certains problèmes parce que l'espace des possibilités qu'ils doivent essayer est beaucoup trop grand.
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Une heuristique est une méthode de résolution de problèmes qui explore l'espace des possibilités de solution en sélectionnant certaines qui semblent prometteuses (Newell & Simon 1972, Russell & Norvig 2010). L'apprentissage par l'exercice peut être considéré comme une résolution d'un problème fondée sur une heuristique simple. Le problème est défini par les objectifs que le savoir-faire désiré doit atteindre et par leurs conditions initiales. Les possibilités de solution sont les façons d'agir que l'on peut essayer. On commence par sélectionner une possibilité, pas trop mauvaise si possible, puis on expérimente des variations et on évalue leurs résultats. On modifie par étapes successives le savoir-faire initial en conservant les variations qui semblent nous rapprocher du savoir-faire désiré. On explore ainsi l'espace des possibles par petits pas, en passant d'une façon de faire à une autre qui semble l'améliorer. C'est une forme d'apprentissage par l'essai, l'erreur et la réussite.
 
RésoudreL'imagination desmuette, sans la parole, suffit pour résoudre de nombreux problèmes. théoriquesOn consisteexplore par l'imagination les possibilités de solution. L'imagination parlante, c'est à dire la pensée, le capacité à faire des théories, est aussi un moyen très puissant pour résoudre de très nombreux problèmes. On résout des problèmes théoriques en se servirservant du raisonnement pour augmenter notre savoir. Un problème est théorique lorsqu'on recherche par le raisonnement à répondre à une question. Si nous avons besoin d'observer ou d'expérimenter pour trouver une réponse, alors la question n'est pas un problème théorique. Le savoir préalable, l'énoncé de la question et nos facultés de raisonnement doivent suffire pour trouver la solution d'un problème théorique. S'il n'existe pas de raisonnement qui permette de répondre à la question, c'est que le problème théorique est mal identifié, ou que sa (méta)solution est de ne pas avoir de solution.
La résolution de problèmes est comme une prière. On a un problème et on prie pour trouver la solution. On ne trouverait pas la solution si on n'avait pas prié. C'est la prière qui nous donne la solution.
 
Pour une question fermée, il n'y a que deux solutions possibles, oui ou non. Pour une question ouverte, la solution doit nommer ou décrire un ou plusieurs êtres qui satisfont aux conditions énoncées dans la question. Les êtres ainsi nommés ou décrits sont alors les solutions du problème. Pour qu'un problème théorique soit résolu, il faut énoncer ses solutions et les justifier, en donnant un raisonnement qui prouve qu'elles sont véritablement des solutions du problème.
 
Pour qu'un problème théorique soit bien identifié il faut expliciter toutes les conditions du problème, y compris les principes qui nous serviront à raisonner pour le résoudre.
 
Quand on connaît les principes d'une théorie, on est capable de reconnaître les preuves qui reposent sur ces principes. On a ainsi un système de détection des preuves et des théorèmes. On peut ainsi savoir ce qu'on cherche, une preuve d'un théorème, avant de l'avoir trouvée.
 
L'acquisition du savoir par la résolution de problèmes théoriques exige un savoir préalable, déjà acquis, à partir duquel nous raisonnons. Le savoir théorique déjà acquis est un tremplin pour acquérir davantage de savoir, parce que nous pouvons apprendre en raisonnant tout ce que les bons principes enseignent.
 
(...)
 
== Chercher sans savoir ce qu'on cherche ==
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Nous ne savons pas de quoi nous sommes capables. La liste des problèmes que nous pouvons résoudre n'est pas connue d'avance.
 
== Les problèmes théoriques ==
 
La résolution de problèmes est comme une prière. On a un problème et on prie pour trouver la solution. On ne trouverait pas la solution si on n'avait pas prié. C'est la prière qui nous donne la solution.
Résoudre des problèmes théoriques consiste à se servir du raisonnement pour augmenter notre savoir. Un problème est théorique lorsqu'on recherche par le raisonnement à répondre à une question. Si nous avons besoin d'observer ou d'expérimenter pour trouver une réponse, alors la question n'est pas un problème théorique. Le savoir préalable, l'énoncé de la question et nos facultés de raisonnement doivent suffire pour trouver la solution d'un problème théorique. S'il n'existe pas de raisonnement qui permette de répondre à la question, c'est que le problème théorique est mal identifié, ou que sa (méta)solution est de ne pas avoir de solution.
 
(...)
Pour une question fermée, il n'y a que deux solutions possibles, oui ou non. Pour une question ouverte, la solution doit nommer ou décrire un ou plusieurs êtres qui satisfont aux conditions énoncées dans la question. Les êtres ainsi nommés ou décrits sont alors les solutions du problème. Pour qu'un problème théorique soit résolu, il faut énoncer ses solutions et les justifier, en donnant un raisonnement qui prouve qu'elles sont véritablement des solutions du problème.
 
Pour qu'un problème théorique soit bien identifié il faut expliciter toutes les conditions du problème, y compris les principes qui nous serviront à raisonner pour le résoudre.
 
Quand on connaît les principes d'une théorie, on est capable de reconnaître les preuves qui reposent sur ces principes. On a ainsi un système de détection des preuves et des théorèmes. On peut ainsi savoir ce qu'on cherche, une preuve d'un théorème, avant de l'avoir trouvée.
 
L'acquisition du savoir par la résolution de problèmes théoriques exige un savoir préalable, déjà acquis, à partir duquel nous raisonnons. Le savoir théorique déjà acquis est un tremplin pour acquérir davantage de savoir, parce que nous pouvons apprendre en raisonnant tout ce que les bons principes enseignent.
 
En général l'énoncé d'un problème n'est pas suffisamment explicite pour qu'il soit un problème théorique bien identifié. Nous devons trouver nous-mêmes les principes qui nous serviront à raisonner (Aristote, ''Topiques'').