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L'amour de la raison
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Si la liste des problèmes que nous pouvons résoudre rationnellement était connue d'avance, nous saurions quoi espérer. Mais justement elle n'est pas connue d'avance. Nous ne connaissons pas l'étendue des compétences que la raison peut nous donner.
 
Nous voulons satisfaire un désir d'intelligibilité. Nous voulons comprendre. Nous voulons des explications. Nous ne savons pas où cela nous mène, mais il n'est pas nécessaire de le savoir pour être poussé par ce désir. On peut vouloir sans savoir très bien ce qu'on veut, il suffit de rechercher une satisfaction. Nous sommes guidés par les idées même si nous ne savons pas très bien ce qu'elles sont.
 
Comme nous ne savons pas de quoi la raison nous rend capables, nous pouvons placer nos espoirs très haut, que le règne de la raison vienne, que sa volonté soit faite, sur la terre comme au ciel, que le présent éphémère soit la splendeur de la vérité éternelle, ou très bas, la raison ne sera jamais plus qu'une pauvre consolation dans une vallée de larmes.
 
Le développement de la raison est l'histoire d'un étonnement perpétuellement renouvelé. Les sciences ont dépassé nos espérances. La Nature nous a révélé beaucoup plus de secrets que ce que nous pouvions rêver. Il n'est plus possible d'être sceptique. La puissance de la science est devenue incontestable.
 
Pour savoir de quoi la raison nous rend capables, la meilleure façon, et la seule, est d'essayer. Si on n'essaie pas on n'a aucune chance de se rendre compte de ce qui marche. C'est pourquoi il faut espérer. On pèche plus souvent par défaut d'espoir que par excès.
 
== L'amour de la raison ==
 
La philosophie est l'amour de la sagesse, ou l'amour de la raison. Cet amour est-il une sagesse ? Un véritable savoir ? Un accomplissement de la raison ? Ou seulement un désir de sagesse ? La philosophie est-elle un désir de savoir sans être véritablement un savoir ?
 
Un désir condamné à rester inassouvi est vain et insensé. Si la philosophie était seulement de désirer un savoir qu'on ne possèdera jamais, elle serait plus un supplice qu'une sagesse.
 
La philosophie est pleinement l'amour de la raison, à la fois le désir et l'acte.
 
L'accomplissement de la raison ressemble à un rêve d'illuminé : que tous les esprits trouvent leur bonheur en donnant du bonheur à tous les autres. Comme si la philosophie pouvait être la musique fondamentale qui fait danser tous les esprits et qui transforme la planète en paradis. Mais ce n'est pas qu'un rêve d'illuminé. C'est la nature de l'esprit de rêver à l'idéal pour s'accomplir comme un esprit digne de l'idéal. C'est ainsi qu'il se révèle pleinement comme un esprit. L'esprit est naturellement porté par le désir de l'idéal et il révèle ce qu'il est réellement en réalisant ce désir. Un paradis où tous les esprits trouvent leur bonheur dans le bonheur de tous est simplement un monde où tous les esprits sont fidèles à leur nature spirituelle. C'est ce pour quoi nous sommes faits naturellement, ce vers quoi nous sommes portés quand nous voulons être de véritables esprits.
 
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