« Affaire Priore/Les souris anglaises » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
William Ellison (discussion | contributions)
William Ellison (discussion | contributions)
Ligne 438 :
Deux souris de la même lignée sont semblables, mais elles ne sont pas identiques sur le plan immunologique. Une stimulation des défenses immunitaires et de reconnaissance cellulaire par le rayonnement Priore pouvait provoquer un rejet de greffe, comme le suggéra M. Grabar lors de la réunion à la D.G.R.S.T.
 
En effet, P. Chateaureynaud<ref>(39){{Archives Priore|id=1008ULdEkHMxs172ITrdNWFLhg0vdwLzX |auteur=P. Chateaureynaud |titre=Carnet de laboratoire juin 1969 a }}<br/>{{Archives Priore|id=1-zmD_O7W0aZlNCF8sGPdnH2R1aEpiDIf |auteur=P. Chateaureynaud |titre=Carnet de laboratoire juin 1969 b }}<br/>{{Archives Priore|id=1hbtOwXbR5mkG3RiNo9-87Cqol_zBZfSv |auteur=P. Chateaureynaud |titre=Carnet de laboratoire juillet 1969 }}<br/>{{Archives Priore |id=1AcMIsxU7fJIQnlHb-701Lx880T4YL3Cl |auteur=P. Chateaureynaud |titre=Rapport C.N.R.S. }}</ref> montra expérimentalement le rejet des greffes par des souris soumises au rayonnement Priore.
 
Elle a eu l’occasion<ref>(40){{Archives Priore|id=1PlcPcXNO6fsaoUKRLEJfoc7kXRwsrCoE |auteur=R. Pautrizel |titre=Journal de juin 1981}}</ref> de décrire ses résultats au Pr R. Latarjet le 10 juin 1981. Cette expérimentation, faite en collaboration avec A.-M. Colonge, du Collège de France, est décrite en détail dans le fascicule N°3, chapitre 2 et le fascicule[[Affaire_Priore/Les_expériences_biologiques#Les_greffes_de_peau|Les_expériences_biologiques : 6Les_greffes_de_peau]].
 
Restons cependant dans la première moitié de 1966. L'idée d'une stimulation des défenses immunitaires par le rayonnement Priore était déjà présente dans les esprits. Ainsi, les professeurs Rivière et Guérin avaient constaté que les rats guéris de la tumeur LS347 étaient immuns aux greffes du même type de tumeur, mais qu'ils succombaient après la greffe d'une tumeur de type différent.
 
Leurs observations<ref>{{Article
Leurs observations<ref>(41)</ref> furent publiées en juin 1966. Notons tout de même que le fait que les rats étaient immunisés contre une greffe de la LS347 montre bien que ce soient les mêmes rats qui avaient été déjà greffés puis guéris. Depuis leur guérison, ils ont été conservés à Villejuif et non à Floirac. Il n’y a donc pas eu de substitution, ou alors par MM. Rivière et Guérin eux-mêmes !
|auteur1= M-R. Rivière
|auteur2= M. Guérin
|titre= Nouvelles recherches effectuées chez des rats porteurs d'un lymphosarcome lymphoblastique soumis à l'action d'ondes électromagnétiques associées à des champs magnétiques.
|périodique= Comptes rendus de l'Académie des sciences de Paris
|tome= 262
|date= 20 juin 1966
|pages= 2669-2672
|lire en ligne= {{gallica|id=bpt6k54897041/f857.image }}
Leurs observations<ref>(41)}}</ref> furent publiées en juin 1966. Notons tout de même que le fait que les rats étaient immunisés contre une greffe de la LS347 montre bien que ce soient les mêmes rats qui avaient été déjà greffés puis guéris. Depuis leur guérison, ils ont été conservés à Villejuif '''et non''' à Floirac. Il n’y a donc pas eu de substitution, ou alors par MM. Rivière et Guérin eux-mêmes !
 
