« Précis d'épistémologie/L'esprit, comment ça marche ? » : différence entre les versions

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Le travail du romancier est semblable à celui du mathématicien. Il pose des conditions, une situation initiale et des contraintes, puis il expose leurs conséquences, souvent inéluctables, de la même façon qu'un mathématicien démontre des théorèmes à partir d'axiomes et d'hypothèses. Quand nous imaginons des fictions, nous pouvons utiliser pleinement nos capacités à inférer. Il ne s'agit pas seulement d'inventer des assemblages de représentations, il s'agit surtout d'imaginer tout ce qui en résulte, tout ce que notre dynamique intérieure de production de représentations par inférence peut fournir à partir de ces inventions. L'imagination des fictions révèle la puissance de l'inférence.
 
Se mettre à la place d'autrui ==
 
On connaît un autre esprit en imaginant qu'il perçoit, qu'il imagine, qu'il ressent, qu'il pense, qu'il veut et qu'il agit. On imagine qu'il perçoit en imaginant ce qu'il perçoit. On imagine qu'il imagine en imaginant ce qu'il imagine. La sympathie est de ressentir ce qu'il ressent. De façon générale, on le connaît comme un esprit en se mettant à sa place (Goldman 2006, Rizzolatti & Sinigaglia 2006). On peut imaginer qu'on veut ce qu'il veut et qu'on fait ce qu'il fait. Un esprit est un simulateur universel parce qu'il peut simuler tous les autres esprits, au moins s'ils sont dotés des mêmes facultés - pour un être humain il est plus facile de se mettre à la place d'un être humain que d'une chauve-souris.
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(...)
 
 
Quand nous prenons conscience d'une croyance, nous pouvons choisir de la mettre en doute. Une croyance consciente fait l'objet d'une évaluation qui précède la décision de l'approuver. Elle est ensuite prise en charge par le système exécutif qui la conserve en mémoire de travail et l'utilise pour contrôler la perception et l'imagination.
 
Une croyance consciente peut faire de l'effet, par l'intermédiaire du système exécutif, sur l'ensemble du fonctionnement cérébral. On retrouve ainsi un élément de la théorie cognitive de la conscience de Baars (Baars 1988, Changeux 2002, Dehaene 2014). Tant qu'une représentation ne retient pas l'attention, elle reste attachée à son lieu de production et ne peut pas faire d'effet sur l'ensemble du système. Son effet est nécessairement limité. Mais si on en prend conscience, elle peut être utilisée pour influencer les autres parties du cerveau, elle est comme écrite sur un tableau noir qui peut être lu par d'autres modules cérébraux.