« Précis d'épistémologie/Pourquoi la réalité est-elle intelligible ? » : différence entre les versions

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Les substances naturelles se comportent toujours de la même façon dès qu'elles sont pures. L'eau pure a toujours les propriétés de l'eau pure. Elle obéit toujours aux mêmes lois. Pour elle aussi, rien de nouveau sous le Soleil.
 
Une substance naturelle est pure si elle est constituée de molécules ou d'atomes detous la même espèceidentiques. L'eau pure contient seulement des molécules <math>H_2 O</math>.
 
Être de la même espèce n'exclut pas a priori d'avoir des propriétés différentes. Une espèce peut être divisée en sous-espèces. Pour qu'une substance naturelle soit vraiment pure, les molécules de la même espèce ne doivent pas pouvoir être séparées en sous-espèces, sinon la substance serait un mélange. Les espèces chimiques qui caractérisent les corps purs sont des espèces ultimes, qui ne peuvent pas être analysées davantage.
 
== La Nature obéit-elle vraiment à des lois ? ==
L'existence des corps chimiquement purs suggère que les atomes et les molécules sont naturellement indiscernables, parce que deux molécules de la même espèce chimique ne peuvent pas appartenir à des variétés différentes. Mais l'argument n'est pas pleinement concluant. Les molécules pourraient être individualisables par des propriétés différentes sans que ces propriétés permettent de distinguer des sous-espèces.
 
Nous croyons aux conclusions de nos raisonnements parce que nous croyons à la vérité des lois avec lesquelles nous raisonnons. Nous croyons que nous sommes capables de développer les sciences parce que nous croyons au principe d'équivalence de tous les observateurs.
Que la lumière obéisse toujours aux mêmes lois suggère que ses particules, les photons, sont naturellement indiscernables. Rien dans le comportement d'un photon ne permet de le distinguer d'un autre photon.
 
Il est dans la nature de l'esprit de raisonner et donc de postuler des lois avec lesquelles raisonner. Un esprit ne peut pas développer son esprit sans penser à des lois. Il semble donc que l'existence des lois résulte de la nature de l'esprit. Mais la matière semble en général naturellement sans esprit, pourquoi obéirait-elle à des lois ?
Deux êtres naturels sont naturellement indiscernables lorsqu'ils ont les mêmes propriétés naturelles intrinsèques. Les propriétés naturelles intrinsèques sont les propriétés qu'ils conservent quand les circonstances varient, quand ils se trouvent pris dans divers arrangements naturellement possibles.
 
Pour justifier nos savoirs et le principe d'équivalence de tous les observateurs, nous avons besoin de postuler que la Nature obéit à des lois, mais est-ce vraiment une croyance justifiée ? N'est-ce pas plutôt prendre son désir pour une réalité ? Il se pourrait que toutes les lois de la Nature auxquelles aujourd'hui nous croyons soient toutes réfutées par des observations à venir. Et la Nature ne pourrait-elle pas être sans loi ?
La nature d'un être est déterminée par ses propriétés naturelles. Un être n'est rien sans ses propriétés. Elles font tout ce qu'il est. Deux êtres qui ont les mêmes propriétés naturelles sont essentiellement semblables. L'un peut toujours être remplacé par l'autre. Tout ce qui est naturellement possible avec l'un est naturellement possible avec l'autre.
 
La matière ne serait pas la matière si elle n'obéissait pas à des lois. La matière est nécessairement détectable, elle doit donc obéir à des lois de détection, qui résultent des lois fondamentales d'interaction. Une matière qui n'obéirait à aucune loi ne serait pas détectable, et il n'y aurait pas de raison de l'appeler matière. Nous ne savons pas du tout ce que ce pourrait être, cela semble inconcevable.
La physique des particules élémentaires et la thermodynamique imposent que les particules, les atomes et les molécules d'une même espèce sont naturellement indiscernables.
 
Tout se passe comme si la matière et l'esprit avaient été faits l'un pour l'autre, parce que la nature de la matière est d'obéir à des lois et que la nature de l'esprit est de connaître les lois.
 
Ni la matière, ni a fortiori la vie et la conscience, ne pourraient exister et se développer si la Nature n'obéissait pas à des lois. Nous ne serions pas là pour en parler.
 
Nous n'avons pas à attendre de nos expériences qu'elles prouvent définitivement que la Nature obéit à des lois, ce qu'elles ne peuvent pas faire, puisque toute loi vérifiée aujourd'hui pourrait être réfutée demain, mais seulement qu'elles nous aident à trouver les lois de la Nature. Nous savons d'avance que la Nature obéit à des lois mais nous ne savons pas lesquelles. Comme la Nature ne semble pas être malicieuse, mais plutôt généreuse, il semble qu'un travail honnête et des expériences bien contrôlées suffisent pour trouver et prouver les lois auxquelles elle obéit. Si une loi est vérifiée par une expérience bien contrôlée, ou si elle est une conséquence logique de prémisses déjà bien prouvées, elle peut être considérée comme prouvée, jusqu'à preuve du contraire.
 
(...)
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Comme les relations géométriques sont des propriétés naturelles, elles aussi sont des puissances. On retient parfois cette conséquence de la théorie comme une objection contre elle, parce que les relations géométriques semblent inertes et incapables d'agir. C'est oublier que la proximité est essentielle pour exercer une puissance. La distance est une puissance parce qu'elle fait partie des conditions d'exercice des diverses puissances. Pour se protéger d'un danger, il suffit souvent de s'éloigner. La distance a donc la puissance de nous protéger.
 
