« Précis d'épistémologie/La recherche de la raison » : différence entre les versions

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''- Et de quelle façon chercheras-tu, Socrate, cette réalité dont tu ne sais absolument pas ce qu'elle est ? Laquelle des choses qu'en effet tu ignores, prendras-tu comme objet de ta recherche ? Et si même, au mieux, tu tombais dessus, comment saurais-tu qu'il s'agit de cette chose que tu ne connaissais pas ?''
 
''- Je comprends de quoi tu parles, Ménon. Tu vois comme il est éristique, cet argument que tu débites, selon lequel il n'est possible à un homme de chercher ni ce qu'il connaît ni ce qu'il ne connaît pas ! En effet, ce qu'il connaît, il ne le chercherait pas, parce qu'il le connaît, et le connaissant, n'a aucun besoin d'une recherche ; et ce qu'il ne connaît pas, il ne le chercherait pas non plus, parce qu'il ne saurait même pas ce qu'il devrait chercher. »'' (Platon, ''Ménon'', 80d-e, traduit par Monique Canto-Sperber)
 
(Platon, ''Ménon'', 80d-e, traduit par Monique Canto-Sperber)
 
Les deux prémisses de l'argument de Ménon sont fausses.
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== Savoir ce qu'on cherche sans l'avoir trouvé ==
 
Peut-on savoir ce qu'on cherche avant de l'avoir trouvé ?
 
Dès qu'on a un système de perception, ou de détection, on est capable de chercher en sachant ce qu'on cherche, avant de l'avoir trouvé. On cherche à détecter ce que le système est capable de détecter. On sait ce qu'on cherche si on sait ce qu'on est capable de percevoir. On trouve ce qu'on cherche en le percevant.
 
L'argument de Ménon confond la connaissance d'un problème avec la connaissance de sa solution. On peut connaître les conditions d'un problème, donc on sait ce qu'on cherche, sans connaître sa solution, donc on ne connaît pas d'avance ce qu'on espère trouver. Connaître les conditions d'un problème, c'est être capable de détecter ses solutions lorsqu'elles sont présentées.
 
Quand on connaît les principes d'une théorie, on est capable de reconnaître les preuves qui reposent sur ces principes. On a ainsi un système de détection des preuves et des théorèmes. On peut ainsi savoir ce qu'on cherche, une preuve d'un théorème, avant de l'avoir trouvée.
 
Poser un problème consiste à se donner une fin, un but, un objectif. On a résolu le problème quand on a atteint la fin qu'on s'est fixée ou quand on sait comment l'atteindre. LaOn connaît une fin recherchéequand eton lasait situationpercevoir initialeou sontdétecter lessi conditionselle duest problèmeréalisée.
 
L'argument de Ménon confond la connaissance d'un problème avec la connaissance de sa solution. On peut connaître lesune conditions d'un problèmefin, donc on sait ce qu'on cherche, sansavant connaîtrede sal'avoir solutionatteinte, donc on ne connaîtn'a pas d'avance ce qu'on espère trouver. Connaître les conditions d'un problème, c'est être capable de détecter ses solutions lorsqu'elles sontencore présentéestrouvé.
 
Quand on doit imaginer ou dire ce qu'on va faire avant d'agir, on remplace un problème pratique par un problème cognitifautre : imaginer l'action ou le programme d'actions qui résout le problème pratique initial. On peut alors explorer par l'imagination l'espace des possibilités de solution. On peut ainsi résoudre de nombreux problèmes sans quitter son fauteuil. Bien sûr, on a besoin de savoir anticiper afin de déterminer par l'imagination si une séquence d'actions est faisable et si elle permet d'atteindre le but. Lorsque le savoir acquis au préalable est suffisant, l'imagination seule, sans l'action, permet de trouver des solutions. Grâce à l'imagination le savoir déjà acquis est un tremplin pour acquérir davantage de savoir.
 
Une méthode générale de résolution de problèmes consiste à identifier toutes les possibilités de solution (toutes les actions et les séquences d'actions possibles par exemple) et à les essayer jusqu'à ce qu'on en trouve une qui atteigne l'objectif désiré. Cette méthode est très efficace tant que le nombre de possibilités à essayer n'est pas trop grand. Mais même les supercalculateurs les plus puissants ne peuvent pas résoudre ainsi certains problèmes parce que l'espace des possibilités qu'ils doivent essayer est beaucoup trop grand.
 
Une heuristique est une méthode de résolution de problèmes qui explore l'espace des possibilités de solution en sélectionnant certaines qui semblent prometteuses (Newell & Simon 1972, Russell & Norvig 2010). L'apprentissage par l'exercice peut être considéré comme une résolution d'un problème fondée sur une heuristique simple. Le problème est défini par les objectifs que le savoir-faire désiré doit atteindre et par leurs conditions initiales. Les possibilités de solution sont les façons d'agir que l'on peut essayer. On commence par sélectionner une possibilité, pas trop mauvaise si possible, puis on expérimente des variations et on évalue leurs résultats. On modifie par étapes successives le savoir-faire initial en conservant les variations qui semblent nous rapprocher du savoir-faire désiré. On explore ainsi l'espace des possibles par petits pas, en passant d'une façon de faire à une autre qui semble l'améliorer. C'est une forme d'apprentissage par l'essai, l'erreur et la réussite.
 
