« Précis d'épistémologie » : différence entre les versions

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# [[Précis d'épistémologie/Les vertus thérapeutiques de l'autonomie|Les vertus thérapeutiques de l'autonomie]]
[[/Références/]]
 
 
L'épistémologie est le savoir sur le savoir. Si on entend le concept de science au sens le plus général, toutes les formes de savoir, l'épistémologie est la science de la science.
 
Deux critères sont fondamentaux pour définir le savoir : la vérité et la preuve. Un savoir doit être vrai et prouvé pour être véritablement un savoir.
 
Le savoir sur le savoir est fondamental pour développer toutes les formes de savoir, parce qu'en reconnaissant sa capacité à produire du savoir on se rend davantage capable de le produire.
 
Se faire une illusion est croire qu'on sait quand on ne sait pas. Quelle que soit l'illusion qu'on se fasse, on se fait toujours en même temps une illusion sur soi-même, puisqu'on prend sa propre ignorance pour du savoir. Les illusions sur notre propre capacité à acquérir et reconnaître le savoir sont donc à la source de toutes nos illusions. En acquérant du savoir sur le savoir, on apprend à reconnaître les illusions fondamentales qui sont à la source de toutes les autres, on affronte les problèmes de l'illusion, de l'erreur et de l'ignorance en les prenant à la racine.
 
 
'''Résumé'''
 
[[/Les fondements de l'éthique/]]
 
L'éthique est le savoir sur le bien de l'esprit. L'épistémologie est un savoir éthique parce que le savoir est un bien de l'esprit.
 
Le bien de l'esprit est de bien vivre comme un esprit, donc de bien vouloir, bien penser, bien ressentir, bien agir, bien percevoir et bien imaginer. Bien vouloir, c'est vouloir le bien. Le bien de l'esprit est de vivre pour le bien de tous les esprits, d'aimer le bien par le désir, la connaissance et l'action. Le bien est l'amour du bien.
 
 
[[/Qu'est-ce que le savoir ?/]]
 
Savoir, c'est être capable de donner une justification concluante de ce qu'on croit. Une justification est un raisonnement logique fondé sur des prémisses fondamentales, ou l'affirmation qu'une prémisse est fondamentale. Une justification est acceptable si elle respecte la logique et si toutes ses prémisses sont acceptables. Les observations qui résultent de l'usage ordinaire de nos facultés naturelles dans de bonnes conditions et les principes vrais par définition sont des prémisses fondamentales acceptables. Une justification est concluante si elle est acceptable et si toutes ses prémisses fondamentales sont vraies.
Le principe de la justification des principes est qu'un bon principe doit porter des fruits.
 
Dès qu'une justification laisse une place pour le doute on ne peut pas espérer plus que savoir sans savoir qu'on sait. Nous ne sommes pas les maîtres dans notre propre maison, même dans la maison du savoir.
 
Cette théorie est internaliste et faillibiliste pour les justifications acceptables. Elle est externaliste et infaillibiliste pour les justifications concluantes. Elle est fondationaliste, parce qu'elle reconnaît l'existence de prémisses fondamentales à partir desquelles tout doit être justifié, et cohérentiste parce qu'elle reconnaît que tous les énoncés sont justifiés par la totalité du savoir à laquelle ils appartiennent.
 
 
[[/La recherche de la raison/]]
 
La raison consiste à développer en commun un savoir universel, en cherchant honnêtement des vérités et des preuves, en se soumettant volontairement à toutes les règles de l'esprit critique. Nous explorons l'espace des possibles à chaque fois que nous examinons un savoir en vue de l'évaluer. Les épreuves critiques sont destinées à sélectionner les possibilités prometteuses. La critique est une heuristique pour résoudre le problème du développement de la raison.
 
Nous sommes les sources, le milieu et les fins de la raison, les sources parce que la raison naît de nos pensées, le milieu parce qu'elle se développe quand nous travaillons pour elle, les fins parce qu'elle est là pour que nous puissions nous accomplir.
 
''« Tu aimeras ton prochain comme toi-même »'' (Lévitique 19:18) n'est pas seulement un principe religieux, c'est aussi un principe rationaliste, parce que les sciences et la raison ne peuvent se développer que par l'entraide et la coopération. Si les êtres humains ne veulent pas s'entraider la raison ne peut pas être parmi eux.
 
Nous ne connaissons pas l'étendue des compétences que la raison peut nous donner. Pour savoir de quoi la raison nous rend capable, la meilleure façon, et la seule, est d'essayer.
 
 
[[/Pourquoi la réalité est-elle intelligible ?/]]
 
Un concept est déterminé par l'ensemble des systèmes de détection qui signalent la présence d'un objet en lui attribuant ce concept. Cette définition est générale parce que toute unité de traitement de l'information peut être considérée comme un système de détection. La capacité à raisonner peut être considérée comme un système de détection des concepts théoriques.
 
Les perceptions révèlent la vérité sur la matière parce que la nature de la matière est d'être perceptible.
 
(...)
 
 
[[/L'esprit, comment ça marche ?/]]
 
La cognition est la production et l'utilisation de représentations internes qui préparent ou conduisent à l'action.
 
La volonté est expliquée avec un modèle d'administration centralisée sans administrateur central. Des modules exécutifs font appliquer les décisions prises volontairement. Ce sont des circuits neuronaux capables d'enregistrer des décisions déjà prises, reçues sur leur voies d'entrée, et de donner ensuite les ordres qui les appliquent sur leurs voies de sortie. Des modules concepteurs font des propositions à des modules évaluateurs en vue d'une prise de décision. Les modules évaluateurs obéissent aux modules exécutifs et donc aux décisions prises antérieurement, ce qui rend la volonté autonome dans ses évaluations. Les modules concepteurs obéissent eux aussi aux modules exécutifs, ce qui rend la volonté autonome dans son exécution. Ce modèle explique aussi l'attention, parce qu'elle est la sélection de représentations pour prendre des décisions et contrôler leur exécution, et les croyances, parce qu'elles sont des représentations que nous approuvons volontairement.
 
