« Orthograve/Linguistique politique » : différence entre les versions

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m orthographe rectifiée de 1990 : «L’accent circonflexe n'est plus obligatoire sur les lettres i et u …»
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D’autant que le processus d’évolution peut être également complètement interne à la langue. Dans ce deuxième cas d’évolution, l’idée ou la chose désignées ne changent pas, mais le mot qui les désigne se fatigue de servir trop souvent et la nécessité d’en changer s’impose en conséquence.
 
Exemple: "Sot" a beaucoup servi, il est devenu vieux et faible. Il faut chercher ailleurs pour être un peu injurieux. Heureusement, la psychologie médicale a des appellations savoureuses pour les catégories d’humains qu’elle classe par le moyen de ses tests. C’est un réservoir tout trouvé. Nous aurons donc, dans la pratique langagière du terme méprisant : « imbécile », « idiot » (catégories de niveau intellectuel en effet assez mal situées dans les tables de QI). Mais ces mots eux-mêmes s’émoussent, si féroces en eux-mêmes soient-ils. Un restait libre, pas terrifiant pourtant : « débile », il est soudain devenu très à la mode. Mais sa cote est elle aussi en train de baisser. Que trouver d’autre? On a fait diverses tentatives (des recherches linguistiques). Nous avons eu "gogol" (de "mongol", alias "mongolien"). Atroce ! Trop c’est trop, il incline à la pitié, donc à l’affection; il se transforme en son contraire : « je t’écris, ma gogole, pour te dire que je t’aime beaucoup ». On a essayé "handicapé". Ça, comme déri­siondérision, c’est pas mal ! "La loi cadre sur les handicapés », "L’année des handicapés"… Et tiens! attrape l’handicapé ! On a, semble-t-il, déniché un petit dernier : « autiste ». À priori ambigu puisque la science psychiatrique en diagnostique plusieurs sortes ; à vue de nez : l’autiste crétin et l’autiste génial. Toutefois, en situation d’insulte, on ne peut pas se tromper. À suivre …
 
Il y a des exemples beaucoup plus banals. Les anciens se souviennent sans doute de Jean Nohain, le célèbre présentateur radio-télé des années cinquante et son fameux :
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Toutes les langues humaines présentent ces lois de fonctionnement. Qu’elles puissent en présenter d’autres, plus cachées, est du domai­nedomaine des recherches actuelles, mais ce qui suit est acquis ; c’est pourquoi évidemment on les trouvait dans le langage artificiel décrit au chapitre précédent.
 
'''1 <u>La double articulation</u>'''
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«&#x202F;grand-mère a trouvé une mouche dans la confiture&#x202F;» ce serait :
 
&shy;brouwanwayaou
 
«&#x202F;écrase donc la petite mouche qui bouge dans la confiture&#x202F;», ce serait : grouhaiaulala
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La valeur, c’est le travail accumulé. Il faut aller au delà des apparences pour le comprendre et dépasser d’abord quelques aspects immédiats contradictoires. Car il s’agit d’un temps moyen de travail, pas le temps de travail de Pierre, Paul ou Jacques. C’est si vrai que lorsque quelqu’un découvre un procédé de travail nouveau, plus économique, pendant un temps, il fait des super-bénéfices. Le temps que la valeur se réajuste dans les produits concernés. A condition encore que certains autres facteurs ne se mettent pas en travers. Par exemple, le pouvoir politique qu’ont certains d’établir une situation de monopole qui leur permet de cacher, à leur profit, la valeur réelle de ce qu’ils vendent ; ou encore l’accaparement des produits de première nécessité, puis leur vente au marché noir ; ou encore le blocage draconien des prix par décision d’état, etc. On a même vérifié récemment (tout le monde est au courant) que le «&#x202F;marché libre et non faussé&#x202F;» ne fait pas non plus de miracles. Mais dans le paradis de la consommation, on sait maintenant exactement ce qu’un produit coute&nbsp;: ce que coute le travail d’un Chinois, plus les super-bénéfices des super-pharaons du monde. Fondamentalement, la valeur, c’est du travail accumulé dans les objets, et cette réalité, d’une façon ou d’une autre, finit par s’imposer. Si elle est niée, on court à des catastrophes.
 
La &quot;valeur linguistique&quot;, pareillement, doit être cherchée derrière les apparences. &quot;''On appelle valeur linguistique le sens d’une unité définie par les positions relatives de cette unité à l’intérieur du système lin&shy;guistiquelinguistique''&quot; D.L.L.
 
