« Les cartes graphiques/Le processeur de commandes » : différence entre les versions

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Une carte graphique est un périphérique comme un autre, connecté sur la carte mère (sauf pour certaines cartes graphiques intégrées). La carte graphique accélère les jeux vidéos, les applications de conception assistée par ordinateur (solidworks), ou de rendu d'images 3D (blender, maya, etc). Elle peut aussi accélérer le traitement de l'affichage 2D : essayez d'utiliser Windows sans pilote de carte graphique, vous verrez de quoi je parle.
 
Pour déléguer ses calculs à la carte 3D, l'application pourrait communiquer directement avec la carte graphique, en écrivant dans ses registres et dans sa mémoire vidéo. Seul problème : le programme ne pourra communiquer qu'avec un ou deux modèles de cartes, et la compatibilité sera presque inexistante. Pour résoudre ce problème, les concepteurs de systèmes d'exploitations et de cartes graphiques ont inventé des API 3D, des bibliothèques qui fournissent des "sous-programmes" de base, des fonctions, que l'application pourra exécuter au besoin. De nos jours, les plus connues sont DirectX, et OpenGL. Les fonctions de ces APIs vont préparer des données à envoyer à la carte graphique, avant que le pilote s'occupe desde les communiquer à la carte graphique.
 
Dans ce chapitre, nous allons voir ce que fait le pilote de la carte graphique, avant de voir comment la carte graphique traite les demandes envoyées. Nous allons parler du pilote de la carte graphique, de ce qu'il fait, de ses fonctions. Puis, nous allons voir l'interface entre le logiciel et les circuits de rendu 3D de la carte graphique : le processeur de commandes. Ce processeur de commandes est un circuit qui sert de chef d'orchestre, qui pilote le fonctionnement global de la carte graphique.
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Le pilote de la carte graphique est un logiciel qui s'occupe de faire l'interface entre le logiciel et la carte graphique. De manière générale, les pilotes de périphérique sont des intermédiaires entre les applications/APIs et le matériel. En théorie, le système d'exploitation est censé jouer ce rôle, mais il n'est pas programmé pour être compatible avec tous les périphériques vendus sur le marché. A la place, le système d'exploitation ne gère pas directement certains périphériques, mais fournit de quoi ajouter ce qui manque. Le pilote d'un périphérique sert justement à ajouter ce qui manque : ils ajoutent au système d'exploitation de quoi reconnaitre le périphérique, de quoi l'utiliser au mieux. Pour une carte graphique, il a diverses fonctions que nous allons voir ci-dessous.
 
Avant toute chose, précisons que les systèmes d'exploitation usuels (Windows, Linux, MacOsX et autres) sont fournitfournis avec un pilote de carte graphique générique, compatible avec la plupart des cartes graphiques existantes. Rien de magique derrière cela : toutes les cartes graphiques vendues depuis plusieurs décennies respectent des standards, comme le VGA, le VESA, et d'autres. Et le pilote de base fournit avec le système d'exploitation est justement compatible avec ces standards minimaux. Mais le pilote ne peut pas profiter des fonctionnalités qui sont au-delà de ce standard. L'accélération 3D est presque inexistante avec le pilote de base, qui ne sert qu'à faire du rendu 2D (de quoi afficher l’interface de base du système d'exploitation, comme le bureau de Windows). Et même pour du rendu 2D, la plupart des fonctionnalités de la carte graphique ne sont pas disponibles. Par exemple, certaines résolutions ne sont pas disponibles, notamment les grandes résolutions. Ou encore, les performances sont loin d'être excellentes. Si vous avez déjà utilisé un PC sans pilote de carte graphique installé, vous avez certainement remarqué qu'il était particulièrement lent.
 