Le 3 mai 1966, R. Pautrizel commença ses expériences chez Priore en étudiant l'effet des injections d'hématies de mouton chez le rat. Il observa une exaltation des défenses immunitaires<ref>(42){{Archives Priore|id=1BQ3lDGG6xnENnWKOk9aI8C-ol7OWxXeN |auteur=A-N. Pautrizel |titre=Carnet de laboratoire 3 mai 1966}}<br/>{{Archives Priore|id=1GWjN6SvZt_PxHX7y05Yqx-zcygYrtavA |auteur=A-N. Pautrizel |titre=Carnet de laboratoire 6 mai 1966}}<br/>{{Archives Priore|id=15p3-qyYPikE9UT8NaRLOOHtEMsoB-si0 |auteur=A-N. Pautrizel |titre=Carnet de laboratoire 11 mai 1966}}<br/>{{Archives Priore|id=1yvZ43-9rOMJc9Xg_9zSpLiux9Z5DN-oT |auteur=A-N. Pautrizel |titre=Carnet de laboratoire 26 mai 1966}}</ref>. Naturellement, le Pr Rivière tenait ses collègues britanniques au courant. Nous citons, à ce sujet, l'extrait de la deuxième lettre de P. C. Koller adressée au Pr R. Latarjet:
 
{{Citation bloc|''Mais jeudi dernier, Rivière, assistant de Guérin, est arrivé. Il a présenté à un petit groupe d'entre nous ses constatations sur la régression tumorale. Nous n'avons pas pu prendre au sérieux ce rapport duquel manquaient les détails expérimentaux. Mais, à la fin, il nous a parlé d'une expérience préliminaire qui a été fait avec le professeur d'immunologie de l'université de Bordeaux: Ils ont injecté des hématies de mouton à 12 rats. Puis, 2 jours après, 6 de ces rats ont été exposés à la machine (pendant 6 à 7 heures par jour pendant 6 jours). Après 6 jours, on a titré les anticorps. Parmi les 6 traités (dans le rapport des académiciens le mot est 'témoin', sans doute une erreur d'inattention), 4 étaient négatifs (!!!) pas d'agglutinine; il avait un titre faible et le dernier un titre assez élevé, beaucoup plus élevés que les témoins. L'un spécialement élevé (1/2000)? ça parait incroyablement élevé.
 
RIVIÈRERivière n'a pas pu répondre à nos questions. Il s'est contenté de rapporter les données fournies par le professeur bordelais.
 
Après un jour de réflexion, nous avons décidé de faire une expérience avec eux: nous leur enverrons 20 souris qui auront reçu un antigène que nous connaissons. 10 seront exposées; 10 serviront de témoins; et les 20 souris et les antigènes seront identifiés par l'un de nous.
Ligne 456 ⟶ 465 :
Nous ne savons pas encore s'ils vont accepter cette proposition. Rivière nous a dit qu'ils désirent faire des expériences dans des conditions plus strictes. Ce qu'ils ont annoncé sur les souris leucémiques est seulement fondé sur la survie (ce qui n'est guère satisfaisant)...''}}
 
Notre première remarque concerne la datation de cette lettre. Le Pr Latarjet<ref>(43){{Archives Priore|id=1xYwePJdCxyj-CcIv6ZMZ08PI73NB7tbf|auteur=J. Bernard et R. Latarjet|titre=Rapport Bernard-Latarjet, page 7 }}</ref> prétendit avoir reçu cette lettre vers la ''fin mars'' alors que l’expérience du Pr Pautrizel commença le ''3 mai''' ! (Les cahiers de laboratoire de Mlle A. N. Pautrizel sont très explicites<ref>(44)</ref>.) Il est raisonnable de penser que le temps d’avoir les premiers résultats, de les communiquer au Pr Rivière et que Rivière en parle à Londres, situe la date de cette lettre vers la fin du mois de '''MAI'' et non du mois de ''MARS'', i.e. juste avant la réunion du 1<sup>er</sup> juin à la D.G.R.S.T. !
 
La datation de cette lettre vers la fin mai 1966 est également confortée par la lettre du Pr Ambrose adressée à Antoine Priore le 1<sup>er</sup> juin ; Lettre<ref>{{Archives Priore|id=1Ne3BbSCfavJdEKKuPgrDHVle5lVOMFwj|auteur=E-J. Ambrose|titre=Lettre adressée à A. Priore 1 juin 1966}}</ref> dans laquelle le Pr Ambrose exprimait le souhait de faire une expérience, de nature immunologique, en collaboration avec le Pr Koller.
 