(...)
 
Où trouve-t-on le moi que l'on doit percevoir ? Et comment fait-il pour se représenter lui-même ? La Joconde n'est pas seulement une représentation de Mona Lisa, elle est aussi une représentation de Léonard de Vinci. Il en va de même pour toutes nos représentations.
 
Les émotions peuvent être définies à partir de quelques traits généraux : elles sont déclenchées par la détection de conditions spécifiques, la peur par la détection du danger, la tristesse par la détection du malheur, la colère par la détection de l'inacceptable... Cette détection est suivie très rapidement de réactions réflexes et de modifications physiologiques qui permettent à l'organisme de s'adapter à la nouveauté de sa situation. Les émotions déterminent des motivations, c'est à dire des désirs ou des aversions. Elles nous indiquent les buts qui méritent d'être poursuivis, et ce que nous devons fuir ou éviter.
 
La parole est l'émission volontaire de signaux pour influencer l'imagination et la volonté de ceux qui les reçoivent.
 
Les paroles ont du sens lorsqu'elles éveillent l'imagination. Lorsque les concepts détectés par nos systèmes de perception sont associés à des expressions verbales qui les nomment, nous pouvons à la fois décrire ce que nous percevons, en nommant les concepts perçus, et imaginer ce qui est décrit, en simulant la détection des concepts nommés. Comprendre des paroles, c'est savoir s'en servir, et nous devons pour cela imaginer ce qu'elles nous incitent à imaginer.
 
Le savoir muet est le savoir qui précède la parole et qui résulte de la perception, de l'imagination, de l'émotion et de la volonté. Il peut être traduit en paroles dès que les systèmes de détection qu'il utilise sont nommés par des expressions verbales. Les descriptions sont alors une traduction en mots du savoir muet de ce qui est décrit. Le savoir muet est fondamental pour le développement de la raison, parce que le savoir parlant commence par être une traduction du savoir muet. Il peut ensuite voler de ses propres ailes parce qu'il peut parler de la parole, mais il a besoin du savoir muet pour décoller, parce que les mots doivent éveiller l'imagination pour avoir du sens.
 
La pensée est l'imagination de la parole.
 
 
Complément : [[/Principes logiques/]]
 
Une conséquence dérive logiquement de prémisses lorsqu'il n'y a aucun monde logiquement possible tel que cette conséquence soit fausse et que ces prémisses soient vraies.
 
Une conséquence logique ne peut pas être fausse si les prémisses sont vraies. La relation de conséquence logique conduit nécessairement du vrai au vrai.
 
Pour définir un monde logiquement possible on se donne des propriétés et des relations fondamentales et un ensemble d’individus auxquels on peut attribuer ces propriétés et ces relations. Un énoncé est atomique lorsqu’il affirme une propriété fondamentale d’un individu ou une relation fondamentale entre plusieurs individus. Un énoncé atomique ne peut pas être décomposé en énoncés plus petits. N'importe quel ensemble d'énoncés atomiques détermine un monde logiquement possible tel qu'ils sont tous vrais et les seuls énoncés atomiques vrais.
 
Toutes les relations de conséquence logique peuvent être produites avec un petit nombre de règles fondamentales de déduction à partir de conséquences logiques triviales, évidemment tautologiques.
 
Les raisonnements nous font acquérir du savoir parce qu'ils nous font découvrir tout ce que les lois peuvent enseigner.
 
Les conclusions des raisonnements sans hypothèse sont des vérités logiques universelles, toujours vraies quelle que soit l'interprétation des concepts qu'elles mentionnent, sauf l'interprétation des connecteurs logiques. On les appelle des lois logiques, ou des tautologies.
 
Les lois logiques ne sont pas des hypothèses. On a toujours le droit de les adopter comme prémisses, sans autre justification sinon qu'elles sont des lois logiques, parce qu'elles ne peuvent pas être fausses, parce qu'elles ne peuvent pas nous conduire à l'erreur.
 
Tout le savoir mathématique peut être considéré comme un savoir sur les mondes logiquement possibles.
 
[[/Applications/]]
 
Le savoir épistémologique est de toute première importance pour la recherche et l'évaluation des principes des sciences. La recherche fondamentale est toujours une sorte de recherche épistémologique appliquée. Les principes les plus fondamentaux de la logique, des mathématiques, de la physique et de la biologie sont présentés et expliqués dans la troisième partie. Comme les principes de la psychologie et de l'épistémologie ont été présentés dans les deux premières parties, ce livre donne une vue d'ensemble des principes les plus fondamentaux des sciences les plus fondamentales.
 
Les applications de l'épistémologie peuvent être très concrètes. Dans tous les domaines pratiques où l'acquisition et l'utilisation d'un bon savoir sont d'une importance cruciale, donc à peu près toujours, un solide savoir épistémologique peut faire la preuve de son utilité. La pédagogie et la thérapie cognitive sont directement concernées, mais plus généralement la plupart des enjeux importants pour les êtres humains dépendent de nos capacités à acquérir et utiliser collectivement le savoir : la santé publique, l'écologie, l'économie et la finance, la justice et la démocratie, la vérité et le mensonge dans les médias, la fiabilité et la sécurité des équipements ...