Nous avons abordé l’étude de cette définition en première et en deuxième articulation, en remarquant qu’étrangement les mêmes démarches s’appliquent à des choses pourtant aussi différentes que les monèmes (chargés de sens) et les phonèmes (qui n’en ont pas). Mais le mot qui fournit l’explication, vous le connaissez bien maintenant, c’est <u>structure</u>.
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A priori, si le sujet peut produire l’énoncé suivant :
 
&quot;T’as vu la petite goupille qui tient la durite noire du carbura&shy;teurcarburateur ? T’as qu’à la faire sauter pour dévisser les vis platinées du delco&quot;&nbsp; - i.e :
 
&quot;Avez-vous considéré les obstacles contingents qui interdisent l’approche rationnelle du phénomène? Vous n’avez qu’à les écarter pour affronter les données réelles de la situation&quot;,
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'''''La valse-hésitation des consonnes finales'''''
 
''C’est sans effort et sans même y penser que nous prononçons tous aujourd’hui ''mer'' ou ''enfer'' en faisant sonner le ''r,'' mais nous ne le faisons pas pour ''aimer'' ou ''chauffer'', pro&shy;noncésprononcés comme ''aimé'' ou ''chauffé''. Pourquoi?''
 
''S’agirait-il d’une règle particulière aux infinitifs? Non, puisque nous disons ''mourir'' et ''pouvoir'', en prononçant le ''r''final. D’autre part, nous disons tous ''cahier, fusil, tabac'' ou ''bonnet'' sans prononcer non plus la consonne finale, mais nous la prononçons dans ''hier, péril, sac''ou ''net''. Dans tous ces cas, l’usage oral est aujourd’hui parfaitement fixé et ne tient pas compte de l’orthographe, qui comporte dans tous ces cas une consonne finale.''
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Substitutions d’un mot à un autre, de temps, ou de genre
 
- ex. pour savoir si le verbe du premier groupe entendu [&nbsp;é&nbsp;] dans la phrase s’écrit «&#x202F;é&#x202F;» ou «&#x202F;er&#x202F;», on rem&shy;placeremplace par un verbe d’un autre groupe où la différence s’entend :
{| style="border-spacing: 5em 0em;"
|-
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{{Début citation}}
 
; '''NEGRO''' (NEGRE. GREUNE. NEG’) : Homme noir. De nos jours, il est possible qu’un jeune Blanc dise à son ami, blanc aussi, «&#x202F;eh, Négro, on fait quoi&nbsp;?&#x202F;» de la même façon qu’il dirait «&#x202F;eh, mec, que fait-on?&#x202F;». Le politiquement correct voudrait que le terme «&#x202F;nègre&#x202F;» soit péjora&shy;tifpéjoratif, comme il l’était à l’époque du racisme d’État. La rue a décidé que c’était OK, du moment que le locuteur n’est pas animé de sombres arrière-&shy;pensées : si un lepéniste débarquait dans mon quartier en donnant du «&#x202F;salut les Négros&#x202F;», je ne suis pas sûr que ça le ferait tout de suite. &nbsp; &nbsp; p. 108
 
; '''OUF''' (TRUC DE ) : Tout a changé le soir de la première du Loft (édition n° 2, 2002) : dès ce fatidique soir d’avril, grâce à la susnommée Angela, l’expression «&#x202F;truc de ouf&#x202F;» est passée dans le domaine public. Tous les trucs de ouf préalables à cette date sont désormais considérés comme caducs, nuls et non avenus. Exception recevable pour le morceau du 113, ''Truc de fou, ''mais c’est bien parce que les rappeurs de Vitry ont évité le verlan. Sinon, le mot «&#x202F;ouf&#x202F;» tout seul (verlanisation de «&#x202F;fou&#x202F;», faut-il le préciser) peut être avantageusement complété avec «&#x202F;dans la tête&#x202F;». Comme dans le rap ''J’pète les plombs, ''qui adapte littéralement l’expression américaine «&#x202F;''insane in the brain&#x202F;» ''en «ouf dans la tête&#x202F;». Cypress Hill/Disiz La peste, même combat. Truc de ouf, non&nbsp;? &nbsp; &nbsp; p. 109
 
; '''TEAU-COU''' : Vous allez me dire: mais Bruno, pourquoi mettre ce mot de verlan basique dans ton dico ? Et je vous répondrais: ça fait moins cuisine. Le fait d’enten&shy;dred’entendre «&#x202F;teau-cou&#x202F;», ça fait tout de suite arme de défense (ou d’attaque) là où «&#x202F;couteau&#x202F;» ça fait «&#x202F;passe-moi le couteau, je vais découper un bout de pizza&#x202F;». &nbsp; &nbsp; p. 145
 
{{Fin citation|le dico de Doc Gynéco}}