En conclusion, le Pr R. Latarjet arrive à la réunion de la D.G.R.S.T., venant de recevoir
Ligne 481 ⟶ 490 :
La coïncidence des dates entre la demande du Pr Ambrose afin que le Pr Koller collabore avec Antoine Priore et les bordelais et la "révélation" du Pr Latarjet selon laquelle ce même Koller considère les bordelais comme des fraudeurs, constituera un empêchement rédhibitoire.
 
Le Pr Ambrose<ref>{{Archives Priore|id=1QQYtPRt9Z19WVnq-_8V1GkgdqrqduTha|auteur=E-J. Ambrose|titre=Lettre adressée à R. Pautrizel 28 août 1966}}</ref> fît une deuxième tentative le 23 août, cette fois sans la collaboration du Pr Koller. Mais ce fut trop tard car le Pr A. Haddow<ref>{{Archives Priore|id=1GnKyRuyQjlHXTPninSd2Mchs02yPp8xA |auteur=A. Haddow|titre=Lettre adreséeadressée à A. Priore 22septembre 1966}}<br>{{Archives Priore|id=1JUpL2Ugt_KKDxmGUw3HkW_6SX0aNPJqy |auteur=A. Haddow|titre=Lettre adresée à R. Courrier 22 septembre 1966}}</ref>, alors directeur du C.B.R.I., agacé par les rumeurs parisiennes mêlant son nom et son Institut à une fraude scientifique, décide d’arrêter les expériences avec Priore le 22 septembre 1966 et de suspendre la publication de leur note dans ''Nature''. Dans une lettre à Rivière<ref>{{Archives Priore|id=1JH98b8OvCz0hXAKLA0T6HWIWIxPFBZM6|auteur=E-J. Ambrose|titre=Lettre adressée à R-M. Rivière 12 octobre 1966}}</ref> le 12 octobre, le Pr Ambrose regrette vivement l’arrêt de cette collaboration et le fait que ''tout sera '''pris en main par Pr Latarjet'''''.
 
Heureusement, une ''expérience de contrôle'', identique à celle proposée par P. C. Koller, fut faite en 1971 par S. Avraméas et A. Lwoff, Prix Nobel de médecine<ref>(49){{Archives Priore|id=1AsfOmeVVEL7-CcGbwfa9s81UgslDmK_n |auteur=S. Avraméas |titre=Lettre adressée à R. Pautrizel mars 1971 }}</ref> : Un lot de souris injecté avec un antigène connu par Lwoff seul (en l’occurrence de la peroxydase) et avec des trypanosomes, fut soumis, à l’insu d’Antoine Priore, au rayonnement de l’appareil en même temps que d’autres souris infestées uniquement avec des trypanosomes.
 
La troisième possibilité évoquée ci-dessus fut la bonne ! Les souris traitées, comme d’ordinaire étaient toutes débarrassées de leurs trypanosomes et les souris injectées avec la peroxydase avaient un taux d’anticorps élevé. Le taux des anticorps produits, analysés au laboratoire de l’Institut Pasteur à Paris, était huit fois plus élevé que pour les souris témoins !
Ligne 491 ⟶ 500 :
Rappelons que ce type d’expérience de contrôle des effets biologiques du rayonnement émis par les appareils de Priore, effectuée par Lwoff et Avraméas, ne fut ni la première, ni la dernière.
 
