« Neurosciences/La latéralisation cérébrale » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
m typo
Ligne 1 :
Dans les chapitres précédents, nous avons vu que le télencéphale est subdivisé en deux hémisphères par le sillon inter-hémisphérique. Au premier abord, cette subdivision semble être purement anatomique, sans grande importance sur le fonctionnement du cerveau. Et ce d'autant plus que les deux hémisphères communiquent entre eux, via le corps calleux ou d'autres commissures. Mais ce n'est pourtant pas le cas : certaines fonctions ne semblent pas répartisréparties équitablement entre les deux hémisphères. Par exemple, l'hémisphère gauche a une importance plus grande que le droit pour certains traitements linguistiques (et inversement pour d'autres). Cette spécialisation des hémisphères est appelée la '''latéralisation cérébrale''' et elle a été étudiée par de nombreux travaux.
 
Dans la vulgarisation, beaucoup d'affirmations fantaisistes ont été faites quant à ces spécialisations hémisphériques. Peut-être avez-vous entendu que la créativité implique surtout le cerveau droit alors que le gauche est logique et rationnel, par exemple. Chose qui est totalement fausse. Dans ce chapitre, nous allons voir, pour chaque fonction possible, dans quel hémisphère celle-ci semble localisée. Nous allons parler rapidement des fonctions sensorielles : gout, odeurs, vision, etc. Nous parlerons aussi de la latéralisation de la motricité, ainsi que celle des fonctions intellectuelles. À noter que la latéralisation des fonctions intellectuelles est moins franche que celle de la motricité ou des fonctions sensorielles. Nous verrons par exemple que l'idée que le cerveau gauche est verbal alors que le cerveau droit est visuel est en partie fausse (j'insiste sur le : "en partie"). Alors que la latéralisation de la motricité est bien plus stricte et qu'elle est même utilisée en pratique clinique usuelle par les neurologues.
Ligne 92 :
====La latéralisation du langage et la méthode des lésions====
 
Historiquement, le premier à avoir étudié le langage via la méthode des lésionlésions s'appelle Paul Broca, un chirurgien et anthropologue français. En 1861, Broca fît connaitre au monde le cas d'un de ses patients, Monsieur Leborgne. ce patient avait perdu la capacité d'articuler et ne pouvait prononcer que la syllabe Tan (ce qui lui a valu d'être surnommé Monsieur Tan). Par la suite, il étudia d'autres patients ayant eux aussi des problèmes pour parler. La quasi-totalité de ces patients avaientavait une lésion dans l'hémisphère gauche, ce qui fît croire à Broca que le langage est localisé dans l’hémisphère gauche, à tort. Il identifia une région du lobe frontal gauche, qu'il crûcrût être l'aire du langage. Cette aire est aujourd'hui nommée l'aire de Broca, du nom de son découvreur.
 
Par la suite, en 1874, Wernicke identifia un second type de trouble du langage. Ses patients n'avaient pas de mal à parler et à articuler, mais avaient du mal à comprendre ce qu'on leur disait. Leurs troubles ne touchaient pas leur capacité à produire un discours, mais à en comprendre un. En utilisant la méthode des lésions, il remarqua que ses patients avaient des lésions dans le lobe temporal supérieur, dans un gyrus bien précis. L'aire en question fût appelée aire de Wernicke en son honneur. Encore une fois, les lésions étaient localisées dans l'hémisphère gauche. Peu après, Jules Dejerine attribua des troubles de la lecture et de l'écriture à des lésions de l'hémisphère gauche.
 
Si de nos jours, les aires du langage ne se limitent pas aux aires de Broca et Wernicke, la latéralisation du cotécôté gauche du langage reste encore valide de nos jours. Il est vrai que des lésions dans l'hémisphère gauche causent des déficits particulièrement visibles et francs, alors que ceux dans hémisphère droit sont beaucoup plus subtils et "limités". Les lésions dans l’hémisphère gauche induisent, chez la majorité des individus, soit une perte de la parole, soit des troubles de la compréhension. À contrario, des lésions du cerveau droit causent des problèmes au niveau de la prosodie, à savoir la gestion des intonations et des indices émotionnels du langage. Ils se traduisent soit par une difficulté à utiliser les intonations, soit à le produire (la voix devient monotone). Au niveau du vocabulaire et de la sémantique, les déficits sont variables chez les sujets. Il existe quelques cas où la latéralisation est inversée, à savoir que ces déficits apparaissent pour l'autre hémisphère. Ces quelques sujets semblent être à la répartition hémisphérique du langage ce que les gauchers sont à la préférence manuelle.
 
====La latéralisation du langage et les patients ''split-brain''====