==Différence ou identité des indiscernables ?==
 
La nature d'un être est déterminée par ses propriétés naturelles. Un être n'est rien sans ses propriétés. Elles font tout ce qu'il est. Deux êtres qui ont les mêmes propriétés naturelles sont essentiellement semblables. L'un peut toujours être remplacé par l'autre. Tout ce qui est naturellement possible avec l'un est naturellement possible avec l'autre.
Le principe d'identité des indiscernables : si tout ce qui est vrai d'un être est également vrai de l'autre et inversement, alors ils sont le même être.
 
En un sens, l'identité des indiscernables est triviale. Si est x différent de y, il y a au moins une propriété vraie de x qui n'est pas vraie de y, d'être identique à x.
 
Mais pour l'indiscernabilité naturelle le principe d'identité des indiscernables est faux. Les particules, les atomes et les molécules d'une même espèce sont naturellement indiscernables, ils ont essentiellement les mêmes propriétés naturelles.
 
Le principe d'identité des indiscernables semble vrai si on se promène dans un jardin à la recherche de deux feuilles naturellement indiscernables, parce que les feuilles sont des êtres naturels très complexes. La diversité des feuilles naturellement possibles excède de très loin toutes les feuilles que notre univers pourrait contenir. Il y a une probabilité négligeable que deux feuilles aient exactement les mêmes propriétés naturelles, mais cette possibilité n'est pas exclue par les lois de la Nature. Elles n'interdisent pas que des êtres naturels aient exactement la même constitution et les mêmes propriétés naturelles. Au contraire, elles montrent que tous les êtres élémentaires d'une même espèce naturelle sont naturellement indiscernables.
 
Les êtres complexes tels que nous-mêmes sont toujours naturellement discernables. Il ne peut y avoir deux jumeaux naturellement indiscernables, parce que dans le monde actuel les possibilités naturelles ne se produisent qu'une fois, dès qu'elles sont suffisamment complexes. La probabilité que deux possibilités naturelles complexes soient indiscernables est toujours négligeable.
 
== Science de l'individuel ou science du général ? ==
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Lorsqu'une loi est vraie de nombreux individus, ils sont tous semblables entre eux, parce qu'ils obéissent à la même loi, et tous différents de ceux qui ne lui obéissent pas. Pour connaître les lois, il faut donc connaître les façons dont les êtres peuvent se ressembler. Les principes de la science énoncent toujours des ressemblances fondamentales entre les individus et entre les systèmes.
 
== La Nature obéit-elle vraiment à des lois ? ==
 
Nous croyons aux conclusions de nos raisonnements parce que nous croyons à la vérité des lois avec lesquelles nous raisonnons. Nous croyons que nous sommes capables de développer les sciences parce que nous croyons au principe d'équivalence de tous les observateurs.
 
Il est dans la nature de l'esprit de raisonner et donc de postuler des lois avec lesquelles raisonner. Un esprit ne peut pas développer son esprit sans penser à des lois. Il semble donc que l'existence des lois résulte de la nature de l'esprit. Mais la matière semble en général naturellement sans esprit, pourquoi obéirait-elle à des lois ?
 
Pour justifier nos savoirs et le principe d'équivalence de tous les observateurs, nous avons besoin de postuler que la Nature obéit à des lois, mais est-ce vraiment une croyance justifiée ? N'est-ce pas plutôt prendre son désir pour une réalité ? Il se pourrait que toutes les lois de la Nature auxquelles aujourd'hui nous croyons soient toutes réfutées par des observations à venir. Et la Nature ne pourrait-elle pas être sans loi ?
 
La matière ne serait pas la matière si elle n'obéissait pas à des lois. La matière est nécessairement détectable, elle doit donc obéir à des lois de détection, qui résultent des lois fondamentales d'interaction. Une matière qui n'obéirait à aucune loi ne serait pas détectable, et il n'y aurait pas de raison de l'appeler matière. Nous ne savons pas du tout ce que ce pourrait être, cela semble inconcevable.
 
Tout se passe comme si la matière et l'esprit avaient été faits l'un pour l'autre, parce que la nature de la matière est d'obéir à des lois et que la nature de l'esprit est de connaître les lois.
 
Ni la matière, ni a fortiori la vie et la conscience, ne pourraient exister et se développer si la Nature n'obéissait pas à des lois. Nous ne serions pas là pour en parler.
 
Nous n'avons pas à attendre de nos expériences qu'elles prouvent définitivement que la Nature obéit à des lois, ce qu'elles ne peuvent pas faire, puisque toute loi vérifiée aujourd'hui pourrait être réfutée demain, mais seulement qu'elles nous aident à trouver les lois de la Nature. Nous savons d'avance que la Nature obéit à des lois mais nous ne savons pas lesquelles. Comme la Nature ne semble pas être malicieuse, mais plutôt généreuse, il semble qu'un travail honnête et des expériences bien contrôlées suffisent pour trouver et prouver les lois auxquelles elle obéit. Si une loi est vérifiée par une expérience bien contrôlée, ou si elle est une conséquence logique de prémisses déjà bien prouvées, elle peut être considérée comme prouvée, jusqu'à preuve du contraire.
 
== La place de l’esprit dans la Nature ==