===La compilation des ''shaders''===
 
Le pilote de carte graphique est aussi chargé de traduire les shaders en code machine. En soi, cette étape est assez complexe, et ressemble beaucoup à la compilation d'un programme informatique normal. Les shaders sont écrits dans un langage de programmation de haut niveau, comme le HLSL ou le GLSL. Mais ce n'est pas ce code source qui est transmis au pilote de carte graphique. AÀ la place, les shaders sont pré-compilés vers un langage dit intermédiaire, avant d'être compilé par le pilote en code machine. Le langage intermédiaire, comme son nom l'indique, sert d'intermédiaire entre le code source écrit en HLSL/GLSL et le code machine exécuté par la carte graphique. Il ressemble à un langage assembleur, mais reste malgré tout assez générique pour ne pas être un véritable code machine. Par exemple, ilsil y a peu de limitations quant au nombre de processeurs ou de registres. L'avantage de cette méthode est que les optimisations importantes ont déjà été réalisées lors de la pré-compilation du code source vers le code intermédiaire, et le pilote a peu de choses à faire pour traduire le langage intermédiaire en code machine. Il doit bien faire la traduction, ajouter quelques optimisations de bas niveau par -ci par -là, mais rien de bien gourmand en processeur. Autant dire que cela économise plus le processeur que si on devait compiler complètement les shaders à chaque exécution.
 
Fait amusant, il faut savoir que le pilote peut parfois remplacer les shaders d'un jeu vidéo à la volée. Les pilotes récents embarquent en effet des shaders alternatifs pour les jeux les pus vendus et les plus gourmands. Lorsque vous lancez un de ces jeux vidéo et que le shader originel s'exécute, le pilote le détecte automatiquement et le remplace par la version améliorée, fournie par le pilote. Évidemment, le shader alternatif du pilote est optimisé pour le matériel adéquat. Cela permet de gagner en performance, voire en qualité d'image, sans pour autant que les concepteurs du jeuxjeu n'aient quoique ce soit à faire.
 
Enfin, certains shaders sont fournis par le pilote pour d'autres raisons. Par exemple, les cartes graphiques récentes n'ont pas de circuits fixes pour traiter la géométrie. Autant les anciennes cartes graphiques avaient des circuits de T&L qui s'en occupaient, autant tout cela doit être émulé sur les machines récentes. Sans cette émulation, les vieux jeux vidéos conçus pour exploiter le T&L et d'autres technologies du genre ne fonctionneraient plus du tout. Émuler les circuits fixes disparus sur les cartes récentes est justement le fait de shaders, présents dans le pilote de carte graphique.
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Un driver de carte graphique gère aussi la mémoire de la carte graphique : où placer les textures, les vertices, et les différents buffers de rendu.
 
L'envoi des données à la carte graphique ne se fait pas immédiatement : il arrive que la carte graphique n'ait pas fini de traiter les données de l'envoi précédent. Il faut alors faire patienter les données tant que la carte graphique est occupée. Les pilotes de la carte graphique vont les mettre en attente dans une portion de la mémoire : le '''tampon de commandes'''. Ce tampon de commandes est ce qu'on appelle une file, une zone de mémoire dans laquelle on stocke des données dans l'ordre d'ajout. Si le tampon de commandes est plein, le driver n'accepte plus de demandes en provenance des applications. Un tampon de commandespleincommandes plein est généralement mauvais signe : cela signifie que la carte graphique est trop lente pour traiter les demandes qui lui sont faites. Par contre, il arrive que le tampon de commandes soit vide : dans ce cas, c'est simplement que la carte graphique est trop rapide comparé au processeur, qui n'arrive alors pas à donner assez de commandes à la carte graphique pour l'occuper suffisamment.
 
===L'arbitrage de l'accès à la carte graphique===
 
Il n'est pas rare que plusieurs applications souhaitent accèderaccéder en même temps à la carte graphique. Imaginons que vous regardez une vidéo en ''streaming'' sur votre navigateur web, avec un programme de ''clou computing'' de type ''Floding@Home'' qui tourne en arrière-plan, sur Windows. Le décodage de la vidéo est réalisé par la carte graphique, Windows s'occupe de l'affichage du bureau et des fenêtrefenêtres, le navigateur web doit afficher tout ce qui est autour de la vidéo (la page web), le programme de ''cloud computing'' va lancer ses calculs sur la carte graphique, etc. Des situations de ce genre sont assez courantes et c'est le pilote qui s'en charge.
 