== Chercher sans savoir ce qu'on cherche ==
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(...)
 
(La suite est en cours de réécriture)
 
== La résolution de problèmes ==
 
Poser un problème consiste à se donner une fin, un but, un objectif. On a résolu le problème quand on a atteint la fin qu'on s'est fixée ou quand on sait comment l'atteindre. La fin recherchée et la situation initiale sont les conditions du problème.
 
Une décision à prendre est un problème. Le but est intérieur. Il s'agit simplement de prendre la décision, adoption ou rejet du projet. Un tel problème de décision est déterminé par le projet examiné et par des critères d'évaluation. La fin recherchée est que ces critères soient satisfaits. Dès que les critères d'évaluation sont bien déterminés, un problème de décision est en principe facile à résoudre. Il suffit de détecter si les critères sont satisfaits. Dans ce cas particulier, il n'y a que deux possibilités à examiner, adoption ou rejet, mais si le nombre de possibilités à examiner est très grand, ou infini, savoir détecter si la fin recherchée est atteinte ou non ne suffit pas pour résoudre le problème, parce qu'on ne peut pas examiner toutes les possibilités.
 
La solution d'un problème consiste en général à réunir des moyens pour atteindre la fin recherchée. Les possibilités de composer les moyens les uns avec les autres font que l'espace des possibilités de solution est en général a priori illimité. On peut toujours inventer de nouvelles compositions.
 
Les moyens sont des fins intermédiaires, puisque pour atteindre une fin, il faut d'abord se donner pour but de réunir les moyens.
 
Un problème est pratique lorsque l'objectif est de transformer la réalité observable. Un problème est cognitif lorsque l'objectif est d'imaginer une solution. La solution d'un problème pratique est obtenue quand on a agi, tandis que la solution d'un problème cognitif est obtenue quand on l'a imaginée. Le savoir-résoudre des problèmes cognitifs est une compétence fondamentale, tout simplement parce qu'il faut souvent imaginer ce qu'on va faire avant de le faire.
 
Poser et résoudre des problèmes cognitifs est une façon d'agir sur soi-même. On ne cherche pas à transformer la réalité extérieure mais seulement à se rendre savant.
 
Quand on doit imaginer ou dire ce qu'on va faire avant d'agir, on remplace un problème pratique par un problème cognitif : imaginer l'action ou le programme d'actions qui résout le problème pratique initial. On peut alors explorer par l'imagination l'espace des possibilités de solution. On peut ainsi résoudre de nombreux problèmes sans quitter son fauteuil. Bien sûr, on a besoin de savoir anticiper afin de déterminer par l'imagination si une séquence d'actions est faisable et si elle permet d'atteindre le but. Lorsque le savoir acquis au préalable est suffisant, l'imagination seule, sans l'action, permet de trouver des solutions. Grâce à l'imagination le savoir déjà acquis est un tremplin pour acquérir davantage de savoir.
 
Une méthode générale de résolution de problèmes consiste à identifier toutes les possibilités de solution (toutes les actions et les séquences d'actions possibles par exemple) et à les essayer jusqu'à ce qu'on en trouve une qui atteigne l'objectif désiré. Cette méthode est très efficace tant que le nombre de possibilités à essayer n'est pas trop grand. Mais même les supercalculateurs les plus puissants ne peuvent pas résoudre ainsi certains problèmes parce que l'espace des possibilités qu'ils doivent essayer est beaucoup trop grand.
 
Une heuristique est une méthode de résolution de problèmes qui explore l'espace des possibilités de solution en sélectionnant certaines qui semblent prometteuses (Newell & Simon 1972, Russell & Norvig 2010). L'apprentissage par l'exercice peut être considéré comme une résolution d'un problème fondée sur une heuristique simple. Le problème est défini par les objectifs que le savoir-faire désiré doit atteindre et par leurs conditions initiales. Les possibilités de solution sont les façons d'agir que l'on peut essayer. On commence par sélectionner une possibilité, pas trop mauvaise si possible, puis on expérimente des variations et on évalue leurs résultats. On modifie par étapes successives le savoir-faire initial en conservant les variations qui semblent nous rapprocher du savoir-faire désiré. On explore ainsi l'espace des possibles par petits pas, en passant d'une façon de faire à une autre qui semble l'améliorer. C'est une forme d'apprentissage par l'essai, l'erreur et la réussite.
 
La résolution de problèmes est comme une prière. On a un problème et on prie pour trouver la solution. On ne trouverait pas la solution si on n'avait pas prié. C'est la prière qui nous donne la solution.