La toute première expérience fut menée par le Pr Courrier et Madame Colonge en février 1965<ref>(50){{Archives Priore|id=1___8SDiVfbkHqcvnc7BfnBRgs0XAmL8I|auteur=R. Courrier |titre=Protocole expérience de contrôle 26 janvier 1965}}<br/>{{Archives Priore|id=1aDXzWCbB2DXQ7bZND2OajSQ2bhGFuZ16 |auteur=R-M. Colonge |titre=C.R. expérience de contrôle a}}<br/>{{Archives Priore|id=1iWRYd_wroeXDKn8kix3hjvJFvJQilAeK |auteur=R-M. Colonge |titre=C.R. expérience de contrôle b}}<br/>{{Archives Priore|id=15svIN1PGJQQvPDC0JoJH51QQVcWe6ce7 |auteur=R-M. Colonge |titre=C.R. expérience de contrôle c}}</ref>. Cette expérience était destinée à vérifier une des observations de Rivière et Guérin sur la tumeur LS347. Les rats utilisés dans l’expérience furent amenés de Paris par Madame Colonge. Elle était toujours présente lors de leur traitement chez Priore et le soir, elle transportait ces rats dans des cages cadenassées au laboratoire du Pr Pautrizel à Bordeaux. A la fin du traitement, les rats ont été ramenés au Collège de France où ils ont été conservés.
 
Cependant, l'expérience de contrôle la plus importante, au cours de laquelle les précautions prises contre une éventuelle fraude furent exceptionnelles, eut lieu en mai - juin 1969 (voir [[Affaire Priore/La commission de 1969|La commission de contrôle de mai 1969]] pour les détails).
 
LaCette commission de contrôle de 1969<ref>(51)</ref>, constituée à la demande du Pr R. Courrier, était une commission officielle au-dessus de tout soupçon, car composée de 21 personnes sans communauté d’intérêts. Des précautions draconiennes furent prises pour vérifier l’expérience de base avec les trypanosomes :
:- Injecter 60 souris avec 20000 trypanosomes equiperdum chacune,
:- Diviser les souris en deux lots de 30 (témoins et traitées).
Ligne 501 ⟶ 510 :
:- Constater que toutes les souris traitées étaient vivantes après 5 jours et ne présentaient pas de Trypanosomes dans leur sang.
 
Le rapport de cette Commission<ref>(52)</ref>, dans lequel sont confirmés les résultats de l’expérience sur les trypanosomes, est un document maître dans le dossier Priore. Ce rapport établit formellement le fait que l’effet du rayonnement sur les souris est bien réel !
 
La seule façon de contourner un tel document est d’ignorer sciemment son existence.
 
C’est cette attitude qu’adoptèrent les Professeurs J. Bernard et R. Latarjet dans leur rapport<ref>Rapp{{Archives JBPriore|id=1xYwePJdCxyj-CcIv6ZMZ08PI73NB7tbf|auteur=J. RLBernard et R. Latarjet|titre=Rapport Bernard-Latarjet}}</ref> très négatif sur Priore. Lors d’une réunion avec MM. Bernard et Latarjet, le 22 mars 1982, le Pr R. Courrier<ref>(53){{Archives Priore|id=116dXeAb6hBR5wZnDtbl8escTBwJiTPcq |auteur=R. Courrier |titre= C.R. réunionBernard-Latarjet 22 mars 1982}}<br/>{{Archives Priore|id=1f5cYC0aS4LC_8ZJ0DJVr0aK1mWu4gyaa |auteur=R. Courrier|titre=Lettre adressée à R. Pautrizel juin 1982}}</ref> rappela les conclusions de cette commission de contrôle et souhaita que ce rapport très négatif soit corrigé avant de l’envoyer au ministre de la recherche. Son vœu ne fut pas exaucé...
 
Toutes les expériences faites avec les animaux trypanosomés étaient d’une rigueur parfaite sur le plan biologique et irréprochables par rapport à la ‘substitution d’animaux’. Ces expériences n’ont jamais été mises en cause. Mêmes les professeurs Bernard et Latarjet, constatent dans leur rapport<ref>(54)</ref> : « ''... Pourtant, c’est dans ce domaine immunologique que la vraisemblance des résultats soulève le moins d’objections. Les effets de la machine, s’ils sont exacts (et nous pensons qu’ils le sont), ...'' ».
 
Si les expériences avec les trypanosomes sont admises, leurs conclusions doivent également être admises ! Cela signifie que le rayonnement Priore est capable de stimuler les défenses immunitaires d’une façon tout à fait incompréhensible !