Autrefois, de telles situations étaient gérées simplement. Chaque programme avait accès à la carte graphique durant quelques dizaines ou centaines de millisecondes, à tour de rôle. Si le programme finissait son travail en moins de temps que la durée impartie, il laissait la main au programme suivant. Si ilS’il atteignait la durée maximale allouée, il était interrompu pour laisser la place au programme suivant. Et chaque programme avait droit d'accès à la carte graphique chacun à son tour. Un tel algorithme en tourniquet est très simple, mais avait cependant quelques défauts. De nos jours, les algorithmes d'ordonnancement d'accès sont plus élaborés, bien qu'il soit difficile de trouver de la littérature ou des brevets sur le sujet.
 
==Le processeur de commandes==
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===Les commandes graphiques===
 
Les commandes graphiques en question varient beaucoup selon la carte graphique. Les commandes sont régulièrement revues et chaque nouvelle architecture a quelques changements par rapport aux modèles plus anciens. Des commandes peuvent apparaitre, d'autres disparaitre, d'autre voient leur fonctionnement légèrement altéré, etc. Mais dans les grandes lignes, on peut classer ces commandes en quelques grands types. Les commandes les plus importantes s'occupent de l'affichage 3D : afficher une image à partir de paquets de vertices, préparer le passage d'une image à une autre, changer la résolution, etc. Plus rare, d'autres commandes servent à faire du rendu 2D : afficher un polygone, tracer une ligne, coloriser une surface, etc. Sur les cartes graphiques qui peuvent accélérer le rendu esdes vidéos, il existe des commandes spécialisées pour l’accélération des vidéos. Enfin, d'autres commandes servent pour la synchronisation avec le CPU (on verra cela plus tard).
 
Pour donner quelques exemples, prenons les commandes 2D de la carte graphique AMD Radeon X1800.
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Avec un processeur de commande gérant le parallélisme, celui-ci doit gérer les synchronisations entre commandes. Par exemple, imaginons que Direct X décide d'allouer et de libérer de la mémoire vidéo. Direct X et Open GL ne savent pas quand le rendu de l'image précédente se termine. Comment éviter d'enlever une texture tant que les commandes qui l'utilisent ne sont pas terminées ? Ce problème ne se limite pas aux textures, mais vaut pour tout ce qui est placé en mémoire vidéo.
 
De manière générale, Direct X et Open GL doivent savoir quand une commande se termine. Un moyen pour éviter tout problème serait d'intégrer les données nécessairenécessaires à l'exécution d'une commande dans celle-ci : par exemple, on pourrait copier les textures nécessaires dans chacune des commandes. Mais cela gâche de la mémoire, et ralentit le rendu à cause des copies de textures. Les cartes graphiques récentes incorporent des '''commandes de synchronisation''' : les fences. Ces fences vont empêcher le démarrage d'une nouvelle commande tant que la carte graphique n'a pas fini de traiter toutes les commandes qui précèdent la fence. Pour gérer ces fences, le tampon de commandes contient des registres, qui permettent au processeur de savoir où la carte graphique en est dans l’exécution de la commande.
 
Un autre problème provient du fait que les commandes se partagent souvent des données, et que de nombreuses commandes différentes peuvent s'exécuter en même temps. Or, si une commande veut modifier les données utilisées par une autre commande, il faut que l'ordre des commandes soit maintenu : la commande la plus récente ne doit pas modifier les données utilisées par une commande plus ancienne. Pour éviter cela, les cartes graphiques ont introduit des '''instructions de sémaphore''', qui permettent à une commande de bloquer tant qu'une ressource (une texture) est utilisée par une autre commande.