« Psychologie cognitive pour l'enseignant/Supports pédagogiques » : différence entre les versions

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Dans les faits, cela ne marche pas du tout. Par exemple, Mayer et Anderson ont étudié le cas de l'explication du fonctionnement d'une pompe à vélo. Un groupe d'élèves recevait une explication orale en même temps qu'une animation visuelle, alors qu'un autre groupe recevait uniquement l'explication orale. Les résultats étaient meilleurs avec la co-présentation qu'avec l'explication orale seule. Une autre étude Mayer a montré la même chose, mais pour une explication sur la formation des éclairs. Les premières études sur le sujet furent celles de Mousavi et al. (1995) sur du matériel géométrique. Elles ont été suivies par TindallFord et al. (1997), qui ont reproduit ces résultats lors de l'apprentissage d’ingénierie électrique. Depuis, les études sur le sujet se sont accumulées<ref>Kalyuga, Chandler, & Sweller, 1999, 2000</ref><ref>Tindall-Ford, Chandler, & Sweller, 1997</ref><ref>Jeung, Chandler, & Sweller, 1997</ref><ref>Mousavi, Low, & Sweller, 1995</ref><ref>Mayer & Moreno, 1998</ref><ref>Moreno & Mayer, 1999</ref><ref>Mayer, 2009</ref>.
 
===L'effet de modalité et ses conditions d'apparition===
 
Précisons que les résultats de ces expériences sont différents selon que le support verbal utilisé est du texte ou de l'oral. Si l'on mélange des informations visuelles et du texte, une présentation séparée réduit la charge cognitive. Rien d'étonnant à cela, les mots écrits et les images passent par le même canal d'entrée visuel, et sont tous deux placés dans la mémoire de travail visuelle. Mais si le support verbal est de l'oral, les choses changent du tout au tout. La présentation simultanée d'informations visuelles et orales n'entraine pas de surcharge cognitive (dans une certaine mesure). Cette observation est appelée l''''effet de modalité''' et elle est parfaitement compatible avec la théorie de la charge cognitive. La raison est que les informations orales passent directement dans la mémoire de travail orale, alors que les images passent dans le canal visuel. On utilise alors la capacité des deux canaux séparés, ce qui facilite l'apprentissage.
 
: Précisons néanmoins que certaines études ont montré une absence d'effet de modalité dans certaines conditions expérimentales. Par exemple, des études ont étudié l'effet de modalité pour de l'apprentissage par ordinateur. Et si on en crois la méta-analyse de Ginns, datée de 2005, on peut observer une absence d'effet de modalité dans ces conditions. La raison est que les logiciels laissent l'élève gérer les présentations lui-même, il peut décider quand les lancer, à quel rythme, il peut aussi décider du format de présentation de l'information, etc. Et dans ces conditions, l'effet de modalité ne se manifeste pas forcément. Par contre, si la présentation n'est pas contrôlable par les élèves, l'effet de modalité se manifeste.
 
===Optimiser la présentation orale===
 
Les expériences ont aussi montré que la présentation orale doit être assez courte. Les meilleurs résultats sont obtenus avec des présentations assez courtes, ce qui rappelle ce qui a été dit au début du chapitre : l'oral l'emporte sur l'écrit pour des textes courts. La présentation orale marche mieux si elle met l'accent sur les concepts importants et met de côté les détails. Mayer a montré dans une de ses études que l'on peut avoir une amélioration d'environ 50% (dans le cadre de cette étude précisément) des performances de compréhension si le texte est épuré des détails annexes et se concentre sur l'explication. En soi, cela n'a rien d'étonnant et ce n'est que la réplication d'un effet assez connu dans le domaine de la compréhension de texte. Mais l'effet marche d'autant mieux quand les illustrations complètent la présentation orale.