« La politique monétaire/L'inflation » : différence entre les versions

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===Le coût d'opportunité de la monnaie===
 
Un autre raisonnement, proposé par Milton Friedmann, veut que l'inflation optimale soit obtenue quand les taux nominaux sont nuls. Pour comprendre le raisonnement, il nous faut anticiper les prochains chapitres et parler de la demande de monnaie. Pour faire simple, c'est l'idée que la quantité de monnaie en circulation dans l'économie dépende des taux d'intérêt. Plus les taux sont élevés, plus la quantité de monnaie circulante est faible. Une manière simple d'expliquer cela est que plus les taux sont forts, moins les agents économiques veulent détenir de monnaie.
Pour comprendre le raisonnement, partons de la définition de la demande de monnaie vue dans le chapitre sur les taux d'intérêts. Celle-ci est, pour rappel, une fonction décroissante des taux d'intérêt nominaux :
 
Pour détailler le raisonnement, il faut parler du '''cout d'opportunité de la monnaie'''. Celui-ci est la perte (ou le non-gain) qu'un agent a à détenir une quantité M de monnaie. En effet, l'agent pourrait faire autre chose de son argent et notamment l'épargner. Entre détenir de la monnaie qui ne rapporte rien (on taux nominal est de 0) et des instruments financiers qui versent un intérêt élevé, le choix est vite fait. Le cout d'opportunité ici correspond à l'intérêt perdu en ne plaçant pas l'argent, c’est-à-dire les intérêts <math>i M</math>. Le cout d'opportunité de la monnaie est donc égal à <math>i</math> et plus il est élevé, plus la détention de monnaie est couteuse par rapport aux autres options de placement. Avec des taux élevés, les agents vont se débarrasser de leur monnaie et la convertir en placements, réduisant la quantité de monnaie totale en circulation. Inversement, une baisse des taux fait que la monnaie va devenir plus intéressante, car elle garde l'avantage de la liquidité : elle peut être dépensée immédiatement, contrairement à des actions, des obligations ou de l'immobilier. Ainsi, plus le taux nominal est élevé, plus le cout d'opportunité de la monnaie est important, plus la détention de monnaie est couteuse par rapport aux autres options, plus les agents s'en débarrassent, plus la masse monétaire diminue.
: <math>\frac{M_d}{P} = f(i) = f(r + \pi)</math>
 
[[File:Lossinutilityofmoney.PNG|vignette|upright=1.5|Relation entre taux, inflation et demande de monnaie.]]
 
Il existe donc une relation entre taux d'intérêt et monnaie, appelée la demande de monnaie. Celle-ci dit est illustrée schématiquement dans le schéma de droite, mais on peut la mettre grossièrement en équation comme suit :
On peut alors comparer la demande de monnaie en fonction des taux. L'idéal est que les agents économiques gardent un maximum de monnaie, ce qui signifie que les conséquences de l'inflation sont alors minimales, voire nulles. Pour cela, regardons le diagramme suivant, qui donne la relation entre taux d'intérêts et demande de monnaie. On voit que cette dernière est maximale quand le taux nominal est nul. En clair, la politique monétaire optimale demande de garder un taux d'intérêt nominal nul, égal à 0. D'après l'équation de Fisher <math>i = r + \pi</math>, cela signifie un taux d'inflation optimal négatif, égal à l'opposé du taux réel : <math>\pi_{optimal} = - r</math>. La banque centrale doit donc garder le taux nominal à zéro, ce qui est ce qu'on appelle la '''règle de Friedmann'''.
 
: <math>M = f(i) = f(r + \pi)</math>, avec M la masse monétaire, i le taux nominal, r le taux réel et pi pour l'inflation.
Ce raisonnement peut paraitre particulièrement abstrait, mais on peut en donner une explication avec les mains. Le raisonnement de Friedmann part de l'étude du cout d'opportunité de la monnaie. Celui-ci est la perte (ou le non-gain) qu'un agent a à détenir une quantité M de monnaie. En effet, l'agent pourrait faire autre chose de son argent : le dépenser ou l'épargner. Le cout d'opportunité ici correspond à l'argent perdu en ne plaçant pas l'argent, c’est-à-dire les intérêts <math>i M</math>. Le cout d'opportunité de la monnaie est donc égal à <math>i</math>. Friedmann postula que le cout de détention de la monnaie devait être égal au cout de la création de cette même monnaie. Or, ce cout de création monétaire est supposé être nul, d'où un taux d'intérêt nul !
 
On voit que pour un taux réel constant, l'inflation fait augmenter les taux nominaux, ce qui réduit la masse monétaire. La raison à cela est que plus l'inflation fait augmenter les taux nominaux, et donc le cout d'opportunité de la monnaie, ce qui fait que les agents convertissent leur monnaie en placements. Le schéma ci-contre montre que la demande de monnaie est maximale quand le taux nominal est nul.
 
OnFriedmann peutpostula alorsque comparerle lacout demandede détention de la monnaie endevait fonctionêtre deségal tauxau cout de la création de cette même monnaie. L'idéalOr, estce quecout lesde agentscréation économiquesmonétaire gardentest supposé être nul, d'où un maximumcout ded'opportunité monnaienul, ce qui signifieimplique queun lestaux conséquencesd'intérêt denul l! L'inflationidée sontde alorsFriedmann minimales,implique voirequ'avec nulles.un Pourtaux celanul, regardonsles leagents diagrammene suivant,sont quipas donneincités laà relationbiaiser entreleur tauxdétention d'intérêtsde etmonnaie demandeà cause de monnaie.l'inflation, Once voitqui fait que cetteles dernièreconséquences estde maximalel'inflation quandsont lealors tauxminimales, nominalvoire est nulnulles. En clair, la politique monétaire optimale demande de garder un taux d'intérêt nominal nul, égal à 0. D'après l'équation de Fisher <math>i = r + \pi</math>, cela signifie un taux d'inflation optimal négatif, égal à l'opposé du taux réel : <math>\pi_{optimal} = - r</math>. La banque centrale doit donc garder le taux nominal à zéro, ce qui est ce qu'on appelle la '''règle de Friedmann'''.
 
Mais de nos jours, on sait que cette règle n'est probablement pas optimale. Si on prend en compte d'autres effets de l'inflation, on se retrouve avec des frictions qui rendent la règle de Friedmann fausse, ou au moins approximative.